Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Baron Rouge : Autodafé de FireHana



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : FireHana - Voir le profil
» Créé le 25/03/2020 à 21:21
» Dernière mise à jour le 30/11/2022 à 16:12

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Drame   Guerre   Présence d'armes

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
5 : La marche vers l'Ouest
Ils ne restèrent pas longtemps sur le lieu de leur conquête. Trois jours plus tard, ils partirent vers là où le soleil se couchait. Leur armée avait subtilisé les engins encore en bon état de leurs ennemis, dont quelques tanks. Elle avait peint par-dessus ses couleurs avec cette sempiternelle étoile incandescente sur le flanc des bêtes mécaniques.

Certains avions étaient partis en éclaireur, mais la plus part étaient remorqués par les camions. Camions qui transportaient matériels, hommes et pokémons, chacun dans un appareil distinctif.

Gvidon n'aimaient pas trop ces transports. Resté assis, entassé avec d'autres qui supportaient plus ou moins le voyage pendant des temps interminables, le tout en écoutant le ronron incessant de la machine : c'était épuisant. Mais il n'avait pas vraiment à se plaindre ; un camion avait dû s'arrêter pour cause de litige entre plusieurs pokémons.

Ça ne s'était pas bien terminé.

De leur côté, hormis la présence de certains pokémons malades, cela se passait de manière relativement correcte. Il avait un peu échangé avec le taupiqueur, sur un peu de tout. Lui aussi, avait des problèmes avec son dresseur respectif. Il était très froid, regrettait-il. Jamais il n'avait pris le temps de le flatter, de lui dire qu'il était fier de lui. Mais, au moins, il ne semblait pas le mépriser et jusqu'à présent, il ne lui avait pas jeté de l'eau à la figure. Il se révéla extrêmement choqué à ce sujet quand Gvidon lui parla de la manière dont l'avait traité Andrey.

C'était inadmissible ! Intolérable ! Quel comportement parfaitement honteux ! s'était emporté le pokémon Sol alors qu'il grattait le parquet de ses petites griffes.

Ne voulant pas particulièrement continuer sur le sujet, Gvidon lui demanda d'où il venait. À sa grande surprise, le pokémon Taupe n'avait jamais été vraiment domestiqué avant de faire partie de l'armée. On l'avait tout bonnement capturé alors qu'il cherchait de quoi manger dans une forêt, très loin d'ici précisa-t-il. Après, on l'avait mâter , d'après les dires des soldats. C'était leur manière de résumer son entraînement, une fois qu'on lui avait inculqué la peur de l'Homme et la félicite lorsqu'il Lui obéissait.

Puis, son camarade lui demanda vivement par quelle appellation il répondait. Gvidon lui donna alors son nom. Son interlocuteur ne se priva pas de lui avouer qu'il trouvait ça plutôt bizarre comme nomination.

- Moi, c'est C405 ! s'exclama-t-il fièrement de sa voix grêle.

Le pokémon Ténèbres aurait bien voulu lui faire remarquer que son nom ne sonnait pas mieux que le sien - il fallait le reconnaitre, son commentaire l'avait froissé. Mais il se rétracta au dernier moment, gardant ses pensées pour lui.

Il arrivait que, quelque fois, on faisait appel à ses compagnons et lui pour débroussailler le chemin. C'était assez rare, puisqu'ils traversaient essentiellement des plaines poussiéreuses. Dans ces moments-là, il retrouvait son dresseur. Le pokémon Coupant fut dépité de constater que, comme il le craignait, il ne lui manifesta pas plus d'attention qu'avant. C'était juste, des ordres, des attaque ceci , des attaque cela

Était-ce si dur de le remercier, ne serait-ce qu'une seule fois ? Est-ce qu'il se comportait ainsi avec tout le monde ou uniquement lui ? Il fallait dire qu'il ne l’avait jamais vraiment vu interagir avec ses pairs. Peut-être était-ce juste dans sa nature. Le pokémon poussa un soupir : ils ne se comprenaient décidément pas.

