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Generation Kids de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 19/09/2020 à 01:20
» Dernière mise à jour le 20/09/2020 à 17:16

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008 - Impasse
L’auditorium était rempli à craquer dans cette université de Céladopole. Les étudiants étaient venus en nombre pour écouter.

Le professeur arriva.

- Bonjour à tous… eh bien, je suis content de voir que notre sujet du jour vous intéresse. Bien, pour la conférence de la semaine, nous accueillons le président directeur général d’une agence de renseignement ouverte récemment : Le chef du GKA, Léo !

Léo entra sous une salve d’applaudissements de la part des étudiants. Il s’installa au pupitre avec quelques notes et sortit Evoli qui se posa sur le bureau à côté.

- Bonjour à tous… Bien, je vais me livrer à une présentation claire et précise de la Generation Kids Agency… Tout d’abord, les Generation Kids. Tous les 151 ans, il nait une poignée d’enfants dits « spéciaux ». Lorsqu’ils capturent un ou plusieurs Pokémon, ils leur confèrent le don de parole ainsi que la libération de leur plein-potentiel. On en dénombre une grosse quarantaine dans le monde, trente-deux étant recensés officiellement et affiliés au Gouvernement Mondial. La plupart sont très connus, comme le soldat Grell, l’influenceuse Cordelia, la doctoresse Parvedy ou encore le multi-athlète Kévin. On les désigne uniquement par leur prénom, leurs noms de famille sont généralement censurés du domaine public afin de protéger les familles. Comme le phénomène résulte d’une transmission héréditaire qui relève de l’atavisme – je ne vais pas me livrer à un cours de génétique, rassurez-vous – il a été jugé préférable par le Gouvernement de cacher aux yeux de l’histoire les noms de famille des principaux intéressés.

Léo inspira.

- Afin de monter mon agence, j’en ai recruté huit. Si on s’en tient au référencement officiel gouvernemental : Le numéro 6, Billy, dit « Le Danger Public de Céladopole ».

***

Billy se projetait un film avec Porygon2 dans son bureau, entouré par Strassie, Piafabec, Clamiral et Drackhaus.

- Rhalala… le cinéma d’Ondes-sur-Mer… ça, c’est du cinéma !

***

- Le numéro 8, Deandra, dite « L’éruption du Mont Couronné »

***

Deandra ouvrit la porte du bureau de Billy, à moitié bloquée par Clamiral.

- Mais qu’est-ce que tu fous ?! On est censés faire l’archivage avant l’audit !
- J’suis occupé ! souffla Billy.

Deandra lâcha la porte. Billy mangea une cacahuète. La porte explosa, éclatée par Pérégrain qui monta sur le bureau de Billy en hérissant sa fourrure. Deandra entra par le trou ainsi créé en grimpant sur Clamiral.

- L’archivage !
- Bordel…

***

- Le numéro 13, Hobbes, dit « La bibliothèque vivante d’Atalanopolis »

***

- Et on peut savoir pourquoi vous ne faites rien ?! grommela Sherry.
- J’avoue… même Sherry a mis la main à la patte… souffla Jasper.

Nanméouïe, Débugant et Roussil aidaient à la tâche tout comme Darumacho, Pikachu et Lucario. Hobbes lisait un bouquin.

- Je vous supervise. Je suis le chef administrateur, Léo m’a demandé de vous superviser en son absence.
- Oui bah ça veut pas dire rien foutre ! Si Arianne était là…

***

- Le numéro 3, Arianne, dite « Le venin du désert »

***

- Mais pourquoi vous me tuez pas ?!!

Arianne se baladait dans la Forêt de Jade, sa cible piégée dans la bouche d’Avaltout qui se déplaçait avec elle.

- Parce que je veux éviter un certain travail et que ça m’arrange si ça dure un peu trop longtemps.
- Arceus !
- Eh, au moins je ne vous torture pas.
- Bah, en quelque sorte, si, je vais mourir et vous me faites poirauter, c’est de la torture !
- Toujours quelque chose à redire… souffla Arianne.

***

- Le numéro 17, Jasper, dit « L’éleveur Grand-Duc »

***

- Comment on peut avoir autant de documents à archiver, on a commencé depuis à peine six mois… soupira le gros bonhomme.

***

- Le numéro 26, Sherry, dite « L’Eclat Magique de Volucité »

***

- C’est à cause de tous leurs rapports, des notes de frais, des bilans de mission, tout est imprimé et consigné… si ça tenait qu’à moi, tout ça ce serait poubelle ! grommela Sherry.

***

- Le numéro 11, Farouk, dit « L’insaisissable »

***

Farouk faisait le ménage, tranquillement dans les locaux. Il vit l’activité dans la salle d’archives et regarda son Chinchidou.

- Tu vois, c’est pour ça que j’ai pris le poste de technicien de surface.
- Nettoyer ! couïna le Pokémon.

***

- Et enfin, la numéro 22, Monday, dite « La fille au Mewtwo »… les épithètes ne sont parfois pas très inventifs.

***

Monday arriva en voyant Deandra traîner Billy jusqu’à la salle d’archives.

- Monday, tu tombes bien. Archivage ! ordonna Deandra.
- Oh… euh, bah, okay…

***

- C’est une numérotation établie par le gouvernement mondial pour des raisons de simplicités de classement – et, spoiler alert, c’est purement pour les classer par ordre alphabétique – en effet les Generation Kids ont des comptes à rendre auprès du Gouvernement. Afin d’être jugé digne de confiance pour pouvoir les dompter et les maîtriser sans risque, j’ai dû faire l’acquisition d’Arceus…

Les élèves sortirent leurs téléphones. Léo agita les mains.

- Je ne vais pas le sortir ici !
- Oh s’il vous plait !
- Allez, monsieur !
- Non, non et non. Vous n’imaginez pas tout ce que j’ai dû faire pour en arriver là, je ne peux pas sortir Arceus à la légère !
- Ah ouais ? Genre quel genre de trucs vous avez dû faire ?

Léo inspira lourdement.



***

Chapitre 8 - Impasse

***



Eh bien disons qu’au départ, j’étais un simple petit gringalet qui vivait dans un chalet bourgeois au fond d’une impasse sur la route 25, à Kanto, au-dessus d’Azuria.

- Léo, mon petit Léo !

Comment définir mes parents… eh bien ma mère pensait que j’étais la chose la plus précieuse qui soit et que je devais être protégé à tout prix.

- Mon bébé, mon enfant mon petit chéri !
- J’étudie, maman…
- Oui, tu étudies, tu es un garçon tellement intelligent et incroyable, tu feras de grandes choses, de grandes, grandes choses !

Et mon père…

- Ecoute ta mère, fiston.

J’étais en effet un enfant chétif à la santé fragile. Enfin, on m’avait toujours dit ça. Maman m’avait toujours dit ça et papa n’avait clairement pas envie d’avoir sa propre opinion sur moi. Disons que j’ai grandi dans le coton, quoi. J’étais juste un peu émotif et j’avais peur de l’orage, voilà tout. Je faisais mes études par correspondance parce que nous étions éloignés de tout. Et mon temps libre, je le passais à regarder les informations.

« Et dans l’actualité, un cargo s’est écrasé sur un rocher prisé par les Stalgamin. L’accident n’a fait que des blessés, fort heureusement. »

Et évidemment je voyais des Stalgamin morts flotter dans l’eau, donc c’est qu’il y avait plus que des blessés. Mais à l’époque, les journalistes ne parlaient que des humains morts, pas des Pokémon. Et surtout, voir tout ça aux infos…

« Guerre à Rhode-Sud : Les preneurs d’otages ont tué les Pokémon de la garderie et se sont fait exploser lorsque la police a refusé de céder à leurs demandes »
« Faits divers : Un jeune homme de Céladopole arrêté suite à des violences sexuelles sur son Caninos »
« Chaque année ce sont des dizaines de Pokémon abandonnés et livrés à eux-mêmes »
« Ouest-Rivamar autorise l’esclavage de Pokémon sous certaines conditions suite à un vote du conseil municipal »
« Les châtiments corporels sur ses Pokémon sont-ils immoraux, c’est la question que se pose ce petit village au sud de Lavanville »

- Ouiiiiiiiiiiiiin !
- Léo, que se passe-t-il ?
- Les pauvres Pokémon !! Pourquoi on fait tout ça, pourquoi on leur fait du mal ?!
- Tu pleures pour ça ?! s’étonna son père.
- Ouiiiiiiiiii !

Considérant leur fils comme trop sensible, mes parents ont resserré la vis et m’ont encore plus reclus. J’ai appris l’informatique parce que les ordinateurs étaient des appareils complexes et les comprendre me faisait me sentir important. Mais à mes onze ans, j’avais reçu un cadeau qui allait changer ma vie.

- Comme tu adores les Pokémon, nous t’offrons un Evoli ! sourit ma mère.
- Comme ça tu vois à quel point nous sommes de bons parents ! sourit mon père.

Evoli devint alors mon premier et mon seul véritable ami. Que je voulus protéger plus que tout. J’avais dans l’idée d’inventer un programme informatique pour le protéger, et donc pour digitaliser le contenu d’une Pokéball dans un ordinateur. C’est ainsi qu’à l’âge de quinze ans, j’ai créé le système de stockage de Pokémon, ma propre entreprise ainsi que fondé ma réputation de petit génie de l’informatique…


Léo agita la tête.

- Ce qui paradoxalement, n’est qu’un détail de l’histoire de mon agence. Oui jeune fille ?
- En gros vous reprochez à vos parents de vous avoir surprotégé ?!
- Je leur reproche de m’avoir surprotégé tout en me laissant entrevoir les horreurs de ce monde. Comme je n’avais jamais voyagé, ma seule fenêtre c’était la télévision. J’étais un enfant très stressé et très paranoïaque, et mes parents avaient géré ça à leur manière…

- Le docteur a dit que ces pilules te feront du bien !
- Ecoute ta mère, fiston !


- … c’est-à-dire comme des manches. Je continue.

Alors que je grandissais et que je devenais un adolescent, mes parents se sont mis en tête de me marier pour que je prenne mon indépendance. J’ai dit précédemment que j’avais créé ma propre entreprise mais j’en étais le seul employé. Ils m’ont alors pris des stagiaires parce que vous vous doutez qu’avec 900 Pokémon et quelque, le référencement des données informatiques, ça prenait du temps. J’avais donc droit à de magnifiques jeunes femmes pour me tenir compagnie et travailler avec moi…

- Monsieur Léo, ça vous dit d’aller dîner après le travail ?
- Aller dîner où ? La gouvernante va nous servir à dix-neuf heures !
- … euh…
- Remettez-vous au travail, la base de données ne va pas se remplir toute seule.

