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L'incroyable épopée du Poireau Flamboyant de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 09/03/2021 à 14:40
» Dernière mise à jour le 09/03/2021 à 14:40

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 2 : La croisière s'amuse sur le Titanictamair
— Lavilkihédanlenor, quel nom de merde ! lança vivement Ticho.

Il planait tranquillement au-dessus d’une grand-route traversant les collines septentrionales de Krénios : de nombreux voyageurs empruntaient ce chemin, au sol ou par la voie des airs. Rarement Ticho avait vu une telle densité de population ailleurs qu’à Citéfol, la capitale, ou dans l’immense Cité des Cuisiniers.

Il lui avait fallu dormir à la belle étoile, la veille au soir. Et là, en pleine matinée ensoleillée, il arrivait enfin en vue de la côte et de l’impressionnante ville portuaire au nom discutable.

Au-delà, l’océan sans fin. Sans aucune terre à l’horizon.

Ticho faillit percuter un Drattak qui venait à contresens.

— Hé, espèce de chauffard ! On vole à droite, ici ! lança Ticho.

Le Drattak se retourna vers lui : la vision de ses crocs luisants donna un long frisson au canard.

— Désolé, désolé ! Je viens d’avoir mon permis, pardonnez-moi, pitié !

Son ton suppliant arracha un soupir contrarié à Ticho : il se souvenait d’avoir déjà croisé un Drattak similaire, dans sa quête précédente… mais celui-là semblait encore plus craintif et peureux que l’autre.

— Quel monde de merde, tichôôô…

Il reprit son chemin, ignorant le dragon qui se confondait en lamentations.

Lavilkihédanlenor avait du tout du charme d’une ville médiévale : hautes maisons de pierre, tourelles de guet, pontons suspendus reliant des structures anciennes aux toits incurvés, et pont-levis s’entremêlaient autour de nombreuses avenues grossièrement pavées.

Ticho, depuis sa position aérienne, aperçut de nombreux humains en armure. Il n’en fallut pas plus pour qu’il devine que le siège des Chevaliers de la Table Carrée devait être dans le coin. Seuls des types aussi bêtes pouvaient se déguiser comme ça !

— Je dois à tout prix éviter les emmerdes, et foncer directement au port ! se motiva Ticho.

Ignorant donc la populace, il fila par-dessus les toits. Il apercevait déjà les immenses cheminées du paquebot qui l’attendait, le fameux Titanictamair.



***



L’accès aux quais était bloqué par une manifestation. Ticho aurait pu voler par-dessus, mais il craignait de se recevoir une attaque d’un des Pokémons organisateurs de l’émeute.

Il s’approcha, se trouva un perchoir au sommet d’un toit tout proche, et baissa les yeux sur la foule en contrebas.

— J’veux aller en croisière, arrêtez de nous casser les noisettes avec votre manif’ ! beugla un Grainipiot.
— Je veux aller faire de la plongée ! renchérit un Camerupt.

Ticho distingua enfin les manifestants. Ils étaient tous de la même espèce : des Darumacho, aux bras musculeux et à l’air revêche. L’un d’eux tenait une banderole illisible, mais on entendait clairement ses propos :

— Les femelles au pouvoir ! Les mâles au placard !

Ticho écarquilla les yeux en entendant sa voix fluette : ces Darumacho étaient donc de sexe féminin, et revendiquaient d’étranges choses.

— Quel bordel… râla-t-il pour lui-même.
— On ne veut plus travailler ! lança un autre Darumacho. On veut cuisinier et faire le ménage !
— Même ça c’est inversé ! comprit Ticho.

Agacé, il s’envola et se plaça au-dessus des têtes des manifestants, avant de crier pour couvrir le raffut :

— Bande de cons ! Au lieu d’inverser les rôles, égalisez-les ! C’est quoi cette logique de débile ?

Quelques Darumacho le regardèrent avec des yeux ronds, comme touchés par une révélation divine. Une autre répliqua en vociférant :

— Les canards au placard ! Les canards au placard !
— Tes arguments sont dérisoires ! Tes arguments sont dérisoires !
— Tu cherches la bagarre ! Tu cherches la bagarre !

