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L'Empire Delassien de Johan64000



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Informations

» Auteur : Johan64000 - Voir le profil
» Créé le 05/03/2021 à 00:19
» Dernière mise à jour le 05/03/2021 à 00:19

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Fantastique   Guerre   Mythologie

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Chapitre 4 - La Troisième Légion
La fête battait son plein. Vaquant à leurs occupations un peu partout dans la salle de réception, les riches convives invités par le Nomarque Baal allaient de discussions en discussions. Comme souvent dans ce genre de bal de la haute bourgeoisie, des contrats juteux prospéraient au détour de quelques poignées de mains. C'était un spectacle à la fois étonnant et déroutant. Assis sur sa chaise, à côté de son ami Mahou, Khae s'amusait à observer les fonctionnaires de l'Empire jouer des courbettes pour attirer le plus gros client, tout en gardant un œil sur le Pharaon qui, pensaient-ils, épiait le moindre de leur fait et geste. Ce n'était pas totalement faux. Cependant, le Pharaon en question se rendait bien compte qu'il ne connaissait pas la plupart des personnes qui s'affolaient autour de lui. Il y avait tellement de personnalités importantes au sein de l'Empire que Khae n'avait conscience que d'un millième de ceux qui l'aidaient à faire tourner correctement cette machine bien huilée. Lui, il se contentait de donner des consignes génériques. Ensuite, les rouages s'activaient et la structure pyramidale de l'Empire faisait son effet.

Son père, lui, avait toujours pris le temps de rencontrer un à un les fonctionnaires sous ses ordres. Khae se disait à l'époque que c'était un travail bien harassant et surtout fastidieux, sans être forcément nécessaire. Maintenant qu'il était à la tête du pouvoir – provisoirement, l'espérait-il toujours – il allait sûrement abolir cette pratique. Déjà, alors qu'il n'était qu'à quelques jours de règne, son administration croulait sous les demandes d'entretien privé avec le Pharaon. Une fois de retour au Premier Nome, il allait devoir y répondre, par la positive ou non, et commencer les rencontres. Ça lui donnait déjà le tournis, aussi décica-t-il de profiter de l'instant présent.

- Khae ! Khae ! Regarde qui vient nous imposer sa divine présence.

Suivant le doigt pointé discrètement par son ami aux cheveux blonds, le jeune homme fit couler son regard en direction de la porte principale de la salle. Sous l'âtre, soudainement assaillit par une foule de convives qui s'étaient précipités comme une horde de Poichigeon, se trouvait une jeune fille. Jeune femme même. Des cheveux blonds, une longue robe blanche sans fioriture. Elle n'avait de toute façon pas besoin d'ornement particulier pour resplendir et attirer tous les regards avec sa beauté presque surnaturelle.

- Qu'est-ce qu'elle fait déjà là ? Elle n'aurai dû arriver que demain à l'aube.
- Tu dois aller la saluer, mon vieux. T'es le Pharaon maintenant, j'te rappelle.

Ankhet, la douce Grande Prêtresse de l'Empire au regard de braise. Depuis leur discussion d'il y a trois jours, Khae avait mis de côté son propre dégoût de lui-même. Après tout, il avait forcé la jeune fille à venir sur les terres du Nomarque Baal en se servant d'un sordide stratagème consistant à lui remettre en pleine face sa culpabilité quant à l'incident qu'il s'était passé à Augerus. La voir ici, en personne, avait fait remonter soudainement sa propre culpabilité. Il avait l'impression, à cet instant même, qu'on était en train de tricoter avec des aiguilles en fer forgées dans son ventre.

- Va falloir que t'arrêtes de me sortir cette excuse à bout de champ, dit le jeune homme en se levant de sa chaise. Et puis, tu ferais mieux de venir avec moi. T'es le fils d'un fonctionnaire, toi aussi. T'as peut-être pas l'impression, mais les gens t'attendent au tournant.
- Sauf qu'à la différence de toi, moi, j'en ai rien à foutre de leurs avis.