… et disons que ces mesdames ont sacrément souffert !

- Vous êtes très mignon vous savez !
- C’est quel Pokémon, « Vousêtestrèsmignonvoussavez » ?
- … euh…
- Remettez-vous au travail.

Et même beaucoup souffert pour certaines.

- Mais enfin, monsieur Léo, je vous aime, ça ne vous fait rien ?!
- On perd du temps sur la deadline que je me suis imposée, c’est tout ce que ça me fait.

J’étais à l’orée de l’adolescence et mon désintérêt pour la gent féminine aurait dû éveiller les soupçons de mes parents, qui se sont contentés de dire :

- Tu ne fais pas d’efforts ! C’est presque à croire que tu œuvres pour nous décevoir !
- Mais enfin, fiston, elles ont super mignonnes ces stagiaires qu’on t’a ramené !

Ma mère regarda mon père, outrée.

- … enfin, si j’étais pas marié c’est ce que je dirais !
- Hmph ! Le professeur Chen EN PERSONNE m’a dit qu’il avait un stagiaire à proposer, je suppose que plutôt qu’une jolie jeune femme, tu préfèreras un austère inconnu !
- S’il travaille au lieu de me draguer, oui, largement ! répondis-je.


- Ironie, ironie, quand tu nous tiens… marmonna Léo, nostalgique.

***

Au bureau, Billy grommela en remplissant une boîte et en marquant dessus ce qu’il y avait.

- J’en ai marre ! Pourquoi on archive même les requêtes refusées ?!
- Pour garder un suivi… marmonna Hobbes qui s’était attelé au listing pour donner le change.
- Tout devrait être informatisé de base, pourquoi on a des dossiers papier ? soupira Jasper.
- C’est Léo qui veut ça… souffla Deandra.
- Comment un mec qui a créé un système de stockage informatique peut avoir un tel amour du papier ?! grommela Monday.

Billy inspira.

- Il est un peu vieux-jeu sur les bords. Toutes les datas du système de stockage ont été remplies à la main, il a refusé de copier-coller ce qui existait déjà, il a créé les données existantes à partir de rien.

Tout le monde se tourna vers Billy qui haussa les épaules.

- Du coup ça peut se comprendre qu’il veuille qu’on garde une trace papier, pour qu’on ait une trace même si le réseau saute ou se fait pirater.
- Et si le bâtiment brûle ? pesta Sherry.
- Si le bâtiment brûle on a toujours le réseau, Sherry… marmonna Deandra.
- Euh, pas si l’armoire réseau brûle… marmonna Jasper.
- Vous me donnez mal au crâne, je comprends mieux les colères de Léo pendant les réunions… soupira Hobbes.
- C’est tellement drôle de le faire tourner en bourrique. Il part au quart de tour pour un rien… sourit Billy.
- Ouais bah tu devrais lui lâcher la grappe… admit Deandra.
- C’est un jeu entre nous…

Sherry plissa les yeux.

- Vous êtes drôlement bavard, dites…
- C’est cet archivage, ça me saoule. Du coup je préfère encore parler du passé.
- Parlez-vous de vous et de monsieur Léo, ça devait être chaud comme du tabasco ! sourit Sherry.
- Sherry, plus de boulot, moins de ragots… pesta Hobbes.
- Vous le connaissez depuis quand au juste ? demanda Jasper.

Billy inspira.

- On avait seize ans.
- Haooon ! roucoula Sherry.
- C’était un peu après qu’il ait créé son système de stockage. Il avait besoin de quelqu’un pour le référencement des données, ses anciennes stagiaires ne lui convenaient pas, alors le professeur Chen en a eu vent par ses parents et m’a recommandé.

Monday plissa les yeux.

- Alors, le référencement dont vous parliez tout à l’heure…
- Bibi. Et c’est même pas à ça que je dois mes quatre étoiles !

***

Ma mère lui ouvrit. Il ressemblait à un clodo. Il avait fait une espèce d’effort pour s’arranger mais ça se voyait qu’il était négligé. Il avait les cheveux roux en bataille, il était mal rasé, il sentait le renfermé à cause de ses habits qu’il lessivait peu, vu sa vie de vagabond qui passait son temps à observer les Pokémon…

- … Nous n’avons pas d’argent !!
- Je suis le stagiaire recommandé par le professeur Chen.
- … Arceus ! Entrez, mais dirigez-vous vers la salle de bains !
- Chérie, voyons…
- Hmph… Léo vous attend dans ses appartements !

J’ai oublié de préciser qu’une aile de la maison était consacrée à mes activités d’entreprise et que de fil en aiguille, j’avais fini par y vivre. Ce qui n’avait évidemment pas arrangé les relations parentales.

Billy avait abandonné mes parents, tout choqués qu’ils étaient, et entrepris une visite de la maison. Il avait heureusement trouvé mon aile rapidement.


- Oui jeune homme ?
- Comment vous savez que ça s’est passé comme ça, vous étiez pas là…
- Mauvaise question. Je continue.

Quand il est entré, je l’ai regardé, interloqué. J’ai d’abord cru à un cambrioleur.

- … qui êtes-vous ? Sortez immédiatement ou j’appelle la maréchaussée !
- Je suis le stagiaire. Billy.

Je l’observais un peu mieux. Il avait mon âge mais il semblait tellement plus mûr, tellement plus grand et fort que moi… et il dégageait quelque chose de particulier. Bien sûr je ne pouvais pas sentir qu’il était un Generation Kid mais je sentais qu’il avait quelque chose de spécial.

- Oh. Je suis Léo. Vous allez devoir vous habiller convenablement pour travailler.
- Non.

Je haussai le sourcil, courroucé.

- Pardon ?
- C’est quoi le boulot ?
- Je vous supervise, vous êtes prié de vous adresser à moi correctement !
- Non. C’est quoi le boulot ?
- Ne me répondez pas ainsi ! Habillez-vous convenablement pour travailler et ne me parlez pas de cette façon !
- On perd du temps. C’est quoi le boulot ?

Voyant que la conversation n’avançait pas et que monsieur avait un fort caractère, je cédai.

- Le système de stockage est un succès à travers le monde, repris par de nombreux collègues. Comme j’ai cependant tout le contrôle sur la structure du système, je veux agrémenter le système d’un réseau d’une base de données existantes complète sur tous les Pokémon.

Billy avait haussé les sourcils.

- Ah. Cool.
- De fait, j’ai besoin d’un stagiaire présentable.
- Nan, t’as besoin d’un stagiaire qui bosse.
- Les autres stagiaires étaient toutes irréprochables sur leur présentation, cela ne peut pas être aussi compliqué pour vous !
- Bah si. On commence par quoi ?
- … Je veux que chaque dresseur puisse trier ses Pokémon comme il l’entend, et donc créer une base référentielle sur les plans numériques, alphabétique et typique.

Billy acquiesça.

- J’ai juste les connaissances minimum en informatique.
- Il s’agit juste de saisir des données…
- Bah ça devrait le faire. Ordonnancement du Pokédex International ?
- Tout à fait.
- Je commence à Bulbizarre, donc.
- Si vous voulez bien, oui.

Il avait saisi un ordinateur et s’était attelé à la tâche sans que j’aie à le former. Et son zèle s’est avéré être une source de stimulation incroyable.

- Vous pouvez aussi les classer par nature et par statistiques.
- … fantastique… s’étonna Léo. Vous avez fait tout ça en une semaine ?
- Bah ouais.
- … c’est formidable ! Nous avons grandement avancé ! Chaque Pokémon a sa propre fiche !
- J’ai rajouté quelques petites données issues du Pokédex également.

Moue désapprobatrice de ma part.

- J’avais dit pas de sources extérieures !
- Pas si c’est moi qui ai apporté ces données à la base.
- Vous avez complété le Pokédex ?
- Au sens d’ajouté quelques détails sur à peu près chaque Pokémon du continent, ouais. J’ai bossé avec le professeur Chen quand même.
- Fantastique ! Vous êtes une perle ! Mes parents ont eu du nez !

Au départ je ne me souciai pas trop de savoir s’il prenait du plaisir à travailler avec moi, je savais qu’il était missionné par le professeur Chen et je me doutais donc qu’il restait ici par corvée. Il profitait d’une chambre en trop qui aurait dû être un bureau pour un éventuel employé, sauf que personne n’est jamais vraiment resté et que nous travaillions dans la même pièce. Il avait donc investi le bureau, c’est-à-dire qu’il avait posé un futon au sol et qu’il dormait là. De temps en temps, il sortait sur le devant de la maison pour s’occuper de ses Pokémon. Je n’y prêtais pas attention, je savais juste qu’il prenait beaucoup de temps pour s’occuper d’une vieille femelle Florizarre.

Une de mes habitudes de travail ne tarda pas à l’embêter.

« Et dans l’actualité, la tragique résolution de l’affaire de l’Azumarill… »

J’étais anxieux, ce pauvre Azumarill qui avait disparu et que son maître cherchait désespérément…

« … qui a donc été tué accidentellement par son dresseur qui l’a enterré dans le jardin d’une voisine… »
- Arceus !! geignis-je, effondré.

Billy tolérait ma mauvaise habitude d’écouter les actualités pendant le travail habituellement, mais cette fois…

« La police soupçonne l’accident domestique, des traces de coups ayant été repérées sur le Pokémon en question. »
- C’est trop affreux !!

Billy avait relevé la tête, j’étais en larmes.

- … sérieusement ?!
- Arceus ! Je vous demande pardon !
- Mec, arrête d’écouter ça tous les midis, tu te fais du mal !
- La souffrance des Pokémon m’insupporte, j’aimerais mieux souffrir à leur place !

Billy grimaça.

- C’est… noble, mais tu peux rien y faire, vieux.

Il me parlait très familièrement. Comme nous avions le même âge, il tenait à effacer entre nous la barrière hiérarchique que j’essayais d’instaurer. J’avais consenti à ce que nos rapports soient plus cordiaux mais j’avais tenu à garder le vouvoiement.

- Vous vous moquez de la souffrance des Pokémon ?
- J’ai absolument pas dit ça, mais si j’y pense tous les jours, c’est un coup à déprimer toute ma vie. Faut avancer.
- … vous êtes dresseur, n’est-ce pas ?
- Je suis chercheur de profession mais je ne rechigne pas à un petit combat de temps en temps. Même si j’y prends pas trop de plaisir…
- Vos Pokémon souffrent en combat. Les Pokémon de vos adversaires souffrent !

Billy plissa les yeux, prit un stylo et me le balança en pleine figure.

- AOW ! Vous êtes malade ?!
- Vous souffrez, là. Tout le monde souffre. Faut juste apprendre à vivre avec.

Billy se remit au travail. J’avais été perturbé par cet échange.

