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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 04/05/2020 à 20:37
» Dernière mise à jour le 07/09/2020 à 23:02

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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060. 4x14 - L'autre Lavandia
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon. Ensemble, ils aident Timmy, un jeune garçon à la santé fragile, à rejoindre Vergazon. Une fois arrivés, Timmy décide de rester à Vergazon pour tester un nouveau traitement médical et se débarrasser de sa maladie. Durant leur périple, Jessie, James et Miaouss de la Team Rocket intègrent la Team Magma qui leur donne la mission de fabriquer une machine mystérieuse. Les trois acolytes dérobent une couveuse d’œuf afin de mener leur mission à terme. Sofian aide un Dynavolt à outrepasser un traumatisme lié à son récent abandon et ensemble, ils vainquent leur phobie de l’électricité. Sofian capture Dynavolt, tandis que Flora décide de prendre soin d’un œuf de pokémon que Dynavolt tient à protéger.

Pokémon #201d
La métropole qui s’étendait devant lui était recouverte d’un épais voile blanc poudreux. La neige qui avait été saupoudrée au-dessus de la ville ne tiendrait pas plus d’une journée, mais se quantité fut assez grande pour transformer le paysage urbain en ce qui ressemblait à un énorme gâteau recouvert de chantilly. Du haut du sentier, l’on pouvait apercevoir avec précision l’étendue immense du territoire qu’occupait Lavandia. Un fleuve immobile stagnait à l’est, divisant le continent en deux parties, tandis qu’une plateforme surélevée semblait flotter dans les airs au-dessus du courant fluvial, un peu plus vers le sud.
Son voyage ne fut pas aussi long qu’il l’avait pensé, et bientôt il atteindrait sa destination. Il fallait qu’il agisse vite, car les deux individus qu’il recherchait pouvaient être n’importe où.
Il sortit de sa poche un petit flacon orange et le porta à ses lèvres. Il permit à une seule des sphères qu’il contenait de rouler dans sa bouche et d’un mouvement de langue, il l’avala sans ménagement. C’était probablement son imagination qui lui jouait des tours, mais il se sentait déjà beaucoup mieux. Remis de son essoufflement, ses muscles prêts à repartir, il décida qu’il était temps de reprendre sa route.
C’est alors que quelque chose attira son attention : il l’avait vu du coin de l’œil. Un peu plus au sud, un hélicoptère, minuscule à cause de la distance, s’était élevé depuis ce qui ressemblait à un petit ilot perdu au milieu du fleuve. À bien y regarder, un bâtiment avait été érigé sur toute la surface de l’îlot.
Il ajusta son attention sur l’hélicoptère. Celui-ci vola en direction de Lavandia. Bientôt, il passerait à plusieurs centaines de mètres au-dessus de sa tête. Son cœur bondit d’excitation dans sa poitrine en reconnaissant l’appareil volant : de type militaire, la tôle grise avait été décorée d’un imposant logo qui ne laissait pas de doute à la propriété de l’engin. La lettre « M » peinte en rouge et rappelant la forme d’une montagne : la Team Magma.
Changement de plan : c’était dans ce bâtiment qu’il devait se rendre à présent. Et il n’avait pas une minute à perdre !

Pokémon #201e
Le dernier souvenir de Sofian impliquant de la neige remontait à l’hiver précédent, lorsqu’il habitait toujours à Kanto. Dans sa région natale, située bien plus au nord d’Hoenn, les hivers pouvaient être très rudes et il n’était pas rare de croiser le chemin de nombreux pokémons de type glace pendant que l’on faisait de la luge dans la rue. C’est pourquoi il ricana dans sa barbe en voyant son amie Flora greloter de tous ses membres malgré son épaisse couche d’écharpe et son manteau triplement molletonnée. Son visage était quasiment invisible, caché sous un bonnet à pompons, mais Sofian pouvait lire dans ses yeux tout le mépris qu’elle avait pour la saison hivernale.
— …à peine en décembre et il neige déjà comme si c’était Noël, maugréait-elle dans sa barbe en marchant le long d’un trottoir recouvert d’une fine pellicule de neige. Satané réchauffement climatique !
— Allons, ce ne sont jamais que trois flocons de neige ! s’amusa Sofian en tirant la langue afin d’attraper un flocon qui virevoltait dans le vent.
— Arrête-ça, c’est dégueulasse ! Je te rappelle que Lavandia est la capitale de Hoenn ! On est dans la ville la plus polluée de la région !
Sofian haussa les épaules et préféra s’émerveiller en voyant un Cadoizo se rouler dans la neige dans un parc avoisinant, et battant des ailes au sol afin de créer un ange autour de lui.
— Tu ne veux pas mettre une écharpe ? Tu vas attraper la crève !
— Mais non, mon corps est fait pour supporter des températures bien plus basses.
À ces mots, Sofian éternua bruyamment. Flora lui lança un regard accusateur.
— Une poussière dans le nez… indiqua Sofian en s’essuyant dans sa manche la morve qui lui coulait sur le dessus de la lèvre.
— Vraiment, si je ne te connaissais pas autant et que je ne savais pas à quel point tu étais un porc, j’en serais dégoûtée !
Elle s’arrêta dans sa marche, fouilla dans son sac à dos, et en ressortit une grosse écharpe aussi longue que la langue d’un Excellangue.
— Tu vas enfiler ça tout de suite !
— Attrape-moi, si tu peux !
Sofian se lança dans un sprint dans les rues encombrées de Lavandia, poursuivi par une Flora coléreuse, déterminée à l’emmitoufler dans son écharpe. Sofian éclata de rire en entendant les vociférations insurgées de son amie. Mais son pied glissa sur une plaque de verglas et il tomba à la renverse tête la première dans une flaque de neige fondue. Flora ricana à son tour en le rattrapant et elle lui fourra en plus de l’écharpe un bonnet sur la tête.
— Vous êtes arrivé à destination, indiqua-t-elle avec amusement en montrant de la tête le bâtiment devant lequel l’adolescent était tombé.
Le centre pokémon de Lavandia était méconnaissable. Son toit rouge avait disparu sous une épaisse couche de neige et ses vitres couvertes de givres donnaient au bâtiment un aspect de palais des glaces.
Flora aida Sofian à se relever et ce-dernier s’épousseta le visage.
— Bon, ça va, je n’ai pas trop de…
Une voiture passa à proximité et Flora fut la seule à avoir le réflexe de reculer d’un bond. Une énorme giclée de boue éclaboussa Sofian de haut en bas et Flora hurla de rire face à son ami qui se tenait debout les bras ballants, penaud.
—… boue, termina-t-il dans un soupir.

Un Spinda leur apporta leurs tasses de chocolat chaud et servit une gamelle remplie de pokéblocs pour Dynavolt et Galifeu. Lorsque le Spinda s’éclipsa de son pas titubant, Flora se colla contre le radiateur attenant à leur table tandis que Sofian finissait de se débarbouiller le visage.
— Enlève au moins ton manteau, tu vas tomber malade quand on ressortira, conseilla Sofian.
— Et c’est toi qui me dis ça ? C’est le Leveinard qui se fout du centre pokémon ! De toute façon, je ne compte pas ressortir de cette cafétéria avant le mois de mars !
— T’abuses, Flora ! C’est pas avec ces trois flocons de neige que tu vas attraper un rhume !
Et Sofian éternua à nouveau. Flora eut un regard meurtrier.
— Si jamais tu es malade et que tu me refiles ta grippe…
— Tracasse, ce corps ne peut pas tomber malade !
Sofian frappa son buste avec son poing avant de tousser de douleur. Il avala une gorgée de chocolat chaud qui lui brûla la gorge, et il maudit le pokémon psy qui avait dû lui jeter une malédiction.
— En tout cas, ça n’a pas l’air d’être évident pour l’infirmière Joëlle.
Flora pointa du doigt le comptoir du centre pokémon qu’ils pouvaient apercevoir depuis la porte d’entrée vitrée de la cafétéria. L’infirmière Joëlle s’affairait à réchauffer un petit Grainipiot congelé alors qu’un nouveau dresseur lui confiait son Pichu enrhumé. Bientôt, un troisième dresseur l’appelait à l’aide pour son Nirondelle grelotant.
— J’ai bien peur que nos pokémons ne soient soignés de leurs blessures avant un bon moment, en conclut Sofian.
