Chapitre 3 : Providence
Harris ne parvenait pas à trouver le sommeil. Si cela pouvait être dû aux ronflements intempestifs de son élève Noctis, qui lui dormait à poing fermées à côté de lui, le détective réfléchissait toujours à la montagne d’informations aberrantes que Lucia avait balancé sur lui il y a seulement quelques heures. Un bouclier légendaire qui la rendait immortelle, une menace qui provoquerait l’extinction de l’humanité dans un siècle et maintenant la visite d’une dimension parallèle à bord d’un sous-marin ?
Tout ceci paraissait absolument invraisemblable et pourtant, Harris avait envie d’y croire. Après tout, la scientifique leur avait montré le fameux Bouclier de Héridas, tout comme le sous-marin qui serait très bientôt leur base d’opérations. Aucune farce n’aurait pu être élaborée à un tel point, surtout qu’elle aurait coûtée très cher d’un point de vue financier. Certes, l’argent n’était pas un problème pour Hildegarde mais il y avait une limite à tourner les gens en ridicule.
Perturbé, le trentenaire décida de sortir prendre l’air. Il avait mémorisé le plan du souterrain lors de la visite afin de pouvoir retrouver son chemin si jamais il venait à se perdre. Il croisa en cours de route son fidèle Téraclope, qu’il avait laissé en dehors de sa Pokéball pour la nuit afin qu’il puisse rester avec les autres Pokémon du laboratoire. D’autres de type Spectre ne révélaient leur présence qu’après le coucher du soleil afin d’agir comme système de surveillance. Lucia avait décidément pensé à tout.
Harris finit par rallier l’échelle et nota que l’ouverture au plafond était grande ouverte. Surpris, il s’empressa de grimper afin de quitter le bunker et retourner à l’air libre. La scientifique se tenait là, assise contre un rocher en train d’observer le ciel étoilé. Entendant du bruit, elle tourna la tête vers l’entrée du bunker pour apercevoir l’homme qui avait pris la peine de se rhabiller complètement pour venir prendre une bouffée d’air frais.
- M.Elton, en voilà une surprise…
- Vous n’arrivez pas à dormir non plus, Lucia ? demanda Harris en s’essayant non loin de son interlocutrice.
- J’ai l’habitude de venir ici chaque nuit, regarder les étoiles me détends, avoua-t-elle. Et puis, je pensais bien sûr à notre futur excursion dans la dimension Rédélia. Je ne sais pas encore si nous parviendrons à trouver quelque chose qui permettra d’aider l’humanité à survivre le siècle prochain mais j’ai enfin l’impression d’avancer dans mes recherches…
Contrairement au professeur, Lucia n’avait pas jugé utile de revêtir davantage qu’une chemise de nuit avant de venir d’aventurer à l’extérieur. Elle n’avait aucune poche sur elle qui permettait de conserver une quelconque Pokéball. Harris songea qu’elle n’avait décidément pas froid aux yeux pour venir là en pleine nuit sans aucun moyen de se défendre en cas d’attaque par un Pokémon sauvage. Un groupe de Cornèbre les survola alors que le silence s’installait.
Si tout ce que la chercheuse leur avait raconté la veille était la stricte vérité alors Harris ne doutait pas qu’elle devait avoir un poids immense sur les épaules. Devoir dénicher une solution qui permettrait d’empêcher la disparition de l’humanité, surtout lorsque l’on n’en connaissait pas la raison, aurait rapidement donné la migraine à n’importe qui. Surtout lorsqu’il s’agissait du seul objectif que l’on poursuivait depuis de nombreux siècles.
Une simple recherche sur le net fut suffisante à Harris pour vérifier que le paladin Bariamélie Altiford aurait vécu il y a environ mille-cinq-cents ans. L’existence de la demoiselle était donc longue. D’autant plus que physiquement, son corps avait cessé de vieillir dès ses dix huit ans, l’âge relevé par les capteurs d’Amaryllis. Le détective avait presque l’âge pour être son père alors qu’en réalité, Lucia pouvait être son ancêtre. De quoi donner le vertige.
