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Parce que la vie n'est pas toujours rose de ZoroDaSH



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Informations

» Auteur : ZoroDaSH - Voir le profil
» Créé le 18/07/2020 à 00:24
» Dernière mise à jour le 18/07/2020 à 11:15

» Mots-clés :   Drame   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Slice of life

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CHAPITRE 4 : Unionpolis
Un son résonnant de marteau-piqueur me réveilla désagréablement vers 7h du matin. Moi qui comptait m'accorder une grasse matinée pour me remettre de ma traversée de la route 212, c'était raté. La veille, j'avais du également me presser pour récupérer les clés de mon nouvel appartement. Heureusement, il correspondait vraiment aux photos, et le propriétaire l'avait laissé dans un état irréprochable. J'étais tellement rassurée ! Ma bonne étoile n'avait donc pas disparu. Cela me donna assez d'énergie pour aller récupérer mes cartons à la boutique relai qui allait fermer d'une seconde à l'autre. J'avais au passage récupéré les pokemon de Takeshi, l'infirmière s'était même chargée gentiment de les laver !

Après avoir enfin pu prendre une douche bien chaude, je nettoyais ma chère tenue de sœur parasol salie par cette route impitoyable. D'ailleurs, la perte de mon beau parapluie rose m'avait beaucoup attristée. Puis, j'installais correctement toutes mes affaires à leur place. Je mis mes jeunes pousses de baies empotées sur le rebord du balcon puis je les arrosai. J'accrochai délicatement sur le mur du salon le petit dessin d'Akimi. Quand je me serais bien posée ici, je passerais leur rendre visite de temps en temps. Je devrais donc trouver un travail stable pour pouvoir assumer mon loyer, mais Unionpolis regorgeait d'offres d'emploi en tout genre, je n'étais pas inquiète à ce sujet. Je m'égarais un peu dans mes explications, mais tout cela pour dire que j'avais vraiment besoin de repos.

Je commençais à entendre de nombreux passants. Je me dirigeai vers mon balcon, encore un peu ensuquée, pour observer ce qu'il se passait. L'air était frais, je m'enveloppai de ma couverture. La grande rue qui longeait mon immeuble s'animait dans tous les sens. Je regardais d'abord le chantier de travaux dans le bâtiment en face de mon appartement d'un air agacé. En effet, je n'étais pas habituée à ce tapage urbain, le chant des Etourmi en guise de réveil allait vraiment me manquer. Malgré cela, l'agitation mouvementée en-dessous de moi m'enthousiasmait : la rue était vivante ! La fatigue m'avait passée. Des gens marchaient et courraient dans toutes les directions, tous bien vêtus. Ils devaient certainement se diriger vers leur lieu de travail. L'écho de leur voix se propageait dans l'atmosphère ambiant, bercé par les doux rayons du soleil levant. De petits pokemon que j'avais déjà vu à la télévision lors de concours apparaissaient un peu partout. Les promenades à l'aube semblaient être courantes à Unionpolis. Il y avait entre autres un Laporeille, un Pachirizu, un Skitty et un Mélofée. Ma jauge de sensibilité à la mignonnerie débordait, mon for intérieur voulait se ruer sur ces splendides créatures afin de les cajoler tendrement. Je les enviais tellement. Il était impensable de sortir avec Cradopaud ou Vortente, leur manque de savoir-vivre et leur apparence me couvriraient de honte. Néanmoins, j'allais bientôt obtenir un Chaglam, il fallait encore patienter deux jours. Puis, les boutiques qui occupaient en général le rez-de-chaussée des bâtiments bordant la rue s'ouvraient une à une. Une légère odeur fruitée emporta mes narines. Curieuse, je me préparai rapidement pour chercher l'origine de ce parfum délicat.

L'effluve sucrée me conduisit dans une rue parallèle, juste derrière mon immeuble. Elle provenait clairement de cette maison dont la façade avant ressemblait à celui d'un commerce. Sur l'enseigne, il était inscrit «La Poffinerie. Un Poffin, un sourire.». Je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait. Je m'approchai alors de la vitre pour en savoir un peu plus. De grandes tables remplissaient la pièce couleur pastel. De nombreux paniers étaient posés dessus, garnis d'assortiments de baies savoureuses. A côté, des boîtes en osier attirèrent mon attention. Elles contenaient de petites pâtisseries multicolores, je n'en avais jamais vu. Cela devait être des Poffins. Ils ressemblaient à des gâteaux en forme de petits pains, saupoudrés par de légers vermicelles en guise de décoration, de quoi me donner l'eau à la bouche. Ce matin, dans la précipitation, je n'avais même pas pris le temps de prendre un petit déjeuner. Sur la gauche, une dame brune, habillée d'un grand tablier blanc, semblait remuer délicatement une pâte somptueuse dans une sorte de marmite posée sur le gaz. L'odeur qui m'avait attirée ici émanait de cette préparation.

