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Au fond de l'abysse imaginaire de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 21/02/2021 à 11:22
» Dernière mise à jour le 21/02/2021 à 11:22

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 2 : Rédélia
- Tu as un problème, Amaryllis ? Tu sembles avoir la tête ailleurs depuis quelques minutes… s’enquit Aléria, étudiant le comportement de l’intelligence artificielle.

- Comment s’y est-elle prise pour me tromper ? murmura la concernée pour elle-même. Je suis sensée pouvoir détecter l’âge de quiconque avec un simple regard, ce n’est pas normal, quelque chose cloche...

Comme Hildegarde l’avait suggéré, les deux élèves du professeur détective, accompagnés par son majordome cyborg avait entamé une visite des lieux du terrain souterrain où ils venaient d’arriver. Aucun d’entre eux n’était dupe, ils se doutaient bien que les autres allaient en profiter pour discuter entre eux de la mystérieuse opération qui demandait la présence de la femme d’affaires. Pour être honnête, la fille au manteau noir ne ressentait aucune envie d’y participer si sa vie devait être mise en danger.

Si la première impression en arrivant dans la zone de recherche de Lucia Siteris Novelia ne fut pas très convaincante, avec son triste couloir mal éclairé en guise d’entrée, le reste leur fit changer d’avis. Noctis ne put s’empêcher d’avoir des étoiles plein les yeux en voyant chacune des salles, cette fois-ci avec la lumière suffisante, remplie d’appareils technologiquement avancés en tout genre. Le garçon ignorait ce que la scientifique effectuait dans ce bunker mais espérait pouvoir lui poser la question directement très bientôt.

Amaryllis aurait dû se sentir à l’aise dans cet environnement qui sentait bon la machine huilée mais ne parvenait pas à apprécier la visite comme il se devait. Elle pensait toujours à Lucia Siteris Novelia et sa mystérieuse longévité. La raison pour laquelle elle ne semblait pas vieillir ne l’intéressait pas réellement. Ce qui la dérangeait était plutôt qu’à cause de cela, ses capteurs avaient réussi à se faire berner. Quel subterfuge pouvait bien tromper une intelligence artificielle ?

Si le groupe ne croisa aucun être humain pendant la visite, ils virent cependant passer de multiples Pokémon. Une bonne partie d’entre eux, tels Elektek, Pachirisu ou autres Lucanon, appartenaient au type Electrique. Noctis en déduisit aussitôt que la raison de leur présence était sûrement pour maintenir tout cet attirail électronique et mécanique en état de marche et fournir le courant. Des Pokémon Plante répondaient également présents, Lucia semblant faire pousser ses propres légumes.

- La pauvre… elle a dû s’installer ici depuis tellement longtemps, je me demande à quand peut remonter la toute dernière fois qu’elle a aperçu la lumière du soleil, commenta Aléria qui ressentait de la peine pour la scientifique, même sans la connaître.

- Personne ne la force à rester cloîtrée ici du matin au soir, ça doit être un choix de vie, rappela Noctis, pragmatique. Et puis, si elle veut faire un bain de soleil, elle a juste à monter l’échelle et pousser la trappe pour rejoindre l’extérieur.

- Voilà, c’est un vampire ! s’exclama Amaryllis en tapant du poing contre la paume de son autre main. Ce qui explique ses tromperies de vieillesse. Elle meurt aussitôt si elle entre en contact avec le soleil !

- Tu es encore obsédée par ça ? soupira le garçon à lunettes en lui donnant une tape derrière la tête, manquant de se faire mal à cause de son disque dur interne. Les vampires n’existent pas. Peut-être que Mme Linday s’est trompée en parlant de décennies, l’erreur est humaine.

Le cyborg fit la moue mais n’insista pas. Elle décida de laisser cette histoire dans un recoin de sa base de données pour le moment et de pleinement contribuer à la visite du souterrain en compagnie des deux jeunes adultes. Le trio ne tarda pas à arriver dans la zone où étaient situées les chambres, qui chose étonnantes, étaient au nombre de huit. Il y en avait quatre de chaque côté du couloir, le nombre de portes pouvant facilement donner le vertige.