En revanche, il n'avait pas revu Feliks. Le petit pokémon espérait qu'il allait bien. Curto disparut, il se sentait dans l'obligation de veiller un peu sur lui, au moins jusqu'à ce qu'il aille mieux. Mais il n'avait pas le droit de s'en aller gambader : il fallait qu'il reste avec les autres dresseurs présents ou Andrey. Sinon, il demeurait avec ses camarades pokémons dans les camions.

Puis, le voyage reprenait.

°-°-°-°
Gvidon venait de se réveiller. Il n'avait pas eu envie de bouger tout de suite, son panier était trop confortable. Il voulait profiter encore un peu de la quiétude matinale. Enfin, non sans tristesse, il se leva de son petit nid de couverture en s'étirant paresseusement. Il renifla : ça sentait le pain chaud. Il regarda autour de lui. Devant lui, Cathie était à la table et déjeunait. Le soleil éclairait leur cuisine de ses rayons ocres, illuminant l'humaine. Cette dernière lui parut plus jeune qu'elle ne l'était dans ses souvenirs.

— Ah ! Gvidon, tu es debout ? Ce n'est pas trop tôt, petit paresseux ! s'esclaffa-t-elle en lui caressant le casque, Les champs ne vont pas se faucher tous seuls, tu sais?

Elle ouvrit la porte et passa son seuil. Gvidon la suivit, guilleret.

Mais une fois dehors, il n'y avait plus rien qu'il ne reconnaissait. Il n'y avait plus que de la terre sous ses pieds, presque de la boue, et un paysage désolé qui l'encerclait de toute part. Il n'y avait personne.

Le vent murmurait. Ce murmure devint de plus en plus fort alors que le souffle gagnait en puissance. Le pokémon devint gelé par cette lame de vent qui s'acharnait à lui lacérer la chair.

Il prit subitement conscience que ce n'était pas le vent qui sanglotait - c'était des plaintes qui fourmillaient de partout, formant un vacarme incohérent. Une bourrasque glacée lui parvint violemment et il eut la sensation de se faire souffler. Son corps se désintégrait en petites poussières argentées…

… Et il se réveilla brusquement, haletant. Cela lui prit un moment de reprendre ses esprits. De se dire que ce n'était qu'un rêve. Qu'il n'avait pas si froid que ça. Qu'il était entier.

Il observa les environs. Il faisait encore nuit noire. Il n'y avait aucun bruit, si l'on oubliait le ronronnement du transporteur. Ses compagnons de voyage semblaient dormir profondément. Certains s'étaient blottis les uns contre les autres. Gvidon les envia.

Il se sentit d'un seul coup très seul. Vide. Cathie et Babouchka lui manquaient cruellement.

Il se recroquevilla sur lui-même, enlaçant ses genoux avec ses avant-bras. Il y cala sa tête. Son torse fut alors pris de soubresauts, des larmes dégoulinèrent de ses yeux jaunes. Un faible gémissement affligé sorti du fond de son cœur et seules les étoiles étaient témoins de sa déréliction.

°-°-°-°
Lors de leur traversée des plaines, leur régiment arriva aux abords d'une petite ville.

Ils avaient été étonamment bien accueillis. Les habitants leur indiquèrent où ils pouvaient dormir et on leur fournit gratuitement des fournitures diverses.

Un des taverniers échangea un peu avec les soldats. Comme Gvidon n'était pas très loin, il se permit d’écouter.

Apparemment, une bonne partie avait été bombardée sur la partie Ouest . Les méchants avaient été repoussés il y a quelque temps, alors ils n'auraient pas à combattre. Leurs ennemis avaient cependant réussi de prendre le contrôle de la ville pendant un temps.

— Au moins quelques semaines, développa l'humain, p'tête bien un mois mais pas plus avant qu'les autres n'arrivent.

Pour autant, cette occupation n'avait pas été sans conséquence. L'armée adverse en avait profité pour piller, voire abuser des citoyens.

— Une fois, ils ont rassemblé quelques personnes et pokémons qui traînaient un peu avant le couvre-feu. Ils les ont enfermés dans ce temple là-bas, continua-t-il en montrant du bras un bâtiment aussi noir que du charbon, et ils y ont foutu le feu.

Il fit une pause.