— J’espère que tout ira bien pour eux…
— Ne t’en fais pas, ce n’est pas la première fois qu’ils livrent un combat intense. Et puis, contre la Team Rocket, leurs blessures ne doivent être que superficielles.
La porte d’entrée de la cafétéria s’ouvrit automatiquement au passage d’un nouveau client et un courant d’air glacial fit frissonner Flora.
— Argh, Galifeu rapproche-toi de moi ! ordonna-t-elle en se blottissant contre le pokémon de Sofian.
Le pauvre Galifeu fut éloigné de sa gamelle et Dynavolt en profita pour lui piquer sa part. Sofian prit le petit chien dans ses bras et se sentit satisfait en n’éprouvant aucun problème à lui caresser le pelage rempli de courant électrique. Flora profita de la proximité de Galifeu pour planter entre les jambes du pokémon le gros œuf rose pâle dont elle avait promis de prendre soin et qu’elle comptait réchauffer grâce à son aide.
— Encore une journée victorieuse ! s’exclamait le nouveau client près du bar. Patron, tournée générale !
— Ils ont besoin d’étaler leur vie à tout le monde ? maugréa Flora en fourrant ses mains froides dans le plumage de Galifeu.
— Eh ! C’est Voltère !
Sofian aurait reconnu d’entre mille le vieil homme dodu et son crâne dégarni. En entendant son nom, le champion d’arène jeta un coup d’œil à leur table. Il s’esclaffa d’un rire jovial, prit sa coupe de champagne, et les rejoignit.
— Mais que vois-je, un dresseur de Dynavolt ! leur lança-t-il avec un visage radieux.
Il s’installa sur la banquette à côté de Sofian et celui-ci fut repoussé par les grosses fesses du champion d’arène.
— À qui appartient-il ?
Sofian leva la main.
— Eh bien, jeune homme, tu as droit à un autographe gratuit !
— Vous faites payer vos autographes ?
— Seulement les jours où je ne gagne pas le gros lot au casino, répondit Voltère en leur faisant un clin d’œil.
Sans demander le consentement du pokémon, le champion plaqua sa grosse main dans la crinière de Dynavolt et le caressa sous les oreilles. Dynavolt sembla apprécier au plus haut point et en redemanda.
— Je vois que ton Dynavolt est bien dressé, félicita Voltère.
— En réalité, je viens juste de le capturer, rectifia Sofian. Je l’ai recueilli après que son ancien maître l’a lâchement abandonné.
— Oh, je vois…
Voltère avait une sincère expression de tristesse sur le visage.
— Les Dynavolt produisent dans leur pelage de l’électricité statique en permanence, expliqua-t-il, comme pour changer de sujet. C’est un comportement qu’ils ne contrôlent pas, comme la respiration. Il se peut que se concentre un peu trop de courant électrique dans le coin qui relie leurs oreilles à leur tête. Une petite caresse de temps à autre à cet endroit les libère de cette gêne.
Votlère retira ses gros doigts du pelage de Dynavolt et le pokémon bondit de joie sur les genoux de Sofian.
— Viens me retrouver dans mon arène pour un combat officiel, invita Voltère en se relevant. Je serai ravi de m’affronter à ce Dynavolt. Qui sait, peut-être qu’il te fera gagner un badge Dynamo…
— Mais… Monsieur Voltère… hésita Sofian. J’ai déjà gagné votre badge.
— Ah bon ?
Voltère chercha dans ses souvenirs en se grattant le crâne chauve.
— C’était il y a presque un mois… Je vous ai aidé à sauver vos pokémons de la Team Rocket… Il y a un mois… Avec leur machine et leurs aimants… la Team Rocket… Non ?
— Oh ! Peut-être ! Je dois être tout retourné à cause de la défaite que j’ai subie hier ! s’exclama Voltère en se bidonnant. Je ne devrais pas rire de trop, mes pauvres pokémons sont dans un état lamentable. Il n’y en a pas un qui ait gagné son combat. Une redoutable adversaire ! J’en ai des frissons rien qu’à repenser à son Balignon…
Tout à coup, les lumières s’éteignirent et plongèrent la salle dans une discrète pénombre. Le ciel surchargé en nuage n’aida pas à éclairer les lieux davantage.
— Une coupure de courant ?
— C’est un comble pour une ville qui accueille une arène de type électrique, s’amusa Flora.
Mais Voltère n’avait pas l’air de trouver sa boutade agréable.
— Non, ce n’est pas normal, dit-il pour lui-même.
Voltère les quitta précipitamment et se rendit au comptoir du centre pokémon. Mais la porte de la cafétéria resta immobile et Voltère se souvint qu’elle était actionnée de manière électrique. Sans se concerter, les deux amis le suivirent au pas. L’inquiétude dans son regard leur avait éveillé la curiosité.
— …ne peut pas attendre une seule seconde ! s’affolait l’infirmière Joëlle de l’autre côté de la porte vitrée.
— Allons, ce n’est qu’une coupure de courant, essayait de la résonner un ouvrier à côté d’elle.
— Zénobe, vous savez bien qu’une coupure de courant prolongée est dangereuse pour les pokémons hospitalisés dans mon centre pokémon ! argumenta l’infirmière.
— D’autant que c’est la première coupure de courant en vingt ans, marmonna Voltère. Jamais la Nouvelle Lavandia ne nous avait défailli…
— La Nouvelle Lavandia ?
Voltère jeta un regard étonna à Sofian qui venait de poser la question, comme s’il se demandait ce qu’il faisait là.
— Zénobe, le temps presse !
— Oui ! Oui ! Euh, il faudrait téléphoner aux techniciens de Nénucrique pour qu’ils voient s’ils peuvent venir réparer cela…
— Je m’en occupe !
L’ouvrier prit du recul pour passer un coup de téléphone. Mais quelque chose dans l’expression inquiète du champion d’arène alerta Sofian.
— C’est quoi « la Nouvelle Lavandia » ? répéta Sofian, déterminé à étancher sa curiosité.
— Il s’agit de ma plus grande fierté en tant qu’entrepreneur ! répondit Voltère en gonflant le torse. Mais aussi un de mes plus grands regrets.
Il jeta un coup d’œil à l’ouvrier qui était en communication avec les techniciens et supposa qu’ils avaient un bout de temps devant eux pour une petite conversation. Voltère se laissa tomber sur un tabouret de bar près de lui et Sofian et Flora l’imitèrent.
— « La Nouvelle Lavandia » était un très beau projet novateur, raconta-t-il. Il s’agissait de créer la première ville souterraine de la région de Hoenn, et la plus grande ville souterraine du monde ! Imaginez ! Soixante-neuf étages d’une superficie aussi large que Lavandia ! Et tout cela, dissimulée dans les profondeurs de notre région.
— À quoi cela pourrait servir ?
— À quoi cela pourrait… ?! Mais enfin, mon garçon, tu ne te rends pas compte ! Soixante-neuf fois la ville de Lavandia sans prendre un seul centimètre carré de plaine ! Soixante-neuf fois plus de places pour les habitants ! De quoi héberger tous les citoyens de Hoenn trois fois ! Sans parler des expériences scientifiques que l’on aurait pu mener avec les pokémons ! Un magnifique projet qui aurait pu servir à tout et n’importe quoi : base militaire, bunker protégé en cas de problème, laboratoire infini,…
— Ce projet n’est plus d’actualité ?
— Malheureusement, ma bonne dame, soupira Voltère. C’était trop de travaux pour très peu de résultat. Il a fallu plusieurs années rien que pour creuser dans les sous-sols. Mais plus les ouvriers et les pokémons creusaient, plus le terrain autour de Lavandia était instable. Il a donc fallu consolider les fondations de la ville, ce qui a plus que décuplé le budget alloué au projet. Résultat : le projet a été annulé.
Le champion d’arène se perdit dans ses souvenirs, les yeux dans le vague.
— Quel est le rapport avec cette panne d’électricité ? demanda Sofian.
Mais Voltère n’eut pas le temps de répondre. L’ouvrier de l’autre côté de la porte vitrée termina sa conversation et adressa un signe au champion afin qu’il s’approche de la vitre.
— Monsieur Voltère, les techniciens sont sur le coup à Nénucrique, annonça-t-il. Ils ont repéré tout de suite le problème de la panne. Apparemment, il y aurait une pièce défectueuse sur le générateur et il faudrait se rendre à la centrale pour la changer. Mais ils ne peuvent pas se déplacer à cause de la neige. Les trains ont été annulés aujourd’hui en attendant que l’on déneige les voies de communication entre Nénucrique et Lavandia. Ils ne seront là qu’à partir de demain et…
— Zénobe, c’est impensable !
