La presse avait été réunie dans la salle de conférences du Grand Olympia Hôtel. L’homme aux cheveux bruns frisés se frictionnait les mains en souriant alors que les flashs fusaient et que les perches à micros se tendaient. Il se trouvait face à un pupitre, et derrière lui, six personnes étaient attablées. En chemise et cravate, sans veste, il espérait avoir l’air décontracté. Il ne l’était pas.
- On est en direct dans huit minutes !
L’homme aux cheveux châtains frisés se tourna vers la table des six. Il parla au premier en partant de la gauche.
- De quoi j’ai l’air ?
- D’un gland.
- Billy !
L’homme aux cheveux roux en bataille leva ses yeux noisette cernés par la fatigue vers le ciel. Vêtu d’un pull-over et d’un pantalon cargos noirs, il semblait excessivement blasé par cette situation.
- Léo, tu me demandes de quoi tu as l’air, je te réponds que tu as l’air d’un gland, c’est sincère !
- Pourquoi j’ai tenu à t’avoir à mes côtés, déjà ?!
- Parce que je suis honnête avec toi et que quand tu as l’air d’un gland, je te le dis.
- Tu m’énerves… Deandra…
La blonde en robe blanche regarda Léo qui se désigna en serrant les dents.
- De quoi j’ai l’air ?
Les cheveux blonds aux racines brunes de Deandra étaient attachés en bouquet derrière sa tête. Elle se releva et regarda Léo.
- T’as l’air d’un mec qui sort du boulot le vendredi à dix-huit heures et qui finit écroulé sur le comptoir d’un bar à dix-huit heures trente.
Léo regarda Deandra qui haussa les épaules.
- Tu me demandes de quoi tu as l’air, je…
- Ok, ok, ça va j’ai compris, est-ce que quelqu’un ici trouve que je suis suffisamment correct pour passer à la télévision ? Hobbes ?
Le grand homme aux cheveux poivre et sel rehaussa ses lunettes.
- Euh bah oui, vous êtes très bien, Léo…
- Tu vois, ton nouvel employé hétéro te trouve sexy, tout va bien !
- Hobbes, je vous soupçonne de faire preuve de flagornerie !
Hobbes regarda Deandra qui haussa les épaules à nouveau.
- T’as pas besoin de moi pour lui répondre !
- Ok, euh… Vous êtes mon patron, je suis votre subordonné, on va travailler ensemble, je ne suis ni votre petit ami ni votre meilleure amie dooonc oui je fayotte parce que pour l’heure c’est une question de survie en ce qui me concerne.
Léo leva les yeux au ciel, sentant qu’il avait commis une erreur en l’engageant, celui-là.
- Arceus ! Arianne, comment je suis ?!
Tous les autres se tournèrent vers elle. La femme noire en chemisier violet repoussa d’une main gantée de cuir pourpre les longues tresses qui couvraient son visage.
- Bien.
Elle baissa la tête de nouveau vers son téléphone. Léo agita la tête.
- Ca a le mérite d’être bref…
- Je dois le prendre mal ? demanda Hobbes à Deandra.
- Pourquoi tu me demandes ?! Billy, réponds-lui !
- Tu me sors par les yeux, Hobbes. Personne ne t’aime.
- Je te méprise également, sauvageon ! grommela l’homme à lunettes.
- Rat de bibliothèque !
- Pouilleux !
- Pète-sec !
- Rustre !
- C’est même pas un vrai mot !
- Si, ouvre un dictionnaire ou un livre tout court de temps en temps !
- Pour finir moche et grisonnant comme toi ? Jamais !
- Oh oui, disputez-vous pendant que je suis entre vous, j’adore que deux crétins me hurlent dans les oreilles… gronda Deandra, lassée.
Léo continua son « tour » de table – c’était une simple table rectangulaire placée derrière son pupitre et ils étaient tous assis derrière.
- Jasper ?
Le gros bonhomme en chemise à bretelles rouges serra les dents.
- Euh… vous êtes très bien, je pense juste que vous stressez un peu trop…
- Ça vous va bien de dire ça, Jasper, vous suez tellement que votre chemise est trempée !
- Euh… oui, je suppose que vous avez raison…
- Sherry, vous, au moins, vous serez honnête !
La femme au visage carré, au pull orange et aux épais cheveux roux en carré regarda Léo en rehaussant ses lunettes d’un index mutin.
- Tournez-vous, pour voir ?
Léo se tourna. Sherry sourit et Léo se retourna.
- C’est un huit et demi en ce qui me concerne !
- Huit et d… quoi ?!
- Vos fesses ! C’est tout ce que je regarderais pendant cette conférence, moi ! Pourquoi vous croyez que je voulais la place d’Arianne à la base ?!
Arianne releva la tête à la mention de son prénom, agacée. Jasper regarda Sherry, éberlué.
- C’est pour ça que vous avez hurlé sur les assistants en coulisses ?!
- Eh bien oui, pour quoi d’autre ?!
- … ah oui quand même… marmonna Jasper, aussi impressionné qu’effrayé.
- Hihihi !
Léo sembla au bord des larmes.
- Pourquoi, pourquoi, pourquoi… pourquoi je n’ai réussi à avoir que vous six…
- Sept, tu oublies la gamine qui nous rejoint plus tard… marmonna Deandra.
- Et huit, pense à ce pauvre homme de ménage qui devra nettoyer nos locaux ! souffla Billy.
Léo agita la tête.
- Oui mais c’est vous six que je verrais le plus souvent, alors…
- Direct dans une minute !
- Arceus, Arceus, ARCEUS ! geignit Léo en joignant les mains, anxieux.
Hobbes inspira et regarda Deandra.
- Il est sous traitement ?!
- J’en sais rien, moi, demande à Billy… soupira Deandra.
- Je n’ai pas envie de demander à Billy !
- Et moi j’ai des oreilles, je t’entends et je n’ai pas envie que tu me demandes… marmonna Billy.
- Bah moi j’en sais rien, je suis juste sa meilleure amie ! souffla Deandra.
- Euh, monsieur Hobbes…
Hobbes regarda Jasper qui désigna Léo, vers les coulisses, qui s’enfilait cul-sec un verre de scotch. Hobbes hocha la tête.
- J’ai ma réponse… ainsi que les réponses à des questions que je ne m’étais pas posé…
- Direct dans 5, 4, 3, 2, 1…
Léo revint et s’appuya sur le pupitre. Un Evoli était posé devant lui et regardait la presse.
- Mesdames et messieurs. Je suis Léo, créateur du réseau informatique Poképolite, et je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous annoncer une nouvelle d’une importance capitale. J’ai été mandaté d’une part par le Gouvernement et d’autre part par l’Association Pokémon, avec l’aval direct du Club Olympe, afin de mettre au point la première agence de renseignement dédiée uniquement à l’aide aux Pokémon dans le monde. Mon projet avait cependant une contrainte très simple : Je refusais de faire appel à des agents professionnels comme les agences de renseignement classiques peuvent en avoir. Non, moi j’ai décidé de créer une agence qui n’engagerait que des Generation Kids.
La presse écoutait attentivement et prenait des notes. Certains enregistraient avec des dictaphones.
- Ces dresseurs exceptionnels, nés avec un talent inné pour le dressage et une capacité surhumaine à pouvoir communiquer avec les Pokémon qu’ils capturent, strictement contrôlés par le Gouvernement et l’Association Pokémon du fait de leur potentiel et de leur puissance inouïe, sont appelés Generation Kids parce que ce contrôle leur impose notamment de ne porter qu’une équipe de six Pokémon, chacun issu d’une Génération selon l’ordonnancement du Pokédex International des six continents de l’Union. Sur les 40 Generation Kids officiellement répertoriés dans le monde, 32 se sont soumis à ce contrôle. J’ai réussi à en réunir sept, six sont ici. Ils ont été spécialement briefés et formés pour travailler dans une agence de renseignement. Permettez-moi de vous les présenter sommairement. Tout d’abord Billy… Lève-toi !
Billy regarda Léo et secoua la tête. Léo lui fit signe de se lever. Billy leva les yeux au ciel. Deandra lui pinça l’épaule.
- Aow, aow, aow, aow !
- Tu obéis au monsieur !
- Punaise…
Billy se leva, blasé et voûté. Léo souffla, habitué, et poursuivit.
- Sommité dans le monde de la recherche et de l’observation des Pokémon à l’état sauvage, il a également remporté sept des huit ligues Pokémon reconnues et s’est fait un nom dans un grand nombre de compétitions plus ou moins officielles. On lui doit notamment la qualité et l’exhaustivité des données des Pokédex régionaux et nationaux qu’il a non seulement rempli mais parfois également édité officiellement lui-même. De par son expérience et ses qualités, Billy officiera en tant qu’Agent de Terrain. Ensuite, Deandra…
Billy se rassit, saoulé. Deandra se leva à son tour, droite, les bras croisés.
- Deandra a été reconnue comme l’une des combattantes les plus douées et les plus puissantes du monde. Deandra accompagnera Billy en tant qu’Agent de terrain. Billy aura un rôle d’enquêteur et Deandra de force de frappe, ce qui me semble être une combinaison gagnante. Ensuite, Hobbes.
Deandra se rassit. Le grand dadais maigrichon en chemise verte se leva, un sourire de benêt sur son visage.
- Hobbes est le plus qualifié des Generation Kids de ce groupe.
Billy, Deandra, Arianne, Jasper et Sherry regardèrent leur collègue, surpris par ce constat. Hobbes se dressa fièrement.
- Historien spécialisé dans les cultes relatifs aux Pokémon et aux Pokémon Légendaires, également Professeur d’Histoire émérite avec une aile à son nom dans l’université d’Atalanopolis, il possède une grande partie des musées du continent de Hoenn, occupe une chaire à titre honoraire dans toutes les assemblées intellectuelles concernant l’Histoire de notre monde, et détient également en son nom propre quelques ruines séculaires qui sont officiellement sous sa protection, ainsi que Hoenn elle-même puisqu’il a été nommé Grand Protecteur du Continent après l’avoir sauvé d’un cataclysme.
Billy regarda Deandra.
- Je comprends mieux comment t’as pu sortir avec lui pendant deux semaines !
- Si tu veux que je te casse le bras et que ça passe pour un simple accident de massage, continue de me rappeler ça, Billy. Con-ti-nue… gronda Deandra.
- Massage reçu. Euh, message.
- Mouais.
Léo inspira.
- Du fait de sa compétence, Hobbes sera en contact direct avec moi en tant que Chef Administrateur.
Hobbes hocha la tête et se rassit. Il regarda Billy qui lui fit un discret doigt d’honneur. Deandra leva les yeux au ciel, gavée.
- Ensuite, Arianne.
La femme noire vêtue de violet se leva. Elle toisa le public de journalistes qui la prit en photo comme pour les autres.
« Ils vont avoir ma photo avec mon visage et ils connaissent à présent mon nom. Si je pouvais agir de mon propre chef, je leur inoculerais en un rien de temps un poison qui les tuerait tous à l’instant même où ils mettraient le pied hors d’ici avec ces informations… »Arianne regarda Léo.
« Par chance pour eux, à présent, je travaille pour cet homme… »- Arianne est une… scientifique experte dans la confection de poisons…
Arianne leva les yeux au ciel.
« Merci de mentir pour moi, ‘patron’… »- Cette compétence dans le domaine toxicologique nous sera d’une aide précieuse. En plus de cela, ses talents de combattante en feront un parfait agent de terrain. J’ai jugé bon de ne pas lui assigner de partenaire du fait de sa haute expérience.
Arianne ferma les yeux et se rassit.
« C’est adorable d’éluder ma misanthropie et mon talent pour le meurtre rémunéré. Merci, vraiment. »- Nous passons à Jasper…
Le gros homme en blanc se leva, ajusta les cheveux gominés au sommet de son crâne joufflu, et regarda la presse une demi-seconde avant de baisser les yeux vers son gros ventre, intimidé.
- Jasper est un éleveur Pokémon reconnu d’entre les six continents pour son travail en défense de l’élevage naturel. Ses méthodes ont été reprises dans de nombreux travaux universitaires et certains sont devenus une norme dans certains milieux dont la médecine, et la charte de bienséance des jeunes dresseurs, dont il est à l’origine, est respectée dans le monde entier. Bien qu’en termes de niveau global de par son domaine d’expertise et ses capacités propres, Jasper surpasse une grande partie des dresseurs ici, son caractère pacifiste m’a conduit à le nommer Analyste. Il monitorera les troupes depuis la salle de contrôle et aura tout aussi bien un rôle de logisticien et de gestionnaire local.
Jasper hocha la tête, presque rassuré, et se rassit. Billy haussa un sourcil.
« Il tremble comme une feuille… »- Et enfin, Sherry…
La grande femme se leva. Son pull-over à col roulé orange dissimulait une jolie poitrine proéminente, et sa jupette bordeaux semblait bien courte. Elle salua les journalistes d’un sourire mutin tout en ajustant d’un doigt ses lunettes à verres fumés jaunes.
- Sherry est une Top Coordinatrice. Elle est sortie première des festivals des six continents et certaines de ses prestations ont atteint des millions de vues sur YouTube.
Sherry regarda fièrement ses confrères en souriant. Jasper, Arianne et Hobbes se regardèrent, quelque peu interloqués. Billy se retenait de rire.
- Elle est également femme d’affaires et gérante de sociétés. Son talent et sa compétence dans le domaine m’ont amené à la nommer Assistante en Chef. Quant à moi, j’occuperais le poste de Directeur des Opérations. C’est moi qui serais le relais entre la communauté internationale et mes agents. Je crois avoir fait le tour. Avez-vous des questions ?
Une femme leva la main.
- Madame ?
- Vous avez réuni six Generation Kids… enfin, sept… pour en avoir trois sur le terrain…
- Quatre, la jeune Monday sera également un agent de terrain mais détaché.
- D’accord. Quatre sur le terrain et trois pour faire des travaux de bureautique ?! Vous allez employer trois dresseurs de légende pour faire de la paperasse ?!
