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Parce que la vie n'est pas toujours rose de ZoroDaSH



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Informations

» Auteur : ZoroDaSH - Voir le profil
» Créé le 18/07/2020 à 00:16
» Dernière mise à jour le 18/07/2020 à 00:16

» Mots-clés :   Drame   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Slice of life

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CHAPITRE 3 : Pluie éternelle
Verchamps se situait désormais derrière moi. Je ne me retournai pas, mon regard se fixait face au premier obstacle de ma nouvelle vie : la route 212. L'humidité ambiante me faisait légèrement frissonner. Le crachin se transformait petit à petit en forte pluie à mesure que je m'enfonçais dans ce chemin sinusoïdal. Les gouttes d'eau tombaient telles des lances, le bruit de leur choc contre mon parapluie m'empêchait de percevoir tout autre son extérieur. De temps en temps, des bourrasques me stoppaient dans mon élan. Je devais donc constamment tenir mon parapluie fermement par peur de le lâcher sous un coup de vent aussi violent qu'il pouvait fendre l'air à tout moment. Sa puissance était accentuée par la configuration géographique de ce chemin. En effet, il formait un long couloir en zigzag, encadré par une grande forêt tellement épaisse que personne ne pouvait s'y aventurer. D'autre part, le sol était entièrement inondé, je n'arrivais pas à distinguer les zones herbeuses des zones boueuses où mes pieds s'engouffraient désagréablement jusqu'en haut des chevilles. Ma tenue commençait à se salir, j'avais horreur des tâches sur les vêtements, mais là, je devais rester concentrée sur la route.

Au loin, j'aperçus les premières hautes herbes de la route, le principal habitat des pokemon sauvages. Par prévention, je m'aspergeai immédiatement avec le premier repousse pour éviter de mauvaises surprises dès le début. Je ne les avais jamais imaginées aussi élevées et denses, elles m'arrivaient au niveau de la poitrine. Des touffes se mettaient en mouvement de tous les côtés, mon cœur battait de plus en plus fort. Je pris une grande respiration pour me ressaisir, mais le fort taux d'humidité dans l'air me fit tousser. Puis, sans trop réfléchir, je me jetai dans cette masse verdâtre et j'avançai en écartant d'une main les brins d'herbe les plus gênants tout en maintenant précieusement le parapluie. Entre le bas de ma robe et le haut de mes bottes, les herbes me démangeaient les jambes.

Je sentais tout autour de moi des présences qui se tenaient bien à l'écart grâce à l'effet du repousse. Elles attendaient clairement que son pouvoir se dissipât pour se ruer sur moi. J'accélérai le pas. Tant bien que mal, je progressais dans cette zone herbeuse dont je commençais à voir la fin, et je continuais de m'imprégner de ce spray protecteur. Je n'avais même pas eu le temps de comprendre que j'avais posé un pied hors des herbes que je m'enfonçai subitement dans le sol. Mon corps venait de ressentir cet instant de terreur où le cœur ne cessait de battre pendant une milliseconde. La pluie infinie avait totalement couvert mon cri. J'avais lâché mon parapluie sous le coup de la panique.

Une odeur anormalement forte de végétaux en décomposition m'envahit les narines. Tout mon corps gisait dans une matière dense, lourde et humide, je la sentais jusqu'à mon menton, mais je ne percevais plus ce courant d'air qui me glaçait le sang, même à travers mon imperméable. Je me trouvais dans une vaste mare boueuse, étendue sur toute la largeur du chemin, elle était inévitable. Lors de ma chute, j'avais levé les bras par réflexe, je pus vite récupérer mon parapluie qui avait perdu sa belle couleur rosée. La sensation d'être et de se déplacer dans cette tourbe me donnait la nausée. Je ne pourrais pas supporter longtemps de me trouver là-dedans. Cette situation me gênait déjà physiquement, mais je ressentis une certaine humiliation à me trouver dans un endroit aussi sale et répugnant.

J'avançai avec énormément de mal jusqu'aux îlots de terre ferme, il ne fallait surtout pas s'arrêter dans son élan pour ne pas être bloqué davantage. La suite de la route 212 était une succession de hautes herbes, de lacs de boue et de gadoues, un vrai enfer ! Pour me motiver et m'encourager toute seule, je me retournais de temps en temps pour observer ce que j'avais réussi à traverser. La fatigue accumulée à ma concentration permanente commençaient à vraiment se ressentir aux niveaux de mes mouvements. J'allais bientôt atteindre mes limites ... Il ne me restait plus qu'une étendue d'herbe à franchir pour accéder à une zone qui paraissait plus calme. Une plaine, dépourvue de ces plantes cachant les pokemon sauvages, divisée par une petite rivière, m'attendait. Je distinguais même une cabane sur la droite. De la lumière sortait des volets entrebâillés, elle était habitée. Je pourrais ainsi m'accorder une petite pause à l'abri de cet orage menaçant.