L’infirmière Joëlle était revenue, les bras chargés d’un Noeunoeuf frigorifié.
— Toutes nos machines de soin sont branchées à des batteries de secours, mais elles ne dureront pas plus d’une heure au rythme où on doit les utiliser pour tous ces pokémons glacés par le froid, indiqua le médecin d’un ton paniqué.
— Ça veut dire que nos pokémons ne pourront pas être soignés ? s’inquiéta Flora.
— Et que les urgences vont finir par être débordées ! s’affola l’infirmière Joëlle. Zénobe !
— Oui ! Oui !
Le vieil homme troublé se prit le crâne entre les mains, épuisé par la réflexion qui y avait lieu.
— Je dois aller sur place, ruminait Voltère, mais je ne peux pas car mes pokémons sont tous en attente de soin… Et nous sommes bloqués… Je… Je…
— On va vous aider !
Sofian avait saisi la main du vieil homme et la serra fortement afin de le calmer.
— Nos pokémons sont aussi dans l’urgence.
— Tu es sûr de ton coup, Sofian ? balbutia Flora. Je n’ai aucun pokémon avec moi…
— J’ai mon Dynavolt et mon Galifeu. Dites-nous où on doit se rendre et comment réparer votre centrale.
— Ce n’est pas une centrale, c’est un générateur… rectifia le vieil homme perdu. Enfin, si, le générateur est dans une centrale mais… Nous sommes bloqués dans cette cafétéria et…
Tout à coup, une vitre explosa et se réduisit en une centaine de petits débris. Galifeu venait de détruire une fenêtre d’un coup de patte. Un vent glacial pénétra dans la cafétéria.
— Voilà un problème de résolu, commenta Sofian.
Face à la détermination du jeune garçon, le champion reprit ses esprits et acquiesça. Il sortit de sa poche un ancien modèle de Pokénav et le tendit à Sofian.
— La Nouvelle Lavandia est peut-être un projet abandonné, mais il se trouve que nous avons profité de cet espace libre pour transformer le rez-de-chaussée en centrale électrique qui alimente toute la capitale, expliqua Voltère.
— Très bien ! On va à la Nouvelle Lavandia, on trouve votre générateur et on répare votre pièce.
— Attendez une minute ! intervint Flora. Comment on se rend à votre centrale électrique ? Et puis, il me semble que nous ne sommes pas des techniciens !
— En effet, mais vous avez un Dynavolt, fit remarquer Voltère en gardant une part de mystère. Vous trouverez Lavandia à vingt minutes de vélo vers le sud. Son entrée se trouve dans une petite grotte située sur un îlot au centre du fleuve. Le cours d’eau devrait être gelé, vous pourrez vous y rendre sans problème. Je vous guiderai par téléphone une fois que vous serez arrivés.
— Monsieur Voltère, nous n’avons pas de vélo, fit remarquer Flora.
— Moi bien !
Un homme avait parlé derrière eux. Voltère semblait le connaître car il s’adressa directement à lui :
— Je savais que je pouvais compter sur toi, Rodolphe.

Pokémon #201p
Sofian donna un nouveau coup de pédale et sentit le pneu avant glisser sur une plaque de verglas. Ils n’avaient pas une minute à perdre, mais toute cette neige rendait le parcours très dangereux. Galifeu s’était proposé spontanément pour ouvrir la voie en utilisant ses boules de feu afin de faire fondre la neige sur leur chemin. Derrière eux, Flora avait bien du mal à contrôler son vélo de course.
— Je t’avais dit de prendre un vélo cross ! lança Sofian en constatant la difficulté de son amie.
— Oui, ben j’ai pris le premier qui venait ! Ce Rodolphe aurait pu nous prévenir que ses vélos de courses ne peuvent rouler que sur du goudron fraichement posé !
Galifeu poussa un cri d’alerte. Ils étaient arrivés à l’endroit que leur avait indiqué Voltère : le long de la route enneigée, un fleuve complètement gelé entourait une petite île à quelques dizaines de mètre du bord. Au centre de cette île se dressait une toute petite grotte.
— Tu crois que la couche de glace est assez épaisse ? demanda Flora.
Sofian donna un coup de frein et son vélo cross buta de manière incontrôlée sur un monticule de neige gelée. Sofian fut projeté hors de sa selle et chuta lourdement sur le fleuve gelé. Il attendit un instant, mais rien ne se produisit.
— On a notre réponse, maugréa-t-il dans sa barbe.
Flora ne se priva pas d’un rire gras et Sofian la fusilla du regard. Il se releva et, après une quinte d’éternuements, récupéra le vélo qui lui avait été prêté.
— On ferait bieux de barcher jusqu’à la grotte, dit-il en reniflant.
— Ne me dis pas que… tu as le nez bouché !
Bais non !
— Ça y est, il a le rhume ! Ne t’approche pas de moi avec tes microbes !
Sofian leva les yeux au ciel, renifla à nouveau, et avança prudemment sur le gigantesque glaçon. Galifeu le suivit à la trace tandis que Flora garda une distance de sécurité entre eux tout en serrant davantage son écharpe autour de son nez.
Une plaque de métal avait été forgée à côté de la porte en acier de la centrale électrique. Gravé dans le métal, un texte court résumait l’histoire de la Nouvelle Lavandia.
— « Occupation actuelle : Centrale électrique de Lavandia. Attention : Danger mortel ! », lut Flora par-dessus l’épaule de son ami. Ça donne envie d’y entrer.
— C’est le but…
Sofian fouilla dans la poche de son manteau et en retira la grosse clé en fer forgé que Voltère lui avait confiée. Il l’inséra dans la serrure de la porte en acier et força un peu le verrou. Mais Sofian n’eut pas besoin de tourner la clé. La porte semblait déjà ouverte. Les deux adolescents la poussèrent de toutes leurs forces. L’acier grinça contre le sol gelé et libéra l’accès à un couloir baigné d’une lumière jaune.
— Les lampes sont allumées, remarqua Sofian.
— J’ai un mauvais pressentiment, marmonna Flora.
Sofian jeta un coup d’œil alentours, à la recherche d’une moindre explication. Alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans la centrale électrique, Flora tira sur sa manche pour attirer son attention. Silencieusement, elle pointa du doigt le sol enneigé autour d’eux. Sofian comprit tout de suite ce qu’il était censé regarder.
Mis à part les leurs, d’autres traces de pas apparaissaient dans la neige. Sofian compta quatre traces différentes. Ils n’étaient pas les seuls à la Nouvelle Lavandia. Les personnes qui étaient présentes avaient-elles un rapport avec la panne d’électricité ? Était-ce réellement une panne ou une coupure volontaire ?
Le regard angoissé de Flora en dit long sur son manque de volonté à entrer dans la centrale électrique. Mais ils avaient promis à Voltère de résoudre le problème. De plus, leurs pokémons avaient besoin de leur aide.
Sofian prit son courage à deux mains et traversa le pas de la porte. Sa chaussure couina sur le sol mouillé et il décida de les ôter afin de faire le moins de bruit possible. Flora l’imita et elle suivit Galifeu dans la centrale.
La première chose qu’ils notèrent fut la différence de température. Clairement, les lieux étaient chauffés par les énormes machines et pylônes électriques en activité le long des murs. Le couloir déboucha rapidement sur une salle rectangulaire. Au centre de la pièce se trouvait une énorme machine cylindrique qui montait jusqu’au plafond : le générateur dont leur avait parlé Voltère. Hormis cette grosse machine, la pièce était vide. Ils étaient seuls.
— Comment ça se fait que tout Lavandia est sans électricité, mais que cette centrale fonctionne tout de même ? questionna Flora en chuchotant.
— J’en sais rien, je ne suis bas ingénieur, répondit Sofian en reniflant. Dout ce qui nous intéresse, c’est ce généradeur.
L’adolescent s’approcha de la machine cylindrique et contacta Voltère sur son Pokénav.
— Vous y êtes ?! appela Voltère sans ménager son excitation.
Sofian acquiesça et lui fit signe de baisser le volume de sa voix.
