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L'Empire Delassien de Johan64000



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» Auteur : Johan64000 - Voir le profil
» Créé le 26/02/2021 à 00:34
» Dernière mise à jour le 26/03/2021 à 15:42

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Fantastique   Guerre   Mythologie

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Chapitre 3 - La Prêtresse immaculée
La silhouette d'Ankhet se dessinait difficilement dans ce chaos sombre. Il faut dire que les communications par Mistigrix étaient bien souvent dépendantes des aléas de la météo. Il suffisait d'une tempête de sable malvenue, quelque part sur le trajet, pour que la connexion mentale n'en pâtisse. Et vu que les sables s'envolaient régulièrement dans l'Empire, mettant à rude épreuve à la fois les nerfs et les corps des habitants, il fallait parfois plusieurs heures pour établir une passerelle mentale stable.

Ankhet était belle, comme à son habitude. Déjà, bien avant son accession au poste de Grande Prêtresse et son affiliation désormais quasi-divine au plan des Dieux, on disait d'elle qu'elle était l'une des plus belles jeunes femmes de l'Empire. Elle avait reçu de nombreuses demandes en mariage, beaucoup provenant de Hauts-Fonctionnaires ou de fils de riches familles influentes. Même le Trésorier Matdat l'avait courtisé un moment, avant que celle-ci ne finisse par faire vœu de célibat, mettant sur la touche ses prétendants. Khae, lui, avait longtemps été insensible aux charmes de la jeune fille. Et quand la vérité sur les sentiments qu'il éprouvait envers son amie d'enfance s'était imposée à lui, c'était déjà trop tard. Ankhet, elle, lui en avait voulu de ne pas avoir fait sa déclaration plus tôt. Elle avait pris ça comme un aveu de lâcheté. Dans les hautes sphères du royaume, on avait même murmuré que l’Héritier de Double Couronne s'était déclaré à ce moment-là pour que son amie n'accède pas au rang de Prêtresse. On lui avait alors prêté un certain athéisme, très mal vu par le peuple depuis le règne d'Exodius IV, qui avait rejeté les Dieux en son temps et provoqué indirectement la Nuit Pourpre. Depuis, les Pharaons avaient obligation de se soumettre au Culte des Anciens, l'unique religion de l'Empire et celle sur laquelle devait se baser chacune des actions de ses habitants. Sans être un fervent croyant, Khae avait toujours fait en sorte d'afficher son engouement pour la religion. Après tout, en tant que futur Pharaon, il était assimilé d'office aux Dieux, étant même considéré comme leur incarnation sur le plan terrestre. La cérémonie de couronnement par laquelle il était passé avait fait de lui une enveloppe corporelle propice à la graine divine.

« Désolé de te déranger. J'imagine que tu officies à un mariage ou à un quelconque baptême aujourd'hui ? »

Ankhet baissa les yeux en soupirant. La voir flotter ainsi dans ce chaos, alors même que son corps et celui de Khae se trouvaient à quelques centaines de kilomètres l'un de l'autre, emplissait le jeune homme de nostalgie.

« Je vois que vous avez toujours aussi peu de considération pour la foi qui est censé guider vos pas, Pharaon. »

Ankhet se plaisait, depuis des mois maintenant, a rappeler à Khae son manquement à ses obligations en tant que garant du respect de la religion au sein du royaume.

« Je.. Excuse moi pour mon indélicatesse... »

La forme à moitié astrale de la jeune blonde fit ce qui devait se rapprocher d'un haussement d'épaule.

« Ne vous inquiétez pas, les Dieux sauront vous rappeler à l'ordre bien assez vite vos manquements à votre serment d'allégeance. »

Depuis la déclaration d'amour de Khae et l'incident d'Augerus, Ankhet avait repris le vouvoiement avec lui, alors même qu'ils avaient été très proches dans le passé. Khae regrettait la distance qui s'était installée peu à peu entre eux, de même que le ton condescendant que la prêtresse adoptait quand elle lui adressait la parole. Mais il n'arrivait pas à lui en vouloir. Pas après tout ce qu'il serait passé entre eux.

