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Parce que la vie n'est pas toujours rose de ZoroDaSH



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Informations

» Auteur : ZoroDaSH - Voir le profil
» Créé le 16/07/2020 à 14:30
» Dernière mise à jour le 19/07/2020 à 12:22

» Mots-clés :   Drame   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Slice of life

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CHAPITRE 1 : Le Grand Marais
C'était l'heure! L'alarme de ma Pokemontre me ramena dans ce monde réel. Petit à petit, j'entendais à nouveau les bavardages des passants. Le bruit de l'eau jaillissante et limpide des fontaines couvrait leurs voix, mais je pouvais distinguer l'insouciance et la joie dans les conversations. Je sentais cette petite brise sur mes joues encore humides. Je commençai à longer cette magnifique rue pavée d'une belle pierre brune. L'odeur des buissons verdoyants qui délimitaient la voie me rappelait Verchamps. Cette ville, bien que très urbanisée, présentait en plus ce côté naturel dans ces allées et sur les balcons de ces immeubles chics. Ce n'était pas pour rien qu'Unionpolis était la ville de mes rêves.

J'arrivais dans un grand carrefour. Un bruit de foule m'interpela. Je tournai la tête et je la vis : la salle de Concours Pokemon. Elle se trouvait à quelques mètres de moi, juste là. La façade avant me paraissait encore plus incroyable qu'à la télévision. D'immenses piliers se dressaient tout autour, des voûtes l'habillaient. Je fermai les yeux et je continuai ma route. J'aurais pu contempler cette bâtisse pendant des heures, mais j'étais un peu pressée. J'accélérai un peu le pas pour rattraper ce moment d'évasion. Depuis quelques jours, cela m'arrivait très fréquemment de me perdre dans mes pensées.

J'aperçus déjà l'impressionnante église d'Unionpolis. Je n'avais pas l'habitude de lever autant la tête pour pouvoir regarder le haut d'un bâtiment. Les deux tours fines caractéristiques du style gothique semblaient percer le ciel. A l'entrée, vêtus de noir, mes parents m'attendaient. Les lèvres de ma mère tremblaient. Elle voulait certainement se retenir de pleurer devant moi. Je l'enlaçais contre moi et des larmes perlaient sur mon visage. L'enterrement de mon grand frère allait bientôt commencer. Et oui ... Ce n'était pas dans ces circonstances que j'avais prévu de venir à Unionpolis, mais la vie en avait décidé autrement.

« Qu'il repose en paix ».

Rentrée à l'hôtel, je m'écroulai sur mon lit. Cette journée fut tellement pesante que je m'assoupis rapidement. Quand je rouvris les yeux, je distinguai à travers la fenêtre les doux rayons de soleil de la fin de journée, il devait être autour de 19h. J'étais bien ici, allongée et immobile. J'essayais de ne penser à rien, mais cette phrase résonnait dans ma tête : « Qu'il repose en paix ». Je voyais son visage, avec son grand sourire aux lèvres, et je me mis à repenser à ma vie aux côtés de mon frère.

Il y avait une dizaine d'années de cela, mes parents étaient allés s'installer dans la région de Kalos pour leur travail. Leur entreprise de prêt-à-porter n'avait pas bien marché à Sinnoh, mais leur style avait tapé dans l'œil d'un grand styliste kalosséen. Ce genre de projet avait demandé beaucoup d'argent, Takeshi et moi n'avions pas pu déménager à Kalos avec nos parents par manque de moyens. Je n'avais que 12 ans, et mon frère en avait 16. Il s'était donc occupé de moi, je n'avais manqué de rien. Notre voisine, Keiko, était aussi très présente pour nous aider, tout en prenant soin de son bébé, Akimi. A mes 18 ans, mon frère avait voulu partir à l'aventure avec son Cradopaud pour devenir un dresseur pokemon. Il avait attendu un moment pour partir afin de ne pas me laisser seule. Pourtant, je l'avais toujours encouragé à quitter Verchamps pour réaliser son rêve.

Seulement, quelques mois plus tard, il était revenu. La carrière de dresseur pokemon n'était pas faite pour lui, il avait de grosses lacunes en stratégie de combat et il n'arrivait pas à capturer le moindre pokemon sauvage. Il avait donc envisagé de rester à Verchamps pour préparer sa revanche. « Je vais capturer tous les pokemon rares du Grand Marais pour pouvoir devenir le prochain maître de la ligue ! », s'exclamait-il quotidiennement. Malgré ses nombreuses explorations dans les marais où il rentrait toujours bredouille, il restait toujours aussi déterminé, et il me racontait toutes ses aventures. J'aimais tellement ces récits, même s'il n'arrivait pas à ses fins, il rendait toujours ses histoires vraiment passionnantes. Une fois, j'étais montée dans l'observatoire du bâtiment, et j'avais aperçu un petit pokemon bleu ressemblant à une souris, un Marill me semblait-il. Je l'avais trouvé tellement mignon que je le réclamais à mon frère. Je lui fis signe à travers la vitre pour lui montrer. Il lança de nombreuses Safari Ball, et là, il captura son premier pokemon. En effet, son Cradopaud actuel lui avait été offert peu après le départ de nos parents. Il ramassa la Safari Ball et sauta de joie. Cependant, je vis la boule bleue fuir dans une étendue d'eau. Ce n'était pas un Marill qu'il avait capturé, mais un Vortente. Je n'aimais pas du tout ce pokemon, mais je le félicitais pour cette exploit, même si cette capture n'était qu'un coup de chance. Takeshi était plus que jamais motivé pour continuer dans cette lancée.

