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Lorekeeper de Marushium



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Informations

» Auteur : Marushium - Voir le profil
» Créé le 30/08/2020 à 02:36
» Dernière mise à jour le 09/10/2020 à 13:33

» Mots-clés :   Hoenn   Kalos   Mythologie

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...et leurs conséquences.
“ Attrape la balle ! “

Marie-Lise, haletante, courait difficilement, derrière la balle qui venait de lui échapper. Ses fragiles jambes la tenaient difficilement et l’inévitable se produisit. Elle tomba, tête la première dans le ballon, sous les yeux de ses camarades.

- “ Marie-Lise, ça va ? “ s’écrièrent les autres enfants, partis aider leur amie.

- “ C-ça va, merci. “ répondit la petite fille en souriant, faisant de son mieux pour contenir ses larmes.

Les frêles genoux de la fillette étaient éraflés suite à sa chute. Ses petites mains étaient recouvertes de terre et une grosse marque rouge ornait son front mais cela ne l'empêchait pas de rire aux éclats face à sa chute. Sa peau lisse et pâle, ses cheveux de jais, ses yeux verts émeraude et sa constitution fine et fragile faisaient d’elle l’une des jeunes filles les plus populaires de sa génération et il ne faisait aucun doute qu’elle deviendrait l’une des beautées du village du Météore.

L’un des petits garçons aida la blessée à se relever et l’accompagna jusqu’au rocher adjacent, utilisé comme banc par les enfants du village.

- “ Sale veinard... “ pensèrent tous les autres garçons de la bande, jaloux de leur confrère.

°~°

Marie-Lise n’avait pas très mal.

Marie-Lise n’était pas triste.

Marie-Lise était juste déçue, pendant qu’elle regardait ses amis jouer avec leur balle.

Depuis toute petite, la fillette a toujours été le maillon faible de son groupe d’amis. La moins forte, la moins rapide, la moins endurante mais toujours la première à tomber et se blesser. Elle était très faible physiquement et tombait fréquemment malade, souvent clouée au lit pendant plusieurs jours d’affilée sans pouvoir jouer.

L’un des bambins venait de glisser et de se vautrer sur le sol similairement, mais contrairement à elle, il s’était relevé sans la moindre égratignure et reprit la partie de plus belle. Et Marie-Lise l’enviait profondément.

Elle n’avait pas vraiment à se plaindre, pensa-t-elle en se remémorant ses journées, allongée dans son lit, fiévreuse, Amaryllis à son chevet. Sa mère se pliait en quatre pour elle : compresses humides sur le front qu’elle changeait presque trop souvent, les innombrables compotes de baies qui finissaient toujours sur la table de chevet, les tas d’histoires qu’elle lui racontait avant de s’endormir ou ses câlins avant de se faire border… Ces souvenirs lui faisaient chaud au coeur.
La petite fille fixa le ciel orangé de fin d’après-midi. Au loin, elle parvenait à distinguer une étoile filante, fait surprenant sachant que la Lune n’avait même pas commencé à pointer. L'astéroïde lui rappela son père, sa grand-mère et toutes les folles histoires qu’ils lui racontaient. Elle les aimait beaucoup, bien que ce ne soit pas vraiment le cas de sa mère. Elle n’a jamais obtenu la moindre explication de la part de sa mère mais malgré tout, cela n’a jamais gêné la petite plus que ça et elle continuait à les porter dans son petit cœur innocent.

Marie-Lise aimait profondément sa famille.

Revigorée par ces doux souvenirs, la petite fille prit une grande inspiration, se leva en bombant le torse pour ignorer les légers picotements de ses genoux et courut rejoindre ses camarades.

Au loin, l’étoile filante brillait de plus belle, s’étendant de plus en plus dans le ciel crépusculaire, alors que le navire de la doyenne s’apprêtait à amarrer.

°~°

Amaryllis était si fatiguée qu’elle ne remarqua même pas le regard vide de sa mère, recluse de toute interaction, qui traînait le pas. Après un ultime effort de marche dans la machine à croche-pieds qu’était sa robe, la prêtresse, accompagnée des villageoises et de la doyenne, venait de franchir les portes du village avant la tombée de la nuit.