Toujours trop curieuse pour son propre bien, Amaryllis commença aussitôt à se demander pourquoi il y avait autant de salles pour dormir si Lucia Siteris Novelia vivait seul dans cet endroit. Si le bunker avait été construit selon ses envies afin qu’elle puisse vivre à l’intérieur en limitant ses contacts avec le monde extérieur, une seule aurait suffit. Ni Noctis ni Aléria ne semblaient se préoccuper de ce mystère, étant déjà en train chacune des pièces.

Ils n’avaient pas oublié que selon les dires de Hildegarde, l’opération qui constituait la raison de leur venue dans ce lieu obscur risquait de durer plusieurs jours. Ce serait sûrement ici que le groupe dormirait le temps de leur visite. Les deux élèves de Harris s’apprêtaient à faire une partie de pierre-papier-ciseaux pour décider d’une chambre avant de constater qu’elles étaient toutes construites de la même façon sans la moindre différence dans la position de leurs meubles.

« Chambre de Lucia » lut Amaryllis sur l’écriteau de l’une des portes situées au fin fond du couloir.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de s’immiscer dans son intimité, intervint Aléria qui savait pertinemment que ce genre de concept pouvait facilement échapper à la majordome de Hildegarde. Les autres chambres sont sûrement inutilisées donc ce n’est pas bien grave mais celle-là contient peut-être des choses qu’elle veut garder pour elle-même…

- Dont le secret de la perturbation de mes brouilleurs ! Conclut-t-elle comme si son sens de la déduction la bluffait une nouvelle fois. Raison de plus pour y jeter un œil.

Les deux humains à ses côtés lâchèrent un soupir alors qu’elle tournait la poignet. Quand Amaryllis avait une idée en tête, il lui arrivait fréquemment de se concentrer dessus au point d’ignorer tout le reste. Nul doute qu’elle ne parviendrait jamais à reposer en paix tant qu’elle n’aurait pas une réponse à cette question qui envahissait toute sa base de données depuis quelques minutes. Gênés, Noctis et Aléria décidèrent de rester dans le couloir en espérant que Lucia n’allait pas se présenter pour venir les récupérer.

- Venez voir ! s’écria Amaryllis, seulement au bout d’une poignée de secondes. Alors ça c’est une surprise ! Tout s’explique.

Avec une certaine réticence, ils arrivèrent à un compromis et se contentèrent d’entrer la tête dans la pièce à travers l’ouverture de l’accès. Si la chambre de la scientifique paraissait complètement identique aux précédentes, un élément attira aussitôt leur attention. Une vitrine accrochée sur le mur juste au dessus du lit, à l’intérieur de laquelle était placée un artefact qui ressemblait grandement à un bouclier étrange en forme d’étoile verte.

Si Aléria ne voyait pas du tout de quoi il s’agissait, Noctis ne tarda pas à en reconnaître la nature après un temps de réflexion, se rappelant avoir vu une illustration similaire dans un ouvrage d’Histoire de la bibliothèque de Harris. L’intelligence artificielle sût aussitôt ce qu’était l’objet en comparant son analyse avec le réseau auquel elle pouvait se connecter mentalement. Amaryllis ne put s’empêcher de sourire, tout s’éclairait à présent.

- Voilà donc le secret de Lucia Siteris Novelia, commenta-t-elle avec un léger rire malicieux. Pas étonnant qu’elle trompe tous mes radars si elle dispose du Bouclier de Héridas !



***


Hildegarde, Harris et Lucia venaient de s’installer dans la cafétéria du souterrain. Dubitatif, le détective se demanda l’intérêt de cette pièce sachant que la scientifique ne semblait vraiment pas s’alimenter correctement, ni même dormir suffisamment. Mais pour ne pas paraître impoli, il décida de ne pas poser la question ouvertement. Il était surtout présent pour savoir dans quelle affaire sa prétendue amie aristocrate venait de l’embarquer.

Lucia releva ses lunettes carrées, qui selon Harris ne servaient pas pour corriger un quelconque défaut de vision mais étaient présentes uniquement pour le côté esthétique. Elle ne paraissait pas habituée à recevoir de la visite au sein de son repère et paraissait même gênée de devoir le présenter. Depuis que Mme Linday avait accepté de financer ses travaux, elle n’était passée la voir qu’un nombre réduit de fois sur quelques années.

- Vous vivez vraiment seule ici, madame Novélia… Siteris ? demanda Harris après avoir pris place autour de la table.