Et, sur les paroles poétiques de son ami d'enfance, Khae laissa derrière lui sa table pour se diriger vers la foule qui encerclait la Grande Prêtresse. En voyant arriver le Pharaon nouvellement nommé dans sa belle tenue de soirée, les riches convives se décalèrent instinctivement afin de laisser le passage au régent jusqu'à Ankhet. Encore une fois, alors qu'il s'approchait dangereusement de celle qui avait fait chavirer son cœur autrefois, il se fit la réflexion qu'elle était d'une beauté à couper le souffle. Chaque fois qu'il la voyait, il la trouvait plus magnifique que la précédente, ce qui était en soi un miracle.

- Grande Prêtresse Ankhet. C'est un honneur de vous voir parmi nous si tôt, dit-il en s'abaissant respectueusement devant la jeune fille.
- Je ne pouvais manquer l'occasion d'une réception à vos côtés, Pharaon.

Tous les regards étaient tournés sur la rencontre presque irréelle entre les deux plus hautes instances de l'Empire. Ils avaient beau être jeunes, Khae et Ankhet avaient à eux seuls le pouvoir de déclencher une guerre ou encore d'ériger des bâtiments immenses à leur gloire. Bien heureusement, ils avaient appris depuis leur tendre enfance à ne pas profiter outre mesure des privilèges que leur sang leur avait accordés.

- Me feriez-vous l'honneur de vous asseoir à ma table ? Nous pourrons ainsi discuter de votre trajet.

Ankhet acquiesça, à la grande surprise du jeune homme qui mit quelques instants avant de finalement prendre la direction de sa table, la jeune blonde à ses côtés. Une fois loin des oreilles indiscrètes, la Grande Prêtresse serra les dents en murmurant à l'oreille du Pharaon.

- Ne va pas croire que je fais tout ça pour tes beaux yeux, Khae.

Malgré le ton froid et austère de la jeune blonde, Khae ne pouvait s'empêcher de sourire. Son ancienne amie avait accepté de s'asseoir à sa table, ce qui était déjà une avancée énorme. Et même s'il y avait sûrement un quelconque enjeu politique dans cette décision, le jeune Pharaon était ravi de se retrouver ainsi entouré de ses deux compagnons d'enfance. Celui qui avait toujours été à ses côtés, qui l'avait soutenu en toute circonstance et malgré les quelques déboires qu'il avait eus à subir quand il était encore l’Héritier. Et celle qu'il connaissait depuis des années également et a qui il avait déclaré sa flamme il y a un an environs. Et malgré le fait que les deux ne se soient jamais totalement entendu entre eux, Khae était tout de même heureux de les avoir à ses côtés à ce moment-là.

Son père aurait été content. Dès son plus jeune âge, Khae avait été un solitaire dans l'âme. Ce n'était qu'à sa rencontre avec Mahou et Ankhet, légèrement orchestrée par son paternel, qu'il avait accepté de s'ouvrir aux autres pour devenir le jeune homme sociable qu'il était désormais.

Son père... Khae se surprit à penser à lui. Depuis sa mort présumée - à laquelle il ne croyait toujours pas - le jeune homme avait tout fait pour mettre à distance sa tristesse et sa colère. Même durant les longues séances de méditation qui avait suivi son couronnement, il s'était exercé à ne pas y penser. Ça lui aurai fait mal, bien trop mal pour que la douleur soit compatible avec ses nouvelles fonctions à responsabilités. Aussi, et malgré son envie d'en apprendre plus sur les circonstances réelles de la mort de son père, il avait érigé des barrières solides dans son esprit pour se rassurer. Son père n'était pas mort. C'était impossible. Surtout que sa dépouille n'avait toujours pas été retrouvée parmi la pile de cadavres qui s'entassaient dans le Neuvième Nome. Une fois ses affaires réglées dans le Onzième, il prendrait la direction des lieux du conflit pour faire la lumière sur cette histoire.

- Félicitations pour ton accession au rang de... De... Grande Gourou des puceaux éternels, c'est ça ?

Comme à son habitude, Mahou ne pouvait s'empêcher d'envoyer des piques bien cinglantes. Et celles-ci étaient particulièrement imagées, surtout quand elles concernaient Ankhet, qu'il n’appréciait que très moyennement.

