L'Empire Delassien de Johan64000

Le Culte des Anciens. Une ancienne religion, née de l'avènement de seize pokémon ayant accédé au rang de divinités. Dans un monde antique, où la technologie n'en est encore qu'à ses balbutiements et où les peuples se vouent une guerre perpétuelle, un empire a émergé sur les fondements de cette croyance. L'Empire Delassien, un empire si puissant qu'il recouvre la totalité de ce qui est de nos jours la région d'Unys. Un royaume composé à quatre-vingt-dix pourcents de sable, où la chaleur y est aride et les vents harassants. Gouverné par un Pharaon, véritable incarnation sur Terre des dieux selon les croyances, celui-ci doit veiller à la sécurité et à la paix dans tout l'empire. Mais la tâche, aussi importante soit-elle, est difficile à respecter.

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Le vieil adolescent, tout juste sorti de la torpeur de l'enfance et devant désormais faire face aux affres de l'âge adulte, se démenait pour ne pas tomber avec les sandales de cérémonie qu'il n'avait pas l'habitude de porter. Il ne voulait – et ne pouvait de toute façon – pas perdre la face pour ce jour si particulier. Accompagné d'un homme en tenue guerrière, bâti comme une armoire à glace, le jeune homme faisait pâle figure à côté du géant. Lui qui mesurait tout au plus un mètre soixante-dix, il avait fini par se résoudre au fait qu'il n'atteindrait jamais le mètre quatre-vingt-dix qui caractérisait les hommes de sa famille. Ses cheveux bruns et ondulés avaient été coupé courts pour l'occasion. Son corps, plutôt svelte mais sur lequel commençait à se dessiner quelques muscles, commençait à se tordre sous la douleur de la marche. Voilà maintenant plus d'une heure qu'il avait dû enfiler sa tenue procésiale, et celle-ci était plus que lourde à porter. Celle-ci était composée d'une longue robe de lin blanc, aux ornements d'or et de pierres précieuses. On lui avait fait porter une fausse barbe en poils de Wattouat tressés, retenue grâce à un fil doré à ses oreilles. Une tenue à la fois somptueuse et pompeuse, dans laquelle le jeune homme ne se sentait absolument pas à l'aise.

« Tu ne trouves pas que ça fait un peu trop, Douamoutef ? »

Le garde à ses côtés se contenta de fixer l'horizon en continuant à marcher. Le jeune homme soupira. Les us et coutumes interdisaient à ce pauvre homme de lui parler, alors qu'il aurait franchement eu besoin de compagnie réconfortante en cette journée interminable. Le soleil traversait les persiennes de l'immense palais dans lequel l'adolescent naviguait. Plus que quelques minutes et il arriverait enfin dans la grande salle, là où tout le monde l'attendait. Alors qu'il commençait à se perdre dans quelques pensées nomades, un petit cri venant d'au-dessus de sa tête le fit revenir à la réalité du moment présent. Un Scorplane presque entièrement bleu fondit depuis les airs pour se jeter dans les bras de l'adolescent. Douamoutef, le garde, ne se permit aucune réaction malgré la brutalité de l'attaque.

« Scorplane, mon vieil ami ! Quel plaisir de te voir. Où t'étais passé ces derniers jours ? Je t'ai cherché partout ! Les gardes disaient que tu avais sûrement dû t'enfuir pour retourner à l'état sauvage. »

L'adolescent jetait en même temps que sa dernière phrase un regard teinté d'accusation à l'armoire vivante à ses côtés. Le pokémon, lui, se contenta d'un sourire malicieux avant de reprendre la voie des airs. Le jeune homme ne lui en voulait pas : depuis maintenant quelques mois que le pokémon était entré dans sa vie, il avait cette habitude fugace de prendre le large sans crier gare, mais finissait toujours par revenir au palais pour jouer avec son ami humain.

Douamoutef étouffa une quinte de toux en regardant le pokémon s'éloigner, enjambant le pas à l'adolescent pour qu'ils reprennent sans détour le chemin de la cérémonie qui les attendait. Une cérémonie officielle, celle de son couronnement. Le père du jeune homme avait été tué il y a de cela une semaine, dans des circonstances que personne n'avait réussi à élucider. Quoiqu'il en soi, en l'absence de souverain, c'était à son héritier de prendre le relais. Et, dans ce cas-là, la tâche incombait à Khae, ce jeune homme aux sandales mal attachées.

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La salle était pleine à craquer. Des centaines de personnes de la haute société avaient été convié à la cérémonie dans la salle principale du palais. À l'extérieur, une foule immense se massait près des portes, hurlant et scandant leur adoration. C'était un spectacle à la fois beau et effrayant. Gagné par cette ferveur, Khae se surprit à sourire allègrement. Il était temps pour lui de prendre pleinement la mesure de son destin.

