Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Calendrier de l'Avent 2020 de Comité de lecture



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 06/12/2020 à 11:51
» Dernière mise à jour le 06/12/2020 à 11:51

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Jour 6 : Le Père Noël est prié de la boucler, par Ramius
C’est à cause d’un coup d’téléphone, en fait. J’me rappelle très bien où j’étais quand j’ai reçu c’t appel du démon. Ah et tout d’suite : je colle un poing dans la gueule du premier sataniste qui vient m’les briser à soutenir que « le démon » c’est un terme trop fort pour ça. J’appelle ça un appel du démon si j’veux !

Ouais donc. J’étais en train d’lire le journal, histoire de savoir vaguement à quel point l’monde va mal, dans ma salle à manger. C’tait y’a quelques mois, donc les conneries en cours, c’était le conflit diplomatique débile entre Unys et Galar, les manifestations d’fin d’année à Kalos, les modifications inutiles sur la loi sur la protection tout aussi inutile d’ces pauvres et faibles p’tits Pokémon, et puis une pandémie sur quelques autres Régions pourries, c’t à croire qu’les hôpitaux sont incapables de dresser des Pokémon pour utiliser Soin. Pas assez d’fonds, j’imagine, mais on s’en fout, de toute façon le journal ça sert qu’à déprimer un bon coup pour supporter une nouvelle journée d’chômage. Pour ça que j’le regarde jamais à la télé, d’ailleurs. En plus c’est encore pire.

Et puis là, tout d’un coup, j’ai entendu c’tte saloperie d’téléphone qui s’met à beugler à travers tout l’studio. J’ai cru qu’c’tait le détecteur de fumées, c’tait pas beaucoup moins agressif. Même en enfermant ces trucs dans une boîte étanche, on les entend encore, donc j’avais pas trop d’aut’ choix que de décrocher. Vous pouvez souhaiter bonne chance au crétin v’nu m’énerver dès sept heures du mat’.

« Allo ? a fait la voix d’ma sœur à l’aut’ bout du fil. Norvert ?

— Ouais ? Qu’est-ce’ tu m’veux ?

— Salut Norvert, ça fait plaisir d’entendre ta voix.

— Menteuse. Ça fait plaisir d’se faire tirer du lit par un coup d’téléphone. Vraiment, j’apprécie beaucoup c’tte attention.

— Tu me saoules déjà, Norvert.

— T’avais qu’à pas appeler.

— Justement, ça me fait de la peine… C’est pas vraiment un moment de l’année pour rester seul comme tu le fais.

— Je vais très bien, merci, c’est gentil d’poser la question.

— Écoute, peut-être que toi tu t’en fous que personne ne vienne te voir. Mais moi ça m’attriste de savoir que des gens comme toi existent, et je ne supporte pas de penser que certains puissent être encore plus coupés du monde.

— Donc tu t’sens obligée de garder l’contact, juste histoire d’t’assurer que j’crève pas de faim tout seul dans mon trou.

— C’est tes mots, mais c’est ça, oui. Bon… Tu es au courant que c’est Noël ?

— Rien à foutre !

— Ne te vexe pas comme ça, voyons. J’ai décidé que cette année, je t’envoie un cadeau.

— Certainement pas, d’toute façon tu sais très bien qu’y m’plaira pas !

— Rien ne te plaît, c’est bien ça le problème !

— Bah m’envoie rien, ça m’va très bien.

— Ce n’est pas la question. Mon Cadoizo t’apportera un cadeau de Noël chaque année pour garder le lien, et peu importe si je me fais engueuler dans l’affaire. Sois gentil et ne brutalise pas cette pauvre bête, hein ?

— Il ne passera pas la fenêtre de mon appart’ !

— Par Arceus, Norvert ! Tu es vraiment invivable !

— J’espère qu’j’ai foutu ta journée de travailleuse modèle en l’air ! T’avais qu’à pas m’appeler. Ton piaf ne mettra pas une plume dans mon appart’.

— Si. Bonne journée et à l’année prochaine, Norvert.

— C’est ça, à perpète. »

Évidemment, elle m’avait d’jà raccroché au nez. J’aurais p’têt dû lui envoyer un « Ta gueule ! » bien senti, mais ça n’aurait rien changé au fait qu’elle l’aurait pas entendu. J’ai jamais l’dernier mot dans c’tte famille d’abrutis. T’vas voir que j’recevrai un coup d’fil le Noël après mon enterrement, juste pour m’empêcher de me casser proprement.

Je n’supporte aucun de ces crétins, ils peuvent tous aller s’faire voir. Malheureusement ça s’rait de l’indécence sur la voie publique, les gens bien n’font pas ça.

