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Projet Triple 3 de Ramius



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Informations

» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 21/06/2020 à 15:54
» Dernière mise à jour le 19/09/2020 à 16:50

» Mots-clés :   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de Pokémon inventés   Terreur

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Chapitre 14 : Retraite
Sur rface, et sous-solr si quelqu’un m’entend, ici Conan. Je suis entré r dansr la salle 21r6 ; pas de trrace de la chrimère, mais j’ai trouvé unr Porkémon de Jorian, son Nidokring. Il m’a arr taqué et j’ai dû l’abattre, mais je crois r qu’il a mis r le feu à la base au passage.

— Ben oui, grogna une voix. C’était évident que cet abruti allait foncer dans le merdier.

Conan, sois sympa et confirme que t’es repassé en écoute.

— Pardon r. Oui.

— On est devant la 206. Ramène ta fraise.

— J’arrrrve.


— Z’avez entendu ? On se pose.

— Je retente un coup… annonça une Sbire sans espoir.

— Laisse béton, ça marche pas.

Surface, ici sous-sol. Surface, ici sous-sol. Me recevez-vous ? Je répète, me recevez-vous ? Surface, ici sous-sol. Me recevez-vous ?

— Retourne en réception, t’en fais trop.

— Bah au moins je fais quelque chose, putain !

— C’est pas en gueulant qu’ils entendront. Le Migalos de Conan connaît Flash, on réessaiera quand il sera là.

— Je continue de dire que ça vaut pas grand-chose, vos espoirs…

— Toi, ta gueule.

— Eh, ça va. Je fais que m’exprimer.

— Tu t’exprimes pas, tu plombes l’ambiance.

— Bah ! Tu l’as vue, ton ambiance ? On est sous terre dans le noir !

— Vos gueules, putain, fermez vos putain de gueules, tous les deux…

— HÉ ! lança une voix familière. Y’a quelqu’un ?

— Conan ! Par ici !

— Ah, vous êtes là ! Désolé du retard, c’est pas évident ces saloperies de tapis roulants quand tu les vois pas.

— Aïe ! Tu pourrais faire attention, putain !

— Pardon Erika. J’ai un peu de mal à y voir dans toutes ces ténèbres beaucoup trop dark.

— Tu marches encore sur mon pied je te le colle dans les dents.

— Rhina !

— Eh, calmos ! Il ne pouvait pas faire attention, Erika. Et toi, allume ton Migalos au lieu de dire des conneries.

— Il est à sec.

— C’est pas vrai, t’aurais pu nous en garder !

— Qu’est-ce que t’a foutu avec pour qu’il soit déjà mort ?

— On a exploré la 216 de fond en comble. On a pas trouvé grand-chose.

— Juste un Pokémon cinglé, on a reçu ça. Pourquoi il a attaqué, d’ailleurs ?

— L’Abomination lui a... Enfin, disons qu’il devait avoir un peu mal.

— Merci de pas avoir précisé.

— D’accord… Donc ces foutus couloirs abritent potentiellement cinq autres Pokémon fous furieux. Il avait quoi Jorian ?

— Euh. Roucarnage, Têtarte, Spectrum, Ursaring et Grahyèna. Mais en soi ils sont pas si dangereux, le pire était encore le Nidoking.

— Ouais, bon, quand même. On a déjà un monstre dont on sait pas trop si on le traque ou si c’est l’inverse, j’ai pas envie d’avoir trois Pokémon tueurs en plus.

— Plutôt quatre, son Spectrum est un bâtard…

— Mais au fait, vous êtes combien ici ? demanda Conan.

— Vous gueulez si j’oublie quelqu’un… Mia, Ladislas, Louise, Farouk, Erika, Florian, Célia et Jean.

— Claire, bailla la concernée assez hargneusement pour faire penser à un grognement.

— Et merde. Désolé de t’avoir encore oubliée.

— Bof, on se connaît depuis moins de douze heures, donc ça me choque pas plus que ça.