Billy haussa un sourcil et se pencha vers Deandra.
- Alors ça, je lui ai dit, et il s’était trouvé bien couillon quand je lui ai fait remarquer…
- J’avoue, j’avais pas pensé à ça…
Léo hocha la tête.
- Excellente question. Tout d’abord sachez que les trois dresseurs assignés aux tâches administratives pourront être amenés à aller sur le terrain si la situation le demande. Ensuite, étant donné la nature de notre action, il est nécessaire d’avoir au bureau des gens de haut niveau afin de pouvoir défendre notre activité. Leur seul statut de Generation Kid les rend aussi aptes pour cette tâche qu’un service entier. J’ai passé des entretiens avec les trois dresseurs concernés et ils sont tous d’accord pour ne pas être sur le terrain en tant qu’agents à mon service.
Jasper baissa la tête, un peu dépité.
Hobbes sembla soulagé.
Sherry eut un demi-sourire.
- Question suivante ? Oui, monsieur ?
- Monsieur Léo, votre réputation en tant que créateur du réseau informatique mondial n’est plus à faire, mais… comment un simple informaticien trentenaire comme vous avec… pardon de vous vexer, mais… un simple Evoli, va pouvoir donner des ordres à sept dresseurs aussi puissants ? Si l’un d’eux se rebelle et veut prendre le dessus sur vous, qu’allez-vous faire ?
Billy regarda son « patron » avec intérêt quant à la réponse.
« Comment tu vas répondre à cette question sans trop en dire, hm ? »- Eh bien en vertu des contrats que nous avons passé, tout d’abord, ils sont mes employés et me doivent obéissance. En cas d’insubordination, j’aviserais quant à la manière de les sanctionner.
- Les sanctionner ? On parle de dresseurs capables de raser un pays à eux tous seuls ! Il y a eu des précédents, d’où les contrôles stricts auxquels ils sont assujettis ! Huit dresseurs s’en sont affranchis et trois d’entre eux sont en prison pour des crimes de ce genre !
Léo inspira en hochant la tête. Evoli le regarda. L’homme prit son Pokémon et le plaça devant le micro.
- Evoli, si tu peux répondre au monsieur…
Les journalistes plissèrent les yeux, pensant qu’on se foutait d’eux. Evoli se releva et s’adressa à la foule.
- Ne vous inquiétez pas. Mon Maître est tout à fait capable de se faire respecter de ses employés. Il a déjà été patron de sa propre société, ce ne sera qu’une simple formalité pour lui de gérer sept personnes, même aussi puissantes ! Au pire, c’est moi qui m’en chargerai !
Hobbes, Jasper et Sherry haussèrent les sourcils en se regardant. Billy et Deandra se regardèrent, entendus. Les journalistes provoquèrent un brouhaha. Léo reprit le micro.
- Et avant que vous ne regardiez la liste officielle, non, je ne suis pas un Generation Kid.
Arianne inspira lourdement.
- Question suivante.
Léo sourit fièrement, satisfait.
« Voilà. Deux questions épineuses et je les balaie d’une main. Ton projet, le rêve de ta vie, va devenir réalité, Léo. La première agence destinée à la protection exclusive des Pokémon… »- Oui mademoiselle ?
- Monsieur Léo, votre agence, le… GKA, sera dédiée à la protection des Pokémon, c’est bien ça ?
- Oui.
- Même si cela doit entraver l’activité humaine ou vous amener à blesser voire tuer des êtres humains ?
Brouhaha intéressé. Léo hocha la tête, tout à fait à l’aise avec cette question précise.
- Tout à fait. Seuls les Pokémon comptent. Je me moque éperdument de ce qui peut arriver aux humains qui feraient du mal à des Pokémon, quant à l’activité humaine, eh bien si elle doit faire souffrir des Pokémon pour perdurer, elle n’est pas saine et je m’y opposerai farouchement quitte à recourir à la violence !
Regards étonnés dans l’assistance. Hobbes serra les dents, stressé. Billy plissa les yeux.
- Pas bon, pas bon du tout, ça… marmonna Billy.
- Hein quoi ? s’étonna Deandra.
- Tu vas vite comprendre, je pense… marmonna Hobbes.
La journaliste reprit le micro, quelque peu stupéfaite.
- Vous… confirmez ces propos ?!
- Tout à fait mademoiselle, les Pokémon d’abord, les humains ensuite. S’ils entravent notre action, nous userons des moyens nécessaires. J’ai créé cette agence parce que la souffrance des Pokémon m’était insupportable et j’avais le sentiment qu’ils n’étaient pas assez protégés, je me fais donc un devoir de les protéger. L’Humanité ne me concerne pas.
- … monsieur Léo, une telle attitude vous classe, de facto, comme organisation criminelle à grande échelle, voire comme un groupe terroriste, représentant un danger potentiel pour l’humanité au vu de votre raison sociale, tout d’abord, mais surtout de la nature exceptionnelle de vos collaborateurs !
Léo blêmit. Billy inspira lourdement. Deandra se retint avec force d’éclater de rire. Hobbes se mordilla les lèvres. Arianne sembla, par avance, horripilée. Jasper grimaça, apeuré. Sherry se contenta de pouffer de rire non sans malice.
- Oh… euh… eh bien… nous… évaluerons chaque situation au cas par cas, je… suppose ! Héhé… héhéhéhé… euh… d’autres… questions ?
Aucune main ne se leva, tout le monde étant bien trop occupé à prendre des notes et à relayer l’info. Léo se retourna vers Billy qui simula un applaudissement non sans cynisme...
***
CHAPITRE 1 – Des Générations***
- Quel crétin, mais quel crétin…
Dans le taxi qui les ramenait à l’immeuble, Léo et Billy discutaient de la conférence de presse. Léo se servait un verre dans le minibar du taxi.
- Tu as été trop confiant.
- Je sais ! Tu pourrais essayer de me soutenir, un peu ?
- Tu as pris la confiance, tu assumes.
- Ca m’a surtout pris des années pour mener ce projet à bien et je bute sur la plus idiote des questions… Tu en penses quoi de l’équipe ?
Billy leva les yeux au ciel et regarda Léo qui sirotait un nouveau scotch.
- T’es sérieux, là ?
- J’ai besoin de ton avis !
- Ok… Deandra est chiante.
- C’est ma meilleure amie et je pensais que vous vous entendiez bien…
- Ouais mais elle m’asticote tout le temps, ça m’énerve !
- Ça doit être parce que je lui ai beaucoup parlé de toi…
***
- C’est un salaud ! Tous les hommes sont des salauds !! Pourquoi tu m’as quitté, Billy, POURQUOIIIIIII ???
Deandra observait Léo qui s’était écroulé sur le comptoir du bar.
- Uuuuuuhuhuhuuuuuu…
- Garçon, un autre whisky-coca… demanda la jeune femme.
- AVEC DU CITROOOOON !
- … avec du citron…
***
Léo agita la tête en serrant les dents.
- … et que je l’ai rencontrée après notre rupture.
- … tout s’explique. Hobbes est un immense connard.
- Hobbes est un Generation Kid 5 Etoiles, donc techniquement il est moins con que toi.
- Cinq étoiles ? J’en ai quatre, c’est PRESQUE pareil !
- Disons qu’il a accompli certains exploits…
***
Un grand dadais à lunettes et aux cheveux encore noirs à l’époque se tenait sur un rocher au beau milieu d’Atalanopolis, entouré par Kyogre et Groudon.
- KYOGRE, GROUDON, CA SUFFIT ! VOUS ALLEZ ARRETER DE VOUS BATTRE !
Kyogre et Groudon regardèrent Hobbes et recommencèrent à se foutre sur la gueule.
- Alors là, vous l’aurez voulu !! grommela Hobbes en remontant ses manches.
***
- Les autres, je les connais pas alors, à vue d’œil… La renoi est une psychopathe.
- Arianne a toute ma confiance, c’est un élément très important de notre agence.
***
Arianne sirotait un verre de vin.
Dans une salle de réunion d’un grand immeuble.
Entourée de cadavres sanguinolents, son Kravarech volant dans la pièce tandis qu’une pluie acide s’écoulait et dissolvait petit à petit les multiples assassinés ainsi que les fauteuils.
Avaltout prenait un ou deux types dans sa bouche pour les bouffer. Arianne soupira en aérant le vin, lasse.
***
Billy regarda Léo, intrigué.
- O… kay… Le gros… il dresse vraiment des Pokémon ?!
- Jasper est un grand éleveur de Pokémon et il fera un analyste parfait.
- Si tu veux… Il a juste l’air parfait pour vider le garde-manger…
- Billy…
- Je suis sérieux, cadenasse la réserve.
***
- T’ES QU’UN GROS SAC ! TU FERAS RIEN DE TA VIE ! T’ES QU’UNE CHOCHOTTE ET J’EN AI ABSOLUMENT RIEN A FOUTRE QUE TU SOIS UN « DJENERACHON KIDE » OU JE SAIS PAS QUOI, TU ES ET TU RESTERAS TOUJOURS UN BON A RIEN !!
Jasper regarda son père, un grand type baraqué et moustachu. Il soupira en s’effondrant sur sa chaise tandis que sa mère lui servait un bon petit plat.
- Hhhh. Merci maman…
***
- Et la drag-queen…
- Billy !
- Pardon, la travelo…
- Billy, bon sang !
- La trans, ugh.
***
- Mademoiselle Sherry, les actionnaires sont mécontents de la nouvelle gamme de produits sur Belle-De-Soie…
- Et nos retombées publicitaires pour la campagne Atalante doivent être immédiatement revues pour les prévisions de l’année prochaine…
- Sans parler de la réunion avec la filiale Corbelle…
Sherry était en train de faire des mots croisés. Elle inspira et désigna Débugant qui se leva avec une tablette sous le bras.
- Bonjour messieurs ! Mademoiselle Sherry est actuellement en rendez-vous d’affaires…
Les collaborateurs observaient la PDG qui cherchait « Au golf comme au bridge » en quatre lettres.
- Allons rassurer les actionnaires, croisées les retombées et les prévisions et préparer l’entretien avec Corbelle ! Mademoiselle Sherry, le mot que vous cherchez est « Club » !
Sherry leva un pouce vers son Pokémon.
***
- T’as pris les premiers venus, c’est ça, t’as lancé un appel d’offre et t’as pris les premiers gusses qui ont répondu ? Tu sais qu’à moi tout seul je faisais déjà une parfaite agence ?
- Non, et non, tu le sais très bien. J’ai sélectionné avec parcimonie mon équipe. Je veux que ça marche et ça marchera, peu m’importent tes critiques puériles.
- Dit le mec qui voulait mon avis y’a pas cinq minutes… souffla Billy, déjà exaspéré.
Billy observa le verre de brandy que Léo manipulait nerveusement.
- Tu peux arrêter de boire, au moins ?
- Je suis stressé, je dois boire !
- Non.
- Si. Tu ne sais pas tout ce que j’ai sur le dos.
- Le Club Olympe, les instances gouvernantes, la presse, les agences concurrentes…
- Ne m’en parle pas…
- Besoin d’être déstressé ?
Léo regarda Billy, éberlué.
- Je suis ton patron !
- Et on a un passé ensemble qui fait que ça ne va pas être facile pour moi d’être… sanctionné par ma hiérarchie…
- Billy !
- Bah on s’est vus tous nus, donc…
- BILLY !
- Oh ça va hein. J’ai trente ans, plus seize !
- Moi aussi, j’ai trente ans, et plus seize. Je ne suis plus le gosse de riches que tu as connu.
- Bien sûr que non. Tu pleures toujours devant les infos ?
- …
- Tu as toujours peur de l’orage ?
- … tchhh…
Léo se rembrunit et regarda par la vitre du taxi, silencieux. Billy inspira.
- Je me demande comment ça se passe dans la limousine…
***
Silence de mort. Arianne restait bras et jambes croisés, les yeux fermés. Jasper était prostré et regardait ses chaussures noires bien cirées. Hobbes lisait un livre usé parlant d’une prison de légende appelée Xénon. Deandra était sur son téléphone, indifférente. Sherry se limait les ongles et observait ses futurs collègues du coin de l’œil, amusée.
Mais pas un bruit durant tout le voyage.
***
- Je suppose qu’ils doivent faire connaissance. Je leur ai laissé du champagne.
- Je vois que monsieur n’a pas regardé à la dépense.
- J’ai les moyens, j’en fais usage.
- Tu vas faire usage d’Arceus, aussi ?
Léo inspira.
- Si nécessaire.
- Qu’est-ce qui t’a pris, franchement ?
Léo regarda Billy, furieux.
- Je te demande pardon ?
- Qu’est-ce qui t’a pris de prendre autant de risques, juste pour monter une agence de renseignement ?!
- C’est toi qui me demande ce qui m’a pris ?! Toi qui t’es enfui…
- J’ai réalisé mes rêves, et ça ne se résumait pas à rester dans ta villa. Et puis, ça t’a aidé aussi, mon départ !
- C’est ça, rassure-toi avec de belles paroles. Moi aussi, je suis en train de réaliser mon rêve ! Tu aurais au moins pu revenir me voir…
- On s’est vus, on a gardé le contact, Léo, enfin…
- Quelque part, ça a valu la peine, que je prenne ces risques. Ma foi en Arceus m’a aidé à tenir le coup.
Billy inspira et croisa les bras, fermé. Léo le regarda.
- Tu sais, même après toutes ces années, je te trouve toujours aussi impressionnant…
- Quant à toi, tu tiens de moins en moins bien l’alcool et tes délires religieux, je m’en passerai.
Léo inspira et s’assit dans le fond de son siège. Ils restèrent silencieux pendant tout le trajet.
L’immeuble du GKA était un grand immeuble sans nom au milieu de Volucité. Billy haussa les sourcils.
- Vraiment pas regardé à la dépense… souffla le rouquin.
Léo prit la porte et sortit. La limousine arriva juste derrière eux. Sherry en sortit la première et regarda son patron.
- Bon sang, c’que c’est moche !
- C’est plus joli à l’intérieur.
- J’espère bien, sinon je démissionne !