« Je... Je n'ai jamais manqué à ma parole auprès du Culte des Anciens. Disons simplement que j'ai des préoccupations plus terre-à-terre en ce moment. »

« Forger des alliances ? Ratifier des décrets ? C'est cela, vos occupations terre-à-terre, Pharaon ? »

« Ne joue pas l'ignorante, Ankhet. Tu sais très bien que c'est un exercice dans lequel tu n'es pas douée. Tu as aussi bien conscience que moi que, sans diplomatie et politique, l'Empire courrait à sa perte. N'est-ce pas, après tout, les Dieux eux-mêmes qui ont voulu sa création ? »

Il y a de cela plusieurs siècles, alors que tout n'était que chaos et infini sur les terres arides de l'Empire, une énergie primale est née. Nommée la Graine de Vie, un groupe de pokémon, premiers êtres de la création, ont côtoyé cette source de pouvoir et ont eu accès à un plan supérieur. C'est ainsi que sont nés les Dieux, et qu'ils se sont élevés. Horus, le protecteur des Hommes. Isis, la reine de la magie. Osiris, le souverain de l'Après-Vie. Seth, le seigneur du mal. Nephtys, le mur protégeant les foyers. Râ, le voyageur solaire. Anubis, le passeur de morts. Thot, le monarque du savoir. Sobek, l'empereur des eaux. Basset, la chatte aux mille pouvoirs. Et enfin Hathor, la génitrice. Autant de divinités qui protègent et assurent la prospérité au sein de l'Empire Delassant depuis leur royaume céleste. Ce sont eux qui ont nommé le premier des Pharaons, Paramésius premier, celui qui a unifié le haut et bas Empire sous son égide et pacifié les différentes tribus qui se faisaient la guerre dans le désert.

Comme souvent, quand on en venait à aborder la théologie dictée dans le Culte des Anciens, on omettait volontairement la présence d'un ultime dieu. L'ennemi de la création, celui qui devait, à terme, engloutir le soleil Râ et la réalité toute entière. Le serpent du chaos, Apophis. Rien que l'évocation de son nom suffisait à faire faire des cauchemars aux soldats valeureux. On disait même que penser à lui suffisait à éloigner Maät, la notion de paix, au profit d'Isfet, le principe chaotique.

« Vous vous appropriez la religion comme ça vous chante, Pharaon Khaemou'aset. Les Dieux n'ont jamais voulu que les Hommes se détournent de leur foi pour parader en vêtements luxueux. Fonder l'Empire, c'était le seul moyen pour eux d'arriver à faire prospérer la paix. »

Partir en débat théologique avec la jeune fille ne mènerait à rien, Khae en avait bien conscience. Depuis qu'elle était entré au service du Culte, elle avait des idées bien trop tranchées et une vision des choses bien trop spirituelle et pure pour que le jeune Pharaon n'arrive à communiquer sur ce sujet avec elle.

« Soit, tu as peut-être raison. Il n'empêche que j'ai une requête à te faire parvenir. De la part du Normarque Baal. »

Ankhet marqua un temps d'arrêt, prenant sûrement la mesure des paroles du jeune homme. "

« Que me veut donc le régent du Onzième Nome ? N'a-t-il pas conscience que la Grande Prêtresse doit siéger en tout temps au temple d'Isis ? Si jamais une Passerelle venait à se faire en mon absence... »

La Passerelle à laquelle faisait référence Ankhet était un phénomène qui n'était pas arrivé depuis des centaines d'années. Véritable trou dans la réalité, c'était grâce à elle que certains Dieux s'étaient manifestés directement dans le monde physique. Elle ne s'était ouverte qu'en la présence d'anciens Grands Prêtres, d'où le fait que la présence d'Ankhet soit nécessaire.

« Il n'y a pas eu de preuve de la Passerelle depuis des centaines d'années. La dernière, sous le règne d'Exodius IV, n'est même pas correctement référencée et personne ne sait si on peut lui accorder du crédit. Tu peux te permettre de t'absenter quelques jours sans que ça mette en péril la stabilité de l'Empire. Enfin, j'imagine... »

Ankhet mit de nouveau un moment avant de répondre. Khae espérait ne pas s'être montré irrespectueux, même s'il n'était plus à ça près. Il pensait avoir raison de toute façon.