C’tait pas tout ça, mais j’avais maint’nant un problème. Comment empêcher le piaf de v’nir me r’filer le cadeau d’ma sœur ? Vous pouvez me traiter d’crétin si vous voulez, z’aurez pas tort, en tout cas l’était hors de question d’laisser le cadeau d’c’tte peste arriver chez moi. Si j’l’avais déballé, elle m’aurait demandé s’il était bien, où j’l’avais jeté ou c’qui aurait pu m’faire plaisir à la place, donc des coups d’téléphone interminables. J’préférais poser clairement la situation tout d’suite : je refuse les cadeaux d’Noël.

J’ai rapidement vérifié quel jour on était. Eh ouais, les pauvres chômeurs comme moi qui vivent aux crochets d’la société ont tendance à perdre la notion du temps, il paraît. C’est du pipeau, j’savais pas mieux quel jour on était quand j’bossais.

Quoi, mon boulot ? Qui est l’abruti pinailleur qu’a posé la question ? Nan mais j’me d’mande pourquoi j’m’embête à raconter, hein… Bon, ok, j’étais garde de nuit pour un truc quelconque du gouvern’ment. J’ai jamais cherché à comprendre c’que ces pourris manigançaient derrière leurs grilles, j’étais juste là pour le salaire. Ils m’ont viré quand ils ont appris que j’tirais à vue pendant mes tours de garde. Allez, laissez-moi raconter maintenant.

Bref, ce foutoir, c’était l’vingt décembre : la peste avait bien préparé son coup. J’aurais jamais eu l’temps d’faire poser des barreaux à mes fenêtres, et l’Cadoizo s’rait entré en cassant la vitre s’il le fallait. J’savais très bien que j’pouvais compter sur ma sœur pour lui en donner l’ordre. Donc, je d’vais dissuader l’piaf d’lâcher son colis dans mon appart’.

Y’avait pas trente-six solutions : pour convaincre un Pokémon de pas jouer au plus malin, ‘faut l’mettre K.O. Surtout s’il est aussi borné qu’ma sœur. Mais heureusement, j’aurais pas eu à faire ça à main nues : pour une fois, mon abruti de clébard allait servir à quelqu’chose. D’ailleurs, le coup de téléphone l’avait réveillé aussi, il m’regardait avec un air de crétin complet figé sur sa face de Malosse depuis sa litière.

« C’est ça, j’lui ai dit. Me fais pas ces yeux-là, toi au moins tu supporte ton lit. J’te sortirai t’t’à l’heure. »

Il s’levait pas avant midi, d’habitude. La grande difficulté des quatre jours qu’j’avais avant l’arrivée du piaf de l’enfer, c’était d’faire comprendre à Carpette le Malosse qu’il allait devoir attaquer un autre Pokémon. J’crois bien qu’il a jamais compris qu’j’étais son Dresseur, il est trop débile pour ça.

Qu’est-ce tu dis, Frédo ? Ben non, ça s’rait encore plus con d’le cogner pour lui faire comprendre ! J’me ferais mal en lui tapant dessus, d’jà, et ensuite, il s’rait capable de fuguer. C’est bon, j’peux reprendre mon histoire maintenant ? C’est ça ouais, ta gueule.

Donc, le jour d’l’appel, j’ai emmené Malosse dans un club de Dressage ouvert à n’importe quel passant, dans la rue. Ils m’ont quand même demandé mon nombre de badge, j’t’en ficherai des clubs ouverts. C’tait quand même évident que c’tait pas avec Carpette qu’j’allais battre un Champion ! Donc ils m’aiguillent vers une salle pour débutants, merci à eux, c’est pas parce que mon clébard est un crétin qu’il va casser du matériel. Il faudrait être costaud pour casser des trucs.

Allez, je raconte rapidement parce que certains trouv’ront ça drôle. Rigolez pas, c’est juste lamentable.

J’ai commencé par d’mander à Carpette de lancer des Flammèches sur quelques poteaux d’entraînements. Bah vous savez quoi ? Il a fait l’beau. J’lui ai d’mandé d’faire le beau, il s’est assis. J’lui ai d’mandé de s’asseoir, il a ronronné. J’étais en train d’m’arracher les cheveux quand les types du club sont v’nus m’chercher pour m’foutre à la porte comme quoi j’me foutais de leur gueule. Le lendemain, y’m’ont même pas laissé rentrer.

C’jour-là, on était donc le vingt-et-un. J’l’ai passé en demandant à Carpette de faire Flammèche sur une gouttière, comme la moitié d’la veille d’ailleurs. Il a rien voulu entendre et a d’mandé à r’monter au studio. Le seul truc qu’il a fini par accepter d’faire, c’tait de pisser sur la gouttière, et à c’moment-là les voisins avaient appelé l’concierge de l’immeuble, qui m’a promis qu’y m’foutrait à la porte si j’continuais. J’ai ramassé Carpette et on est rentrés chez moi en l’ignorant. Méritait pas mieux.

Donc le vingt-deux, en m’levant, j’avais plus qu’deux jours pour convaincre Carpette de coller une raclée au piaf de ma sœur. Il me fallait pas grand-chose, hein, un Cadoizo c’est pas spécialement un Pokémon fort. Une p’tite Flammèche ça aurait été assez. Mais impossible d’la faire cracher à ce foutu clébard.