- J’appréhende un peu l’opération de demain à vrai dire… je ne pensais pas que Mme Linday souhaiterait participer, je lui annonçais simplement l’avancée de mes recherches, expliqua-t-elle. Et je ne pensais pas non plus qu’elle amènerait avec elle quelqu’un comme vous. Vraiment navrée de vous mêler à tout ça, peut-être que vous ne devriez pas monter à bord de Providence demain…
- Providence ?
- Le nom du sous-marin. Ce qui va arriver au cours du siècle prochain relève clairement de la providence donc je me suis dit que le nom était plutôt approprié. Mais comme je le disais, arrangez-vous pour quitter Providence discrètement avant le début de l’opération et restez dans le souterrain avec vos élèves, ce sera sûrement pour le mieux.
Si Harris ne comptait pas mettre en danger Aléria et Noctis, il préférait aussi éviter que Hildegarde perdre la vie inutilement. Elle avait beau être être parfois sadique à son égard, il savait que c’était son moyen unique de lui témoigner de l’affection. Après tout, l’aristocrate avait que faire de cette dette que le détective devait lui rembourser, elle se servait uniquement de cela pour avoir une raison de le garder à ses côtés, appréciant sa compagnie.
Et puis, Harris remarqua sa curiosité le démangeait de plus en plus. Ces fameux dimensions parallèles, le Monde Distorsion ou les Ultra-Brèches, avaient longuement fait parler d’elles à une époque. Ce nouvel endroit découvert par Lucia ne disposait pas encore de son propre nom et était seulement habité par des Pokémon, il y avait de quoi attiser l’envie d’exploration. La scientifique s’empressa toutefois de le corriger sur un léger détail.
- Ce n’est pas vraiment moi qui est découvert Rédélia… admit Lucia, gênée. Ni même moi qui ait décidé de l’appeler ainsi. J’ai simplement récupéré les travaux de quelqu’un d’autre.
Elle lui raconta alors l’existence de Vincent Hortensis, un homme du siècle dernier qui fut autrefois un de ses collègues dans le domaine scientifique. Ce dernier dédia sa vie entière à l’étude des mondes parallèles, espérant en découvrir de nouveaux. Lucia avoua qu’elle ne l’avait pas vraiment connu personnellement, à l’exception de quelques rencontres, mais avait toujours respecté son travail. C’était le génie de Vincent qui avait mis le nez sur la dimension Rédélia.
- Il prétend s’y être rendu tout seul et ne plus avoir été le même après ça. Je n’ai pu lui parler qu’une seule fois après son retour… pour la simple raison qu’il a mis volontairement fin à ses jours peu de temps après sans la moindre explication.
Cette information horrifia Harris. Qu’est-ce que cet homme avait pu observer de l’autre côté pour devenir instable et se donner la mort ? Lucia certifia qu’il était parfaitement sain d’esprit et même quelqu’un de très jovial avant cette expérience. D’un seul coup, la motivation et la curiosité de Harris en prirent un coup. Lui qui ne disposait d’aucun problème risquait-il le même sort en se rendant là-bas ? L’idée de se suicider l’effrayait bien plus que de rencontrer la mort à cause de quelqu’un d’autre.
- Je vais réaliser cette opération possiblement pour le futur de l’humanité comme je l’ai précisé. Mais une partie de moi souhaite savoir ce qui est arrivé à Vincent ce jour-là, expliqua Lucia, soudainement très sérieuse. Si quelque chose de dangereux se terre dans cette dimension, il convient d’en prévenir les autorités compétentes pour que notre monde puisse se préparer au combat.
- Vous êtes déterminée à ce que je vois…
***
- Qu’est-ce que c’est que ce truc ? s’exclama Hildegarde, prise par surprise.
Le lendemain, le groupe entama la visite de Providence, le fameux sous-marin que Lucia leur avait simplement montré la veille. Le laboratoire souterrain disposait d’une connexion avec l’océan, ce qui permettait de conserver Providence dans son environnement en préparation du périple qui les attendait. Un dispositif avait été installé dans le centre de commande afin de créer un passage permettant de rejoindre la mystérieuse dimension Rédélia.
Si Aléria et Noctis s’étaient montrés réticents aux premiers abords, ils avaient accepté de grimper à bord de Providence. Après tout, Hildegarde, Harris et Lucia allaient probablement vivre au son sein pendant plusieurs jours, ils étaient donc intéressés à l’idée d’observer dans quel confort ils resteraient. Et c’était à ce moment-là que la riche aristocrate avait fait une rencontre étrange, manquant de rentrer dans une autre personne qui semblait faire de la manutention dans cette partie du sous-marin.
