Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Cosmos Zero - Partie 1 : La Calamité de l'Amour de Kazumari



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 16/02/2021 à 18:33
» Dernière mise à jour le 17/02/2021 à 14:38

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Fantastique   Mythologie

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 4 : Se tourner vers l’avenir
- A chaque fois, c’est toujours la même chose…

Kalatria continuait de courir. Elle ne regardait pas dans son dos, ne s’arrêtait pas malgré le paysage qui défilait et son souffle saccadé. Elle ressentait une intense frustration vis-à-vis de la situation. A nouveau, elle devait faire preuve d’infériorité et laisser quelqu’un de sa famille faire le travail mieux qu’elle ne l’aurait pu. Depuis sa jeunesse, la mercenaire n’était jamais parvenu à se montrer la meilleure dans quoi que ce soit et se contentait d’être une pâle copie de ses frères et sœurs avec le talent en moins.

Si Britfrith s’était trouvée dans les parages lorsque ce maudit Daruvilien avait fait son apparition, Kalatria ne doutait pas que le prétendu Mage de la Mort aurait déjà rejoint le domaine mortel de Shalkidalia depuis longtemps. Après tout, sa cadette était entrée dans l’armée royale de Sindrélia à l’âge record de six ans alors qu’elle-même avait dû attendre les dix-huit ans requis juste pour se faire recalée car inapte à cause de sa maladresse avec les armes blanches.

Son aînée Naginata avait pu se forger une réputation de guerrière avant de rencontrer l’amour et de tomber subitement enceinte. Senris était reconnu à travers le royaume tout entier pour la qualité de sa forge. Finalement, Kalatria était la seule de sa fratrie à être inconnue au bataillon. Même si elle n’était pas du genre à se laisser démonter, toutes ces années passées avaient fini par la faire réfléchir à ce sujet, de quoi faire naître un complexe d’infériorité évident.

Kalatria se stoppa subitement dans son élan, posant les mains sur ses genoux et reprenant son souffle. La frustration commençant à la submerger complètement, elle décida de se soulager en donnant un violent coup de pied dans le tronc d’arbre le plus proche afin de calmer ses nerfs. Mauvaise idée, sa cible étant dure comme de la roche, elle contenta de se blesser inutilement. Comme si son état actuel n’était pas déjà suffisamment préoccupant.

- Elle est bien belle, la Kalatria… songea-t-elle avec amertume. Décidément, ça ne me ressemble pas de me morfondre de la sorte.

Même si elle éprouvait des difficultés à l’admettre, Kalatria était surtout jalouse de sa petite sœur. Elle se souvenait encore quand Britfrith s’était présentée au dojo de son grand-père Masamune dès ses six ans alors que Senris et elle, alors adolescents, se trouvaient encore en apprentissage auprès de lui. Le vétéran de la guerre avec une expérience hors du commun s’était fait démolir par une gamine qui n’avait jamais tenu une arme de sa vie.

Kalatria avait beau se répéter sans cesse que le cas de Britfrith était unique, que personne ne pourrait jamais avoir son talent inné et ses réflexes surhumains, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser à la tournure qu’aurait pris sa vie si jamais elle se trouvait à sa place. Nul doute que les bandits dont les têtes étaient mises à prix ne se moqueraient pas d’elle en la voyant arriver avec des épées qui se brisaient en un temps record.

Ignorant la douleur provoquée par son action stupide, Kalatria décida d’en rajouter une couche en se frappant les joues avec les mains. Elle aurait toutes les occasions de se morfondre plus tard, Daruvilien n’était pas un adversaire que beaucoup pouvaient affronter sans y être préparé, faire preuve de faiblesse contre lui n’était pas un mal. D’autant plus que Senris lui avait demandé quelque chose. Elle devait rejoindre Alverton au plus vite.

S’il s’agissait déjà de sa destination initiale, les événements avaient forcé la demoiselle à effectuer un large détour pour ne pas se retrouver à proximité du Mage de la Mort de nouveau. Elle arriverait certainement au village peu de temps avant le coucher du soleil. Tout en croisant les doigts pour que son frère forgeron soit également en sécurité, elle se remit en route en titubant légèrement. Kalatria ignorait si Ylliana continuait de broyer du noir mais cette fois-ci, elle allait devoir prendre une décision.



