Eclat de Glace de Princess Leaf

Arya hésita, scrutant le regard de la Joliflor. Ce dernier exprimait un mélange de colère et de curiosité, comme si elle était autant intriguée qu’agacée par la situation.
Ce fut Anita qui brisa le silence :
« Votre Majesté, permettez-moi d’éclaircir les raisons de mon choix… »

La Blancoton raconta à sa reine les mésaventures d’Arya, et ce qui l’avait conduit jusqu’à elle. La souveraine l’écouta patiemment, en clignant des yeux de temps à autre afin de marquer son étonnement.
Quand Anita eut enfin terminé, la Reine Aylee déclara, en se tournant vers la Feunard :
« Ce que je ne comprends pas, Princesse, c’est pourquoi n’êtes-vous pas directement venue vous adresser à moi en premier lieu ? Par chance, l’ensemble de mes gardes se sont rétablis, mais si vous aviez blessé l’un d’entre eux, j’aurais été folle de rage en cet instant ; en avez-vous pleinement conscience ? Sans compter tout le mal que vous vous êtes donnée, alors qu’il aurait été nettement plus simple pour vous d’aller à la rencontre de mes gardes à Dirindel. Ils vous auraient conduite jusqu’à moi. »
Wozza s’avança et pris la parole :
« C’est moi-même qui ai suggéré à Arya de ne pas aller à votre rencontre de manière directe. Nous n’avions aucune idée de l’ampleur de tout cela, et avons préféré opter pour la prudence.
- J’ai estimé que me confier à Anita était une façon plus sûre d’entrer en contact avec vous, Votre Majesté. Le conseil de Wozza, ici présent, était plein de bon sens à ce moment. »
La Reine Aylee soupira.
« Me voici presque vexée, Princesse… Il est vrai que votre frère, dans son message, stipulait que nous devions vous ramener à Freljörd. Mais je ne l’aurais pas fait sans vous avoir parlé au préalable. Vous m’en voyez navrée, mais j’éprouve une bien plus grande considération pour vous que pour votre frère… Sans compter que votre version des faits est bien plus cohérente que la sienne. Voyez-vous, il n’a pas mentionné le Royaume de l’Ombre, alors que leurs explorateurs et leurs troupes trainent autour de nos frontières depuis votre fuite. Je ne suis nullement surprise d’apprendre qu’ils se sont même permis de pénétrer dans les Marécages Fleuris sans notre accord. »
Elle ferma les yeux, puis ajouta :
« Peut-être aurais-je dû clarifier à mes gardes le fait qu’ils favorisent une approche diplomatique avec vous. J’imagine être partiellement responsable de ces conflits inutiles.
- Vous n’avez pas à vous en faire, Ma Reine, intervint Velvet. Cela a eu le mérite d’être divertissant.
- Et de servir un récit toujours plus passionnant, ajouta Wozza avec un sourire enjoué.
- Merci, tous les deux… » marmonna Aylee avec lassitude.

La Joliflor s’avança vers Arya puis déclara :
« Au nom du Peuple Fleuri, je vous présente mes excuses pour cette méprise, Princesse Arya. Nous aurions dû nous douter plus tôt qu’il se tramait quelque chose d’étrange.
- Ma foi, nous sommes peut-être nous-mêmes en train de vous berner », plaisanta Wozza.
La souveraine secoua la tête.
« Ceci est hautement improbable. Votre récit est à la fois transparent et cohérent, à l’inverse de celui du prétendu Roi Belgor. »
La Feunard baissa la tête, peinée.
« J’ignore ce qu’il se passe à propos de mon frère. J’ai l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un nouveau subterfuge.
- Nous devrions le découvrir bien assez tôt, la rassura Aylee. Dès demain, nous organiserons un conseil afin de décider de la marche à suivre. Pour l’heure, tout le monde devrait se reposer.
- Je peux accueillir la Princesse dans ma demeure pour le moment, proposa Anita.
- Qu’il en soit ainsi. »
Ils saluèrent la Reine une nouvelle fois tandis qu’elle s’en retournait au château, suivie de ses gardes. Velvet fut la dernière à sortir. Elle adressa à clin d’œil aux étrangers.
« Beau périple, tout de même. »
Puis elle se détourna et s’en alla à la suite de sa souveraine.