Je m'avançai vers la porte d'entrée, et que ne fut pas ma stupeur quand je vis un papier signalant la recherche d'un cuisinier dans la Poffinerie. Je crus rêver. Je me frottai énergiquement les yeux, je n'étais peut-être pas encore bien réveillée. L'annonce était bien là. Je n'avais pas encore eu d'entretien d'embauche que je me voyais déjà travailler ici. Après tout ce qui m'était arrivé depuis quelques semaines, j'eus l'impression que la roue allait enfin tourner. Je m'empressai donc d'entrer.

Les cuisinières me saluèrent toutes poliment. La dame vêtue du tablier s'avança vers moi et se présenta : «Bienvenue à la Poffinerie ! Je suis Ama Miyazaki, la gérante de ces lieux, pour vous servir !». Elle devait faire la quarantaine. Ses cheveux bruns ondulés tombaient jusqu'à ses épaules. Sous sa blouse de cuisine blanche, elle portait une élégante robe écarlate et des petites ballerines, elle était très raffinée. Je lui demandai alors un rendez-vous pour le poste vacant. Elle me prit à part directement, elle avait vraiment besoin de quelqu'un pour ce poste le plus vite possible. En effet, elle avait ouvert récemment un service de production de Poffins à la demande, et avait fait un contrat avec le centre commercial de Voilaroc. Les commandes fusaient !

Seulement, je ne connaissais rien sur les Poffins. Elle fut étonnée. J'expliquai quand même que j'avais travaillé chez Keiko à Verchamps pendant six années. Je n'eus même pas le temps de lui préciser mes compétences qu'elle m'embaucha net. Elle m'apprit que Keiko était une amie, et qu'elle appréciait énormément sa cuisine à base de baies. Même loin d'elle, ma seconde mère veillait sur moi et m'aidait à aller de l'avant. Je mis un peu de temps à réaliser que je venais de trouver un job incroyable. Les événements qui m'avaient conduite ici défilaient jusqu'au son de ce contrariant marteau-piqueur. La vie n'était-elle qu'une succession de coïncidences ?

Mme Miyazaki me faisait faire le tour de la Poffinerie et me présentait à l'équipe. Avant de se mettre au travail, elle prit le temps de m'expliquer la composition et la préparation de ces fameux Poffins. Ce sont de petits gâteaux similaires à des pains dont la saveur dépendait des baies utilisées à sa fabrication. Comestibles par les hommes, ils étaient surtout utilisés comme friandises pour nourrir les pokemon. Ils avaient également la particularité de booster leur condition pour améliorer leur performance lors des concours d'Unionpolis. Ce point avait grandement attiré mon attention, je prenais note de toutes les informations données, surtout celles en rapport avec les concours. Elle me proposa d'en déguster quelques uns. Epicés, secs, sucrés, acides et amers, ils y en avaient pour tous les goûts. Leur onctuosité était incomparable. L'arôme des baies empreignait les papilles dès la première bouchée.

Puis, Mme Miyazaki me conduisit aux cuiseurs ressemblant à une haute marmite. Elle me montrait alors la recette à suivre pour confectionner de délicieux Poffins. Il fallait préparer préalablement une pâte liquide et la placer dans le récipient. Seule Mme Miyazaki se chargeait de la concocter, elle possédait une recette secrète qu'elle ne voulait pas faire fuiter. Ensuite, il fallait ajouter des baies bien mures. La partie la plus importante de la préparation arrivait : la technique apportée au mélange de la pâte était primordiale. D'un mouvement gracieux, la patronne remuait la pâte d'un rythme précis. Ni trop rapidement, ni trop lentement, son bras tournait énergiquement au-dessus de cette pâte qui commençait à se colorer et à durcir. L'odeur fruitée flottait tout autour d'elle. D'un dernier geste bref, elle donna forme aux Poffins et les garnit. Cette performance m'avait impressionnée. Je passais donc la matinée à l'observer attentivement.