— Pas faux. Du coup… Neuf ? Dix avec moi, et Conan, tu nous mets à onze.

— Ben d’ailleurs… J’ai toujours pas reconnu ta voix.

— Haha. Albert.

— Je te jure que toi et Willy avez le même timbre… Bon, ça nous fait quelques Pokémon pas dégueu du tout, c’est bien ! Vous prévoyez d’en faire quelque chose ?

— Ouaip. On se bouge le cul d’ici ! Conan, tu sais lire les reliefs de chiffres ?

— Euh, non.

— Bon, alors on continue de porter Erika quand on passe devant une porte. Je rappelle au cas où que c’est un Nosferalto devant le groupe, un derrière, le Papinox et le Dimoret sur les flancs. Personne au-delà des Chovsouris, et quand on croise des couloirs, c’est les deux autres qui surveillent. Fiez-vous aux battements d’aile. Vu, Conan ?

— Ça marche, mais comment je sais que je dépasse le Dimoret ?

— Il te griffe.

— Charmante, ta bestiole. Et on cherche quelque chose ?

— Surtout les gens. À chaque fois qu’on passe devant un couloir, on gueule et on attend un retour.

— D’accord, vous êtes des génies en fait.

— Bah ouais, t’avais jamais remarqué ?

— Dis pas ça Conan, roucoula Célia en affichant très probablement un sourire vicieux que personne ne pouvait voir. Toi aussi t’es utile avec ta mémoire sélective.

— Je suis pas sûr que je doive prendre ça comme un compliment…

— Non. Cite-moi toutes les attaques de type Fée, y compris sur CT, et tous les Pokémon Fée, qu’ont les Sbires de la base.

— Pause, y’a une porte.

— On s’arrête un instant, fais pas gaffe ; Ladislas, tu veux bien…

— Voilà !

— Merci… Salle 205 !

— Vu, il devrait rester un embranchement avant les escaliers. On le prend.

— Du coup, Conan ?

— Stéphane a un Grodoudou, mais je ne l’ai jamais vu lancer une attaque Fée ; Drucilla un Azumarill avec Câlinerie ; et je crois que le Noarfang de Liz a Pouvoir Lunaire. Y’a aussi Li que j’ai jamais combattu.

— Yes, merci Conan.

— Ouaip, donc l’idéal ça serait de trouver Liz. Je pense pas que Câlinerie serve à grand-chose.

— Vous en avez besoin pour quoi ?

— Il fait un peu sombre, tu trouves pas ?

Il y eut un court silence, si on pouvait appeler ça un silence. Loin d’assourdir les sons, les ténèbres environnantes semblaient les amplifier légèrement, avec une distorsion au passage. Les battements d’aile des trois Pokémon Poison étaient distinctement audibles, tout comme le froufrou des mains qui suivaient le tracé des murs, à l’aveugle. En revanche, le battement de pieds sur les tapis roulants était presque inaudible — les Sbires avaient appris rapidement que s’ils allaient un peu vite, le sol pouvait les faucher sans aucun problème. Et une fois tombés, ils galéreraient à se relever. Alor ils avançaient prudemment.

Aaah… comprit Conan. Des génies, pas la peine de nier.

— Moi, je suis toujours pas convaincu, râla Jean.

— Mais si, pourtant, répondit le Dresseur au Rhinastoc. Je sais pas ce que c’est cette purée de pois, mais ça aimera pas la Fée. Et puis le patron a parlé de Vibrobscur ; ou c’était peut-être Explonuit ? Chaiplus. En tout cas, du Ténèbres.

— Merci, je suis pas con ! Bien sûr qu’une attaque Fée ou lumineuse dissipe le noir ! Sauf que nous, on veut faire passer les ondes radio des talkies-walkies, c’est pas pareil.

— Comment ça ? Parce qu’elles passent pas ?

— Sérieusement, t’as pas remarqué que la transmission crachote comme c’est pas permis ?

