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Le Baron Rouge : Autodafé de FireHana



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Informations

» Auteur : FireHana - Voir le profil
» Créé le 19/04/2020 à 22:16
» Dernière mise à jour le 30/11/2022 à 17:27

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Drame   Guerre   Présence d'armes

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7 : Explosions
Si le scalpion se retourna vers celui qui venait de les interpeler, il n’en fut pas de même pour Andrey. Il s'était arrêté et il ne fit un seul autre mouvement de plus ; comme s'il venait de se rendre compte qu'il était prit dans un piège.

Feliks paraissait particulièrement de bonne humeur. Il lança un salut envers Gvidon, qui lui répondit brièvement d'un hochement de tête.

Le brun attrapa l'épaule d'Andrey qui eut un sursaut avant de lui faire face, se dégageant d'un coup d'épaule de sa main.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en tentant de masquer sa mauvaise humeur.

Feliks fut un peu stoppé dans son entrain par le ton glacial de son interlocuteur. Il passa une main derrière sa tête et essaya de reprendre un air détendu.

— Eh bien, je pense que ça va te faire plaisir, mais je ne sais pas trop comment l'aborder… Bon.

Il inspira un grand coup. Le brun prit une expression très sérieuse.

— J'ai remarqué que tu ne t'entendais pas très bien avec ton compagnon. Et, tu vois, il se trouve que moi je l'aime bien - et j'ose croire que c'est réciproque.


L'humain face à eux posa un regard amical à Gvidon. Celui-ci se sentit mal à l'aise de se faire prendre à parti dans la conversation et esquiva le contact oculaire.

Feliks reprit :

— Du coup, je me suis dis que lorsque j'aurai un nouveau pokémon, on pourrait se les échanger ? Comme ça, tout le monde est content : tu en as un avec lequel tu t'entendras mieux et moi je récupère le tien !

Le blond l'écouta sans rien émettre de paroles. Mais Gvidon le sentit se raidir.

Sa voix explosa comme une bombe alors qu'il s’égosilla :

— Et pourquoi je ferai ça ? Est-ce que tu n'as, ne serai-ce, qu'une seule idée du temps qu'il m'a fallu pour le rendre suffisamment puissant pour qu'il puisse se battre correctement ? Peut-être qu'il t'aime bien , comme tu dis, mais je suis quasiment certain que tu ne sais même pas quelles attaques il connait, ni même les stratégies à employer.
—Je peux apprendre ! rétorqua l'autre.
— Apprends avec un autre. Si tu as réussi à faire clapser le tien, je doute que tu sois capable de maîtriser celui-là. Je tiens trop à lui pour me retrouver avec un chenipotte ou je ne sais quoi d'autre. Si tu veux te trouver un autre pokémon, demande à un autre abruti à arnaquer.

Le visage, habituellement rosé d'Andrey, avait viré au cramoisi tant la colère s'était emparée de lui. Feliks était en revanche devenu blême. Il ne s'attendait pas à autant de violence de la part de son camarade d'armes. Gvidon, au fond de lui, n'était pas si surpris que ça. Il commençait à cerner comment le blondinet fonctionnait. Ça ne voulait pas pour autant dire qu'il n'était pas déçu de la tournure des événements. Il en était même frustré. Mais que pouvait-il faire? Rien. Tant que leurs supérieurs n'intervenaient pas, il ne pouvait rejoindre l'humain qu'il préférait. Cela serait désobéir aux ordres directs ; cela ne leur causerait - à Feliks et à lui - que des ennuis.

Le brun reprit sa contenance. Son visage s'était fermé.

— Bien, lâcha-t-il froidement.

Il tourna aussi sec les talons. Le scalpion le regarda, à regret, s'éloigner dans une tente quelconque du campement, avant de rejoindre le dresseur dans une autre.