« Que me veut exactement le Normarque Baal pour nécessiter la présence de la Grande Prêtresse sur ses terres ? »
« Sa femme est malade. »
« Et donc ? Il doit bien avoir des guérisseurs près de lui, non ? Les Prêtres du Temple d'Hathor à Agara sont de très bons médecins à ce que je sache. »
« Arrête Ankhet. Tu sais très bien que t'es la meilleure dans ce domaine. Bien avant que tu deviennes Grande Prêtresse déjà. »

Depuis toute petite, Ankhet avait été bercé dans la mélodie des arts ancestraux de la médecine par les meilleurs prêtres de l'Empire. Khae se souvenait de la fois où elle lui avait soigné une vilaine contusion qu'il s'était faite en tombant d'un Bourrinos de compagnie du palais. Et, depuis qu'elle était devenue Grande Prêtresse, on disait que ses talents dans ce domaine s'étaient encore accrus. Elle était capable de guérir tous les maux, en invoquant le pouvoir des Dieux, même si Khae pensait que ce n'était que de la propagande de la part des responsables du Culte des Anciens pour ériger encore plus leur figure de proue au rang de pseudo-divinités.

« Je refuse. »
« Comment ça, tu refuses ? »
« Que le Nomarque perde sa femme, c'est son problème. »
« Dit pas ça Ankhet. Je t'en supplie, ne me force pas à te rappeler... »
" Me rappeler quoi ? »

Khae n'avait vraiment pas envie d'en arriver là. Seulement, la Grande Prêtresse ne lui laissait plus le choix. C'était l'ultime argument qu'il avait, le seul moyen pour faire pencher la balance en sa faveur. Il avait promis à Baal de s'assurer du concours d'Ankhet. Et s'il trahissant sa parole, il se risquait à des déboires diplomatiques par la suite. Devoir jouer avec les émotions et les sentiments de ses proches ne lui convenait pas, mais il se rendait compte que, parfois, il n'aurait pas le choix.

« Tu as une dette envers moi, Ankhet. »

Le visage de la jeune fille s'est soudain crispé en une moue de dégoût. Elle mit ses mains devant son visage, visiblement offusquée par les paroles de Khae.

« Tu... Tu as osé ? Vraiment Khae ? Je ne te pensais pas si lâche. »

Elle était instinctivement repassée au tutoiement sous l'émotion. Khae s'en voulait d'avoir à rappeler de si mauvais souvenirs à la jeune fille, mais c'était la dernière carte qu'il avait en main pour la faire plier. Elle avait sûrement raison : le jeune Pharaon était lâche.

« B.Bien. Je vais venir voir ton Nomarque. Mais je te préviens : après ça, je ne te serai plus redevable. Et compte bien sur moi pour couper tous les ponts qui pourraient encore nous unir. Au revoir, ta majesté. »

La silhouette de brume de la jeune blonde se dissipa en quelques instants, signe qu'elle avait coupé d'elle-même la communication mentale. Venant d'une autre personne, Khae aurait pu rétorquer l'impolitesse de raccrocher au nez du Pharaon. Mais face à Ankhet... Face à Ankhet, il était faible.

À son tour, le jeune homme quitta l'espace de connexion mental pour revenir à la réalité. Sa main posée sur le crâne de Mistigrix, à même le sol de sa chambre. Mahou était à ses côtés, attendant patiemment sur le l'immense lit qui trônait dans la suite royale. Allongé nonchalamment, il avait les yeux fixés sur son ami, tout en jouant d'une main lascive avec le Salamèche domestique.

« Alors ? Toujours aussi têtue ? »

Khae mit un moment avant de retrouver ses esprits. C'était souvent ça lorsque les communications se faisaient un peu trop longues. Heureusement, le sentiment de malaise que ça provoquait durait rarement plus de quelques secondes. Quand il put enfin mettre correctement un pied devant l'autre, le jeune brun alla s'asseoir au bord du lit et mit sa tête entre ses jambes.

« C'était... aussi compliqué que je l'avais imaginé, à vrai dire. »

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Trois jours plus tard
Trois jours s'étaient écoulés depuis l'arrivée du Pharaon et de sa cours dans la ville d'Agara. Si Khae avait énormément de difficulté à côtoyer aussi régulièrement le Nomarque Baal, il se rendit compte que c'était la même chose avec les riches dirigeants du Onzième. Une bande d'avares qui se sentaient supérieurs, et qui pensaient allègrement que montrer cette supériorité au Pharaon leur permettrait sûrement d'entrer dans ses bonnes grâces. Tout le monde voulait désormais le séduire, lui parler, entrer dans son cercle privé. Même si le jeune homme était loin de partager les convictions de ces fonctionnaires, il devait pour autant s'en satisfaire dans l'immédiat. Alors, comme un bon régent, il participa à toutes les réunions auxquelles on le conviait, lui et les deux membres du Conseil des Six qui l'avait accompagné.