Je n'avais pas imaginé trouver du travail aussi vite, et cette semaine, mon emploi du temps était assez chargé. Hiro, le Pokemaniac avec lequel je prévoyais de faire l'échange dans deux jours, m'avait donné rendez-vous sur la route 209 à l'est d'Unionpolis aux alentours de 18h. Cependant, ce jour-là, je devrais rester jusqu'à la fermeture de la Poffinerie. Il insistait un peu pour se rencontrer alors après mon travail, mais je n'étais pas rassurée d'aller de nuit sur une route peu fréquentée. Apparemment, il vivait près de Bonville et était indisponible la plupart des matinées. Après plusieurs tentatives d'arrangements, il accepta d'effectuer l'échange à 14h au Centre Pokemon d'Unionpolis. Je préférais le faire dans le service dédié aux échanges à l'étage, de manière officielle et encadrée. Je ne connaissais pas cet Hiro, Keiko m'avait toujours enseignée d'agir avec prudence face à des inconnus. Le fait qu'il suivit mes contraintes me réconforta tout de même. Lui aussi avait l'air de vraiment vouloir Cradopaud. Bien que je ne l'avais jamais trop apprécié, il méritait de tomber sur un dresseur qui pût le supporter et le comprendre. Avec Takeshi, Cradopaud était très attentif, il essayait souvent de montrer sa puissance et l'accompagnait partout. Mais ce n'était pas suffisant. Il n'avait pas été capable d'aider mon frère à réussir son rêve. Incapable de vaincre le moindre pokemon, il faisait quand même le fier, gardant toujours son regard fier.

L'après-midi, la phase d'observation laissa place à la pratique. Je commençais ainsi à nettoyer quelques baies Pêcha afin de pouvoir préparer mes premiers Poffins. Mme Miyazaki se tenait à côté de moi, cela me donna un peu la pression. Je plongeai les fruits dans la pâte et je me mis à remuer. J'essayais de faire un geste suffisamment large pour couvrir toute la marmite, mais je n'étais pas assez rapide. Des cloques gonflaient un peu partout, je voyais que la pâte allait brûler. J'accélérai la cadence pour éviter ce massacre, mais la préparation encore liquide débordait du récipient. J'entendis Mme Miyazaki soupirer, il fallait se ressaisir ! D'un mouvement régulier, en essayant d'imiter ceux de ma patronne, je mélangeai la pâte en me concentrant au maximum. Je sentais la pâte se durcir.

Après cinq minutes de tour de bras, je pus dresser mes premiers Poffins. Il en fallait de l'énergie dans les bras pour tenir le rythme ! J'avais sous-estimé la force nécessaire pour bien les préparer. Ces Poffins étaient roses et sucrés, l'arrière goût de la baie Pêcha se percevait à peine. J'avais encore des progrès à faire. Mme Miyazaki en gouta un. Elle laissa un moment de silence. Ces quelques secondes furent tellement longues. Puis elle me dit «Ce n'est pas mauvais pour tes premiers Poffins.» d'un air anodin. Je ne savais pas trop comment réagir face à son verdict, mais elle ne semblait pas non plus très déçue. Elle me remit alors une liste de commandes à faire et me laissa à mon poste. Je ne pouvais pas trahir la confiance qu'elle m'avait accordée, je me mis directement au travail.

A 17h, Mme Miyazaki inspecta les commandes que j'avais préparées. Mes bras étaient en ébullition, je sentais déjà les courbatures du lendemain venir. Dans l'ensemble, elle était plutôt satisfaite de mon travail, mes Poffins s'approchaient de plus en plus de ses attentes, je souriais. Je finis de nettoyer mon poste et mon matériel, et ma patronne m'invita boire un café en terrasse. Je fus très surprise, mais j'acceptai volontiers. Mme Miyazaki paraissait un peu sévère aux premiers abords, mais elle était très humaine et s'intéressait à chacun de ses employés. Elle me mit très rapidement à l'aise, et son amitié avec Keiko avait permis d'entamer une longue discussion. Je lui parlais donc un peu de mon passé, de Takeshi, mais je sentais que je pourrais pleurer à tout moment si je faisais resurgir d'un coup tous ces souvenirs comme ça, et je ne tenais pas à embarrasser Mme Miyazaki. Je poursuivis directement avec mon projet de devenir une coordinatrice. Elle aussi était passionnée de concours pokemon, et elle avait surtout beaucoup de connaissances techniques à ce sujet.