Nos journées se ressemblaient et notre relation devenait de plus en plus cordiale et légère. J’en abandonnais mes manières au bout de quelques mois à travailler avec lui.

- Les formes régionales sont une plaie. Je suis franchement pour leur faire une page séparée sur la base de données !
- On ne peut pas… soupirai-je. C’est la même espèce, juste avec un type et des attaques différentes…
- Pour les formes classiques on fait bien des pages séparées !
- Non, on fait des sous-pages. Enfin, ça dépend, selon les cas c’est juste des onglets. C’est tellement compliqué !
- Grave. Faudrait qu’on sorte faire un truc.

Je haussai le sourcil, intrigué.

- Pardon ?
- Y’a un festival à Azuria ce soir, non ?
- Le Festival Azumao, la fête des Poissoroy, oui… mais euh…

Billy m’observait. Je baissai la tête et sortis l’excuse habituelle :

- … j’ai beaucoup de travail et… je n’ai pas le droit de sortir comme ça, sans prévenir…
- C’est une blague ?
- Papa et maman tiennent à ce que je devienne un bon héritier de leur fortune. Il faut que je demande une autorisation pour sortir, et ça ne doit pas être trop long…
- Je me répète, pardon : C’est une blague ?
- …
- Léo, t’as seize ans, faut que tu sortes et sans demander à tes darons. On va faire le mur.
- Non… en plus je vais rater les infos.
- Léo, bordel !
- Cesse d’être aussi vulgaire, tu sais que je déteste ça ! Tu es bien assez intelligent pour t’exprimer sans grossièretés !
- J’arrête si tu acceptes de faire le mur avec moi ce soir pour aller au festival.

Je plissai les yeux, courroucé.

- Du chantage ?
- Plutôt un marché ! Qui nous profite à tous les deux. Je ne jure pas et on va prendre du bon temps !

Je grommelais :

- Très bien, nous irons.
- Génial. Voilà qui va t’aérer.
- Je suis très bien aéré comme je suis !

Billy ricana. Je relevais les yeux vers lui, amusé.


- Evidemment, je ne savais pas encore que je tombais amoureux de l… oui ?
- Euh, excusez-moi, et ne vous vexez pas, mais c’est vraiment utile de nous raconter ça ?
- Oui, absolument.
- … mais euh, vous pourriez juste nous dire que vous êtes sortis ensemble et que ça vous a donné l’idée de créer l’agence !
- C’est beaucoup plus compliqué que ça.
- C’est pas l’impression que ça donne.
- Eh bah si. Parce qu’à ce moment, j’ignorais que Billy était un Generation Kid.

Ahanement des élèves. Léo regarda Evoli, interloqué.

- Quoi ?! Bah quoi ?!
- Fallait le dire avant, faut pas le dire après coup, c’est pas ça raconter une bonne histoire !
- Je raconte comme je veux et je n’ai aucun compte à vous rendre là-dessus ! Si ma façon de raconter vous déplait, la porte est là !

Les élèves ne bronchèrent pas. Léo grommela.

- Je continue. Donc, le soir même, nous faisons le mur…

- C’est complètement interdit, je vais me faire disputer…
- Justement, c’est d’autant plus amusant.

Le Piafabec de Billy supervisait notre fuite en faisant le guet. J’étais intrigué.

- Les Piafabec sont des Pokémon diurnes il me semble, comment peut-il si bien voir la nuit ?!
- Oh, euh… ma Piafabec est dressée spécialement pour ça. Hein ma jolie ?

Piafabec hocha la tête. Le professeur Chen avait déconseillé à Billy de dévoiler sa vraie nature à moi ou ma famille. Mes parents auraient pu tenter d’exploiter son pouvoir d’une façon ou d’une autre.


- Ouiii ?
- Mais vous, votre agence, vous exploitez leurs pouvoirs en quelque sorte !
- Pour le bien commun. Ne me lancez pas là-dessus, j’ai un argumentaire béton.
- Si les Generation Kids avaient fondé une agence par eux-mêmes, le débat n’aurait pas lieu, en fait…

Léo regarda l’élève voilée qui venait de poser la question. Elle haussa les épaules en regardant Léo qui inspira.

- Je continue parce que je suis censé être là pour vous expliquer comment j’ai créé l’agence, pas pour un débat sur la morale et l’éthique…

***

Le groupe rangeait les boîtes d’archives par ordre alphabétique avec les Pokémon.

- Le moment déterminant, ça a été le festival Azumao à Azuria. C’est un évènement qui se déroule chaque année. On y célèbre le Pokémon Poissoroy dans une fête ancestrale à laquelle tous les habitants sont conviés. De base j’avais caché mon identité de Generation Kid, je me faisais passer pour un simple chercheur…

***

Nous avions pris des sucreries sur un bâton et nous sommes baladés entre les stands du festival. C’était une soirée magnifique d’été, il faisait très bon, et partout des bocaux contenant des Poissoroy exposaient les plus belles espèces.

- Je ne savais même pas que ça pouvait faire cette taille ! m’étonnai-je.
- Les plus grosses espèces peuvent atteindre les trois mètres de la corne au bout de la queue. Tout dépend des conditions de vie. La taille des Pokémon est très relative, dans le Pokédex on liste la taille moyenne de l’espèce dans sa globalité. Dans les conditions optimales, certaines espèces peuvent atteindre le double de leur taille moyenne.

Billy me regarda alors que j’étais fasciné.

- Quoi ?
- Rien, c’est… passionnant ! Que tu en saches autant sur une espèce relativement… insignifiante.
- Il n’y a pas d’espèce insignifiante, on en a déjà discuté. Tous les Pokémon sont dignes d’amour.
- Oui, oui, bien sûr… Oh, des acrobaties !

On s’était postés devant des Poissoroy qui sautaient dans des cerceaux et par-dessus des obstacles. J’avais souri et m’étais pressé contre Billy.

- J’ai jamais passé une aussi belle soirée ! Merci !
- De rien. C’est bien de bosser dur mais faut savoir s’amuser un peu aussi.
- Hm.

Je m’étais pressé contre lui sans faire attention. J’ignorais que j’étais homosexuel à l’époque, bien sûr, n’ayant jamais rien connu d’autre que le travail et la vie familiale. Mais l’amitié de Billy était la première vraie source d’affection que j’avais eue. Mes parents me protégeaient beaucoup trop, Billy était la première personne à se comporter normalement avec moi.

Des cris se firent entendre. On se tourna vers l’aquarium avec l’énorme Poissoroy qui était en train de se faire enlever par des types avec un Bouldeneu.

- On vous l’emprunte, on prend sa corne et on vous le rend !
- Mais sans sa corne, il meurt ! geignit une des gérantes.
- Pas notre problème !

Gros choc de ma part. Alors ça existe ? Ces horreurs que je vois aux infos, ça existe en vrai ! Je suis resté tétanisé, horrifié par le comportement de ces gens. C’était complètement insensé à mes yeux qu’on se permette, comme ça, publiquement, de s’en prendre à un Pokémon.

- Arrêtez ça.

Et là, il s’est dressé, tel un super héros…

- Nan !
- C’était pas une question.

Piafabec trancha les lianes de Bouldeneu et le frappa d’un Bec Vrillé. Billy sortit Florizarre qui récupéra Poissoroy avant sa chute au sol pour le remettre dans l’eau.

- Merci monsieur !
- Putain mais de quoi je me mêle ?! Sale petit con, tu te prends pour…

Artikodin, Electhor et Sulfura se dressèrent devant les voleurs pour les effrayer.

- Bordel de merde c’est qui ce gosse ?
- On se barre !!

Les Pokémon disparurent et Porygon2 cessa de diffuser ses hologrammes.

- Ce truc de merde ça marche vraiment que sur les zozos de cette espèce…
- Tu m’étonnes !

Billy regarda Piafabec en serrant les dents. J’avais entendu la femelle oiseau parler, mais j’étais surtout impressionné par…

- Vous êtes incroyable, Billy !! Vous les avez défaits en un rien de temps !
- C’est normal, j’allais pas les laisser faire ça.
- Merci beaucoup d’avoir sauvé Poissoroy, monsieur !
- C’est rien, c’est normal. Continuez à vous amuser…

Billy s’éloigna, l’air de rien. Je réalisai soudain que…

- Hey, mais, votre Piafabec a parlé tout à l’heure !

Billy grommela.

- N’importe quoi. T’as des hallus.
- Je sais ce que j’ai entendu. Et maintenant que j’y pense, ses mouvements étaient incroyables…
- Je suis chercheur et très bon en dressage, voilà tout.
- Et je ne savais pas qu’un Porygon2 pouvait diffuser des hologrammes !
- Le mien, si, j’ai installé la mise à jour.
- … Vous êtes…
- Chut. Tais-toi.

Je regardais Billy, bien froid et distant tout à coup. Je revenais à son niveau.

- Vous êtes un Generation Kid ! chuchotai-je.
- Hmph…
- Vous êtes un de ces dresseurs exceptionnels qui sont super forts et qui parlent aux Pokémon !
- Léo, stop. Je veux pas parler de ça…
- Oh, d’accord.

Je me tus, donc. Billy semblait embarrassé. Je le regardai, intrigué par son malaise. J’inspirai.

- Mais du coup, qu’est-ce que vous faites à bosser chez moi ?!

Billy me regarda.

- Le professeur Chen pensait que ce serait formateur. À part m’obliger à me raser et m’habiller correctement tous les jours, ça change rien.
- Oh…
- Mon vrai but c’est de remporter la Ligue Pokémon pour avoir l’autorisation de consulter les archives secret-défense.

J’en eus le cœur serré. Notre rencontre n’était que le fait d’une recommandation de son mentor. C’est là que je compris que j’avais nourri des sentiments trop grands. Billy inspira et vit une échoppe.

- Vin chaud ? Comme ça on va voir le concours du plus beau Poissoroy ?
- Euh… oui, volontiers…

***

Une fois rentrés, Billy avait pris congé dans ses quartiers tandis que je m’étais remis à ma vieille passion funeste. Quand il s’est levé en pleine nuit, il m’a surpris.

- Tu fais quoi là ?!
- Oh, euh…

Je m’essuyais les yeux.

- … je voulais absolument savoir où en était cette guerre en Rhode Australe…
- Mais bordel, on vient de passer une super soirée et tout ce qui t’intéresse c’est de pleurer devant les infos ?!
- M… Je voulais juste…
- Tu voulais juste quoi ?! Tu crois que tu vas avancer en t’abreuvant en permanence de souffrance ?! Léo, merde !

Je me relevai en regardant Billy.

- Tu pourrais arranger ça, toi ! Avec tous tes pouvoirs !
- Hein ?
- Tu es un Generation Kid. J’ai fait des recherches. Vous êtes une poignée dans le monde, et vous êtes placés sous contrôle gouvernemental tellement vous êtes puissants ! Tu pourrais renverser la balance, changer le monde !

