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Cosmos Zero - Partie 1 : La Calamité de l'Amour de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 09/02/2021 à 01:21
» Dernière mise à jour le 09/02/2021 à 01:21

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Fantastique   Mythologie

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Chapitre 3 : La lame tranchant les illusions
Kalatria sentait son cœur qui battait à toute allure contre sa poitrine alors qu’elle courrait sans s’arrêter à travers les hautes herbes, essayant de dissimuler sa présence comme elle le pouvait. Elle ressentait toujours une certaine honte à l’idée d’avoir pris la fuite face à cette étrange personne nommée Daruvilien mais en son for intérieur, elle savait pertinemment que ce fut la meilleure décision. Même sans l’avoir affronté directement, ses instincts lui confirmaient qu’elle aurait sûrement perdu la vie inutilement.

La mercenaire ne prenait même pas la peine de se stopper pour combattre les Pokémon sauvages hostiles qui tentaient de l’attaquer. Elle évita habilement l’attaque Dard-Nuée d’un Dardargnan qui avait visiblement ressenti la tension qu’elle émanait. Kalatria rencontra même un Brutapode qui tenta de l’assommer avec une Queue-Poison mais elle se contenta d’effectuer une roulade sur le côté. Même si elle ne traversait pas cette forêt très régulièrement, elle conservait toutes ses petites habitudes.

- Je ne suis plus très loin de la forge de Senris, songea-t-elle alors que sa respiration se faisait de plus en plus saccadée. En temps normal, il m’aurait sûrement jeté dehors mais je pense qu’il comprendra l’urgence.

Une simple erreur d’inattention suffit à ce que Kalatria se prenne les pieds sur une branche trop imposante pour être piétinée et soit envoyée au sol en un instant. Par chance, cela ne lui laissa qu’une égratignure négligeable au niveau du genou. Mais ce temps précieux qu’elle venait de perdre fut suffisant pour qu’elle puisse apercevoir un rayon de lumière lui frôler l’oreille droite avant de terminer sa course contre un tronc d’arbre, le déracinant immédiatement et le faisant tomber dans un immense bruit sourd.

Kalatria le savait, cette attaque qui avait manqué de lui causer bien plus de dégâts qu’une simple chute ne provenait pas d’un Pokémon. Et malheureusement pour la demoiselle, elle avait raison. En se relevant, elle put constater que son poursuivant venait de la rejoindre. Kalatria nota tout de même qu’il n’était pas du tout essoufflé alors qu’elle s’était séparée de lui depuis plus d’une dizaine de minutes. Elle comprenait que la fuite n’était pas une option.

- Ta mort n’a rien à m’apporter, ma chère. Je pourrai envisager de te laisser la vie sauve si tu acceptes de me révéler où se trouve l’épée Arithmédia, expliqua Daruvilien de son ton suave.

- Si je te le dis, tu vas arrêter de t’amuser à assassiner des villageois ?

Bien sûr Kalatria ne comptait pas lui avouer quoi que ce soit, elle espérait au contraire que cela inciterait son interlocuteur à en révéler davantage sur ses ambitions. Même si son comportement paraissait étrange, il n’était clairement pas consumé par la folie. Il y avait donc une raison derrière les génocides perpétués dans toutes les habitations des alentours. La mercenaire avait bien sûr glané quelques informations en vrac pendant la conversation qu’elle avait partiellement entendu mais n’en avait pas retiré grand-chose.

- Sais-tu ce qu’est une Calamité, ma jolie ?

- Pas la moindre idée, admit Kalatria qui profita de la conversation pour se relever. Mais tu cherches à en devenir une, c’est le seul truc que j’ai vraiment cerné de ta discussion avec l’autre personne tout à l’heure.

Daruvilien ne tarda pas à lui expliquer rapidement le concept derrière les êtres nommés les Calamités, alors que Kalatria profitait de sa verbosité pour reprendre son souffle et préparer une deuxième fuite. L’objectif était simplement de rallier la forge de Senris pour le moment. Avec toutes les armes à sa disposition, elle n’aurait aucun mal à en dénicher une qui puisse achever ce type. D’autant plus que son frère, même s’il se battait, restait un bretteur expérimenté.

En terme de talents d’épéiste, Kalatria était probablement la plus faible de sa famille. Pourtant, elle ne déméritait pas et continuait de faire des efforts. Elle palliait à ses défauts en entraînant son corps. Certes, cela ne voulait pas dire grand-chose face à Senris, lui-même disposant de muscles bien bâtis mais nul doute que la mercenaire pouvait facilement battre au bras de fer ses deux autres sœurs. Peut-être que sa grande force physique expliquait pourquoi elle brisait régulièrement ses épées sans le vouloir.