***


Daruvilien termina de cautériser la plaie causée par son nouvel adversaire grâce à sa magie. Encore sous le choc, il tentait toujours de dénier ce qui venait de passer alors que les faits se trouvaient juste sous son nez. Le forgeron à la chevelure écarlate avait bel et bien tranché son bras droit sans le moindre effort alors qu’il usait de son intangibilité. Un acte que le Mage de la Mort aurait cru absolument impossible de la part d’un humain ordinaire.

Il le savait, rien ne pouvait l’atteindre lorsqu’il devenait intangible. Il s’agissait d’une capacité obtenu après un dur entraînement. Certes, il ne pouvait pas la maintenir continuellement sans se fatiguer sur le long terme mais cela lui procurait une protection appréciable. Du moins, tant qu’il ne soit pas pris par surprise avant d’avoir le temps de s’en servir ou face à une arme repoussant la magie. Ce Senris Iscamord avait trouvé le moyen de toucher ses deux faiblesses en l’espace de quelques minutes.

- Comment as-tu pu forger cette épée anti-magie ? demanda Daruvilien en tentant de reprendre son calme, restant sur le qui-vive maintenant qu’il ne disposait plus de son armure spéciale. Les humains ne sont même plus censés être au courant de l’existence des mages !

- Arithmédia a été un bel objet d’étude, se contenta de répondre sèchement Senris, prêt à attaquer de nouveau au moment opportun.

Daruvilien ne fut pas convaincu par cette réponse. Arithmédia avait été conçue par le dieu forgeron Ramilis en personne, tout comme le Bouclier de Héridas ou Zadramèlès. Un être humain ne pourrait jamais reproduire de tels artefacts à la perfection. Certes, la lame que maniait le forgeron ne semblait pas disposer des mêmes facultés spéciales détenues par l’épée de la mort Arithmédia mais elle pouvait tout de même contrer la magie. Quelque chose ne tournait pas rond.

En analysant mentalement l’âme de Senris Iscamord, Daruvilien avait découvert qu’il était entré en contact avec Sartelinia Ulfricientis, la Mage de la Pitié, au moins une fois. Il ignorait si cette rencontre était récente ou non, mais il doutait qu’elle le soit. Elle s’était certainement produite avant que Sartelinia ne le libère de la prison où il fut enfermé pendant des millénaires par sa propre disciple, à comprendre cobaye, après la chute du peuple des mages.

Connaissant Sartelinia et sa maudite manie de prendre partie pour les plus faibles, il ne serait pas choqué si elle avait délivré au forgeron les moyens de construire des armes blanches pour combattre la magie. Senris ne souhaitait visiblement pas faire la conversation avec lui, Daruvilien n’aurait donc aucun moyen d’en avoir le cœur net. Il décida donc de se recentrer sur le présent et de dénicher un moyen de s’extirper de cette situation déplaisante sans perdre inutilement un deuxième corps.

Un par siècle, il s’agissait là de sa limite pour générer une nouvelle copie de lui-même grâce aux expériences qu’il avait pu mener en quête de l’immortalité grâce aux travaux de Felastrasia qu’il s’était approprié. Mais après avoir été scellé pendant des millénaires, tous ses clones avaient été détruits, le forçant donc à repartir de zéro une fois libéré. De ce fait, son nombre actuel de corps pouvait se compter sur les doigts d’une seule main, ils étaient très précieux.

S’il perdait son stock, il deviendrait vulnérable et pourrait être tué comme n’importe qui. Rien n’effrayait plus Daruvilien que la mort, raison pour laquelle il s’était mis en tête par tous les moyens de mettre un terme à sa mortalité, même si elle restait indécemment supérieure à celle de tout être humain. Trahison, expériences sur des cobayes, meurtres. Même maintenant, son rituel pour devenir une Calamité n’était qu’une certitude de devenir immortel dans la situation où toutes ses copies seraient vaincues.

- Depuis que je lui ai coupé le bras, il n’est plus du tout serein… nota Senris pour lui-même.

