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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 24/05/2020 à 08:45
» Dernière mise à jour le 11/07/2021 à 09:29

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 380 : Retrouvailles prédestinées
- Eh bah... Ça fait un bail que je ne suis pas retournée ici, mais ça fait toujours aussi trou paumé. C'est rassurant, en un sens.

C'était là la constatation de Leaf Haldar dès qu'elle eut quitté l'hélicoptère qui la transportait pour poser pied sur le sol de Bourg Palette. Derrière elle, Régis sauta lui aussi, puis fit signe à pilote de repartir. Même si Bourg Palette était son village natal et qu'il avait continué à y habiter longtemps durant, il ne pouvait qu'être d'accord avec son amie. Les rues de campagnes de ce petit patelin au sud de Jadielle n'avaient jamais été très vivantes de population, mais aujourd'hui, elles étaient toutes carrément désertes. Avec l'Armée des Ombres qui se rapprochaient de plus en plus, tous les habitants du secteur avaient filé.

Il n’empêche, le village respirait toujours la verdure, le calme et la paix. Qu'il puisse bientôt devenir une terre stérile et dévastée comme le reste de Kanto rendait Régis malade. Mais ils n'étaient pas venus ici pour établir des défenses quelconques en prévision d'une résistance. Si la FAL prévoyait d'aller au contact avec l'armée du Marquis avant qu'elle n’atteigne Johto, elle n'allait sûrement pas le faire ici. Non, il était ici avec l'ambassadrice de Bakan à Cinhol car ils avaient rendez-vous. Comme Alroy lui avait dit, Leaf était partie avec lui dans le but de retrouver des anciens contacts et de les recruter en vue de la grosse bataille qui s'annonçait. Et quoi de mieux pour débuter leur quête que de se rendre là où tout avait commencé pour eux ?

- T'es sûr qu'ils auront reçu le message ? Demanda Régis. Qui se sert encore de Pokématos, de nos jours ? Même l'Holokit est devenu ringard…

- Y'a pas de souci alors. Ceux que nous avons contacté sont des gars au-delà de la simple ringardise.

- Dis celle qui garde son Pokématos allumé même si elle ne reçoit plus rien dessus…

- Dis celui qui garde toujours son Pokedex première génération dans sa poche par nostalgie…

Les hautes fonctions politiques et royales ainsi que la maternité n'avaient en rien changé la répartie ironique légendaire de Leaf, et ça, c'était tout aussi rassurant pour Régis qu'un Bourg Palette inaltéré. Il avait connu cette fille quand elle avait onze ans. Elle en avait quasiment trente maintenant, elle était épouse d'un prince, mère adoptive d'un roi et mère tout court d'une petite princesse. Mais pour lui, elle restait Leaf Elson, la chipie chapardeuse et menteuse qui avait toujours un tour dans son sac pour embobiner son monde. Même physiquement, elle n'avait pas trop changé. Bien sûr, c'était une femme maintenant, et on ne peut plus séduisante. Mais ses cheveux châtains étaient coiffés de la même façon. Elle avait même conservé ses épis au sommet de son crâne.

- Alors... Voyons si je me souviens du chemin du labo de ton grand-père…

Sentant venir le danger et des heures de marches inutiles, Régis intervint :

- Oh que non, malheureuse ! Les zombies du Marquis arriveront avant nous si je te laisse te diriger.

Leaf avait toujours été d'une débrouillardise extrême. Elle avait vécu seule pendant des années alors qu'elle n'était qu'une enfant. Mais s'il y avait bien une chose qui lui avait toujours fait défaut, c'était son sens de l'orientation. La jeune femme gonfla ses joues d'une façon comique et vexée, mais laissa Régis prendre la tête.

- Il ne reste plus aucun Pokemon là-bas, j'imagine ? Demanda-t-elle en chemin.

- Bien sûr que non. Grand-père ne les aurait jamais abandonnés. Il en a confié une partie à ses collègues d'autres régions plus tranquilles, et a relâché le reste, ceux qui pouvaient le plus se débrouiller seuls.