- Je t'aurai bien félicité en retour, Mahou, mais de quoi ? Avoir réussi à traverser le palais sans créer un incident diplomatique ? Ou être arrivé au bout de ce casse-tête que Khae et moi avons réussi à finir alors qu'on avait tout juste cinq ans ?

Finalement, Khae se dit que ça n'avait peut-être pas été la meilleure des idées que de faire se rencontrer de nouveau les deux jeunes gens. Ils ne s'aimaient pas, c'était une évidence depuis des années. L'ambiance autour de la table s'était soudainement tendue, malgré les bouffonneries d'un nomade qui était venu distraire le régent et ses amis avec quelques tours de passe-passe bienvenu.

- Ça vous direz pas d'essayer de vous montrer courtois l'un envers l'autre ? Au moins pour ce soir ? Tous les regards sont posés sur nous, je vous rappelle.

C'était effectivement le cas. Entre le nouveau Pharaon et la Grande Prêtresse, la seule table des trois amis comportait les deux plus hautes autorités de l'empire. Le monarque suprême à la double couronne et l'incarnation divine du Culte des Anciens sur Terre. Il était rare que les deux représentants de ces fonctions soient présents en même temps dans une pièce, et ça, depuis des siècles. Le Pharaon dominait théoriquement chaque sujet de l'empire, sauf les Grands Prêtres qui se succédaient, dont le pouvoir divin échappait à la domination royale. Aussi cela avait souvent créé des conflits entre les deux partis au travers du temps. L'ancien Grand Prêtre, un certain Kassoumef, avait longtemps été en guerre politique avec le père de Khae, échappant à sa gouvernance suprême et contestant beaucoup de décisions sous couvert de religion. Et comme beaucoup de citoyens avaient bien plus confiance en le Culte qu'en la politique éphémère de l'Empire, le pouvoir avait fini par se fractionner en deux personnes au fil des ans.

Lors de la nomination d'Ankhet en tant que Grande Prêtresse, le père de Khae avait pensé s'être fait une alliée de choix en appuyant sa candidature. Il la connaissait depuis son enfance, l'avait pratiquement élevée au côté de son propre fils. Pour autant, la jeune fille s'était rapidement révélée être une opposante de choix à la gouvernance de l'Empire. Malgré tout, hiérarchiquement parlant, Khae restait le supérieur de Ankhet.

- Essayons de trouver un sujet sur lequel on se rejoint tous : vous vous souvenez d'Hakor, la troisième fille du Nomarque Iziz ? Celle qui était avec nous a l'école.
- Comment je pourrai l'oublier ? Elle m'a littéralement mis un râteau devant tout le monde au Bal des Grandes Moussons à l'époque.
- Si seulement c'était la seule...

Passant outre la nouvelle remarque irrespectueuse d'Ankhet, Khae continua sur sa lancée.

- Figurez-vous qu'elle était pressentie pour prendre la relève de son père à la tête du Vingt et Unième Nome. Sauf qu'il y a quelques semaines, on l'a surpris en plein ébats avec Zachian, le fils du Nomarque Zarastras. Et vu que le Vingt et Unième et le Quatorzième Nome sont en guéguerre pour la propriété d'une exploitation minière depuis des années, vous imaginez bien que ça a fait pas mal de grabuges là-bas.
- J'ai toujours su qu'elle aimait les mecs louches comme Zachian. Je pouvais déjà pas le blairer quand on était gosse et qu'il venait en vacance au palais.
- Si elle aime les hommes louches, c'est bizarre qu'elle n'ait pas craqué sur toi du coup.

Et, se racontant des ragots croustillants sur la haute monarchie de l'Empire, les trois amis continuèrent ainsi leur discussion un long moment. Cela faisait beaucoup de bien à Khae d'enfin avoir une conversation normale avec les deux personnes dont il avait été le plus proche. Loin de toute hypocrisie sacré comme elle se le devait en public, Ankhet elle-même se permettait de sourire et de relâcher légèrement la pression. Finalement, et aussi complexe que soi la relation qu'ils entretiendraient à l'avenir et au vu des nouvelles fonctions de Khae, le jeune homme était pratiquement sûr de pouvoir la compter parmi ses alliés à l'avenir. Enfin, tout du moins l'espérait-il.