Personne qui semblait ressembler comme deux gouttes d’eau à Lucia à la différence qu’elle ne mesurait qu’un mètre de hauteur et portait des vêtements de mécanicien au lieu de l’uniforme de la scientifique. Hildegarde n’eut pas le temps de recevoir une réponse qu’un autre clone miniature de la femme immortelle surgit du couloir menant à la salle de commande. Aussi étrange que cela puisse paraître, Aléria les trouvait particulièrement mignons.
- Ce sont les mini-Lucia, expliqua l’originale en ébouriffant les cheveux de l’une d’entre elles. Le Bouclier de Héridas me permet de me séparer de la sorte. Elles n’ont pas vraiment de personnalité et se contentent de faire ce que je leur dis mais ça me permet en quelque sorte d’être à plusieurs endroits à la fois. Elles constituent l’équipage de Providence.
- Je vois… commenta Hildegarde qui ne quittait pas de regard la mini-Lucia qu’elle avait failli renverser sans faire attention.
Si Harris se rappelait que Lucia avait mentionné l’existence de ces petites créatures à plusieurs reprises, il comprenait enfin pourquoi le repère souterrain comportait plusieurs chambres qui n’étaient pas considérées comme vides. Même si les mini-Lucia n’étaient pas des êtres complets à proprement parler, la chercheuse les laissait tout de même dormir dans des chambres personnelles. La première question qui vint au détective fut leur nombre total.
Lucia leur confirma que les mini-Lucia étaient huit, car il s’agissait de la capacité maximale qu’elle pouvait se permettre sans affaiblir son propre corps. Quand elle tentait d’en créer une neuvième, elle saignait du nez et manquait de s’évanouir sans parvenir à la maintenir. Mais heureusement, huit sous-fifres se révélait suffisant pour gérer un sous-marin de cette taille, d’autant plus que Harris et Hildegarde pourraient également participer.
Providence paraissait bien plus grand de l’intérieur. Il comportait sa propre cafétéria, quelques chambres, une salle des commandes ainsi que celle où se trouvait les moteurs. Sachant que les mini-Lucia n’existaient que physiquement, ils pourraient tous disposer de leur intimité aux moments les moins productifs de la journée. Aléria songea qu’elle aurait adoré rester à bord si l’opération ne demandait pas de rejoindre une zone aussi dangereuse.
- Bon, je pense qu’on a fait le tour, déclara Lucia alors qu’ils se réunissaient tous dans la salle de commandes, celle qui permettait de diriger le sous-marin. Vous pouvez partir, les enfants. Il y a suffisamment de provisions dans la zone souterraine pour que vous teniez jusqu’à notre retour.
- Je peux appeler ma limousine privée pour qu’elle vienne vous récupérer… suggéra Hildegarde en croisant les bras. A mon avis, vous seriez mieux dans vos quartiers chez Harris que sous terre au milieu de nulle part. Mais c’est vous qui voyez.
- On devrait pouvoir se débrouiller. Et puis c’est nous qui avions pris la décision de nous incruster dans votre excursion à la base, affirma Noctis, enthousiaste. On pourra entraîner Aflamanoir et Fragilady en affrontant des Pokémon sauvages à la surface.
Aléria acquiesça d’un signe de tête. Elle n’avait initialement fait que suivre Noctis jusqu’ici mais ne craignait pas de passer quelques jours seule avec lui dans cet endroit. Elle serait bien plus à l’abri que dans une autre dimension dont personne ne connaissait les aboutissants. Harris prit une dernière fois ses élèves dans ses bras dans un moment convivial, l’un comme l’autre lui demandant de faire attention à lui pendant cette mission périlleuse.
Hildegarde glissa discrètement son téléphone portable dans la poche du manteau noir d’Aléria sans qu’elle ne le remarque. Elle n’en aurait pas besoin une fois perdue dans un monde parallèle et cela permettrait au duo de retourner à la maison si le souterrain ne leur plaisait plus. Noctis et Aléria quittèrent ensuite la salle de commandes. Contrairement aux autres, Amaryllis avait grand hâte de partir. Cette dimension Rédélia l’intriguait au plus haut point, sa base de données n’ayant aucune information à son sujet.