Même si le Bourg Palette avait toujours été sans intérêt, le laboratoire du professeur Chen était un haut lieu pour les dresseurs Pokemon de toute la région, qui lui confiaient tous leurs Pokemon au-delà du sixième. Il en avait donc accumulé un très grand nombre, et même son parc, pourtant très grand, avait commencé à manquer de place.

- Je suis sûre qu'il doit bien y en avoir une vingtaine qui sont à moi, dans le lot, commenta Leaf. Mais je ne pourrai même pas te dire lesquels. C'est triste hein ? On passe notre jeunesse à vivre avec et pour les Pokemon, à en capturer autant que possible, puis on en vient à les oublier.

- Un dresseur n'aurait pas assez en une vie pour dresser convenablement tous les Pokemon qu'il a attrapé, fit Régis en haussant les épaules. Au bout d'un moment, nous ne gardons plus que nos six plus forts ou préférés. C'est toujours comme ça. Enfin... à part pour un certain nigaud qui recommençait qu'avec son seul fichu Pikachu à chaque fois qu'il partait dans une autre région.

Ils atteignirent très vite le domaine du professeur Chen, aujourd'hui inhabité comme le reste. Régis prit une grande bouffée d'air dès qu'il franchit le seuil du portail, et qu'il vit le laboratoire surmonté d'un moulin à vent au-delà des marches entourées de haies. C'était là qu'il avait grandi, toujours entouré de Pokemon. Naturellement, quand il avait débuté son voyage initiatique à dix ans, il savait déjà nombre de choses sur eux, et était bien plus en avance que ses rivaux.

Et en parlant de rivaux... L'un d'entre eux était déjà là. Quand Leaf et Régis eurent fini de monter les marche, ils virent que quelqu'un les attendait devant la porte du labo. Un jeune homme aux cheveux noirs sous une casquette rouge, avec un Dracaufeu à ses côtés. Un grand sourire éclaira son beau visage quand il vit arriver ses deux amis d'enfance.

- Yo les nantis ! Z'êtes en retard. J'ai vu votre hélico arriver. Vous êtes restés si longtemps dans les hautes sphères de la société que vous avez oublié comment on monte sur un Pokemon Vol ? Ça va plus vite, vous savez ?

Red lui aussi, n'avait pas changé. Toujours aussi mal coiffé et insolent. Régis avait toujours eu un peu de mal à le supporter... Enfin, ce qu'il arrivait le moins à supporter chez lui, c'était qu'il était meilleur dresseur que lui.

- Alors, comment je dois vous appeler, maintenant ? Demanda-t-il quand ils furent devant lui. Madame Votre Altesse l'Ambassadrice ? Monsieur le Représentant des Dresseurs de la FAL ?

- Pas de chichi entre nous, répondit Leaf d'un ton très sérieux. Tu peux continuer à m'appeler par mon prénom, et moi je continuerai à t'appeler « débile », « abruti » ou « tête de nœud ».

Et elle le serra dans ses bras. Red s'apprêtait à répliquer un truc, mais se figea soudain, son visage ayant pris quelques rougeurs. Il avait toujours été très bête quand Leaf lui montrait son affection, mais n'avait jamais compris qu'elle le faisait à dessin. Et en effet, Régis vit la jeune femme glisser subtilement sa main dans une des poches de Red pour lui retirer son portefeuille sans qu'il ne s'en rende compte. Un truc qu'elle avait fait autrefois des dizaines de fois, et dont elle avait visiblement l'habitude, même si elle n'en avait plus aucun besoin. D'ailleurs, elle le lui rendit ensuite en ricanant.

Régis se contenta de lui serrer la main. Contrairement à Leaf qui ne l'avait plus vu depuis très longtemps, Régis l'avait déjà recroisé il y a quelques années, quand Vilius, le demi-frère de Régis et Agent 003 de la Team Rocket, avait passé une alliance avec le professeur Chen pour contrer les plans de Zelan Lanfeal. Régis et Red avaient été membres de cette alliance inédite.

