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Projet Triple 3 de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 28/03/2020 à 09:55
» Dernière mise à jour le 19/09/2020 à 16:42

» Mots-clés :   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de Pokémon inventés   Terreur

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Chapitre 2 : Qui se soucie d'une équation ?
L’un des réconforts d’Auguste, quand il étudiait les systèmes matriciels gérant le peu qu’on avait réussi à modéliser des mécanismes biologiques des Pokémon, c’était que ces horreurs ne serviraient pas avant des décennies, le temps que les théories progressent.

Trente-cinq ans plus tard, il se retrouvait dans un bureau, en train de factoriser l’équation de Randall, et il commençait à regretter d’avoir eu la main légère sur les exercices.

Si encore ça avait été des équations différentielles du n-ième ordre, ou des endomorphismes non-euclidiens… Ça, ça allait, il en avait subi régulièrement. Mais non. L’équation régissant les interactions entre les types d’un Pokémon était une somme (infinie) de produits (infini) de matrices (infinies) vectorielles en dimension infinie. Une abomination mathématique comme on n’osait en inventer qu’une par millénaire.

Le pire, c’était que ce n’était même pas difficile. Bien sûr, si le biologiste avait été abandonné devant une copie blanche, avec un sujet lui ordonnant de trouver une réponse de mémoire, il aurait probablement paniqué. Mais il avait accès à toutes les théories et les méthodes nécessaires, en trois clics ; et il se rappelait assez nettement les astuces qu’il avait dû développer quand il avait factorisé l’équation à sa première racine. Ce coup-ci, il ne lui restait plus que le sale boulot à faire : le calcul.

Il suffisait de passer d’une forme générale de l’équation à une autre, plus pratique ; mais cela demandait énormément de rigueur pour ne pas se tromper en chemin. Donc énormément de papier. En plus, la troisième racine de l’équation était un entier à soixante chiffres. Cet enfoiré tenait à peine sur une feuille en paysage.

Il faudrait qu’Auguste en touche deux mots au chercheur l’ayant trouvé. Déjà pour le sermonner ; ensuite pour lui extorquer la méthode par laquelle il avait déterminé ce nombre. Quelqu’un d’encore aussi jeune que ce David Adeneuer, à peine sorti de son doctorat, n’avait aucune idée de la quantité de fric qu’il pouvait se faire en vendant un trésor pareil — et il risquait donc de le faire dès qu’il l’apprendrait, alors qu’en gardant le secret, il pourrait trouver des applications encore plus juteuses.

Bref. Auguste cherchait désespérément à se concentrer, alors qu'il n'y avait rien de plus difficile que de se concentrer sur une tâche stupide et débilitante que du calcul à l’écrit. Et bien entendu, le temps qu’il se soit plongé dans le bain et ait rédigé deux ou trois lignes, on l’interrompit.

Monsieur Damos ! annonça un Sbire en passant la tête par la porte du bureau où s’était établi le Champion. On a un colis qui arrive !

— … Dîtes-moi que vous n’avez pas besoin de moi.

— Euh, je veux bien, mais ce sera faux.

Il reçut un grognement quelconque pour toute réponse.

Mais on peut peut-être s’arranger, hésita-t-il.

— Nan, c’est bon, reprit Auguste. Je m’en charge.

Les calculs faciles mais précis avaient cela d’ennuyeux qu’une fois qu’on en levait la tête, on pouvait aussi bien aller éplucher les patates avant de s’y remettre. Comme beaucoup de choses dans la vie, d’ailleurs.

Douze glissades sur les tapis roulants du sous-sol plus tard, et après avoir traversé la cour, Auguste sortait du monastère pour tomber nez à nez avec un car en train d’essayer de faire demi-tour sur le petit parking. Le Champion commença par se demander si c’était possible, avant de se rappeler que les cars ne semblaient pas obéir aux lois de la physique. Au code de la route non plus, d’ailleurs.

Puis le conducteur s’arrêta en travers, et Auguste comprit qu’il allait devoir déplacer sa voiture. Il pesta contre l’aménagement du parking — qui était l’abruti qui avait transformé le monastère en base de la Team sans se soucier de l’arrivée des colis ?