Billy sortit de la voiture. Sherry inspira, charmée. Hobbes sortit à son tour, toujours sur son bouquin. Il regarda la structure.
- Meh. Un peu trop clinquant.
Deandra arriva à sa suite.
- Ça ressemble à rien, ton truc, Léo !!
- C’est mieux à l’intérieur, je te rassure ! sourit Léo.
Jasper émergea du véhicule. Il n’émit aucune opinion. Il en fut de même pour Arianne qui observa l’immeuble une seconde avec son regard tranchant puis regarda autour d’elle, méfiante.
- Eh bien, entrons. Le concierge doit nous attendre !
Ils entrèrent dans le hall qui était incroyablement banal. Il y avait même une fontaine. Tout était saumon, c’était ignoble.
- Quelle couleur de merde ! souffla Deandra.
- On est bien d’accord… geignit Sherry avec dégoût.
- C’est dissuasif. Les gens entrent et se disent : « C’est quoi cet immeuble pourri », et ils se cassent ! sourit Léo.
Billy, Jasper, Hobbes, Arianne, Deandra et Sherry regardèrent Léo qui semblait vraiment sûr de son coup, à un point que c’en était presque gênant. Les autres peinèrent à cacher leur pessimisme.
- Y’a même pas de réception… remarqua Hobbes.
- Sinon, y’a un vrai système de sécurité, ou… marmonna la blonde Deandra.
- Oui, ne t’en fais pas ! soupira Léo. On prend l’ascenseur juste en face de la porte. Il y a plusieurs autres ascenseurs qui mènent à d’autres entreprises dans l’immeuble. Une réception attirerait trop l’attention, tous les gens de l’immeuble sont censés savoir où ils vont.
- On n’est pas tous seuls ?! s’étonna Billy.
- Non, l’immeuble appartient à un groupe, nous n’avons que les six derniers étages.
- Six ??? s’étonna Hobbes.
- Il y a des appartements que vous pouvez prendre, certains d’entre vous ont plusieurs domiciles, je me suis assuré que vous pourriez en avoir un ici, il y a des salles d’entrainement adaptés à des dresseurs de votre envergure, des bureaux, un stade, un héliport…
- J’aimerais pas voir la facture… souffla Billy.
- Ni l’origine des fonds… marmonna Deandra.
- Bon, il arrive cet ascenseur ? souffla Sherry.
Léo avait beau appuyer sur le bouton, l’ascenseur ne venait pas.
- … comme c’est embêtant… euh…
- Premier jour, l’ascenseur ne marche pas, tu m’étonnes que c’est embêtant… admit Billy.
- Comment on va faire ? demanda Jasper.
- On peut prendre les escaliers… marmonna Hobbes.
- … han non… geignit Jasper.
- Vous allez survivre ? demanda Sherry.
Le gros bonhomme regarda la grande femme.
- Evidemment, ça va juste être très fatigant… soupira l’homme en blanc.
Deandra haussa un sourcil.
- Moi ça ne me pose pas de problèmes, les bases de mon entrainement c’était de monter et descendre des marches.
- Comme un boxeur quoi.
Deandra asséna une taloche derrière la tête de Billy qui lui rendit un coup sur l’épaule. Elle le frappa en retour. Il la gifla presque.
- Du calme ! grommela Léo. On va prendre les escaliers, ça fera du bien à tout le monde !
- Je peux les monter en Chevroum ? demanda Hobbes.
- Je peux grimper sur votre Chevroum ? geignit Jasper.
- Je préfèrerais une femme…
Sherry leva la main, toute contente. Hobbes la regarda.
- Une vraie femme !
- Je SUIS une vraie femme !
- Pas selon mes critères.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?!
- Le plus tôt on est montés, le moins j’ai à tous vous supporter… gronda Arianne en ouvrant brutalement la porte des escaliers de service d’un grand coup de pied.
Léo, Billy, Deandra, Hobbes, Sherry et Jasper observèrent la femme noire sortir un Brutapode d’une Pokéball et lui grimper dessus. La créature galopa dans les escaliers.
- Cinquante-quatrième étage !! cria le directeur du GKA avant que la porte ne se referme par l’effet du bras mécanique coupe-feu.
Billy regarda Léo.
- Ça craint.
- Mais non, c’est juste un souci logistique, ça arrive très souvent !
- Souci logistique ou pas, ça craint.
- … c’est ta formulation… j’ai la mienne… marmonna Léo, stoïque.
- Deandra, tu montes avec moi ? sourit Hobbes avec emphase.
- J’ai dit que monter à pied ne m’embêtait pas ! souffla la blonde en trottant dans les marches sans problème.
Billy inspira et sortit Drackhaus. Le Pokémon ouvrit les yeux et regarda son maître.
- Maître Billy…
- A tout à l’heure en haut… grimpe-moi ces marches, Drackhaus.
Le jeune homme enfourcha le Pokémon qui arpenta les escaliers au trot, sautant d’une rampe à l’autre avec habileté. Léo inspira. Hobbes sortit Chevroum, l’enfourcha et regarda son patron.
- Ne vous en faites pas, plus tard, on rira probablement de ce moment…
- Pas une petite place pour moi ? demanda Sherry.
Hobbes regarda la femme en col roulé orange, fit une grimace dégoûtée, et prit l’escalier de service à la suite des autres.
Sherry inspira et sortit Staross. Le Pokémon s’éleva au-dessus de la tête de sa maîtresse, la couvrant comme une auréole et projetant des lumières arc-en-ciel.
- Oh, tu es mignon-mignonne, tu as vu que j’étais toute maussade à cause de ce vilain malotru !
- Toujours là pour vous, Mademoiselle Sherry… marmonna la voix cristalline et agenre de Staross.
- Aide-moi à monter cet escalier de service, mon brave Staross.
- Les Désirs de Mademoiselle Sherry sont des Ordres…
Le Pokémon Mystérieux se plaça à un niveau convenable et laissa Sherry s’asseoir sur son cœur rougeoyant. La créature entreprit ensuite son ascension de l’escalier de service en émettant des lumières colorées sur son passage, tout en criant par intermittences « Star…Star…Star… ». Léo regarda Jasper.
- Bon courage, rassurez-vous, nous vous attendrons !
- … euh…
Léo entra dans l’escalier de service et se saisit d’une Pokéball entre ses deux mains. Le jeune homme ferma les yeux et se mit à léviter dans la cage d’escalier, s’élevant en son centre tout droit vers le cinquante-quatrième étage. Sherry le regarda, stupéfaite, alors qu’il la dépassait, en rehaussant ses lunettes à verres colorés. Hobbes et Deandra haussèrent les sourcils.
- Mais comment…
- Vaut mieux pas chercher à comprendre, je crois… admit Deandra qui trottait toujours sans faiblir l’allure.
Billy l’aperçut mais se contenta de lever les yeux au ciel. « Frimeur... »
Léo arriva en même temps qu’Arianne qui le regarda, presque effrayée. Léo se posa devant la porte. Il rouvrit les yeux et regarda Arianne.
- La prière, y’a que ça de vrai !
- …
- On entre ?
Arianne inspira, fermée. Léo ouvrit la porte qui donnait sur les bureaux.
- Voilà !
Les autres arrivèrent petit à petit. Billy, Deandra, Hobbes et Sherry rejoignirent Léo et Arianne.
- Nous allons attendre ce pauvre Jasper, quand même…
L’ascenseur bipa et s’ouvrit, laissant entrer Jasper qui s’avança, calmement, avec son Pikachu sur l’épaule.
- Simple panne du générateur.
- Salut tout le monde ! salua joyeusement le Pikachu avec une voix très enfantine.
Léo haussa les sourcils.
- Eh bien, je vois que j’ai bien choisi mon équipe…
- Si tu essaies de faire passer ce fiasco pour un test à la con prévu à l’avance, je t’étrangle… grommela Billy.
- … et nous allons procéder immédiatement à la visite ! Voici nos bureaux. Sherry, vous occuperez l’accueil.
Sherry observa son bureau.
- … pour accueillir qui ?!
- Nous allons recevoir des clients, des investisseurs, des personnalités politiques très importantes, des notables, des journalistes…
- … et c’est elle que tu mets à l’accueil ?! s’étonna Billy.
Deandra, Hobbes, Arianne et Jasper semblaient d’accord quant au fait que ce serait une très mauvaise idée. Sherry les regarda en levant les yeux au ciel.
- Je suis coordinatrice ! Bien présenter, c’est mon métier !
- Et vous avez arrêté quand ? marmonna Billy.
- Si vous n’étiez pas aussi bien foutu, je vous aurais giflé !
- … euh… pardon ?! geignit Billy.
- On se calme… soupira Léo. Sherry sera parfaite, je lui fais entièrement confiance, comme à vous tous.
Sherry regarda son patron en inspirant.
- Cela dit, vous, vous êtes encore plus mignon ! Je n’arrive pas à croire que vous ayez couché ensemble tous les deux, je pense que je paierai pour voir ça !
Léo grimaça en rougissant. Jasper, Deandra et Hobbes observaient, quelque peu interdits. Billy regarda Léo en hochant la tête.
- Elle sera parfaite, en effet, et je trouve qu’elle mérite ta confiance SURTOUT en matière de confidentialité !
Hobbes et Jasper ne purent que hocher la tête. Arianne semblait absolument exaspérée.
- … poursuivons la visite… euh… là, ce sera mon bureau…
Il désigna une porte fermée en acajou.
- On peut visiter ? marmonna Hobbes.
- Non. Là, c’est la salle de réunion…
Un homme dormait à une chaise de la salle en question. Un grand homme basané en bleu de travail, coupe dégradée stricte, petite moustache noire.
- … Farouk ! Farouk, ce n’est pas un lieu où dormir, voyons !
L’homme se réveilla en sursaut. Il reprit son nettoyage de la table de la salle de réunion. Billy se pencha vers Léo.
- Et lui, tu l’as recruté comment ?
***
Obscurité. Lumière d’une torche. Farouk lève les mains et lâche le vase Ming de Léo qui sourit, en peignoir rose, tenant la lampe.
- Tiens, tiens, tiens !
***
- … candidature spontanée !
- Mouais… souffla Billy.
- Ahem… Là, nous avons les bureaux des agents de terrain. Il y en a quatre pour le moment…
- J’appelle ça des box, moi…
Les quatre bureaux étaient plus ou moins vitrés et faisaient à peu près quinze mètres carrés chacun à tout casser. Certes, le vitrage était opaque, mais ils étaient bien plus petits que celui de Léo.
- Vous n’y passerez pas beaucoup de temps, ils seront destinés à l’écriture des rapports et au classement de vos dossiers personnels. Vous avez également une salle de repos, là-bas, pour vous détendre entre deux missions. Nous avons ici le bureau administratif, donc le lieu de travail de Hobbes…
- Ma porte n’est pas en acajou… fit remarquer Hobbes.
Léo regarda Hobbes qui haussa les épaules.
- Je suis un Generation Kid cinq étoiles, j’estime…
- Hanlala… soupira Deandra.
- Non mais je rêve… souffla Billy.
- Vous êtes sérieux ? souffla Jasper.
- Pschhh… gronda Arianne en levant les yeux au ciel.
- Une baston, une baston ! chantonna Sherry en ajustant ses lunettes.
Léo regarda Hobbes.
- Certes, votre bureau est moins… fastueux, mais je suis le patron et je recevrai régulièrement dans mon bureau, ce qui implique un certain standing…
- C’est indiscutable, admit Hobbes.
- Lèche-bottes… grommela Billy.
- Ahem… Tout au fond, nous avons la salle de contrôle qui sera le domaine de Jasper. Je précise, évidemment, que vous vous organisez comme vous le souhaitez dans votre espace de travail. Vous êtes tout à fait en droit d’utiliser vos Pokémon pour vous aider.
- Ah bah encore heureux… marmonna Sherry.
Tout le monde entra dans la salle de contrôle. Grands écrans, bureaux, ordinateurs, télécommunications…
- Ma parole, t’as revendu le comté de Rivamar ou quoi ?! souffla Billy.
- L’origine de mes ressources ne te regarde pas…
- Moi par contre, elle me regarde, vu que je vais devoir gérer notre comptabilité et nos contrats… marmonna Hobbes.
- Et vous avez signé, avec votre contrat, une très stricte clause de confidentialité qui vous interdit de divulguer quoi que ce soit, ne serait-ce qu’à vos collègues.
- Han, non, c’est vraiment trop dommage… ironisa Billy, blasé.
- C’est toujours ça de plus que toi.
- Je suis affreusement jaloux, monsieur « regardez mes grosses étoiles ».
- Toujours, là encore, une de plus que toi.
- Pour t’être contenté d’avoir lu des livres et d’avoir gratté le sol pour déterrer des vieilles pierres ?!
- Tu n’as fait qu’observer des Pokémon, allongé dans la merde, tout en prenant des notes, je ne pense pas que ce soit plus glorieux.
- J’vais te mettre le nez dans la merde où j’étais allongé, tu vas voir…
- Essaie un peu pour voir. J’ai sauvé un continent tout entier, je doute que tu puisses en dire autant.
Arianne inspira lourdement, visiblement très excédée.
- Peut-on poursuivre ? gronda-t-elle.
- Oui, en effet… soupira Léo. Billy, je te prierai… d’arrêter ces enfantillages ?
- Il m’énerve !
- Ce n’est aucunement une raison de te chamailler avec lui. Hobbes, si vous pouviez, quant à vous, éviter de répondre à ses provocations…
- Ce sera difficile mais j’essaierais…
- T’as juste à te taire, ça n’a rien de compliqué…
Hobbes regarda Billy qui haussa les épaules. Le grand homme à lunettes inspira lourdement. Léo souffla.
- Bien, je… vous ferais volontiers visiter les cinq autres étages privatifs, mais… je suis fatigué…
- Comme c’est étonnant… gronda Arianne.
- J’ai des tas de choses à régler, notamment niveau communication, je vais vous laisser vous installer et d’ici… une heure, disons, je recevrais Monsieur Hobbes dans mon bureau. Mademoiselle Sherry, vous serez priée de notifier ce rendez-vous.