Vingt mètres. Il devait rester vingt mètres qui me séparaient de la plaine sécurisée. L'odeur du repousse actif commençait à s'estomper. Je m'empressai d'en chercher un nouveau dans mon sac, mais toutes les bombonnes étaient vides. J'avais abusé de leur utilisation par peur de me faire attaquer. Comme quoi, même la prudence n'apportait rien de bon quand elle était dans l'excès. La négligence de la gestion de mes stocks de repousses me mit sur les nerfs. J'espérais que l'habitant de la petite cabane m'aiderait, fallait-il encore que je l'atteignisse. J'usai de mes dernières forces dans un sprint final, mais de la boue s'était infiltrée dans mes bottes, ce qui freina drastiquement ma course. D'un coup, une entité plutôt lourde me stoppa net, j'étais terrifiée. Il se tenait vigoureusement sur deux pattes semblables à des nageoires, face à moi. Sa peau d'un bleu ciel paraissait presque huileuse. Ce pokemon aquatique avait les caractéristiques d'un amphibien. Le plus effrayant était le contraste entre son gros corps potelé et robuste, et sa tête simpliste. Il avait des yeux à peine visible et ouvrait de temps en temps sa grosse bouche pour m'intimider avec son cri. Le champion de Verchamps en élevait un, il s'agissait d'un Maraiste me semblait-il. Il agitait ses bras de haut en bas, il voulait clairement en découdre. Je ne voyais pas comment je pourrais m'en sortir, je ne faisais pas le poids. La peur m'envahit.

Les combats pokemon ne m'avaient jamais passionnée. Je les voyais comme un affrontement de brutes où il fallait taper le plus fort pour l'emporter, c'était ce que j'avais retenu des rares matches auxquels j'avais pu assister à l'arène de Verchamps. Cela correspondait bien à l'image de Lovis le teigneux, le champion actuel. Mais là, je n'avais pas d'autres moyens que de me défendre pour pouvoir passer. D'une main tremblante, j'envoyai Cradopaud et Vortente au combat. Même si je savais qu'ils n'étaient pas très doués au combat, et dans aucun autre domaine d'ailleurs, ils allaient bien réussir à me débarrasser de ce satané Maraiste à deux contre un ! La grosse salamandre bleue se mit à bondir frénétiquement, et envoya vers nous de lourdes boules de boue. Vortente s'en était pris de plein fouet, et Cradopaud sauta pour esquiver, et répliqua en projetant des sortes d'épines violettes. Le Maraiste sauvage n'avait pas l'air d'avoir été très affecté par cette attaque, mais il fonça tête la première sur le crapaud. Une confrontation physique s'engagea alors entre les deux amphibiens. Le Maraiste était deux fois plus grand que Cradopaud, il utilisait toute la masse de son corps pour lui infliger des coups, autant ses pattes que sa grosse nageoire arrière qui frappait telle une massue. L'étrange souplesse de son bassin lui permettait d'attaquer dans tous les angles. Cradopaud ne pouvait qu'essayer d'éviter les assauts ennemis. Il se trouvait en position d'infériorité, et de loin. Néanmoins, il gardait son regard jaune et transperçant droit sur le Maraiste, d'un air méprisant et provocateur. Vortente, quant à lui, me regardait toujours avec sa figure tâchée par la boue, comme s'il attendait mes ordres pour attaquer. J'avais beau lui crier d'aller aider Cradopaud, mais il ne réagissait pas. Je ne connaissais pas ses capacités de combat, mais pourquoi laissait-il le crapaud se débrouiller tout seul ? N'y avait-il pas de solidarité entre les pokemon ? Je pensais surtout que cette plante carnivore n'avait pas vraiment de conscience propre.

J'étais dans l'incapacité de pouvoir aider Cradopaud à battre le Maraiste sauvage. J'avais décidé de miser sur son endurance pour aller chercher de l'aide à la cabane. Il n'était pas question de l'abandonner, surtout qu'il me permettrait d'avoir cet élégant Chaglam ! J'avais toujours autant de mal à me déplacer rapidement dans ce terrain inondé et boueux, et j'étais à bout de souffle. L'attrape-mouche me collait encore. J'atteignis enfin la rivière, il ne me restait juste à monter sur la petite colline pour arriver à la maisonnette. Le bruit puissant de l'orage grondant masquait encore mes appels de détresse. A cet instant, je me fis pousser par des projections de terre, du coin de l'œil, je vis le Maraiste nous mitrailler de tirs de boue. Mais où était passé Cradopaud ? J'atterris latéralement dans la rivière mouvementée, mon parapluie dériva à cause du courant. Cradopaud m'avait encore une fois laissée tomber au pire des moments. Vortente me regardait bêtement planté sur la rive, j'avais la nette impression qu'il grandissait à vue d'œil, que voulait-il essayer de faire ?