Finalement, le chauffeur du car coupa son moteur, malgré la place désormais suffisante pour tourner. Les portes s’ouvrirent, laissant descendre une horde de touristes qui eurent vite fait de s’éparpiller un peu partout. Et le chauffeur annonça à la cantonade qu’il faudrait déplacer les sacs emportés dans la cabine vers la soute. Puis se dirigea vers le Champion.

Bonjour monsieur ! lança-t-il gaiement

— Bonjour. Vous vous êtes perdus ?

— Non, nous suivons un itinéraire de découverte des paysages de Kanto. Ça ne pose pas problème si je laisse les passagers se dégourdir les jambes ici ? L’office de tourisme nous a indiqué le monastère comme ouvert au public — mais nous n’avons pas l’intention de rester, bien sûr, seulement de prendre quelques minutes pour admirer le paysage…

— Nan, aucun problème.

L’une des deux grandes difficultés de la combine était que le chauffeur n’était pas au courant : il fallait forger un prétexte pour qu’il s’arrête et fasse descendre les sacs, et il fallait le persuader que rien d’anormal ne se passait. Bientôt, parmi les larges sacs de voyages qui circulaient entre la cabine et la soute du car, quelques-uns se perdirent à l’intérieur du monastère.

Et le second ennui habituel arriva, évidemment. L’un des dix ou douze touristes (sur une vingtaine) à ne pas être des Sbires en civil remarqua le Champion de Cramois’île, et vint lui demander un autographe. La signature d’autographe était l’une des activités qui gonflaient le plus Auguste ; il avait donc pris l’habitude d’avoir une bonne excuse.

Je vais aller chercher un stylo à l’intérieur et j’arrive, oui.

Le touriste repartit sans autographe. Et le chauffeur du car, lui, repartit sans se rendre compte que la Team avait débarqué en douce deux Sbires et une douzaine de sacs au total, contenant du matériel en pièces détachées.

Pendant encore une bonne demi-heure, Auguste supervisa la descente des sacs dans les caves du monastère. Il en porta lui-même plusieurs, sachant par expérience que ce seraient d’autant moins de sacs risquant d’être malmenés. Expérience qui fut d’ailleurs vérifiée quand le plus jeune des six Sbires présents sur la base prit un tapis roulant avec une mauvaise position de la cheville. Il n’arriva pas à maintenir sa position quand le tapis le projeta vers l’avant, et s’étala sur le sol glissant du couloir.

Rien de cassé ? lança Auguste, quelques mètres plus loin.

— J’suis à moitié écartelé mais ça va !

— Et les pièces ? continua le Champion.

— Euh, vu comment elles ont cogné, je crois qu’elles n’ont rien non plus… Y’a quoi dans vos sacs pour que ce soit si lourd ?

— Pas mal de ferraille. Dont pas mal de ferraille fragile.

En quelques pas, le Champion se retrouva à côté du Sbire, et ouvrait son sac pour vérifier que rien n’était cassé. A priori, vu le bruit sourd qu’avait fait le sac, il devait contenir des armatures métalliques, voire un blindage anti-radiations. Donc Auguste s’inquiétait plutôt pour les côtes du Sbire.

Le sac révéla contenir du sable.

Mais sérieusement… grommela le Champion. Personne n’a pensé à vérifier les sacs ?

— Euh, non, hésita quelqu’un. On n’a pas trop l’habitude des livraisons.

— Bien… Mesdames et messieurs, je vous présente un leurre. Un sac qui sert juste à décourager les vrais touristes de s’occuper des affaires des autres lors de la livraison d’un colis, et à rassurer le conducteur quand il ferme sa soute, histoire qu’il voit des sacs aussi renflés que ceux qui ont été débarqués. Autrement dit quelque chose qui n’a rien à faire dans cette base. On aura encore des livraisons, ne vous faîtes pas avoir la prochaine fois !

Le sac en question resta donc dans le monastère, tandis que les autres étaient descendus dans les laboratoires.