— Porte ! Ladislas, t’es où ?

— Jean. Les ondes radio, c’est les mêmes ondes que la lumière. Si on peut y voir, on peut communiquer avec la surface.

— C’est pas possible, j’les vois pas vos ondes radios !

— Mais la ferme…

— Eh bah, c’est la grosse ambiance par ici…

— On est légèrement coincé sous terre et dans le noir, mais à part ça bien sûr que tout va bien, merci de demander.

— Au fait, Erika, cette porte ?

— Je… J’ai cru que ça faisait… mais ça n’a aucun sens ; alors—

— Aaccouuche-euh, bon sang !

— 132.

Il y eut un silence. Court, mais gênant : pendant quelques battements de cœur, on n’entendit plus que le rythme régulier des battements d’aile. Il y avait un souffle, aussi, la respiration lourde du Rhinastoc.

Attends… C’est pas possible, ça !

— Je sais, putain, je sais ! Mais je suis sûre de mes doigts !

Un autre silence. Plus long, plus gênant. Un petit cliquetis se fit entendre ; les pas griffus du Dimoret, qui profitait de la longue pause pour fureter un peu. On n’osait pas suggérer qu’Erika puisse se tromper, on n’osait pas se proposer pour vérifier. Elle finit par s’en charger elle-même.

Mia, t’as confiance dans tes doigts, toi, non ?

— Je… Je peux essayer…

Elle s’avança, peu sûre d’elle. Ladislas reposa doucement Erika au sol, puis après quelques murmures confus d’organisation, hissa Mia vers le plafond. Les souffles se figèrent pendant que la main parcourait le panonceau en relief qui indiquait le numéro de la salle. On ne dit rien pendant qu’elle prenait son temps, vérifiait l’inscription impossible.

Alors ? finit par demander une Erika agacée.

— Tu… Je lis aussi 132…

Erika se trompant ? Rare. Faisant une blague ? Peu probable, surtout en pleine nuit. Mia, enchaîner ? Impossible. Elles devaient avoir raison.

Je suis le seul à pas avoir senti les escaliers ? ironisa Jean.

— Je sais pas quoi dire… On risque de rester paumés dans ce labyrinthe jusqu’à ce que les ténèbres se dissipent ?

— Euh, si vous pouviez vous taire ?

— Non. On les dissipera nous-mêmes.

— T’en as de bonnes. Et comment, monsieur le génie ?

— La ferme y’a du bruit !

Un murmure de protestation vite étouffé traversa l’air, puis le silence retomba. Chacun était aux aguets. Un instant on croyait entendre un léger quelque chose, sans savoir quoi, l’instant d’après, impossible de mettre la main dessus. On guettait. Seuls les battements d’ailes des deux Nosferalto et du Papinox troublaient l’atmosphère lugubre.

Y’a quelqu’un ? demanda une voix.

— Sérieusement ? pesta Claire avec rage. Qui a parlé ?

Aucune réponse. Un silence. Un froufrou d’ailes, un Nosferalto se posant sur une épaule.

Euh, hésita Farouk. Je crois que Nosferalto indique un humain. Y’a quelqu’un dans ce couloir.

— Dans ce cas, au temps pour moi, admit Claire avant de hurler : Y’a un Sbire dans ce couloir !?

— Oui ! Vous êtes où ?

— Tournez à droite au rond-point ! Ou, je sais pas. Enfin on s’en fout, suis la voix, quoi ! Et me fais pas imiter un GPS trop longtemps, ça sera gentil !

— Je suis là, enfin, je crois ? Vous aviez l’air tout proches tout à l’heure…

— Mon pied bordel d’Arceus !

— Ah, pardon…

— Vous êtes arrivés à : pied d’Erika.

— Putain mais vous êtes tous des pas doués dans cette base !

— Bon, sinon, t’es qui ?

— Qui ça, moi ?