« Bon, ça s’est plutôt bien passé… déclara la Blancoton. Tu n’avais pas trop à t’en faire, finalement, mais je comprends ta prudence.
- En quoi consistera ce conseil ? demanda la Feunard.
- La Reine Aylee va rassembler les différents meneurs du Royaume pour pouvoir les informer de ce qu’il s’est passé, et qu’ils puissent l’aider à prendre ses décisions. Tu y seras très probablement conviée.
- Y assisteras-tu également ?
- Oh, non, je suis assez éloignée de ce genre d’affaires. Je suis impliquée principalement dans la bonne tenue du château, et les relations entretenues entre la noblesse et le peuple. »
Elle rougit, avant d’ajouter :
« C’est toi qui m’a convaincue de l’importance de cette tâche, alors je m’y attèle.
- Et c’est une très bonne chose, la félicita son amie.
- Je contribuerai par exemple à informer l’ensemble du Royaume Fleuri de la situation, en discutant avec les pokémon de leurs inquiétudes vis-à-vis de ce qu’il se passe. Cela te permettra de circuler tranquillement dans les environs.
- Dans le pire des cas, on se débrouillera. On a l’habitude ! lança Wozza depuis l’autre bout de la pièce.
- Ce n’est pas faux, soupira Arya. En tout cas, ça me fait plaisir de te revoir, malgré les circonstances.
- Tu seras toujours la bienvenue en cette demeure, sache-le.
- Sauf le jour où elle sera hantée par des pokémon maudits », lâcha le Magirêve dans un rire sinistre exagéré.

La demeure de la pokémon plante était si vaste qu’Arya put avoir sa propre chambre. Elle s’installa confortablement dans une pièce fleurie comportant une petite fontaine en forme de bulbe, dont le clapotis la berça et lui permit de trouver le sommeil ; en vue d’un lendemain qui promettait de nouvelles péripéties.


La fatigue et l’appréhension régnaient au sein de l’équipe des Iris Embrasés.
Ils étaient finalement rentrés à Andor, après un épuisant voyage de retour. S’ils n’avaient rencontré aucun imprévu, ils avaient en revanche mis bien plus de temps qu’escompté en raison de leur cruel manque d’énergie à l’issue des nombreuses épreuves de la journée. Ils avaient sommairement rebouché derrière eux l’entrée du Tunnel de Ladon, afin que personne ne puisse constater qu’ils étaient passés par là.
Si la dernière ligne droite avant la cité, dans la Vallée de l’Ombre, était sûrement la moins à craindre, ça avait en fait été la pire. Les compagnons de Fynn avaient laissé libre court à leurs émotions et Erza avait éclaté en sanglots tandis qu’Aizen avait, de rage, incendié des broussailles séchées en jurant.
Le Pyroli avait trouvé ces réactions disproportionnées, mais s’était dit qu’il était inutile d’aller à leur encontre, et que ses équipiers apprendraient à relativiser ce genre d’échec plus tard. De toute façon, ils allaient bientôt être fixés, car ils approchaient de la Guilde des Roches Ardentes.
Gimji, le Teraclope qui patientait à l’accueil, sursauta à leur approche et balbutia :
« Oh, c’est vous… Hum… Nyx vous attend dans son bureau… Le Seigneur Van est avec elle… »
Fynn pencha la tête, surpris. Il jeta un œil vers Erza qui semblait sur le point de s’évanouir. Aizen avait les yeux rivés au sol, comme résigné.