J'étais perdue. Mes bras étaient tétanisés, je n'avais plus la force de lutter face à ce torrent froid et brutal. Mon corps commença à sombrer et mes réserves d'oxygène s'épuisèrent rapidement. Je regardais au-dessus de moi la surface agitée de la rivière, les bulles que je soufflais s'élevaient comme des montgolfières dans un ciel nocturne. Je fermai les yeux. Au final, j'allais rejoindre Takeshi. Je revoyais son beau visage, mais cette fois, il ne souriait pas. Mes membres jusque là immobiles se mirent à se débattre. Etait-il trop tard ? Je sentis une drôle d'étreinte m'enlacer autour de la taille, je n'avais pas mal. Malheureusement, je ne pus retenir plus longtemps ma respiration. L'eau 'imprégna mes poumons, je perdis connaissance ...

Une légère brise caressait ma peau. J'entendais à nouveau la pluie, mais je ne la sentais pas s'abattre sur moi. Quand je repris mes esprits, je me trouvais sous un arbre épais, à l'abri de ce climat impitoyable, non loin de la rivière. Je ne reconnaissais pas les environs, il n'y avait pas de tourbes, pas de Maraiste, et je ne voyais plus la cabane. Cette partie du chemin ressemblait beaucoup à l'entrée de la route 212 : elle était plus étroite et serpentait entre de grands arbres massifs. Cependant, des touffes d'herbe l'habillaient un peu partout. Je ne savais pas où je me situais par rapport à Unionpolis, le mauvais temps m'empêchait d'estimer l'heure actuelle. Combien de temps j'étais restée inconsciente ? D'ailleurs, comment j'avais pu sortir de cette rivière ? Et les pokemon de Takeshi, où étaient-ils ?

Ce fut la première fois que leur absence me manquait. Pour être exacte, j'avais besoin de leur compagnie à ce moment là car j'étais perdue dans ce lieu dangereux. Je me précipitai pour les appeler. Vortente surgit de derrière le tronc d'arbre et gesticulait dans tous les sens. Je fis le tour, Cradopaud était affalé entre deux racines. Des blessures recouvraient son petit corps. J'avais du mal à croire que les deux bestioles eût battu le Maraiste sauvage tout en réussissant à me sauver de la noyade. Ils étaient juste des bons à rien. Seulement, il n'y avait personne d'autre autour de moi... Dans la poche avant de mon sac, j'avais stocké quelques baies Oran au cas où. Je les sortis pour aider Cradopaud à se rétablir, mais il les refusa catégoriquement. Il me tourna le dos, comme s'il ne voulait vraiment pas me voir. L'espace d'un instant, je me reconnus dans son attitude. Je me sentis gênée face à ce crapaud. Vortente, lui, ne se fit pas prier pour gober les baies. Je décidai donc de les rappeler dans leur Ball, la route pourrait être encore longue, ils me seraient certainement utiles pour la suite.

Quelques minutes plus tard, un point lumineux m'interpella. Il se mouvait entre le feuillage et les gouttes de pluie. Je reconnus la lumière d'une lampe torche. Un policier accourut vers moi suite à mes appels. Accompagné de deux pokemon, un Hoothoot, hibou sphérique aux grands yeux rouges, et un Machoc, espèce humanoïde particulièrement musclée, il me prit en charge et accepta de m'escorter jusqu'à Unionpolis. Il était 17h, une patrouille de police surveillait chaque soir la route 212 pour vérifier qu'aucun voyageur ne passât la nuit involontairement sous cette pluie accablante. Il m'informa que nous nous trouvions à peu près à la moitié du chemin, et que sur la partie nord, le temps demeurait habituellement beaucoup plus calme et la voie était agréable à traverser. J'avais donc réussi à franchir seule la moitié de cette foutue route arrosée par une pluie éternelle. J'étais assez fière de moi, mais je devrais aussi remercier les pokemon de mon grand frère, sans eux je ne serais certainement plus de ce monde. Comme quoi, rien n'était impossible dans la vie !

En compagnie de l'agent de police, la traversée de la fin de la route passa rapidement. Il était très sympathique, nous avions beaucoup parlé. J'étais vraiment rassurée à ses côtés. De plus, le temps était effectivement plus doux, et le paysage plus paisible. Des haies taillées et des parterres fleuris décoraient ce magnifique panorama. Un long et haut mur se dressait sur la droite. Apparemment, il cachait une grande propriété luxueuse garnie d'un jardin verdoyant hors du commun. Je voudrais bien le visiter un de ces jours. Le soleil commençait à se coucher, l'entrée d'Unionpolis se tenait là, devant moi. J'eus la larme à l'œil. Cela faisait un moment que je n'avais pas ressenti une telle joie. Le policier m'accompagna jusqu'au Centre Pokemon, je ne pourrais jamais assez le remercier. Avant de pouvoir profiter de la ville de mes rêves, je voulais d'abord prendre une bonne douche, récupérer mes affaires à la boutique relai avant qu'elle ne fermât et vite les déballer. Cependant, l'état de Cradopaud m'inquiétait un peu. Il fallait absolument le soigner et le nettoyer. Je serais embêtée si le Pokemaniac retirait son offre, bien sûr ! Ma douche attendrait donc encore un peu.