Son fidèle Dimoclès continuerait de faire diversion afin de lui créer une ouverture. Leur ennemi magicien serait forcément poussé dans ses derniers retranchements à devoir surveiller deux adversaires à la fois en prêtant attention à ce que Senris ne s’approche pas trop prêt de lui. L’homme de la fratrie des Iscamord le savait pertinemment et comptait bien en profiter. Alors que Daruvilien venait de cesser sa magie de soin pour refermer la blessure causée par la perte de son bras, le forgeron s’élança.

Comme il fallait s’y attendre, le Pokémon Aciet et Spectre ne tarda pas non plus et exécuta une attaque Lame Sainte en direction du Mage de la Mort. S’il se rendait intangible pour effectuer son esquive, cette fois il resta sur ses gardes en prenant garde aux mouvements de Senris, qui se stoppa étrangement juste devant lui sans terminer son offensive. Perplexe, Daruvilien ne comprit pas aussitôt ce que le forgeron avait en tête et le regretta amèrement quand la lame transperça son pied.

- C’est bien beau de te rendre transparent mais je me doutais bien que la plante de tes pieds restait présente pour t’empêcher de passer à travers le sol.

Daruvilien n’eut pas le temps de répliquer avant que l’épée anti-magie ne lui tranche la tête, immergeant le forgeron dans une mare de sang. Le visage s’étirant en grimace, il tenta de s’essuyer comme il le pouvait alors que le corps sans vie de son adversaire s’écroulait sur le sol. Senris songea avec amertume qu’il était bien dommage que Dimoclès ne sache pas se servir de Danse Pluie, ce qui lui aurait permis de se sentir un peu plus propre.

Le forgeron ne fut aucunement surpris lorsque la dépouille de Daruvilien disparut aussitôt sans laisser la moindre trace. Il ne s’agissait pas non plus de son véritable corps, qui devait se trouver ailleurs. Mais à présent, ce n’était plus du ressort de Senris. Il avait accompli sa part du marché en protégeant Kalatria et en l’envoyant prévenir la détentrice d’Arithmédia. Son travail maintenant était de continuer à forger des lames jusqu’à atteindre la perfection.

Dimoclès émit un cri strident de joie suite à la victoire de son ami, qui lui rendit son sourire. Le duo passait le plus clair de son temps dans la forge pour confectionner les meilleures épées. Senris pensait même avoir rouillé quand il était question d’escrime et fut presque ravi de constater que ce n’était pas le cas. Son travail d’équipe avec le Pokémon Glaive se révélait également très satisfaisant. Après de nombreuses années de cohabitation, ils parvenaient à se comprendre sans avoir besoin de converser.

- Quelle relation peut-bien avoir ce type avec Sartelinia ? Il a bien mentionné son nom... marmonna-t-il en reprenant la direction de son habitation.

L’apparition de Daruvilien dans le périmètre ne lui disait rien qui vaille. Sans aller jusqu’à se souvenir de l’intégralité des informations que Sartelinia Ulfricientis lui avait révélé autrefois lors de leur rencontre fatidique, Senris pouvait au moins affirmer que les mages de l’Ancienne Ère représentaient un problème pour l’humanité. Et au vu de la condescendance dont le Mage de la Mort avait fait preuve à l’égard du forgeron pour son statut d’être humain, il ne doutait pas qu’ils couraient tous un grave danger.

Mais Senris n’était pas un justicier souhaitant défendre la veuve et l’orphelin. Il ne ressentait pas l’envie de venir en aide à son prochain s’il ne le connaissait pas. Kalatria faisait partie de sa famille, qui était pour lui très importante mais cela s’arrêtait là. Cet égoïsme le caractérisait bien. Le créateur de lames souhaitait créer la lame parfaite non seulement pour satisfaire son égo mais également afin de pouvoir protéger les personnes qui lui étaient chères.

- Je ferai mieux de me remettre rapidement au travail. Si des ennemis de la trempe de ce bouffon commencent à se manifester alors mes armes deviendront peut-être un instrument nécessaire pour en venir à bout.



***


- Le soleil ne va pas tarder à se coucher, constata Ylliana, le regard perdu vers l’horizon. Peut-être que nous devrions rentrer.