On passa donc la fin d'après-midi à parler concours et Poffins. J'enregistrais tout ce que je pouvais. Elle savait reconnaître la catégorie de concours où un pokemon pouvait le plus se mettre en valeur, en analysant sa nature et ses capacités, et quels Poffins utiliser pour amplifier sa condition. Dans la foulée, elle m'interrogea sur mes pokemon. Je considérais surtout Cradopaud et Vortente comme ceux de Takeshi, et je ne tenais pas tant que ça à lui les présenter. Elle insista, je les amènerais donc le lendemain, en espérant qu'ils ne se fissent pas remarquer. J'étais vraiment angoissée à l'idée de les sortir. Sur cette note salée, avant de se quitter, elle m'offrit une petite boîte à Poffins bien garnie. Ce cadeau m'avait vraiment touchée. C'était un accessoire indispensable pour tout coordinateur qui se respectait. Parmi les Poffins contenus dans la boîte, il y en avait quelques uns de ma préparation. Je les reconnus car ils étaient moins bien dressés que ceux de Mme Miyazaki. Je regagnais ainsi mon petit appartement après cette première journée à Unionpolis qui fut exceptionnelle.

Dans la soirée, je prenais soin d'arroser mes jeunes plants de baies. De mon balcon, le ciel tranquille et rosé berçait la ville d'Unionpolis. Les lampadaires éclairaient ma rue de bronze tels des lucioles stationnant dans la nuit. J'avais laissé sur la table du salon la petite boîte en osier offerte par Mme Miyazaki. Etant donné que Cradopaud et Vortente avaient été exceptionnellement sages lorsque je les avais nourris sur le balcon, je voulus leur faire goûter ces Poffins. Par précaution, je fermai la baie vitrée pour éviter qu'ils rentrassent et qu'ils saccageassent tout mon appartement sur un coup de folie. Sortis de leur Ball, Cradopaud ne me regardait toujours pas, et Vortente se remuait à la vue des Poffins qui dégageaient une odeur intensément fruitée. J'en disposais quelques uns sur le sol, de goûts et de couleurs différentes. Vortente bondit sur le tout et les avala presque tous. Il avait laissé deux Poffins verts, de goût amer, l'un avait été confectionné par Mme Miyazaki, et l'autre par moi-même. Il n'avait même pas dégusté ces merveilles, je le réprimandai et je le rappelai. Cradopaud jeta un coup d'oeil sur les biscuits restants. Il se retenait de s'approcher pour les goûter. J'insistai un peu. Il finit par en prendre un pour en finir, et me montra sèchement sa Pokeball. Il ne voulait vraiment plus avoir à faire à moi. J'avais essayé de me montrer gentille avant son départ, et il n'en prenait même pas compte, il restait fidèle à son si mauvais caractère jusqu'au bout ! En ramassant celui qu'il n'avait pas mangé, je m'aperçus qu'il avait choisi le mien. Cela me laissa perplexe.

Le lendemain, j'avais passé ma journée entière à préparer de nombreuses commandes à la Poffinerie. Ma patronne me félicita pour mon amélioration, mes Poffins se rapprochaient vraiment de ses attentes. Je n'avais pas ménagé mes efforts malgré mes courbatures dans les bras. Mme Miyazaki m'invita donc à aller sur la place des fontaines pour lui montrer les bêtes de Takeshi. Elle n'avait pas perdu le nord, je dus la suivre à mon grand désarroi. Là-bas, il y avait pas mal de monde, j'étais tellement gênée de devoir les montrer en public. Je les sortis finalement de leur Ball, la boule au ventre. Cradopaud et Vortente regardaient de partout, je ne les avais jamais promenés dehors, autant à Verchamps qu'à Unionpolis. Vortente s'agitait dans tous les sens, il sauta dans la fontaine et éclaboussa les enfants qui se tenaient tout prêt. Je me levai pour le gronder sévèrement et m'excuser auprès de ces enfants, mais ils se mirent à rigoler et à s'amuser avec la plante carnivore.

Les passants semblés intéressés par les deux crapules, tout comme Mme Miyazaki qui était ravie de voir des spécimens si rares en ma possession. Elle prit Cradopaud et le cajola. Il n'avait pas l'air à l'aise, mais ne bougea pas d'un poil. Je ne comprenais pas les compliments que recevaient ces créatures plutôt disgracieuses. Aussi, ils ne se montraient pas sous leur vrai jour, ils arrivaient bien à cacher leur mauvais caractère. Leur comportement soudainement quasi exemplaire, que j'avais toujours attendu de leur part, m'agaça. Je trouvais ce changement devant le monde assez hypocrite. Mme Miyazaki leur donna pleins de Poffins. Vortente n'avait évidemment pas manger vulgairement ces biscuits, et Cradopaud les avait acceptés rapidement. Etait-ce de la jalousie que je ressentais à ce moment-là ? Il n'y avait aucune raison à cela, je ne les avais jamais appréciés !