Les manifestants se mirent à entamer un chant en se liguant contre lui. Ticho, frustré, les écouta cracher quelques phrases de plus.

— … c’est un gros pleurnichard !
— Il a peur dans le noir !
— Et vous êtes des connards ! intervint Ticho.
— Et nous sommes des connards ! reprirent-t-ils en cœur.

Puis, soudain, le calme atteignit la foule.

Ticho venait de refroidir tout le monde, et la crédibilité des manifestants venait d’en prendre un coup. Heureusement, avant que la situation ne dégénère, une horde de Gardevoir policiers à la voix bien caverneuse arrivèrent, et matraquèrent la horde de Type Feu.

Il ne fallut que deux minutes pour que l’accès aux quais soit de nouveau ouvert, et Ticho s’engagea dans une file d’attente pour acheter son billet de croisière.

La région de Kassos n’attendait plus que lui.



***



C’était sans compter sur la douane qui vérifiait l’identité et le but de chaque passager, à l’entrée du Titanictamair.

Ticho, après avoir patienté une bonne vingtaine de minutes derrière des vieux Métamorphe à la retraite qui discutaient à propos de leurs rhumatismes et de leurs douleurs lombaires, se retrouva nez à nez avec un douanier ; un large Kangourex. Sa poche ventrale ne laissait apercevoir aucun petit à l’intérieur.

— Papiers d’identité, s’il vous plaît, lâcha mollement le Kangourex, blasé.
— Des papiers ? s’offusqua Ticho. Mais je n’en ai pas !
— Ah ouais ? Ah, ouais, maintenant que vous le dites, seuls les humains en ont besoin et… vous m’avez l’air très peu humain, avec ces plumes grasses… et ce bec de travers… et ce regard vide…

Ticho se sentit rougir de colère.

— Non mais, merde alors ! Vous êtes douanier, arrêtez, avec vos petits commentaires !
— Ah, ouais, pas faux, j’suis pas vraiment légitime pour dire à quel point vous êtes repoussants, c’est vrai… l’odeur, faut pas trop que j’en parle non plus, même si ça me picote les narines et que j’ai une folle envie de vous proposer du parfum…

Ticho grinça des dents — ou bien du bec ? — et lança férocement :

— Bon, j’peux aller sur le bateau, ou pas ?
— Euh… d’abord j’dois vous d’mander pourquoi vous voulez y aller.
— Je veux participer aux Jeux Pokélympiques à Kassos, tichôôô.

Le Kangourex, l’air hagard, hocha la tête en silence, l’air de le jauger.

— Ah, ouais… j’crois que ça a rien à voir avec un truc louche, donc j’crois que tu peux passer.
— C’est tout ? s’étonna Ticho.

Pour la douane, ils paraissaient drôlement laxistes !

— Une dernière chose, ouais…

Le Kangourex se pencha en avant et lui murmura à l’oreille.

— J’en ai plusieurs feuilles, là, dans ma poche ventrale… C’est moitié prix en ce moment, t’en veux ? C’est de la qualité, t’sais.

Ticho, choqué, baissa les yeux sur le contenu de la poche du mammifère : deux bons kilos de feuilles d’Ortide s’y trouvaient.

— Depuis quand les douaniers font dans le trafic de drogues ? marmonna Ticho.

Il voulait commenter pour lui-même, mais habitué qu’il l’était à parler à voix haute, il se rendit compte que l’autre mollasson déconnecté l’avait entendu.

— Bah, ouais… la douane trafique, c’est bien connu… Si tu veux, mon pote a quelques armes à feu, là-bas…
— Non, ça va aller, tichôôô !

Et sur ces sages paroles, notre protagoniste passa derrière le douanier, et s’engagea en sautillant sur le ponton permettant d’accéder au pont du gigantesque Titanictamair.

Il passa avec lassitude près d’un couple de Ptitard — l’un d’eux criait « J’suis pas venu ici pour souffrir, ok ? », sans doute par phobie du voyage en mer — et atteignit un espace dégagé : à droite, un restaurant et un casino, à gauche, une piscine et une ribambelle d’ascenseurs permettant d’atteindre les nombreux étages du bâtiment flottant.

