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Cosmos Zero - Partie 1 : La Calamité de l'Amour de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 25/01/2021 à 17:13
» Dernière mise à jour le 24/02/2021 à 22:23

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Fantastique   Mythologie

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Prologue : La sorcière et l’épée des morts
Elle marchait.

Elle ne savait pas où elle se trouvait ni même où se rendait, elle se contentait d’avancer sans le moindre indice sur sa destination. Aucun son mis à part le bruit de ses pieds qui frottaient l’herbe ne parvenait jusqu’à ses oreilles. La solitude l’envahissait toujours davantage à chaque seconde qui passait, elle aurait bien souhaité hurlé afin de vérifier si quelqu’un d’autre se situait à proximité mais rien ne sortait de sa gorge nouée.

Ylliana cessa subitement de marcher, portant son regard vers le ciel d’un azur limpide. Il n’y a encore pas si longtemps, la jeune fille trouvait le sommeil enveloppée dans ses draps. Un rêve, il ne pouvait bien sûr s’agir que d’un rêve. Dans peu de temps, elle finirait par se réveiller dans la chambre où elle s’était endormie et retournerait à l’existence simple et morose qu’elle désirait mener jusqu’au moment où la mort déciderait de frapper à sa porte.

Pour la première fois, une brise de vent parvint jusqu’à elle, ébouriffant une de ses mèches de cheveux dorés. Une sensation agréable. Si Ylliana n’était pas en permanence envahie par le doute et les remords, elle se serait certainement sentie apaisée dans cette plaine vide où l’horizon s’étalait à perte de vue. Elle n’avait toujours pas pris de décision vis-à-vis de son futur et continuait de retarder l’échéance, songeant inconsciemment que la solution finirait par se présenter d’elle-même.

- Tu fais peine à voir, ma petite.

Ylliana sursauta, arrivée bien trop vite à la conclusion que personne ne pouvait la voir ou l’entendre là où elle se trouvait. Relevant la tête, elle constata alors la présence d’une table en bois protégée de la lumière du soleil par un parasol rose. L’adolescente, certaine d’avoir encore toute sa tête, restait persuadée que cet attirail venait subitement d’apparaître alors qu’elle n’y avait pas prêté attention. Surprise aux premiers abords, elle décida d’en faire abstraction en se rappelant qu’il s’agissait sûrement d’un rêve.

Tranquillement assise, une femme l’observait avec amusement, les mains jointes au dessus de la table. Ylliana croisa son regard avec appréhension, ne sachant pas trop à quoi s’attendre. Un frisson parcourut son échine, elle se sentait mal à l’aise en sa présence. L’inconnue l’invita à s’asseoir sur la chaise laissée vacante en face d’elle. Déboussolée et la tête remplie d’interrogations, la jeune fille ne se fit pas prier. Cet étrange rêve lui paraissait de plus en plus réel au fur et à mesure que le temps avançait.

- Cela fait une éternité que je souhaite te rencontrer, chère Ylliana. Je suis ravie d’avoir enfin pu entrer en contact avec toi, figure-toi que ce n’est pas ma première tentative mais tu es compliquée à contacter.

- Excusez-moi mais… je ne sais pas qui vous êtes.

La femme lâcha un sourire narquois, s’étant visiblement attendue à cette remarque. Elle ne répondit pas immédiatement, continuant d’étudier son interlocutrice de ses yeux noirs qui étincelaient de curiosité. Le silence s’installa et devint rapidement pesant pour la demoiselle déboussolée qui ne comprenait rien à ce qui se passait. Se mettant à regarder ses pieds, Ylliana songea qu’elle ferait mieux de se réveiller au plus vite et commença à se pincer le bras.

- Inutile de te faire du mal comme ça, intervint l’inconnue en réprimant un rire. Nous ne sommes pas dans un rêve. Pour être franche, nous ne sommes pas vraiment dans la réalité non plus. La raison pour laquelle nous pouvons communiquer de la sorte réside dans tes fameux yeux.

Instinctivement, Ylliana posa la main non loin de son œil valide. Depuis environ une décennie, elle avait acquis malgré elle la faculté d’interagir avec les phénomènes paranormaux. Une faculté qu’elle aurait adoré abandonner mais avec laquelle elle apprenait douloureuse à cohabiter. Depuis la perte de son œil droit dans un accident qu’elle n’arrivait pas à oublier, son pouvoir ne se manifestait qu’à partir de celui qui restait. Cela n’en diminuait cependant pas vraiment les effets.

- Mais si les Yeux Sacrés de l’Entre-Vie sont la cause de notre rencontre alors cela veut dire que…

- Que je suis décédée ? Mon cas est compliqué mais on peut dire ça, admit la femme en passant la main dans sa longue chevelure blanche. Mais nous devrions peut-être commencer par les présentations, ma petite Ylliana. Je me prénomme Felastrasia Ulfricientis et le titre que l’on me donnait de mon vivant était celui de la « Mage du Savoir ».