Kalatria ne quittait pas Daruvilien des yeux pendant qu’il palabrait au sujet de dieux déchus qui auraient autrefois risqué l’anéantissement de l’humanité pour leurs propres objectifs. La demoiselle se fichait éperdument de ce qu’il racontait ou cherchait à faire, souhaitant simplement gagner du temps. Elle avait toutefois un mauvais pressentiment. L’homme portant le titre de Mage de la Mort ne pouvait pas être stupide et devait avoir lu clair dans son jeu.

- Le rituel que je cherche à accomplir a été conçu par la mage Felastrasia dont l’âme est enfermée à l’intérieur de l’épée Arithmédia. Il nécessite le sacrifice de nombreuses vies ainsi que la signature de sa créatrice. Je sais que l’épée est dans cette zone du royaume, je n’ai pas besoin de sa localisation exacte tant que les sacrifices sont effectués dans le périmètre.

- J’en ai vu des cinglés dans ma vie mais alors toi, tu atteints des sommets, admit Kalatria, n’ayant pas froid aux yeux. Tu es déjà une calamité en soi, pas besoin d’assassiner autant de gens pour rien.

- Je vois que tu as le sens de l’humour, j’apprécie. Pourquoi se battre inutilement alors que je peux épargner ta vie ? Deviens ma servante et lorsque je serais devenu une Calamité, je t’offrirai tout ce que tu veux.

S’il semblait sincère dans ses propos, Kalatria ne put s’empêcher de présenter une grimace sur son visage fin. Elle était davantage du genre à travailler dur pour obtenir ce qu’elle souhaitait plutôt que d’attendre que l’on lui apporte sur un plateau. De plus, sa confiance lui interdisait de croire aux propos d’une personne parlant ouvertement de tuer de nombreuses personnes juste pour des objectifs égoïstes. Elle jugeait avoir gagné suffisamment de temps et décida de passer à l’acte.

D’un geste simple, elle trancha une grosse branche de l’arbre le plus proche qui tomba entre les deux interlocuteurs. Kalatria savait que cela ne blesserait pas Daruvilien mais elle voulait simplement le gêner afin de gagner quelques précieuses secondes. Repartant en courant, elle gardait en tête de rallier la forge de son frère. Si l’une de ses plus grandes craintes était la mort elle-même, Kalatria savait que perdre la vie ici reviendrait à condamner de nombreux villageois qui ne pourraient pas être mis au courant de la menace.

Son cœur commença à battre à toute allure lorsque son lieu de destination commença à apparaître dans son champ de vision. Une fois qu’elle aurait emprunté un Poichigeon messager à Senris, elle pourrait prévenir l’Ordre Sacré d’Aralon de la situation. Tous les paladins y appartenant possédaient une arme divine du même type qu’Arithmédia et représentaient donc les êtres les plus puissants du royaume de Sindrélia. Même avec ses tours de passe-passe, Daruvilien n’aurait aucune chance contre eux.

- Ce n’est pas très poli de ta part de t’enfuir au beau milieu d’une conversation. Surtout que c’est la deuxième fois, je vais finir par mal le prendre.

Kalatria se décomposa alors que Daruvilien venait de sortir d’un buisson juste devant lui. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Le meurtrier avait toujours été derrière elle, comment s’y était-il pris pour la devancer sans qu’elle ne se rende compte ? La jeune femme se rappela alors que son interlocuteur précédent, le mystérieux Apôtre de Namideva, avait disparu dans un flash de lumière. Peut-être que ces types disposaient de la téléportation, au même titre que les Pokémon connaissant la capacité Téléport.

Elle ne tarda toutefois pas être contredite, plongeant dans un état d’incompréhension encore plus profond. Si Daruvilien se tenait devant elle, Kalatria n’eut pas besoin de se retourner pour cerner qu’il était également derrière elle. Cela ressemblait étrangement à l’attaque Clonage, réservée à certains Pokémon. Frustrée d’être coincée si près du but, la mercenaire se tint prête à dégainer de nouveau pour trancher la personne devant elle et reprendre sa route.

- Toi et ton copain êtes des Pokémon à apparence humaine ou quoi ? pesta-t-elle. Tu peux te téléporter, balancer des rayons lumineux et même te cloner ? C’est comme ça que tu t’y prend pour attaquer les villages, tu crées des centaines de copies pour les envahir ?