Et soudain, ce fut la fin.

Les murs de la salle commencèrent à vrombir, à peu près au même moment que les portes battantes en bois massifs s’ouvrirent à la volée. Les convives, affolés, se rassemblaient en quelques instants au fond de la pièce de réception, là où Khae et ses amis étaient en train de se lancer des vacheries. Le jeune homme, ayant du mal à comprendre ce qui était en train de se passer, eu un moment de flottement durant lequel il eu peur qu'un mouvement de foule ne vienne le piétiner. Quand il remarqua finalement que les invités étaient en train de fuir une irruption soudaine au milieu du bal, il se faufila à travers la masse de riches hommes, Ankhet, Mahou et Douamoutef à ses côtés.

Tout le monde étant rassemblé comme un seul groupe dans un coin de la pièce, celle-ci était désormais passablement vide et en désordre. Pour autant, sous l'âtre trônaient cinq personnes, toutes vêtues d'amples vêtements noirs. Quatre hommes et une femme, chacun affichant un calme serein sur le visage alors qu'ils venaient de déranger une réception royale. Les murs autour d'eux se mirent à trembler de nouveau, poussant le garde du corps du Pharaon à se rapprocher encore un peu plus de son protégé pour être certain de pouvoir réagir à temps. Le jeune régent s’avança face aux nouveaux arrivants, le torse droit et essayant d'avoir le plus de prestance possible dans ses gestes.

- Veuillez vous présenter, importunés convives !

En écho derrière lui, la foule retenait son souffle. Il se sentait bien seul dans cette position, au-devant même d'un danger possible, mais c'était là aussi sa fonction de Pharaon : défendre son peuple, être la première muraille face à l'inconnu. L'un des entrants s'avança à son tour, laissant derrière lui son petit groupe. Il avait une longue tresse brune qui pendait jusqu'au creux de ses reins. Son visage, légèrement émacié, était empli d'une malice qui laissait peu de place à la confiance. Tout en adressant une révérence maladroite au Pharaon et les yeux à demi plissé, il éleva la voix.

- Humbles nobles du Onzième Nome, soyez honorés de notre présence. Vous avez face à vous les membres de la Troisième Légion, honorables voyageurs du Désert Arianis.

Des voix s’élevèrent dans la foule derrière Khae. Il fallait que dire que le nom de Troisième Légion inspirait beaucoup de crainte et de ressentiment depuis quelques mois désormais. On disait de ce groupe d'assassins qu'ils étaient prêts à tout pour un bon pactole, et que leur savoir-faire était incontestable. Le père de Khae lui-même avait hésité à faire appel à ces mercenaires pour éliminer des opposants à son pouvoir. Ils sévissaient généralement au nord de l'empire, et les histoires à leurs sujets faisaient faire des cauchemars aux enfants. Qu'ils se trouvent ici, à une réception royale, à se dévoiler en plein jour à la face des plus hautes autorités de l'empire ne pouvait signifier qu'une chose : ils étaient sûrs, peu importe la personne qu'ils devraient tuer, de réussir à le faire sans se faire prendre. Et ce, malgré la sécurité qui entourait le Pharaon et les soldats personnels de Baal qui sécurisaient les lieux.

- Je peux peut-être me fourvoyer mais j'ai bon espoir de savoir que le Nomarque Baal ne vous a sûrement pas conviés à cette petite réception. Évitons tout ennui et retournez de là où vous venez.

Tout le monde dans la salle retenait désormais son souffle. Malgré la présence d'Ankhet et Mahou juste derrière lui, Khae se sentait immensément seul à cet instant précis. Il y eu comme un moment hors du temps, la tension palpable était à couper au couteau. Le jeune Pharaon se demandait pourquoi les soldats n'étaient toujours pas arrivés sur les lieux pour défendre le régent et les citoyens. Ça ne pouvait tout de même pas être ces assassins qui avaient...