De très longs moments de négociation, durant lesquels Baal se montrait outrageusement coopératif avec les décisions du jeune Pharaon. Sûrement était-ce parce que celui-ci lui avait assuré la présence de la Grande Prêtresse auprès de sa femme. Vu que le pacte passé était respecté d'une part, sûrement que le Nomarque se sentait obligé de respecter la sienne. Pour autant, Khae ne pouvait s'empêcher d'imaginer un retournement de veste de sa part, et les moments perfides qu'ils avaient eu ensemble durant ces trois jours le confortaient dans cette position.

Malgré l'arrivée imminente d'Ankhet sur les terres du Onzième Nome, Baal tenait à organiser une fête en l'honneur du Pharaon avant que la Grande Prêtresse ne se joigne aux festivités. Selon lui, le nouveau régent se devait d'avoir une réception en son seul nom, malgré tout le respect qu'il avait pour le rôle d'Ankhet au sein de l'Empire. Encore une fois d'une hypocrisie sans nom, puisque le Nomarque avait plusieurs fois affiché des doutes face à la religion du Culte des Anciens. Il ne se cachait d'ailleurs pas, lors des rassemblements, pour ne pas se montrer et que tout le monde remarque son absence. Encore des manœuvres politiques que le jeune homme n'arrivait pas pleinement à saisir du fait de son âge.

Puis, au terme de longues réunions à la fois houleuses, productives et éreintantes, vint la soirée de la fête. La salle de réception était pratiquement aussi imposante que celle du palais royal. Capable d'accueillir plus d'une centaine de convives, elle était parsemée çà et là de nombreuses statues de marbre représentant les Dieux, mais également Baal lui-même. Des tables en bois avaient été disposées dans la salle, recouvertes de nombreux mets tous plus appétissants les uns que les autres. Des rideaux de lin blanc nacré floquaient du symbole de l'Empire – la Crosse et le Flagellum royal - se perdaient sur les murs, masquant d'immenses fenêtres. Le Nomarque avait également fait en sorte de mettre à disposition des tonneaux de vin rouge, jetant aux visages de ses invités son opulence et sa richesse.

Baal avait vu en grand. Khae avait rarement eu l'occasion de participer à une fête aussi grandiose, même sous le règne de son père. Il imaginait que Baal avait dû puiser dans les fonds du Onzième Nome pour pouvoir mettre sur pied un événement de cette importance. Encore une preuve, s'il en fallait, que le Nomarque dilapidait les ressources de sa région pour son propre bénéfice. Peu à l'aise de devoir participer aux entreprises égoïstes du vieux régent, Khae avait décidé de faire basse figure ce soir-là. Mais pour un Pharaon, soit dit en passant nouvellement nommé, il était bien difficile de ne pas être remarqué. Dès qu'il pénétra dans la salle de réception, tous les regards se tournèrent vers lui avec émerveillement. À ses côtés, Mahou et Douamoutef, son ami et son garde du corps, se tenaient bien droit. Mais ils auraient pu tout aussi bien être déguisé en clown de cirque que personne ne les aurait remarqué. Baal, tout vêtu de beige et en tenue d'apparat cinglante, s'avança au milieu de la foule pour venir accueillir le Pharaon aux portes de la salle.

« Pharaon Khaemou'aset premier du nom ! Quel honneur de vous avoir parmi nous ! »

Le Nomarque faisait bonne figure devant les riches familles de son Nome, en montrant sa proximité avec le Pharaon et sa cours. Il espérait ainsi pouvoir asseoir d'autant plus son influence. Khae ne pouvait pas lui en vouloir : il allait, maintenant qu'il représentait la plus haute autorité de l'Empire, être sujet à de nombreuses convoitises. Tout le monde voulait sa place au soleil du Premier Nome, et se rapprocher du Pharaon était le meilleur moyen d'y arriver rapidement.

« Je vous remercie de votre sollicitude, Nomarque Baal. Voilà une réception bien somptueuse. Je vous laisse donc retourner aux discussions avec vos convives, je ne voudrais pas vous faire rater une occasion de nouer une alliance fructueuse. »

Et, sur ces mots, le jeune homme alla se réfugier, avec ses deux suivants, au fond de la salle, à une table légèrement à l'abri des regards. Il dû cependant serrer une dizaine de mains sur le trajet, et faire preuve de politesse avec quelques hommes riches de la région. Mais, une fois assis, il était de coutume de ne plus venir déranger le Pharaon. Aussi, si de nombreux regards continuaient à affluer dans sa direction, plus personne n'osait venir lui parler.