- Ma chère, le clonage comme tu l’imagines n’existe pas chez les mages. Nous sommes capables de créer des illusions similaires à l’attaque Reflet mais c’est tout. Le procédé que j’utilise est connu de moi seul et ce qui m’a valu le titre du Mage de la Mort. Grâce à lui, tant qu’une version de moi-même sera en vie, je continuerai de perdurer jusqu’à la fin des temps. Malheureusement, à cause de l’énergie que ça demande, je ne peux engendrer un nouveau moi qu’environ une fois par siècle.

- Tu parles vraiment beaucoup ! Je t’ai déjà dit que je ne comprends rien à ce que tu racontes !

Kalatria comprenait bien que le vent venait de tourner. Avec deux adversaires à surveiller au lieu d’un seul, il serait plus difficile pour elle de trouver une échappatoire. Elle pouvait toujours tenter quelque chose contre le Daruvilien se tenant devant elle mais s’il usait encore d’un tour de passe-passe pour se rendre intangible le temps d’une attaque, elle allait s’exposer et être à la merci d’un coup fatal. La mercenaire frissonna à l’idée que son cadavre puisse bientôt être dévoré par des Cornèbre environnants.

Elle notait bien dans le regard de son interlocuteur qu’il ne souhaitait pas spécialement la tuer mais comptait le faire juste pour faire taire les pistes. Cette zone du royaume de Sindrélia était très reculée et la disparition des villageois mettrait plusieurs jours à être reconnue si personne ne se chargeait de prévenir des autorités compétentes. En éliminant Kalatria, Daruvilien pouvait ainsi s’assurer d’avoir suffisamment de temps pour compléter son rituel avant qu’une personne en mesure de l’arrêter puisse intervenir.

Comprenant que le pétrin dans lequel elle s’était mise ne lui laissait plus rien à perdre, Kalatria décida de prendre les devants. Dégainant à nouveau sa lame, selon elle pour la dernière fois, elle visa l’homme debout devant elle avec l’intention de lui retirer un bras. Sans surprise maintenant, elle passa au travers comme si elle s’était contentée d’attaquer le vent. Redevenu tangible en l’espace d’une seconde, Daruvilien attrapa la demoiselle par le poignet et la projeta contre le sol sans lui laisser une possibilité de défense.

Kalatria laissa échapper un cri de douleur, le choc brutal contre le sol légèrement rocailleux lui avait définitivement causé une blessure dans le dos. Rien de dangereux pour sa santé mais elle aurait apprécié pouvoir se poser tranquillement et vérifier que la plaie n’allait pas s’infecter. L’un des deux Daruvilien l’agrippa par le coup pour la soulever en resserrant progressivement son étreinte. Kalatria éprouvait déjà des difficultés à respirer.

- Regrettable, vraiment regrettable. Je t’ai pourtant donné une chance mais tu n’as pas été capable de la saisir, avoua Daruvilien, la voix teintée de tristesse. Ces villageois sans intérêt n’ont aucun futur mais toi, je voyais bien que tu pouvais encore accomplir des prouesses, ma belle. Puis-je au moins savoir ton nom avant de t’envoyer dans les bras de Shalkidalia ?

- Elle s’appelle Kalatria, tu auras au moins un nom à délivrer à Shalkidalia quand tu indiqueras la personne que tu as échoué à assassiner.

A moitié inconsciente, la jeune femme n’avait pas remarqué immédiatement l’apparition d’une voix extérieure à leur conversation. Visiblement, le Mage de la Mort fut également surpris au point de ne pas remarquer la lame qui venait de lui transpercer la poitrine. Kalatria fut aussitôt relâchée de son étreinte et retomba contre le sol, toussant bruyamment en tentant de reprendre son souffle. Elle fut aussitôt agrippée par le bras et projetée hors de portée du second Daruvilien.

Dans toute cette excitation, le ruban qui maintenait la chevelure grisâtre de la mercenaire en queue de cheval s’était détaché. Tombant sur son visage, Kalatria dût repousser ses cheveux afin de comprendre qui venait de lui sauver la vie, même si elle avait déjà une idée précise de son identité. Son kimono blanc ne laissait vraiment planer aucun doute. Elle ne pourrait jamais l’avouer ouvertement mais elle n’avait jamais été aussi soulagée de la présence de son frère aînée.

- Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur ? demanda le second Daruvilien, celui qui avait poursuivi Kalatria à travers la forêt, d’un ton qui fut pour la première fois méprisant.