- Je demanderai à Débugant de le faire, j’ai la flemme.
Jasper, Billy, Deandra et Arianne regardèrent la grande femme qui haussa les épaules.
- Ça sert à ça, les Pokémon, à bosser à notre place, non ?
Hobbes sembla regarder ailleurs. Deandra agita la tête, plus ou moins d’accord. Jasper n’y trouva rien à redire. Billy regarda Léo, blasé. Arianne plissa les yeux et secoua la tête, vivement agacée.
- Bref, tous à vos postes, comme dirait… un général d’armée que… je ne suis pas…
Billy regarda Léo partir vers son bureau. Hobbes inspira.
- Eh bien, il semblerait que nous ayons tous un espace de travail à organiser ! Au boulot !
- Dit le sous-chef qui ne se sent plus péter… marmonna Billy.
- On m’a notifié de ne pas répondre à tes provocations, je choisis donc de ne pas te répondre.
- Et je choisis de n’en avoir absolument rien à foutre de tes notifications ou même de ces moulinets de prétention que tu appelles des ordres ! grommela Billy en se dirigeant vers un box au hasard.
Deandra prit également un bureau. C’était le minimum syndical, petite armoire, bureau, chaise, plante verte. Deandra haussa les sourcils. « La répartition des dépenses était pas en ma faveur, clairement… »
Elle sortit Gardevoir et Motisma. La première se tint bien droite, prête à servir, le second se transforma de lui-même en réfrigérateur. Deandra s’assit dans sa chaise de bureau et observa son ordinateur. Elle l’alluma distraitement.
- Un Coca Light, Motisma. Gardevoir, diffuse ton Air Veinard.
- Bien, Madame.
- Voilà pour vous, maîtresse vénérée !
Le Pokémon tira de son corps une canette qu’il donna à la blonde en robe blanche. Elle le regarda, un peu méchamment.
- J’ai dit quoi ?
- Pas de flatterie, sauf si c’est mérité !
- Je sais bien que ça te fait plaisir mais quand même.
Gardevoir s’assit dans la chaise design plutôt confortable laissée dans la pièce et fredonna en fermant la porte. Deandra resta là et somnola en sirotant son coca.
Idem pour Billy qui avait posé Piafabec sur l’armoire et Porygon2 sur le bureau, un câble USB reliant sa queue à l’ordinateur. Strassie flottait dans la pièce en observant la décoration.
[Synchronisation effectuée]
- Merci, Porygon2, ça m’évitera de passer des heures ici à pianoter comme un demeuré. J’ai trop pris l’habitude d’enregistrer mes datas vocalement. Qu’est-ce que je vous disais… Ah oui, comment on peut aider Léo pour son problème, il a vraiment merdé en faisant passer son agence pour une organisation criminelle…
Piafabec haussa les ailes.
- Il se débrouille, au pire, non ?
- Ce serait bien si je pouvais lui apporter une idée pour l’aider, en fait… cette agence compte beaucoup pour lui…
- Mais enfin Maître Billy, je pensais que vous et Monsieur Léo, c’était fini…
- Ouais, mais j’veux l’aider quand même, tu peux pas comprendre… souffla Billy, embêté.
- Maître Billy est TELLEMENT gentil ! bipa joyeusement Strassie.
Billy regarda Strassie.
- Tu penses que je devrais faire quoi, Strassie ?
- Faire des câlins avec monsieur Léo ! Les câlins, ça fait toujours plaisir !
- Mouais, je pense pas que ce soit ce dont il ait besoin en ce moment… et puis j’ai essayé de le chauffer dans la limo, ça a pas eu l’air de l’ébouriffer, je crois qu’il est devenu un fou de Dieu et du coup il doit avoir une règle d’abstinence à la con…
- Pourquoi vous le ou la sortez, en fait ? marmonna Piafabec en désignant le cristal.
- T’es énervante et lui ou elle est plutôt apaisant-apaisante, donc ça équilibre.
- Certes… Bon, moi, je serais lui, je referais une conférence pour revenir sur mes propos !
Billy grimaça.
- … c’est bête mais ça pourrait marcher… en plus c’est simple…
- Ah bah ça oui, vous ferez pas plus couillon comme idée…admit Piafabec.
On s’activait dehors. Billy sortit et vit Arianne sur son téléphone. Jasper lui amenait un sac.
- Je pensais pas que ça commencerait aussi tôt… admit le gros bonhomme.
- Je parlerai plutôt de bénédiction qui tombe à point nommé… souffla Arianne.
- S’passe quoi ? s’étonna Billy.
Arianne le fusilla du regard. Jasper donna le sac à Arianne.
- Rations, eau, lampe de poche, spray pour les lasers de détection, lunettes de protection, faux papiers, passeport biométrique ajustable selon le pays que vous avez à visiter.
- … j’ai posé une question…
- Mademoiselle Arianne a été choisie pour une mission spéciale d’ores et déjà envoyée par un commanditaire.
- Si tôt ?! Et on n’en a pas discuté, c’est elle qu’on envoie ?! C’est quoi, la mission, peut-être que moi ou Deandra on voudrait la faire aussi, j’comprends pas le dél…
Arianne le plaqua contre un mur en le saisissant par la bouche.
- Arrêtez. De. PARLER. A chaque intervention, vous épuisez tout l’espace ambiant DONT MOI et c’est là que vous avez un problème. Si je vous entends encore UNE FOIS babiller autour de moi comme un Axoloto en période de rut, je vous donne en pâture à mon Avaltout, et il en a digéré des PLUS CRASSEUX que vous.
Arianne lâcha Billy qui retomba à ses pieds, les yeux grands ouverts, sonné. Arianne regarda Jasper qui avait observé ça sans moufter.
- L’hélico est prêt à partir ?
- Tout à fait. Vous faites le code et vous appuyez sur le bouton « H » dans l’ascenseur au fond.
- Bien.
Elle prit la direction opposée à l’entrée et s’engouffra dans les couloirs. Billy se releva et regarda Jasper.
- J’étais sérieux !!
- Monsieur Léo l’a expressément contactée, c’était une mission d’un genre particulier apparemment…
- Mais bon sang, on n’est pas censés avoir des réunions pour ça ?!
- C’est étonnant que quelqu’un d’aussi peu… pragmatique que vous en appelle au respect des normes administratives…
- Non mais de quoi je me mêle, vous ? On se connait ?
Jasper baissa la tête et retourna vers sa salle de contrôle à pas rapides.
- Léo va m’entendre…
- Je vais entendre quoi ?
Léo discutait avec Deandra dans l’open-space. Billy s’approcha d’eux.
- C’était quoi, ça, elle part en mission…
- De par son contrat, Arianne est spécifiquement réquisitionnée pour certaines missions, il s’avère qu’un commanditaire avait une mission tout à fait calibrée pour elle.
- Et ça va être quoi, dévaliser un salon de coiffure ethnique ?!
- BILLY ! Bon sang ! Je voyais avec Deandra pour cette histoire de conférence de presse…
- Ah oui ! Bah moi j’ai une idée, euh, tu dois faire un communiqué pour réorg…
- Hobbes m’a déjà donné une idée, j’en parlais à Deandra.
- Hobbes propose qu’on invite des classes d’élèves en école de police et des journalistes pour prouver au monde qu’on n’est pas des criminels, et susciter des vocations pour éventuellement venir bosser chez nous dans le cadre de formations spéciales.
Billy grimaça et regarda Léo qui agita la tête.
- C’est une bonne idée je trouve !
- Ouais, Hobbes est inapte sur le plan humain mais il est loin d’être bête, je pense que tu devrais le faire, Léo, c’est une idée qui fait sens… admit Deandra.
- Eh bah je lance les appels tout de suite. C’était quoi, ton idée, Billy ?
Billy grimaça.
- Euh… je… bah… rien en fait…
- Tu as l’air perturbé…
- … bah euh… fais donc… fais donc ce que Hobbes a dit…
- Tu approuves, chouette. Je sais que la situation est un peu… dérangeante, mais ça va vite se mettre en place, hein ! Je compte sur ton soutien. En tout bien tout honneur, bien sûr !
Billy hocha la tête. Léo sourit et repartit vers son bureau. Deandra le regarda.
- Bah alors ?
- … je vais tuer Hobbes…
- Bah voyons.
- Comment tu as pu sortir avec lui, sérieusement ?!
Deandra attrapa le bras de Billy qui grommela en échappant à son étreinte.
- Ça va, ça va, j’ai compris ! Hmph…
Billy continua à déambuler et se dirigea vers le bureau de Jasper. Charmillon somnolait, arrimé à l’arrière de sa tête, le gros bonhomme étant assis à la console centrale. Un Lucario, un Darumacho, un Pikachu et un Azumarill étaient aux autres consoles.
- Les paramètres de mission ont été correctement envoyés sur le téléphone satellite de mademoiselle Arianne ! signala Pikachu de sa petite voix toute mignonne.
- Les rapports des indics sur le terrain sont encourageants, j’envoie les dernières informations ! sourit Azumarill avec une voix plus grave mais également mignonne.
- Mademoiselle Arianne, je teste votre émetteur. Test, test, un, deux… marmonna Lucario d’une voix grave mais féminine.
« Je vous reçois cinq sur cinq. »
- Parfait…
Le rustre et foufou Darumacho prit soudain un air très sérieux et enfila une paire de lunettes spécialement dessinée pour lui.
- … nous allons à présent revoir ensemble l’ordre de mission, nous mettre d’accord sur les termes de votre champ d’action et le recouper avec la règlementation en rapport avec votre contrat afin que tout soit parfaitement établi !
- Une fois que monsieur Billy aura quitté la pièce, cela va sans dire… marmonna la Lucario.
- Evidemment.
Jasper se tourna vers Billy.
- … vous avez besoin de quelque chose ?
- Simple curiosité, je voulais juste savoir où elle allait.
- Je n’ai pas le droit de vous le dire.
- Mais pourquoi vous auriez le droit de savoir et pas moi ?!
Charmillon se réveilla et regarda Billy, passablement énervé.
- C’est le premier principe de la confidentialité. Moins de personnes savent, mieux elle est préservée. Hormis monsieur Léo, Jasper et mademoiselle Arianne, personne n’est au courant de cet ordre de mission, c’est une protection à la fois pour le GKA et pour mademoiselle Arianne.
Billy soupira. Jasper inspira.
- Je n’ai pas l’autorité concrète de vous virer, mais en théorie je suis votre supérieur, alors…
- Ah non ! Pas vous ! Pas la carpette humaine ! Je ne me ferais pas virer par…
Le Cyclone d’une aile de Charmillon suffit à rabrouer Billy hors de la pièce. Un autre habile coup d’aile ferma la porte blindée qui devait bien peser une tonne.
- J’me vengerais !! J’le jure !! J’mettrais de la crème fraîche allégée sur vos cupcakes !!
- Tu… n’as rien à faire de mieux ?
Billy se tourna vers Hobbes qui portait une liasse de papiers sous le coude.
- Derrière la porte en non-acajou de mon non-bureau ? Bah apparemment, non !
- Eh bien trouve-toi une occupation, aide Sherry ou bien… Farouk, peut-être, il aurait bien besoin d’aide pour faire le ménage dans tout ce fourbi…
Billy fronça les sourcils.
- Tu viens sérieusement de me demander d’aller aider l’homme de ménage ?!
- C’est une idée comme une autre.
- … Comment je vais t’éclater ta sale petite gueule d’endimanché de merde !
- Oui bon, si tu permets, le petit sauvageon, il est des gens ici qui sont des professionnels et qui ont du travail. Si tu veux traîner, tu peux aller en bas de l’immeuble et agiter un gobelet de café, hm ? Histoire de récupérer quelques piécettes ?
Billy regarda Hobbes, énervé.
- Toi, t’es mort…
- Non, bien vivant. Et si tu permets, j’ai du boulot. Tu devrais te tenir prêt au cas où on devrait t’envoyer sur le terrain. A ta place, quoi.
- … t’es mort de chez mort…
Hobbes se dirigea vers le bureau de Léo. Sherry le regarda.
- Hobbes, mon chou, je dois vous annoncer ?
- Je me suis déjà annoncé tout seul, merci…
- Comment ça ?!
- J’ai prévenu Léo !
- Ah je vois on a décidé de passer par-dessus moi !
- Si… cette formulation vous plait… geignit Hobbes, visiblement très dérangé.
Billy arriva dans le bureau de Deandra qui se détendait avec ses Pokémon.
- Hobbes est un con ! grommela le roux.
- Le ciel est bleu… soupira la blonde.
- Figure-toi qu’il m’a traité comme une merde sous prétexte que je n’étais pas « à mon poste » !
- C’est le début, il ne se sent plus péter, c’est normal…
- J’vais lui en coller une, il va rien comprendre !
- Bien sûr. Comme ça, dans l’entreprise, avec Léo dans les parages. Tu es l’ex de Léo et tu es un Generation Kid quatre étoiles, mais Hobbes a une bien meilleure réputation, une bien meilleure image auprès du patron et quelque chose me dit qu’il a de quoi te provoquer. Sinon, il ne le ferait pas. J’ai tendance à penser qu’on est tous de force égale ici… bah peut-être que lui est plus égal que nous !
- … c’est toi qui dit ça ?! Vraiment ? La reine des combats ?!
- Billy, je suis en train de me détendre, chercher la merde avec Hobbes c’est clairement pas dans mes objectifs, déjà parce que je suis sortie avec, j’ai déjà donné merci, et ensuite parce qu’on est entre Generation Kids, il n’y a que la technique qui nous différencie, on sait tous que les combats entre nous sont généralement chiants. Arrête de perdre ton énergie à te choper les glandes contre lui.
- … Tu es aussi utile qu’une teinture blonde sur un chauve !
- C’est toi qui viens m’emmerder et tu attendais un conseil de qualité ? Va faire une sieste, Billy, tu es payé pour ça !