— Euh, je sais pas ; nan, mais qui est-ce qui vient d’arriver ?

— Ah ! C’est moi ; pardon, c’est Liz.

— PUTAIN LIZ TU SAIS PAS À QUEL POINT JE SUIS CONTENTE DE TE VOIR !

— C’est de l’ironie ? Parce que, je veux dire, je viens de te marcher sur le pied…

— Oublie ça et sors ton Noarfang. Je veux qu’on voie mes pieds, comme ça on arrêtera de marcher dessus !

— Ah, d’accord…

— La meuf elle veut qu’on voie ses pieds, quand même. Respect, là.

— … mais je ne l’ai pas avec moi…

— Attends— quoi ?

— Je l’ai laissé en arrière pour s’occuper du Grahyèna pendant que je m’éloignais de cette sale bête. D’ailleurs, qui a laissé son Grahyèna en liberté ? J’ai vérifié, c’est pas celui de Li.

— Nan, c’est celui de Jorian. Ses Pokémon sont en liberté et apparemment, ils sont agressifs.

— Tu parles qu’ils sont agressifs. Il a essayé de me bouffer, ce crétin.

— Tel maître tel chien, comme on dit.

— Va pas dire ça en face d’Auguste, toi.

— D’ailleurs Liz, à tout hasard, t’aurais des nouvelles de la surface ?

— Euh. Non, c’est Li qui a le talkie-walkie.

— D’accord… grogna Claire. Bon, tout le monde, on la ferme et on se bouge. Le gros lot, maintenant, c’est de trouver ce Noarfang. Et prenez plus la peine de vérifier les portes.

Suivirent quelques explications de la formation à Liz, puis on lui proposa de prendre la tête du groupe. Elle assura à tout le monde qu’ils seraient bientôt perdus si on faisait ça, ce à quoi on lui répondit que ça pouvait difficilement être pire. Et les douze Sbires se remirent en marche.

Avec les tapis roulants au sol, le moindre appui devenait dangereux. Rien de plus facile que de perdre l’équilibre en glissant, même quand la lumière était allumée et qu’on ne somnolait pas. Alors le groupe progressait lentement, prudemment ; et il pouvait s’écouler plusieurs minutes entre deux portes distantes d’une demi-douzaine de mètres. Erika continuait de les compter, pour avoir une idée de la distance parcourue.

Peu de bruits troublaient les ténèbres. Les battements d’ailes des trois Pokémon volants, le cliquetis de pattes du Dimoret, le souffle puissant du Rhinastoc que Conan n’avait pas rappelé — sa présence imposante rassurait. On progressait en se contentant de ces quelques sons, du bourdonnement discret des tapis roulants, de son propre souffle qu’on entendait siffler dans ses poumons et de son propre sang qu’on sentait battre à ses oreilles. Ce n’était pas le silence ; seulement un ersatz assez proche pour les sens humains.

Un râle difficile troubla le quasi-silence.

La progression lente s’arrêta totalement. Il y avait quelque chose à proximité. Les Nosferalto lancèrent leurs cris silencieux dans l’ombre, pour eux aussi claire que le jour, écoutèrent les échos d’ultrasons, analysèrent leurs déformations, et en arrivèrent à une conclusion. Celui de Farouk effleura le bras droit de son Dresseur : c’était un Pokémon qui faisait ce bruit.

On fit passer le mot en chuchotant. Le Rhinastoc s’avança d’un pas qui parut soudain incroyablement pesant à tous ceux qui retenaient leur souffle. Pendant ce temps, les Nosferalto essayaient d’obtenir plus d’informations sur l’adversaire.

Quelque chose cria. C’était un Pokémon, certainement ; le son était trop aigu pour sortir d’une gorge humaine, en tout cas pas celles des Sbires présents sur la base. Il y avait une note lugubre dedans, comme un gémissement. Des frissons parcoururent les échines plongées dans le noir.

Noarfang ? hésita Liz. C’est toi ?