— Monsieur Voltère, est-ce qu’il est bossible que la banne d’élecdricité soit de nadure criminelle ? demanda-t-il doucement.
— Que veux-tu dire là, mon garçon ?
— Addendez !
Sofian se moucha bruyamment avant de reprendre le combiné, les narines débouchées.
— Nous pensons que plusieurs personnes sont passées ici avant nous. Serait-il possible que quelqu’un ait volontairement coupé le courant dans tout Lavandia ?
Voltère ne répondit pas.
— Monsieur Voltère ?
— Oui, oui, je suis là, je réfléchis ! D’après les techniciens de Nénucrique, il s’agit d’une pièce défaillante dans le générateur, donc… euh…
Des voix étouffées retentirent dans le Pokénav. C’était comme si Voltère parlait à quelqu’un près de lui.
— Bon, écoutez, plus vite vous aurez réparer le générateur, plus vite vous serez de retour à Lavandia. Nous verrons à ce moment-là. Maintenant, nous avons une urgence à régler. Tu dois trouver l’ordinateur qui contrôle le générateur.
Sofian observa la machine cylindrique et tourna autour d’elle à la recherche d’un écran. Sous les indications de Voltère, il fit appel à son Dynavolt et Flora préféra les laisser travailler de leur côté.
Alors que l’adolescent suivait méticuleusement les procédures dictées par le champion d’arène, Flora inspecta les lieux plus attentivement. Ci-et-là pendaient depuis le plafond des fils électriques enroulés dans de volumineuse toiles d’araignée. La centrale électrique n’avait pas dû être visitée très souvent ces dernières années. De temps à autres, des petites diodes vertes et oranges clignotaient sur toutes les machines.
Un bruit sourd suivi d’un bruit de moteur retentirent. Sofian venait d’actionner un levier.
— Ça, ça veut dire que le système n’est pas défaillant ! indiqua Voltère au téléphone. Il faut maintenant que tu trouves un boitier orange.
Et Sofian se mit en quête de ce fameux boitier, aidé de ses deux pokémons.
Flora poursuivit l’inspection de la salle. Quelque chose ne tournait pas rond. Son sixième sens s’était activé mais elle ne comprenait pas où il voulait la guider. Elle arrêta sa ronde d’inspection face à un bureau renversé. Un ordinateur gisait au sol, sous une pile de documents. Flora poussa la chaise de bureau renversée sur le côté et son sang se glaça dans ses veines. Un Magnéti était enfui sous les décombres du bureau en bois, inconscient.
— Sofian, appela-t-elle en chuchotant.
Son ami ne répondit pas, trop concentré sur la réparation qu’il menait.
Flora essaya de retirer le corps du pokémon hors des décombres, mais quelque chose qu’elle aperçut du coin de l’œil l’immobilisa. Cette fois, c’était le corps inerte d’un Magnéton qui gisait sous une haute armoire massive. Flora s’approcha du pokémon évanoui et inspecta les lieux. Une trace au sol attira son attention. C’était comme une sorte de griffure sur le carrelage de la centrale. Comme si…
— Il y a un passage là-derrière !
Flora plaça délicatement le Magnéton inerte en sécurité sur une table et poussa de toutes ses forces l’armoire qui ne bougea pas d’un centimètre.
— Galifeu, viens m’aider !
Le pokémon demanda la permission à son maître, et Sofian lui répondit d’un geste de la tête, trop occupé à dévisser un boîtier orange de son socle.
— Ça y est, Monsieur Voltère ! indiqua-t-il en ôtant le couvercle du boitier.
— Alors ?
— Eh bien… Oui, je reconnais le condensateur que vous m’avez décrit mais… on dirait que les fils qui le raccordent au générateur ont été sectionnés.
— Misère ! Je n’aurais pas cru ça, même de la voix d’un Électhor !
— Les Électhor peuvent parler ?
— C’est une expression, mon enfant. Quoi qu’il en soit, il s’agit bel et bien d’un acte criminel. Il faut rétablir la connexion entre les deux pièces. Tu devrais trouver du scotch dans un tiroir quelque part…
Sofian se précipita vers les meubles de rangement et passa devant Flora. La jeune fille releva ses manches et poussa à nouveau l’armoire, aidée de la force impressionnante de Galifeu. L’armoire glissa sur le carrelage dans le tracé des griffes au sol et révéla une porte blanche. Excitée et effrayée à la fois, Flora ouvrit lentement la porte qui grinça sur ses gonds. De l’autre côté, un escalier était plongé dans les ténèbres ; probablement l’accès aux soixante-neuf sous-sols de la Nouvelle Lavandia.
— Très bien ! Il faut que tu relances la machine avec un petit coup d’électricité, expliqua Voltère. Et comme tu m’as dit que la batterie était morte, il va falloir que tu la recharges par toi-même.
Sofian échangea un regard déterminé avec son Dynavolt. La peur avait traversé les yeux du petit chien, mais Sofian lui caressa la crinière, juste en-dessous des oreilles. Dynavolt s’apaisa.
— Je t’avais dit que j’allais t’aider à surmonter tes phobies, rappela-t-il. Dynavolt, il est temps de découvrir toute l’étendue de ton attaque « étincelles » !
Sofian prit son Dynavolt dans les bras afin de l’amener à la hauteur de la batterie et le chien s’entoura d’électricité. Sofian se mordit la langue afin d’éviter de pousser un cri de terreur face à la vue du courant électrique, et ensemble ils rechargèrent la batterie.
— Alors ? L’électricité est revenue ?
Voltère ne répondit pas.
— Sofian, je crois que nous ne sommes pas les seuls.
Flora l’avait rejoint, les bras remplis de Magnéti évanouis. Sofian examina attentivement les quatre pokémons évanouis, et Flora lui montra les deux autres qu’elle avait trouvés. Puis, son regard se posa sur la porte ouverte sur un escalier ténébreux.
— Les enfants, appela Voltère d’une voix sombre dans le Pokénav. Il va falloir que vous descendiez au septantième étage de la Nouvelle Lavandia.
— Je pensais qu’il n’y en avait que soixante-neuf, répliqua Sofian, la voix tremblante.
— Des étages habitables, oui. Mais le septantième était dédié à la salle des machines, des souffleries pour amener de l’oxygène, des tuyaux d’arrivée et de sortie d’eau.
— En quoi est-ce que cela va aider à résoudre le problème de la centrale ?
— Parce que nous venons de rétablir le courant dans la centrale, mais quelque chose bloque l’accès de cette électricité au circuit électrique de Lavandia. Et la seule manière de rétablir le courant, c’est de réinitialiser le processeur qui se trouve au septantième étage.
Sofian déglutit en gardant les yeux fixés sur l’escalier ténébreux.
— J’imagine qu’il n’y a aucun moyen pour éviter de descendre septante étages à pied dans le noir ?
Tout à coup, les lampes de la cage d’escalier s’allumèrent automatiquement. Sofian et Flora échangèrent un regard terrifié.
— Voltère, dites-moi qu’il y a un système de reconnaissance vocale dans cette centrale.

Pokémon #201
La seule pensée qui l’avait habitée durant toute la descente fut qu’à un moment donné, ils allaient bien devoir remonter ces septante volées d’escaliers. Ça, et le fait qu’ils pouvaient tomber à tout moment sur des personnes malintentionnées, du genre de ceux qui avaient volontairement coupé le circuit électrique qui permettait à des centaines de milliers de personnes de vivre.
Au premier sous-sol, Flora avait jeté un coup d’œil à l’endroit où ils étaient arrivés. Le premier étage de la Nouvelle Lavandia disparaissait à perte de vue. Voltère ne s’était pas moqué d’eux. Ils avaient vraiment creusé par le passé l’équivalent de plusieurs kilomètres carrés sous le terrain de Lavandia. Cependant, le projet étant laissé à l’abandon, il ne s’agissait que d’un sol bétonneux infini habité par des milliers de poteaux qui semblaient maintenir la structure.
Au deuxième sous-sol, Flora était toujours aussi impressionnée par l’ingéniosité des constructeurs de l’époque, car le même étage, le même terrain vague s’étalait devant leurs yeux. Après avoir visité deux dizaines de sous-sols, la stupéfaction de Flora s’était transformée en lassitude.
Ils n’avaient croisé qu’une famille de Mimigal et un Triopikeur perdu au court de leur descente quand ils arrivèrent enfin au dernier étage dont l’accès était bloqué par une porte en métal.