Billy leva les yeux au ciel et se dirigea vers son box. Il s’assit dans sa chaise et grommela en regardant le plafond. Il s’était presque assoupi quand il entendit de l’agitation à l’accueil.
- Super, une prise d’otages, j’attendais que ça…
Au lieu de ça, il vit Léo, Sherry et Hobbes accueillir un groupe de jeunes gens. « Quoi, déjà ?! »
Il vit que Deandra observait aussi depuis son box.
- Sérieusement, ils ont décidé de ça y’a même pas deux heures !
- Qu’est-ce que tu veux, Léo a le bras long…
- Oui non mais y’a « avoir le bras long » et ça quoi !
- Tu te poses trop de questions…
Hobbes et Sherry montraient les locaux aux étudiants. Léo arriva vers eux. Deandra rentra rapidement sa tête mais Billy n’eut pas le réflexe.
- Billy, ce serait bien que tu viennes te présenter en tant qu’agent de terrain !
- … qui n’a encore jamais effectué de mission ?!
- Oh allez, je sais que tu peux parler bien devant un public !
Billy regarda Léo, courroucé.
- Quoi, d’habitude je suis un sauvageon, c’est ça ?!
- Mais pas du tout, enfin, pourquoi tu fais ta mauvaise tête ?!
- Parce que c’est ce que ton stupide nouveau laquais préféré m’a dit tout à l’heure !
- Mon… Oh, Billy, c’en est assez de ces disputes puériles !
- C’est pas moi qui ai commencé !
- Je ne peux donc même pas compter sur toi pour réhabiliter l’image de l’agence ?!
- Tu t’es mis dans cette merde tout seul ! Je t’avais dit de te préparer aux questions !
- Je l’ai fait, triple andouille ! Je n’avais juste pas prévu… que je… que je me planterais sur une question aussi idiote !
- T’as juste à te comporter normalement avec ces gens, et au bout d’un moment ils verront bien que tu n’es qu’un petit bourge hypersensible et un peu maladroit !
Léo regarda Billy, blasé. Le jeune homme roux en noir haussa les épaules.
- Pour ton truc, demande à Deandra, je suis fatigué.
- Non, j’ai besoin de tout le monde !
Deandra sortit de son box.
- Eh oui c’est pas de bol, réquisition générale !
- Même le Blob au fond ?
- Ses Pokémon peuvent monitorer Arianne sans problème ! assura Léo.
- Elle est où, Arianne, au fait ? se rappela Billy.
- C’est top secret, Billy, enfin…
***
La jeune femme noire descendait un long escalier en colimaçon, accompagnée par ce qui s’apparentait à un majordome.
- Je suis un peu surpris, à vrai dire, il m’avait semblé que monsieur et ses amis avaient des goûts moins… spécifiques…
- J’ai été spécialement mandatée par le Cheikh pour servir de distraction à Monsieur.
- Il me semblait, là encore, que Monsieur et le Cheikh étaient en mauvais termes…
- Eh bien, parfois pour se faire pardonner, on envoie des chocolats. Je suis les chocolats.
Le majordome regarda Arianne, magnifique femme noire, dans son chemisier mauve transparent et sa minijupe en cuir pourpre, avec ses bottes à talons aiguille en cuir indigo lacées en blanc jusqu’au début de la cuisse. Il n’était, lui-même, pas insensible, aux beautés d’ébène. Il semblait au vieil homme en costume que même les tresses d’Arianne étaient légèrement teintées de violet.
- A dire vrai, je pensais que c’était ce Coatox qui allait servir de distraction à Monsieur.
Le Pokémon suivait le duo dans les marches. Impassible, goitre se gonflant à un rythme métronomique, regard aussi blasé que le sourire était denté. Sa démarche était lente et son silence totalement effrayant. Pour la forme, Arianne le tenait en laisse, ceinturé à sa fine taille de batracien.
- Les chocolats viennent avec les douceurs, très cher.
- Je vois que l’on est aussi belle qu’on est douée avec les mots.
Arianne se fendit d’un sourire masquant à la perfection son dégoût total de la situation.
(Plus tôt, dans la journée)- Arianne, Jasper, nous avons… un premier ordre de mission…
« Si tôt ? »
Léo acquiesça en direction de l’interphone.
- Disons que ma conférence a fait grand bruit, et quelqu’un… s’est comme qui dirait réjoui de l’ambiguïté de mon discours de ce matin…
Arianne croisa bras et jambes, assise dans le fauteuil en cuir.
- Le Cheikh Mohamed, grand ponte de la région de Samaragd…
Arianne ferma les yeux. « Mon pays d’origine, comme par hasard… et un ordre qui émane d’un des notables les plus puissants, rien de moins… »
- … est au fait depuis longtemps de délits… hm… sexuels impliquant des Pokémon dont un riche héritier se serait rendu coupable. Il s’agit de Charles-Hubert Moseley.
« Oh, Arceus ! » geignit Jasper dans l’interphone.
- Le Cheikh a déjà essayé de prévenir les autorités de Rhode pour qu’elles interviennent mais étant donné qu’il est…
Léo agita la main. Arianne inspira.
- Qu’il s’appelle Mohamed et que le criminel s’appelle Charles-Hubert…
- Voilà, ça passe mieux venant de vous !
- …
« *tousse* »
- …Ahem-hem… Disons que ses accusations n’ont pas été prises au sérieux et que les quelques enquêtes déclenchées n’ont mené nulle part… On vous dit « Le fils héritier de l’empire du pétrole de Rhode qui organise des orgies de Pokémon », disons qu’on privilégie l’aspect « Pétrole » à l’aspect « Orgies avec des Pokémon… »
« Oh Arceus, Arceus, Arceus !! » geignit Jasper dans l’interphone.
- Il est obligé d’écouter… ? demanda Arianne.
- Il faut que je le briefe aussi, et… Jasper, s’il vous plait, ne prononcez pas le nom d’Arceus en vain à portée de mes oreilles, merci…
« Toutes mes excuses, je ne voulais pas vous offenser ! »
- Ce n’est rien. Arianne, je vais être clair…
La femme noire regarda son supérieur, en attente d’ordres. Léo inspira lourdement et planta ses yeux dans les pupilles brillantes de la demoiselle.
- … Je veux que vous massacriez ces salopards jusqu’au dernier. C’est exactement ce pour quoi j’ai créé cette agence, pour que des salauds de cette espèce PAIENT…
Léo avait tapé du poing sur la table, ce qui avait même surpris Evoli, posé sur son coussin de velours, sur le bureau.
- … pour leurs crimes odieux. Vous avez autorisation expresse de les éradiquer jusqu’au dernier, et vous avez carte blanche sur la manière. Ne touchez à aucun Pokémon, c’est une évidence. Mais je veux que ces porcs crèvent jusqu’au dernier. Vous avez l’autorisation expresse du Gouvernement de Kanto.
Arianne esquissa un sourire. Jasper s’était tu devant la solennité de Léo.
- Bon. C’est quand même mieux quand vous assumez de but en blanc ! marmonna la jeune femme dans un sourire.
- Certes. Maintenant excusez-moi, je dois m’entretenir avec Hobbes pour réparer mon horrible bourde de ce matin et convaincre la presse mondiale qu’on ne fera de mal à aucun être humain !
- … d’a… ccord… marmonna Arianne en se levant.
« … Arceus… »
(Retour au présent)Arianne inspira.
« Ce serait quand même mieux s’il faisait preuve de cohérence… »- Voilà la porte de la cave où Monsieur se livre à ses « jeux ».
- Merci, mon brave. Je vous dois une petite compensation, je suppose.
- Madame n’est pas obligée…
Coatox érafla le dos du vieillard d’un de ses dards de poing. Arianne le regarda. Le vieil homme allait dire quelque chose, mais impossible. Arianne toussota.
- Les neurotoxines. Votre système nerveux va peu à peu perdre ses fonctions, excepté celles qui sont vitales. Concrètement, vous allez avoir l’impression d’être emprisonné dans votre propre corps, paralysé, incapable de bouger ou de communiquer…
Une odeur terrible remplit la pièce. Le visage de l’homme se couvrit de larmes.
- Ah, la partie que je n’aime pas, c’est quand les sphincters ne répondent plus.
- Je n’y peux rien, Dame Arianne… marmonna Coatox d’une voix gutturale.
Le majordome eut juste le temps de regarder Coatox, interloqué par le fait qu’il puisse parler, avant de s’effondrer dans ses propres déjections, conscient mais incapable de donner le moindre ordre au moindre de ses membres.
- J’ouvre, Dame Arianne ?
- Non. J’ouvre.
L’athlétique jeune femme donna un violent coup de pied dans la porte qui s’ouvrit sur ce qui ressemblait à une orgie graveleuse entre humains et Pokémon. Par chance pour les yeux d’Arianne, on en était encore à la collation d’entrée et personne n’avait « commencé ».
- Qui OSE ??? grommela un homme grassouillet en slip cuir dans un trône au fond de la longue pièce.
- GKA. Je suis mandatée et j’ai le permis de tuer.
« Nnnnon, non, non, non, non ! »
Arianne haussa les sourcils, stupéfaite. Elle était sur une table, entourée de pervers, face à un gros en slip cuir, elle venait de menacer toute la pièce
« Stop, stop, stop, Arianne ! »
… et on l’arrêtait en plein vol. Elle saisit son émetteur.
- … pardon ?
***
Billy, Deandra, Sherry, Léo, les journalistes et une classe entière d’étudiants se trouvaient dans la salle de contrôle, alors que Jasper et ses Pokémon monitoraient Arianne depuis le début de sa mission. Le gros bonhomme regarda Léo qui agitait les mains en serrant les dents.
- Euuuuh… Vous n’avez pas une autre solution que le meurtre de sang-froid ?
« … Jasper, c’était un ordre expresse de Léo ! »
Léo regarda Jasper et secoua la tête en désignant les jeunes gens qui étaient rivés sur les écrans, fascinés.
- Euuuh Arianne, je vous suggère de… procéder à une arrestation en bonne et due forme, le meurtre n’est pas envisageable tout compte fait…
Billy ne put se retenir d’éclater de rire. Deandra souriait, amusée également. Sherry mangeait les bâtons de carotte que Jasper grignotait. Hobbes était courroucé par le comportement de Billy. Le professeur, les journalistes et les élèves observaient les Pokémon qui manipulaient les consoles.
« Je suis face à un début d’orgie, Jasper. Un début d’orgie poképhile ! »
- Jjjje saiiiis, je sais…
« Vos ordres remettent en question le permis de tuer qui m’a été accordé ce midi ! »
- Ah ouais, permis de tuer. Y’en a qu’ont de la chance ! admit Billy.
- Veux-tu bien te taire… gronda Hobbes.
« Ils ont des flingues. Jasper ! Dites à Léo que je suis menacée par au moins quatre pistolets… »
Jasper, stressé, regarda Léo qui regarda les étudiants.
- Je suis persuadé que notre chère Arianne trouvera un moyen convenable et en accord avec les règles de droit international pour résoudre cette affaire !
« … c’est quoi ce bordel ?! Il la joue classe découverte, c’est ça ?! Il me fait le coup de la classe découverte ? Je suis censée commettre un assassinat de masse et il a invité des boy-scouts pour écouter tout le truc ?! »
Billy et Deandra ne se gênèrent pas pour rire franchement cette fois. Une jeune femme sembla stupéfaite.
- Un assassinat de masse, wow…
- Euh, non, je suis seul, j’ai juste… mis la radio ?!…geignit Jasper, gêné aux entournures.
« Hhhhh… Tout le monde est là, c’est ça ?... »
- Bonjour Arianne ! sourit Sherry en agitant les doigts.
- Elle ne vous voit pas… souffla Léo.
***
Arianne leva les yeux au ciel. Les invités, des hommes d’âge mûr, alanguis sur des litières, buvant dans des calices, plongés dans un délire « figues, grappes de raisin et vin rouge », observaient, médusés, la femme en violet et son Coatox qui regardait autour de lui, le visage figé dans son sourire.
- Permis de QUOI ? J’ai expressément demandé à ce qu’aucune femelle ne pénètre en ces lieux ! C’est une propriété privée, pour QUI vous prenez vous ?!
Arianne fixa l’homme. Quelqu’un essaya de sortir discrètement. Arianne l’entendit faire, balança une Pokéball vers la porte, libéra Avaltout. Le Pokémon Sac Poison bloqua l’issue avec son corps. L’homme grommela et tenta de pousser le Pokémon. Arianne plissa les yeux.
- Ne touchez pas mes Pokémon avec vos sales pattes…
- Je n’ai pas d’ordres à recevoir d’une femme et certainement pas d’une négresse…
Arianne inspira et expira si fort qu’on entendit juste deux sifflements émaner de ses narines.
***
Dans la salle de contrôle, les élèves, les journalistes, les membres du GKA et Léo avaient poussé un ahanement horrifié.
« … Bon, bah mes excuses aux boy-scouts et au droit international, mais là… »
Dans la salle de contrôle résonnèrent alors des bruits. On entendit un Pokémon « avaler » un être humain dont les hurlements étaient étouffés par son corps. Un battement d’ailes se fit entendre, et quelqu’un fut mordu. Un rire fantomatique résonna, on entendit juste des « Slurp », et des gens hurler, visiblement brûlés au visage. Un galop, soudain, le crissement d’anneaux de scolopendre, funeste, un bruit d’empalement, violent et brusque, un cri de douleur, également. Le murmure sinistre d’une créature marine se déplaçant dans l’air emplit la pièce, et tout le monde put entendre ce qui ressemblait à la diffusion d’une pluie acide, et de nouveaux hurlements. On entendait clairement les coups de Coatox ainsi que des coassements joyeux à chaque impact.
Sherry continuait à manger ses bâtonnets de carottes crus sans sourciller. Billy agitait la tête, impressionné. Deandra se regardait les ongles, inquiète qu’ils soient trop longs.
« Je devrais les limer », se dit-elle alors qu’on entendait Charles-Hubert Moseley implorer la pitié d’Arianne. Léo serra les dents et regarda Hobbes qui observait sa montre.
- Il est peut-être temps pour la suite de la visite des locaux ?