« J'en peux plus de ce mec. Vite qu'on retourne au palais. Au moins, les bourges du Premier Nome ont la décence de ne pas essayer de briller plus que le Pharaon lui-même. », s'exclamait Mahou en se servant de la purée de Baie Prine à coups de grandes louches.
« J'en reviens pas d'avoir à te demander ça une nouvelle fois en si peu de temps, mais parle doucement quand tu te permets de critiquer la personne qui nous accueille. »
« Mais reconnais-le, Khae ! Ce gars est imbuvable. »

Le jeune Pharaon était bien d'accord avec son ami d'enfance. Cependant, devant tant d'invités qui scrutaient le moindre de ses faits et gestes, il ne pouvait pas se permettre de critiquer aussi allègrement un de ses subordonnés. Certes, personne ne pouvait les entendre de là où ils s'étaient assis, mais tout de même.

« Changeons de sujet. Comment se passent tes entraînements avec Urkidan ? Il ne t'en fait pas trop baver ? »

Urkidan, le Chef des Armées de l'Empire, un des membres du Conseil des Six. Soit la plus haute autorité militaire de l'Empire, juste après le Pharaon lui-même. On disait de cet homme qu'il avait été de toutes les guerres menaient par le père de Khae durant sa jeunesse. Un soldat accompli, fidèle aux valeurs de l'Empire et doté d'un sens tactique inégalé. Khae avait réussi à le convaincre de prendre sous son aile le jeune Mahou il y a de cela un mois, malgré les réticences de l'ancien soldat de superviser de nouveau l'entraînement de quelqu'un d'extérieur à la famille royale. Mais le Chef des Armées avait fini par céder devant la demande insistante de celui qui n'était encore à l'époque que l'Héritier.

« C'est un professeur juste, mais violent. J'ai jamais eu autant de bleus que ces dernières semaines. Il passe son temps à me frapper dessus et à m'imposer des exercices foutrement tordus. La semaine dernière, il m'a forcé à traverser une mer de lave invoquée par un Camerupt. Autant te dire que j'en ai encore des cloques au niveau de la plante des pieds. »

Ca ressemblait bien à Urkidan. Une vaillance exceptionnelle à la tâche, qu'il imposait à ses disciples sans faire preuve de pitié. Devenir son élève, c'était à la fois un prestige, un honneur, et une assurance quasi-certaine de perdre un membre. Ou quasiment la vie, dans de rares cas.

« Bien, je vois qu'il n'a pas changé. Le peu de fois où il a supervisé un de mes entraînements, il m'avait traumatisé. Mais c'est bien, ça te permettra de t'endurcir. Encore plus que tu ne l'es déjà, je veux dire »
« Ouais, si tu le dis. »

Tandis que les jeunes amis discutaient allègrement sur le Chef des Armées, des musiciens prenaient place un peu partout dans la salle afin de distraire les convives. Quelques Chaglam se massaient aux pieds des invités, qui ne semblaient pas en tenir rigueur. Cette espèce de pokémon, à la réputation presque divine, passaient pour être l'incarnation sur Terre de la déesse Basset. Ils avaient l'autorisation d'aller là où ils le voulaient, et ne serait-ce que leur faire du mal était considéré comme un affront suprême aux Dieux.

Au bout d'un moment, alors que la réception battait son plein et que tout le monde semblait s'en donner à cœur joie, un homme à l'allure de troubadour commeon en voyait dans les caravanes itinérantes qui arpentaient les déserts de l'Empire se présenta au Pharaon. Khae vu que Baal observait l'événement du coin de l'œil, signe que cette rencontre était sûrement de son fait.

« Bien le bonjour, mon Pharaon. Voyez moi honoré de votre présence à cette réception. Ouamef, organisateur de la soirée, pour vous servir. » Annonça-t-il en faisant une révérence maladroite.

Il avait sur le visage un sourire constant. Qu'il ose venir déranger le régent alors qu'il était à table choqua tout le monde dans la salle, et les murmures commencèrent à s'élever en attendant la réaction du Pharaon. Si jamais Khae lui répondait, ça pourrait donner de lui l'image d'un jeune dirigeant peu à cheval sur les conventions sociales, et encore moins sur l'autorité qu'il était censé incarner. Et si, jamais, il refusait de lui parler de but en blanc, tout le monde dirait qu'il était un souverain froid, sans aucune compassion et qu'il n'acceptait aucun écart de conduite. Quoiqu'il arrive, la situation le mettait dans une position drôlement inconfortable.