- Senris Iscamord, forgeron de profession, se présenta le concerné de la voix sèche qui le caractérisait si bien, alors que son épée pointait en direction de son interlocuteur.. Cette gamine que tu viens t’attaquer sans vergogne se trouve être ma frangine et je n’aime pas trop que l’on s’en prenne à ma famille.



***


- Dépêche-toi de filer, je m’occupe de lui ! tonna Senris à l’intention de sa sœur. Va la prévenir du danger qui plane, je suppose que c’est elle que ce type veut.

- Mais…

- Kalatria, je ne vais pas me répéter.

La mercenaire se mordit la lèvre inférieure alors qu’elle se relevait difficilement. Elle ne ressentait que frustration et honte vis-à-vis de la tournure qu’avaient pris les événements. En plus de devoir fuir l’adversité pour pouvoir survivre, elle devait maintenant laisser son frère se charger de la menace. Le comble pour elle qui vivait de la capture de brigands alors que lui ne se battait que très peu, passant davantage de temps à la confection des lames.

A contrecœur, elle finit par se remettre à courir pour prendre ses distances. Elle se doutait bien que la personne dont parlait Senris était Ylliana, à cause du lien qui l’attachait à Arithmédia. En revanche, Kalatria ignorait s’il n’avait pas pas prononcé son nom à haute-voix uniquement pour éviter de donner des indications à Daruvilien ou s’il ne s’en souvenait tout simplement pas. Avec le forgeron qui ne s’intéressait qu’à ses lames, la frontière était souvent mince.

- Le nombre de mes corps est limité et je ne peux pas les confectionner aussi vite que je le voudrais. Je n’apprécie pas qu’ils soient éliminés de la sorte, pesta le Mage de la Mort alors que sa copie transpercée par Senris disparaissait dans un nuage de poussière. Cette fille perd son temps, même si elle prévient les grandes villes de ce qui se passe, j’aurais déjà complété mon rituel.

- Je vois. Tu es un de ces maudits magiciens qui font des tours de passe-passe… marmonna l’homme aux cheveux écarlates sans quitter son interlocuteur des yeux. Je ne pensais pas en rencontrer un autre, on m’a pourtant dit que vous étiez en voix d’extinction depuis que les humains se sont retournés contre vous.

- Oh, rares sont les humains de nos jours à se souvenir de notre existence. Tu attises ma curiosité, forgeron.

- Toi en revanche, tu n’attises pas la mienne. Dépêchons-nous d’en finir.

Senris se souvenait parfaitement de cette rencontre, qui datait maintenant d’environ une décennie. Cette fille étrange dont il avait sauvé la vie alors qu’elle était à bout de forces et qui lui avait appris l’existence de la magie. Cette rencontre qui l’avait poussé à poursuivre la carrière de forgeron afin de créer la lame parfaite qui pourrait tout trancher. Peu bavard de façon générale, il n’avait jamais parlé de cette magicienne à qui que ce soit, pas même à sa famille.

Il ne savait pas ce que cette fille devenait de nos jours, ne l’ayant pas revue depuis ni eu de ses nouvelles. Elle semblait animée par un objectif précis qu’elle conservait secret mais qui selon elle pouvait changer le visage du monde entier. Senris ne s’en préoccupait pas vraiment mais espérait tout de même qu’elle parvienne à accomplir ses rêves, quels qu’ils soient. Il doutait cependant que ce mage fou qui tuait sans vergogne des villageois ait un quelconque rapport avec elle.

- Tu as rencontré Sartelinia, forgeron ? s’étonna Daruvilien, qui même s’il ne pouvait pas lire dans les pensées, pouvait toutefois en avoir une vaguée idée en étudiant les esprits, comme il l’avait fait précédemment avec Kalatria.

Il ne reçut pas de réponses dans l’immédiat. Caché dans le dos du créateur de lames d’épées depuis son arrivée, le Diomoclès compagnon de Senris surgit subitement de derrière son dos pour attaquer le Mage de la Mort grâce à Lame Solaire. Cette capacité demandait un temps de préparation, le Pokémon Glaive avzait profité de la conversation entre les hommes et Kalatria qui venait de partir pour s’assurer que son assaut pourrait être lancé sans que Daruvilien ne s’en rende compte.

Pris par surprise, ce dernier eut à peine le temps de se rendre intangible à la toute dernière seconde pour éviter d’être gravement atteint par l’attaque de type Plante. Le meurtrier ne put s’empêcher d’afficher un sourire satisfait alors que Dimoclès lui passait au travers sans parvenir à le toucher. Et pourtant, le Pokémon Acier et Spectre ne semblait pas inquiet ou frustré le moins du monde. Si cela intrigua Daruvilien, il fut déjà trop tard lorsqu’il en comprit la raison.

