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Informations

» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 28/02/2021 à 21:59
» Dernière mise à jour le 26/03/2021 à 12:48

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Parasité
[Type Insecte]

Je naquis dans de la terre, constituée de textures diverses et variées, agréables et rêches, chaudes et froides. N’y voyant rien, je me mis rapidement à gratter ce qu’il y avait autour de moi pour avoir de la lumière. Après un bref effort, je jaillis facilement dans une petite grotte très sombre et humide. Je n’étais pas le seul dans cet endroit, comme je le découvris bientôt. Une quinzaine d’autres Paras se trouvaient avec moi, s’arrachant à leur tour du sol. Tandis que j’étudiais les capacités de mon petit corps fébrile, fraîchement né, quelques uns de mes compagnons, un peu plus pressés, décidèrent de sortir de cette grotte. Les autres et moi-même ne tardâmes pas à les suivre. Je ne pus m’empêcher de remarquer, sûrement contrairement aux autres, de grosses masses inertes couvertes de spores et de la poussière qui s’accumulaient au fond de la cavité.

En sortant de la grotte, je pus découvrir pour la première fois l’endroit où je vivrai le reste de mes jours. La jungle Sombrefeuille était immense de mon point de vue. Les arbres aux larges feuilles couvraient le ciel ensoleillé et m’empêchait de bien me repérer. De nombreuses herbes et lianes couvraient le sol, rendant laborieuse toute traversée sous la canopée. De nombreux Pokémon devaient vivre dans cette zone, dissimulés dans chaque recoin. J’eus à peine le temps d’admirer les lieux que je vis les autres Paras continuer leur route dans les herbes sombres. N’ayant nul autre endroit où aller, je pressai le pas pour ne pas perdre le reste du groupe.

Au début, on n’était tous pas très débrouillards. On venait de naître après tout. Notre groupe finit par se perdre dans la Jungle alors que l’on cherchait un endroit où se nourrir. On ne savait pas encore discerner les arbres qui nous permettraient de nous ressourcer. Mais après avoir erré pendant un long moment parmi la végétation dense, notre groupe rencontra d’autres Pokémon Insecte comme nous, les menaçants Scarabrute. Par instinct, je préférai rester en retrait, ne sachant pas s’ils allaient se montrer hostiles envers le groupe ou nous ignorer. Néanmoins je me rendis compte que les Scarabrute étaient eux même en pleine recherche de nutriments, guettant de temps à autre la présence d’éventuels prédateurs volants.

Je me mis à les observer en restant sur mes gardes. S’ils ne me remarquèrent pas grâce à ma petite taille, je les suivis de très près pour comprendre comment ils se débrouillaient. Grâce à eux, j’appris où trouver les arbres qui regorgeaient de sève et qui me permettraient de me nourrir. Je creusai sous l’un des arbres, profitant à nouveau de mes proportions réduites. Une fois bien dans le sol au niveau des racines de l’arbre, je commençai à absorber les nutriments, jusqu’à satiété, une sensation nouvelle pour moi. Mes autres congénères m’imitèrent ensuite. On fit cela un certain temps en suivant de loin le groupe de Scarabrute.

Notre situation stable ne dura pas longtemps. La dure loi de la Jungle nous rattrapa bien vite. On n’était qu’un groupe de Paras après tout, on ne pouvait pas faire grand-chose contre des Pokémon plus grands ou plus rapides que notre espèce. Bien entendu en tant qu’insectes, on était en bas de la chaîne alimentaire. On ne pouvait qu’espérer survivre, rien de plus.

Un beau jour, alors qu’on était en train de se restaurer au pied d’un arbre en compagnie d’une petite troupe de Chenipan, je remarquai que de grands oiseaux noirs aux longs becs colorés semblaient observer notre groupe depuis le ciel. J’eus à peine le temps d’essayer de prévenir les autres que les oiseaux nous foncèrent dessus. Pris de panique, notre unique réflexe fut de se séparer et de prendre la fuite chacun de son côté. Hélas, les plus lents à partir de l’arbre furent emportés par les Piclairon dans un angoissant bruit de carcasse que l’on broie. Ils attrapèrent également quelques uns des Chenipan qui suivaient pourtant mon groupe dans l’espoir que nous servions d’appât en cas d’attaque de prédateurs.