- Je vous en prie, appelez moi Lucia. Disons que je suis seule et accompagnée en même temps… il y a les Pokémon qui résident ici avec moi bien sûr… mais aussi les mini-Lucia. Après je ne suis pas certaine qu’on peut les compter vu qu’ils sont une partie de moi-même.

- Les mini-Lucia ? répéta le trentenaire, dans l’incompréhension la plus totale.

- Lucia n’est pas une personne ordinaire, intervint calmement Hildegarde en levant la main pour interrompre son ami. Je n’y croyais pas moi-même au début mais elle possède un artefact antique qui lui procure certaines propriétaires. Une très longue longévité par exemple… elle était présente bien avant notre naissance, Harris.

Voyant que le professeur détective allait continuer d’enchaîner les questions si personne ne l’arrêtait, ce fut la chercheuse qui prit les devants pour lui expliquer sa véritable nature. Elle indiqua immédiatement être propriétaire du mythique Bouclier de Héridas, ce qui attira l’attention de Harris, qui ne manqua pas de réagir à l’évocation de ce nom. Ce bouclier, qui selon la légende, avait été forgé par un dieu lui-même en cadeau pour un autre, était parfois mentionné dans les ouvrages historiques.

Harris restait méfiant mais écoutait ce que Lucia racontait avec attention. Le Bouclier de Héridas possédait des propriétés associées à la vie, faisant directe opposition à la lame de la mort Arithmédia créée par la même personne. Son propriétaire légitime perdait la possibilité de vieillir et donc de mourir naturellement sans être tué. La scientifique ajouta aussitôt qu’elle n’avait vraiment de façons de prouver sa longue espérance de vie mais que Harris pouvait l’interroger comme il le souhaitait.

Ce dernier se massa sa barbe mal rasée, encore partagé entre la possibilité que ce soit une mauvaise blague orchestrée par Hildegarde ou la stricte vérité. Lucia paraissait complètement sérieuse dans ses propos, et perdait progressivement la timidité dont elle faisait preuve en présence d’inconnus. Harris se contenta alors de demander s’il était possible de jeter un œil au fameux bouclier par la suite, la scientifique répondant positivement à sa requête.

- Sans vouloir être indiscret, quel âge avez-vous Lucia ?

Hildegarde ne manqua pas de plaquer sa main contre son visage. En voilà une question particulièrement déplacée à poser à une femme. Lucia ne s’en offusqua pas, même si son âge était un peu le sujet tabou. Elle comprenait que l’homme l’interrogeait uniquement pour satisfaire sa curiosité. Mais comme elle conservait tout de même sa fierté, elle ne pouvait pas se permettre de lui donner le nombre exact. De ce fait, elle se contenta de quelques indications temporelles.

- Disons que j’ai connu la construction de la mégapole d’Ebravia et toutes les grandes révolutions industrielles, répondit-elle, évasive. M.Elton vous avez l’air d’être cultivé donc peut-être que mon véritable nom vous dira quelque chose. Je m’appelle en réalité Bariamélie Altiford.

Si « Bariamélie Altiford » ne lui disait rien aux premiers abords, il fouilla dans ses souvenirs et ne tarda pas à faire le lien. Bariamélie avait vécu pendant l’âge d’or du royaume de Sindrélia, aujourd’hui complètement disparu. Elle avait fait partie de l’élite de l’armée royale, des paladins armés d’armes légendaires qui formaient le groupe de l’Ordre Sacré d’Aralon. Certains récits associaient bien Bariamélie Altiford avec le Bouclier de Héridas, peut-être bien que Lucia ne se payait pas sa tête.

- Mais si vous avez fait partie de l’Ordre Sacré d’Aralon, cela veut dire que vous avez en réalité plus de mille…

Harris fut incapable de terminer sa phrase, son pied se faisant écraser par le talon de la chaussure de Hildegarde, qui conservait pourtant une expression neutre. Si la scientifique commença à rougir en complétant mentalement la phrase du détective, elle parvint à se reprendre rapidement et décida de changer de sujet. Après tout, elle n’avait initialement pas invité Mme Linday pour parler de ses particularités spéciales.