- Bon… commença Lucia. Une fois qu’ils seront confirmés sains et saufs à l’extérieur de Providence, nous pourrons enfin partir vers…
Mais Lucia ne termina pas sa phrase car un choc tout aussi violent que soudain fit basculer tout le monde vers le sol, tel un tremblement de terre. Dans l’incompréhension, la scientifique tenta de ramper jusqu’au tableau de commandes avant que l’électricité du sous-marin ne s’arrête subitement, plongeant tout le monde dans le noir. Si Amaryllis parvenait toujours à voir comme si de rien n’était grâce à sa vision infrarouge, elle était tout aussi incapable de se déplacer à cause des tremblements intempestifs.
Lucia n’eut pas le temps de demander ce qui se passait car elle comprit rapidement la situation. La procédure de transportation vers la dimension Rédélia avait été activée sans que personne ne le demande à sa grande surprise. Elle conseilla donc à toutes les personnes présentes de s’agripper à quelque chose pour éviter d’être projeté contre une des parois vitrés du Providence, Harris, Hildegarde et Amaryllis s’empressant de le faire sans se poser de questions.
- Vraiment navrée que ça se déroule de la sorte… mais accrochez-vous bien, ça risque de secouer !
***
Profond, toujours plus profond. Loin, toujours plus loin. Ceci est la seule chose qui lui venait à l’esprit alors qu’elle errait sans but dans cet espace. Cet espace si étendu et pourtant si vide. Cet espace où elle se sentait seule et où pourtant nous étions si nombreux.
Sa mission n’était pas d’infiltrer ce monde que nous ciblons. Sa mission n’était pas de démarrer une guerre contre ce monde que nous ciblons. Sa mission n’était pas de détruire ce monde que nous ciblons. Non, sa mission était de les appeler. Et d’être elle-même.
Les conditions ont été remplies. Notre conscience va s’éteindre pour lui laisser le plein contrôle. Ceci est un au revoir.
Hildegarde finit enfin par ouvrir les yeux, notant que l’électricité de Providence avait fini par revenir. Aussi honteux que cela puisse paraître, elle dût admettre qu’elle s’était évanouie au cours de la procédure forcée. Elle remarqua que le « coussin » qui lui retenait la tête n’était pas moelleux du tout. Les genoux d’Amaryllis n’étaient certainement pas le meilleur endroit pour faire une sieste. Cette dernière lui accorda un grand sourire lorsque leurs regards se croisèrent.
- Que s’est-il passé ? murmura-t-elle en trouvant lentement la force de se relever.
- Nous avons été projetés dans la dimension Rédélia plus tôt que prévu, répondit aussitôt Lucia qui avait le nez plongé dans le tableau de commandes. Je suis vraiment vraiment confuse, je ne comptais pas vous prendre par surprise de la sorte. Je ne sais pas pourquoi la procédure s’est lancée d’elle-même, je cherche encore la réponse.
Harris avait les yeux plongés sur la vitre donnant sur l’extérieur, ne croyant pas à ce qui se trouvait de l’autre côté. L’environnant extérieur était complètement différent par rapport à ce que l’on pouvait observer dans leur monde. Tout semblait vert et parsemé de quadrillages blancs lumineux, des Pokémon de type Eau tels Poissirène ou Barpeau flottaient tranquillement alors qu’il n’y avait pas une seule once d’eau. Ces Pokémon là ne présentaient aucun changement vis-à-vis de ceux que le détective connaissait.
D’après Lucia, l’air extérieur n’était pas respirable par les êtres humains. Par conséquent, le groupe allait devoir rester confinés à l’intérieur de Providence, qui pouvait progresser à travers cet univers étrange comme s’il se trouvait au fin fond de l’océan. Harris comprenait mieux pourquoi la scientifique millénaire avait pris la décision d’opter pour un sous-marin comme moyen de transport. Grâce au blindage de Providence, ils seraient à l’abri si jamais les Pokémon du coin venaient à tenter une attaque contre eux.