Pour ma part, je n’avais pas le choix. Pour leur échapper, il fallait que je m’enfonce davantage dans la jungle, mais je ne pouvais plus compter sur les autres Paras. Je sentais une petite voix au fond de mon être qui répétait en boucle que c’était ma seule option. Comme lors de cette fois avec les Scarabrute, j’avais pu les suivre de si près uniquement parce que j’étais seul. Au bout d’une heure interminable à détaler entre les arbres le plus silencieusement possible, je me retrouvais livré à moi-même dans un lieu qui m’était totalement inconnu. J’allais devoir rester constamment sur mes gardes désormais.

Cette partie de la forêt se révéla encore plus labyrinthique à mes yeux que celle que j’avais arpenté depuis ma naissance. Les arbres filtraient toute la lumière du jour et le sol était couvert d’herbes sombres beaucoup plus hautes que dans mon précédent lieu de vie. Mais je leur trouvai rapidement un avantage indéniable, j’étais invisible aux yeux des prédateurs quand je m’y dissimulais. Ce n’était pas les Piclairon qui viendraient me chasser ici où il fallait batailler avec la végétation environnante pour se frayer un chemin, sur terre comme dans les airs. Grâce à cela, je n’avais plus qu’à trouver un moyen de localiser des arbres où je pourrais me restaurer sans me faire attaquer. J’aurais aimé continuer de suivre les Scarabrute, certes intimidants, quoique peu dangereux pour moi, mais je n’arrivais pas à sentir leurs phéromones ici. Peut-être cette partie de la forêt ne faisait-elle pas partie de leur territoire. Toutefois, je sentis bientôt des phéromones qui ressemblaient à celle des Chenipan, en plus douces et plus suaves. Ce n’était pas totalement les mêmes, mais je décidai malgré tout de les suivre. Je n’avais pas d’autre solution.

En suivant les phéromones, je me rendis compte qu’elles étaient dispersées par un petit groupe de Papilusion, d’où la ressemblance avec celles des Chenipan. Leurs traces s’arrêtaient dans une petite clairière. J’avisai un long moment cet espace à découvert qui me laissait vulnérable à une attaque. Quand l’endroit me parut sûr, je me dirigeai vers une source de nutriments. Alors que je commençais à creuser au pied d’un arbre pour me nourrir, je me sentis observé. Ou plutôt, ce fut comme si une petite voix m’avertissait d’une présence proche. Je me retournai et me retrouvai face à plusieurs Spododo dont le chapeau luisait d’un éclat rougeâtre. Ils semblaient en colère. Je me braquai immédiatement.

Il m’apparut bien vite que je devais sûrement être sur leur territoire. Toutefois, je ne comptais pas me laisser décourager cette fois-ci. Certes, les Piclairon étaient plus grands et plus fort que moi, mais eux, ces chétifs Spododo, je pouvais les repousser. Je le savais. Une voix me le soufflait au fond de moi. Sans crier gare, je fonçai sur l’un d’eux et le griffai le plus fort possible. Je n’eus pas le temps de faire volte-face qu’ils se mirent à riposter avec de multiples spores, au point de me faire battre en retraite au bout d’un moment. Même si je parvenais en blesser quelques uns, je compris que je ne pourrais pas les faire partir d’ici.

Sans d’abord m’en rendre compte, mû par la fièvre du combat, je me mis à répliquer moi aussi à coups de spores. Il me fallut plusieurs jets hasardeux pour réaliser que j’arrivai à me battre de la même manière que mes assaillants. Ragaillardi par cette découverte, je leur envoyai des rafales de spores toxiques en pleine face, convaincu que ça me permettrait de les repousser. À ma grande déception, je m’aperçus bien vite que ce n’était pas aussi efficace que je ne l’aurais cru. Mais il y avait pire que ça. À mesure que chacune de mes attaques devenaient inefficaces sur eux, leur nombre augmentait. Ils finirent par devenir beaucoup trop nombreux pour moi seul. Je n’eus pas d’autre choix que de fuir à nouveau vers l’inconnu, abandonnant une source de nourriture et un habitat qui aurait pu être parfait pour moi.