- Alors, tu nous reviens d'où cette fois ? Demanda-t-il à son vieux rival.

- La région Pertinia, répondit Red. De l'Ordre Gueridias, plus précisément.

- Qu'est-ce que t'a été foutre là-bas ? S'étonna Leaf. Le dressage de Pokemon y est interdit.

- Justement, j'ai rejoint un groupe clandestin qui lutte pour qu'il soit autorisé, entre autres choses. C'est cool, on est considéré comme des terroristes. Jouer les rebelles se battant contre un régime totalitaire, avec pas mal de Pokemon exotiques à ses côtés... Y'a une certaine classe, je trouve. Ah, et j'ai croisé un autre de tes demi-frères là-bas, fit-il à Régis. Il fait partie du même groupe que moi.

Régis haussa les épaules, indifférent. Giovanni avait eu tellement de femmes et de maîtresses dans sa vie que si Régis devait s'inquiéter de tous ses frères et sœurs inconnus dans le monde, il n'avait pas fini…

- Et j'ai appris, poursuivit Red sur un ton plus sombre, qu'elle était aussi là-bas. Saki…

Régis et Leaf échangèrent un regard, mais ne dirent rien. La voilà, la très probable raison de pourquoi Red était allé se perdre dans cette région éloignée. Son obsession de se venger de leur vieille ennemie, Saki Sird, après ce qu'elle avait fait à Yellow, dont Red était très proche.

- Bon, et Sacha ? Fit précipitamment Leaf pour changer de sujet. Il est ou ?

- En retard, comme d'habitude, répondit Régis. Comme ce jour là à l'époque d'ailleurs. Quoi que... il n'aurait pas eu à avoir un Pikachu sauvage comme premier Pokemon si tu n'avais pas volé le Bulbizarre la veille.

- Je lui ai rendu service alors. Il n'aurait pas été la moitié du dresseur qu'il est sans son rat électrique.

Régis faisait référence au jour, dix-huit ans plus tôt, où lui, Red et Sacha, les trois jeunes de dix ans du Bourg Palette, ont commencé leur voyage initiatique. Comme de coutume, trois Pokemon avait été préparés pour eux : Bulbizarre, Salamèche, et Carapuce. Mais le professeur Chen n'avait pas prévue que l'un d'entre eux ne se fasse dérober par un autre dresseur du Bourg Palette, qui n'avait plus été revu dans les parages depuis des années, après son enlèvement. Il s'agissait bien sûr de Leaf, qui avait décidé d'elle-même qu'elle avait droit à ce Pokemon, et qui, usant de ses méthodes habituelles, l'avait volé en rentrant la nuit dans le laboratoire du professeur.

Total, le lendemain, il n'en restait plus que deux. Red était arrivé en premier, bien avant l'heure d'ouverture, et après l'avoir pris un temps comme le voleur, le professeur Chen lui avait remis le Salamèche. Puis ce fut au tour de Régis, le seul à s'être présenté à l'heure, qui était reparti avec Carapuce. Quand Sacha, qui avait oublié de se réveiller, s'était pointé en pyjama, les trois Pokemon habituels avaient tous été pris. Gêné, le grand-père de Régis lui en avait trouvé un de remplacement : un Pikachu capturé très récemment, qui n'était pas encore habitué aux humains et qui avait mauvais caractère.

Mais finalement, Sacha ne s'était pas trop mal débrouillé avec lui. Il avait été plus loin que Régis lors de leur première Ligue Pokemon. Ce n'était que lors de la seconde, un an plus tard, que Régis avait fini en finale face à Red. Sacha, lui, était à ce moment là en train de gagner une Ligue exotique dans l'archipel des Iles Oranges. En fait, si Régis avait pas mal bourlingué avec les deux autres au cours de ses voyages à Kanto et Johto, Sacha avait fait sa route de son côté, accompagné à l'époque de Pierre d'Argenta et d'Ondine d'Azuria.

