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Le Baron Rouge : Autodafé de FireHana



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Informations

» Auteur : FireHana - Voir le profil
» Créé le 19/04/2020 à 22:23
» Dernière mise à jour le 30/11/2022 à 17:35

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Drame   Guerre   Présence d'armes

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8 : Orage d'Acier
La secousse fut si forte que beaucoup d'entre eux se retrouvèrent à terre. Gvidon fut l'un de ceux-là - il eut la chance de chuter sur le dos, ce qui lui évita de se briser les côtes s'il était tombé par devant. Grom avait posé l'un de ses genoux à terre et se maintenait avec ses deux gigantesques mains pour ne pas perdre l'équilibre. Adonis sautillait, malgré lui, sa face contre le sol, à côté du caninos qui couinait en faisant de même. C405 ne parut en revanche pas plus perturbé que cela : le trou dans lequel il était niché lui permettait sûrement d'endurer des secousses.

L'instant où la terre cessa de trembler, ils entendirent des hommes hurler à tous bords, hystériques.

Ils étaient attaqués.

Avec le plus de zèle possible, ceux tombés à terre se relevèrent et quittèrent précipitamment la tente. Grom fut dans les derniers, s'assurant du regard qu'aucun pokémon ne restait avant de fermer la marche, juste derrière Gvidon qui avait eu quelques difficultés à se remettre debout.

Dès qu'il mit le pied dehors, le pokémon Acier se sentit agressé par le bruit - les cris, les ordres, les bruits d'armes et surtout les moteurs d'avions - les odeurs - le feu, la poudre, le gaz - et les mouvements incessants des flots de corps armés.

Il se figea. Il ne parvenait absolument pas à distinguer Andrey dans cette foule changeante et impersonnelle. Où devait-il aller ? Où étaient les ennemis ? À qui devait-il obéir ? Qu'est-ce qu'il devait faire ?

Il entendit l'élekable grogner derrière lui. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Pourquoi n'avançait-il pas ?

Gvidon n'eut pas besoin de répondre. Alors que le grand pokémon le dépassait, il vit surement la terreur qui l'habitait. Peut-être en avait-il déjà vu d'autres avant lui qui, sans chef, ne savaient plus quoi faire de leurs cinq lames. Quoi qu'il en soit, il lui conseilla de ne pas rester ici et que, s'il n'avait pas d'idée où pouvait être son dresseur, il pouvait toujours le suivre.

Ce qu'il fit.

Alors que l'élekable avait affirmé être plutôt lent, le scalpion eut du mal à le suivre. Lorsqu'il se déplaçait sur ses deux pattes arrières, effectivement le pokémon Électrik était presque nonchalant dans sa démarche mais dès qu'il utilisait ses bras, il devenait bien plus rapide. Le pokémon Coupant n'osa même pas imaginer ce dont il avait été alors capable par le passé.

Le pokémon Foudrélec finit par s'arrêter net. Comme il était loin devant lui, Gvidon ne savait pas exactement pourquoi il s'était stoppé si abruptement. Il fallut qu'il parvienne à le rejoindre pour comprendre : il y avait un humain en uniforme avec plein de petites décorations sur la poitrine qui flattait le gigantesque singe. Gvidon crut reconnaître le supérieur qui les avait accueilli dans leur premier camp. Plus que sa grande moustache brune qui paraissait lui dévorer tout le visage, ce fut une sorte bâton noir que portait l'homme à sa ceinture qui l'intrigua. Il n'avait jamais vu cela auparavant.

L'homme lui jeta un regard en biais mais ce fut au géant qu'il s’adressa :

— Tu me rapportes un nettoyeur maintenant ? Bah, il pourra surement se rendre utile.

Le scalpion baissa un instant les yeux, embarrassé. Puis, il releva instinctivement la tête, ayant entendu un sifflement strident qui venait du ciel.

— ATTENTION ! LES AIRMURES SONT EN TRAIN DE FAIRE GRÊLER ! hurla un soldat non loin d'eux.