Un autre hululement lui répondit — oui, c’était bien un hululement. C’était bien un Noarfang. Et soudain une avalanche de lumière engloutit le groupe de Sbires.

Cris. Effroi. Surprise. Éblouissement. Les Dresseurs eurent un mouvement de recul pêle-mêle, qui en fit tomber plusieurs sur les tapis roulants. Imperméable à ce raffut, Liz s’avança vers son Pokémon. Elle devait se couvrir les yeux pour résister à l’intense lumière argentée du Pouvoir Lunaire, que les néons blancs accrochés au plafond ne faisaient rien pour arranger, mais elle voyait bien que c’était lui.

Le premier à retrouver ses esprits fut probablement Rhinastoc. Le Perceur n’avait pas les yeux aussi sensibles que ceux des humains ; il voyait moins bien, mais se remettait plus vite de l’éblouissement. Il observa la situation.

L’attaque avait littéralement évidé un tunnel dans les ténèbres, comme si ces saletés étaient solides et qu’on pouvait tailler au travers. Le couloir était presque entièrement dégagé sur une dizaine de mètres ; seuls les angles restaient enfouis dans la brume opaque, quoiqu’elle fût moins dense. Comme en réponse, des étincelles argentées déversaient encore une vive lueur dans le couloir.

La plupart des humains avaient été pris dans le rayon d’action du Pouvoir Lunaire. Ils auraient presque été comiques, à essayer de reprendre contenance malgré leurs sens qui les trahissaient. Ceux qui étaient restés dans l’ombre s’en sortaient mieux ; il leur suffisait de réhabituer leurs yeux à la clarté.

Le Rhinastoc se tourna ensuite vers l’avant du groupe, pour vérifier ce qu’il y avait dans le couloir, mis à part Liz qui gratouillait la tête du Noarfang. Il lui sembla distinguer quelque chose ; il fit quelques pas, pour mieux y voir.

C’était un Grahyèna. Il avait l’air d’avoir pris une sacrée raclée ; le Pokémon Perceur compta rapidement une douzaine de plaies récentes, dont la plupart ressemblaient à des coups de bec, avant de remarquer un détail. Le cadavre avait les yeux crevés. Le type Roche frissonna ; il n’aimait pas ce genre de blessures, parmi les rares que lui-même craignit. Il n’aimait vraiment pas ça du tout.

Regonflez-vous bande de dégonflés, c’est que le Noarfang… maugréa Albert.

— Ouais, ben un Pouvoir Lunaire dans les yeux ça fait pas que du bien j’te signale !

— Tu veux en plus que je te traite de mauviette, Jean ?

— C’est ça, rigolez. Il a quoi, ce Grahyèna ?

— Euh… Oh.

— Ah. Dis donc Liz, il a l’air violent ton Noarfang. T’es sûre que c’est pas une Vaututrice déguisée ?

— Mais non, il est tout choupi. L’autre bidule était déjà comme ça quand il m’a attaqué.

— Attends, mais vous avez balancé combien de Pouvoirs Lunaires ?

— Une dizaine ? Dis-moi mon grand, il t’en reste ?

L’oiseau émit quelque chose à mi-chemin entre le roucoulement et le hululement, avant de lancer un nouveau Pouvoir Lunaire dans le couloir, éclairant une nouvelle portion d’une dizaine de mètres. On distinguait les ombres d’un embranchement. Puis le Noarfang se retourna vers sa maîtresse, et ouvrit le bec à moitié en penchant la tête en arrière.

Voilà, il n’en a plus ! annonça Liz d’un ton guilleret.

— On est foutus, commenta Erika.

— Mais non, voyons ! répondit Liz d’un ton rassurant. J’ai toute une réserve d’Huiles. Mon père est véto et passionné de mécaniques, alors il distille ses propres mélanges. Pour les Pokémon Acier, vous voyez ?