Il finit par les rejoindre vingt minutes plus tard, à pied, son éternel Pikachu sur son épaule. Leaf s'apprêtait à l'engueuler pour son retard, mais resta bouche bée quand elle le vit de près. Régis secoua la tête. Si ni Leaf ni Red n'avaient pas trop changé, de même que le Bourg Palette, c'était encore plus remarquable chez Sacha. Même s'il avait le même âge que Régis et Red, à savoir vingt-huit ans, il avait toujours un visage et un physique d'adolescent !

- Nom d'Arceus, mais tu comptes vieillir un peu un jour ? S'exclama Red. T'es vraiment toujours en retard pour tout, ma parole !

- Sois pas jaloux, ricana Leaf. À ce stade, il sera dans la force de l'âge quand toi tu seras un légume.

Sacha se contenta de soupirer.

- Je savais que cette invitation était bizarre. Vous vous êtes donnés rendez-vous juste pour le plaisir de me charrier ?

- Non, sérieusement, intervint Régis, tu devrais demander à Peter de t'examiner. Si le vieillissement ralenti est un truc propre aux G-Man, c'est que tu dois avoir un potentiel de dingue. D'habitude, c'est seulement une fois devenus adultes qu'ils vieillissent plus lentement.

- Je n'ai jamais eu besoin qu'on m'examine pour savoir que je suis ouvert à l'Aura, rétorqua Sacha.

Pour preuve, il tendit la main, paume vers le haut, et fit apparaître en son centre une sphère bleue et immatérielle, apparemment sans effort quelconque.

- Je vois, fit Régis. Dois-je t’appeler « Mon Seigneur » désormais ?

- Devenir G-Man ne me chauffe pas. J'ai encore tant de régions à explorer et de Pokemon à capturer…

- Pourtant, ce serait l'occasion, avec ce qui va nous tomber dessus, dit Leaf. C'est ce pourquoi on vous a envoyé ce message, d'ailleurs. La FAL cherche à réunir tous ceux qui ne sont ni des morts-vivants, ni des spectres, ni des démons, pour la grande bataille qui va se jouer, probablement ici à Kanto. J'espère que vous en serez.

Red et Sacha hochèrent la tête. Pour la toute première fois, la Génération des Miracles du Bourg-Palette allait combattre ensemble.


***


Le service de communication d'Eryl avait toujours fait en sorte, depuis le début, de la présenter comme un être paranormal insaisissable, et de ne jamais contredire la version fanatique des Blancs Manteaux qui la décrivait comme une déesse omnipotente. Ainsi donc, de nombreux citoyens de la FAL croyaient des choses souvent hallucinantes et comiques à son encontre, et lui prêtaient des capacités surhumaines. Selon divers sondages, deux choses étaient en tête la concernant : elle pourrait communiquer avec des forces divines invisibles aux simples mortels, et n'aurait pas besoin de dormir.

Les deux étaient fausses, bien sûr, et surtout la seconde. Eryl avait comme tout le monde besoin de dormir, et plus que jamais en ce moment, après avoir enchaîné diverses réunions ou comité, et traité plusieurs crises, dont la fameuse altercation publique entre Dame Cosmunia et les Défenseurs de l'Innocence que lui avait rapporté Imperatus. Quand enfin elle put s'allonger dans son lit, il était quatre heures matin. Elle s'estimerait chanceuse si elle pouvait dormir ne serait-ce que deux heures. Mais visiblement, les forces divines invisibles qu'elle étaient censées entendre en avaient décidé autrement.

- Eryl…

La jeune femme n'ouvrit pas les yeux, car elle sentait bien qu'elle rêvait. Elle connaissait cette voix, même si elle ne l'avait plus entendu depuis des années. Et comme son propriétaire était mort et enterré depuis belle lurette, c'était forcément un rêve. Mais elle était tellement épuisée que, même pour cette personne venue de ses songes, elle ne voulait pas prendre le risque de se réveiller.