— J’me sens presque riche, tichôôô ! Heureusement que le billet était à moitié prix !

Il avait pu se délester des quelques piécettes qu’il cachait parfois sous ses plumes. Il était maintenant léger, et prêt à affronter un voyage à travers la mer du nord, direction Kassos et le Poireau Flamboyant.

Tenant son ticket à la main, il longea la piscine, décidé à se rendre dans sa chambre de luxe, et manqua s’étrangler.

Dans le bassin se baignaient tranquillement des dizaines de Magicarpe. L’un d’eux, doré et revêtant une couronne sur la tête, se faisait masser par deux autres en plein milieu du grand bain.

— Tu serais pas Michel, toi ? s’écria Ticho, stupéfait. Le type qui organise des génocides d’humains, mais qui rate à chaque fois ?

« Le type qui apparaît sur la bannière alors que son rôle est si secondaire ? » voulut-il ajouter, mais le narrateur l’empêcha d’en dire plus.

— Que… pardon ? s’étrangla Michel, le Roi Magicarpe.

Le poisson leva les yeux vers le canard, stupéfait. Il parut se souvenir de lui :

— Toi ! Je t’ai vu sous l’Île des Origines, ce jour-là ! Le jour où j’ai failli réussir à noyer ce petit humain !
— Dans mon souvenir, il t’a collé une bonne raclée, Antoine… en plus, dans ton milieu naturel, la honte !
— Je… ne… te… PERMETS PAS DE ME MANQUER DE RESPECT !
— Ouais, ouais, c’est ça… pourquoi t’es là, d’abord ? Tu veux génocider les humains, mais tu te promènes tranquillement dans un truc qu’ils ont construits eux-mêmes ?

Cette révélation parut être un grand choc. Michel resta béat, et son armée de Magicarpe firent des yeux ronds.

Ce qui était une habitude chez eux.

— NOM DE RATTATA ! cria Michel, désespéré. J’avais oublié ! J’avais oublié que je voulais génocider des humains !
— Sérieusement ? Ça veut dire que c’était pas si important à tes yeux, alors, tichôôô…
— Je les génociderai pendant les Jeux Pokélympiques, mouahahaha ! Quelle idée de génie ! Je vais m’infiltrer dans leurs Jeux, et tous les éradiquer de la surface de ce monde !

Ticho soupira. Ce Michel atteignait un niveau de stupidité que même Alakazam aurait eu du mal à atteindre. Préférant ignorer le rire machiavélique de ce poisson de malheur, il passa son chemin, filant vers sa cabine.

Le Titanictamair allait partir à midi, et arriverait à destination le lendemain à la même heure ; il n’aurait pas à supporter si longtemps la présence de profonds dégénérés au milieu des flots.



***



Azurill observa avec un regard inquisiteur et suspicieux la silhouette massive du Titanictamair, à quai. Près de lui se tenait Timothée, son meilleur élève, le plus apte à lui obéir au doigt et à l’œil. Le Taupiqueur, l’air déterminé, se tenait près de son mentor sataniste, bien motivé à le suivre à Kassos.

— Maître Azurill, nous allons devoir traverser la mer du nord ?
— En effet, Timothée, en effet…
— Ô Maître ! Votre voix et votre regard ont tout d’un être démoniaque !

Azurill bomba le torse avec orgueil, flatté par ces compliments.

— Je suis ainsi au naturel, enfin !
— C’est votre passé en tant que chef du Culte de l’Infâme, qui vous a changé comme ça, Maître Azurill ?
— En effet, Timothée, en effet…

Décidant cependant qu’il n’était pas encore temps d’évoquer cette obscure facette de son passé, Azurill s’engagea dans la file d’attente qui menait sur le bateau de croisière.

Le Poireau Flamboyant lui reviendrait bientôt de droit. Seul lui, parmi tous les Pokémon de ce monde, avait le droit de mettre la main sur l’arme de prédilection disparue de l’Infâme Pichu.