…confrontation éclatera au sommet du Mont Chimnée.
Des voix étouffées s’élevaient derrière la porte qui donnait accès au septantième sous-sol de la Nouvelle Lavandia. Sofian entrouvrit délicatement la porte et Flora et Galifeu se mirent sur la pointe des pieds pour examiner l’endroit par-dessus le crâne de Sofian. Depuis la commissure de la porte, Sofian décerna trois ombres qui se levaient sur les murs sales du sous-sol. Le dernier étage de la Nouvelle Lavandia était tout aussi petit que le rez-de-chaussée. Sur les murs étaient fixés d’énormes tuyaux rongés par l’humidité tandis que de partout pendouillaient d’énormes câbles électriques.
Sofian décala son visage d’un centimètre sur la droite et les formes de trois êtres vivants apparurent. Ils se tenaient près d’une grosse tour d’ordinateur de trois fois leur taille. Deux étaient de taille humaine et cachés dans un uniforme rouge, l’un était un Miaouss dressé sur ses pattes-arrières.
— La Team Rocket… murmura Flora à son oreille.
Sofian l’empêcha de bouger, car il avait entendu une autre voix. Ils n’étaient pas seuls, et la dernière chose intelligente à faire était de lancer un combat dans une salle dont la seule issue était un escalier montant sur septante étages.
…quelle raison trois sbires de la Team Rocket de Kanto peuvent-ils bien décider d’intégrer la Team Magma de Hoenn ?
La voix du quatrième individu avait résonné dans tout le local. Elle était grave et franche, comme celle d’un homme mûr qui savait de quoi il parlait.
La Team Rocket a des projets de très grande envergure, répondit la voix de Jessie avec assurance. Et cela ne concerne en rien votre organisation.
Tiens donc ? Vous venez sur notre territoire, vous commettez des crimes dans nos villes, vous détournez notre argent, vous utilisez nos réseaux, vous exploitez nos pokémons, et vous pensez que cela ne nous concerne pas ?
Qu’est-ce que cela peut vous faire de toute façon ? Ce ne sont pas vos ressources à vous qu’on exploite.
C’était la voix de James qui avait parlé sur la défensive. Leur interlocuteur mit un certain temps à répondre.
Votre patron n’a aucune idée de ce dans quoi vous vous êtes engagés, n’est-ce pas ?
Jessie, James, partons. Cette discussion n’aboutira à rien avec les gens de sa Team.
— A qui tu penses qu’ils parlent ? murmura Flora.
Sofian agrandit légèrement l’ouverture de la porte et se déplaça à nouveau. Se tordant le cou, il put enfin découvrir le quatrième individu dans la pièce. L’homme était de taille moyenne et mince. Il portait un pantalon bleu foncé et une marinière, tandis que ses cheveux étaient noués dans un bandana bleu marine. Dans son dos, un logo en forme de « A » était dessiné à partir d’os. L’homme leur tournait le dos.
— La Team Aqua, chuchota Sofian.
Ce n’est pas la première fois qu’un sbire de la Team Rocket s’enfuit à Hoenn, vous savez ?
L’attention de Sofian s’accrut. Alors comme ça, la Team Aqua avait enquêté sur la Team Rocket. Maintenant que le sujet avait été évoqué, Sofian se rendit compte qu’il ne s’était jamais vraiment demandé ce que faisait trois sbires de la Team Rocket à Hoenn.
Jessie, James et Miaouss n’avaient pas répondu. Le silence qui s’ensuivit indiqua qu’ils étaient eux aussi intrigués par la suite du raisonnement de leur ennemi.
J’en conclue que vous savez de qui je parle. Non ?
Peut-être, et alors ? rétorqua Jessie.
Jessie… interpella Miaouss, comme s’il voulait la prévenir de ne pas trop en dire.
C’est un ami à vous ?
Alors là, on peut pas dire qu’on le porte dans notre cœur ! Cet homme est une brute, un…
James !
Cette fois, Miaouss avait été beaucoup plus autoritaire. Ses deux acolytes se rendirent compte de leur erreur.
Donc j’imagine que vous ne savez pas où…
— ATCHAAAA !!
Sofian se colla la main contre la bouche. Derrière lui, Flora se crispa et s’empêcha de ruer son ami de coup.
Le sbire de la Team Aqua s’interrompit. Jessie, James et Miaouss tournèrent brusquement leur visage vers la porte. Sofian, Flora et Galifeu se plaquèrent contre le mur. Le silence tomba. Avaient-ils été repérés ?
Après un instant d’attente terrifiante, Sofian se risqua à glisser un œil par l’entrebâillement de la porte. Mais la pièce était vide. Tout à coup, un flash lumineux enveloppa la pièce et aveugla les deux adolescents.
— Ils s’enfuient !

Pokémon #201n
Sofian déboula dans la pièce tel un boulet de canon, Flora et Galifeu sur ses pas. Lorsque le flash lumineux disparut, il cligna des yeux à plusieurs reprises afin de les acclimater à nouveau à une lumière moins vive. Il se trouvait dans un petit espace confiné au centre duquel se trouvaient dans leurs uniformes rouges Jessie, James et Miaouss, recroquevillés contre l’énorme tour informatique.
Sofian jeta un coup d’œil alentour, mais ils étaient seuls. Le sbire de la Team Aqua avait disparu. Pourtant, il n’y avait pas d’autres issue à la salle que la porte par laquelle il était entré.
— Cette fois-ci, vous êtes coincés ! lança-t-il à l’adresse de ses trois ennemis.
Les membres de la Team Rocket échangèrent des regards incrédules. Jessie prit la parole :
— Même au fin fond des sous-sols de Hoenn, vous arrivez à nous casser les b…
— Avec qui parliez-vous ? questionna Sofian d’une voix autoritaire.
— Avec ta sœur, cingla James.
— Ça m’étonnerait, ma sœur fait partie de la même organisation criminelle que vous. Vous avez tout le temps de lui parler dans votre petit village de bandits. L’homme qui était avec vous faisait partie de la Team Aqua.
— Eh bien pourquoi nous poses-tu la question si tu en connais déjà la réponse ?
Miaouss avait fait quelques pas en arrière et avait disparu derrière la tour informatique.
— Arrêtez tout de suite ce que vous faites, et rendez-vous ! ordonna Flora.
Jessie et James soupirèrent.
— Écoutez, nous savons tous comment cela va se terminer, dit l’homme d’un ton las. Vous allez vous mêler d’affaires qui ne vous concernent pas, vous allez nous retarder dans notre mission, nous allons devoir employer la manière forte et nous allons disparaître comme nous sommes apparus sans que vous ne puissiez nous arrêter. Alors, pourquoi ne nous épargnerions-nous pas toutes ces souffrances et ce temps perdu ?
— Je vois mal comment vous allez vous en tirez cette fois-ci, fit remarquer Sofian. Nous sommes à plus de cent mètres dans les sous-sols de Lavandia et votre seule issue se trouve derrière nous. Il faudra donc nous passer sur le corps, et nous savons tous les cinq qu’en combats pokémons, nous sommes les plus forts.
Le visage des deux criminels se durcit. Derrière eux, Miaouss poussa un cri de satisfaction avant de les rejoindre. Il tenait dans une de ses pattes-avants un petit objet rectangulaire et plat.
— Très bien, vous voulez des explications ? Je vais vous en donner, promit Jessie. Nous sommes venus récupérer un processeur très important pour une mission qui nous a été confiée par notre patron.
Sofian et Flora examinèrent la pièce métallique dans la patte de Miaouss.
— Nous pourrions passer l’heure qui arrive à discuter de l’utilité de cette pièce ou même de la raison pour laquelle nous en avons besoin, mais franchement, je suis la dernière personne à y comprendre quoi que ce soit en informatique. Mais il y a une chose que je sais. C’est que nous n’avions pas besoin de couper l’électricité de Lavandia pour retirer le processeur de cette tour.
L’instinct de Galifeu poussa le pokémon à se déplacer face à son maître et à adopter une posture de défense. Les deux adolescents l’avaient aussi vu : Jessie et James avaient porté leurs mains à leurs ceintures, où se tenaient prêtes leurs pokéballs respectives.
— À votre avis, pourquoi donc avons-nous tenu à couper l’électricité à Lavandia avant de mener notre mission ?
— Le centre pokémon… marmonna Flora pour elle-même.
— Touché, affirma James.