Billy me regarda, halluciné.

- … tu fumes des trucs et tu partages même pas ?!
- Je ne plaisante pas ! Tous les jours aux informations, je vois le crime gagner du terrain, je vois les Pokémon être de moins en moins protégés, je vois les méchants gagner et le mal l’emporter ! Ce alors que notre monde dispose d’une telle puissance qui pourrait être mise au service du bien commun !!

Billy leva les yeux au ciel.

- Va te coucher. Tu délires.
- Non. Et désormais, j’ai un but. Plus tard, j’aurais des Generation Kids sous mes ordres et j’en ferais des super-héros pour protéger les Pokémon.

Billy agita la tête.

- Bah voyons.
- Et tu en feras partie !
- Jamais de la vie. Tu débloques, va dormir.
- Non. Je vais réfléchir à mon plan, je dois noter tout ça !

Billy me regarda partir vers les ordinateurs. Il haussa les épaules.

- Si ça te fait plaisir...


***

- C’est comme ça qu’est née l’idée.
- Donc c’est ta faute.

Billy regarda Hobbes.

- Plait-il ?
- C’est parce que tu l’as engueulé quand il regardait les infos qu’il a développé l’idée. C’est ta faute à toi !
- Je l’ai influencé vaguement…
- Si tu avais fermé ton clapet, Léo serait obèse, fusionné à son canapé et il pleurerait encore devant les infos ! Et nous, on serait tranquilles !

Billy regarda Sherry qui étiquetait les boîtes.

- Non mais j’ai juste été un vague élément déclencheur, c’est pas moi qui…
- Non, je confirme, sans vous, il n’aurait pas bougé le petit doigt… souffla Jasper.
- Je les rejoins, c’est votre œuvre ! admit Monday.
- Carrément mais il ne l’admettra jamais.

Tout le monde se tourna vers Deandra qui inspira en regardant Billy.

- Raconte-leur la suite !
- Hmph. Bon, après ça, Léo n’avait pas lâché son idée, bien au contraire, au point où j’ai dû me coltiner tout son taf.

***

- Je tiens à dire que c’est vraiment pas sympa.
- C’est facile pour toi, avec tes pouvoirs. Si tu avais fait ça depuis le départ, on n’aurait passé qu’une semaine ensemble.

Je continuais à mettre mon plan en œuvre. Les Generation Kids étant naissants, je devais envisager de constituer une liste et de voir quels seraient les plus faciles à recruter. Il me fallait aussi une certaine puissance pour les garder sous contrôle, et également nouer des liens étroits soit avec le Gouvernement Mondial, soit avec le puissant Comité Olympe.


- Est-ce que je dois expliquer ce qu’est le Comité Olympe ?

Les étudiants semblaient résignés.

- Ok. Le Comité Olympe est un groupe de douze puissants magnats qui détiennent à eux seuls la totalité du monde. Ils sont en quelque sorte les sous-ministres du Gouvernement Mondial. Ils sont notamment les superviseurs globaux des Generation Kids. C’est à eux qu’on demande des comptes quand un Generation Kid sort des rails. Dans l’idéal de mon plan, il aurait fallu que je rentre dans le comité Olympe. Mais ce n’est possible que par la naissance. Et je n’étais pas descendant d’un membre du comité Olympe, à aucun degré possible. La seule instance au dessus du comité Olympe, c’est Arceus. Mais j’y reviendrais.

Billy se lassa très vite de mon délire et avec l’aide de Porygon2, il acheva la base de données du système de stockage à lui tout seul. La logique aurait voulu qu’il s’en aille, mais il tint à avoir une discussion avec moi.

- Ecoute, je comprends ton objectif, c’est noble et tout ça, mais c’est trop difficile pour un seul homme. À moi tout seul, je ne ferais pas l’affaire, tu devras en récupérer au moins huit ou neuf pour couvrir le monde entier, ça va te prendre des lustres, et en tant qu’humain normal, tu n’auras jamais la puissance nécessaire pour faire ça !
- Je sais, je suis en train de me préparer pour.

Billy baissa la tête.

- C’est de la folie. Repense à tout ça, je t’en conjure.
- Tu as terminé ton travail, Billy, si tu veux partir, tu peux. Cela rendra mon objectif plus compliqué mais j’ai pensé à ça aussi.
- Hmph… Je vais récupérer mes Pokémon dans le jard…

Un cri se fit entendre. Billy et moi relevâmes la tête.


- C’était Rosie. La vieille Florizarre de Billy. Elle était en train de mourir.

Les étudiants se regardèrent.

- Mais euh… en tant que Generation Kid…
- Rosie n’était pas à lui. Elle bénéficiait de son talent mais n’avait pas la parole et n’avait pas de marge de progression comme les autres. Et son espérance de vie était normale, comme un vrai Pokémon.

- On n’a rien pu faire, Billy… geignit Piafabec.
- Peut-être que vous ne devriez pas voir ça, maître… marmonna Drackhaus.

J’étais horrifié. Billy approcha de la vieille Florizarre qui ne tenait plus sur ses pattes. Essoufflée, elle commençait à se décomposer, formant des fleurs autour d’elle. Billy approcha, nonobstant le danger potentiel de se retrouver pris dans la végétalisation occasionnée par le décès du Pokémon.

- Rosie… Rosie, ma belle, tout va bien…

Elle regarda son dresseur, affaiblie. Billy grimaça et me regarda en hurlant :

- RESTE PAS COMME CA, APPELLE UN MEDECIN !

Je grimaçai et regardai Piafabec et Drackhaus qui secouèrent la tête. J’approchai avec Billy.

- Billy, il faut… il faut te préparer à lui dire au revoir…
- TU VOIS POURQUOI ELLE EST DEBILE TON IDEE ??

Je reculai.

- TU PEUX PAS TOUT RESOUDRE, MEME AVEC DES SUPER POUVOIRS !!

Je reculai d’autant plus, laissant Billy pleurer sur son Pokémon mourant.

- J’suis désolé, Rosie ! J’aurais voulu t’emmener plus loin !! Tu méritais mieux !

Elle se mit à parler dans sa tête.

« Tout va bien, maître. J’ai vécu une belle vie. »


Une étudiante avait levé la main. Léo grommela.

- Il me l’a raconté après !! Arrêtez de me les briser !! Bordel ! Si vous êtes pas contents, glandez sur vos téléphones !
- Déjà fait…
- Je continue !

« J’ai attendu longtemps le retour de mon premier dresseur, mais à présent, je sais que mon seul véritable dresseur, c’était vous, maître. »
- … Rosie !

Billy resta contre elle un long moment. J’avais appelé quelqu’un, effectivement, mais pas un médecin.

***

« Je suis désolé, Billy. C’est bien que tu sois resté avec elle jusqu’au bout. »

Billy était tout penaud devant le visiophone à parler au Professeur Chen.

- On… on a fini la base de données, avec Léo, je… je pense que je vais reprendre mon voyage.
« Si tôt ? Billy, tu as le droit de faire une pause… »
- … je… je sais plus…
« Léo a peut-être besoin d’aide sur d’autres tâches… »
- Il est obsédé par le fait de réunir des Generation Kids pour fonder une équipe de super-héros ou je sais pas quoi…
« Ah… il l’a appris… »
- Je sais pas trop quoi faire.
« Repose-toi et ensuite tu feras ce que tu dois faire. Prends bien soin de toi, Billy. »
- Merci, professeur.

Billy éteignit le visiophone. Je lui avais servi un thé.

- Merci…
- Si je peux faire quoi que ce soit…

Billy inspira en me regardant.

- Ta présence est suffisante.
- O… ok…

Billy avait donc squatté quelques temps, errant sans but chez moi. Inutile de dire que mes parents se posaient des questions.

- Vous accueillez un vagabond ! Son travail est terminé, il doit partir, Léo !
- M… Il est en deuil, mère, je n’ose pas…
- Eh bien après ces politesses, vous l’évacuez. Pas de vagabonds chez nous. Nous ne sommes pas là pour accueillir la misère du monde !

Billy passait aussi du temps dans le jardin. En mourant, Rosie y avait laissé un monticule fleuri qui constituait sa tombe. Le corps des Florizarre morts devient un puissant agent fertiliseur qui crée des fleurs instantanées et permanentes. Billy restait souvent sur le perron à fumer quelques cigarettes.

- Hey.
- Hey. Dispute avec les parents ?
- Je m’en fiche. Ils ne se mêlent de mes affaires que quand ça risque de leur retomber dessus. Il faudrait que je te trouve un autre travail à faire pour te garder un peu ici, le temps que ça aille mieux.

Billy inspira.

- Sabote ta base de données et dis-leur qu’il faut tout refaire !

Je souris.

- Ce serait un peu trop téléphoné !
- J’vois pas comment tu pourrais améliorer encore ton système de stockage. À part échanger des Pokémon on peut tout faire…

Je haussai les sourcils, fiévreux.

- Eh bah faisons ça !
- … euh, t’es sûr ?
- Oui ! C’est une idée brillante !

Billy regarda la tombe de Rosie.

- Une idée que j’ai eue moi, ou qui est due à mes super pouvoirs de Generation Kid ?

Je plissai les yeux. Billy me regarda.

- Ton plan de faire une équipe de super-héros tient toujours ?
- … oui. Je ne vais pas te mentir que ça me travaille.
- … si on bosse sur ce truc d’échange, ça t’empêchera au moins d’y penser.
- Probablement. Et puis on pourra encore passer du temps ensemble…

Billy me regarda, probablement pas dupe de ce qui se passait. Et c’est ainsi que nous nous remîmes à travailler ensemble dans une nouvelle période merveilleuse où j’appris notamment à Billy à utiliser les pleins pouvoirs de son Porygon2.

- Tu n’as pas besoin d’être un expert en informatique, il suffit juste que tu connaisses les bases de la programmation et tu peux basiquement tout faire avec ce Pokémon !
- Hm… Bah j’te laisse ce genre de trucs, hein, moi c’est pas mon délire…
- Pourtant depuis le temps que tu bosses avec tous ces ordinateurs, tu devrais commencer à comprendre un peu comment ça marche !
- Mouarf.

Sa nonchalance me faisait rire. Et son talent m’impressionnait, par exemple lors de cette course à dos de Pokémon qu’il a gagnée avec Drackhaus.

- Donnez le prix au second, j’ai aucun mérite.
- Pardon ?! Mais…

Billy m’avait rejoint.

- Tu aurais pu prendre le prix. Qu’est-ce que tu entends par aucun mérite ?!
- Je suis né naturellement doué. Je n’ai aucun mérite. J’œuvre pour enrichir les connaissances actuelles sur les Pokémon, pas pour gagner des prix.