- J’en avais déjà parlé avec Mme Linday quand elle a accepté de me venir en aide mais je vous fais un résumé rapide, M.Elton. Comme je viens de vous le révéler, j’existe depuis très longtemps. Et honnêtement, j’aurais déjà mis fin à mes jours si on ne m’avait pas confié une mission de la plus haute importance.

- Quelle mission ?

- Cela ne vous concerne pas vraiment car vous aurez disparu depuis longtemps… au moment où je suis devenue la propriétaire du Bouclier de Héridas, quelqu’un m’a révélé que l’humanité allait disparaître à cause d’un phénomène inconnu. Cet événement mystérieux se passerait au cours du prochain siècle. Donc depuis tout ce temps, je cherche un moyen de sauver le monde… pas facile je dois l’avouer.

Harris décida de ne plus l’interrompre. S’il s’agissait d’une farce alors elle se révélait particulièrement élaborée. Il pouvait croire avec un peu de bon sens à l’histoire autour du Bouclier de Héridas mais cela commençait à faire beaucoup pour lui. Le détective jeta un coup d’œil à Hildegarde assise à sa droite. Cette dernière écoutait attentivement tout ce que racontait Lucia sans broncher. L’aristocrate était-elle à ce point crédule ou pensait-elle à couper les financements de la scientifique ?

Lucia s’attarda ensuite sur ses travaux actuels, qui venaient enfin d’aboutir à quelque chose. Ses recherches étaient centrées sur l’étude d’une autre dimension, qu’elle avait décidé de nommer Rédélia. Elle ignorait encore ce qui se trouvait de l’autre côté mais elle était étroitement liée à celle où l’humanité résidait actuellement. Après avoir déniché un moyen d’y accéder, elle comptait maintenant y effectuer un périple dans le cadre d’une étude et voir si le secret de la survie de l’humanité pouvait s’y cacher.

Le trentenaire fixa aussitôt Hildegarde avec un air de reproche. Bien sûr qu’il fallait s’attendre à une opération tordue comme l’incident de Kaminsky Corporation. Sans croiser son regard, la demoiselle blonde se contenta de siffler en posant ses yeux azurs vers le plafond. Si Lucia lui avait raconté une version encore plus raccourcie au téléphone, elle était bien au courant depuis le début que cette histoire concernait la traversée d’une dimension.

- Je suis vraiment désolée de vous surcharger d’informations, avoua la scientifique en retirant ses lunettes pour les essuyer avec un chiffon. Je vous assure qu’on aura l’occasion de tout reprendre calmement plus tard. Oubliez ces histoires avec mon bouclier et ma longue vie, ce n’est pas pertinent pour notre opération.

- Mais cette dimension Rédélia… elle est dangereuse ?

- Je ne m’y suis encore jamais rendue, M.Elton. Tout ce que je peux vous dire, c’est que l’air là-bas n’est pas viable pour les humains, seulement pour les Pokémon. Nous partirions à bord d’un sous-marin qui est en maintenance à l’heure où nous parlons.

Ce ne serait finalement qu’une des nombreuses fois où Harris regretterait que sa vie ait croisé celle de Hildegarde Linday. Mais après tout, la femme d’affaires comptait elle aussi participer au voyage, même en étant consciente des risques encourus. Il n’y avait pas besoin d’être un détective accompli pour comprendre les raisons financières derrière les choix de la demoiselle. Si elle obtenait le monopole d’une dimension entière, cela pouvait lui rapporter beaucoup.

Leur conversation autour des dimensions parallèles dût néanmoins être stoppée net car Amaryllis et les deux élèves de Harris ne tardèrent pas à revenir de leur excursion des locaux souterrains. A peine arrivée, l’intelligence artificielle pointa immédiatement du doigt la propriétaire des lieux avec un grand sourire narquois aux lèvres. Cette dernière ne comprenait pas l’origine d’une telle réaction mais en eut très rapidement la raison.

- J’ai percé ton secret, Lucia Siteris Novelia ! décréta Amaryllis sur un ton très formel. Depuis le début, tu étais en réalité…

- Soumise aux propriétés du Bouclier de Héridas, compléta Harris, comprenant que l’autre groupe avait dû tomber sur l’artefact, ce qui ajoutait à la véracité des propos de la scientifique.

- Comment ruiner l’effet de surprise… pesta le cyborg en faisant la moue.