- Eryl... entends-moi... continua la voix. J'ai besoin de toi…

Ce ton suppliant lui fit ouvrir les yeux malgré elle. Elle se trouvait encore dans son lit, dans sa chambre au sommet du siège provisoire de la FAL à Doublonville, mais le décor était trouble, fluctuant, signe qu'elle était bien en train de rêver. La silhouette devant elle était tout aussi floue, et même si son visage était à demi-dissimulé sous un capuchon sombre, elle reconnut les traits de Dan Sybel, l'homme qu'elle avait longtemps considéré comme son père. Un homme qu'elle avait aimé et admiré, avant de découvrir qu'il était responsable de nombre d'errements et de cachotteries des Gardiens de l'Innocence, et qui avait conduit à rendre Horrorscor plus fort que jamais.

- Eryl... Tu dois m'écouter. Nous n'avons pas beaucoup de temps…

- Non, en effet, répondit Eryl, car Imperatus ou un autre de mes conseillers va venir me réveiller d'un instant à l'autre parce qu'une nouvelle catastrophe a éclaté je ne sais où. Mon temps de sommeil est trop précieux pour que je le gâche à discuter avec mes songes.

Dan, ou plutôt son apparition, sourit légèrement. Eryl ne pouvait voir que la partie gauche de son visage : ses yeux d'un vert marins et ses cheveux violets, dont Eryl avait hérités. Il paraissait identique aux photos qu'Eryl avait pu voir de lui, ou à ses vagues souvenirs le concernant. Et c'était d'autant plus un signe qu'elle était en train de rêver, car Dan Sybel n'avait pas pris une ride en quinze ans.

- Je suis bien réel, ma fille. Ou du moins, aussi réel que je puisse l'être au vu des circonstances…

- C'est ça oui, soupira Eryl. Quoi que, avec ce qui se passe en ce moment, les cadavres mouvants et les morts qui reviennent la vie, tout est possible après tout. Ah, et une chose : je ne suis pas ta fille. Tout au plus une copie que tu as renommé avant de cacher sans t'en soucier davantage.

Ce rêve était drôlement réaliste, car Dan sembla grimacer de tristesse.

- Je ne pouvais faire autrement. J'avais ma propre mission. Je savais que mon frère prendrait soin de toi à Surocal. C'était pour te protéger.

Eryl secoua la tête.

- C'est stupide de faire des reproches à une illusion d'un mort, n'est-ce pas ? Et puis oui, au final, je m'en suis pas si mal sortie. Ce serait plutôt à votre vraie fille de vous en faire, et plus qu'un. C'est ta faute si elle est ce qu'elle est. Et avant cela, c'est très probablement aussi ta faute si maman a sombré dans la Corruption, bien que j'ignore ce qui s'est passé.

- C'est vrai, admit Dan. Je n'ai pas pu sauver Marine. Mais je n'ai pas encore renoncé pour Lyre. Je peux la sauver. Ou du moins, toi, tu le peux.

- Le seul salut que je pourrais lui accorder, ce sera une mort que j'espère rapide et sans douleur en la touchant pour purger toute la corruption qui est en elle.

- Tu peux la sauver sans la tuer. Il existe un moyen. Le même qui m'a permis d'être sauvé, moi... Il faut que trouves... mon ancien partenaire... Asthyrché…

La voix de Dan Sybel se fit de plus en plus lointaine et trouble, jusqu'à qu'Eryl ouvre les yeux, surpris de les avoir fermés. Elle était à nouveau dans sa chambre, qui cette fois était parfaitement normale. Et il n'y avait personne d'autre. Eryl secoua la tête. Elle dormait donc bel et bien, et ça n'avait été rien d'autre qu'un rêve. Pourtant, un bruit soudain la fit sursauter. Elle se tourna et vit avec stupéfaction que la fenêtre de sa chambre était ouverte. Elle n'était pas du genre à dormir avec la fenêtre ouverte, pourtant.