Après son entraînement en compagnie du vénérable Masamune Iscamord, la jeune fille avait décidé de passer le reste de sa journée en solitaire, avec pour seule compagnie son fidèle Charmilly. Elle s’était rendue non loin de la sortie d’Alverton, où se trouvait une falaise qui donnait lieu à un paysage splendide. Ylliana appréciait de rejoindre ce lieu précis pour réfléchir dans le calme. Et depuis l’intervention de Felastrasia, elle avait grand besoin de réfléchir.

Charmilly jouait non loin de là avec un groupe de Tournegrin qui vivait dans les alentours. Le Pokémon Crème savait que ces moments de solitude représentaient beaucoup pour Ylliana et préférait ne pas la déranger dans sa réflexion. Mais avec la nuit qui approchait, il fut contraint de dire au revoir à ses amis du moment pour rejoindre son éternelle camarade, qui posa sa main sur sa tête crémeuse pour la caresser en guise d’affection.

- Peut-être devrais-je vraiment reprendre la route à travers le monde comme avant… songea-t-elle en balançant ses jambes dans le vide. Mais ça ferait quand même un sacré vide sans Aléandre et Ixon…

Ylliana songeait parfois à son autre compagnon de route toujours en vie, le Pokémon Barrage Ixon. Partenaire d’Aléandre depuis la tendre enfance de l’explorateur, alors qu’il n’était qu’un frêle Zigzaton, il était reparti de son côté après les tristes événements. Maintenant, il devait avoir rejoint les siens et pouvait donc se trouver absolument n’importe où. La jeune fille ne fut pas vexée qu’il l’abandonne, elle comprenait qu’il soit bien trop attaché à Aléandre et à l’aventure en général pour rester cloîtré dans un village.

L’autre option pour la jeune fille blonde, si elle ne souhaitait pas reprendre la route, était de rallier la capitale du royaume de Sindrélia. Même si Felastrasia affirmait qu’un élu d’Arithmédia n’existait pas, elle était reconnue comme telle et pourrait certainement apprendre à maîtriser les facultés spéciales de l’épée de la mort grâce à ses yeux spéciaux. Être l’heureux propriétaire d’une arme divine constituait une raison suffisante pour rejoindre l’élite de l’armée royale.

L’Ordre Sacré d’Aralon était reconnu à travers tout Sindrélia et même au-delà de ces frontières. Au cours de la décennie passée, Ylliana avait à maintes reprises entendu parler d’eux et de leurs exploits. Britfrith Iscamord, avec laquelle elle avait voyagé pendant une courte période, fut le professeur personnel de chacun des paladins dès l’âge de dix ans. Elle avait donc raconté plein d’anecdotes amusantes à Ylliana, même si cette dernière ne pouvait pas encore se vanter d’avoir rencontré l’un d’entre eux.

- Rester définitivement à Alverton, reprendre la route ou bien rejoindre Aralon pour devenir paladin… il va falloir que je prenne une décision.

- Toujours là à te morfondre ?

Surprise d’être tirée hors de ses pensées de la sorte, Ylliana se retourna et sentit son cœur manquer un battement. Il se trouvait là, cramponné contre un arbre en train de la regarder avec son habituel sourire moqueur mais paternel tout en se grattant la barbe blonde. Pendant l’espace d’une seconde, la jeune fille se demanda comment cela pouvait être possible avant de se rappeler de l’existence des Yeux Sacrés de l’Entre-Vie. Son père adoptif Aléandre Nertiloni se tenait pourtant debout juste derrière elle.

Ylliana eut le réflexe de poser sa main à proximité de son œil valide mais ne ressentait étrangement aucune douleur. Le fermer et le rouvrir ne changeait rien à la présence de l’explorateur qui aurait bientôt atteint son quarantième anniversaire dans d’autres circonstances. Charmilly n’avait pas réagi et fut même confus en regardant à son tour derrière lui, sans comprendre ce qui se passait. Ylliana conclut donc qu’elle était la seule à pouvoir le voir et l’entendre.

- Je suis en train de perdre les pédales, c’est ça ? demanda-t-elle alors qu’il s’asseyait à ses côtés. Je n’aurais jamais pensé que tu traînerais encore dans ce monde en tant que fantôme, moi qui pensait que tu étais parti sans regrets.

- Suis-je vraiment là cependant ? Ton œil te fait-il mal, Ylliana ?