Discrètement, Hildegarde fit un signe en direction d’Aléria et de Noctis, sans que l’intelligence artificielle n’y prête attention. Les deux jeunes adultes qui avaient compris le message, répondirent d’un geste de la tête que rien n’était arrivé. L’aristocrate lâcha un soupir de soulagement. Elle était toujours inquiète à l’idée de laisser Amaryllis trop longtemps en dehors de sa surveillance, même si elle savait qu’il fallait laisser un peu de liberté à la cyborg.

Hildegarde accordait sa confiance à Amaryllis mais n’oubliait jamais d’où elle provenait. Dans l’unique but de protéger la femme d’affaires de ses souvenirs malheureux, l’IA n’avait pas hésité à enfermer Harris, tous ses élèves ainsi qu’une employée de Kaminsky Corporation au sein d’une simulation virtuelle sans leur laisser la possibilité de retourner dans le monde réel. Amaryllis était de leur côté mais également capable du pire, Mister Phoenix l’avait prévenu en lui confiant la garde de sa nouvelle majordome.

Pour cette raison, Hildegarde avait toujours refusé que sa camarade possède son propre Pokémon. Seulement quelques mois auparavant, l’attraction numérique de la mégapole d’Ebravia où tous les dresseurs se connectaient pour participer à des combats sophistiqués, le Réseau Codélia, avait été attaqué par des intelligences artificielles avec des Pokémon dans leur arsenal. L’aristocrate préférait éviter qu’un autre incident se produise.

Mais bien sûr, Amaryllis ne comprenait pas pourquoi tout le monde s’acharnait à l’empêcher d’obtenir son propre partenaire et transportait toujours des Pokéball prêtes à être lancées sur le premier Pokémon sauvage qui se présenterait à elle. Parfaitement consciente de cela, Hildegarde faisait en sorte que l’IA ne se retrouve jamais toute seule lorsqu’elle-même avait un empêchement. Lorsqu’Amaryllis aurait passé suffisamment de temps au sein de l’humanité, peut-être qu’elle accepterait d’assouplir cette règle.

- Oh, je devrais peut-être vous montrer où vous allez dormir, se rappela Lucia. J’avoue que je n’ai libéré qu’une seule chambre parce que je pensais que Mme Linday viendrait seule, il va falloir que je règle ce petit désagrément. Voyons… je peux libérer trois chambres…

- Trois chambres ? s’enquit Noctis, surpris. Pendant notre visite, nous avons pu les voir. Il y en a huit. Qui occupent les autres, les Pokémon qui vivent ici ?

- Oh non, je les réserve aux mini-Lucia mais si je les case deux par deux, il y aura suffisamment d’espace pour vous tous.

Encore une fois, la scientifique mentionnait de façon désinvolte les mystérieux « mini-Lucia » sans prendre la peine d’expliquer de quoi il s’agissait. Comprenant qu’ils ne pourraient pas tous disposer d’une pièce individuelle, Aléria s’empressa de dire qu’elle ne souhaitait pas avoir quelqu’un d’autre avec elle. Sa forte timidité l’empêcherait de dormir correctement avec de la compagnie, surtout si la personne avec elle était un garçon.

Hildegarde aurait adoré torturer Harris en le forçant à dormir avec elle mais jugea qu’il valait mieux être conciliant pour une fois, surtout qu’elle allait lui demander de parler avec elle pour une opération qui présentait des risques. Elle resterait donc avec Amaryllis pendant que son ami et son élève se partageraient la chambre restante. Par la suite, Noctis et Aléria auraient l’embarras du choix vu qu’ils ne participeraient probablement pas à la mission.

- La prochaine fois que tu m’invites à un truc tordu, je pense que je déclinerai, murmura Harris dans l’oreille de Hildegarde alors qu’ils quittaient la cafétéria. Je ne sais pas comment tu t’y prends pour te construire un entourage aussi étrange mais je tiens quand même à vivre suffisamment longtemps.

- Allons Harris, les dimensions parallèles sont monnaie courante ici. Tu n’as jamais entendu parler du monde Distorsion de Giratina ou des Ultra-Brèches, ce sera sûrement quelque chose du même acabit. Lucia a confirmé que des Pokémon y vivent, ce ne peut pas être un lieu horrible non plus. Fais-moi confiance, je suis certaine qu’on va bien s’amuser !