°-°-°-°
Le lendemain même après cet épisode, Gvidon voulut interroger Grom sur ce qu'il connaissait de la confession Azurienne . Le scalpion pensait, en effet, trouver des réponses quant au comportement exécrable que pouvait porter Andrey sur lui. Et comme le pokémon Foudrélec était le plus expérimenté, il devait en savoir bien plus que les autres.

L'élekable réfléchit un long moment. Il lui admit qu'il ne connaissait que quelques notions et qu'il était loin de connaître toutes les histoires auxquelles cette religion était rattachée.

— Ceux qui se revendiquent de confession Azurienne, expliqua le borgne, pensent que le monde a été crée par deux êtres très puissants. L'un était ce que l'on appelle un Arcéus , l'autre une sorte d'humain aux pouvoirs très puissants. L'Arcéus créa les pokémons tandis que l'autre, eh bien, donna naissance aux humains. Mais les deux se firent la guerre, voulant que l'une de leur création régisse le monde. Arriva alors un troisième, que l'on nomme le Renégat, qui trahit son père, Arcéus, en créant sa propre patrie. Cette dernière était alors constituée de spectres. Les anciens ennemis s'allièrent afin d'expulser le Renégat et ses enfants, qu'ils scellèrent partiellement dans un autre monde. Durant leur croisade, Arcéus reconnut la vaillance et le supérieur intellectuel des humains et leur laissa le soin de gouverner le monde ainsi que les pokémons…

Le pokémon Électrik se gratta le cou, un peu embarrassé. C'était tout ce qu'il savait ; il se doutait que cette histoire n'avait pas réellement éclairé Gvidon.

Ce dernier ne l'admit pas, mais il avait eu un peu du mal à suivre le récit. Il avait grossièrement compris que c'était un conte où tout le monde se tapait dessus et où les humains triomphaient à la fin, mais c'était à peu près tout. Ça, et le fait que les spectres étaient des méchants. Mais lui, il n'était pas un spectre ! À moins qu'Andrey le prenait pour tel ? Non, ça n'avait pas de sens… Il avait dû se rendre compte, depuis le temps, qu'il n'était pas un spectre… Il ne l'avait même pas présenté comme tel à Dunya.

Le pokémon Ténèbres soupira. Il n'avait rien appris. Tant pis. Peut-être qu'au final, Andrey ne l'aimait pas et puis c'était tout. Parfois, les autres étaient comme ça. Un visage ne revenait pas à untel, et paf ! Il le détestait jusqu'à ce que mort s'en suive.

Résigné, Gvidon rejoignit Feliks et ses camarades, attablés autour d'une caisse en bois. Ils jouaient aux cartes cette fois.

Feliks fut le premier à le remarquer et le flatta doucement au niveau de son exosquelette.

— Eh bah, revoilà Gvidon tiens ! s'exclama Lyov avec surprise, Je ne pensais pas qu'on le reverrai de si tôt !
— Bein, vu comme l'autre s'en occupe - Andreï c'est ça ?
— Andrey, corrigea Feliks d'un ton morne.
— Oui, Andrey, c'est pas si étonnant en soit. Si j'étais à sa place, j'en aurai marre de me faire traiter comme un sac-à-puces… À toi, Lyov.
— Un peu quant même. Les scalpions sont plutôt réputés pour leur fidélité si tu leur prouves que tu as de la valeur… comme la majorité des pokémons Ténèbres en fait.

Il posa toutes ses cartes avec un sourire goguenard.

— Quelqu'un dit mieux ?
— Pff, je vais finir par croire que tu triches, soupira Matvey en jetant son jeu.
— Oui, moi aussi, renchérit Feliks.
— J'ai juste plus d'expériences les gars, c'est tout ! rit le grand bonhomme en s'étirant.

Une fois qu'il eut fini de se prélasser, il reposa son attention sur Gvidon. Le pokémon le dévisagea en retour. Est-ce qu'il attendait quelque chose de lui ?

L'humain claqua de la langue. Deux fois. Gvidon comprit qu'il voulait avoir son attention.

— Viens, Gvidon.

