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Cosmos Zero - Partie 1 : La Calamité de l'Amour de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 01/02/2021 à 22:29
» Dernière mise à jour le 01/02/2021 à 22:29

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Fantastique   Mythologie

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Chapitre 2 : Le mage de la mort
Ylliana se rendit vite compte qu’elle avait réellement perdu la main lorsqu’il était question d’escrime. Certes, elle disposait d’une lame divine mais cela ne faisait pas d’elle une bretteuse experte, elle en était bien consciente. Ses mouvements étaient lents, facilement prévisibles par un adversaire qui aurait trop de jugeote, et faciles à contrer. L’adolescente, consciente de sa médiocrité depuis longtemps, restait néanmoins frustrée de se faire dominer à un tel point.

Au cours de la décennie passée, elle avait eu moult occasions de s’entraîner à l’épée avec son compagnon de route et père adoptif Aléandre Nertiloni. Son nombre de victoires contre lui s’élevait à zéro alors que lui-même ne se considérait pas nécessairement doué pour les affrontements singuliers. Ylliana ne possédait pas une importante musculature, le poids d’Arithmédia sur ses bras se faisait très vite ressentir. A quoi bon être la propriétaire d’une arme sacrée si elle était davantage disposée au maniement des couteaux ?

Son opposant du moment n’était autre que Masamune Iscamord, vieil homme approchant les quatre-vingts printemps et pourtant toujours aussi agile malgré son âge avancé. Grand-père de la fratrie des Iscamord, le visage creusé par les rides et les cheveux plus blancs que neige, il fut par le passé un gardien de la paix dans la capitale du royaume de Sindrélia. Il était connu pour sa sévérité lorsqu’il s’agissait d’entraîner des jeunes recrues. Tous ses petits enfants avaient appris à utiliser une arme grâce à lui.

Lors de sa première rencontre avec l’épéiste d’élite, Ylliana se souvint avoir conservé ses courbatures pendant plusieurs semaines. S’il n’élevait jamais le ton, il laissait toutefois son katana parler pour lui. Après cette interaction douloureuse, la jeune fille n’avait plus remis les pieds dans le dojo pendant les six mois qui suivirent. Et pourtant, Masamune n’avait fait aucune remarque à ce sujet, acceptant de l’affronter comme s’ils se voyaient tous les jours depuis l’arrivée d’Ylliana à Alverton.

- Tu as la tête ailleurs, gamine !

Si les deux combattants se défiaient avec leurs lames rangées dans leurs fourreaux, Ylliana sentit tout de même une douleur intense au niveau du poignet alors que le vieil homme la désarmait avec une aisance folle avant de lui donner un coup très rapide dans le genou pour lui faire perdre l’équilibre et la mettre au sol. Lorsqu’il pointa son katana contre la gorge de la jeune fille, cette dernière comprit qu’elle aurait encore bien du chemin à parcourir avant de pouvoir vaincre un tel opposant.

- Tes mouvements ne sont pas fluides, déclara le guerrier à la retraite en s’asseyant à genoux pour commencer sa méditation. Avant de penser à utiliser cette épée en combat, tu dois entraîner ton corps afin de pouvoir la manier. En attendant, je te conseille des armes plus légères.

- Un couteau donc ? s’enquit Ylliana, encore couchée sur le sol.

- Pas nécessairement. Un katana similaire au mien peut également te convenir. Cette arme que tu transportes s’approche davantage du sabre que de l’épée à vrai dire. Tu n’es encore qu’une gamine, elle représente trop pour toi.

S’étant caché dans un coin de la grande pièce pour éviter de se retrouver au cœur du conflit, Charmilly s’en était très vite désintéressé afin de faire la sieste. Lorsque les bruits de croisement de fer cessèrent, il comprit qu’il ne risquait plus rien et s’approcha à nouveau de son amie. Le Pokémon Crème sentait lui aussi qu’une transformation s’opérait lentement chez Ylliana, alors qu’elle s’était effondrée en sanglots le matin même lors de sa conversation avec Naginata.

Charmilly, contrairement aux autres, n’était pas vraiment conscient de toutes les histoires autour d’Arithmédia et d’un possible grand destin qui pouvait attendre Ylliana. Il souhaitait simplement que son amie se sente finalement mieux. Pour la première fois depuis la mort d’Aléandre, il observait une lueur dans le regard de l’adolescente. Lueur faible mais présente. Le Pokémon de type Fée espérait qu’il s’agissait réellement du premier signe de rétablissement d’Ylliana.