- Je crains, mon Pharaon, que cela ne soit possible. Nyptât, si tu veux bien... , dit l'homme à la tresse en se tournant vers la seule fille du groupe, une grande brune couverte d'un ample châle aux couleurs claires.

Celle-ci attrapa à sa ceinture une flûte en bois, tout ce qu'il y avait de plus basique. Elle se mit à jouer, et le son qui sortit de l'instrument surprit tout le monde. Rien à voir avec les accords mélodieux d'une flûte. Le bruit qui en sortait était un étrange mélange de crissement de graviers sur le bitume et de craie sur un tableau noir. Personne ne pouvait dire si ce son désastreux était assimilable à une mélodie, tant c'était dérangeant à l'oreille. Pourtant, en quelques instants, les murs de terre cuite du palais tremblèrent de plus belle. Les membres de la Troisième Légion, en ligne sous la porte d'entrée, se mirent à ricaner en observant celle des leurs qui jouait de l'instrument. Dans la salle, quelques cris commencèrent à s'élever des convives massaient au fond de la pièce, loin des assassins. Khae et ses amis, en ultime barrière au milieu de ces deux groupes, cherchaient du regard à comprendre d'où venait les tremblements.

Puis soudain, ce fut le chaos.

Le mur gauche de la salle explosa, déversant sur la réception une pluie de gravats qui força les riches invités à se réfugier derrière les quelques soldats présents sur les lieux. Puis, l'impensable se produit. Une marée vivante de pokemon se déversa à travers le trou béant qui faisait maintenant office de porte taille XXL dans la cloison. Dans la panique, tout le monde se dispersa aux quatre coins de la grande salle, certains invités sautant par les fenêtres. Khae, lui, demeura un moment immobile, fixant toujours les membres de la Troisième Légion qui ricanaient toujours apparemment pas surprit par l'assaut des pokemon sur les lieux. Une dizaine de Grahyena, accompagnés de leurs sous-évolutions Medhyena, s'affolaient dans la salle, croquant au vol chaque personne qui passaient à portée de crocs. D'un regard, Khae identifia les pokemon qui venaient de passer par la nouvelle ouverture. Des Arbok, des Camerupt, quelques Dunaconda, un couple de Nemelios et une volée de Deflaisan. Enfin, passant sa trompe immense par le trou dans le mur, un Pachyradjah hébété regardait le spectacle ahurissant sous ses yeux. C'était sûrement lui le responsable des tremblements, avec sa taille et son poids massif. Khae serait bien resté à l'observation de la scène aussi surprenante que dangereuse, mais Mahou l'attrapa par le bras pour l'éloigner du danger.

- Faut pas rester là, mon vieux !

Il fut entraîné de force à la suite de son ami d'enfance, Douamoutef et Ankhet sur leurs pas. Khae jeta un dernier coup de d'œil à l'entrée principale, mais les membres de la Troisième Légion avait disparu.

- Par la porte ! Ils sont plus là, c'est l'occasion de fuir !, s'exclama alors Douamoutef.
- Non ! Je veux pas laisser tous ces pauvres gens se faire...

Mais un regard vers l'assemblée de convives qui courraient dans la salle pour échapper aux Créatures enragées le fit se rendre à l'évidence : il avait beau être le Pharaon, il ne pouvait rien faire face à une trentaine de pokemon en furie.

- Ma mission, Pharaon, c'est de vous mettre en sécurité. On peut pas se permettre de vous perdre.

Résigné, Khae suivit ses amis dans leur course folle au travers de la foule de pokemon et d'humains. Ils n'étaient pas les seuls à avoir compris que l'issue était désormais libre, et tout le monde était en train de quitter la salle à la hâte, se dispersant dans les couloirs, des pokemon sauvages à leurs trousses. Khae courus en direction d'une porte menant vers la sortie. Il les ouvrit à la volée, une suite de convives effrayés à ses trousses, poursuivis par une horde de pokemon. Mais alors qu'il voulait mettre un pied dehors, il se rendit compte que tout le palais était entouré par des dizaines de Grahyena sauvages, babines dégoulinantes, qui attendaient sagement sur le palier.