Aussitôt un bouclier vert apparu au-dessus d’eux alors que des aiguilles cristallines rasèrent le camp, déchirant les tentes et frappant les quelques malheureux qui n'avaient pas pu se mettre à l'abri. L'un fut touché au bras, l'autre au dos. Certains étaient tombés et ne s'étaient pas relevés. Mais la plus part des projectiles s'enfoncèrent à moitié dans le sol, présentant des lames aussi aiguisées que celles que Gvidon arborait. Quant aux Picots qui rencontrèrent la protection créée par l'élekable, ils éclatèrent en poussière, provoquant un son qui rappelait une violente pluie d’orage.

Les oiseaux en armure disparurent aussi vite qu'ils étaient arrivés. Le para-projectile s'estompa doucement. Grom murmura une incantation et une sorte de d'aura incandescente les enveloppa tous les trois.

- Joli Mur Lumière, susurra le militaire, mais il va falloir qu'on arrive à abattre ces saletés lorsqu'elles repasseront. Faites attention où vous mettez les pattes d'ailleurs.

Gvidon exhala bruyamment. Il frotta frénétiquement ses lames manuelles avant d'écarter les bras dans un mouvement sec. Il ne fut pas insatisfait de sa Danse-lames. Grom lui avait conseillé un soir de toujours s'échauffer de cette manière avant d'entrer dans la bataille. Le faire pendant était trop risqué.

Pas si loin d'eux, un bruit de mitrailleuse se fit entendre, suivit d'une explosion lointaine : un avion venait de se faire toucher. Gvidon vit l'engin fondre vers la terre, avant de disparaître dans un coup de tonnerre, au loin.

Le pokémon Ténèbres cligna des yeux, se reconcentrant sur son environnement proche. La panique, causée par la première attaque, s'était calmée grâce à l'intervention de l'humain aux décorations. Les soldats étaient dorénavant sur le qui-vive, l'arme à la main et potentiellement un pokémon à côté, un peu replié vers les tentes.

- Préparez-vous à tirer, intima-t-il aux hommes, ils ne devraient plus tarder.

L'élekable se raidit lui aussi. Il souffla à Gvidon d'une voix grave qu'il lui faudra terminer les aimures au sol. Même la foudre ne faisait que les sonner et il fallait au moins s'y reprendre deux fois pour les achever. Gvidon hocha la tête en guise de réponse.

Il eut une sorte d'attente. Le scalpion n'arrivait plus qu'à discerner les battements de son cœur et sa faible respiration. Et ils attendaient, attendaient que quelque chose brise cette apparence faussement paisible.

Puis, ce long bruit suraigu si caractéristique leur parvint de nouveau.

Les soldats se mirent alors à canarder de toute part. Les pokémons alliés en firent de même, alors que les airmures, au-dessus d'eux, tentaient de les toucher de nouveau. Certains, plus téméraires, faisaient des piquées dans les espaces entre les tentes. C'étaient eux qu'on abattait le mieux mais aussi ceux qui faisaient le plus de dégâts. Une offensive à double-tranchant, en somme.

Des pokémons oiseaux de leur camp s'étaient aussi joints à la partie, rajoutant du chaos autant dans le ciel que sur terre.

Un étouraptor ami avait réussi à mettre au sol un des pokémons Armoiseau ; les deux se battirent à coup de becs avec une violence inouïe. Gvidon réprimanda l'envie de se jeter dans la mêlée : il ne pouvait qu'être gênant pour son camp.

Le bec du pokémon Acier eut un mouvement violent vers la tête de l'étouraptor qui poussa un hurlement de douleur - mais à cause de leur rapidité, Gvidon ne put savoir ce qu'il arrivait à son compagnon d'arme. Cependant, une gerbe de sang gicla, rougissant le sol - il n'y avait aucun doute qu'elle appartenait au rapace brun.

Le combat semblait s’éterniser. Aucun des deux ne paraissaient prendre définitivement le dessus l'un de l'autre, et ils se roulaient continuellement dans la poussière.

Brusquement l'étouraptor réussit à s'extirper de son assaillant en se propulsant contre le corps de son adversaire, le déstabilisant suffisamment pour le faire chuter. Aussi vivement qu'il s'était échappé de son ennemi il fondit sur lui, l'assenant d'un puissant Close Combat. Des craquements effroyables se firent entendre, au point que les cris de l'airmure furent étouffés. Du moins, s'il put crier. Il sembla à Gvidon qu'on lui visa d'abord la mâchoire ou la gorge - pouvait-on hurler dans ce cas ?