- Tu devrais demander conseil à Britfrith si tu as l’occasion de la rencontrer à nouveau. Ce démon pourra sûrement te donner des indications complémentaires aux miennes pour parfaire ton enseignement. Je t’aurais bien entraîné moi même mais je suppose que tu ne comptes pas rester dans le village.

Ylliana lâcha malgré elle un sourire. Elle n’avait que très peu interagi avec Masamune pendant les six mois qu’avait duré son séjour à Alverton et lui-même semblait avoir compris les subtils changements dans le comportement de la jeune fille. Le vieil homme communiquait davantage par l’escrime que par les simples paroles. C’était certainement pour cette raison qu’il s’était forgé une réputation de grincheux alors qu’Ylliana le trouvait presque aimable.

Britfrith Iscamord, la plus jeune de la fratrie des quatre enfants, était de loin la personne la plus dangereuse et expérimentée qu’Ylliana avait rencontré. Son palmarès se révélait aussi incroyable qu’incompréhensible, étant entrée dans l’armée royale dès l’âge de six ans et finissant professeur de l’élite du royaume, l’Ordre Sacré d’Aralon, avant même son dixième anniversaire. Si Ylliana l’appréciait, elle restait consciente que Britfrith était crainte de tous.

C’était Masamune lui-même qui avait pris la décision d’envoyer sa dernière petite fille à la capitale de Sindrélia car elle parvenait déjà à le dominer sans le moindre souci alors qu’elle ne mesurait même pas un mètre. Elle était ce que l’on appelait un génie du champ de bataille, invaincue et transportant de nombreuses armes différentes pour pallier à toutes les situations. Sa réputation traversait largement les frontières du royaume.

- Difficile de savoir où Britfrith se trouve en ce moment, elle voyage un peu partout pour se construire sa propre escouade, songea Ylliana en se relevant. En attendant, je vais suivre les conseils du vieux Masamune et commencer par entraîner mon corps à pouvoir supporter pleinement Arithmédia.

Elle attrapa l’épée divine tombée au sol et accrocha le fourreau à sa ceinture. Pour le moment, elle se contenterait de sa lame habituelle, un cadeau qu’Aléandre lui avait fait. La jeune fille espérait pouvoir apprendre à manier Arithmédia et maîtriser toutes les mystérieuses facultés qu’elle renfermait. Cela permettrait sûrement de compenser certaines de ses lacunes quand il était question d’escrime et prendre des potentiels adversaires par surprise.

Peut-être que l’intervention de la mystique Felastrasia Ulfricientis avait été le déclencheur. Contrairement à ce que tout le monde pensait, y compris elle-même, Ylliana n’était pas une élue d’Arithmédia ni même son propriétaire légitime. Elle n’était personne, juste un grain de sable dans cette plage gigantesque qu’était le monde. Sa seule différence résidait dans les Yeux Sacrés de l’Entre-Vie qui, même s’ils se révélaient extrêmement rares, n’étaient pas uniques.

Son traumatisme causé par la mort d’Aléandre, se jugeant complètement responsable de ce qui s’était passé, ainsi que son prétendu statut d’élue d’Arithmédia, avait fini par avoir complètement raison de son moral. Même si ce n’étaient certainement pas les intentions initiales de la sorcière Felastrasia, elle lui aura permis d’ouvrir les yeux sur la situation. SI elle s’en voulait toujours pour la disparition de l’explorateur, ce n’était pas si grave si elle n’accomplissait rien de grandiose au cours de son existence.

- N’hésite pas à revenir ici si le cœur t’en dit, mon dojo te sera toujours ouvert, déclara Masamune en fermant les yeux, entrant complètement dans sa séance de méditation.

- Merci pour avoir croisé le fer avec moi aujourd’hui alors que j’ai refusé de le faire pendant ces six derniers mois ! s’exclama Ylliana en s’inclinant. Je promets d’appliquer tous vos précieux conseils et de devenir une meilleure épéiste.

Le cœur battant à toute allure, l’adolescente ne tarda pas à quitter le dojo en compagnie de son fidèle partenaire de type Fée. Alors que son invitée disparaissait derrière la porte d’entrée, Masamune entrevit ses yeux bruns perçants pour apercevoir la silhouette d’Ylliana qui s’éloignait. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Décidément, cette gamine lui rappelait grandement Kalatria. Un peu étourdie mais pleine de bonne volonté.