Auguste trouvait parfois un peu ridicules les techniques utilisées par la Team pour faire de la contrebande sous le nez des offices de tourisme de la Région. Mais il devait bien admettre qu’il n’y avait jamais eu de problème, aussi étonnant cela soit-il. Et il voyait difficilement une meilleure excuse pour justifier qu’un poids lourd vienne amener des quintaux de pièces détachées dans un coin paumé.

Une fois les onze sacs utiles amenés au sous-sol, l’un des Sbires demanda à Auguste ce qu’ils devaient en faire.

Rien, répondit-il. Il va falloir assembler tout ça, oui, mais il manque encore pas mal d’éléments. Et puis il y a le temps ; je vous dirais d’attendre simplement que l’équipe scientifique arrive, avec le prochain car.

Un murmure de soulagement parcourut les Sbires.

Sur ce, reprit Auguste. Je vous laisse, j’ai toujours mon équation à factoriser.

Au total, près de trois quarts d’heures s’étaient écoulés depuis qu’il avait abandonné ses calculs. Il lui fallut donc relire ses feuilles en long et en large avant de se rappeler ce qu’il devait faire ensuite. À peine cinq minutes plus tard, un autre Sbire passait la tête par la porte de son bureau.

Euh, sans vouloir vous déranger…

— Hmph.

— Oui, on n’est pas trop sûrs de savoir gérer le colis — et puis ils nous ont prévenus, les scientifiques sont dans le car. Mais si vous voulez…

— Nan… c’est bon, j’arrive.

En sortant du monastère quelques instants plus tard, le Champion se félicita d’avoir laissé sa voiture dans la pente où il l’avait garée : le nouveau car s’était retourné sans problème. Enfin, sans problème jusqu’à ce qu’un panache de fumée noire s’échappe de son bloc-moteur.

Et l’environnement, nom d’un chien… pesta Auguste.

S’ensuivit le ballet classique : décharger les sacs pour accéder au moteur depuis la soute, amener les sacs dans la base, faire quelques millions de photos, vérifier que les sacs contenaient bien des pièces détachées et non du sable, rassembler les touristes et repartir. Ce car-ci abandonna sans s’en rendre compte sept sacs et quatre personnes — comment diable est-ce que ça pouvait passer inaperçu ? Parfois, Auguste ne cherchait même pas à se poser la question.

Bien, annonça-t-il une fois arrivé dans le bâtiment nord du monastère, avec les autres membres de la Team (et les sacs). J’aurais une question à poser.

— Oui… hésita un des Sbires.

— Quelqu’un, ici, a trahi la Team. Si nous sommes forts, c’est parce que nous avons des valeurs fortes, que nous respectons — parmi lesquelles la simplicité. Pas de plan machiavélique en six cents étapes, pas de manipulations politiques à grande ampleur… Nous allons droit au but. Et l’un d’entre vous a enfreint cette ligne de conduite.

Il laissa une courte pause, pour ménager l’effet. En espérant aussi que cet Adeneuer avait de l’humour.

L’un d’entre vous s’est introduit dans les archives scientifiques de la Team et y a retrouvé un projet de création de Pokémon entièrement artificiels. L’attribution des types de ces derniers nécessite de maîtriser une équation. Et on m’en a donné une racine horriblement complexe. C’est anti-Rocket, et j’exige que le coupable se dénonce !

Quelques sourires gênés parcoururent les Sbires, soulagés de ne pas être ciblés. Les deux ou trois plus jeunes, cependant, avaient plutôt l’air de se demander si c’était sérieux. Parmi les trois scientifiques, il y en avait un qui avait connu Auguste et qui s’efforçait de ne pas montrer son hilarité — il avait deviné la plaisanterie. La seconde, et plus vieille des trois, affichait un air vaguement intéressé. Et le troisième était un jeune homme d’une trentaine d’année, rasé de frais, aux cheveux noirs. David Adeneuer.

Je… commença-t-il sans trop savoir sur quel pied danser. C’est moi.

— Si je vous dis que vous n’êtes pas un Rocket, affirma Auguste en gardant un air aussi sérieux que possible. Qu’en dîtes-vous ?