— Personne n'y a survécu.

Les soldats se sentirent gênés. Quelqu'un se permit de dire :

— Nos condoléances. Nous ferons tout pour que ce genre de barbaries ne se reproduisent plus.

L'autre ne répliqua rien, continuant de fixer la ruine. Soudainement, il se retourna vers eux, les yeux chargés de… de colère. De haine.

- Oui. Faites en sorte que ces salauds ne s'en sortent pas, fut ce qu'il prononça avant de partir aussi sec.

°-°-°-°
Gvidon profita de cette pause dans leurs déplacements incessants pour rendre visite à l'humain qui paraissait lui montrer le plus de sympathie.

Feliks semblait un peu plus vivant depuis la dernière fois. Le pokémon imagina que ses pairs avaient su lui remonter un peu le morale. Quand il le vit, le jeune homme le reconnut.

- Hey ! Si c'est pas le scalpion de la dernière fois ! Ça va ? l'interpella-t-il.

Celui-ci hocha la tête avec humilité en guise de réponse.

Son interlocuteur observa brièvement les alentours - mais personne ne se préoccupait vraiment d'eux, on s'affairait ailleurs. Il eut alors un petit sourire coupable et s'abaissait à la hauteur du pokémon. Le soldat lui présenta une de ses mains, un peu tremblant.

Oh. Il souhaitait… l’approcher ? Eh bien, il pouvait. Pour être parfaitement franc, il avait encore quelques réserves à son égard, mais le pokémon Coupant pensa qu'il pouvait se permettre un peu de familiarité.

Voyant qu'il ne réagissait pas négativement, l'autre posa avec respect sa main sur le haut de son exosquelette. Par réflexe, le pokémon ferma les yeux. Sa main était chaude et moins rugueuse que celle de Cathie. Pourtant, il en tira moins de satisfaction que quand c'était elle qui le faisait. Peut-être parce qu'ils n'avaient pas un lien aussi fort qu'avec elle, imagina-t-il.

— J'y pense, je connais même pas ton nom, lança l'autre en arrêtant le contact physique.

Il l'attrapa un trop brusquement au goût du pokémon pour examiner son brassard. Il détacha le scratch, et observa une inscription que Gvidon n'avait jamais remarqué jusqu'à présent.

— … Gvidon, c'est ça ? finit par demander le soldat en resserrant le brassard.

Il affirma du chef. L'autre parut content. Il rattacha le brassard.

— Qu'est-ce que tu fais tout seul ici ? Tu n'as pas un dresseur ?

Comme il ne pouvait pas répondre directement, il regarda les alentours, essayant de faire comprendre qu'il cherchait ce dernier. L'homme parut comprendre :

— Je vois. Cherchons-le ensemble ! lança-t-il avec un optimisme qui déconcerta le pokémon.

Alors, ensemble, ils parcoururent le campement afin de retrouver Andrey. C'était un peu plus facile, car l'humain s'adressait directement à ses homologues qui parvinrent à leur donner des indications suffisamment précises.

Ils découvrirent que le dresseur s'était abrité à l'intérieur d'une auberge, dans une chambre quelconque. Le blond leur ouvrit avec humeur. Il n'était pas en tenue de combat : il portait juste une salopette bleue marine avec un haut blanc sale.

— On doit déjà repartir ? interrogea-t-il en grimaçant.

Il maintenait une cigarette fumante dans sa bouche. L'odeur fit tousser Gvidon. Les yeux ardoises d'Andrey le fusillèrent.

— Non, t'inquiètes pas camarade, lui répondit l'autre humain d'un ton plus serein, c'est simplement que ton compagnon te cherchait.
— Ah.

Il y eut un silence.

— Je ne crois pas qu'ils autorisent les pokémons ici, bafouilla alors le plus rose des deux.
— Vraiment ? J'ai vu des gens en bas qui en avaient avec eux pourtant, rétorqua le brun.

Le blond rougit un peu plus. Essayant de garder contenance, il lança d'un air las :

- Écoute, je suis occupé actuellement. Je peux pas m'encombrer de lui.

Il désigna le pokémon d'un geste de la tête.

