Jour 8 : Il pleut des cadeaux, par Khlass
Je vis au Mont Abrupt. Vous savez, ce volcan à Sinnoh situé à côté d’aucune ville ? Eh bien c’est ici chez moi, c’est tranquille, personne n’est censé venir m’enquiquiner puisque je suis loin de toute civilisation. Du moins, c’est ce que je croyais jusqu’au mois dernier…
Bon, je vous remets le contexte : j’habite dans le volcan (oui, oui, dedans) parce qu’il fait chaud et que j’ai toujours eu peur de choper la gastro dehors. Donc depuis une dizaine d’années, je m’y suis installé. C’était franchement dur au début, j’avais du mal à m’habituer aux fortes chaleurs. L’enfer ! Mais bon, mon type m’a bien aidé, je suis solide comme un roc !
Bref, passée cette acclimatation, je menais ma petite vie peinard. De la roche pour me nourrir, pas besoin d’eau étant hydrophobe, personne pour m’embêter, le coin par-fait ! Et puis le drame…
Un jour, je suis sorti deux minutes par le cratère. Le niveau du magma avait augmenté le temps d’une sortie footing de Ronflex. Et voilà pas que je me retrouve avec un rhume, mais un rhume à en décorner les Corayon ! Et Arceus sait combien ils ont de cornes les Corayon ! Trente-huit je crois. Sans compter ceux qui se font tromper par leur conjoint, enfin bref, cela ne nous regarde pas.
Ce coup de froid a déstabilisé mon métabolisme et j’ai eu la pire quinte de toux de ma vie ! Mais ça encore, c’est rien à côté de ce qui suit ! A un moment, à force de tousser, j’ai eu un glaire qui est remonté. Un mollard pour ceux qui préfèrent. Un bon gros truc bien fat, comme un corps de Coquiperl bien visqueux, vous visualisez ? Eh bien ce machin, je l’ai craché dans le lac de magma en contrebas et là, je crois que ça l’a perturbé ! Dans les minutes qui ont suivi, j’ai vu des choses impressionnantes ! Le lac s’est en partie cristallisé -STALLISÉ-, ce qui l’a fait se contracter, et la couche solide a plongé dans le liquide, des remous sont apparus, avec visiblement des poches de gaz qui étaient prisonnières au fond et qui sont remontées. Le bordel pas possible, moi qui vous parlait de gastro tout à l’heure, on aurait dit un estomac vraiment très concerné là…
J’ai eu à peine le temps de sortir du cratère que l’éruption a suivi. J’avais pas envie de mourir cramé et englouti dans la lave donc j’ai dû me résoudre à sortir. Tu parles, l’éruption était si violente que des lames de lave me sont retombées dessus, et bon finalemnt, ça ne m’a fait ni chaud ni froid. Tout compte fait, je pouvais peut-être me trouver un petit recoin à l’intérieur du cratère… du moins ce qu’il en restait, mon beau cône avait mué en une espèce de mitochondrie atteinte de sclérose en plaques. Oui, bon, je sais que j’ai un vocabulaire qui choque, mais j’ai un profond respect envers les mitochondries.
Je trouvais enfin mon bonheur au sein de ma montagne fumante et pensais pouvoir vivre ma vie d’avant l’éruption. Je ressortais une dernière fois jeter un œil dehors, histoire de mater un bon coup le superbe paysage nouvellement décoré par mon pote volcanique. Oh la la l’erreur les amis ! (Bon attention, c’est une formule de politesse, hein, n’allez pas croire que vous êtes réellement mes amis). Déjà, en ressortant, je me suis pris plusieurs morceaux de lave rejetés par des bulles éclatant à côté de moi, mélangés aux premiers minéraux solides déjà formés, à savoir une sorte de minerai ferreux gris platine. Je me sentais bizarre, comme surélevé progressivement car la lave se solidifait petit à petit sous mes membres. Ma tête était aussi en train de se métamorphiser et j’avais les yeux qui commençaient à piquer. C’est alors que j’ai vu deux choses : la première, mon reflet dans de l’obsidienne nouvellement formée. Je commençais à m’admirer puis m’écriais « Hé ! Étran... » J’ai été coupé par ma deuxième vision, des humains situés au sommet de la colline voisine et tirant une de ces tronches, à réveiller un Mastouffe. Moi aussi j’avais la bouche ouverte et la lave que j’avais sur moi à ce moment-là est rentrée dans mon orifice buccal, ce qui m’a fait vomir. Lorsque j’ai relevé la tête, les humains avaient déguerpi et je les voyais courir à toutes jambes vers la vallée. Mais ça encore, c’est rien à côté de ce qui suit…
Nous revoilà aujourd’hui. Actuellement, il pleut dans mon volcan. Il pleut des cadeaux. Des offrandes de toutes sortes : des pierres précieuses, de la nourriture, des poffins, des parapluies… Non mais, vous vous rendez compte ? Allô, il pleut des cadeaux ! Non mais allô quoi, comme dirait Nabil là. C’est Noël avant l’heure dans mon antre, ça a un côté magique, vous ne trouvez pas ? Ne manque plus qu’un petit sapin, des guirlandes et Mariah Carey.
En réalite, tout est perdu à jamais puisque ces présents sont soit instantanément engloutis par le lac soit poussés par mes soins quand ils obstruent mon passage. Et au sommet, je vois des mains humaines balancer tout ça comme si j’étais leur dieu. Je venais enfin de le comprendre ça. A cause de l’épisode de l’autre jour, où l’on m’a vu, les humains me prennent vraiment pour une divinité et m’envoient ces « cadeaux » en gueulant un truc du style « pour le Dieu étran » ou « itran ». Un truc comme ça, je ne sais pas, il y a trop d’écho mêlé au grondement du volcan. Ca me fait doucement rire parce que le jour où je me prends un Poichigeon rôti sur la tronche, là ils vont m’entendre. Mais je ne m’explique toujours pas les parapluies…
Enfin bref, vous connaissez mon histoire, moi, Caratroc solitaire devenu légende. Je me demande maintenant si Arceus, ce ne serait pas juste un Rattata qui s’est retrouvé coincé dans un Zarbi H finalement.