***



Le Titanictamair entra en haute-mer vers 16h ; Ticho, perché sur la proue de l’énorme navire, venait de siroter un cocktail fruité sur une terrasse. Il profitait maintenant de la vue à l’avant de la colossale embarcation.

— Ce vent frais, ça me donne envie de me dégourdir les ailes ! lança-t-il, de bonne humeur.

Il se rappela qu’il était tout seul, et que parler ne visait qu’à rompre la monotonie des paragraphes de narration du chapitre. Mais il baissa les yeux sur son poireau en plastique, qui lâcha un faible « pouêt » comme pour rappeler à tous son existence.

Pas complètement seul, donc.

Ticho brandit le poireau devant lui et écarta au mieux les ailes, cherchant à recevoir le plus de vent possible. Il aurait bien chantonné un peu, ainsi dressé à la proue du Titanictamair avec son silencieux compagnon, mais soudain, l’atmosphère changea.

Le vent, frais et salé, devint malodorant et chaud. Presque putride.

— Pouah ! C’est terrible, cette odeur ! s’indigna Ticho en se bouchant le nez.
— Terrible, je n’aurais pas dit mieux ! renchérit quelqu’un à quelques pas de là.

À sa droite, attablé sous un parasol, se tenait un Voltorbe. Il fronçait les sourcils, sans doute frustré de ne pas avoir de mains pour se boucher le nez.

Quel nez, me direz-vous ?

— C’est épouvantable, ajouta le Voltorbe.

Curieux, Ticho s’envola et se posa sur la table, devant le Pokémon Électrique.

— La mer du nord pue à ce point ? s’étonna l’oiseau.
— Non, non, rien à voir ! lança Voltorbe. C’est l’haleine des habitants sous-marins, qu’on est en train de sentir. Ce coin est densément peuplé.
— Ah ouais, tichôôô ?

Étant un volatile adepte de l’oxygène, jamais il ne serait venu à l’idée de notre héros d’aller vérifier lui-même cette affirmation. Nager, très peu pour lui !

— Pour que l’odeur sente jusqu’ici, ils doivent sacrément puer… c’est quoi, comme Pokémon, tichôôô ? Des Tentacruel ? Ou alors, des Crustabri ? Ça doit renfermer de sales trucs, ces bestioles.
— Non, l’endroit est peuplé uniquement de Cotovol.

« J’avais failli oublier dans quel monde de merde j’étais ! » songea Ticho, dépité.

— Donc les Cotovol, ça pue de la gueule et ça vit dans l’eau… c’est noté… et toi, tu m’expliques où est ton nez ?
— Sujet sensible ! vociféra le Voltorbe, avant de tourner les talons.

Quels talons, me direz-vous ?



***



Quand vint la soirée, Ticho se décida à aller visiter le casino.

Il s’ennuyait ferme, malgré le nombre ahurissant d’activités disponibles sur le paquebot. Mais il avait déjà pu constater qu’admirer la vue, avec une telle odeur, était hors de question. Il avait tenté la piscine, mais celle-ci était envahie de Salamèche en colonie de vacances.

Étant seul, il avait vite rejeté l’idée d’un karaoké ou d’un film dans le cinéma du dernier étage : en voyant les affiches, il avait vite compris que la débilité kréniosienne transparaissait même dans ses œuvres culturelles. Il suffisait de voir « Togetic Park », « Retour vers le Passé », « La Guerre des Staris » ou même « Henri Péteur à l’école des Sorcilence » pour refroidir Ticho.

Le casino paraissait la seule option intéressante en solitaire, bien que notre héros n’ait plus d’argent à dépenser.

Alors qu’il songeait justement à ça, quelqu’un fit tomber une pièce près de lui, dans un couloir. Il l’attrapa, et releva la tête, pour croiser le regard mi-méfiant mi-souriant d’un Magicarpe doré.

— Encore toi, tichôôô !
— C’est à moi, cette piécette ! Oserais-tu piocher dans la trésorerie du Roi Magicarpe ?
— Viens la chercher si tu l’oses !