Et de fait, c’est moi qui avait été fier lorsqu’il avait eu sa troisième étoile.

- C’est pour ton travail sur la base de données !
- Tu m’as crédité ?!
- C’est en grande partie grâce à toi, non ? C’est génial que tu aies atteint ce niveau !

Billy semblait embêté.

- Il va falloir que je parte à un moment donné.
- On n’en a pas fini avec le GTS…
- Hm. Mais après, il faudra que je parte. Je veux être reconnu en tant que chercheur, gagner une étoile sur ma participation à une base de données, ça me gêne.

J’avais essayé de temporiser…

- Mais ton travail ici t’a aidé à populariser tes recherches, c’est génial pour toi…
- Certes…

Mais il n’arrivait pas à détacher de son visage cette déception envers lui-même…


***

- J’étais une tête de con à l’époque et Léo était passé de petit pisse-vinaigre à jeune homme équilibré grâce à moi.

Tout le monde rangeait les boîtes en les empilant dans les locaux.

- Qu’est-ce qui a changé entretemps ? demanda Hobbes, cynique.
- J’sais pas, p’tet ma main dans ta gueule dans dix secondes !
- Du calme… Je pensais que vous aviez été ensemble plus longtemps, moi… marmonna Jasper.
- Oui, à entendre Léo, ça a été une période longue et mémorable de sa vie…
- Héhé… Longue et mémorable… sourit Sherry.
- Bah c’était plutôt intense. Bref mais intense. Et sur le moment, je ne l’ai pas réalisé, mais sans son amour, j’aurais pas avancé. Et c’est probablement réciproque pour lui.
- Continue de raconter, t’éludes plein de trucs.

Billy regarda Deandra, blasé.

- Hmph… Donc…

***

- Léo, nous avons cru comprendre que vous et ce… vagabond, faites vie commune !

Il apparut vite évident que les repas de famille devenaient de plus en plus étouffants. La nature de notre relation avec Billy devenait de plus en plus trouble.

- Et quand aurez-vous fini ce travail sur lequel vous êtes ensemble ?
- Mère, nous aurons fini quand nous aurons fini.
- Je vous trouve de plus en plus cavalier et insolent. Je ne reconnais plus le travailleur d’élite que nous avons élevé. L’influence de ce… Billy sur vous est très néfaste !
- Que voulez-vous que cela me fasse…

Mon père posa les couverts sur la table.

- Parlez autrement à votre mère !
- Qu’elle me parle autrement la première.
- Sur un autre ton ! cria ma mère.
- Non. Je fais ce que je veux dans mes appartements, ne vous en déplaise.
- Je veux ce margoulin hors de cette maison d’ici la fin du mois !
- Il n’en sera pas ainsi, mère, je souhaite que Billy reste autant que faire se peut.
- Eh bien peut-être que je souhaite que vous ne soyez plus notre fils !
- Pour ce que ça changerait !

Je me levai de table et quittai le salon, sous les hurlements parentaux, pour rejoindre mes appartements. L’orage grondait dehors. Habituellement, j’en avais une peur panique. Mais cette fois, l’adrénaline de la rébellion me transportait. Billy s’était levé.

- … je sais que tu dors pas trop avec l’orage, j’allais te faire une tisane…

Je le fixai, dans son étroit marcel et son vague caleçon. Je l’embrassai à perdre haleine et cela se termina dans son lit.


- C’était le moment le plus torride de toute ma vie…

Les étudiants grimaçaient. Léo se reprit.

- Cela ne fit que renforcer notre volonté de terminer le GTS. Et cela arriva un an après, après deux ans de vie commune au total…

- Ne me crédite pas, cette fois. C’est ton travail à toi, moi j’observe des Pokémon dans la nature.
- Comme tu veux… Et voilà.

Nous fîmes les tests : Tout était parfait.

- Ça marche, on peut échanger des Pokémon en ligne !
- Génial. La bande passante du monde entier va souffrir mais ça vaudra la peine !
- Pfou. Eh bah maintenant je n’ai plus qu’à fonder une entreprise pour en assurer la maintenance, une fois que j’aurais consigné toutes mes notes pour établir le guidebook.
- Ouais, fais ça, ouais… marmonna Billy, pas très concerné par l’informatique.

Je souris et regardai Billy.

- Euh… du coup…
- Je vais partir d’ici une petite semaine.
- … vraiment ? Je veux dire… Tu reviendras, hein ?

Billy inspira.

- Mes objectifs ne me permettent pas vraiment de rester à un point fixe. Si je veux atteindre mon but de créer une encyclopédie complète sur absolument tous les Pokémon, je dois voyager et observer les Pokémon.

Je baissai la tête, contrit.

- Tu me manqueras…
- Tu me manqueras aussi, mais je n’ai pas le choix. Et c’est mieux pour toi aussi, si tu veux réaliser ton rêve d’équipe de super-héros.
- … j’avais presque oublié ça…
- Bien sûr que non.

J’étais dépité. Et il avait raison, je n’avais pas oublié, je pensais juste que Billy resterait à mes côtés pour constituer cette équipe.

Avant son départ, nous avons évidemment consommé notre amour dans absolument toutes les pièces de la maison…


- Quoi ?
- Vous êtes pas obligé d’entrer dans les détails ! On a compris, vous vous aimez beaucoup, sexe, etc, passez à la suite, on n’a même pas abordé Arceus encore !
- Vous avez besoin de savoir tout ça avant que je parle d’Arceus.
- Je suis persuadé que non !

Léo leva les yeux au ciel.

- Vous êtes étudiants en quoi ?
- Théologie Ancienne et Cosmogonie !
- Bah vous allez apprendre que tous les big-bangs ne sont pas des explosions rapides et qu’on ne dompte pas Arceus comme ça ! Je continue. Donc, le jour de son départ…

- Est-ce que… j’ai le droit de t’offrir un cadeau ?

Billy se tourna vers moi, habillé, ses sacs sur lui.

- Euh… bah oui, évidemment…

Je lui tendis la Pokéball. Il haussa les sourcils.

- Ah…
- Je… je sais que ce n’est pas un Pokémon très fort, mais entre tes mains il sera exceptionnel, j’en suis sûr… en fait…

J’inspirai.

- C’était le Pokémon-test pour chacune de mes ébauches de pages pour la base de données du PC.
- … Strassie ?

Je hochai la tête.

- Ca n’a peut-être pas de sens pour toi, mais…

Billy prit la Pokéball avant que j’aille plus loin.

- Ce qui a du sens pour toi en a pour moi.

J’étais une serpillère à ce moment précis.

- On se reverra peut-être un jour, Léo…

Il ferma les yeux.

- Enfin, peut-être pas. Ce serait peut-être mieux que non. Pour toi comme pour moi.

Je tombai à genoux alors qu’il partait.

- … pour que chacun d’entre nous réussisse sa vie comme il l’entend.

Il n’avait pas compris que pour moi, réussir ma vie, c’était être avec lui…


***

- ABREGEZ !!!
- Bah non, l’histoire est finie.

Sherry resta blême.

- C’est TOUT ?
- Vous vous attendiez à quoi, le tournage d’une sextape ?!
- MINIMUM !
- Je suis juste parti en rompant avec lui sur le pas de sa porte et après ce qui ressemblait presque à un cadeau de fiançailles, je vois pas ce qu’il vous faut de plus…
- C’était minable de ta part… grommela Deandra. Passer deux ans avec quelqu’un et partir pour un motif aussi puéril…
- Fallait que je pense à ma carrière et à la sienne !
- Eh bah je vois que je suis pas le seul à être un connard avec mes partenaires… marmonna Hobbes.

Billy regarda Hobbes, mauvais.

- Rien à voir. Léo et moi c’était voué à l’échec. C’était un petit bourge geek, j’étais un chercheur qui allait sur le terrain et qui voulait toujours en savoir plus, ça ne pouvait pas tenir sans que l’un des deux fasse des concessions insupportables.

Deandra inspira.

- Hobbes, range le chariot.
- Je supervise.
- Eh bah supervise le retour du chariot dans la réserve, si cette formulation te plait mieux.

- Après ça, Léo m’a rencontrée dans un bar d’Azuria où j’étais venue après mon entrainement d’avec ma tutrice légale. Je suis restée un peu chez lui…

***

- Une équipe de super-héros ?

J’ai eu de la chance de rencontrer Deandra. C’est devenu une excellente confidente et elle n’avait aucun souci à me dire qu’elle était Generation Kid.

- Oui… enfin, peut-être pas de manière aussi brute…
- Plutôt une sorte de brigade de police…
- Voilà… enfin, euh… compte tenu de ta puissance et de celle des tiens, je pensais à quelque chose de mondial !

Deandra plissa les yeux.

- J’ai beau être une des plus puissante Generation Kid, je ne peux pas détruire le monde. Enfin, je pense pas, j’ai jamais essayé. Toujours est-il qu’à moi toute seule, je ne peux pas faire grand-chose. Sans compter que je ne suis pas formée à être une policière. Je crois qu’il y a un Generation Kid qui est policier…

J’inspirai.

- L’ennui c’est… pour être le chef des Generation Kid que je dirigerai, je devrais avoir un Pokémon ultra puissant…

Deandra réfléchit.

- Eh bah, en théorie, d’après ce que je sais, on a le droit de capturer des Pokémon Légendaires, non seulement parce qu’on les protège du braconnage en les possédant mais en plus parce que techniquement, nos Pokémon sont de toute façon aussi forts que des Légendaires. Le Comité Olympe nous a cependant restreint à ne pas capturer un certain Pokémon : Arceus.

Je plissai les yeux.

- Arceus ? Il… euh… il existe, c’est un vrai Pokémon ?
- Tout à fait, je viens de Sinnoh et les mythes de là-bas se recoupent tous autour d’Arceus qui vivrait au-dessus du Mont Couronné. Il paraît qu’il est possible de le rencontrer mais tous ceux qui l’ont fait…

J’attendis la suite. Deandra inspira.

- Disons qu’ils sont tous devenus fous.

Je grimaçai.


***

Billy souffla.

- Voyez, c’est pas moi, c’est elle qui l’a poussé à faire tout ça et à fonder sérieusement son agence !
- La ferme, Billy. J’ai accompagné Léo à Sinnoh, mais je pensais qu’il abandonnerait rapidement. En réalité…

***

- En réalité j’étais trop déterminé pour abandonner. On en arrive donc à la partie qui, je pense, va vraiment vous intéresser…
- Grave !
- Tu m’étonnes !
- Enfin !!
- Qu’est-ce que c’était CHIANT !

Léo leva les yeux au ciel.

- … ma rencontre avec Arceus.