***


Kalatria avait décidé de faire un détour pendant son trajet. Initialement, son objectif était de rallier Alverton avant la nuit pour retrouver sa sœur Naginata. Mais après ce que Senris lui avait révélé lors de sa visite à la forge, elle prit la décision d’enquêter. En tant que chasseuse de primes, la demoiselle vivait grâce aux primes reçues en capturant ou en éliminant des hors-la-loi. Si des villages dans les environs se faisaient attaquer alors elle n’avait aucune raison d’hésiter.

Elle aurait pu attendre le lendemain mais il n’était pas exclu qu’un autre lieu soit envahi au cours de la soirée. La mercenaire préférait ainsi éviter que des vies soient inutilement perdues et en plus, cela lui permettrait de gonfler ses ressources financières qui diminuaient à vue d’œil. Suivant les indications données par son frère, Kalatria avait fini par dénicher des traces de pas laissées dans la boue. Elle doutait qu’elles aient été provoquées par des Pokémon, cela ressemblait nettement à des pieds humains.

Faisant une courte pause dans la forêt pour reposer ses jambes endolories, Kalatria en profita pour regarder de plus près l’arme qu’elle venait d’acheter à Senris pour pouvoir se défendre. Son frère aîné ne lui avait pas menti, il s’agissait d’une lame de mauvaise qualité qui ne manquerait pas de se briser à la première occasion. Elle allait devoir se montrer prudente si elle ne voulait pas avoir à se battre avec l’aide de son couteau de secours, très peu adapté pour les affrontements directs.

- Je sais que je continue de lui casser toutes ses épées par accident… mais il aurait quand même pu faire un effort, songea Kalatria avec amertume. Par sécurité, je vais me contenter d’étudier la situation de loin en évitant d’interférer, sauf si les responsables des attaques sont peu nombreux.

Pour compenser sa maladresse dans l’art de l’escrime, Kalatria s’était durement entraînée aux arts martiaux. Sans aller jusqu’à se vanter, elle pouvait certainement mettre à terre tous les membres de sa famille, tous des bretteurs d’élite à l’exception de sa sœur aînée, juste avec ses mains. Cela lui avait grandement rendu service lors de quelques missions lorsque sa dernière arme était son couteau fétiche qu’elle conservait pour les cas d’urgence.

Après avoir terminé de s’étirer, la mercenaire reprit sa traversée, gardant dans son champ de vision les marques de pieds ancrées dans la boue. Lentement mais sûrement, le soleil déclinait à l’horizon et rendait les explorations plus difficiles. Kalatria commençait à douter qu’elle pourrait rallier Alverton et la demeure de Naginata avant la tombée de la nuit. Devait-elle vraiment privilégier l’étude de ces mystérieuses attaques contre les villages proches plutôt que sa sécurité ?

Elle le savait d’expérience, se promener dans cette forêt en pleine nuit n’était pas la meilleure des idées. Des Pokémon dangereux attendaient souvent le coucher du soleil pour sortir à l’air libre. Kalatria devait admettre ne pas vraiment apprécier les type Spectres, qui se baladaient souvent dans l’obscurité. Si l’invitée de sa sœur arrêtait de passer ses journées à se morfondre dans sa chambre sur la mort de son père, elle aurait pu venir avec elle et utiliser ses yeux magiques comme radar pour contrer les fantômes.

- Tu es vraiment sûr de ce que tu fais ? Provoquer des génocides dans tous les lieux habités dans le périmètre uniquement pour lancer ton rituel ?

- Si ces incompétents de Crânes Noirs avaient réussi à m’apporter Arithmédia, j’aurais pu éviter de recourir à ce plan B. Je sais que l’épée se trouve dans les environs, je peux la sentir. Mais impossible de la localiser avec précision malheureusement.

Ne suivant que ses réflexes, Kalatria s’empressa de sauter dans les hautes herbes pour se mettre hors de portée du champ de vision des propriétaires de ces deux voies. La demoiselle n’était visiblement pas toute seule dans cette zone de la forêt et les quelques mots qu’elle était parvenue à entendre malgré les fréquentes rafales de vent ne lui disaient rien qui vaille. La mention d’Arithmédia, l’épée divine possédée par Ylliana, avait notamment attiré son attention.