Le coup final donné, l'Armoiseau s'écroula définitivement tandis l'oiseau survivant se retourna, et repartit à tire-d’aile vers les cieux.

Gvidon avait eu le temps d'apercevoir qu'il lui manquait un œil. Au point où l'organe avait été atteint, peu de chance que les infirmiers puissent faire quoique ce soit pour lui. Le mieux qu'ils pourraient faire serait de rendre la chose un peu plus présentable.

Le scalpion ravala abruptement sa salive - un coup de tonnerre venait de retentir et cela ne signifiait qu'une chose : c'était à lui d'entrer dans la bataille.

Un rapide regard en balayage lui permit de trouver son future adversaire. Un autre airmure, dont les bouts des ailes avaient pris une teinte un peu noircie. Il était à terre, parfaitement inerte, allongé sur le ventre. Gvidon arrivait derrière lui, de sorte qu'il ne pouvait savoir s'il était encore conscient ou non.

Sentant que les effets de sa première Danse-Lames et le Mur Lumière étaient en train de s'émousser, il prit la décision d'en effectuer une seconde. Question de sureté. Rien ne lui confirmait que l'airmure ne -

Gvidon ne comprit même pas ce qui lui arriva lorsque l'Aile d'Acier le frappa de plein fouet. L'impact fut si fort que le pokémon Coupant fut expulsé dans la toile d'une tente. Il ne sut exactement comment, mais elle se déchira à sa rencontre et le pokémon s'assomma contre quelque chose de dur.

Lorsqu'il reprit connaissance, c'était trop tard. Il ne restait pas la moindre trace de son opposant.

Le scalpion se releva difficilement. Sa tête bourdonnait légèrement mais il avait surtout un immense mal de crâne. Son regard se posa sur une table en bois renversée. En se levant un peu, il en vit d’autres intactes ; il en déduisit qu'il devait être dans le réfectoire.

Le petit pokémon attendit que sa céphalée se dissipe avant de sortir de la tente. Il leva la tête pour s'assurer qu'il n'y avait aucun ennemi potentiel. Par ici, c'était étrangement calme. Le ciel était voilé. Les nuages lui paraissaient cependant trop haut pour pouvoir masquer les avions - du moins, s'ils souhaitaient faire une offensive. Pourtant, il entendait encore des sifflements et la terre vibrait doucement sous ses pieds.

Prudemment, les yeux toujours levés, Gvidon s’avança.

Aussitôt une douleur aiguë le traversa le long de son échine. Il venait de marcher sur l'un des Picot restants.

Sa réaction fut immédiate : il se recula brusquement et feula de douleur. Il eut l'horreur de constater que la lame saline s'était enfoncée dans le creux de sa voute plantaire.

Un froid intense l'envahit dans ses entrailles. Il devait trouver un soigneur, au plus vite. Mais il fallait-il encore marcher, pensa-t-il.

Une idée lui vint. Il s’assit en tailleur, tremblant encore de douleur mais également d'appréhension. Il positionna son pied sur son autre jambe et tenta de l'orienter vers lui. Le Picot devait faire deux centimètre de diamètre, ce qui était une taille moyenne pour ce type de piège. L'entaille ne saignait pas. Enlever l'écharde de sel changerait ce statut. Gvidon pensa que cela ne pouvait qu'être un malus bien maigre face à ce qu'il endurait actuellement.

Il eut beaucoup de mal à se pencher suffisamment pour agripper le Picot, trop peu souple. La seule fois où il réussit à l'attraper, il serra les dents trop fort et une partie vola en éclat, ne lui laissant qu'un désagréable goût salé en bouche. Il cracha prestement les cristaux, écœuré et attristé. C'était inutile de s'acharner dessus à présent : il ne pourrait plus l’atteindre.

La gorge sèche, il se releva et tenta de chasser son état d'abattement. Avec de la chance (beaucoup de chance) il trouverait quelqu'un qui pourra l'aider.