***

Deandra et moi avions fait un arrêt à l’église d’Unionpolis. Deandra voulait me montrer ceux qui avait rencontré Arceus avant moi pour me dissuader.

- Voici Sœur Arche. Sœur Arche est dévouée au Culte d’Arceus, elle s’occupe de ceux qu’on appelle les « Fous d’Arceus »…

J’observais des gens blèmes, d’anciens corps expéditionnaires qui étaient partis capturer le Pokémon sans précaution ou détermination et qui avaient été rendus fous par la seule vision du Pokémon.

- Voici l’équipe qui est partie il y a dix ans dans le but de « prouver au monde l’inexistence d’Arceus. Ils sont là depuis un bail, ce sont en fait les premiers arrivés…

J’observai un cercle de jeunes gens neurasthéniques, muets, à peine capables de se nourrir seuls.

- Et cet homme est un ancien vainqueur de toutes les Ligues Pokémon qui pensait capturer Arceus pour parachever sa gloire…

L’homme en question se tapait la tête contre un pilier, doucement, à répétition.

- Je crois que j’ai compris… marmonnai-je. Mais mes intentions à moi sont pures.
- Tout comme cette jeune fille qui voulait qu’Arceus devienne son ami et l’aide à répandre la paix sur la terre.

Sœur Arche montra une femme qui mangeait la cire des cierges de l’église. J’inspirai.

- Cela ne me décourage pas. J’irai seul.
- Léo…
- Deandra, si on te surprend en train de m’aider à le capturer, tu seras arrêtée pour insubordination vis-à-vis du Comité Olympe. Laisse-moi y aller seul.
- Léo, c’est du suicide !!

Je partis vers l’une des montagnes les plus hautes du monde.

- Je sais, marmonnai-je pour moi-même.


***

- Oui ?

L’étudiante baissa la main.

- Vous étiez prêt à mourir ?!
- Oui. Après le départ de Billy, ma vie n’avait plus vraiment de sens.
- Ça n’aurait pas eu plus de sens d’aller à sa recherche plutôt qu’à celle d’Arceus ?

Léo inspira. Evoli le regarda.

- Non. Pas sur le moment. J’avais besoin d’Arceus à deux titres. Le premier, m’aider à réaliser mon but, le second… c’était de me guider dans la vie maintenant que j’avais perdu Billy.

Les étudiants semblaient dubitatifs. Léo agita la tête.

- Voilà pourquoi je vous ai raconté tout cela avant. Pour que vous compreniez…

… pourquoi je ne suis pas devenu fou en atteignant le sommet.

Il était là, face à moi. Il me toisa. Je me tenais, fier et droit, face à la divinité créatrice.

Et je ne trouvai rien d’autre à faire, rien à dire, rien qu’à me mettre à genoux et à courber l’échine. Je n’étais pas particulièrement religieux, j’avais tout juste des bribes qu’on m’avait enseigné à la messe, mais je savais que je devais faire preuve d’humilité face à Arceus.

- CREATURE… TU TE TIENS FACE A ARCEUS LE TOUT-PUISSANT… TA PRESENCE EN CES LIEUX N’EST PAS TOLERABLE…
- Je sais…
- QUELLE EST LA RAISON DE TA VENUE ? CHOISIS TES MOTS AVEC PRECAUTION.

Je relevai la tête vers Arceus en le regardant droit dans les yeux.

- Je souhaite devenir ton dresseur et que tu deviennes mon Pokémon.

Arceus se cabra. Je venais de lui faire offense. C’était insensé de formuler une telle requête envers une divinité au-dessus de tous les Pokémon.

J’essuyais le vent de son ire, la tête basse, attendant que passe l’orage. Il s’avança vers moi.

- CREATURE. JE DEVRAIS TE PIETINER POUR AVOIR OSE PRONONCER DE TELLES PAROLES.
- Je veux protéger tous les Pokémon de la folie des hommes.
- JE LES PROTEGE DEJA. PAR LE CONTRAT SOCIAL LIANT LES HOMMES AUX POKEMON, JE LES PROTEGE DE LA FOLIE.
- C’est faux !

Arceus frappa le sol devant moi. J’avais des sueurs froides.

- COMMENT OSES-TU ?
- Je vois ce qui se passe dans le monde. Je vois les horreurs. Je vois le mal se répandre. Des Pokémon mourir ou être séquestrés. Les hommes se comporter comme si les Pokémon leur étaient dus.
- C’EST LE LIBRE-ARBITRE.
- C’est tout ce que vous avez à redire ? Les Pokémon dont vous êtes le père souffrent et tout ce que vous trouvez à dire c’est « C’est le libre-arbitre » ?!
- L’EQUILIBRE DU MONDE NECESSITE QUE JE NE PRENNE PAS POSITION. SI J’AGISSAI EN FAVEUR DES POKEMON, LA BALANCE SERAIT PERTURBEE. L’HUMANITE SERAIT MENACEE.

Je me relevai, vindicatif.

- C’est un combat déséquilibré ! Les Pokémon ne peuvent pas se défendre !
- AGENOUILLE-TOI, CREATURE !
- Non !!

Je repoussai la patte d’Arceus.

- Vous ne voyez pas ce qui se passe ? Tous les morts, toutes les offenses pratiquées envers les Pokémon ?
- Evoli !! geignit Evoli en me voyant rouspéter vers le Pokémon.
- Vous êtes un Pokémon aussi ! Vous voyez bien que les Pokémon ne se rebellent pas, qu’ils sont désarmés face aux hommes !
- TU AS LEVE LA MAIN SUR MOI…
- Pauvre petite chose ! Joignez-vous à moi, aidez-moi à donner une chance aux Pokémon de survivre à la folie des hommes !!

Arceus s’éleva au-dessus du sol.

- CREATURE. TA FOUGUE EST RESPECTABLE MAIS TON INSOLENCE ME DEPLAIT.
- Vous ne pensez qu’à votre petite personne que nul ne doit salir, hein ? C’est ça le dieu des Pokémon ? Vous me rappelez mes parents, cette petitesse d’esprit, cette médiocrité de pensée…
- SILENCE !
- Non, je parlerais. Vous êtes plus préoccupé par votre vanité et pas assez par vos ouailles !
- JE N’AI PAS A INTERVENIR ET TU PAIERAS CES OFFENSES.
- Je paierai ces offenses si vous vous joignez à moi. Vous devez intervenir pour rétablir cet équilibre dont vous vous revendiquez. Et je ne suis pas devenu fou en vous voyant parce que mon motif est juste !
- NON.

Je regardai Arceus, intrigué.

- C’EST PARCE QUE TON AME EST PURE. ET QU’EN CERTAINES CONDITIONS TU POURRAIS ETRE DIGNE DE MOI. JE PRESSENS CELA.

Je souris, ravi.

- Génial…
- CEPENDANT TU VAS DEVOIR OBSERVER CERTAINES REGLES AVANT QUE JE NE ME SOUMETTE A TOI.
- Je ferais ce qu’il faut.
- TU AS CINQ REGLES A SUIVRE :

Il les afficha devant moi.

1 – Assumer la douleur d’Arceus
2 – Prier Arceus régulièrement
3 – Donner ta vie à Arceus
4 – Accepter le sacrifice ultime
5 – Vivre dans l’humilité envers Arceus

J’observai les règles, interloqué.

- Je…
- TU NE DOIS PAS DISCUTER LES REGLES ET LES ACCEPTER.
- J… oui, d’accord.
- QU’IL EN SOIT AINSI. REGLE NUMERO 1 : ASSUMER MA DOULEUR.

Un lien d’or se créa entre lui et moi.

- DORENAVANT, NOUS SOMMES LIES. TOUS LES COUPS QUE JE PRENDRAIS, TU LES SUBIRAS A TON ECHELLE.

Je déglutis.

- Je veillerai à ce que vous ne preniez aucun coup, je promets.
- REGLE NUMERO 2…

Il fit apparaître un livre devant moi.

- TU DOIS ME PRIER. CHAQUE JOUR DE TA VIE, TU DEVRAS ME PRIER AU MOINS UNE FOIS PAR JOUR.

J’agitai la tête. Je supposai que c’était une clause acceptable.

- Très bien…
- REGLE NUMERO 3 : ME DONNER TA VIE.
- Cela consiste en…
- MA MORT ENTRAINERA LA TIENNE ET INVERSEMENT.

J’agitai encore la tête.

- Je suppose que c’est acceptable…
- CELA SIGNIFIE QUE TU NE DEPASSERAS PAS LES QUARANTE ANS. D’ICI UNE VINGTAINE D’ANNEES, JE SUIS SUPPOSE ME DESINTEGRER ET ME REINCARNER. CELA PROVOQUE MA MORT ET MA RESURRECTION.

Je baissai la tête, tout tremblant.

- Je… j’accepte, qu’il en soit ainsi.
- REGLE NUMERO 4…

Le sacrifice. Je m’attendais à tout. Sauf à l’apparition de mes parents entre moi et Arceus.

- M… Maman ? Papa ?!!
- Léo ?!
- Mais que faisons-nous ic…
- LE DETENTEUR D’ARCEUS N’A PLUS NI MERE NI PERE. IL N’A PLUS QU’ARCEUS.
- Quoi ?! Mais…
- TU NE DOIS PAS DISCUTER LES REGLES.

J’avais envie de hurler. De le supplier de les épargner. Je regardai mes parents, apeurés. Et je restai muet, pour mon rêve.


Les étudiants étaient outrés, stupéfaits voire carrément scandalisés. Léo baissa la tête.

- Je comprends vos jugements mais j’ai fait ce que j’avais à faire.

Mes parents disparurent donc dans des explosions de lumière.

- AAAAAAAAAAAAH !!!!

Je m’effondrai à terre, en larmes. Je venais de sacrifier mes parents à Dieu. Evoli m’approcha en me léchant le visage.

- Nnnn… N….

Je savais que si j’exprimai le moindre regret à voix haute, tout cela n’aurait servi à rien.

- REGLE NUMERO 5…
- Sniff… Uuuuuh…
- TU SERAS MON DRESSEUR MAIS JAMAIS MON MAITRE. JE NE SUIS PAS A TOI, JE T’ACCOMPAGNE, MAIS TA VIE ET TON ESPRIT M’APPARTIENNENT. TU VIVRAS SOUS MES COMMANDEMENTS MAIS PAS L’INVERSE. ACCEPTES-TU CELA ?

Le visage détrempé, je hochai la tête, bien puni pour mon audace. Arceus se posa loin de moi. Il se mit à courir vers moi.

- LONGTEMPS J’AI CHERCHE UN HUMAIN POUR REPANDRE MA PAROLE…

Je me relevai, encore sous le coup du terrible sacrifice que je venais de faire.