Désireux de féliciter les bienfaiteurs de la paix du village, le reste des habitants s’étaient concertés et avaient mis tous leurs efforts pour préparer le plus grand banquet surprise de l’histoire du village en l’honneur de leur nouvelle prêtresse et future doyenne. Les torches avaient été allumées, une immense table avait été disposée non loin du centre du village, remplie de victuailles rares et difficiles à préparer, pendant que quelques hommes, reconvertis en bardes, tapaient sur des tambours et soufflaient dans des trompettes. C’était sans doute la plus grande fête que le village avait connu depuis des siècles.

Amaryllis, lessivée, ignora complètement l’ambiance festive et le reste des villageois et se dirigea directement vers sa hutte retrouver sa fille.

Bien que la hutte monumentale de la doyenne du village lui revenait de droit, Amaryllis, fidèle à elle-même, avait fui la demeure à l’instant ou elle pouvait subvenir à ses propres besoins. Voir son lieu de vie pulluler de babioles religieuses sans intérêt n’était pas au goût de la jeune femme et elle décida de s’installer dans une hutte en périphérie du village, le plus près possible des champs et surtout, le plus loin possible de ses camarades. La route était sinueuse et peu accessible mais Amaryllis préférait pester sur son chemin plutôt que recevoir d'innombrables visites de voisins insupportables. Et pour le moment, son plan marchait bien et elle pestait jusqu’à sa porte.

A l’instant où Amaryllis ouvrit sa porte, elle se fit sauter dessus par sa fille.

- “ Surprise ! “ s’écria la petite fille, visiblement terrée derrière la porte depuis un petit moment.

- “ Marie-Lise, tu m’as tellement manquée. “ répondit la jeune mère, enlaçant sa fille si fort dans ses bras qu’elle faillit tomber à la renverse.

Elle remarqua vite les genoux éraflés de son trésor et s’agita.

- “ Marie-Lise ! Tes genoux ! Tu vas bien, tu n’as pas mal ? Pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ?! “ paniqua la maman poule.

La fillette s’empressa de rassurer sa mère, déjà prête à prodiguer les premiers soins, et de lui raconter l’objet de sa blessure pendant que l’adrénaline d’Amaryllis retombait.

- “ Ouf, tu m’as fait peur, heureusement que tu n’as rien. Tant que tu es en sécurité, tout va bien. Tu sais où est papa ? “ répondit Amaryllis, d’un ton plus relaxé

- “ Il est revenu me dire bonjour et puis il est parti aider les gens à la fête. ” assura la petite fille.

- “ D’accord, je vais changer de tenue chez mamie, voir si je trouve ton père et ensuite on s’occupera de ces vilaines égratignures, ne bouge pas d’ici d’accord ? “

- “ Oui M’man ! “ répliqua la jeune fille, toute enjouée.

- “ A tout à l’heure mon trésor. “ conclut Amaryllis en fermant la porte de sa demeure, cachant difficilement son immense rictus.

°~°

Les murs de pierre épais de la propriété de la doyenne n’étaient pas suffisants pour masquer le bruit ambiant de la fête qui se déroulait à quelques mètres, mais la doyenne n’y portait même plus attention. Ses yeux étaient rivés à sa fenêtre, fixant l’éclat de la comète qui grossissait de plus en plus dans la noirceur de la nuit, en s’arrachant les ongles avec ses dents.

- “ Et il n’y a aucun moyen d’y échapper… “ répéta la doyenne, abandonnée de toute forme d’optimisme.

Un claquement de porte tira la doyenne de ses idées noires.
Amaryllis venait d’entrer.

Elle souhaitait récupérer ses vêtements, mais la doyenne ne cherchait même plus à l’écouter. Elle fixa Amaryllis pendant d’interminables secondes et traita cette information dans son esprit ravagé par la panique.

Elle avait échoué à protéger son peuple, mais elle pouvait encore essayer de protéger sa fille.