Après cet événement, je commençai à sentir des changements s’opérer en moi. Quelque chose d’autre, une sorte d’autre esprit, une autre voix que la mienne apparut progressivement dans ma tête. Ou peut-être était-elle là depuis le début sans que je ne parvienne à l’entendre réellement. Cette voix avait sa propre manière de penser et d’agir, qui était souvent contraire à ce que je faisais. C’était comme une deuxième conscience, dont je ne savais absolument rien et qui semblait déjà bien me connaître. Nous serions désormais deux pour diriger mon petit corps. Il fallut que nous habituions l’un à l’autre. Allions-nous coopérer ou nous battre ?

Nous choisîmes la première option, ce qui se fit au prix de nombreux compromis dans mon cas. Mon mode de vie changea graduellement. Petit à petit, nous ne sortâmes plus du tout la journée mais exclusivement la nuit pour chercher un endroit pour se nourrir. Mon corps… notre corps commença lui aussi à subir des changements. Une fine couche de poussière rouge nous recouvra bientôt la carapace, sans que je puisse savoir d’où elle vienne. J’étais persuadé qu’elle n’était pas là avant. Les autres Pokémon remarquaient aussi ce changement, car ils se mirent alors à nous éviter sans raison. Même les plus grands Pokémon, comme les Gouroutan ou les Scarabrute, s’éloignaient dès qu’ils nous voyaient. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire. Si les plus grands Pokémon nous laissaient tranquille, nous pouvions dorénavant faire ce que nous voulions. Nous partîmes en quête d’un endroit où nous établir dans la forêt, errant au hasard dans ce dédale interminable d’herbes, de buissons et de fleurs. Après quelques jours de recherche, nous trouvâmes un coin isolé au pied d’une butte escarpée où peu de Pokémon osaient s’aventurer. Ce petit coin de paradis un peu sinistre regorgeait de nombreux arbres dont nous pouvions facilement nous nourrir. C’était parfait, nous possédions désormais notre propre territoire.

Ayant un caractère différent du mien, l’autre voix essayait de m’influencer de plus en plus. Elle essayait de m’endurcir. J’avais toujours eu tendance à fuir les combats contre des ennemis que j’estimais plus fort que moi, mais désormais, nous pensions être suffisamment forts pour les combattre efficacement. Nous avions enfin notre territoire à nous, à l’écart de tout, et nous n’allions pas le perdre de sitôt. Ou plutôt, l’autre voix ne le voulait pas. C’est ce que nous avions toujours cherché après tout. Alors le jour où des Spododo tentèrent de pénétrer sur notre territoire, nous vîmes rouges. Nous laissâmes éclater notre juste colère contre ses intrus. C’était aussi ça la loi de cette jungle. Et nous pouvions enfin la faire appliquer à notre tour en tant que dominant du territoire.

Nous étions clairement plus fort qu’avant, aussi nous vainquîmes la plupart de nos adversaires en quelques coups de griffes bien placés, sans leur laisser l’occasion de se défendre. Même lorsque des Lampignon hargneux arrivèrent pour les soutenir, nous réussîmes à leur résister. Nos spores, auparavant inefficaces sur eux, étaient devenus suffisamment efficaces pour les ralentir et les affaiblir. Nous n’avions ensuite aucun mal à les terrasser au corps à corps. C’est avec une facilité surprenante que nous défendîmes notre territoire ce jour-là contre trois vagues successives d’assaillants. À partir de là, aucun autre Pokémon n’osa s’approcher sans nous en demander la permission. Nous étions enfin respecté et nous avions notre réputation, peu sont ceux qui voudront venir nous importuner.