- On... On est pris au piège., fut la seule évidence à laquelle il réussit à se rendre.
- Arg !

Un riche homme d'affaires de la région - Yrat de son vrai nom, vendeur de tapis d'exportation dans le Onzième Nome - venait de se faire attraper au cou par un Arbok, qui lui brisa la nuque sous la pression. Désarçonné devant tant de sang et de violence, Khae eu un moment d'inattention, durant lequel un des deux Nemelios qui était entré dans la grande salle lui sauta dessus. Il ne put réagir, mais Douamoutef le fit à sa place. Se plaçant devant le jeune Pharaon, il fut percuté par le pokémon et les deux finirent au sol, se roulant l'un sur l'autre. La montagne humaine qu'était le garde du corps de Khae avait beau être puissant, il avait bien du mal à gérer physiquement un pokémon aussi puissant. Un peu en désespoir de cause, il sorti son poignard pour essayer de faire fuir l'animal, qui fut cependant plus rapide et le mordit au niveau du mollet, arrachant au passage une bonne partie de son pantalon. Le garde hurla mais en profita tout de même pour donner un coup de couteau sur le flanc de la bête, qui trouva comme unique solution de repli la fuite.

Le petit groupe, esquivant au maximum les attaques des pokémon sauvages, entreprit de se cacher dans les couloirs du palais. Seulement, au milieu de ce carnage de sang et de chair humaine, il devenait difficile de se frayer un chemin entre les cadavres et les pokémon. Une odeur pestilentielle de chair et de musc puissant avait envahi les lieux. Un peu en désespoir de cause, et voulant prendre un moment pour s'isoler de permettre à Douamoutef de se reposer, ils finirent par trouver une petite réserve avec une serrure sur la porte. Un lieu de vie pour esclaves, qui suffirait amplement à protéger Khae, ses deux amis et son garde du corps attitré.

Désormais à l'abri, dans ce petit vestiaire d'esclaves vétuste et désuet – bien loin du rang des personnes qu'il accueillait pour l'heure – Khae tenta de reprendre son souffle en posant ses mains sur ses hanches. La fuite avait été longue, surtout que les pokémon pouvaient les pister à l'odeur, ayant des sens bien plus développés que ceux des humains. Douamoutef avait son pantalon de lin à moitié déchiré, une plaie béante suintant de sang sur le mollet gauche qui laissait apparaître des images peu ragoûtante. Le garde du corps s'appuyait sur Mahou pour réussir à tenir debout et, même s'il affichait une expression impassible sur le visage, Khae se doutait qu'il devait souffrir atrocement.

- Il faut qu'on trouve un moyen de s'échapper de ce palais. Au plus vite, s'exclama Ankhet, dont la robe blanche de cérémonie était désormais tâchée de sang.
- Si t'as une idée, la religieuse, on est preneurs, riposta Mahou en aidant Douamoutef à s'asseoir sur une chaise de pierre dans un coin de la petite pièce.

Khae essaya de se poser un instant pour s’éclaircir les idées. Derrière la porte, des bruits affreux d'horreur lui parvenait aux oreilles. Il essayait d'en faire abstraction, mais le simple fait d'imaginer ses citoyens en train de perdre la vie était une chose insurmontable. Surtout qu'il n'avait aucun moyen de les protéger. Il devait trouver une solution. Mais laquelle ? Ils étaient totalement cernés. Impossible de s'enfuir du palais sans se faire dévorer. Impossible d'appeler à l'aide. Et chaque minute passée à l'intérieur était un danger de se faire dévorer par les créatures qui arpentaient les couloirs du palais. Un huit clos sordide, imaginé par une horde d'assassins, et qui aurait sûrement raison de toutes les personnes présentes dans les lieux.

- Il doit y avoir une solution pour arrêter ce massacre. Il doit y avoir...
- On s'en fou de ça, Khae. Là, le principal, c'est de nous barrer d'ici.