— Pas de pokémons en état de se battre, pas d’obstacles à la mission.
— Qu’est-ce qui vous dit que nous n’avons pas de pokémons pour nous battre ? lança Sofian sur un coup de poker.
Jessie et James sourirent.
— Parce que si vous en aviez, vous n’auriez pas laissé Miaouss récupérer le processeur, répondit simplement Jessie.
À ces mots, les trois acolytes amorcèrent un mouvement vers la porte de sortie. Galifeu voulut les empêcher d’avancer, mais Sofian ne se souvenait que trop bien de l’état dans lequel il avait laissé ses pokémons à la suite de leur dernier affrontement contre la Team Rocket. Seul contre leurs adversaires, aussi puissant et unique qu’il fût, Galifeu ne pourrait rien. Et il était hors de question de replonger son pauvre Dynavolt dans l’état de terreur qu’il avait ressenti face aux pokémons ennemis lors de leur dernière rencontre.
Jessie, James et Miaouss poursuivirent leur marche prudente vers la sortie et Sofian baissa les yeux. Ils avaient encore une fois gagné. Immobile, il laissa la Team Rocket se faufiler entre eux et disparaître par la porte de sortie.
— OUAILLE !
James avait poussé un cri de douleur.
Sofian, Flora et Galifeu se retournèrent promptement. James se frottait le front, plié en deux, et Jessie affichait un visage ahuri devant la porte ouverte.
— Qu’est-ce que… ?
Jessie franchit l’entrebâillement de la porte et poussa à son tour en cri de douleur en se tenant le crâne entre les mains.
— Mais… que… ?!
C’était leur unique chance de s’en sortir ! Sofian ne perdit pas de temps à essayer de comprendre la situation et dégaina sa pokéball.
— Dynavolt, profite du fait qu’ils te tournent le dos pour les empêcher d’avancer avec ton attaque « cage-éclair » !
Le petit chien au pelage vert se matérialisa et frappa de son crâne le dos de Miaouss. Le pokémon-chat se figea au sol dans un hurlement de douleur tandis que des éclairs entouraient son corps et Sofian lui arracha le processeur de sa patte. Comprenant le retournement de situation, Jessie et James balancèrent à leur tour leurs pokéballs dans les airs.
L’énorme serpent noir apparut de nulle part et fonça les crocs en avant sur Sofian qui l’évita en se jetant au sol. À quelques centimètres de son visage se matérialisa le Cacnéa de James. Mais Galifeu s’en débarrassa d’un coup de patte violent. Cacnéa s’envola vers son maître et traversa le rayon lumineux rouge qui se transforma en Papinox. Le papillon battit des ailes puissamment et Sofian se sentit reculer sous la force de la rafale de vent.
— Sofian, attention ! avertit Flora.
Démunie sans aucun pokémon, Flora courut s’abriter derrière la tour informatique tandis que Cacnéa revenait à la charge vers Sofian. Mais Dynavolt fonça à toute allure vers le pokémon plante.
— Papinox, empêche ces montres de bouger !
Une onde lumineuse s’échappa des yeux du papillon et fouetta de plein fouet Galifeu et Dynavolt. Les deux pokémons se figèrent sur place avant de se recroqueviller au sol, comme sous l’emprise d’une violente migraine.
— Sofian ! appela Flora.
Flora courut vers lui et lui montra l’accès vers les étages supérieurs qui avait été libéré suite aux combats. Sofian ordonna à ses pokémons de battre retraite et ils coururent tous vers la sortie. Cependant, Cacnéa envoya une rafale de dards qui traversèrent le pantalon de Sofian et se plantèrent au sol. Sofian était fixé au sol alors que Miaouss courait vers lui pour récupérer le processeur.
— Flora, attrape !
Sofian élança son bras pour envoyer l’objet convoité à son amie, mais son bras fut immobilisé par la longue queue de Seviper qui l’empêcha de bouger. Plaquer de tout son corps au sol, son Galifeu et son Dynavolt recroquevillés loin de lui avec leur migraine, Flora sans défense devant la porte de sortie, la Team Rocket avait à nouveau gagné.
James s’approcha de Sofian et s’accroupit devant son poing qu’il tenait fermé.
— Rends-nous ce processeur, dit James calmement.
Par fierté, Sofian garda le point fermé.
— Vous n’avez qu’à le prendre vous-même !
— Très bien.
James se releva, posa délicatement son pied sur le poing de Sofian et lança un dernier regard inquisiteur à l’adolescent. Mais Sofian refusa d’obéir. Alors, James écrasa vigoureusement son pied sur le poing de Sofian qui hurla de douleur. Il fallait qu’il tienne bon ! Il fallait qu’il tienne bon !
C’est alors qu’un craquement horrible s’éleva depuis son majeur et sa main s’ouvrit par réflexe. Hors d’haleine, Sofian n’eut pas la force de laisser s’échapper un nouveau cri de douleur tellement cette-dernière était insoutenable.
James récupéra le processeur et le lança à Miaouss.
— Partons !
Seviper relâcha son étreinte et libéra Sofian. Flora accourut vers son ami auprès de qui elle s’agenouilla, laissant la voie libre à la Team Rocket. Mais à nouveau, ils s’immobilisèrent sur le pas de la porte.
— C’est pas vrai ! s’horrifia Jessie.
— Encore lui ?! s’exclama James.
Sofian releva le visage pour voir ce qu’il se passait. Une boule verte fusa à toute allure sur la tête du Seviper et celle-ci fut giflée par une queue touffue. La boule verte s’en prit ensuite au Cacnéa de James, avant de terminer par le Papinox de Jessie. Les trois pokémons s’effondrèrent aux pieds de leurs maîtres.
— Qui… ?! s’exclama Flora sans comprendre.
C’est alors qu’un son strident résonna à leurs oreilles. Sofian se plaqua la main gauche contre son oreille, protégeant sa deuxième à l’aide de son épaule droite. Le son était insupportable, mais il tint à garder les yeux ouverts pour savoir qui leur était venu en aide.
Les mains collées à leurs oreilles, la Team Rocket recula de la porte en vitesse mais fut retenue par des éclairs qui fouettèrent le sol tout autour d’eux. Un Magnéti venait d’apparaître de nulle part.
Sofian sentit son pantalon se libérer du dard qui l’avait épinglé au sol : la boule verte lui était venue en aide. C’était un Arcko.
— Non…
C’est alors qu’un Tarsal apparut entre la Team Rocket et les deux adolescents.
— Ça ne peut pas…
Puis, un deuxième Tarsal fit son apparition derrière les trois malfrats. Puis un troisième, un quatrième. Une dizaine de Tarsal encerclait à présent les criminels.
— Depuis quand on s’attaque à la Team Rocket sans m’en laisser un petit bout ? résonna une voix depuis la cage d’escalier.

Pokémon #201n
Emmitouflé dans un énorme manteau vert, une écharpe épaisse lui recouvrant la moitié du visage, un bonnet en laine coiffé sur ses cheveux dorés, seuls étaient visibles ses yeux gris sur son visage. Non, ce ne pouvait pas être…
— Le troisième gamin ! reconnut Miaouss.
— Je pensais qu’il était mort de sa maladie !
TIMMY !!
Le jeune garçon leur adressa un clin d’œil en s’approchant de la porte qui séparait les escaliers de la salle du sous-terrain. Depuis quand Timmy avait-il un Magnéti ? Et autant de Tarsal ? Que se passait-il ?!
— Seviper ! Papinox !
— Cacnéa !
Les trois pokémons se relevèrent et attaquèrent chacun un Tarsal. Mais les trois Tarsal visés disparurent instantanément à peine touchés. Un quatrième Tarsal bondit de nulle part et chargea Cacnéa de plein fouet.
— Arcko, fais-leur vivre la misère avec tes « torgnoles » !
Le pokémon plante bondit dans les airs et écrasa sa grosse queue sur le visage de Seviper, avant de le gifler une deuxième fois, puis une troisième fois. Papinox vola à toute vitesse vers son associé.
— Magnéti, grille-moi ce papillon avec tes « éclairs » !
Le Magnéti inconnu envoya une décharge électrique depuis les aimants qui se trouvaient de part et d’autre de sa tête et le Papillon s’écrasa au sol dans une odeur de grillade peu ragoutante.
— ASSEZ !! hurla Jessie.