- Je suppose que la mission est lancée dans ce cas… soupira Hildegarde en s’approchant de son camarade afin de jeter elle aussi un œil sur ce domaine dont elle ignorait tout. Espérons que ce périple nous apportera des bonnes nouvelles et que nous rentrerons sains et saufs. Je suis certaine que nous allons rapidement manquer aux deux autres…
Elle aurait mieux fait de se taire. La porte coulissante de la pièce s’ouvrit brutalement, laissant Aléria et Noctis entrer. Tous deux avaient le visage déformé par la panique, ce qui fut également le cas de leur professeur et de la femme d’affaires lorsqu’ils réalisèrent que le duo n’avait pas eu le temps de descendre de Providence avant que la procédure forcée ne se lance. Les adultes avaient tout fait pour épargner le danger aux deux pauvres élèves et cela se retournait contre eux.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? balbutia Noctis en regardant à son tour au-delà de la vitre, prenant une poignée de secondes pour essuyer ses lunettes et s’assurer qu’il ne rêvait pas. Comment ces Pokémon peuvent-ils survivre dans un environnement sans eau ? Et pourquoi c’est aussi… vert ?
- Tout ceci ne me dit rien qui vaille… souffla Aléria, suffisamment bas que personne ne puisse l’entendre. Je n’aurais vraiment pas dû accepter de venir dans ce bunker en douce…
Hildegarde leur demanda de rester tranquille pour le moment, le temps que Lucia vérifie ce qui n’allait pas avec le système de commande du Providence. Une fois qu’ils se seraient assurés du problème, ils pourraient sans doute retourner dans le monde réel pour y déposer les deux élèves avant de repartir et accomplir leur mission. Du moins, la jeune femme blonde l’espérait. Elle ne s’était même pas posée la question de s’il était possible de refaire le chemin en sens inverse immédiatement.
Harris prit place à même le sol pour tenter de faire le point sur la situation. Lui qui avait espéré tout ce temps que toute cette histoire ne tourne pas comme l’affaire à Kaminsky Corporation il y a de cela trois ans, il avait tout gagné. Maintenant, il ne pouvait que croiser les doigts. Si le retour arrière ne fonctionnait pas, ils ne pourraient survivre qu’un temps limité, les provisions du sous-marin n’étant pas illimitées. La situation deviendrait rapidement déplaisante.
- Il nous arrive vraiment les pires bricoles. Tu devrais penser à changer ta fréquentation, Hildegarde… soupira le détective.
- Je n’ai pas choisi ce qui nous arrive, Harris. Et puis, essaie de voire le bon côté des choses. Si ça se trouve, on va croiser une nouvelle intelligence artificielle que je pourrais transformer en majordome.
Amaryllis se doutait bien qu’elle plaisantait mais ne put s’empêcher de faire la moue à l’idée de recevoir un « petit frère ». Elle préférait être la seule personne au service de la demoiselle, ce rôle lui convenait bien. La situation était moins précaire pour le cyborg. Elle n’avait pas besoin de manger, dormir ou de respirer de l’oxygène pour survivre. Certes, elle avait une batterie à recharger mais elle tenait suffisamment longtemps pour qu’elle ait le temps de se sentir seule après la disparition de toutes les personnes présentes.
Si tout le monde commençait à se calmer et prendre conscience des problèmes qu’ils encourraient, ce n’était pas le cas d’Aléria. Hildegarde la prit dans les bras pour essayer de la rassurer, spectacle assez ridicule étant donné que la jeune adulte était bien plus grande que l’aristocrate. Noctis se sentait mal de lui avoir demandé d’entrer discrètement avec lui à bord de la limousine. Harris, cernant ses états d’âme, posa la main sur son épaule et lui assura qu’il n’était pas à blâmer pour ce qui se passait en ce moment.
- Alors ? s’enquit Noctis à l’intention de Lucia. Quel est le point sur notre situation ?
- Tout ce que je peux affirmer, c’est que le système de transportation ne fonctionne plus ! Je ne peux pas nous ramener dans le monde réel. Pire encore, le radar ne marche pas. Je ne peux pas détecter l’univers autour de nous afin de créer une carte.
- Bref, que des bonnes nouvelles, conclut Hildegarde, ironique.
- Le Providence a été saboté, annonça la scientifique, l’air grave. Je ne sais pas quand, comment, ni même pourquoi. En tout cas, il n’y a pas besoin d’être devin pour l’affirmer. Le responsable de ces actes est forcément parmi nous !