Nous laissions entrer les Chenipan et Papilusion notamment, puisqu’ils se montraient assez dociles et ne restaient jamais bien longtemps. Notre territoire servait de refuge aux faibles créatures qui ne comptaient que sur l’aide des prédateurs dans la jungle, mais ces terres n’offraient rien d’intéressant pour qu’ils ne songeassent à s’y installer durablement. Certains Pokémon repartaient parfois avec un peu de cette mystérieuse poussière rouge qui recouvraient de plus en plus notre carapace.

Ce fut bientôt comme si je n’avais jamais été seul à l’intérieur de ce corps. Le désaccord cessa rapidement entre nous et nous nous mîmes à prendre toutes nos décisions ensemble. Ce fut à se demander comment un pauvre petit Paras avait pu survivre tout ce temps avant nous ne soyons deux. Pour que nous n’ayons plus jamais à revivre cette époque, l’autre voix nous incita à nous nourrir davantage, pour croître. Il faut dire que malgré l’abondance de nutriments, nous n’étions jamais rassasiés et seule la crainte de voir nos réserves s’amenuisaient nous empêchaient de nous gaver jusqu’à plus faim. Mais pour continuer à défendre notre territoire, il fallait augmenter notre régime alimentaire. Et notre territoire ne suffirai bientôt plus pour contenir notre faim.

La saison des pluies vit l’achèvement de notre croissance. Devenus Parasect, nous étions enfin aussi grands que les Lampignon et plus lourds que les Piclairon, nos anciens prédateurs. Peu de Pokémon représentaient encore une menace pour nous, surtout dans cette zone isolée de la jungle. Il en serait peut-être autrement si nous décidions de nous hasarder plus loin vers le cœur du labyrinthe végétal, mais nous en avions pas à nous en soucier. La saison humide nous offrit également l’opportunité de retrouver certains membres de ma fratrie qui avaient réussi à fuir l’attaque des volatiles, bien des mois auparavant. La plupart d’entre eux n’avaient pas encore terminé leur évolution en Parasect, ce qui fit de nous les meneurs du groupe. Pour accélérer les choses, nous les exhortâmes à se nourrir davantage en profitant des nombreux arbres à sève que l’on trouvait sur notre territoire.

Cela ne dura qu’une lune. Nous avions surestimé nos réserves. Ou sous-estimé la faim qui se faisait grandissante de jour en jour, alors même que nous augmentions les quantités de nutriments ingérés. Ce n’était jamais assez. Du lever au coucher, nous étions soumis aux affres de la famine comme si rien en ce bas-monde ne pouvait combler notre appétit. La présence de mes compagnons, qui ne tardèrent pas à finir leur évolution, fit grandement diminuer les ressources de notre territoire, en plus d’encourager notre voracité grandissante. Il faudrait bientôt démarrer la conquête de zones où la nourriture se ferait plus abondante. Quand, dans une ultime orgie, nous drainâmes à mort l’intégralité des arbres à sève de notre territoire, le rendu désormais inutile, nous prîmes alors la décision d’aller piller celui des Spododo et des Lampignon.

Au tout début, ce fut facile. Ces Pokémon ne s’attendaient pas à être attaqués en aussi grand nombre, nous les fauchâmes aisément et sans prévenir. En une nuit, nous réussîmes à nous emparer d’un quart de leur territoire. La nuit suivante, nous en possédions un tiers. Puis sous les ordres d’un Lampignon aguerri et impitoyable, ils commencèrent à nous résister véritablement. Une lutte terrible débuta pour le contrôle des ressources nourricières de ces terres. Les Pokémon végétaux comblèrent rapidement leur manque de force brute par un pacte odieux avec quelques Scarabrute. Ces géants cornus équilibrèrent les forces pour le pire : le conflit s’enlisa. Ce que nous imaginions être une victoire éclair devint une guerre de tous les instants.

