Les Tours Jumelles et autres légendes de Johto de Praxy

Dès l'aube, Cathy réveilla Eusine afin de repartir au plus tôt. Ils montèrent le phare d'Oliville, désert suite à l'orage nocturne de la veille et s'envolèrent de là, à l'abri des regards.

Si Eusine commençait à s'habituer à voler sur le dos de Latios, il ne l'appréciait toujours pas autant que sa partenaire. Celle-ci, admirant encore la région de toute sa splendeur, demanda la direction de leur prochaine visite.

« C'est au sud de Doublonville. La plus grande ville de la région, avec la Tour Radio et le centre commercial qui dépassent. Il y a une grande forêt. C'est là bas ! »

À peine avait-il fini sa phrase que le Pokémon plongea en piqué vers les Bois aux Chênes. Vus du dessus, ils étaient impressionnants, un océan de verdure fait d'une marée de branchages et de feuilles qui semblaient impénétrables.

« On ne pourra pas passer par dessus ! La forêt est trop dense !
- Il y a un village encore plus au sud !
- Assez grand pour y atterrir sans être vus ?
- Je ne crois pas...
- On ne pourra pas alors ! »

Le Pokémon volant, ne pouvant se poser, se mit à tourner autour du village, tel un rapace surveillant sa proie.
Soudain le visage de Cathy s'illumina :
« J'ai trouvé !
-Trouvé quoi ?
- Fais moi confiance... »

Guidant Latios d’une main de maître, elle le fit voler à l’encontre d’un puissant vent. À peine quelques secondes plus tard, Latios avait attrapé deux Cotovol emportés par le souffle.

« On va descendre avec eux.
- Cathy … Je ne crois pas qu’ils supportent notre poids.
- Non, ils nous serviront de parachute.
- Je ne suis pas sûr que... »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase avant que Cathy ne lui coince un Cotovol dans les bras et ne rappelle son Pokémon.

Serrant le petit Pokémon bleu dans ses bras, Eusine tentait désespérément de ne pas tomber en chute libre. Il attendit au loin la voix de sa camarade, rendue incompréhensible par le vent. Ce fut néanmoins suffisant pour qu’il se retourne vers elle et aperçoive sa technique. Elle s’était accrochée aux minuscules pattes du Pokémon, lui permettant de déployer au maximum ses boules de coton. C’était trop peu pour qu’il puisse soulever tout le poids de la jeune femme, mais bien assez pour ralentir sa chute, suffisamment pour qu’elle soit hors de porté d’Eusine.

Imitant sa partenaire, il parvint à ralentir sa chute, cependant il s’approchait tout de même du sol à une vitesse dangereuse. Il était près, très près, trop près.

Suivant sa trajectoire du regard, Eusine se rendit compte qu’il n’allait pas toucher la terre ferme. Ayant les pieds fouettés par des feuilles des arbres environnant Écorcia, il lâcha prise pour se retrouver coincé sur une branche. Après avoir péniblement réussi à s’extirper de son arbre et à reposer les pieds à terre, il se mit à la recherche de Cathy. Il entendit un peu plus loin sa voix déformée. En se précipitant à sa rencontre, il se rendit compte qu’elle était tombée dans le puit qui bordait le village.
Se penchant prudemment au dessus du rebord, il la découvrit dans une montagne de coton trempé.

« Cathy ! Ça va ?
- Oui, Les Cotovol ont le réflexe de produire du coton quand ils sont trop proches du sol … Mais il semblerait que ça n’ait pas tourné à mon avantage. »
Elle regarda ses jambes qui trempaient dans l’eau jusqu’au genou.
« C’est très humide dans ce trou…
- Tu. Es. Dans. Un. Puit. Dans un puit, Cathy, un puit ! Oui, bien sûr que c’est humide ! Sort de là maintenant ! »

Avec quelques difficultés, Cathy réussit à sortir du puit. Elle n’était absolument pas dérangée par le fait que ses vêtements soient trempés, ce qui laissa Eusine dans un léger état de désarroi.