- La… mage ?

- Oui, ce n’est plus vraiment d’actualité à votre époque. Mais crois-moi, une communauté de magiciens existait bel et bien. Je te passe les détails mais disons qu’un jour, ils ont décidé de séparer mon âme de mon corps pour la placer à l’intérieur d’Arithmédia. Je suis donc à un stade entre la vie et la mort si on peut dire mais c’est suffisant pour que tes yeux utilisent leur faculté.

La dénommée Felastracia Ulfricientis ajouta avec amusement que la communauté de mages où elle résidait par le passé avait décidé de brûler son corps après l’expérience pour ne laisser aucune trace. Ylliana frissonna de dégoût mais décida de ne pas insister là-dessus pour son propre bien. Son esprit regorgeait de questions et elle souhaitait profiter du fait que son interlocutrice soit encline à donner des réponses. A commencer par sa relation avec l’épée divine Arithmédia.

L’arme légendaire Arithmédia avait fait partie intégrante de l’existence d’Ylliana depuis plus d’une décennie. Son père adoptif, le défunt explorateur Aléandre Nertiloni, s’était mis en tête de la retrouver par tous les moyens alors que la légende racontait qu’elle reposait dans un sanctuaire envahi par les fantômes. Les Yeux Sacrés de l’Entre-Vie possédés par Ylliana étant le seul moyen de progresser dans ce lieu hanté, Aléandre avait requis son aide.

- Tu penses à ce qui s’est passé lorsqu’Arithmédia t’a choisie je suppose ? demanda soudainement Felastrasia, donnant la désagréable impression de pouvoir lire dans les pensées.

- La légende raconte qu’Arithmédia appartenait autrefois à l’Impératrice de la Mort Shalkidalia, je ne vois pas ce que vous venez faire là-dedans, admit Ylliana, perplexe.

- Et cette légende n’est pas erronée, je t’assure. En revanche, ce n’est pas Shalkidalia qui plaça son épée dans le sanctuaire hanté. Initialement, elle avait offert Arithmédia à notre communauté de mages en guise de cadeau. Si elle a fini dans ce lieu maudit, c’était pour avoir une certitude que je ne trouve pas un moyen de m’échapper. Mais comme je n’ai pas de corps physique, cela aurait été difficile, ces maudits mages prennent vraiment trop de précautions.

Instinctivement, Ylliana fit reculer sa chaise comme si s’éloigner de quelques centimètres suffirait à la protéger si jamais Felastrasia décidait de l’attaquer subitement. La fameuse Mage du Savoir parlait sur un ton très désinvolte comme si son vécu se révélait banal et sans intérêt. Mais pour la jeune fille, aucun doute n’était possible. Un être dont l’âme avait été scellée au sein d’une arme avant d’être laissé dans un sanctuaire infranchissable sauf dans certaines conditions avait forcément quelque chose à se reprocher.

Felastrasia fut surprise d’une telle réaction mais ne s’en offusqua pas outre mesure. Elle se contenta de sourire alors que le regard d’Ylliana à son égard se faisait de plus en plus méfiant. Après tout, une personne qui ne connaissait rien de l’antique communauté des mages ne pouvait pas connaître tous les méfaits attachés à leur nom. Même si Felastrasia elle-même était probablement allée trop loin dans ses manigances au point d’être reniée par son propre peuple.

- Ma pauvre Ylliana, inutile de réagir de la sorte. Tu as déjà oublié ce que je t’ai dit, je ne suis qu’une âme enfermée à l’intérieur de ton épée. Même si j’en avais envie, je ne pourrais rien te faire. Même en entrer en communication avec toi est particulièrement ardu, je ne sais pas vraiment si je parviendrai à accomplir cela de nouveau.

- Mais pourquoi entrer en contact avec moi, justement ? questionna l’adolescente avec prudence sans pour autant rapprocher sa chaise de la table. Jusqu’à preuve du contraire, nous ne nous connaissons pas.

- Je vois, tu veux directement parler affaires. Dans ce cas, mieux vaut commencer par le commencement. Te souviens-tu dans quelles circonstances tu es devenue la propriétaire légitime d’Arithmédia ?

Ylliana pouvait difficilement oublier ce passage de sa vie qui était responsable de toutes ses tourmentes. Alors qu’elle commettait une énorme bêtise en affrontant un adversaire bien trop fort pour elle, ses actions égoïstes avaient entraîné la mort prématurée de son père adoptif, qui avait pris soin d’elle depuis la disparition de ses parents biologiques. L’Impératrice de la Mort Shalkidalia était soudainement apparue et avait fait de la jeune fille la propriétaire légitime de son épée.