Sous son regard hébété, la doyenne agrippa le bras de sa fille si fort qu’elle aurait pu le briser d’un simple faux mouvement, et la tira en panique vers la salle de stockage des météorites.

°~°

- “ Maman ! Mais qu’est ce que tu- aAAAAAHHH “ hurla la prêtresse, traînée de toutes ses forces.

Dans la panique, elle vit les doigts de sa mère et remarqua les nuées rouges qui coulaient abondamment. Elle s’était rongée les ongles jusqu’au sang.

Amaryllis eut à peine le temps d’intégrer cette information qu’elle se retrouva dans l’obscurité et entendit un verrou de porte. Elle manqua de chuter dans les escaliers une bonne dizaine de fois avant de rassembler suffisamment de forces pour agripper la doyenne et la gifler pour la tirer de sa folie.

- “ MAMAN ! Qu’est ce que tu fais ? Qu’est ce qui se passe ?! “ hurla la jeune femme.

L’obscurité ambiante empêchait Amaryllis d’avoir une vue globale de la situation, mais la respiration erratique et les reniflements constants qu’elle entendait ne faisaient aucun doute. Sa mère était en larmes, à la grande surprise de sa fille.

En plusieurs décennies d’existence, la jeune prêtresse n’avait jamais vu sa mère pleurer. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il se passait mais elle savait que quoi qu’il advienne, la situation était grave. Faisant plus attention avec ses mots, elle essaya d’apaiser sa mère en pleine crise.

- “ Maman, calme toi… Inspire. “ dit-elle d’une voix douce, les bras enlacés autour d’elle, presque comme pour dompter un Pokémon sauvage.

Les mots de la jeune fille eurent l’effet escompté, la respiration de la doyenne commençant à reprendre un rythme normal. Elles restèrent silencieuses pendant encore un long moment avant que l'aînée ne parvienne à se ressaisir un minimum et retrouver le contrôle de sa voix.

- “ Expire… Tu te sens mieux ? Dis moi ce qu’il se passe. “ poursuivit-elle, imposant son calme à la situation.

- “ Amaryllis… Ma fille… suis désolée… te protéger… météorite… le ciel… Rayquaza… détruire...” balbutia difficilement la mère.

- “ Pardon ? ”

- “ U-un météore va s’écraser d’une minute à l’autre et raser la région. C’est inévitable... On ne peut rien n’y faire… Mais cette salle… Elle est profonde, elle peut peut être résister… C’est trop petit pour protéger tout le village mais… Mais je peux encore te protéger. “ déclara la mère, en larmes, pendant que l’ambiance sonore se faisait de plus en plus forte et inquiétante.

La doyenne avait perdu la foi.
La doyenne n’avait plus confiance en la protection du grand dragon de jade.
La doyenne avait abandonné tous ses principes, ressemblant de plus en plus à sa fille, et avait agi par pur instinct égoiste.

Car la doyenne avait peur de la mort.

°~°

Le pilier de raison qu’était Amaryllis dans cette conversation venait de s’écrouler en une simple phrase. L’ajout d’une mort imminente dans l’équation noya définitivement l’esprit d’Amaryllis dans une panique incontrôlable et submergea son esprit, rendant impossible toute réflexion.

A l’exception d’une seule.

Les hurlements de terreur des villageois devinrent si intenses que les plusieurs couches de terre et de pierre ne suffirent plus à les étouffer

- “ Marie-Lise. “

Amaryllis, par pur instinct, tourna les talons, abandonna sa mère et courut vers les escaliers, ne portant même plus attention à sa robe limitant ses mouvements.

- “ Qu’est ce que tu fais ?! “ cria la doyenne, agrippant le bras de sa fille de toutes ses forces.

Le regard de braise qu’Amaryllis tira à l’égard de sa mère fut sa dernière action.

°~°

Un immense bruit sourd résonna.

La température grimpa en flèche et des secousses dévastatrices retournèrent les murs.

Les deux mères furent projetées contre le sol et broyées sous les décombres.

C’est à cet instant que les sens d’Amaryllis décidèrent de la quitter.


°~°

Le météore prédit par la prophétie venait de s’écraser.