Quand il fit ses premiers pas dans l'allée principale, décorée pour l'occasion et encerclée par des centaines de gardes armés jusqu'aux dents, tout le monde se mit à crier son nom. Il aurait pu se repaître de ce moment de bonne fortune, mais il était bien trop tendu pour apprécier à sa juste valeur l'instant. Il marcha donc jusqu'au trône qui était disposé au centre de la grande salle, sous les applaudissements impatients d'une foule de riches fonctionnaires en tenue d'apparats. Près du siège royal, une jeune femme d'une vingtaine d'années attendait, un livre énorme entre les mains. Elle était blonde, des yeux d'un bleu profond et des courbes à faire pâlir d'envies les plus belles femmes de l'Empire. Pourtant, aucun homme ne se serait tenté à la courtiser. Car cette jeune femme, c'était la Grande Prêtresse de l'Empire, Ankhet. Une femme de pouvoir, respectée par tous pour être l'intermédiaire entre les humains et le divin. Khae la connaissait depuis sa tendre enfance, mais il n'avait jamais réussi à cerner totalement cette femme. Encore moins depuis qu'elle avait accédé à sa position de Grande Prêtresse, il y a de cela tout juste un an, l'élevant au rang de divinités parmi les Hommes.

« Khaemou'aset premier du nom. Prends place auprès des tiens. »


Khae avait étudié depuis longtemps le protocole. Aussi, il connaissait chacun des gestes à effectuer, chacune des postures à afficher pour ne pas perdre la face devant cette foule qui attendait la moindre occasion pour le tourner en ridicule. D'un pas lent mais assuré dans ses sandales de cuir, le jeune homme s'installa droit comme un piquet devant le trône en or reluisant. Ankhet, à ses côtés, commença la lecture de son livre. Un long discours sur les dieux, l'importance du régent et la paix de son futur règne. Après plus d'une demi-heure de lecture – durant laquelle Khae commença sérieusement à piquer du nez, toujours debout devant le trône – Ankhet fini par fermer son bouquin. Le jeune adolescent avait bien conscience de l'importance du moment – aussi bien pour sa vie que pour l'Empire – mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir que tout cela finisse au plus vite.

Deux jeunes hommes en toge blanche s'avancèrent aux côtés de la Grande Prêtresse. L'un avait dans ses mains une couronne bleue, semblable à un gros bulbe haut de forme, ornée de quelques bijoux et d'une figure en terre cuite de Dunaja sur le devant. L'autre portait deux sceptres – la Crosse et le Flagellum, attributs typiques du régent. Les deux sceptres furent posés à ses côtés, tandis qu'Ankhet s'avança avec la couronne. Dans la salle, plus un seul bruit. Tout le monde semblait retenir son souffle, même si la foule à l'extérieur continuait à scander sa joie.


« Khaemou'aset premier du nom, fils d'Horemheb quatrième du nom, le regretté. Es-tu disposé à recevoir la Double Couronne et à accepter ta destiné ? »

En bon procédurier, Khae attrapa la couronne des mains d'Ankhet pour la déposer lui-même sur son crâne. Il se sentait ridicule avec cet apparat de plus, mais c'était la tradition et il ne pouvait y faillir.

« Je le suis. »

Tout le monde applaudit de plus belle, tandis que Khae avait enfin l'autorisation de s'asseoir sur le trône, chose dont il ne se fit pas prier. La sensation était...étrange. C'était la première fois qu'il y prenait place, après y avoir vu si souvent son père depuis sa naissance. Il avait l'impression d'être un imposteur, même si sa place était maintenant légitime.

« Gloire au nouveau Pharaon. Gloire à Khaemou'aset premier du nom, porteur de la Volonté des Dieux, Celui qui pacifie les terres sous l'égide de la Couronne Unique, Incarnation vivante d'Horus le créateur, Celui qui juge et qui unifie. Que ton nom résonne dans chaque ruelle de l'Empire Delassien, pour que ton règne soit signe d'une paix durable. »

Comme un psaume, l'ensemble de la foule reprit en cœur les paroles de la Grande Prêtresse. Presque d'une seule voix, comme un parfait écho de la blonde qui présidait l'assemblée.


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« Enfin ! J'ai cru que ça se terminerait jamais ! »

Khae, en arrivant dans sa suite, n'avait pu s'empêcher de laisser exploser sa joie que tout ce simulacre de cérémonie officielle soit enfin fini. On lui avait tellement rabâché la tête avec la passation de pouvoir qu'il n'avait même pas eu le temps de s'attarder sur la prétendue mort de son père. On lui avait laissé entendre qu'il était mort au combat, même si le garçon n'y croyait pas : son père n'avait jamais été adepte des échauffourées directes. Il ne se serait jamais jeté dans une bataille sans être sûr de pouvoir la gagner. C'était d'autant plus vrai que l'ancien Pharaon était apparemment mort lors d'une bataille aux extrémités nord du pays, contre des rebelles du Neuvième Nome. Si les habitants de ce Nome n'avaient jamais été favorables à la politique du Pharaon, il n'en restait pas moins que leurs armées étaient bien moins nombreuses que celle du régent. Qu'elles aient pu mettre en déroute les soldats royaux étaient tout bonnement inconcevable.