À peine avaient-ils mis un pied dans la ville qu’une petite fille vint à leur rencontre.
« Mon pépé, il m’a dit qu’y avait des gens qui tombent du ciel… C’était vous ?
- En effet ! D’ailleurs, ma camarade ici présente a eu un quelques soucis d’atterrissage avec votre puit. Si ce n’est pas trop demander, il faudrait qu’elle puisse sécher ses habits et …
- Pas besoin, l’interrompit-elle en lui donnant une petite claque derrière la tête. Nous sommes venus ici pour les légendes locales, tu te rappelles ?
- Vous venez pour la légende d’Écorcia ?
- Oui, répondit Cathy sans laisser le temps à Eusine de parler.
- D’accord ! s’exclama candidement la fillette. Alors, la légende, elle dit qu’à chaque fois qu’un Ramoloss baille, y pleut et c’est pour ça que le puit, il est jamais vide. »

Cathy jeta un regard noir à Eusine. Pouvant enfin récupérer la parole, il tenta de se rattraper.
« Pas exactement celle là. Celle des Bois aux Chênes …
- Oh ! Mon pépé la connaît bien celle-là ! Venez, il va vous la raconter ! »

La petite les guida à travers les maisons rustiques, vers la plus grande d’entre elles. À l’intérieur, un vieil homme s’attelait à évider des noigrumes de multiples couleurs.

« Pépé ! Y a des gens qui veulent écouter tes histoires !-
- Des gens ?
- Enchanté, je suppose que vous êtes Fargas, le célèbre fabriquant de Poké Ball traditionnelles ? Je me nomme Eusine. C’est honneur de vous rencontrer.
- Ça fait plaisir de savoir que mon travail est encore apprécié … Mais j’ai cru comprendre que vous êtes ici pour une autre raison.
- En effet … Votre petite fille nous a dit que vous connaissiez bien la légende du Bois aux Chênes. Je suis vraiment curieuse de la connaître. »

Fargas soupira et commença à faire les cents pas autour de son établi.

« Celle qui concerne l’esprit de la forêt ?
- Oui … Ma camarade veut en savoir plus sur les légendes de la région.
- … Bien, je vais vous raconter… Dans la forêt se trouve un autel dédié à un Pokémon que l’on nomme l’esprit de la forêt. On raconte qu’il voyage au travers du temps et apparaît quand la nature est en danger. Il est très difficile à capturer car il nécessite une Poké Ball spéciale…
- Spéciale ? ajouta Cathy après un court silence.
- On l’appelle la GS Ball. Elle a la particularité d’être dorée au dessus et argentée en bas.
- Et qu’est ce qu’elle a de si spécial ?
- Je ne peux pas le dire précisément. Je possède bien le parchemin permettant de la fabriquer, mais l’un de mes prédécesseurs a fait l’erreur d’en créer une pour une personne pas si bien intentionnée… La forêt en porte encore les traces. Alors je refuse de refaire la même erreur. »

Cathy baissa le regard. Cet étrange Pokémon semblant protéger la forêt l’intriguait beaucoup, mais elle comprenait aussi en quoi il était si important qu’il reste en liberté. Malgré sa légère déception, elle demanda à Fargas de la conduire au fameux autel dont il avait parlé. Même si elle ne pouvait pas avoir ce Pokémon, elle voulait lui rendre hommage.

Fargas accepta donc de les guider à travers des Bois aux Chênes. Hors des chemins, les arbres étaient si proche qu’il était pratiquement impossible de s’y frayer un passage. Les branches s’étendaient jusqu’à cacher le ciel, si bien qu’il y faisait sombre même en pleine journée. Après quelques minutes de marche au travers des fourrés, ils finirent par arriver dans une clairière, le seul endroit de la forêt où la lumière du jour perçait au travers des arbres pour illuminer l’autel.

Une petite statue l’ornait, représentant un petit Pokémon, avec une grand tête se terminant par une pointe. En dessous, une plaque expliquait : « Celebi est le Pokémon Gardien de la forêt. Prenez un temps pour honorer la nature. »

La curiosité de Cathy satisfaite, ils remercièrent Fargas et décidèrent de partir à pieds vers leur prochaine destination.