- JE VAIS RECOMPENSER TA PIETE PAR UNE FAVEUR.

Arceus me rentra dedans dans un halo de lumière. J’avais enfin sa Pokéball, mais à quel prix…

- Léo…

Je regardai Evoli.

- Léo, tout va bien ?
- … Evoli ?
- Je crois qu’Arceus m’a permis de te parler… j’ignore pourquoi, d’ailleurs…
- Oh, Evoli…

Le Pokémon me sauta au cou, et je noyais mon chagrin avec lui.


***

- Les deux années suivantes, je les ai passées sur la montagne, avec Arceus, à vivre dans la prière afin d’apprendre l’harmonie de corps et d’esprit avec Arceus, ainsi que pour éviter la peine de devoir redescendre et d’affronter ce que j’avais fait…
- C’est odieux !
- J’ai dit que vos jugements m’importaient peu. J’ai fait la paix avec ma décision et ce qu’elle a impliqué. J’étais prêt à assumer ce fardeau pour protéger les Pokémon du monde entier. Et aujourd’hui que mon rêve est réalisé, je n’ai absolument aucun regret.
- Vos parents sont morts !
- Et les Pokémon du monde entier sont protégés à présent. C’était un sacrifice nécessaire.
- C’est dégueulasse ce que vous avez fait ! Moi j’aurais refusé !!

Léo haussa les épaules.

- C’est ma punition pour avoir voulu devenir le défenseur des faibles. Ma prétention était trop grande et j’ai payé le prix fort. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.
- Je pense que mon maître a déjà suffisamment souffert pour que vous en rajoutiez !

Léo regarda Evoli et lui posa une main sur la tête.

- Ça va, ça va, Evoli, ne t’inquiète pas. En contrepartie, j’ai gagné un immense pouvoir. Mon Evoli a gagné un pouvoir équivalent à celui d’Arceus, il peut évoluer temporairement en chacune de ses formes. Il est devenu un gardien d’Arceus au même titre que moi.
- Et si vous aviez dû sacrifier Evoli plutôt que vos parents ?!

Les élèves émirent un brouhaha contre ce que leur confrère avait crié. Léo agita la tête.

- Là, j’aurais refusé.

Silence de mort dans la salle. Les esprits se calmèrent et Léo reprit dans un soupir.

- Une fois mes deux ans auprès d’Arceus effectués, je suis descendu de la montagne et j’ai repris les affaires familiales. Mon héritage s’élevait à un certain pactole ce qui me permit d’amorcer une grande partie de mes projets, notamment de me faire connaître auprès du Comité Olympe.

- A… ARCEUS ???
- Lui-même.

Léo se tenait face au Comité, impressionné. Arceus se tenait à ses côtés tandis qu’il tenait Evoli dans ses bras.

- J’ai besoin de votre aide et de vos ressources pour créer une agence qui fera bifurquer la destinée du monde dans le bon sens ! Avec la bénédiction d’Arceus lui-même !


- Et ensuite j’ai dû recruter mes agents. J’aurais voulu les sélectionner un peu mieux. Ma sélection de départ comprenait cinq guerriers spécialisés, Akane, Deandra, Arianne, Grell et Spencer, ainsi que trois assistants, Billy, Irina et Roméo. Il s’est avéré que je n’ai eu que trois de mes choix de départ.

- C’est donc un refus ?

La ninja Akane apparut de l’arbre où elle s’était cachée avec son Zorua.

- Votre objectif est noble, mais l’aliénation que vous promettez l’est moins.
- Je peux apporter des ajustements à votre contrat…
- C’est non.
- S’il vous…

Un Smogo se dressa entre eux et explosa en fumée. Léo et Evoli reculèrent. Akane avait disparu.

- Bon…

***

« No problemo, Léo, je suis contente d’avoir de tes nouvelles, et à vrai dire je commençais à me demander si tu étais fou ou mort, mais Sœur Arche m’a assuré que tu n’étais pas chez elle… »

Léo grimaça.

« Par contre si t’es toujours sur ton idée de groupe de Generation Kids, j’aurais Hobbes à te présenter… »

Léo grimaça encore plus. « Un simple historien ?! Mais à quoi ça va me servir ??? »

- Euuuh super, merci, Deandra, euh… merci ! « bordel de meeeerde… »

***

- Bonjour, je souhaiterai mettre un contrat sur ma tête !

Le bookmaker s’étonna.

- Et je veux que ce soit la fameuse Arianne qui essaie de me tuer !

Le bookmaker regarda Léo, tout sourire.


***

- JE SUIS EN PLEINE GUERRE, PUTAIN DE MERDE !

Léo était en effet caché derrière des sacs de sable avec le Generation Kid Soldat Grell, un homme noir militaire pur et dur, baraqué et coupe dégradée, qui utilisait Blindépique et Tortank pour bombarder les rangs ennemis.

- Vous seriez plus en sécurité dans mon agence !
- JE SUIS PAS UNE DE VOS FIOTTES, MOI, JE SUIS UN GUERRIER, JE SUIS EN TRAIN D’AIDER LES REBELLES DE CE PAYS A RENVERSER LEUR GOUVERNEMENT ALORS DEGAGEZ, PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !
- Très bien, très bien…

Léo partit sous les bombes, protégé par Mentali.

***

- J’suis pas fan de votre concept.
- Ah oui ?

Dans les bas-fonds de Volucité, le Generation Kid Policier Spencer, un blondinet en uniforme, procédait à une arrestation en compagnie de son Caninos, accompagné par Léo.

- Pour moi, une agence anticriminelle de ce nom ne peut pas se consacrer uniquement aux Pokémon. Si vous aidiez les humains et les Pokémon, je serais d’accord, mais…
- Il y a déjà des tas d’agences anticriminelles pour les humains ! Aucune pour les Pokémon !! argua Léo.
- Il y en a pour les deux…
- Et elles n’en font pas suffisamment pour les Pokémon !
- Ouais, je vois le genre, vous pensez que la police et l’armée ne font rien et vous pensez pouvoir vous substituer à eux. Bah vous allez bien déchanter, et vous pouvez toujours rêver pour que je vous rejoigne. Moi, je fais mon boulot correctement.
- Et vous ne voudriez pas œuvrer pour le monde ?! Plutôt que juste pour une ville ?

Spencer leva les yeux au ciel.

- Chacun fait ce qu’il doit faire à son échelle. Votre projet est trop ambitieux à mon sens et votre mépris implicite envers ma profession m’encourage vivement à vous dire d’aller vous faire voir.

Spencer termina son arrestation tandis que Léo s’éloignait avec Evoli.

- C’est quoi ces gens, franchement ?!
- Ils sont comme toi, déterminés à réaliser leurs projets ! admit Evoli.

***

- Billy ?!
« LEO !! C’est quoi ce délire d’envoyer cette FOLLE à mes trousses ?! »
- Deandra est une amie, tu peux lui faire confiance !
« Tu pouvais pas juste contacter le professeur Chen pour qu’il me contacte ?! »

Léo haussa un sourcil. « Ah oui, j’aurais pu faire ça ! »

- Sinon, tu... es d'accord pour rejoindre l'agence ?
« Franchement, non. J'ai encore plein de Pokémon à observer pour agrémenter encore le Pokédex. »
- D'après mes renseignements, tu l'as complété, le Pokédex, et ces dernières années tu tournes un peu en rond...
« Tu plaisantes, j'ai fait plein de super découvertes ! »
- Moui, bon, pas de quoi te donner un prix non plus...
« J'ai bien envie de raccrocher, là... AOUCH ! Mais quelle furie ! »

Léo inspira. « Je ne comptais pas le supplier mais... »

- Billy, s'il te plait, au nom de tout ce qu'il y a eu entre nous...
« Ah non, me fais pas le couplet de l'ex qui demande une faveur ! »
- N... Nan, je voulais juste dire que je pensais au moins qu'on était amis et que tu avais une certaine considération pour moi et... euh... que tu voudrais m'aider à réaliser mon rêve... tout en faisant quelque chose de bien, d'utile...

Petit silence. Léo serra les dents.

« Hhhh. Tu fais vraiment chier. »
- Merci Billy !! Tu ne le regretteras pas, je te le promets !
« T'as pas intérêt à me les briser par contre ! »

***

- Mademoiselle Irina, j’ai entendu parler en long et en large de vos prouesses sur les champs de bataille…

Une jeune fille à couettes semblait diriger un hôpital de fortune pour une population sinistrée. Léo la suivait dans les travées de patients. Un Ursaring, un Elekable et un Scalproie s’occupaient de divers patients autour d’elle.

- Je, euh, j’ai à faire, euh… répondit-elle.
- Vous avez œuvré à travers le monde pour de nombreux infirmes de guerre, vous êtes reconnue comme la mère des infirmières…

Irina sortit un moment pour aller prendre de l’eau dans une bassine.

- J’ai besoin de vous pour l’agence que je vais fonder !
- Euh, je…
- Avoir un médecin dans mes rangs serait crucial ! Nous pourrions aider tellement de Pokémon à travers le monde !

Irina inspira lourdement.

- Ecoutez, euh…
- Irina, je vous supplie à genoux !

Elle ferma les yeux, intimidée, leva les mains devant elle et repartit vers sa tente. Léo grommela.

- Vous pourriez faire tellement pour les Pokémon ! Tellement plus ! Irina !

Il tenta de lui saisir l’épaule mais Xerneas sortit de sa Pokéball, s’interposa entre eux et bloqua l’accès à la tente.

- Pas touche à ma maîtresse.

D’un simple Géo-Contrôle, il repoussa brutalement Léo. Le jeune homme s’étonna alors que le cerf resta devant la tente.

- J’aurais peut-être dû embaucher un responsable des ressources humaines AVANT de commencer à recruter du monde !

***

- Plutôt que d’être garde du corps pour de grandes chanteuses, vous pourriez venir officier dans mon agence !

Roméo, un jeune premier châtain clair en smoking blanc, accompagnait une espèce de diva blonde. Il semblait réfléchir.

- J’aime être garde du corps. Pourquoi changerai-je de métier ?
- Pour le bien commun !

Roméo haussa un sourcil. Un Magnéton volait autour de lui et de la chanteuse qu’il protégeait.

- Vous êtes mignon mais je pourrais pas bosser pour vous, j’aurais trop envie de vous draguer. J’ai du travail, je dois escorter Divanna, si vous permettez…
- Si c’est une histoire de coucheries, ça peut s’arranger ! sourit Léo.

Roméo plissa les yeux.

- Eeeeuh, non, l’envie vient de retomber… grimaça le jeune homme en s’éloignant.

Léo regarda Evoli.

- J’avais l’air si désespéré que ça ?!
- Ah oui, beaucoup trop !