- Nous ne sommes pas alliés Daruvilien. Notre seul centre d’intérêt commun est Arithmédia. Tant que tu me laisses la récupérer lorsque tu en auras terminé avec tes bêtises alors je ne te gênerai en rien. Ton ambition est vouée à l’échec en tout cas, sache-le.

- Oh et pourquoi donc, monsieur l’Apôtre de Namideva ? interrogea le dénommé Daruvilien d’une voix profonde mais amusée. Les Calamités ne pourront jamais coexister dans ce monde donc une fois que j’aurais acquis ce rang, je deviendrai un ennemi pour la Calamité de l’Amour que tu cherches à ramener dans le monde des vivants ?

- Jamais Maîtresse Namideva ne perdrait contre un énergumène de ton espèce, Mage de la Mort. Je parlais de ton ambition de devenir une Calamité. Dans l’état actuel des choses, tu ne pourras jamais transcender tes limites pour les rejoindre. Le premier prérequis est d’aimer l’humanité or tu la méprises éperdument.

L’Apôtre de Namideva ne laissa pas le temps à Daruvilien de répliquer et l’abandonna là, disparaissant dans un flash de lumière. Même si Kalatria avait dû plaquer son bras contre son visage pour protéger ses yeux, elle avait du mal à y croire. Ce type venait vraiment de disparaître sans faire appel à un Pokémon disposant de la capacité Téléport. Même si elle avait écouté attentivement ce morceau de conversation du mieux qu’elle le pouvait, la demoiselle devait admettre qu’elle n’avait absolument rien compris.

Calamités ? Namideva ? Kalatria n’était pas férue de mythologies et légendes et pouvait peut-être citer à peine deux ou trois dieux de tête sans se tromper. La seule chose qu’elle pouvait confirmer était que la personne située non loin d’elle en ce moment, le fameux Daruvilien, était responsable de « génocides dans tous les lieux habités dans le périmètre ». Nul doute qu’il s’agissait du brigand mentionné par Senris, Kalatria recevrait une coquette somme si elle pouvait l’éliminer ou le ramener à des autorités compétentes.

A cause de son angle de vue, Kalatria n’avait pas pu observer correctement celui qui s’appelait l’Apôtre de Namideva, dont elle ne connaissait finalement pas le nom. Mais la mercenaire pouvait maintenant contempler son interlocuteur encore présent, le Mage de la Mort. Elle devait admettre que son visage aux traits parfaits ne la laissait pas indifférente. En revanche, tout le reste chez ce Daruvilien lui donnait une apparence grotesque.

Ses cheveux partaient dans tous les sens en conservant une certaine symétrie, ceux sur la gauche étant entièrement d’un noir de cendre alors que les autres brillaient d’un blanc de neige. Son kimono qui tombait jusqu’à ses pieds présentait également de multiples couleurs. Dans un autre contexte, Kalatria aurait pu pensé que ce type était en réalité le bouffon de la famille royale de Sindrélia. Mais ses instincts de guerrière lui criaient de se méfier de lui.

- Alors ? Tu comptes rester cachée encore longtemps, ma petite ? Ce n’est déjà pas bien poli d’épier les conversations, tu aurais pu au moins te joindre à nous. Peut-être même qu’en unissant nos forces, nous aurions pu éliminer ce parasite qui me tourne autour pour prêcher la bonne parole de sa misérable déesse qui s’est laissée dominer par l’amour.

- Je ne comprends rien à ce que vous dites ! pesta Kalatria, peu surprise qu’il soit parvenu à la percer à jour avec une telle aisance. A vrai dire, je traversais cette forêt par hasard et ne cherchait pas vraiment à vous espionner. Mais on dira que ça a joué en ma faveur puisque c’était bien vous que je cherchais.

- Moi, vraiment ? s’étonna Daruvilien, un sourire mielleux et dérangeant dessiné sur son visage élégant. Et que me vaut la visite d’une si charmante demoiselle ?

- Je… commença la mercenaire, les joues rougissantes. Non, tu ne m’auras pas par la flatterie même si tu es sacrément bien séduisant ! C’est toi le responsable des attaques récentes contre les villages des alentours si j’ai bien saisi. Vraiment navrée mais est-ce que tu accepterais de me suivre sans faire d’histoires ? C’est pas très légal de tuer des pauvres paysans qui n’ont rien demandé.