Elle se leva, et serrant sa chemise de nuit autour d'elle, alla jeter un coup d'oeil dehors. Elle ne vit que les néons de Doublonville, et le sol, à quelques deux cent mètres plus bas. Si quelqu'un s'était avisé de sauter par là, c'était la mort assurée. Elle devait divaguer. La fatigue et la pression, sans nul doute. Elle se remit au lit, dans l'idée de se rendormir très vite, quand la lumière derrière la porte s'alluma, et quelqu'un frappa. Eryl gémit en entendant la voix d'Imperatus derrière.

- Eryl ? Tu es réveillée ? Il y a... quelqu'un qui vient d'arriver pour toi. Il veut te voir, et ça a l'air important.

Eryl savait que son assistante ne la dérangerait pas pour pas grand-chose. C'était même elle qui avait tenu à envoyer Eryl se reposer. Elle se força donc à se relever et à s'habiller, sans prendre le temps de se rafraîchir ou de se coiffer. Son invité comprendrait l'urgence de la situation, toute reine-déesse qu'elle était.

- Qui est-ce ? Demanda Eryl dès qu'elle fut sortie.

- Un Pokemon que je ne connais pas, répondit Imperatus en la suivant jusqu'à son bureau. Il sait parler, et semble venir du front. Il a évoqué... des affaires urgentes pour l'avenir de l'Innocence.

Eryl haussa les sourcils, intriguée. Puis la mention d'un Pokemon lui fit se souvenir de son rêve étrange, et de ce que Dan avait dit.

- Dis... Tu ne connaîtrais pas un Pokemon du nom d'Asthyrché toi ? Questionna-t-elle l'air de rien.

Imperatus secoua sa tête feuillue, faisant virevolter sa magnifique chevelure de pétales roses.

- Ça ne me dit rien. Mais je ne suis pas la plus grande experte en Pokemon du monde, et je n'ai même pas vingt ans. Tu ferais mieux de demander au professeur Chen. Pourquoi ? Qui est-il censé être, cet Asthyrché ?

- Justement, j'en sais rien. Oublie ça, c'est sans importance…

Eryl entra dans son bureau, pour voir le Pokemon en question, encadré par quatre gardes de la FAL armés, qui scrutaient la créature avec prudence. Le Pokemon avait l'allure d'un lion aux poils rouges et or, à la crinière flamboyante et au maintien royal. Eryl fit une courte pause en le voyant, puis hocha la tête.

- Blazileo, Pokemon du Lion, chef des Zodiaques, énonça-t-elle.

- Eryl Sybel, Souveraine de la Fédération des Alliances Libres, Reine de l'Innocence et réincarnation d'Erubin, répondit le Pokemon sur un même ton. Nous nous sommes déjà rencontrés. Permettez-moi de dire que vous n'aviez rien d'une reine à l'époque.

Eryl ricana.

- Non, en effet.

La première fois qu'ils s'étaient croisés, c'était il y a de ça six ans, au volcan de Terruptive à Almia. Alors que la X-Squad y était à la recherche d'un Pokemon spécial, ils avaient été attaqué par les Shadow Hunters puis par le Pokemon Méchas D-Deoxys. Blazileo était alors intervenu pour les aider. À l'époque, et bien que ce ne soit pas si lointain, Eryl n'était qu'une jeune dresseuse naïve, idéalisant Mercutio et la Team Rocket.

- Nous nous sommes aussi croisés lors de la bataille de la Tour de Babel, poursuivit Blazileo. En fait, c'est votre présence là-bas qui nous a permis, à mes frères et à moi, de ressusciter. Et c'est alors que nous avons compris ce que vous étiez. J'avais déjà des doutes la première fois que je vous aie vue dans ce volcan. J'ai pu sentir votre présence, si semblable à celle d'Erubin, ma créatrice. Et je dois dire qu'aujourd'hui, elle est largement plus brillante et détectable.