— Tu m’étonnes que ton piaf tire à vue si tu le nourris à chaque fois qu’il a le chargeur vide, persifla Jean.

— Si j’osais, hésita Conan. Je pourrais t’en demander une pour mon Migalos ? Au cas où.

— Pas de problème, il m’en reste plein !

— Si vous pouviez la fermer un peu… , râla Mia.

Elle obtint rapidement le silence quand on vit qu’elle réglait le talkie-walkie.

C’est parti… Surface, ici sous-sol. Me recevez-vous ?

— Parr les Trraîtrres !
crachota la voix d’Auguste quand la Sbire fut repassée en réception. J’aurais jamais cru rk être aussi content d’entrenrdre une voixcr humaine un jour ! r Qu’est-ce qui vous est arrivé r ?

— Le monde est devenu fou, y’a des lumières invisibles dans l’air ! lança Jean.

Pas mal de trucs, répondit Mia en adressant un doigt d’honneur au râleur. Je sais pas ce qu’il y a dans les ténèbres que l’Abomination a larguées dans les couloirs, mais on a réussi à en dissiper un peu avec un Pouvoir Lunaire.

— Doncrr’est bien une Erxplonuit. Elle recouvre r tout l’étage, l’Alakazam de David n’y voit plus rien à cause d’elle... r un instant… D’accord r il vous a localisés. Pourquoi krrk r êtes au second sous-sol ?

— Aucune idée.

— D’accord… Bon, vous devriez remonter. L’escalier le plus proche est devant vous…


Mais Mia n’écoutait plus. Elle demandait aux autres Sbires ce qu’ils en pensaient. Elle, elle ne se voyait pas remonter. Eux non plus.

Patron, intervint-elle quand Auguste eut fini sa tirade. On préfèrerait finir le travail ; ou au moins retrouver les huit Sbires manquants.

Le Champion ne répondit pas tout de suite ; la Sbire se demanda si elle n’avait pas fait une erreur de réglage.

Je ne peux r pas vous en empêcher, finit-il par répondre. Mais faîtes attention. Je n’ai aucune idée de la dangerosité exacte r de ce Pokémon, mais je le sens mal.

— Oui, chef !


— Allez hop, on décolle ! lança Albert avec enthousiasme. Un Pouvoir Lunaire dans tous les couloirs qu’on croise jusqu’à ce qu’on retrouve ces Sbires !

— Et gueulez ! ajouta Claire. Autant qu’ils soient prévenus.

Le groupe se remit en marche à vive allure. En déblayant le voile noir qui bloquait la lumière des néons, les Pouvoirs Lunaires du Noarfang de Liz ôtaient toute dangerosité aux tapis roulants ; les Sbires avaient retrouvé un rythme qui tenait presque de la course.

Ils trouvèrent Ismaël adossé au mur, devant la salle 126 dont sortait un Têtarte qui commençait déjà à se couvrir de bleus ; Colossinge avait vendu chèrement sa peau. Rhinastoc se jeta sur le type Eau en profitant de son éblouissement, pour ne pas avoir à affronter ses attaques plus tard.

Après ce qui semblait avoir été une éternité dans le noir (mais un bras orné d’une montre avait indiqué à peine une heure), le temps donnait l’impression de s’écouler bien plus vite. Cinq minutes passaient en un clin d’œil.

Ils trouvèrent Drucilla en train d’essayer de déchiffrer le numéro d’une porte. Elle devait sautiller pour atteindre la plaque posée au ras du plafond, et ne semblait accorder aucun crédit au nombre qu’elle devinait.

Ils avaient parcouru presque tout l’étage sans s’en rendre compte quand ils trouvèrent le cadavre.

Il les attendait devant la salle 109, au milieu d’une large flaque de sang troublé étalée par l’activation d’un tapis roulant. Certains Sbires détournèrent le regard ; d’autres tentèrent de soutenir la vision de ce qui avait été un être humain, mais portèrent bientôt la main à la bouche pour s’empêcher de vomir. Seul Conan, désensibilisé à l’odeur du sang par son propre séjour en hôpital, se pencha pour essayer d’identifier le— la Sbire. Quand il renonça, il souleva délicatement sa tête, et couvrit ce qu’il restait de son visage avec ses cheveux poissés de sang.