— Est-ce si urgent, camarade ? insista Feliks un peu plus concerné.
— J'essaie d'écrire à ma sœur… et j'ai besoin de calme, finit par avouer Andrey.
— Ah. Je comprends.

L'humain sur le palier de la porte ajusta sa casquette. Son interlocuteur souffla une gerbe de fumée sur le côté.

— Désolé de t'avoir dérangé alors. Mais tu devrais de soucier un peu plus de ton compagnon…
— Ne commences pas sur ce ton. On dirait que tu essaies de me faire croire qu'il a des sentiments, coupa-t-il, alors que c'est juste une arme comme une autre.

Le brun parut fortement choqué. Et dire que Gvidon ne le fut pas aussi serait mentir.

— Je ne suis pas certain que ce soit une bonne chose à dire devant lui… murmura alors ce dernier.
— Bah, c'est pas comme s'il comprenait quoique ce soit. Ils comprennent juste au ton de la voix, et peut-être qu'ils identifient les syllabes qu'ils assimilent à un ordre, mais c'est tout.

Silence. Gvidon regarda ailleurs. Il se sentait humilié. Dépité. Qu'est-ce qu'il avait espéré au juste ?

— Euh, eh bien, bonsoir, marmonna celui en uniforme.
— Bonsoir.

La porte se claqua sèchement derrière eux.

Ils quittèrent les lieux sans échanger une parole.

°-°-°-°
Feliks ne lui proposa pas, mais Gvidon décida de rester avec lui le reste de la soirée. Celui-ci n'en parut pas mécontent.

Comme il s'y était pris trop tard et qu'il n'osait pas importuner les habitants, Feliks resta avec le reste de la garnison dans des tentes un peu en bordure de la zone habitée.

Les soldats n'étaient que trop heureux de pouvoir enfin manger de la vraie nourriture et boire du vrai alcool d'après leurs dires. Ils entamèrent un repas qui dura des heures mais on buvait plus qu'on ne mangeait. On riait, on faisait des choses assez idiotes. Certains s'étaient mis à part et avait commencé un jeu de cartes - Gvidon se demanda comment on y jouait mais il se rappela qu'il n'était pas très bon aux jeux humains. Une fois, Cathie avait essayé de lui en apprendre un. Il se souvenait qu'il y avait un cube, un plateau et des petites figurines en métal. Il fallait lancer le cube qui désignait l'endroit où l'on devait mettre la pièce argentée. Mais comme il ne pouvait pas lancer le cube et qu'il ne comprenait pas le fonctionnement des déplacements, la petite fille avait rapidement abandonné son explication.

De toute façon, ce jeu est nul ! avait-elle rétorqué en envoyant voler la plaque en bois.

Maman avait dû la réprimander après ça…

On lui donna un petit coup de coude. Le pokémon Ténèbres cligna des yeux et dévisagea Feliks qui venait de le sortir de ses pensées. Il était entouré d'une bande qui formait un cercle et, au milieu, on jetait deux cubes blancs tachetés noir. Feliks prenait de temps en temps les dés , mais pour l'instant il n'avait pas gagné.

— Tu devrais peut-être lui dire de le retourner au dortoir, proposa un des soldats avec eux.
— Les pokémons Ténèbres ne sont pas censés être nocturnes ? demanda un autre d'un ton surpris.
— Ça dépend lesquels, expliqua le premier, par exemple, les cornèbres le sont. Mais les scalpions sont plutôt crépusculaires, voire diurnes. Ils se cachent dans des endroits en hauteur, comme des flans de montagne ou parfois des villages abandonnés, et au signal de leur chef… ILS SAUTENT SUR LEUR PROIE ! hurla-t-il en poussant le deuxième.

Celui-ci hurla à son tour dans des sonorités aiguës et tomba mollement sur les genoux de Feliks. Mais il avait réussi à ne pas lâcher les dés, ce qui arracha un soupir déçu de son assaillant. Il n'en fallut pas plus pour que le groupe (dont Feliks) éclate de rire et que la victime se mette à vitupérer contre son agresseur.

Ils rirent moins lorsque le lancé du gringalet lui apporta la victoire.