- … oui, oui oui… Messieurs-dames, nous allons poursuivre…
Personne ne bougea. On entendit un râle, le râle de quelqu’un qui agonisait dans la souffrance. Le bruit cessa, et tout ce qu’on entendait dans le microphone, c’étaient les déplacements et les cris des Pokémon qui partaient de la sombre cave. La classe partit alors, encore stupéfiée par ce qu’elle avait entendu.
Une fois tout le monde dehors, Jasper expira.
« Ils sont partis ? »
- Ou… oui… euh… je… euh, je suppose que…
« Tout le monde est mort. Mission accomplie. Enfin, selon les termes conclus en entretien avec Léo, qui seront visiblement à rediscuter. Les Pokémon se sont échappés. C’en est fini de ces réunions sordides. »
- Certes, euh… je vous laisse rentrer, je coupe les communications, l’hélico sera au point où vous avez été déposée.
« Parfait. Vous êtes fiable pour quelqu’un d’aussi mou et stressé. » *clic*
Jasper plissa les yeux.
« Mou et stressé ?! »Jasper inspira et regarda Pikachu, à côté d’Azumarill sur la console adjacente.
- Tu peux aller me chercher des sous-vêtements et un pantalon propre dans mes appartements, s’il te plait ?
- Tout de suite, Jasper.
Le Pokémon jaune partit par un passage dérobé. Jasper s’épongea le front. Lucario, Darumacho ainsi que Charmillon sur sa tête observaient leur maître, préoccupés.
- Ça va, ça va… c’est une habitude à prendre. J’ai contribué à sauver des Pokémon, c’est tout ce qui compte. Ma sensibilité personnelle passe après…
Jasper vit cependant Azumarill s’avancer vers lui et lui tapoter la jambe. Jasper sourit à son Pokémon et lui caressa le crâne d’une main affectueuse.
- Tout ira bien, ça va aller. Ce nouveau travail va me permettre de m’endurcir !... enfin j’espère…
***
- Là ce sont les bureaux de Billy, Deandra, Arianne, qui est en mission, donc, et Monday qui nous rejoindra bientôt…
- On dirait plutôt des boxes… marmonna une élève.
- Ouais, ça fait pas vraiment « bureaux »… admit un autre.
Deandra et Billy se regardèrent. Sherry regarda Léo en souriant. Léo inspira.
- Les agents de terrain n’ont pas besoin de bureau à proprement parler…
- Par contre, moi, en tant que Chef Administrateur, j’ai un vrai bureau ! sourit Hobbes en désignant sa pièce fermée.
Les élèves semblèrent impressionnés. Deandra leva les yeux au ciel. Léo semblait fier. Sherry regardait Hobbes sans équivoque. Billy leva les yeux au ciel.
- C’est juste une mesure de santé publique pour qu’on voie ta sale tronche le moins souvent possible…
Rires dans les rangs. Deandra regarda Billy, interloquée. Hobbes souffla.
- Veuillez excuser mon collègue, de toute évidence, il a été élevé par des Vigoroth.
- Les mêmes qui ont dragué ta mère avant de participer collectivement à ta conception, je suppose.
- BILLY ! grommela Léo.
- Les insultes maternelles, si tôt ? Je vois qu’on a un grand sens de la répartie... souffla Hobbes avec dédain.
- T’as pas idée. Accessoirement, je t’emmerde. Tu me sors par les yeux.
- C’est réciproque. Tu m’es absolument insupportable, ton attitude me révulse, tu ne prends rien au sérieux, c’est à se demander comment les sommités scientifiques du monde peuvent te faire confiance. Je suppose, au vu de tes mœurs, qu’il n’y a pas que l’aspect scientifique qui prime.
- Je te demande pardon ?! Au vu de mes quoi ?!
Sherry et Deandra observaient la joute, quelque peu éberluées. Léo allait s’interposer, mais Hobbes reprit.
- Je me suis renseigné sur toi, et tu es en contact avec les professeurs Chen, Orme, Seko, Sorbier, Platane et Euphorbe. Comme par hasard, tu ne fais pas part de tes recherches au professeur Keteleeria qui est obligée de s’en tenir à la dépêche officielle, donc on peut en tirer la déduction que tu as certaines préférences guidées par des… disons mises en relation particulières. Je ne savais pas que le professeur Chen donnait dans les jeunots…
Les élèves et journalistes semblèrent quelque peu estomaqués par une telle déclaration.
- Monsieur Hobbes ! geignit Léo.
- Vous avouerez que c’est intrigant !
- Euuuh… marmonna Deandra en désignant Billy.
Le roux avait un regard noir comme le charbon. Hobbes l’observa, amusé. Sherry sourit avec malice.
- Oulala, il est en colère…
- Personne n’avait remarqué… souffla Deandra en ayant un mouvement de recul.
Billy désigna Hobbes.
- On prend un stade, et j’te nique. Ici, maintenant.
- Pardon ?
- Un DUEL, trou de pine. J’te prends là, tout de suite. Tu peux m’insulter autant que tu veux, dénigrer mon travail et mes recherches, mais PUTAIN, je te défends d’injurier le professeur Chen !!
Hobbes observa Billy et souffla.
- Ça ne m’intéresse pas de te défier. Je ne suis pas un rustre, je n’affronte pas n’importe qui et certainement pas…
Billy gifla Hobbes sous les yeux effarés du reste de l’assemblée.
- BILLY !!! s’offusqua Léo.
Hobbes regarda Billy, courroucé. Elèves, professeurs et journalistes observaient l’escarmouche.
- Ça te va, comme soufflet, monsieur le trou du cul endimanché de service ?!
- … misérable…
Sherry sautilla d’excitation et se précipita pour prévenir Jasper.
***
- J’y crois pas, on va voir un combat entre Generation Kids !
- Max, tu filmes !
- Putain, tu m’étonnes !
- J’fais un direct sur Facebook, ça va faire le tour du monde !
- C’est dingue !
- Quelle sortie scolaire, on s’en rappellera !
Deandra, Léo, Sherry et Jasper étaient alignés dans les gradins du stade destinés à l’entrainement. Même le concierge était là, à manger des chips, plus haut dans le gradin. Léo était à la console technique.
- Je suis pour ainsi dire obligé de filmer, pour les archives nationales et le contrôle gouvernemental… ça m’ennuie de faire ça à Billy, mais j’y suis contraint…
- J’espère que t’as de la bande, ça peut durer des plombes… marmonna Deandra.
- Je ne suis pas très au fait des précédents en matière de combats entre Generation Kids… admit Jasper.
Deandra inspira lourdement.
- C’est long et ça ne mène pas à grand-chose vu que nos niveaux sont pour ainsi dire équivalents et que tout dépend de comment on se bat. Si au sein des équipes, nous avons des divergences de forces entre les Pokémon selon les spécialisations, des Generation Kids d’âge et d’expérience équivalente en matière de dressage Pokémon sont du même niveau. La seule chose qui nous différencie c’est notre niveau technique et des subtilités dues à nos styles respectifs. Je suppose que Léo nous a recrutés pour notre aptitude à nous défendre, donc que nous savons tous nous battre, et quand deux adversaires de force équivalente et qui sont très, très, très forts s’affrontent, vous vous doutez que…
Jasper acquiesça.
- Oui, bah oui… Ils vont devoir décider de règles précises…
- S’ils limitent le nombre de Pokémon à utiliser, ça sera déjà un excellent début… Vous faites quoi, Sherry ?!
La femme était debout et accompagnée de son Nanméouïe et de son Roussil qui tenaient des pompons.
- J’encourage nos hommes ! Allez Monsieur Hobbes ! Allez Monsieur Billy !
- … Je suis un homme aussi… marmonna Jasper.
- Je parlais des hommes sexy !
- … ah…
- Mais vous êtes un peu comme une peluche, une adorable peluche, ça doit être un plaisir de vous câliner !
Jasper grimaça et se concentra sur le match. Deandra inspira et regarda Léo.
- Tout va bien ?
- Je ne m’attendais pas à ça, et je n’arrive pas à évaluer les retombées potentielles d’un tel évènement pour le GKA…
- En tout cas, vois le positif : les gamins et les journalistes sont ravis ! sourit Deandra.
- Oui… mais ça dépendra surtout de la conclusion de ce duel…
- Arrête de t’inquiéter…
- Ca équivaut à me demander d’arrêter de vivre ! souffla Léo.
Deandra inspira et leva les mains en signe de « N’en jetez plus ».
Billy et Hobbes se faisaient face dans le gigantesque stade d’entrainement.
- On va jouer ça à trois contre trois ! gronda Billy.
- Si ça t’amuse. Enfin, ça m’arrange, tous mes Pokémon ne sont pas spécialisés dans le combat.
- Cinq étoiles mais cinq Pokémon de trop, hein.
- Oh, très drôle. Parce que toi, tu es une lumière, peut-être ?
- En tant que chercheur, oui ! Et j’ai fait des recherches sur toi aussi, inutile de me pipeauter, tu as au moins huit badges d’arène toi aussi !
- Ceux du Continent Hoenn, évidemment. J’en avais besoin dans le cadre de mon travail pour accéder aux anciennes archives de la Ligue Pokémon.
Billy plissa les yeux. « Moi aussi j’ai obtenu les miens pour avoir des entrées… »
Deandra inspira. « Ils se ressemblent tellement, comment peuvent-ils être en conflit comme ça… ah oui, mince, ce sont des hommes… »
Léo se rongeait les ongles. « Ne faites pas de bêtises… »
Il observa Evoli.
- Tu te tiens prêt, je suppose qu’ils vont y aller sans retenue…
- Je suis toujours prêt ! sourit Evoli.
Billy et Hobbes saisirent une Pokéball. Etudiants et journalistes observaient, médusés.
- ALLEZ !
- Hm.
Piafabec apparut face à Billy. Hobbes avait sorti Ossatueur. Léo parla dans le micro.
- Je me permets de vous rappeler que vous êtes filmés et enregistrés, en vertu de la loi mondiale régissant votre statut particulier. Tout acte de destruction en ces lieux pourra être retenu contre vous, même si cette salle est en théorie faite pour contenir vos puissances et même si j’ai pris des dispositions pour éviter tout problème… Vous pouvez commencer !
- Nous avons tous les deux sorti nos spécimens de première génération… marmonna Hobbes.
- J’ai remarqué, merci, Capitaine Constate… souffla Billy.
- Dans mon équipe, Ossatueur tient le rôle de garde du corps.
- Mes Pokémon n’ont pas de rôle attitré, je les ai tous choisis par préférence.
- Et voilà ce qui nous différencie : Tu ne réfléchis pas.
Piafabec regarda son maître.
- Je l’éclate ?
- J’te dirais bien de l’exploser mais quelque chose me dit que ça va pas être de la tarte. Tu peux essayer au moins.
Piafabec sembla hausser les ailes et chargea vers Ossatueur. Le Pokémon tendit son os comme une épée et contrecarra les Pic-Pic ennemis. Billy inspira.
- Furie…
L’attaque gagna en vitesse et en intensité. Deandra sortit Motisma qui fournit des sodas pour elle, Sherry et Jasper. Les coups de bec de Piafabec frappaient toujours l’os d’Ossatueur qui parait absolument chaque coup.
- Personne ne touchera à mon maître.
- Nous sommes des Pokémon, notre but n’est pas d’atteindre les gens mais de nous battre entre nous.
- Certes. Mais personne ne touchera à mon MAITRE.
Ossatueur cessa de parer à l’os, para au casque, enfonça son os dans le sol et déploya des murs de roche entre lui et Piafabec. D’abord un petit, ensuite trois moyens et enfin un gros. Piafabec avait reculé, pensant à une Lame de Roc. C’était une simple Tomberoche. Ossatueur agita son os. La vibration brisa les rochers qui partirent en violente tempête vers Piafabec.
- Mimique ?
- Je ne peux pas copier les attaques combinées, maître, pour rappel.
- Bon, alors Bec Vrille.
Piafabec acquiesça et chargea en tournoyant à travers les roches volantes. Il ne les brisa pas toutes mais permit au moins à son maître de réchapper de la lapidation qui l’attendait potentiellement.
- Un Pokémon aux attaques bien limitées…
L’attaque fonçait vers Ossatueur qui allait contrecarrer avec son os. Billy sembla se concentrer. Jasper inspira.
- Il est à fond.
- Oui, vous l’avez perçu vous aussi… marmonna Deandra.
- Nous autres, Generation Kid, avons le pouvoir d’insuffler notre volonté dans nos Pokémon. Selon la puissance de notre détermination ou de notre combattivité, notre Pokémon, avec lequel nous avons établi un puissant lien émotionnel et personnel, se synchronise avec notre état d’esprit…
Billy serra les dents et le Bec Vrille de Piafabec gagna en intensité, faisant vibrer l’air. Léo pressa un bouton et dressa une vitre en plexiglas entre le terrain et les spectateurs. La vitre en question morfla sévèrement à mesure que les secondes passaient. Sherry agita la tête.
- … et de toute évidence, monsieur Billy est très sérieux dans sa volonté de vaincre monsieur Hobbes… souffla Jasper en se saisissant les mains.
- Hors de question que je retienne mes coups…
- Ça tombe bien, il est HORS DE QUESTION que tu me portes le moindre coup !
Ossatueur planta son os dans le sol. Une statue semblable à une tête olmèque sortit du sol et bloqua Piafabec sur sa lancée. Le Pokémon ne s’arrêta pas et tenta de percer l’objet avec son bec en perceuse. Billy gronda, tentant visiblement de faire pencher la balance en sa faveur, mais Hobbes était tout aussi exalté.
- Deux têtes de pioche, ce duel ne mènera nulle part… souffla Deandra.
- Monsieur Billy est bien foutu mais le sérieux excessif de monsieur Hobbes lui donne un côté sexy indéniable, vous avez raison, on ne les départagera pas ! geignit Sherry.
Deandra et Jasper regardèrent Sherry qui haussa les épaules.
- Je vous laisse les salmigondis stratégiques, moi je m’amuse !