A cet instant, les rayons du soleil m'éblouissaient. Je me tournai donc de l'autre côté, face au mur de ma chambre d'hôtel, vide. Sans le vouloir, je me remémorais de cette terrible journée qui m'avait privée de mon grand frère. Quatre jours auparavant, je m'étais levée à 8h pour aller travailler chez Keiko. La chambre de Takeshi était vide, il avait laissé un petit mot sur la table de la cuisine. « Ma petite Kana, aujourd'hui je vais passer la journée au Grand Marais ! Promis, je te ramènerai ton Marill. A ce soir ♡ » m'avait-il marqué. Je savais qu'il allait se donner à fond pour moi.

Plus tard dans la matinée, pendant que j'arrosais les nouveaux plans de baies, un bruit sourd retentit. Le sol trembla sous mes pieds, l'onde de choc m'avait paralysée un instant. Un énorme nuage de fumée s'élevait dans le ciel, au nord de Verchamps, où se situait exactement le Grand Marais. Une forte pression dans la poitrine me raidit quand j'eus compris que Takeshi était là-bas. Je lâchai l'arrosoir et courus vers les lieux de l'accident. Devant l'entrée des marais, des habitants de Verchamps observaient la scène, ils faisaient un de ces brouhahas. J'appris rapidement qu'une bombe avait explosé dans le safari. Je traversai la foule pour voir de moi même la situation, je voulais vite aider mon frère, il avait dû être blessé. Les Forces de Police Internationale étaient sur place et avaient barricadé la zone. Sans hésitation je passai à travers les barrières et je criai à toute voix le nom de mon frère. Deux policiers se jetèrent sur moi, je continuais à hurler et je me débattais de toutes mes forces. Les deux hommes essayaient de me maîtrisaient comme ils pouvaient. Un grand homme s'approcha de nous et fit signe aux policiers de me lâcher. C'était certainement leur chef, mais il n'avait pas la tenue d'un policier. Il portait un long manteau presque caramel et semblait décoiffé. Il m'apprit que la Team Galaxie avait fait exploser une bombe dans le Grand Marais. Je lisais sur son visage un mélange d'hésitation et de peine. Je ne voulais pas y croire une seconde ! Je demandais encore où était Takeshi. « Toutes mes condoléances », m'annonça-il en baissant les yeux. Je m'effondrai par terre.

« Kana, on va aller dîner, prépare toi ! » dit ma mère derrière la porte de ma chambre. Je me levai en essuyant mes larmes et je me préparai pour rejoindre mes parents. A table, mon père voulait détendre un peu l'atmosphère en me questionnant sur mes futurs projets. En effet, en temps normal, mes parents venaient nous voir une fois par an à Verchamps. Malgré les circonstances, cela me faisait du bien de les voir. Ils avaient réussi à se libérer une semaine pour rester à mes côtés. Je m'étais donc laissée entraînée par les questions de mon père et je leur racontais mes rêves. Ma mère retrouvait aussi un petit sourire. Ce que je voulais, moi, c'était déménager à Unionpolis pour devenir coordinatrice, même si je n'avais pas encore de pokemon. Quand je ne travaillais pas, j'adorais rester devant la télévision à contempler les concours, en particuliers des prestations de Kimera, la championne de la ville. Elle était d'une élégance incomparable et offrait un spectacle gracieux avec ses pokemon spectre. Grâce aux techniques de tricotage et de couture que ma mère m'avait apprises quand j'étais petite, j'avais pu confectionner des accessoires pour habiller joliment des petits pokemon.

Ce repas avec mes parents m'avait un peu apaisée. Au retour à l'hôtel, on se coucha assez tôt car le lendemain, on partirait de bonne heure pour Verchamps. L'épuisement m'avait aidée à m'endormir. Cela faisait trois nuits où je me perdais dans mes pensées, où je pleurais et où le bruit de la bombe me tenait éveillée.

Nous voilà de retour dans le Sud. Le voyage avait été d'un calme plat, mis à part le son de la légère pluie qui nous avait accompagnés. En entrant dans notre maison, je me dirigeai directement dans la cuisine pour cacher le dernier mot que Takeshi m'avait laissé pour ne pas faire plus de peine à mes parents. Keiko arriva avec sa fille Akimi devant la porte avec un gâteau de baies Pêcha, mon préféré. Elle nous soutenait beaucoup dans cette épreuve. Elle avait gardé le Cradopaud et le Vortente de Takeshi pendant l'enterrement. Ces deux hideux pokemon osaient se présenter devant moi, ils n'avaient rien fait pour aider mon frère, je les repoussai. Mes parents m'avaient expliqué que j'étais devenue leur nouvelle dresseuse, on ne m'avait pas tellement laissé le choix. De temps en temps, pour dépanner Takeshi, je les nourrissais et je les toilettais, mais je ne les avais jamais vraiment appréciés. Cradopaud était hautain à mon égard. Il avait l'habitude de s'interposer entre mon frère et moi, et il me regardait du coin de l'œil en gonflant ses étranges joues orangées. Vortente, lui, voulait souvent me coller, mais je le repoussais à chaque fois. Il n'en était pas question qu'il s'approchât de moi avec ses feuilles en guise de bras et sa tête effrayante et aplatie de plante carnivore. Ils n'avaient vraiment rien de mignon !

La semaine passa très vite, il était déjà temps pour mes parents de retourner à Kalos. Le bateau s'éloigna petit à petit des rives de Verchamps, ma mère me fit un long signe d'au revoir, je répondis de même. Quand je ne pouvais plus distinguer l'embarcation à l'horizon, je me retournai, seule. Je ne pourrais pas rester ici très longtemps, je refusais de sombrer constamment dans la nostalgie. Je savais qu'il fallait tourner la page, et le plus tôt serait le mieux.