La femme rousse fourra la main dans sa poche, en sortit une petite boule noire et la projeta au sol à ses pieds de toutes ses forces. La petite boule explosa et une épaisse fumée noire se répandit dans toute la salle. Sofian se protégea l’orifice buccale et nasale afin de ne pas succomber à l’odeur nauséabonde de la fumée. Lorsque celle-ci se dissipa, la Team Rocket et leurs pokémons avaient disparus.
— Décidément, sans moi, vous êtes complètement perdus.
Sofian se vit offrir une main pour se relever. Face à lui se dressait un jeune garçon qu’il pensait ne plus revoir pendant un très long moment. S’extirpant de ses vêtements d’hiver, Timmy leur adressa un sourire rayonnant. Leur ami était de retour.

La remontée des soixante-neuf sous-sols de la Nouvelle Lavandia se fit plus rapidement qu’espéré. Ou du moins, Sofian ne se rendit compte ni du temps qui avait passé, ni de l’effort qu’il lui avait fallu pour grimper toutes ces marches interminables, ni même de la douleur provenant de son majeur cassé à la main droite. Flora et lui s’étaient plongés dans la narration de leurs aventures depuis qu’ils avaient quitté Vergazon et Timmy les avait écoutés avec enthousiasme, réagissant à chacune de leurs actions comme s’il les avait vécues avec eux.
— Donc, la Team Rocket a volé une couveuse d’œuf de pokémon qui est capable de décupler l’énergie de tout objet organique ainsi qu’un processeur d’une centrale électrique, résuma Timmy en se frottant le menton. Ça voudrait dire qu’ils sont en train de construire une machine pour décupler l’énergie de quelque chose, mais quoi ?
— Un œuf ? proposa Flora en lui montrant le sien. Peut-être qu’ils voulaient aussi voler cet œuf et qu’ils avaient l’intention d’en extraire plus vite le pokémon en son sein.
Timmy prit le gros œuf pâle dans les bras et l’examina longuement. Flora constata une expression angoissée qui traversa son visage mais une seconde plus tard, Timmy avait repris son air concentré.
— Peut-être qu’il contient un pokémon extraordinairement puissant et qu’ils veulent se le procurer, imagina le garçon. En tous les cas, vous avez bien fait d’en prendre soin. J’ai hâte de savoir ce qu’il contient !
— Et moi donc ! Si c’est un pokémon fabuleux, imaginez tous les rubans que je vais gagner !
— Et pourquoi ce serait ton pokémon ? demanda Sofian, jaloux.
— Parce qu’il me semble que c’est moi qui me le trimballe dans mon sac à dos depuis deux jours, que c’est moi qui fais en sorte qu’il reste chaud, que j’en prends soin malgré son poids constant sur mon pauvre dos de fille jeune et frêle, que…
— Ça va, ça va, je m’en fous de ton œuf, répliqua Sofian, lassé.
Timmy éclata de rire.
— Qu’est-ce que vous m’aviez manqué, les copains ! s’exclama-t-il en les prenant par les épaules.
— D’ailleurs, tu vas nous expliquer ce que tu fiches ici ? interrogea Flora d’un ton inquisiteur. Aux dernières nouvelles, tu étais censé tester ce médicament pendant au moins un an ! À moins qu’on ait traversé une faille temporelle, je ne pense pas que le marché ait été rempli !
— Qui sait ?
Flora le fusilla du regard. À bout de souffle, Sofian se laissa tomber sur une marche et engloutit une bouteille d’eau entière. Galifeu poursuivit sa montée, talonné par Dynavolt. Timmy, quant à lui, ne semblait pas plus fatigué qu’en temps normal.
— Le soir de votre départ, j’ai été admis à l’hôpital pour recevoir mon premier baxter de traitement, raconta Timmy. Dès le lendemain matin, les effets étaient plutôt concluants. C’était comme si je m’étais réveillé d’une longue nuit de sommeil. Je ne ressentais plus la fatigue musculaire avec laquelle j’avais appris à vivre, je respirais normalement, même mon teint de peau avait repris quelques couleurs !
— Incroyable ! s’exclama Sofian, fou de joie. Ça veut dire que tu es guéri ?
— Les médecins n’ont jamais prononcé ce mot, mais il se peut que mon système immunitaire se soit réveillé grâce à ce nouveau médicament.
— Un médicament miracle ? s’étonna Flora.
La jeune fille était beaucoup moins enthousiaste que Sofian.
— En tout cas, regarde mon état après cette montée d’escaliers ! fit remarquer Timmy. Pas une seule crise respiratoire, pas une faiblesse ! Quand ils ont fait ma première analyse de sang, c’était comme si je n’avais jamais eu de maladie ! Moi, j’en étais convaincu dès la première perfusion, mais les médecins tenaient absolument à poursuivre le traitement comme prévu pendant un an. Mais je savais, je sentais qu’au fond de moi, quelque chose avait changé. Comme une espèce de chaleur, à l’intérieur.
— Quelque chose me dit que tu n’as pas voulu suivre les recommandations des médecins, dit Flora, mécontente.
— Ils voulaient continuer à m’inoculer leur médicament pendant un an alors que j’allais mieux ! se défendit Timmy. Quand mes parents ont compris qu’ils voulaient me traiter en cobaye pour publier des études, ils ont tout de suite mis fin à mon hospitalisation. Et comme ils n’avaient plus d’excuses pour me garder à Vergazon, j’ai vite chaussé mes chaussures de sport et j’ai décidé de vous retrouver !
— Je suis tellement content qu’il n’aura fallu que trois jours pour que tu sois guéri d’un mal qui te court après depuis neuf ans !
Sofian se jeta dans les bras de son ami et le serra fort contre lui.
— Ouais !
Mais le regard fuyant de Timmy attira l’attention de la jeune fille. Timmy leur cachait quelque chose, elle en était convaincue.
Les trois amis reprirent leur ascension joyeusement.
— Quelle chance que tu nous aies rejoins si vite ! s’enthousiasma Sofian.
— Une chance ? Tu rigoles ! Vous êtes tellement lents et nuls en orientation qu’il ne m’a fallu qu’une demi-journée pour vous retrouver !
— Ça, c’est de la faute de Sofian. Incapable de suivre une route toute droite…
— Peut-être que si tu ne nous avais pas arrêtés tous les deux mètres parce que tu avais de la neige dans les chaussures…
— Que c’est agréable d’être de retour dans le groupe !
Les trois amis éclatèrent de rire en arrivant enfin au sommet des soixante-neuf sous-sols. Sofian passa le premier à travers la porte blanche. À cet instant, le Pokénav prêté par Voltère sonna dans sa poche. Ils étaient à nouveau en capacité de capter du réseau. Sofian s’éloigna du groupe pour expliquer la situation au champion d’arène tandis que Flora, Timmy et les cinq pokémons pénétraient à leur tour dans la centrale électrique.
Le Magnéti inconnu flotta devant le visage de Flora et se dirigea vers ses semblables toujours évanouis au sol.
— Ce doit être les amis de ce pauvre Magnéti, supposa Timmy.
— Il n’est pas à toi ? s’étonna Flora. Il avait l’air d’être très docile, pourtant.
— En marchant vers Lavandia, j’ai vu un hélicoptère de la Team Magma s’envoler depuis cet endroit. Je me suis dit qu’il ne fallait pas laisser passer une occasion de les arrêter.
— Et tu as décidé de les affronter tout seul ?
— Non ! Je voulais juste voir ce qu’ils tramaient et reporter leurs faits à la police de Lavandia ! Mais en arrivant, j’ai vu deux vélos — j’imagine que ce sont les vôtres ? — et puis ce pauvre Magnéti affolé, comme si on l’avait chassé de l’endroit. Je ne m’attendais pas à devoir sauver vos fesses en lui promettant de l’aider.
Timmy s’était agenouillé auprès du Magnéti qui flottait avec panique au-dessus de ses amis. Le jeune homme extirpa hors de son sac à dos un flacon de Super Potion et en aspergea le contenu sur les corps du Magnéton et des autres Magnéti évanouis. Les pokémons mirent quelques instants à reprendre leurs esprits, et bientôt ils voletèrent joyeusement en bande.
Le Magnéti envoya une petite décharge électrique inoffensive en direction de Timmy pour le remercier.
— Je t’avais dit que je t’aiderais à sauver tes amis, indiqua Timmy. Merci de m’avoir fait confiance.