Elle était parfaitement consciente que cette affaire finirait par lui attirer des problèmes un jour mais malgré tout le ressentiment qu’elle éprouvait envers elle-même et Arithmédia, elle ne pouvait pas se résoudre à s’en débarrasser. Aléandre avait dédié toute sa vie à localiser le sanctuaire hanté où elle avait été cachée pour mettre la main dessus. Ylliana pensait que jeter la lame ne ferait qu’entacher la mémoire de son père adoptif, et elle s’en voulait déjà suffisamment d’avoir provoqué son décès.

- Je vois… donc c’est comme cela que tu as interprété la chose, nota Felastrasia, toujours sans quitter son sourire provocateur. En réalité, Shalkidalia se fiche éperdument de son épée. Elle est confinée dans son Outremonde pour gérer les morts et n’a que faire des vivants. C’est moi qui a tout orchestré.

L’apparition de l’Impératrice de la Mort auprès des compagnons de voyage d’Ylliana partis à sa recherche puis lors du sacre de cette dernière, tout était du fait de Felastrasia. Elle expliqua qu’il n’y avait pas de raison particulière derrière son choix autre que les Yeux Sacrés de l’Entre-Vie de la jeune fille. En tant que mage, elle arrivait à interagir de façon très limitée avec le monde extérieur mais seul un possesseur du regard spécial pouvait entrer en contact avec elle.

- Tu as l’air déçue, tu pensais réellement être une élue d’Arithmédia ou quelque chose dans le genre ? s’étonna Felastrasia. Navrée de te l’apprendre mais ça n’existe pas.

- Mais si cette illusion de Shalkidalia est de votre ressort, alors c’est de votre faute si Aléandre est mort ! s’exclama Ylliana en haussant le ton pour la première fois. Si vous n’étiez pas intervenue pour le mener jusqu’à moi… à l’heure actuelle, il serait toujours là…

- Et toi, tu serais morte par ta bêtise, rappela la sorcière sans prêter attention au changement de tempérament de son interlocutrice. Tu possèdes les Yeux Sacrés de l’Entre-Vie, ma petite. Ton existence est donc plus importante que celle d’un humain lambda, c’était sa vie ou la tienne. N’essaie pas de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre alors que tu es la principale responsable de sa mort.

La blonde frappa du poing contre la table en bois. Elle voulait répliquer mais n’y arrivait pas. Même si cela la torturait de l’admettre, sa déplaisante partenaire de conversation touchait juste. Si elle n’était pas partie de son côté afin de tenter d’accomplir une vengeance qu’elle n’avait pas les moyens de réussir, sa situation actuelle serait très différente. Si le sourire de Felastrasia avait disparu de son visage, elle ne faisait néanmoins pas preuve de compassion pour Ylliana.

La Mage du Savoir décida donc d’en venir aux faits. Comme Ylliana avait fini par s’en douter, le but ultime de Felastrasia était de revenir à la vie et donc de retrouver un corps physique. Mais la détentrice des Yeux Sacrés ne voyait pas du tout comment elle pouvait accomplir un tel miracle, même si elle en avait envie. Son pouvoir lui permettait d’interagir avec le paranormal mais si ressusciter un mort était possible, elle aurait déjà ramené Aléandre depuis longtemps.

- Si votre communauté a décidé de vous brûler et implanter votre âme dans une épée scellée dans un sanctuaire hanté, ça doit être pour une bonne raison. Si j’acceptais de vous aider, vous allez sûrement vouloir détruire le monde, le conquérir ou tout autre objectif des gens de votre espèce !

- Conquérir le… répéta Felastrasia, surprise avant d’éclater de rire. Ylliana, tous les mages sont des salauds. J’ai été traitée de la sorte parce que je m’apprêtais à découvrir le secret de l’immortalité. Vois-tu, nous avons une très longue espérance de vie mais nous mourrons comme tout le monde. Et au final, je me suis fait devancée par ce maudit Daruvilien…

- Je ne vois pas ce que vous aider m’apporterait. J’en ai marre de toutes ces histoires, je veux simplement rester tranquille.

- Tu ne seras jamais tranquille, ma pauvre. Mais le temps commence à nous manquer, nous aurons l’occasion d’entrer davantage dans les détails à notre prochaine rencontre. En attendant, je te conseille de te méfier du Mage de la Mort. Il est à ta recherche… ou plutôt à la mienne. Tu vas certainement le rencontrer très bientôt.

Ylliana n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Son environnement devint progressivement d’un blanc de neige. La table, la chaise où elle était assise, même l’herbe sous ses pieds. Tout disparaissait. La Mage du Savoir ne se trouvait même plus en face d’elle, même si son visage moqueur était encore gravé dans l’esprit de la jeune fille. La nuit d’Ylliana venait de se terminer et cette dernière se réveilla, retournant au monde qu’elle avait toujours connu.