Il n'était pas sûr de lui. Ce brutal intérêt pour sa personne l'inquiétait un peu. Du coin de l'œil il observa Feliks. L'humain paraissait calme, attentif. Curieux aussi. Il avait confiance en Lyov. Le scalpion se détendit alors un peu. Il s'approcha timidement du mal peigné. Celui-ci quitta lentement son tabouret et s'accroupit, doucement, à sa hauteur. Il l'inspecta longuement.

— Il a quand même l'air en bonne santé, finit-il par dire, ses lames paraissent plutôt robustes et je ne vois pas de blessures récentes.

Il sentait un peu le sucre, remarqua Gvidon. Il avait peut-être mangé des bonbons ?

— Mouais, ça veut rien dire, bougonna Feliks.
— Tu sais, il y a pas mal de dresseurs qui… chahutent , pour parler avec leurs termes, leurs pokémons… murmura l'aviateur.
— Ils ne devraient pas, coupa durement Lyov en se redressant, les pokémons ne sont pas jouets que l'on casse et qu'on remplace. Ce sont des êtres vivants qui sont tout à fait capable d'éprouver de la rancœur. Et une fois que la guerre sera fini, qu'est-ce qu'on en fera, de ces êtres qui haïssent l'Homme ?

Il y avait un éclat de tristesse dans sa voix. Matvey baissa la tête, susurrant un c'est vrai sans conviction. Feliks garda le silence.

L'homme se rassit abruptement dans son siège alors que Gvidon retourna auprès de Feliks. Il s'assit sur les fesses, étendant ses jambes rouges, juste à côté des bottes de celui-ci.

— Tu ne l'as pas caressé… releva-t-il un peu étonné.
— Nan, vu comment il a hésité à m'approcher, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Ils ne se laissent touchés que s'ils font vraiment confiance à la personne en question, répondit celui aux cheveux ébènes en faisant un petit mouvement de main.
— Oh !

Le soldat brun eut un sourire en coin. C'était amusant : on avait l'impression que son visage creux venait de se gonfler de fierté.

— Tu sembles en connaître long sur les pokémons de manière général, releva alors le plus barbu de la bande. Qu'est-ce que tu faisais comme métier avant la guerre ?
— Professeur pokémon, sourit-il un peu amèrement.
— Professeur pokémon ?! C'est super prestigieux ! Pourquoi tu n'es pas devenu dresseur ? s’écria Feliks.

Son interlocuteur eut un rire sombre.

- Nan. Je me serai trop attaché. S'il serait mort, ça m'aurait anéanti. Et si on survivait, j'aurais sûrement voulu l'emporter chez moi. Mais les pokémons appartiennent à l'Aurore, il les recasera sûrement ailleurs…

Il eut un soupir las. Puis il demanda à ses camarades ce qu'ils faisaient avant. Matvey avait été boulanger ; Feliks n'avait pas encore travaillé car embauché dans l'armée dès la fin de son service militaire.

Ils échangeaient sur leur vie passée tandis que Gvidon restait sur cette phrase que Lyov avait prononcé.

Les pokémons appartiennent à l’Aurore.

Il n'appartenait à personne. Éventuellement, il pouvait accepter l'idée que l'on dise que Babouchka ou Cathie le possédait… Mais c'est tout.

Il les recasera sûrement ailleurs…

C'est-à-dire ? Où exactement ? Ne rentreraient-ils pas chez eux, tout comme leurs compagnons humains ?

Une pression douloureuse s'exerça sur son ventre. Non, l'Aurore ne ferait pas ça. C'était un chef compréhensif, il se montrerait souple. Oui, il comprendrait.
Soulagé, il poussa un bref soupir et reprit intérêt dans la conversation des trois hommes.

— … écrivait à sa sœur et il m'a claqué la porte au nez, grogna Feliks.

Gvidon crut comprendre que l'on reparlait d’Andrey.