Khae s'était donc donné pour objectif de faire la lumière sur cette affaire. Mais maintenant qu'il avait pris la place de son père à la tête de l'Empire, ça risquait d'être d'autant plus compliqué. Tous les nouveaux Pharaons étaient assignés à résidence pendant une semaine selon les lois de l'Empire Delassien, temps durant lequel ils devaient communier avec les Dieux et se faire le messager de leurs justes paroles. Khae, comme tous les Delassiens, était un fervent croyant. Pour autant, il doutait de pouvoir converser avec les divinités qui régissaient le royaume du haut de leur piédestal.

Décidant de mettre de côté toutes ses interrogations, le jeune homme se déshabilla à la hâte, jetant à la volée ses habits coûteux dans l'immense pièce qui constituait sa chambre. Entièrement nu, il se rendit dans la grande salle de bain de sa suite royale, pour y retrouver une piscine chauffée et fumante. Les serviteurs du palais avait pour consigne de toujours faire en sorte que l'eau de chaque piscine de la famille royale soit à égale température. Khae trouvait cela légèrement exagéré, mais il devait bien avouer que c'était un luxe de pouvoir se baigner sans prendre la peine d'attendre que l'eau ne chauffe.

« Sala ? »

Un Salamèche domestique, dressé pour maintenir la pièce à température ambiante, s'inquiétait de savoir si son travail était correctement effectué. D'une caresse sur le haut du crâne, Khae lui indiqua qu'il était ravi, avant de plonger dans l'eau chaude. Il y resta quelques minutes, à se détendre et à profiter du calme, avant que la porte de sa salle de bain ne s'ouvre à la volée. Surprit et sur ses gardes, il couvrit à la hâte sa nudité tout en pointant un doigt rageur vers le nouvel arrivant.

« J'suis à poil, Mahou. »
« Oh ça va. C'est pas comme si c'était la première fois qu'on prenait notre bain ensemble ! »

Mahou, à savoir l'ami d'enfance de Khae et la personne qui le connaissait le mieux. Ils avaient grandi ensemble au palais, le père de Mahou étant un haut fonctionnaire de l'Empire. Une amitié qui s'était nouée et qui n'avait jamais terni, malgré le temps qui passait. Aujourd'hui, il était rare de les voir l'un sans l'autre.

« Sauf qu'on a plus huit ans, j'te rappelle. »
« T'as toujours était trop coincé, Khae. Faut te détendre. », s'exclama le jeune homme en plongeant à son tour dans l'eau chaude. « Impec' la cérémonie d'ailleurs. J'étais dans la foule, à t'insulter au loin. »
« C'est Pharaon Khaemou'aset, maintenant. », rétorqua Khae en affichant un petit sourire moqueur sur son visage.
« Rêve pour que je t'appelle comme ça, mon vieux. Au fait, ça te dérange pas si...»

Une ombre chuta dans l'eau de la piscine, éclaboussant par la même occasion les deux jeunes hommes. Elle ressortit de l'eau au bout de quelques instants, pour laisser apparaître la mine souriante d'un petit Carapuce.

«... Carapuce se baigne avec nous ? »
« Ca sert plus à rien de demander, maintenant. »

Les deux jeunes hommes discutèrent un moment ensemble dans l'eau. Khae avait eu peu d'occasions, cette dernière semaine, de voir son ami. Il avait été tellement prit par les offices religieux et les cérémonies en tout genre qu'il n'avait pas réussi à trouver un moment pour bavarder avec Mahou. Ça lui faisait du bien de pouvoir le faire, même si la situation était légèrement gênante.


« Bon, tu vas faire quoi maintenant, Pharaon ? »
« Ah, tu vois, toi aussi tu vas finir par m'appeler comme ça. Mais comment ça, qu'est-ce que je vais faire ? »
« T'as l'occasion de pouvoir faire la lumière sur la mort de ton père. Tu comptes pas saisir l'opportunité ? »

Khae fixa le vide. Difficile à dire, même pour lui. Certes, il voulait en savoir plus sur la mort de son père, mais ça risquait d'être compliqué pour lui de se soustraire à ses nouvelles obligations. La vie de Pharaon allait être drôlement difficile, surtout qu'il devait encore nommer plusieurs Hauts Fonctionnaires pour faire tourner correctement le royaume. Il devait également s'assurer l'allégeance de certaines factions qui avaient prit le parti de son père. Si jamais le pays venait à se morceler à cause de la nouvelle figure d'autorité, on allait droit à une guerre civile.

« Je dois me rendre la semaine prochaine au Onzième Nome pour m'assurer de la loyauté du Nomarque Baal. Je tâcherai de mener mon enquête sur place. D'ailleurs, ça te dit de venir avec moi ? Un ami, au beau milieu de tous ces lèches-bottes prêt à m'assassiner, ça ne serait pas de refus. »

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Image de Khae