Ankhet devait vraiment avoir peur pour se mettre à jurer. En même temps, elle ne devait sûrement pas s'attendre à un attentat quelques minutes à peine après son arrivée au Onzième Nome. Surtout que c'était Khae qui l'avait fait venir, pour satisfaire ses relations politiques avec Baal. S'il avait su, il aurait sûrement fait en sorte que la jeune fille reste à l'abri. Au moins, elle, aurait été épargnée et pu faire en sorte de respecter les prérogatives de l'ancien Pharaon en matière de politique en attendant un successeur. Là, ils allaient tous périr, sans avoir pu faire quoique ce soit.

- Non, non. Il doit y avoir une solution... J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui m'échappe dans cette histoire.

À l'extérieur, les cris se faisaient de plus en plus pressants. Il n'allait pas falloir longtemps pour que les pokémon sauvages ne retrouvent leurs traces. Le sursis qu'ils avaient gagné en s'isolant dans ce petit cagibi était de courte de durée, et de toute façon très risqué puisqu'ils étaient à la merci du moindre ennemi qui passerait la porte pour les atteindre.

- Si l'on résume la situation : on est venu ici pour négocier avec Baal. Puis, il m'a demandé de faire venir Ankhet, pour soigner sa femme. Et dès que tu arrives, on se fait attaquer par la Troisième Légion et par une horde de pokémon enragés.

- Déjà, ça, c'est impensable. Les pokémon n'obéissent à aucun ordre, encore moins aussi groupés. Ceux qui attendent dehors, j'ai l'impression qu'ils en ont eu la consigne puisqu'ils n'agissent pas, hormi pour empêcher tout le monde de sortir. C'est... c'est impossible.

- Jamais fait, peut-être. Impossible, non. Peut-être que quelqu'un a trouvé un moyen de... un moyen de les dresser ? Je sais pas si c'est le terme exact, mais vous voyez l'idée. Quoiqu'il en soit, ça ne règle pas notre souci de base.

- Personnellement, je vois qu'une seule explication : c'est Baal qui a engagé ces mercenaires pour faire d'une pierre deux coups : tuer à la fois le Pharaon et la Grande Prêtresse. , rétorqua Mahou en barricadant les fenêtres donnant sur l'extérieur à l'aide des quelques meubles présents dans la pièce.

- Impossible. Il ne pouvait pas anticiper qu'Ankhet arriverait plus tôt que prévu. Et même s'il avait d'autres projets en faisant venir Ankhet ici, provoquer une attaque sur le Pharaon juste avant son arrivée aurai mis fin au plan qu'il avait possiblement prévu. C'est pourquoi je pense que, malgré que ce soit une enflure, il n'est pas derrière tout ça.

- Mais alors qui ?

La question était légitime, mais personne ne semblait avoir la réponse. Khae était pratiquement sûr qu'une partie de ce puzzle qui venait de se construire sous ses yeux lui échappait. L'arrivée de la Troisième Légion, l'attaque des pokémon, la fuite des assassins qui avaient désormais quittés les lieux sans que personne ne les voit...

- Ils sont sûrs de leur plan. Ils n'auraient pas pris le risque de mettre en place un tel stratagème puis de s'enfuir s'ils pensaient qu'un seul d'entre nous échapperait à cette boucherie. Pourquoi tant d'assurance... pourquoi ?

Khae avait la réponse sur le bout de la langue mais elle se refusait à lui. Il avait l'impression que l'unique façon de se sortir de cet enfer était de trouver la solution à cette énigme. La vie de toutes les personnes présentes sur ces lieux en dépendait. La vie de ses amis, la sienne, celle de l'Empire. Cette attaque ne pouvait pas être une coïncidence.

Soudain, on frappa délicatement à la porte de la cachette du petit groupe. Un martèlement bien trop lent et précis pour être le fait de l'un des pokémon. Quelqu'un qui savait que Khae et ses amis étaient à l'intérieur, était en train d'annoncer sa présence. Au milieu de ce chaos, au milieu de ce bain de sang, une personne prenait apparemment le temps de frapper délicatement à une porte dérobée.