Le Magicarpe en question frémit devant cette menace voilée. Pour une raison connue de lui seul, il semblait à la fois mépriser et craindre Ticho. Et il trimballait dans ses nageoires quelques autres pièces.

— Tu vas au casino ? comprit Ticho.
— Quoi, toi aussi ?

Ils se regardèrent longuement sans mot dire.

Le couloir était désert.

Deux âmes solitaires, en quête d’un compagnon de jeu, se fixèrent l’un l’autre en pesant mentalement le pour et le contre.

Leur décision fut vite prise.

— Allons tourner quelques roulettes ensemble, proposa Michel.
— Je te rembourserai si je gagne quelque chose, avec cette pauvre pièce.
— Je sens que je vais pouvoir financer le futur génocide !
— T’excite pas trop non plus, hein…



***



— Trois mille pièces de bénéfice ! lança Ticho, excité comme rarement.

Un véritable tas d’or naissait à sa droite, alors qu’il était perché sur une machine à sous, les yeux brillants. À sa droite, Michel le Roi Magicarpe le regardait d’un air envieux. Une petite foule s’était formée autour de Ticho, cherchant à venir admirer le type chanceux de la soirée.

— Pour une fois que je n’ai pas l’impression d’être maudit par le destin, j’vais pas m’arrêter si vite ! lança le Canarticho avec joie. Je mise la moitié de mon or pour une autre partie !
— T’es sûr ? dit Michel, jaloux. Tu sais, avec tout l’argent que t’as, là, j’pourrais financer un truc… comme, je sais pas, une bombe capable d’éradiquer tous les humains de la terre d’un seul coup ?
— Cet argent est à moi, rappela Ticho en jetant des paquets de pièces dans la machine. Je t’ai déjà rendu la monnaie de ta pièce.
— Ouais, mais… on est amis, non ?
— Non.

Ticho saisit un levier, et relança la machine à sous. Trois symboles identiques s’alignèrent, et une pluie d’or se déversa de la machine, arrosant même les spectateurs hagards.

— Allez, tournée de champagne pour tout le monde ! lança vivement Ticho.
— Du champagne ? se plaignit un Solaroc derrière lui. Tu te fous de nous, avec l’argent que t’as, tu pourrais nous donner mieux !
— Ah, merde, c’est vrai que le champagne vaut rien, ici… allez, de l’eau du robinet pour tout le monde !
— HOURRA ! beugla la foule en liesse.

Michel s’assombrit, pestant contre sa chance et cette longue nuit de festivité dont, il le sentait, il allait finir exclu.

Il regrettait presque d’avoir fugué loin de sa grand-mère pot-de-colle, et se prit à espérer qu’elle le traquait pour le ramener à la maison.

Ticho pivota vers le Roi Magicarpe, comme prenant conscience de son égoïsme :

— Hé, le poisson.
— Je suis le Roi des Magicarpe, un peu de respect !
— Ouais, ouais, écoute Michel… prends quelques pièces, ça me fait plaisir. Tu me revaudras ça plus tard.
— Tu joues les grands seigneurs face à un roi ?
— Tu veux du fric, ou pas ?

Comme craignant qu’il ne change d’avis, Michel s’empara vivement de pièces à sa portée, et marmonna des remerciements pudiques.

Ticho était aux anges, entouré de fans en délire, de richesse, et un verre d’eau du robinet à la main. Il le sentait, depuis qu’il avait quitté ses anciens compagnons d’aventure, sa chance tournait. C’était bon signe : sa carrière à Kassos ne faisait que commencer. Il se sentait tout-puissant, capable de rouler sur les Jeux Pokélympiques à lui seul.

Évidemment, les effets de l’eau du robinet commençaient à affecter ses pensées. Il fallait consommer cette boisson avec modération, mais cela semblait avoir échappé à Ticho.

Peu après minuit, il s’évanouit ivre au beau milieu du casino.

La fête continua sans lui, et ses pièces furent prestement empruntées par des fêtards opportunistes.

Il se réveillera le lendemain, pauvre et délaissé, avec pour seul compagnon un poireau qui fait « pouêt » et une sacrée migraine.