Chaque nuit nous gagnions un peu de terrain sur nos adversaires. Chaque jour nous perdions notre avancée, voire plus. Cela s’enchaînait durant des jours. Nous avions pris l’habitude d’assécher tout nouvel arbre que nous venions à conquérir afin que la perte ne fût pas trop importante lorsque les Lampignon et leurs Scarabrute reprenaient leur dû. À un moment, les Piclairon crurent pouvoir profiter de la situation pour se repaître d’insectes dodus à découvert, mais ils apprirent à leur dépens qu’ils n’étaient pas de taille. Cette partie de la jungle se transformait en un champ de bataille dont il n’y aurait bientôt plus rien à sauver. À ce moment, nous irions chercher notre nourriture ailleurs.

Cette guerre de la faim se termina sans vainqueur. Notre groupe avait subi des pertes, mais nous avions ravagé les rangs adverses et leur territoire. Un pillage en règle qui se soldait par une faim plus dévorante que jamais. Nous étions gros et affamés, notre carcasse se faisant de plus en lourde à porter. Il nous fallait à présent la transporter à la recherche de nouvelles sources de nutriments. Nous nous décidions du chemin à prendre pour guider les membres encore en vie de notre groupe. Néanmoins notre corps ne se dirigea pas où nous décidâmes de nous rendre.

En fait, nous ne décidâmes rien du tout, l’autre voix choisit seule notre prochaine décision, sans concertation. Ce n’était pas un désaccord, mais davantage comme si elle n’entendait pas… ma voix ? Ce fut douloureux de nous envisager à nouveau comme deux entités différentes après une telle symbiose. Nous étions forts, mais je me découvrais faible, incapable de retrouver comment penser au singulier. Nos voix en harmonie avaient dicté notre conduite pendant longtemps, alors que nous étions au paroxysme de notre puissance. L’autre voix commença à ignorer la mienne progressivement. D’abord il décida de nos itinéraires, de nos destinations, puis de la quantité de nutriments à ingérer, enfin des ennemis à affronter. La nuit où sans raison il pourfendit un Mimantis de passage, il cessa complètement d’écouter cette seconde voix qui, jadis, avait été la première, l’unique voix.

La fin de cette symbiose ne changea pas grand-chose pour l’autre. Il continua de se gaver, laissant malgré tout une faim phénoménale ronger le corps lourd qu’il utilisait à sa guise. Sa voie résonnait fort dans les deux esprits partageant un corps commun, jusqu’à étouffer complètement les murmures, parasites de pensées, qui survivaient. Il priva peu à peu de la vue la conscience avec qui il avait été nous, avant de lui ôter l’usage de tous les sens. Il ne lui laissa qu’un trou béant, un vide impossible à combler. La faim. C’était la seule sensation qu’il me laissait. Il n’y eut plus rien d’autre à faire que d’attendre le prochain repas, cette impression d’avaler goulûment le monde entier, sans ressentir la moindre satiété.

Cette vie spoliée de ce qui fait la vie dura une éternité, ou peut-être moins ? Seule l’autre conscience aurait pu le dire. Vint un jour où le corps eut du mal à se mouvoir, se faisant plus lourd qu’il ne l’avait été jusque là. Commença alors un long périple au cours duquel l’autre conscience cessa de se nourrir ou dormir, pour mener une carcasse épuisée à son terme. Quand le voyage prit fin, il y eut une explosion, comme seul un végétal pour la produire. D’un coup, l’esprit se vida d’une voix puissante et impérieuse, pour n’y laisser que les échos de ce qui constitua le nous et qui, bien avant, fut moi. Il y eut une faible résurrection. On vit le lieu où, des années plus tôt, un Paras était sorti de la terre. On vit la poussière rouge en suspension dans les airs, reliquat obscène que l’autre voix, qui s’abattrait bientôt sur les Pokémon à naître. On vit ces masses sombres du fond de la grotte, les cadavres de ces Parasect, eux aussi devenus esclaves de leur seconde voix.

Puis ma vie prit fin.


Scénario : Yûn
Rédaction : Akatsuki