Le scalpion renifla, et boita en s'approchant de la sortie. Tout allait se jouer dans le hasard et la vitesse.

Il inspira.
Une fois. Deux fois. Trois fois.
Et il se lança.

À défaut de courir, il boitilla à grandes enjambées dans l'allée vide. Sur le moment, cela ne lui parut pas étrange et il ne se posa pas plus de questions. Au contraire, il y trouva un avantage car il n'avait nul besoin de bousculer qui que ce soit.

Gvidon avait en tête de s'abriter dans une autre tente et recommencer l'opération jusqu'à rejoindre un groupe. Mais alors qu'il arrivait jusqu'à la plus proche de lui, il s'arrêta à l'entrée, tétanisé : un incendie venait de se déclarer à l’intérieur.

Effrayé, il se recula. Hors de question d'entrer là-dedans. Il scruta frénétiquement son environnement des yeux ; aucune ouverture ne se présentait.

Il continua son chemin, ignorant le désespoir qui commençait à germer en lui. Et puis, cette absence de référent ou simplement de membre de la même armée lui pesait.

… Il y avait un curieux bruit qui flottait dans l’air…

Son corps comprit avant lui ce qui se tramait, mais il n'eut le temps que de se tourner de demi avant de se faire plaquer au sol. Son côté gauche fut traîné violemment contre la terre, lui brûlant la peau.

Le scalpion tenta de se débattre ; ce fut vain : les serres de l'airmure le maintenaient d'une poigne de fer. Ses lames ne parvinrent même pas à effleurer le corps du rapace.

Il aperçut une lumière incandescente du coin de l’œil : c'était le bec de l'oiseau qui s'apprêtait à exécuter un Bec Vrille.

À défaut de s'enfuir ou de pouvoir contrer son attaque, Gvidon eut le réflexe de détourner la tête. Le coup ne se fit pas attendre. Il fut moindre que ce qu'il anticipa - le bout de son exosquelette qui protégeait sa joue tenu bon. En revanche le bruit causé par la collision le sonna, avant que son ouïe ne se dérobe complètement.

Le cou de son adversaire était suffisamment proche pour que le pokémon Ténèbres puisse l'atteindre. Il s'empressa aussitôt de lui assener une Griffe Acier, espérant que cela lui laisserait une ouverture pour s’échapper.

À défaut de l'entendre crier, le pokémon Coupant le sentit lâcher prise. Il n'avait réussi qu'à l'égratigner (à sa grande surprise) mais cela fut suffisant pour se soustraire au rapace.

Il essaya de courir avant de succomber de nouveau - son pied blessé le trahit au premier pas. En chutant à plat ventre, ses lames ventrales s'enfoncèrent dans son abdomen, lui coupant le souffle.

Une serre se posa sur son dos et le tracta vers l'arrière. Puis on le retourna violemment, de sorte qu'il ne put tenter de s’échapper.

L'airmure le regardait de toute sa hauteur. Gvidon ne comprit pas très bien pourquoi il lui accordait ce temps mort.

…Il commençait à faire drôlement chaud…

Gvidon se dit alors qu'il allait certainement mourrir. Il ne voyait aucune échappatoire possible. Même s'il arrivait à se débarrasser de cet ennemi, quelque chose lui disait qu'il ne restait plus personne capable de l’aider.

Le visage souriant de Cathie lui apparut brièvement.

Il eut alors une sorte de révélation. Alors qu'il était clairement en état de faiblesse, il leva ses bras et montra ses lames, prêt à en découdre. S'il devait mourrir, il fera en sorte de l'emporter avec lui.

Le pokémon Vol le toisa.

— Imbécile, lâcha le volatile.

Peut-être à cause des acouphènes, Gvidon ne put savoir s'il avait été froid ou moqueur.

Le pokémon Armoiseau écarta les ailes, s'apprêtant probablement pour une attaque Aile d'Acier. Le scalpion mit ses bras en croix, mais c'était sur sa lame frontale qu'il amassait ses forces.

Au moment où l'airmure allait l’achever, une boule de feu le percuta, le forçant à libérer sa proie.