Un simple coup avait suffi pour que le bras du mage soit détaché du corps de son propriétaire en libérant un flot de sang. Plongé dans l’incompréhension, il comprit que Senris était passé à l’action et comptait en terminer aussi vite qu’il était apparu pour sauver la mise à Kalatria. Les gestes du forgeron étaient simples, fluides, s’enchaînaient avec précision et ne contenaient surtout aucun mouvement inutile. On sentait toute son expérience et son amour des épées dans chacun de ses mouvements.

De son bras encore valide, Daruvilien lança un jet de lumière en direction de son adversaire. Il savait que cela ne suffirait pas pour venir à bout de lui mais il souhaitait simplement le repousser le temps de comprendre ce qui venait de se passer. Lorsque l’épée de Senris était tombée sur lui, son corps n’avait pas encore retrouvé sa tangibilité. Comment cet homme avait-il pu contrer son atout alors que la femme, qui s’avérait être sa sœur, fut totalement impuissante face à lui ?

Senris dévia aisément le sort lancé par le meurtrier en le faisant entrer en contact avec la lame, projetant ainsi l’attaque contre un rocher situé non loin d’eux qui explosa en mille morceaux. Le forgeron ne put s’empêcher de sourire en réalisant que son fer remplissait l’objectif qu’il lui avait fixé. La magie de Daruvilien Asmafiril se montrait complètement inutile contre lui tant qu’il tiendrait sa toute dernière création entre les mains.

- Merci pour l’instant de diversion mon ami, souffla Senris à l’intention de son compagnon d’acier qui flottait à ses côtés.

- Comment ? balbutia le mage en tentant par tous les moyens de stopper l’hémorragie avec ses pouvoirs. Rien n’est censé pouvoir me toucher lorsque je me dématérialise ! Comment ton épée a pu me causer une telle souffrance ? Tu n’es qu’un simple humain, faible comme tous les autres ! Tu n’as pas le droit de me toucher sans que je t’en donne la permission !

L’homme de la fratrie des Iscamord ne prit pas la peine de répondre à ses provocations et réfléchissait déjà à sa prochaine offensive. Il n’était pas intéressé par ce Daruvilien, ses objectifs ou son opinion sur la race humaine. Il avait tenté de tuer sa sœur de sang-froid, il s’agissait d’une raison suffisante pour lui d’intervenir et lui rendre la pareille. Si cela pouvait sauver des villageois qui seraient autrement victimes de ses prochaines attaques alors il n’allait pas s’en priver.

La fille qui s’était réfugiée chez sa sœur aînée Naginata avait accepté de lui prêter Arithmédia pendant quelques temps afin qu’il puisse l’étudier. Et cette étude avait définitivement porté ses fruits. Si Senris ne pouvait pas répliquer les propriétés divines que possédait l’épée de la mort, il était parvenu à en façonner une copie plus ou moins fidèle. Maintenant, il disposait d’une confirmation que sa création pouvait dévier la magie. Son rêve de concevoir l’arme parfaite se rapprochait peu à peu.

- Reste sur le qui-vive, je vais peut-être avoir encore besoin de toi, prévint Senris, son partenaire émettant un bruit strident pour indiquer qu’il pouvait compter sur lui.

- Tous les mêmes, ces maudits humains. Le nombre de corps que j’ai à disposition n’est pas très élevé, je ne devrais peut-être pas prendre le risque d’en gâcher un autre à cause de ce maudit forgeron.

Le mage se décomposa en réalisant qu’il ne pouvait pas se téléporter. Comme l’épée anti-magie de Senris était entrée en contact avec lui, cela contrait sa capacité à disparaître pour réapparaître ailleurs pendant quelques minutes qui risquaient de lui coûter cher. Malgré son manque d’expressivité, Senris ne put s’empêcher de lâcher un sourire en biais lorsque Daruvilien réalisa qu’il devrait s’échapper de la même manière que Kalatria précédemment. Une manière totalement humaine de prendre la fuite.

- Malheureusement, tu n’iras nulle part le trouble-fête. Si j’ai bien compris, te tuer ici ne suffira pas à venir à bout de toi mais si cela peut t’handicaper alors ça me suffira pour le moment, décréta Senris, la main fermement posée sur la fusée de son arme. Tu vas très vite regretter d’avoir lancé ton rituel ou je ne sais quoi dans cette zone du royaume.