— Eh bien, il est vrai que je ne partage pas certaines valeurs de l’organisation…

— Très bien ! le coupa le Champion. Ça nous fera un peu de diversité, pour faire de la recherche c’est pas plus mal.

La vieille connaissance d’Auguste se recula discrètement pour ne pas laisser voir aux autres Rockets son rictus hilare. La doyenne des scientifiques afficha à peine un léger sourire. Les Sbires commencèrent à se jeter des regards franchement interloqués. Et quant à David, il ne savait plus du tout où se mettre — en même temps, avec un accueil pareil…

Je ne… hésita-t-il, avant de reprendre en assurance. Je dois admettre, monsieur, que je ne vois pas où vous voulez en venir.

— Eh bien, avez-vous cru un seul instant que je vous en voulais sérieusement ?

Les visages se détendirent un peu partout ; David restait sur ses gardes, mais commençait à être rassuré.

Haha, non ! s’esclaffa Auguste. Je vous faisais marcher depuis le début !

— Ah bon. Super.

— Mais vous verrez, quand vous aurez écrit deux ou trois fois ce satané nombre à soixante chiffres, vous aussi vous aurez envie de rigoler un peu aux dépens des autres !

— Bah déjà, répondit David en prenant un air vache. Il ne tenait pas sur ma calculatrice, j’ai dû coder un programme entier pour voir si ça marchait. Donc en fait je comprends.

Auguste rit de bon cœur à cette phrase — utiliser je comprends renvoyait clairement aux bonnes pratiques à adopter quand on parlait avec un fou. Le moins qu’il puisse dire, c’était qu’il l’avait bien mérité.

Allez, trêve de plaisanteries ! conclut-il. On descend tout ça aux labos.

Cette fois-ci, il n’y eut pas d’accident, même si un des Sbires dût faire demi-tour pour aller chercher un scientifique qui s’était perdu dans le labyrinthe de tapis roulants. Après quoi David et Auguste abandonnèrent les six Sbires aux deux autres scientifiques.

L’équipe commençait à se mettre au travail : d’un côté les théoriciens s’attaquaient à l’équation de Randall, de l’autre les aides de labos assemblaient les bidules trafiqués d’Auguste, comme les appelait Giovanni. Ces machines étaient des unités de soins intensifs, comme les centres Pokémon en utilisaient pour soigner les Pokémon gravement blessés ; mais avec quelques modifications. Ainsi, là où les exemplaires commerciaux pouvaient par exemple maintenir en stase un Pokémon grièvement blessé le temps qu’on s’occupe d’un empoisonnement, les modèles de la Team servaient surtout pour des incubations de Pokémon in vitro.

En théorie, ces machines ne serviraient pas avant qu’Auguste et David n’aient réglé le cas de l’équation de Randall. En pratique, le temps que David survole les notes d’Auguste sur la factorisation, on appelait à nouveau le Champion.

Patron… demanda un Sbire en passant la tête par la porte.

— …

— On nous a amené de la verrerie, et les scientifiques aimeraient bien vérifier qu’elle est fiable…

— De la verrerie, releva Auguste. Pas par bus quand même ?

— Non, non ! Ils l’ont livré par camionnette, comme prévu.

— Bon… J’arrive, grommela-t-il en se relevant du bureau.

— Je viens avec ! ajouta David. Ça fait un bail que je n’ai pas utilisé de verrerie, j’aimerais bien reprendre la main un peu avant de refaire des manips compliquées.

— D’accord.

Après cinq mètres de couloirs, Auguste se rendit compte qu’il devrait ralentir le pas pour ne pas perdre David, pas encore habitué aux tapis roulants et aux glissades. Mais ils arrivèrent sans dommage dans un labo où des Sbires en civil finissaient de décharger la verrerie qu’ils avaient apportée. Elle scintillait sous la lumière blanche des néons.

Bien. David, il y a une vérification complète de la verrerie à faire. Tu sais ce que ça veut dire ?

— Acides, bases, corrosion, dilution et décantation, électrolyse, filtrage… récita le doctorant sans trop d’enthousiasme.

— Tu oublies le plus important : faire la vaisselle !