Ils se rendirent au dernier étage, et pénétrèrent dans le bureau.
Le Jungko les attendait, à l’emplacement exact où Nyx avait l’habitude de les recevoir. Cette dernière se situait à présent en retrait, presque dans l’ombre. Elle jeta au Pyroli un regard gêné, et ce dernier détourna les yeux. Elle savait déjà très bien ce qu’il pensait de cette situation, et il était inutile d’insister ; tout particulièrement en cet instant.
Ils s’inclinèrent devant leur Seigneur, qui déclara d’une voix froide :
« Eh bien, équipe Iris Embrasés. J’attends votre rapport. »
Pour la première fois, Aizen sembla incapable de parler, paralysé par la peur. Inutile de compter sur Erza, qui ne parvenait pas à s’empêcher de trembler.
Fynn prit donc les devants :
« Nous avons échoué, Seigneur.
- Je le sais, ça se voit. Et je le savais de toute manière avant votre arrivée ici. »
« Comment pouvait-il être au courant ? » Ils n’avaient croisé nul pokémon capable de lui délivrer l’information. Mais ce n’était absolument pas le moment de poser ce genre de question à voix haute. Le pokémon feu poursuivit :
« Nous sommes passés par le Tunnel de Ladon, comme vous nous l’aviez ordonné, et avons vaincu le maître des lieux, tout en libérant le passage vers le Royaume Fleuri. »
Une lueur d’intérêt s’alluma dans le regard du Jungko.
« Voilà une bonne chose de faite… Et ensuite ?
- Nous avons suivi la piste de la Princesse Arya, qui nous a menés au cœur des Marécages Fleuris.
- Je vous avais pourtant stipulé de ne pas franchir cette frontière. C’est une initiative que je n’apprécie guère, même si je peux concevoir que le jeu en valait la chandelle. J’ose espérer que vous n’avez pas croisé de membres du Peuple Fleuri.
- Pas le moindre, Seigneur. Et nous sommes parvenus à rattraper la fugitive. Malheureusement, le Magirêve qui l’accompagnait a usé d’un Pétrifiorbe contre nous, et leur a permis de prendre la fuite. Nous n’avons pas abandonné, cependant, et avons suivi leurs traces au plus vite, jusqu’à ce que nous nous heurtions à une découverte inattendue. »
Il marqua une pause. Il avait hésité à mentionner le village au fond des marais, mais s’était dit que le mensonge était probablement la pire option possible en face du Seigneur Van.
« Nous sommes arrivés aux portes d’un repaire de hors-la-loi nommé Grivon, au sein duquel la Princesse Arya et son acolyte se sont très probablement réfugiés. Les pokémon hostiles étaient bien trop nombreux, et nous avons dû renoncer à poursuivre notre traque, n’ayant pas découvert de moyen de contourner cette bourgade ou de s’y infiltrer. »

L’expression de Van était étrange, comme s’il était perturbé par l’évocation de Grivon. Il ferma les yeux l’espace d’un instant, puis les rouvrit, et déclara :
« Ce village n’est probablement qu’un ramassis de vermines sans importance. Je sais de toute manière que la Princesse Arya ne s’y est pas arrêtée, et est actuellement en route pour Sylis… Voire même a-t-elle déjà pénétré dans la cité. J’ai transmis l’information à Freljörd. Le Roi Belgor pourra obtenir de plus amples informations dès demain. »
Fynn était sur le point de demander par quel moyen le Seigneur Van était au courant de l’avancée de la Princesse, mais se ravisa. Il n’obtiendrait probablement pas de réponse, et risquait de s’attirer des ennuis. Si le Jungko souhaitait faire preuve de transparence, il aurait déjà apporté de lui-même les détails.
« En ce qui vous concerne… »
Le pokémon plante baissa ses yeux vers les explorateurs, le regard chargé de mépris.
« Compte tenu de votre échec, vous n’obtiendrez évidemment pas de récompense. Cependant, je serai clément sur votre sort, en remerciement de votre succès dans la libération du Tunnel de Ladon. L’accès à ce passage sera probablement très utile au Royaume d’Andor. »
Son visage se fendit d’un sourire inquiétant à la suite de cette déclaration. Il conclut :
« Je vous ordonne de rester dans la cité pour le moment. J’aurai besoin de vous très prochainement. A présent, hors de ma vue ! »

Les explorateurs firent un salut, puis quittèrent la pièce. Fynn ne daigna pas regarder Nyx, qui n’avait pas dit un mot de tout l’entretien.
Aizen s’était rapproché d’Erza pour la réconforter. Le Pyroli n’avait jamais vu ses camarades dans cet état. Et ils ne le méritaient pas.
« Allons dormir, soupira-t-il. Que cette longue journée se termine enfin. »

Puis il jeta un regard en arrière, vers la guilde, et songea :

« De plus, j’ai hâte d’être à la suivante. Il y a plusieurs zones d’ombre à éclaircir… »