D’abord les vivants, affirma-t-il. Toujours les vivants en premier. On ne la laissera pas là, mais maintenant, on va chercher les cinq Sbires manquants. Allez, on descend d’un étage !

Quand ils ouvrirent la porte de l’escalier donnant sur le troisième sous-sol, une odeur âcre de fumée les agressa. Le feu se développait.

Ils trouvèrent Emma en train d’errer dans les couloirs. Elle envoya son Tauros les attaquer, aveuglée par le Pouvoir Lunaire, mais la situation se calma rapidement.

Quand il apprit que l’incendie menaçait, Auguste s’inquiéta sérieusement.

Vous ne devez pas prendre cela à la légère r non plus ! La fumée peut tous vous étouffer sans que vous ne vous en rendiez r compte !

— On va se servir de Jean comme détecteur, ricana Erika. C’est une mauviette, il s’évanouira bien avant nous et on saura que ça craint.

— Vous voyez que j'suis indispensable !

Ils trouvèrent Stéphane dans la salle 215, un entrepôt dévoré par les flammes. Il s’était laissé piéger, le brasier n’éclairant même pas correctement la salle ; et il hurla à l’aide en les entendant passer devant la porte. Ce fut l’Azumarill de Drucilla qui le sortit d’affaire : il traversa le mur de feu en utilisant Aqua-Jet, et revint en portant le Sbire sur ses petits bras.

Laisse-moi deviner, demanda Stéphane une fois en sécurité. Il a Coloforce ?

— Yep !

— Si jamais tu dois le faire garder un jour, envoie-le-moi. Il aura avalé six tonnes cinq de friandises quand tu repasseras le prendre, mais à part ça je le soignerai au mieux !

Il avait fini sa boutade avec difficulté et dut s’interrompre pour tousser. Auguste s’inquiéta une fois de plus.

Ils trouvèrent Li dans un couloir, à encourager son Grahyèna qui se battait comme un chiffonnier avec l’Ursaring de Jorian. Ce dernier présentait la même blessure que tous les autres Pokémon du Sbire d’élite que ses camarades avaient croisé ; cela ne l’empêchait pas de se battre avec hargne.

Lui aussi, Conan dut l’abattre, d’un tir en pleine tête ; le type Normal n’avait pas réagi en subissant une charge de Rhinastoc et les Éclats Glace de Dimoret, et il ignorait les Ondes Folies des Nosferalto. Là encore, Auguste exposa ses craintes quant à l’invulnérabilité apparente de ces Pokémon rendus fous furieux.

Ils continuèrent de chercher, dans des bruits de toux de plus en plus fréquents. Dix minutes. Vingt. Aucune trace de Lia, de Willy et de Sylviane — excepté le cadavre du second sous-sol. Quand un Nosferalto s’écroula au sol en toussant, les Sbires finirent par écouter le Champion. Ils gagnèrent l’escalier le plus proche, en se voyant retourner à la surface aussi bredouilles que s’ils n’avaient trouvé personne.

Un Spectrum et un Roucarnage les attendaient devant la porte menant aux étages supérieurs. Le Pokémon Oiseau avait, sans surprise, les yeux crevés ; ceux du Spectrum, en revanche, avaient l’air intacts à première vue. En les regardant à deux fois, les Sbires les auraient trouvés bizarrement exorbités, et se seraient demandés comment des vaisseaux sanguins pouvaient y avoir éclaté. Mais ils ne se posèrent pas la question. Ils avaient un problème plus urgent.

Un sifflement strident s’échappa de la cage d’escalier plongée dans les ombres. Comme un hybride entre une bouilloire et le grincement d’une porte.