— Ah, oui… râla David. Ça fait vraiment longtemps que j’en ai pas fait.

— Eh oui. Bon, donc on prépare deux solutions corrosives, on les dilue dans des solvants différents qu’on mélange ensuite, et on passe le tout au 220V. Je te laisse l’acide ?

— Ça marche !

— Bon, on vous laisse ! lancèrent les Sbires, ayant terminé de sortir la verrerie de ses racks de rangement.

— Merci, bonne journée à vous ! répondit David.

— Attendez ! demanda Auguste. Y’a un sac de sable qui a échoué dans le monastère pendant une livraison, est-ce que vous avez moyen de le ramener à la Team ?

— Pas de problème, on repasse à un entrepôt juste ensuite.

Après leur départ, les deux biologistes se dirigèrent vers l’armoire du fond du labo. Pas de surprise sur ce coup-là : comme toute installation normale de la Team, elle était équipée décemment. David n’en afficha pas moins un rictus stupéfait quand Auguste y prit une pleine brassée de pots sans même prendre la peine de regarder les étiquettes.

Euh, on n’a pas besoin de tout ça, si ?

— Non, mais quitte à chercher des solutions, autant voir un peu ce qu’on aura pour la suite.

Ce fut vite fait, la Team n’allait pas jusqu’à stocker des produits peu utiles dans chaque labo. Un instant plus tard, ils avaient amené deux fioles vers les tables où s’alignaient tubes à essais, béchers, ampoules et erlenmeyers. L’objectif était simple : se servir de tous ces machins jusqu’au dernier, au cas où l’un d’eux serait défectueux. Cela avait un point commun avec les calculs de factorisation que les deux biologistes étaient en train de ne pas faire : il fallait être prudent sur les doses, mais ça ne demandait pas particulièrement d’habileté. Aussi, une fois les solutions préparées, Auguste relança la discussion pendant qu’ils se servaient du matériel.

Sinon j’aurais vraiment une question. Comment t’as fait pour trouver cette racine interminable, dans l’équation de Randall ?

— Euh. Alors.

La gêne perceptible dans la voix de David laissa Auguste s’attendre à quelque chose d’aussi interminable que le nombre lui-même.

C’est une longue histoire, avoua David. À la base, ça part d’un délire avec un ami de la fac. Je l’avais mis au défi de calculer une équation bête, peut-être une identité remarquable mais je ne suis plus sûr… avec des longueurs en unités de Planck.

— Aouch. C’est combien, déjà, l’unité de Planck ?

— Il y en a un milliard de milliards de milliards… de… euh, de centaines de millions, dans chaque mètre. Enfin 10 puissance 35, quoi. Du coup. Ça s’est fini en rituel qu’on faisait avec chaque nouvelle équation qu’on découvrait.

Donc, j’ai écrit celle de Randall en forme développée, sur ordinateur. J’ai mesuré l’aire que ça prenait en unités de Planck et j’ai divisé par le nombre de pixels, et j’ai foutu ce nombre dans l’équation. Comme je te — euh…

— Pas de problème, je te tutoie donc je ne le prendrais pas mal.

— D’accord. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, j’ai dû coder un programme rien que pour pouvoir calculer le truc. Et ça a rendu 0.

— En gros, tu l’as trouvée au bol.

— Pour résumer… oui.

— Tu as trouvé la troisième racine de l’équation de Randall au bol. T’es au courant du bol que t’as ?

— Ouais, sur le coup j’y ai pas cru non plus.

Les expériences se poursuivirent encore un moment ; elles avaient plus l’air de consommer du temps que des produits chimiques. Finalement, quand il fallut laver chacun des outils employés, David posa à son tour une question à Auguste.

Du coup, pour cette factorisation… Il reste grand-chose à faire ?

— Hmm. J’ai commencé ce matin, et… Il est quelle heure ?

— Quasiment midi.

— Donc en quatre heures, j’ai fait à peu près cinq minutes de boulot dessus.


Petite anecdote
Le titre original du chapitre, c'était Qui se soucie d'une équation quand il y a de la vaisselle à faire ? Ça ne tenait pas dans le champ du titre...