Dans l’incompréhension la plus totale, Charmilly décida de se tenir tranquille. Il connaissait la faculté de son amie à apercevoir des éléments qui échappaient à la vision du commun des mortels et ne s’en offusquait pas outre mesure. Et pourtant, la demoiselle semblait être aussi perdue que lui pour une fois. S’agissait-il d’une nouvelle faculté de ses yeux dont elle ignorait l’existence ? Ou alors s’était-elle tellement habituée à la douleur provoquée par leur activation qu’elle ne la ressentait plus ?

- Ce n’est pas ton genre, Ylliana. Je pensais sincèrement que tu continuerais de voyager après ma mort. Je me souviens d’une fille capable de s’émerveiller sur n’importe quoi à cause de son ignorance du monde.

Elle ne put s’empêcher de rougir suite à cette remarque, il était vrai qu’après avoir grandi dans un village de paysans reculé, Ylliana avait su se montrer excitée sur des choses que tout personne normale aurait trouvé banale. Pris d’un élan de nostalgie, elle songea que cette période lui manquait énormément. Elle aurait donné beaucoup pour remonter le temps à la période de leur visite du sanctuaire d’Arithmédia pour prendre des décisions différentes.

- C’est de ma faute si tu n’es plus là… admit-elle, honteuse. Si tu n’avais pas eu besoin de me venir me sauver lorsque j’ai choisi de poursuivre les Crânes Noirs, tu ne serais pas mort. Pourquoi aurais-je le droit de conserver ma liberté de voyager alors que je t’ai privé de la tienne ?

- Ylliana, à aucun moment je ne t’en ai voulu pour tes choix. Et à aucun moment, je n’ai regretté d’être venu pour te tirer d’affaire. J’aime à croire que le destin voulait que je te vienne en aide pour que tu puisses aller de l’avant. Si tu étais morte à ma place ce jour-là, je pense que je m’en serais voulu bien plus que tu te blâmes à l’heure actuelle.

- Dans ce cas, qu’est-ce que je dois faire ? J’aurais tant voulu te parler une dernière fois pour mettre du clair dans mes idées mais même maintenant, je suis incapable de dire si tu es un fantôme ou simplement le fruit de mon imagination qui me joue des tours…

Aléandre se contenta de lui sourire comme il l’avait toujours fait de son vie. Un sourire qui laissait entendre qu’il était fier de sa fille adoptive et ce, peu importe la décision qu’elle prendrait pour son futur. Ylliana posa de nouveau sa main non loin de son œil valide, qui ne lui causait toujours aucune douleur. Non, Aléandre n’était certainement pas là. Il était parti sans regrets. Peut-être que le destin voulait simplement l’aider à faire un choix en lui envoyant un signe.

Elle posa alors son regard sur Arithmédia, soigneusement rangée dans son fourreau à sa ceinture. Cette épée avait toujours représenté un lien indéfectible entre l’explorateur et la jeune fille, il s’agissait de la raison pour laquelle ils avaient commencé à voyager ensemble. En l’absence d’Arithmédia et de ses Yeux Sacrés de l’Entre-Vie, Ylliana n’aurait jamais exploré le monde. Elle aurait été déposée dans la ville la plus proche de son village pour rejoindre un orphelinat.

- Je n’ai rien de plus à ajouter, déclara Aléandre en se relevant. Maintenant, c’est à toi de faire ton choix, te conseiller est la limite de mes capacités.

- Attends ! s’enquit Ylliana alors que son interlocuteur commençait déjà à disparaître. Est-ce que je peux au moins savoir si tu étais un fantôme ou une hallucination ?

- Ton œil a-t-il réagi à ma présence ? Si ce n’est pas le cas alors tu as ta réponse.

Ce fut sur ces mots qu’Aléandre Nertiloni prit congé définitivement de son ancien compagnon de route. Ylliana médita ainsi sur cette dernière phrase tout en caressant le front de son ami de type Fée, très content que l’attention soit enfin tournée vers lui. Elle était consciente qu’elle n’aurait peut-être jamais le fin mot de l’histoire concernant cette discussion qu’elle n’aurait jamais cru avoir. Mais dans le fond, ce n’était pas le plus important.

- Il est temps de rentrer à la maison, Charmilly. Je pense qu’il y a quelque chose que je vais devoir annoncer à Naginata.