Timmy lui caressa la vis qui était plantée sur sa tête et laissa le Magnéti jouer avec ses amis.
— Tu sais, il n’y a pas que toi qui te sois fait un nouvel ami.
Flora indiqua le Dynavolt de Sofian qui courait en rond en-dessous des Magnéti et Magnéton, la queue vibrant d’excitation, comme s’il voulait les rejoindre dans leur jeu aérien.
— Oui, d’ailleurs, il est à qui ce pokémon électrique ?
— Tu ne devineras jamais !
— Non… Arrête ! Ne me dis pas que Sofian a eu le courage d’attraper un pokémon électrique !
En entendant son nom, Sofian se tourna vers eux, le Pokénav toujours collé à son oreille.
— Bravo Sofian, félicita Timmy d’un rire moqueur, tu es un grand garçon maintenant ! Tu vas enfin arrêter de faire pipi au lit !
— Ta gueule ! s’énerva Sofian.
— Quoi dis ? appela Voltère au téléphone. J’ai cru mal entendre…
— Non, non, Monsieur Voltère ! Pardon, j’étais distrait !
Timmy et Flora éclatèrent de rire.

Pokémon #201e
Lavandia
À leur retour à Lavandia en fin de soirée, Voltère n’avait pas attendu une seconde. Il avait récupéré son Pokénav et avait disparu sur le chemin de la Nouvelle Lavandia en compagnie d’une troupe de policiers aguerris. Malheureusement, le vol du processeur par la Team Rocket avait empêché toute réparation durable de la centrale électrique, et le centre pokémon était toujours plongé dans les ténèbres de l’hiver.
Sofian s’était proposé pour aider à recharger les batteries du générateur de secours à l’aide de Dynavolt, et l’opération avait fonctionné. Après quelques dizaines de minute à échanger du courant électrique depuis le pelage de Dynavolt vers les énormes batteries, le courant revint dans le centre pokémon et les machines de soin se remirent automatiquement en marche. Les pokémons électriques de Voltère furent très rapidement remis sur pied et eurent pour consigne de prendre le relais. C’est ainsi que plusieurs Voltorbe et un Electrode maintinrent un niveau d’électricité constant dans les batteries de secours, le temps de la réparation.

— Je suis fier de toi, Dynavolt !
Sofian caressa son pokémon chien sous les oreilles comme le lui avait appris le champion de Lavandia. Il évita particulièrement d’employer sa main droite qui avait doublé de volume à cause de son majeur emplâtré. Amusée par la situation, Flora n’osa pas commenter la blessure de son ami qui poursuivait ses caresses, et Dynavolt se blottit davantage sur son maître. Il étira les pattes pour être en contact avec l’œuf qu’il tenait à protéger et s’endormit aussitôt. L’infirmière Joëlle vint alors leur apporter les pokéballs de leurs pokémons enfin soignés, et Flora bondit de joie en faisant apparaître les siens.
— Les amis, regardez qui sont de retour ! annonça-t-elle après un long câlin à ses pokémons.
Flobio, Charmillon et Skitty se jetèrent sur Tarsal et Arcko une fois les avoir reconnus. Sofian autorisa Nirondelle, Ecrapince et Balignon à faire de même et les neuf pokémons poussèrent des cris hystériques, s’attirant les regards excédés des clients alentours.
— Ouh que ça fait du bien un bon chocolat chaud !
Timmy s’était jeté sur sa tasse à peine servie et se réchauffa les mains autour. Derrière eux, la fenêtre brisée de la cafétéria avait été bouchée par une plaque de bois, mais cela n’empêchait pas le vent glacial de s’infiltrer.
— Bien vite que cet hiver passe ! se plaignit Timmy.
— Enfin un être humain censé ! applaudit Flora.
— Vous n’êtes que des faibles, se moqua Sofian. Venez passer un seul jour de décembre à Kanto, et vous arrêterez de vous plaindre !
Comme d’habitude, Flora répliqua et la dispute reprit entre les deux amis. Timmy en profita pour extraire de sa poche un petit flacon orange et en avala une pilule avec discrétion. Il crut croiser le regard interrogateur de Flora et préféra lancer un nouveau sujet de discussion.
— Maintenant que je suis de retour, la prochaine étape du voyage sera vite atteinte ! annonça Timmy. Sofian, tu comptes toujours te rendre à Vermilava ?
— Evidemment ! Mon quatrième badge m’y attend !
— J’espère qu’on y sera avant les vacances de Noël, parce que tu pourras dire adieu à ton badge pendant les deux semaines de congé, indiqua Flora.
— Oh mais cette fois, on a Timmy pour nous y amener. Tu ne risques pas de nous faire prendre trois jours comme pour faire le chemin entre Vergazon et Lavandia.
— Trois jours ?! Vous avez mis trois jours ? Il faut littéralement cinq heures de marche pour rejoindre les deux villes ! C’était quoi votre plan sans moi et mon Pokénav ? Errer dans Hoenn jusqu’à ce que la faim ait raison de vous ?
— C’est pourquoi toi et ton cher et si précieux Pokénav révolutionnaire, vous allez être très utiles, répondit Sofian avec un grand sourire. D’ailleurs, il y a toutes les informations dont j’ai besoin pour gagner mon badge dans ton Pokénav.
— Ouais, non. Je pourrais t’ouvrir la page officielle de l’arène de Vermilava sur mon Pokénav, mais je crois que je vais attendre encore un peu. J’aime beaucoup vous voir galérer autant. Ça me fait me sentir important.
— T’as besoin d’humilier tes amis pour te sentir vivant ?
— Clairement, oui ! Oh au fait, avant que je n’oublie : vous êtes cordialement invités au mariage de Roméo et Jules qui aura lieu le vingt-huit décembre à Vergazon.
— Timmy…
— Ne me demandez pas comment leurs deux familles se sont mis d’accord. Moi, tout ce qui m’intéresse, c’est qu’ils m’aient demandé d’être leur garçon d’honneur.
— Timmy…
— D’ailleurs, toi aussi tu le seras Sofian. Et toi aussi, Flora, tu seras leur demoiselle d’honneur…
— Timmy !
Flora arriva à faire taire son ami et pointa du doigt un pokémon qui flottait dans les airs à côté de leur table.
— Magnéti ?
Le petit pokémon électrique fit vriller ses aimants autour de sa tête et flotta au-dessus de la table, face à Timmy.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? s’étonna le jeune garçon.
— J’ai comme l’impression qu’il n’a plus trop envie d’être un ouvrier dans cette centrale, fit comprendre Flora.
— Tu… tu as fait tout ce chemin pour me retrouver ?
Le Magnéti tourna sur lui-même et s’entoura de courant électrique pour faire connaître son enthousiasme.
— Je… Je ne sais pas si c’est une bonne idée…
Timmy se souvint de la dérogation qu’il avait obtenue pour voyager dans Hoenn jusque Vergazon. Celle-ci ne mentionnait qu’un seul pokémon. Puis, il croisa le regard de son Tarsal et son Arcko qui s’étaient déjà liés d’amitié avec Magnéti. Et se souvenant qu’il n’avait pas réfléchi en capturant Arcko, il décida qu’il n’avait pas besoin de se poser plus de question pour le cas de Magnéti. Car lui aussi, il avait apprécié la compagnie de ce nouvel ami.
— Bon, eh bien, c’est décidé. Tu fais à présent partie de la bande !
Timmy tapota une pokéball sur le crâne métallique du pokémon électrique et celui-ci fut aspiré dans la sphère. Instantanément, un faible bruit sourd s’échappa de la pokéball afin d’indiquer la réussite de la capture. Le jeune garçon libéra de suite son nouveau pokémon et le prit dans ses bras.
— Je crois que c’est le plus beau jour de ma vie ! Je suis enfin guéri, je suis libre de voyager avec mes deux meilleurs amis, un troisième ami pokémon…
— …et tu es celui qui va m’indiquer toutes les informations dont j’ai besoin pour gagner mon quatrième badge d’arène ! La vie n’est-elle pas merveilleuse ?
— Crève Sofian, je préfère te regarder ramer encore un peu.
— ATCHAAA !
— Baaah ! Tu en as foutu partout !
— C’est dégueulasse !
— Ça va, on l’a vu ton doigt Sofian, tu peux le ranger !

Pokémon #201r
À suivre dans : « Confrontation au sommet du Mont Chimnée »