Mme Miyazaki me fit part de ses observations. Vortente aurait des prédispositions à percer dans les concours en catégorie "beauté", et Cradopaud dans la catégorie "intelligence". Cette annonce me fit rire intérieurement, je ne voulais pas remettre en cause son évaluation, et encore moins lui manquer de respect en rigolant tout haut. Mais beauté et intelligence étaient tout ce qu'il manquait à ces deux créatures. Physiquement, ils n'avaient vraiment rien de mignon. Cela n'était pas spécialement de leur faute, mais la nature ne les avait pas non plus gâtés au niveau intellectuel. J'expliquais donc à ma patronne mon intention de participer aux concours avec d'autres pokemon que ceux de mon frère, et que j'allais normalement obtenir le lendemain un élégant Chaglam. Elle fut assez surprise par mes propos. Elle ajouta que la clé pour réussir un concours n'était pas la beauté extérieure d'un pokemon, mais le lien puissant qui l'unissait à son dresseur. Elle m'apprit que Cradopaud et Vortente avaient préféré de loin les Poffins que j'avais cuisinés. J'étais étonné par l'estime qu'elle portait sur les pokemon de Takeshi. J'entendais parfaitement les conseils de Mme Miyazaki, mais je ne pourrais jamais participer à un concours avec ces deux là. Rien qu'à l'idée de les imaginer m'accompagner sur la scène, devant les juges et les spectateurs, me mettait mal à l'aise. J'avais déjà confectionné quelques petits accessoires pour mettre en valeur mon futur Chaglam. Mon rêve était là, à portée de main, et personne ne pouvait m'en dissuader. Ce bonheur, je ne l'avais pas volé. Moi aussi j'avais le droit de me sentir bien, et de choisir avec qui je souhaitais gagner des concours !

Cet après-midi sur la place des fontaines m'avait vraiment perturbée. Le soleil se couchait déjà. Avant d'aller dormir, j'observais le dessin d'Akimi. Cradopaud était là, entre Takeshi et moi-même. Demain je ne verrais plus sa petite tête de crapaud presque effrayante. Son air hautain n'allait pas me manquer. Il ne m'avait jamais vraiment respectée. Pendant mon sommeil, je revoyais quelques fois le beau sourire de Takeshi, mais ce soir-là, son visage marquait une profonde déception. D'un coup, mes souvenirs de la route 212 resurgirent. Le tonnerre grondait, la pluie tombait et j'étais au beau milieu de la rivière déchainée. Les feuilles de Vortente particulièrement allongées m'enlaçaient et me remontèrent à la surface. Cradopaud, couvert de blessures, s'accrochait fermement au Maraiste sauvage pour le retenir. Puis, je me retrouvais au bout milieu d'Unionpolis. La rue était froide et déserte, j'étais seule, j'angoissais. D'un coup, le bruit des cloches de l'église me fit sursauter. Je ne voulais pas retourner sur le lieu de l'enterrement de mon grand frère comme ça, mais ma curiosité l'emporta. Je n'avais plus peur malgré cette nuit sombre et silencieuse. J'ouvris la grande porte et je le vis : Takeshi était assis au premier rang et regardait la lumière de la lune éclairer le grand vitrail majestueux. Je me mis à pleurer, je l'appelai, je courus vers lui mais il ne réagissait pas, comme s'il ne percevait pas ma présence. Il tenait sur lui Cradopaud et le câlinait. Takeshi avait un air si triste, je ne l'avais jamais vu ainsi. Etrangement, Cradopaud se retourna vers moi. A cet instant, son regard luisant me coupa le souffle. Ils disparurent subitement sous mes yeux. Je pleurai encore plus et je criai. Je voulais revoir mon frère, qu'il me serrât dans ses bras protecteurs, qu'il me racontât ses histoires passionnantes au Grand Marais. Je me réveillai ainsi en sursaut. J'avais l'habitude de faire des cauchemars depuis la mort de Takeshi, mais celui-ci m'avait énormément bouleversée, je n'avais jamais vu une telle expression sur son visage.