— Elle est mariée ? interrogea aussitôt Matvey curieusement intéressé.
— Si elle a le même caractère que lui, ça m'étonnerai ! s'exclama le plus grand.


Ils éclatèrent tous les trois d'un rire gras. Gvidon fit une petite moue : il ne trouvait pas ça si drôle.

°-°-°-°
En plein milieu de la nuit, ils furent tous réveillés par les cris de leurs supérieurs. Ils devaient partir. Tout de suite. Avec précipitation, on les firent monter dans les camions et ils partirent aussi sec.

Ils firent de très longues heures de route. Gvidon ne se souvient pas vraiment de ce qui a pu se passer : il avait beaucoup somnolé, et s'il se rappelle que ses compagnons de voyage avaient un peu discuté, le pokémon Acier ne s'y intéressa pas assez pour en avoir une restitution cohérente.

Ils arrivèrent vers le milieu de matinée. Des hommes à l'arrière les accueillirent gravement. Ils paraissaient exténués. Démotivés. Au loin, Gvidon entendit des bruits d'armes à feu.

— C'est pas trop tôt, grimaça un humain avec des petites décorations sur le haut de son habit bleu, messieurs, si vous voulez bien me suivre…

Il s'était retourné en ajoutant :

— Aucun pokémon admis, la salle est assez petite comme ça…


Ces derniers obéirent, laissant les pokémons derrière eux.

Adonis couina. Que devaient-ils faire maintenant ? Ils n'allaient tout de même pas rester là - les militaires passaient de droite à gauche autour d'eux et c'était évident qu'ils gênaient. Grom se décida à prendre les choses en main alors que le groupe commençait à vocaliser bruyamment. Il devait bien il y avoir un endroit où ils étaient admis, il suffisait de trouver où.

Un caninos se proposa pour faire un bref tour du campement et trouver le dit endroit. L'élekable y consentit et demanda à deux autres pokémons supplémentaire de l'aider. Le scalpion échangea un regard avec lui et sut que le grand pokémon Électrik souhaitait qu'il se joigne à eux. Il hocha la tête, affirmatif, et il partit explorer de son côté.

Il ne trouva malheureusement pas grand chose. Il était allé dans la partie dédiée à l'infirmerie. Il n'eut pas besoin d'entrer dans les tentes pour s'en rendre compte : l'odeur du sang empestait de partout. Le pokémon s'apprêtait à rebrousser chemin mais il croisa quelqu'un qui pourrait lui fournir des informations.

Le scalpion ignorait de quel pokémon il s'agissait. Il en avait déjà croisé un mais il ne savait comment les nommer. C'était une sorte de bipède bicolore beige et rose, avec des sortes de petites antennes qui sortaient hors de ses oreilles. Il portait un brassard bleu marine orné d'un cœur blanc, signe prouvant qu'il appartenait au corps des infirmiers. Gvidon ne ressentit pas d'aura particulière émaner autour de lui et il en déduit que c'était certainement un pokémon de type Normal.

Gvidon l'interpela et le questionna poliment. Le pokémon infirmier répondit à ses interrogations avec la même tonalité. Ils n'étaient pas aussi loin de leur chambre qu'ils ne l'avaient imaginé, pensa le bipède Ténèbres.

Après avoir remercié le nanméouïe (c'était apparemment le nom de son espèce), il s'en alla communiquer ses informations avec les autres. Le caninos, déjà revenu avant lui, confirma l'emplacement. Bien qu'il eut le sentiment un peu amer de ne pas avoir été très utile, le scalpion ignora son ressenti.

Leur nouvelle tente était étrangement vide. Pourtant, ils étaient tous certain qu'elle avait habité - sans être un pokémon sensible aux odeurs, Gvidon sentait que d'autres avaient vécu ici pendant un certain temps.

N'osant empiété sur la propriété d'un autre, le groupe resta au centre de la tente, attendant quelque chose, quelqu’un.

Un sifflement leur parvint avant que la terre ne se mette à trembler et à hurler.