- Piafabec, Hâte !
Piafabec frappa par à-coups au Bec Vrille sur la statue qu’il commença à fissurer.
- Ossatueur, encore !
Ossatueur donna un coup de poing dans son os enfoncé et créa une statue de tête plus grosse en dessous de la première. Piafabec eut un mouvement de recul.
- Bordel de merde !!
- Tu pensais que je manquais de ressources ?
- Tu ne fais que te défendre !
- Oh, mille excuses ! Masse d’Os !
Ossatueur sortit son os du sable et donna un grand coup dans la statue qu’il éclata en morceaux.
- Furie !
Piafabec commença à éclater les rochers qui lui fondaient dessus, mais Ossatueur le chargea, os en avant.
- Comme si je t’avais pas vu venir !! PIC-PIC !!
Piafabec chargea, frappa un grand coup sur l’os tendu pour frapper et stoppa net l’attaque. Ossatueur recula vers son maître. Piafabec de même se reposta vers Billy. La statue tomba en poussière. Les spectateurs étaient stupéfaits du niveau incroyable du combat qui se déroulait en face d’eux.
- Ils sont… de force égale…
- Alors que c’est un simple petit Piafabec et qu’en face il a un super Ossatueur…
Evoli se tourna vers le public.
- Oh vous savez, entre les mains d’un Generation Kid, le moindre Magicarpe peut devenir une créature extrêmement puissante. Leur influence sur les Pokémon qu’ils dressent donne lieu à des performances spectaculaires. Mais ce n’est en rien normal. Leur niveau n’est pas quelque chose qui s’atteint par l’effort ou la détermination. Il s’agit juste d’humains avec le pouvoir de transcender les compétences des Pokémon qu’ils dressent. Ce n’est pas un « simple » Piafabec contre un « puissant » Ossatueur, ce sont deux Pokémon poussés au paroxysme de leurs capacités. Et donc de force à peu près équivalente.
Le public regarda Evoli qui regarda à droite et à gauche.
- Euuuh… Evo, Evo-Voooo !
- Aaaaaaaaaaaaaaaaaw !
Le Pokémon baissa les oreilles, contrit. Léo lui tapota la tête, rassurant.
Ossatueur tenait fermement sa position.
- Personne ne touchera à mon maître.
Piafabec regarda Billy.
- On n’arrivera à rien.
- Ouais… Hobbes, on n’arrivera à rien ! cria Billy en direction de son adversaire.
- On change, alors.
- Ouais… Reviens, Piafabec.
- Reviens, Ossatueur.
- Allez !
Drackhaus apparut. Hobbes envoya Chevroum.
- Nos montures !
- Drackhaus est plus qu’une monture pour moi…
- Oui, Deandra m’a parlé des relations particulières que tu entretiens avec chacun de tes Pokémon… A force de rester seul dans la nature à observer des Pokémon, je suppose que tu as dû te faire des amis comme tu as pu, à défaut de développer un réseau de relations professionnelles...
- Exactement. Et tu n’es pas sans savoir que les Pokémon font de bons confidents.
Jasper ne put qu’acquiescer. Deandra inspira. Sherry semblait toute énamourée.
- En plus d’être beau, il parle bien !
- Chevroum est un Pokémon de travail pour moi, il me sert de transport entre deux sites archéologiques, mais il est également utile quand je retourne dans ma ville natale. C’est très escarpé, Atalanopolis.
Billy inspira.
- Mes Pokémon aussi m’aident dans mon travail.
- Eh bien, nous ne sommes donc pas si différents.
- Mais je les considère également comme des amis, des égaux.
- Utiliser mes Pokémon pour le travail n’empêche pas que je les aime également, attention.
- J’disais pas le contraire.
Hobbes inspira. Billy souffla.
- Dracocharge !
Drackhaus chargea vers Chevroum. Hobbes hocha la tête.
- Encornebois !
Chevroum chargea à son tour. Confrontation. Tête à tête rude entre les deux. Deandra plissa les yeux.
- Chevroum aspire l’énergie adverse, mais…
- Flammèche !
L’arrière-train de Drackhaus cracha une flamme semblable à un réacteur de fusée. Drackhaus reprit le dessus sur Chevroum.
- … Billy a plus d’un tour dans son sac.
- Fouet Lianes !!
Chevroum enfonça deux paires de lianes dans le sol pour éviter la friction du sol. Drackhaus intensifia sa Flammèche mais Chevroum ne bougeait plus.
- Putain, Damoclès !!
Drackhaus s’enroba d’énergie et intensifia la puissance de la charge. Chevroum céda sur deux lianes et commença à reculer.
- Bon sang, Vampigraine !
Chevroum renifla en grattant le sol comme pour asperger Drackhaus de terre. Drackhaus se retrouva infecté. Billy grommela. Drackhaus sembla chargé de frustration. Léo plissa les yeux. « Connaissant l’histoire de Drackhaus et l’état actuel de Billy… »
- Lance-Flammes !!!
C’est une véritable explosion qui se déclara derrière Drackhaus qui fit reculer Chevroum d’une bonne dizaine de mètres.
- SEISME !!
Chevroum appuya brutalement dans le sol, s’y fixant d’un coup, immuable. Billy semblait vert. Hobbes croisait les bras.
- Je serais implacable, tu ne me feras pas céder, ma réputation est en jeu.
- Et la mienne, alors ?
- Tu n’as qu’à cesser ce jeu puéril, tu n’en sortiras que grandi. Présente-moi des excuses et je les accepterai sans en faire des tonnes.
- Jamais. C’est toi qui as insulté le professeur Chen, c’est à TOI de faire des excuses. Et EVIDEMMENT que tu en feras des tonnes !! Dracocharge, encore !!
Drackhaus reprit son attaque, faisant reculer de nouveau Chevroum. Drackhaus semblait très peu concerné par le drain continu de Vampigraine et d’Encornebois.
- Mais quelle tête de Bourrinos tu fais… gronda Hobbes.
- T’es pas mieux !
- C’est clair… souffla Deandra.
- Admets ta défaite !
- Jamais !
- Il est hors de question que j’admette la mienne !
- J’avais bien compris, alors quoi ? On peut durer la journée comme ça, tu sais bien.
- Ouais je sais bien.
- Alors quoi ? Comment régler ce conflit ?!
- C’est toi le spécialiste !
- L’avis d’un spécialiste ne vaut rien face à un entêté de sauvageon de ta trempe !
Billy inspira et rappela Drackhaus. Hobbes s’étonna et rappela également Chevroum. Léo s’étonna.
- C’est bon ? Tu arrêtes, Billy ?
- Mes fesses que j’arrête ! Mais je vais y aller sérieusement, maintenant !
- Oh, très bien. J’espère que la salle est résistante…
Léo serra les dents. Billy envoya Darkrai.
- Oh non, oh non, oh non… geignit le jeune homme aux cheveux frisés.
- Oh ouais, ouais, ouais !! sourit Deandra, excitée.
- Ohlala, je vais m’évanouir ! geignit Sherry.
- Dément… souffla Jasper.
Hobbes inspira et sortit lui-même son Rayquaza.
- … certes, à côté de ça, c’est moins impressionnant, j’avoue… souffla Sherry.
- HAHAHAHAHA ! MAITRE ! LA DERNIERE FOIS QUE VOUS M’AVEZ SORTI DANS UN COMBAT, C’ETAIT POUR DU CONSEIL CONJUGAL ENTRE KYOGRE ET GROUDON !
- Tu déformes les faits ! souffla Hobbes.
- QU’IMPORTE, NOUS NE SOMMES PAS EN COURS MAGISTRAL. JE VAIS EN FAIRE DE LA CHARPIE DE CE DRAP VOLANT !
Darkrai croisa les bras et regarda Billy.
- C’est ce qui nécessitait que tu m’appelles ?
- Ouais.
- … c’est pitoyable.
- Tu feras moins le malin quand tu devras l’affronter.
- Est-ce du sarcasme que je perçois ? Cette forme d’expression est interdite à portée de mes ouïes. Exprime-toi convenablement face au Seigneur des Ténèbres.
Billy ferma les yeux et se tut. Léo frissonna. Hobbes pencha la tête.
- Tu ne le contrôles pas ?!
- Personne ne contrôle le seigneur des ténèbres, gronda Darkrai.
- Je reste ton maître, et sans moi tu n’aurais pas une telle puissance.
- Sans moi, tu ne serais qu’un pitoyable humain sans autre qualité que ta langue d’Arbok. Ne pousse pas ta chance, misérable vermine humanoïde. Nul ne dresse le grand Darkrai, c’est Darkrai qui ensevelira un jour l’humanité dans une éternité de cauchemars.
Le sombre Pokémon étendit les bras et déploya ses griffes.
- Pour m’avoir utilisé pour régler un trivial conflit d’orgueil, je hanterai tes songes dans les jours à venir. Tu n’auras pas une nuit tranquille jusqu’à ce que ma colère n’ait été apaisée…
- C’est bien compris.
- En attendant ton châtiment, sois témoin de ma toute puissance.
Hobbes soupira.
- Il m’ennuie. Rabats-lui son caquet. DRACO-ASCENSION !
Rayquaza, hilare et clairement plus détendu que Darkrai, s’éleva vers le plafond du stade et plongea vers Darkrai. Ce faisant, il devint Méga-Rayquaza et sa chute fut accompagnée de météores verts.
- Vibrobs…
- SILENCE, HUMAIN !
Billy serra les dents. Deandra plissa les yeux.
« Il n’a toujours pas repris le dessus après tout ce temps… faudrait que quelqu’un lui colle une raclée à ce démon chelou, ça lui ferait péter son melon… »Darkrai croisa les bras et fit dévier les Draco-Ascension vers Méga-Rayquaza qui agita ses barbillons oranges dorés et annula de lui-même son attaque. Darkrai montra la créature du doigt.
- Vermisseau, baisse le regard face à Darkrai…
- C’est un ami, lui aussi ? marmonna Hobbes.
- Ouais… ouais, on s’entend bien, en dehors des combats…
Léo avait la main près de la Pokéball d’Arceus.
« Le combat pourrait mal tourner rapidement… Un duel de légendaires… et Billy qui a un rapport plus que singulier à Darkrai… »- Méga-Rayquaza, attaque Vol !
Méga-Rayquaza poussa un vibrant cri et s’envola à travers la pièce, fonçant à vive allure. Darkrai s’étonna, et la créature serpentaire géante lui fonça dessus, le percutant au passage.
- Darkrai !
- Silence, humain !! Je n’ai que faire de tes gémissements !
Darkrai tendit les bras vers Méga-Rayquaza et le retint avec un filet de Vibrobscur. Le dragon sembla pris dans les « cordages » d’énergie noire.
- Nul ne résiste au grand Darkrai. Il est temps de t’endormir et de t’enfermer à tout jamais dans le monde des cauchemars…
- Ahem. Draco-Météores.
Méga-Rayquaza poussa un grand cri. Les météores tombèrent du ciel et frappèrent Darkrai. Son contrôle du Vibrobscur devint moins intense et Méga-Rayquaza s’en libéra, parcourant l’arène en riant toujours comme un parvenu.
- Comme tu peux le constater, Rayquaza est un Pokémon très détendu…
- Tout le contraire de son maître, donc… marmonna Deandra.
- Darkrai, déconne pas, je veux gagner ce match !!
- Ton orgueil te perdra, vermine humanoïde…
Méga-Rayquaza fonça sur Darkrai qui tendit un doigt et envoya un éclair sombre vers son adversaire. Méga-Rayquaza choisit de l’esquiver et de balancer un Ultralaser au démon flottant. Darkrai tenta de le contrer en s’entourant d’un Vibrobscur sous forme de rose d’énergie noire au cœur de laquelle il s’enfermerait, mais Méga-Rayquaza envoya son attaque sous forme de lance d’énergie qui perça les défenses adverses.
- URGH… Vermine humanoïde, à cause de tes triviaux et puérils sentiments d’anthropode, Moi, le grand Darkrai, suis confronté à cet adversaire désincarné par des puissances extérieures…
- La Méga-Evolution de Rayquaza est totalement naturelle, c’est même lui qui est à l’initiative de ce pouvoir dans le monde des Pokémon… marmonna Hobbes.
Darkrai se tourna vers Billy.
- Je ne te pardonnerai jamais cette humiliation.
- C’est réciproque, putain ! Je veux pas perdre contre cet empaffé !!
- Draco-Ascension !
Méga-Rayquaza envoya de nouveaux rayons verts vers Darkrai. Billy serra les dents.
- Darkrai, bordel de merde, Vibrobscur !
- …
- … OBEIS, SALE POKEMON LEGENDAIRE DE SECONDE ZONE !
Léo serra les dents. « Ça va chauffer… »
Deandra plissa les yeux. « Pas bon, pas bon du tout ça… »
Darkrai, les bras croisés, fit partir des lances noires depuis le mur derrière Billy pour contrer la Draco-Ascension. Il se tourna vers son maître, ne prenant pas compte du dragon vert géant aux gigantesques moustaches orangées derrière lui.
- JUSTIFIE IMMEDIATEMENT CES PAROLES OU JE TE RETIRE A TOUT JAMAIS LE SOMMEIL !
Billy resta stoïque.
- Je refuse de perdre à cause de tes caprices de bébé Pokémon !
- … Me tenir tête… cela me rappelle ce jour où, par chance, tu m’enfermas dans cette maudite prison miniature…
- Je ne veux pas perdre ce combat, c’est totalement proscrit.
- Cela ne justifie en rien le ton que tu emploies face au Seigneur des Ténèbres.
- Tu sais quoi ? Merde, à la fin ! Je m’en fous !!
Darkrai aiguisa son regard. Billy se mit à genoux et tendit les mains.
- Je te prête mon âme ! Prends-là !
Deandra haussa les sourcils. Sherry et Jasper se regardèrent. Evoli dressa une oreille. Léo s’empara du micro.
- Billy, non !
- … Voilà que j’aime à entendre, vermine humanoïde !
- Pardon ?! grimaça Hobbes.