C’tait carrément un problème. J’ai passé la journée à chercher un plan, peu importe quoi. Hors de question d’recevoir un cadeau d’Noël, c’est la période la plus insupportable de l’année et après si t’en a pas envoyé un en retour t’es en dette. Je hais Noël. Ouais, le reste de l’année c’est pas mieux, mais Noël c’est vraiment l’pire.

Le vingt-trois, j’suis descendu dans un bouge du front d’mer qui prétendait vendre tous les trucs chimiques qu’on pouvait vouloir acheter. J’espérais qu’ils auraient des stéroïdes pour Pokémon Chien, ou un truc dans l’genre.

« B’jour, j’ai lancé d’mauvaise grâce depuis la porte. Vous vendez vraiment tout c’dont on peut avoir besoin ?

— Bien sûr, monsieur. Tenez, imaginons que vous soyez quelqu’un cherchant quelque chose dont la consommation ne serait pas très bien vue, eh bien nous pourrions sans doute vous arranger ça. Du moment que c’est légal, aucun problème pour nous !

— Vous auriez des trucs pour rendre un Malosse agressif ?

— Quelques-uns. Il faut modifier son caractère, ou bien juste l’énerver un bon coup ?

— La deuxième, j’attends un visiteur qu’j’ai pas envie d’voir. »

Là j’me suis dit : j’aurais pas dû dire ça, donc j’ai ajouté rapidement un truc qui fasse moins suspect. Ça m’énerve quand même carrément qu’on puisse pas dire les choses comme elles sont, y’a toujours un connard pour s’vexer et crier au scandale.

« Enfin, j’veux surtout lui faire peur un bon coup, hein. Pas spécialement envie qu’mon chien m’bouffe moi.

— Pas de problème ! que l’vendeur m’a fait avec un grand sourire. Il y a pas mal de décoctions de Baies qui auront des effets semblables, mais elles peuvent dépendre du caractère de votre Pokémon.

— Flemmard. Et crétin.

— D’accord, ce sont des traits souvent observés chez les spécimens Relax… Je vais vous donner de l’extrait de Mago. Normalement, cela rendra votre Pokémon furieux pendant quelques minutes, et aussi assez excité. Est-ce que cela vous ira ?

— Ouais, j’prendrai ça. Combien j’vous dois ? »

Mais vous vous en foutez d’cette partie-là, hein ?

Bref, le vingt-trois à minuit, j’me suis posté à ma fenêtre avec l’flacon rose dans ma main. Drôle d’idée qu’un truc rose puisse rendre un Pokémon agressif, mais j’en sais trop rien sur tous ces trucs de Dresseurs professionnels. Et j’ai donc attendu qu’le piaf pointe sa sale trogne. Il allait en voir des vertes et des pas mûres.

Il est arrivé très tôt, le soleil d’vait être levé depuis un ou deux quarts d’heure. J’suis sûr qu’ma sœur lui avait donné ses consignes, depuis l’autre bout d’la Région, quelqu’chose comme « passe la nuit dans la ville et va voir Norvert à l’aube en venant d’puis l’est ». Sauf que je supporte pas mon lit, donc j’peux m’lever à l’heure que j’veux. On peut pas m’surprendre en s’levant d’bonne heure.

J’ai réveillé Carpette d’un grognement, et j’l’ai convaincu d’avaler l’jus de Baie. Il a eu l’air d’aimer, mais quelques s’condes après il était tout bizarre, comme un type bourré. Pendant c’temps, j’avais ouvert la fenêtre, histoire que l’aut’ satané piaf se sente bien accueilli, ou même comme chez lui. Ça s’est vite mis à cailler, mais d’toute façon il faisait jamais chaud dans mon immeuble. On paie c’t imbécile de concierge, mais pas le chauffage.

Quelques s’condes plus tard, le Cadoizo a fini par s’poser à ma fenêtre avec un cri tout joyeux. Carpette a pas aimé c’tte intrusion dans son espace de vie et lui a sauté à la gorge.

Et les deux Pokémon sont tombés jusqu’à la cour avec un bruit d’craquement dégueulasse.

Ça a dû réveiller l’concierge, parce qu’il était vraiment pas content quand il est sorti dans la cour et s’est mis à gueuler. Moins d’une heure après la police m’embarquait en garde-à-vue. Quant au tribunal, ils ont rien voulu entendre et m’en ont mis pour un an. Sans faire traîner l’affaire, en plus, il aurait pas fallu qu’une modification d’loi vienne raccourcir ma peine.

Voilà, j’ai fini et c’est pas trop tôt ! C’est bon bande de dalleux, vous savez comment j’suis arrivé dans votre prison. Maintenant allez harceler quelqu’un d’autre, j’veux plus voir vos sales trognes.

Ta gueule, Frédo ! T’es d’jà pire que mon immeuble entier à toi tout seul !