Eryl fit signe aux gardes de la laisser seule. Comme le Pokemon avait l'air d'un allié, et qu'Imperatus était là pour veiller sur la reine, ils obéirent sans rechigner. Après quoi, elle présenta rapidement Imperatus à Blazileo, puis s'installa derrière son bureau, les doigts croisés sous son menton.

- En quoi puis-je donc aider le chef des Zodiaques ? Demanda-t-elle.

- Vous ne semblez pas surprise de me voir, remarqua Blazileo. Vous m'avez senti ma présence avant que j'arrive ?

- Navrée de briser votre espoir d'une déesse toute puissante, mais non. Bien que votre présence me soit familière quand vous êtes à côté, je ne vous ai pas du tout détecté avant. Il se trouve juste que j'ai eu il y a quelques heures une communication sommaire de notre vaisseau au dessus de Kanto qui surveillait l'Armée des Ombres. La X-Squad, qui se trouvait là-bas, a eut à se battre contre l'ennemi, et a reçu l'aide de quatre de vos compagnons, qui leur ont permis de s'enfuir. Et pour cela, je vous adresse en mon nom et en celui de la FAL mes remerciements.

- J'avais pourtant dit à mes frères de jouer la prudence le temps que je revienne avec vous, soupira Blazileo. Enfin, si c'était pour sauver les enfants d'Elohius et leurs compagnons...

- Avec moi ? Répéta Eryl.

- Votre place est à nos côtés, héritière d'Erubin. Pour le combat final contre Horrorscor et ses séides, il faudra que tous les fragments de notre mère soient réunis.

Eryl eut un sourire ironique.

- Un fragment, hein... ? Vous savez ce que je suis, exactement ?

- Non, admit Blazileo. Et peu nous importe. Humaine, Pokemon, déesse, réincarnation, ou autre chose... La seule chose importante est que vous êtes une partie d'Erubin, tout comme nous autres Zodiaque. Vous êtes le chaînons manquant pour que toute l'ancienne puissance d'Erubin soit complète. Sans vous, il ne peut y avoir de victoire.

- Ce n'est pas comme si j'avais prévu de me terrer à l'arrière pendant que le sort du monde se jouera, fit Eryl avec un haussement d'épaule. Je suis la seule à pouvoir détruire le Cœur d'Horrorscor et blesser le Marquis et ses Agents restants. Toutefois, je…

- Majesté ! Nous venons d'apprendre que…

Silvestre Wasdens, qui venait d'ouvrir la porte à la volée sans frapper – et qui devait aussi peu dormir qu'Eryl – s'interrompit quand il vit le Pokemon étranger dans le bureau.

- Tout va bien, Silvestre, le rassura Eryl. C'est Blazileo, le représentant des Pokemon du Zodiaque, venu me rencontrer.

Le Haut Conseiller s'inclina rapidement puis revint à la reine.

- Désolé de vous déranger en ce moment, mais c'est de la plus haute importance. Nos informateurs dans l'Empire Lunaris viennent de nous le confirmer officiellement : l'homme en armure noire qui a entrepris d'éliminer plusieurs hauts gradés du Grand Empire et à s'emparer de leurs ressources est bien Erend Igeus. Il contrôle à présent une bonne partie de la région, et fais savoir qu'il représente le véritable Grand Empire légitime. C'est d'ailleurs aujourd'hui que doivent se réunir à Duttvriff tous les dirigeants et soutiens du régime dans une assemblée qui sera retransmise aux…

Mais Eryl n'écoutait déjà plus. Elle avait même oublié Blazileo, ou encore le rêve sur Dan. Un seul nom résonnait dans son esprit. Un nom, est deux questions.
Erend... Que cherches-tu à faire. Pourquoi tu ne reviens pas à mes côtés ? Erend…