- Du coup j’ai dû me rabattre sur des cibles plus faciles…

Toilettant Evoli dans un salon pour Pokémon, Léo prit une conversation en cours de route.

- Elle dirige à peine sa société, ce sont ses Pokémon qui gèrent tout !
- Ah oui ?
- Oui, et apparemment ses associés sont en train de comploter avec ses actionnaires pour la faire tomber ! Mademoiselle Sherry, c’est bientôt fini !
- C’est pas une dresseuse spéciale, là ?
- Si, il paraît qu’elle est super forte, mais sur le terrain des affaires, elle est nulle !

Léo haussa un sourcil.

***

- Bonjour ! Vous êtes associé pour Sherry Beauty Inc. ?
- Euh… oui… ?!
- Je suis Léo, le Pokémaniaque de la Route 25.
- … vraiment ? Enchanté de vous rencontrer !
- J’ai entendu dire que vous vouliez faire virer Sherry, je pense pouvoir vous aider !

***

- PARDON ???
- J’ai racheté vos parts. Vos actionnaires et vos associés allaient œuvrer pour vous faire tomber. C’est moi qui détiens tout. Ils m’ont aidé mais je ne vais pas leur livrer mes parts, je vais les garder pour moi.

Sherry se releva, surprise. Débugant à ses côtés s’étonna.

- Mais Mademoiselle Sherry dirige cette entreprise d’une main de maître !!
- Apparemment le fait qu’un Pokémon dirige la compagnie à votre place déplaisait à certains réfractaires…
- C’est un scandale ! Je vais les écraser !
- J’ai une proposition plus intéressante à vous faire. Mettre des gens de confiance à la tête de votre entreprise et vous embaucher pour un travail plus important que de vendre des produits de beauté.

Sherry inspira.

- J’y gagne quoi ?
- Une position intéressante dans la première agence anticriminelle pour la défense des Pokémon !

Sherry agita la tête, dubitative. Léo souffla.

- Excepté vous, une tueuse à gages, un historien, ma meilleure amie et mon ex, je n’ai personne, alors…
- Votre EX ? Vous allez avoir votre ex sous vos ordres ?
- Oui, autant que vous le sachiez tout de suite…

Sherry s’accouda à son bureau.

- Mais dites-moi donc tout, mon mignon !

***

- Bonjour ! Je suis Hobbes, Deandra m’a beaucoup parlé de vous !

Léo inspira et serra la main du grand dadais à lunettes alors que Deandra se tenait aux côtés de Léo, satisfaite de lui avoir ramené un autre Generation Kid.

- Alors comme ça, vous avez un super boulot à me proposer ?
- Hhhhgrmgblgrklmbl…
- Vous savez, je suis un Generation Kid 5 étoiles !
- Génial… « Y’a des ‘1 étoile’ plus intéressants que toi… »
- Et j’ai sauvé Hoenn de la menace de Kyogre et Groudon, donc je pense avoir toutes les qualifications pour être agent de terrain !

Léo se rappela de la règle d’or en entreprise : faire monter les éléments incompétents qu’on veut garder sans les froisser…

- Eeee j’avais pensé faire de vous mon… directeur administratif et financier ?!
- Ah, encore mieux ! Nous avons un deal !

Léo sourit très exagérément en serrant de nouveau la main de Hobbes.

***

Obscurité. Lumière d’une torche. Farouk lève les mains et lâche le vase Ming de Léo qui sourit, en peignoir rose, tenant la lampe.

- Tiens, tiens, tiens !

Le vase éclate au sol.

- C’est pas ce que vous croyez… marmonna Farouk.
- Je ne crois que ce que je vois.
- … je suis un cambrioleur…
- Sans déconner, Détective Pikachu.

Farouk inspira et sortit une Pokéball. Léo regarda Evoli qui se posa sur un guéridon de la demeure de feu ses parents.

- Je vous le déconseille.
- Vous pensez qu’un Evoli me fait peur ?
- Vous pensez qu’un cambrioleur me fait peur ?

Farouk regarda Léo, tentant de le jauger. Léo inspira.

- Repartez. Je ne vois aucun intérêt à appeler la police pour si p…

Chinchidou frappa Evoli en sortant de nulle part, lui assénant un Plumo-Queue en pleine face. Léo regarda Farouk qui haussa les épaules.

- Tu l’auras voulu, baltringue !! grommela Léo.

***

- J’ai entendu parler de votre travail en matière d’élevage de Pokémon, et j’ai pensé que vous seriez un candidat idéal pour intégrer mon agence !

Jasper semblait embarrassé.

- C’est-à-dire que… je… je ne vois pas ce que je pourrais apporter…
- Mes contacts à Kalos me rapportent que vous êtes un dresseur exceptionnel et une personnalité novatrice et inventive dans le domaine de l’élevage Pokémon !

Jasper agita la tête.

- Je fais ce que je peux… et vous dites que vous voulez protéger tous les Pokémon du monde ?
- Oui, voilà !

Jasper réfléchit.

- Eh bien, ça, ça me plait… c’est très cool, ce que vous voulez faire, mais…
- Vous feriez un agent de terrain très respectable, vu les échos que j’ai eu sur votre puissance !
- S… Sur le terrain ? Han non ! Je… je ne veux pas aller au contact de… euh, de trafiquants ou de meurtriers de Pokémon, je… non !
- D’accord, d’accord, je vous mettrais en arrière poste, en tant qu’analyste par exemple !

Jasper agita la tête.

- Oui, ce serait mieux… Eh bien écoutez, euh…
- JASPER !
- Oh Arceus ! geignit le gros bonhomme.

Le père de Jasper arriva vers Jasper et Léo qui parlaient dans les jardins de la pension.

- T’ETAIS CENSE NOURRIR LES POKEMON !
- J… je sais, j’ai un entretien avec monsieur L…
- RIEN A FOUTRE, FAIS TON TAF SINON CA VA CHAUFFER POUR TES BOURRELETS, GRAS DU BIDE !

Jasper baissa la tête et les bras. Il regarda Léo.

- Je commence quand ?
- … après que vous ayez nourri les Pokémon, je suppose… grimaça Léo.


***

- Quant à Monday, c’est elle qui est venue à moi en apprenant que je conduisais ce projet. Voilà, vous savez tout. Des questions ?

Les étudiants se regardèrent. Un élève leva la main.

- Oui ?
- Euh… mais du coup, vous venez de nous dire plein de trucs confidentiels, là…

Léo plissa les yeux et regarda Evoli qui haussa les sourcils.

- Euh…
- En effet… mais euh… aucun de vous ne va en parl…

Léo regarda les élèves qui pianotaient sur leurs téléphones ou qui prenaient des photos voire qui filmaient. Léo agita la tête.

- Je suis pas très au fait des trucs des jeunes de cette époque…
- Ah ça, non… marmonna Evoli.

***

Léo rentra au bureau et vit que l’archivage était fait.

- Aaaaah ! Super !
- Salut.

Billy arriva en posant le listing des boîtes d’archives.

- Billy, génial, vous avez réussi !
- Ouais. On a réussi…

Il désigna Hobbes ligoté et bâillonné à une chaise. Léo leva les yeux au ciel.

- Billy !
- Fallait pas le mettre superviseur.

Léo alla libérer Hobbes.

- Rentrez chez vous, Hobbes…
- Pour ce soir ou définitivement ?! grommela l’historien.
- Oh, voyons, on se revoit demain !

Hobbes pesta et partit. Léo inspira.

- On a l’audit d’ici une semaine, il a intérêt à assurer…
- Ça a été, ta journée ?
- Bah oui, écoute… j’ai raconté tout mon parcours à une classe d’étudiants, ça a remué plein de choses...

Billy sourit en rangeant sa sacoche.

- Toi et ta nostalgie, hein…
- Hm. J’ai aussi repensé à nous… à la belle époque…

Billy inspira en se relevant.

- J’ai gardé ton Strassie, ça devrait te rassurer quant au fait que moi aussi je garde un bon souvenir de cette époque.
- Hm…

Regard entre les deux. Billy plissa les yeux.

- Mais c’est une époque révolue.
- Oui, oui, bien sûr.
- On était jeunes, bouillonnants d’hormones, on travaillait ensemble en forte proximité, ça a causé certains rapprochements…
- Oui, la situation était ce qu’elle était…
- Et aujourd’hui nous sommes de fringants trentenaires raisonnables.
- Billy, je…
- J’ai un rencard, Léo.

Léo resta impassible.

- Oh. Bah, ça tombe bien, moi aussi.
- Cool. Un des étudiants ?
- Non mais ça va pas !
- T’as le droit, je juge pas, tu peux tâter de la chair fraîche !
- Non mais Billy…
- J’suis en retard, à demain !
- Oui, à demain, Billy.

Billy partit de l’agence. Léo souffla.

Une fois dehors, Billy remonta dans ses appartements. Strassie sortit de sa Pokéball. Le Pokémon bipa et tournoya sur lui-même.

- Strassie trouve que c’est mal de mentir à Léo, maître !
- Je sais, je sais…
- Pourquoi ne pas lui avouer vos sentiments pour lui ? Strassie aime les sentiments !

Billy leva les yeux au ciel.

- C’est compliqué… c’est mon patron, j’aime bien cette nouvelle position d’agent de terrain, et son projet qui débute à peine et qui commence plutôt bien… je veux pas l’embêter avec… ça. J’ai l’impression que ça a pas arrangé les choses la première fois.
- C’est trop dommage, Maître. Parce que Léo, lui, il vous aime ! Strassie le sait !

Billy leva les yeux au ciel.

- Tu me dis ça depuis que je t’ai, je vais commencer à croire que tu es un robot programmé par Léo pour nous rabibocher !
- Absolument pas, maître ! Strassie ne veut que votre bonheur !
- Hhhh. Allez, reviens.

Billy rappela son Pokémon et se prépara à une belle soirée séries télés-nachos.

***

Quant à Léo, il avait effectivement rendez-vous…

- Merci d’avoir accepté ce déjeuner ! J’adorerais devenir un grand donateur pour votre agence !
- Je vous en prie, monsieur Pergolas…
- Dans le cadre de notre programme de mécénat, je voudrais vous présenter la Fondation Duoville !

Léo sourit exagérément, un peu dépité de ne pas avoir pu ramener Billy.

« Lui au moins, il aurait rendu ça amusant... il rend toujours tout plus amusant... »



Générique de fin : Kate Bush – Wuthering Heights

« Out on the wiley, windy moors
We'd roll and fall in green
You had a temper like my jealousy
Too hot, too greedy
How could you leave me
When I needed to possess you ?
I hated you, I loved you too

Bad dreams in the night
They told me I was going to lose the fight
Leave behind my wuthering, wuthering
Wuthering Heights… »