- Prends mon âme et colle-lui une bonne raclée ! Mais je refuse de perdre face à cette tête de nœud !!
- Quand bien même ce serait une vraie possibilité que tu aurais, n’est-ce pas un peu excessif ?! s’étonna Hobbes.
Darkrai tendit une main vers Billy.
- Tu n’es même pas certain que je te la rende.
- Je te fais confiance. Et qu’importe, tant que tu humilies Hobbes comme il se doit.
Méga-Rayquaza éclata de rire.
- On emploie les grands moyens, à ce que je vois. Quant à savoir si ça suffira…
Hobbes grimaça et regarda Méga-Rayquaza.
- Démolis-le avant qu’il ne le fasse !
- Plaît-il, Maître Hobbes ?
- Billy est un sauvageon et un impudent mais en aucun cas un menteur ! Méga-Rayquaza, attaque Ultralaser !
Le Pokémon absorba ses barbillons qui formèrent une sphère électrique devant lui qu’il canalisa entre les deux cornes qui entouraient sa bouche. Darkrai inspira et agita les mains comme pour attirer Billy à lui. Une énergie bleue-noire émana du jeune homme aux cheveux roux et il convulsa, la fumée bleue absorbée par Darkrai qui la huma telle un parfum, avec ce qui semblait être une expression de délice.
- BILLY !!! cria Léo.
- Et après c’est moi le phénomène de foire parce que je parle… souffla Evoli.
- Wow !
- Dingue !
- Purée, il lui prend vraiment son âme !
- Woooooooow !
Jasper était stupéfait. Sherry un peu effrayée mais néanmoins excitée. Deandra observait Léo, absolument pas dupe. Léo s’attelait à désactiver le système de sécurité.
- Merde, merde, merde, c’est quoi la commande… JASPER !
- Hein ?
- Aidez-moi à abaisser la vitre !
- Léo, tu ne devrais pas… geignit Evoli.
- Euh… vous êtes sûr ? Le combat, c’est dangereux…
- Billy est en danger de mort !
Darkrai, embaumé d’une sombre fumée pourpre tirant sur le noir, les traits durcis, les yeux rouges, les cheveux bien plus longs et ébouriffés, se retourna vers Méga-Rayquaza qui lui balança l’Ultralaser. Darkrai tendit un bras griffu dont les articulations elles-mêmes étaient crochues, et dressa un grillage noir métallique, formées de barres droites croisées en losange, entre lui et Méga-Rayquaza. L’Ultralaser fut stoppé net. Deandra plissa les yeux alors que Jasper descendait vers Léo.
- Calmez-vous…
- Mais oui Léo, calme-toi ! geignit Evoli.
- Si ce monstre ne rend pas son âme à Billy, il va…
- Je pense que monsieur Billy sait ce qu’il fait…
- Mais non ! Il n’en fait qu’à sa tête, comme il l’a toujours fait ! Mais qu’est-ce qui m’a pris, Arceuuus !!!
Jasper regarda Evoli qui serra les dents, puis vers Deandra et Sherry qui haussèrent les épaules. Il regarda les journalistes et les étudiants qui étaient trop fascinés par le combat pour prêter attention au pétage de câble du chef du GKA.
Le gros bonhomme se contenta d’une tape sur l’épaule du généralissime, complètement effondré sur sa console.
- Là, là…
- C’est plutôt une bonne taloche qu’il faudrait lui donner mais bon… souffla Deandra.
- Il est trop bien ce combat, j’ai à la fois de la baston et des potins ! sourit Sherry.
Hobbes inspira.
- Je ne vois pas en quoi le fait qu’un Pokémon prenne possession d’une âme humaine le rend plus fort… Méga-Rayquaza, Vitesse Extrême !!
Le serpentaire éclata de rire et vrombit comme une lance à travers la pièce. Deandra se leva et empêcha Léo de tripoter la console.
- Arrête, tu vois bien que c’est super dangereux !!
- Vous pouvez très bien protéger tous ces gens ! geignit Léo.
- Ah ça non, c’est hors de question… souffla Sherry.
- Personnellement je ne suis pas très doué en défense collective… admit Jasper.
- Il est pas doué, elle a pas envie, et moi à part frapper comme une bourrine je sais rien faire, alors arrête de toucher à cette console !
- D’autant que le bouton « Security Down » est, genre, juste là… marmonna Sherry en désignant un bouton rouge.
Jasper, Evoli et Deandra regardèrent l’assistante en pull orange qui haussa ses grandes épaules.
- Bah quoi ?!
- Merci Sherry ! cria Léo en se jetant sur le bouton.
- Non, Léo, att… oh… soupira Evoli.
- Vous n’êtes pas très maligne… marmonna Jasper.
- Pardon ? Je suis en train de m’assurer une augmentation et JE ne suis pas maligne ?! soupira Sherry en regardant Jasper avec dédain.
Jasper regarda Deandra qui leva les yeux au ciel alors que la vitre ultra solide s’abaissait. On sentit alors très clairement le vent soulevé par Méga-Rayquaza.
- Ouah !
- Oula !
- Au secours !
Deandra leva les yeux au ciel, monta les marches derrière les étudiants et les journalistes et envoya Gardevoir.
- Madame !
- Gardevoir, tu peux soulever un mur pour les protéger du combat ?
- Bien sûr madame !
Gardevoir étendit les bras et créa un Mur Lumière et une Protection superposées, ce qui créa un filtre rose/bleu entre le terrain et le public.
- Mais, on voit plus bien !
- C’est quoi ce filtre dégueulasse !
- Et ma vidéo ?!!
Deandra leva les yeux au ciel.
- Laisse-les crever Gardevoir !
- Je… ne peux pas faire ça, madame ! geignit Gardevoir, toute gênée.
- Je sais, c’était purement rhétorique… grommela la blonde.
Méga-Rayquaza allait frapper Darkrai qui s’éloigna. Le corps de Billy fut secoué par le vent soulevé par le dragon. Léo allait descendre mais Jasper et Evoli le retenaient.
- Monsieur Léo !
- Laissez-moi, il a besoin de mon aide !
- Arrête, Léo, enfin ! geignit le Pokémon.
Sherry mangeait toujours ses légumes crus en sachet comme du pop-corn.
Méga-Rayquaza se propulsa telle une lance vers Darkrai. Le Pokémon tendit les deux mains vers le serpent volant et créa une série de barres métalliques flottant dans l’air. Etudiants, journalistes et Generation Kids présents observaient le gigantesque serpent d’une dizaine de mètres se faire peu à peu enfermer dans une structure de ferraille noire.
- Oula… Problème… Peut plus… bouger…
- Impossible !!! gronda Hobbes.
- HUMILIER HOBBES…
Tout le monde se tourna vers Darkrai.
- TEL EST L’ORDRE SANS APPEL DONNE PAR L’AME DU MAITRE.
Deandra leva les yeux au ciel.
« Evidemment, il n’y a que Billy pour être tellement déterminé à humilier Hobbes que même en abandonnant son âme à un Pokémon, l’obsession de ce Pokémon devienne la sienne… »Méga-Rayquaza était à présent totalement immobilisé. Darkrai regarda Hobbes.
- ADMETS TA DEFAITE.
Hobbes regarda le Pokémon démoniaque à l’apparence transcendée par l’âme de Billy.
- Billy ?
- ADMETS TA DEFAITE, VERMINE HUMANOIDE.
- … C’est d’un puéril !
- ADMETS TA DEFAITE.
- Non ! Draco-Ascension !!
Méga-Rayquaza poussa un hurlement et souleva à nouveau des rayons verdâtres autour de lui qui vrombirent vers Darkrai. Le Pokémon agita une main et souleva de nouvelles barres métalliques noires pour stopper l’attaque. Darkrai étendit les bras et la cage de Méga-Rayquaza se resserra sur lui.
- Non mais… Tu ne vas pas torturer mon Pokémon quand même !!
- HUMILIER HOBBES…
La cage se mit à tournoyer de plus en plus vite. Hobbes serra les dents. Léo, Deandra, Jasper et Sherry observaient, stupéfaits. Darkrai faisait juste des ronds avec le doigt.
La cage se brisa net. Méga-Rayquaza en sortit, devant le public qui eut un mouvement de recul. Deandra regarda Gardevoir.
- Prépare-toi à lui balancer un Pouvoir Lunaire !
- Bien, Madame…
Gardevoir enroba ses deux mains avec deux sphères blanches et se mit en garde.
Cependant, Méga-Rayquaza s’arrêta, vomit par terre un liquide brun, sous les yeux dégoûtés de l’assistance, puis, l’air un peu ivre, partit dans une direction hasardeuse et finit par s’enfoncer dans un mur derrière Hobbes, complètement désorienté. L’historien faisait une tête de vingt pieds de long.
- … Tu as donné ton âme à ton Darkrai juste pour mettre mon Méga-Rayquaza dans un tourniquet et le faire vomir puis se crasher dans un mur ?!
Darkrai hocha la tête. Hobbes grimaça.
- … eh bien, j’admets ma… défaite… je suppose…
Le public se leva pour applaudir. Deandra inspira en levant les yeux au ciel.
« Vous applaudissez pour rien, il était vraiment merdique, ce combat… »- Ca va faire les gros titres !
- Ces Generation Kids sont vraiment incroyables !
- Dingue ! On a vu un combat entre un Darkrai et un Rayquaza, c’est complètement dingue !!
Le public semblait satisfait mais Léo franchit le muret séparant les gradins du terrain pour aller auprès de Billy, suivi par Evoli et Deandra.
- Léo ! souffla Evoli.
- Billy, Billy, Billy…
« Il trompe vrrraiment personne… » gronda Deandra intérieurement.
Léo attrapa le dresseur aux cheveux roux par les épaules.
- Billy ! Billy, réveille-toi ! Oh Arceus, non ! Mais qu’est-ce que j’ai fait… geignit Léo.
Darkrai approcha son dresseur. Léo se releva.
- Rends-lui son âme !!
- …
- … dépêche-toi ! Sinon je vais sévir !!
Léo tendit une Pokéball.
- Léo… souffla Evoli.
- Euh, c’est ni le moment ni l’endroit… marmonna Deandra.
Le Pokémon NoirTotal frissonna et l’âme de Billy rentra dans le corps de son possesseur. Darkrai grommela.
- Stupide vermine humanoïde monomaniaque ! Tellement obsédé par sa stupide querelle que je n’ai même pas pu me nourrir correctement de son âme…
Billy se releva, interloqué. Deandra le regarda.
- Eh bé. Ça va ?
- Moi ? Oui. Le risque était complètement calculé.
- … bah voyons.
- Je savais que Darkrai ne pourrait supporter longtemps mon caractère obsessionnel.
- … baaah voyooons… soupira Deandra, désabusée.
Léo empoigna Billy.
- NON MAIS CA VA PAS ??? PRENDRE DE TELS RISQUES ??? TU TE RENDS COMPTE ??? JE DISAIS QUOI AUX ASSUREURS ???
Deandra et Evoli se regardèrent, pas dupes. Billy prit les mains de Léo et les retira de son pull à col roulé noir.
- Tu… te calmes ?
- … Qu’est-ce qui t’a pris ?!
- Tu me connais, non ? Quand je veux quelque chose, je fais tout ce qu’il faut. Y compris prêter mon âme au diable !
Billy rappela Darkrai. Hobbes s’avança vers Billy.
- Je suppose que je devrais te serrer la main, mais…
- Ça va pas la tête ? Je sors d’un coma, j’ai besoin de Martini.
Billy tourna les talons. Hobbes haussa les épaules, indifférent. Léo inspira. Le public semblait toujours aussi enthousiaste.
***
Bureau de Léo.
- L’opération de com’ est un succès… Hobbes n’ayant jamais œuvré comme combattant, sa réputation n’en a pas trop souffert…
- Tant mieux… souffla Léo en sirotant son scotch.
- Et idem, malgré… la petite confusion, la mission d’Arianne est un succès et nous avons apparemment reçu des demandes pour des missions… moins sanglantes, certes.
Léo hocha la tête. Evoli somnolait sur son coussin de velours. Deandra, dans la chaise face à Léo, derrière son bureau, inspira.
- Tu… veux qu’on discute de tes sentiments pour Billy ?
Léo leva les yeux au ciel.
- Qui, de toute évidence, sont toujours présents ? continua Deandra.
- Je ne l’ai pas recontacté pour renouer avec lui, c’est un peu lui qui est à l’origine de ce projet… enfin, qui me l’a inspiré, donc… c’était… normal qu’il soit là.
- Je pense qu’il n’est pas dupe non plus, il doit se douter que tu avais une idée derrière la tête en le recontactant…
Léo soupira et regarda par sa fenêtre.
- Je…ne… peux pas te dire le contraire, mais… au fond, je… n’espère rien.
- Mouais.
- Oh, dis, Deandra ! Je suis ton supérieur, quand même !
- Mouais. Ecoute, quand tu auras besoin d’une épaule sur laquelle pleurer, comme d’habitude, je serais là. Hm ?
Léo souffla longuement et hocha la tête. Deandra se leva et regarda son meilleur ami.
- Tu as fait de nombreux sacrifices pour en arriver là, tu as réuni une dizaine de dresseurs super puissants dans un même immeuble, dont ton ex et ta meilleure amie…
Deandra inspira lourdement.
- … J’aimerais pas être à ta place. A plus !
Deandra sortit du bureau. Léo souffla et termina son verre de scotch. Evoli ouvrit un œil et dressa une oreille. L’interphone grésilla.
« Monsieur Léo ? Mademoiselle Monday à l’accueil… je vous l’envoie ? Monsieur Léo ?... »
Léo regarda le ciel qui s’étendait dans la baie vitrée, puis il observa une Pokéball qu’il fit rouler dans sa main.
« Monsieur Léo… ? Allô ?! Je passe un peu pour une conne, là ! »
Générique de fin –
Lana Del Rey, Gods and Monsters« In the land of Gods and Monsters
I was an Angel
Living in the Garden of Evil
Screwed up,
Scared,
Doing anything that I needed
Shining like a fiery beacon »