Mais, alors qu'il s'apprêtait finalement à répondre sans trop savoir quoi dire, Baal s'avança, en frappant légèrement dans ses mains. Il souriait de manière faussement sincère, les mains devant son torse en signe de résignation.

« Excusez donc la maladresse de mon subordonné, Pharaon Khaemou'aset. Il est peu au fait des conventions sociales qui régissent notre société. C'est un nomade, qui passe la majeure partie de son temps sur les routes. Allons donc, mon cher ami Ouamef, veuillez retourner à vos occupations et ne pas importuner plus longtemps notre régent. »

L'homme s'éclipsa sans demander son reste, avant même que Khae n'ai le temps de le remercier finalement. Tous les regards étaient tournés vers le Pharaon et Baal. Ce dernier venait de sortir le jeune homme d'une situation complexe socialement parlant, aux yeux de tout le monde. Et Khae avait bien l'impression qu'il avait fait en sorte de le mettre dans une position inconfortable pour s'assurer d'avoir le beau rôle devant ses convives. Que tout le monde dise que le Nomarque avait, miraculeusement, sorti le Pharaon du pétrin. C'était finement joué de sa part. Encore une manœuvre politique légèrement manipulatrice qui avait le don d'énerver Khae. Mais, avant qu'il ne puisse le faire remarquer au vieillard balafré, celui-ci s'éclipsa à son tour. Quand ils furent de nouveau seuls et que l'ambiance recommença à s'agiter dans la salle de réception, Khae se tourna vers Mahou, qui bouillonnait de colère à ses côtés, étant sûrement arrivé à la même conclusion que son ami.

« D'accord, je te l'accorde. Ce mec, c'est une sacrée raclure. Va vraiment falloir que je me méfie. »

Et le jeune homme allait vite avoir des raisons de confirmer ses soupçons.

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À l'extérieur du palais d'Agara.
Alors que la nuit avait déjà recouvert l'horizon d'un voile nimbé d'étoiles et que la fête battait son plein dans la grande salle du bâtiment, un petit groupe de personnes profitaient de l'obscurité pour dissimuler leur présence. Une troupe d'assassins, vêtus de noirs et aux armes qui se perdaient à la ceinture. Un pokémon, grand et massif, se traînait à leurs côtés, sans que sa présence ne semble les déranger. Un pokémon comme on en avait jamais vu au sein de l'Empire. Aussi nombreux soient-ils, ils avaient réussi à rester invisibles aux yeux des gardes du Nomarque Baal, qui étaient pourtant entraîné à détecter la présence d'éventuels intrus. Surtout qu'ils étaient sur le qui-vive avec le Pharaon dans les murs.

Mais ces hommes savaient y faire. Après tout, on les avaient embauché pour cela. Pour être discrets. Pour être vaillants. Et, surtout, pour être efficaces. Car ce groupe, menait par un homme à la longue tresse brune qui descendait jusqu'à bas de son dos, avait déjà fait parlé d'eux de nombreuses fois ces dernières années. Des légendes faisaient d'eux des sortes de hérauts de Seth, le dieu du mal. D'autres carrément des légats d'Apophis, cherchant à corrompre le monde au bénéfice de l'Isfet. Et pourtant, la réalité était toute autre. Car, comme la majorité des gens de ce monde, ils étaient mus par une unique motivation : l'argent. Sous réserve d'un paiement gracieux, ils étaient prêts à effectuer la plus basse des besognes. Et aujourd'hui, la tâche était certainement la plus ardue de leurs carrières : quelqu'un avait payé pour qu'ils assassinent le Pharaon.

L'homme à la tête du groupe se tourna vers les six comparses qui l'accompagnaient. Un groupuscule restreint, mais bien plus efficace que la plupart des soldats de l'armée royale. À eux six, ils n'hésiteraient pas à s'en prendre au palais royal lui-même. Là, s'en prendre au régent alors qu'il était en déplacement, et donc bien moins protégé que sous son propre toit, c'était l'occasion idéale.

« Bien, bien. On ne devrait pas avoir trop de mal à s'infiltrer les gars. Ça vous dit qu'on aille foutre le bordel à cette cérémonie ? Allons rendre une petite visite à notre nouveau souverain. »

C'était le début. Le début de l'ascension de Khae au rang de divinité vivante. Le début de sa fin, également.

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Image d'Ankhet