Il la regarda d’un air surpris, comme si la deuxième fille de la fratrie des Iscamord venait de proférer une énorme bêtise. Ne s’étant pas attendue à cette réaction, Kalatria fit brusquement un pas en arrière et posa sa main sur le manche de son épée, prête à dégainer si la situation venait à dégénérer. Elle sentait une aura néfaste se dégager de l’homme qui l’étudiait du regard, comme s’il parvenait à lire au plus profond de son âme. Un frisson parcourut l’échine de Kalatria.

Aussi soudain qu’imprévisible, Daruvilien éclata de rire. Un rire honnête mais qui le ferait presque passer pour un fou. La jeune femme ressentait de plus en plus l’envie de partir en courant. Mais elle comprenait bien que l’homme coloré n’allait pas la laisser s’en aller aussi facilement. Elle tentait d’étudier la zone, aucun Pokémon à proximité ne pouvait la gêner. Si elle sortait sa lame suffisamment rapidement, peut-être pourrait-elle trancher la tête de ce type avant qu’il ne puisse se défendre.

- Ce n’est pas le hasard qui nous a réuni. Ma chère, tu as été en contact avec Felastrasia, je peux le sentir.

- Felastrasia ? répéta Kalatria sans comprendre. Je n’ai aucune idée de qui vous voulez parler.

- Je vois… dans ce cas, tu dois au moins savoir où est localisée Arithmédia, l’épée divine aux propriétés mortelles, renchérit Daruvilien, le regard perçant.

Elle ne répondit pas mais l’expression de son visage devait être parfaitement lisible. Le sourire de Daruvilien s’étira davantage, véritable prouesse physique. Si elle ne comprenait pas qui était cette Felastrasia dont il parlait, elle cernait très bien qu’il était à la recherche d’Ylliana pour lui soutirer son épée. La mercenaire aurait très bien pu vendre la mèche mais hors de question pour elle de mettre Naginata, son époux et sa fille en danger.

Kalatria se doutait bien qu’un tel événement aurait fini par se produire. Une fille en dépression qui sortait de nulle part avec une arme en lien avec les dieux ne pouvait qu’attirer des problèmes en restant au même endroit aussi longtemps. Sa place aurait plutôt été soit à voyager à travers le monde soit directement à la capitale du royaume de Sindrélia. L’élite de l’armée royale, l’Ordre Sacré d’Aralon, était constitué uniquement de chevaliers possédant tous une arme ayant reçu la bénédiction d’une divinité.

- Je ne vais pas mentir en prétendant ne pas être au courant mais je ne vais rien te dire, affirma Kalatria d’un ton ferme en prenant son courage à deux mains.

- Quelle déception… mais en tant que manipulateur de la mort, je me ferais un plaisir d’extirper cette information de tes souvenirs après ton envoi vers l’Outremonde. N’hésite pas à saluer l’Impératrice Shalkidalia de ma part et la prévenir que je ne la rejoindrai pas de sitôt dans son domaine.

Comprenant que la tension venait encore d’accroître, la mercenaire ne se fit pas prier davantage et dégaina sa lame avec une précision incroyable en direction de la gorge du Mage de la Mort. Mais au lieu d’assister à sa décapitation, l’épée de Kalatria passa au travers comme si Daruvilien n’était même pas présent. Elle ne se laissa pas démonter et attrapa dans la poche de sa veste, une des poches qu’elle conservait pour les instants dangereux où elle devait prendre la fuite.

En lançant l’objet contre le sol, elle provoqua un écran de fumée qui persista pendant quelques secondes qui lui permirent de prendre la fuite. Kalatria repartait en sens inverse, consciente que cela l’éloignait d’Alverton et la demeure de Naginata mais la meilleure chose à faire pour le moment était de ne pas donner d’indices au fou qui souhaitait récupérer l’épée d’Ylliana.

Kalatria ne tourna pas la tête, inquiète de savoir si le dénommé Daruvilien était à ses trousses. Elle ressentait une certaine honte à l’idée de fuir un combat mais ses instincts ne la trompait jamais. Cet homme était réellement dangereux, surtout s’il était seul responsable de génocides de villages entiers. Cette façon dont il avait contré son attaque sans même sourciller restait néanmoins très étrange. Ces histoires de rituel et de Mage de la Mort n’étaient peut-être pas des sornettes.

- Je vais me cacher chez Senris pour le moment et envoyer une missive à Aralon le plus vite possible. Ce bouffon n’est pas un simple humain, il constitue une vraie menace. Au moins un Paladin de l’Ordre Sacré ne sera pas de trop si on veut l’évincer.