Chroniques des Terres Sauvages de Corpus09

Premier jour de fuite :

Papa… Pourquoi je dois partir ? Je comprends pas… J’ai encore trop de choses à apprendre avec toi… Le Monsieur qui est arrivé d’un coup dans la maison, pourquoi il m’a crié dessus ? C’est dans sa faute si j’ai plus le droit de te voir ? C’est pas juste…

Dehors, tout le monde a peur en me voyant. C’est pour ça que tu me disais de rester à la maison ? J’ai peur Papa… Viens me chercher … 

Deuxième jour de fuite :

Papa… Papa ? Où est-tu ? J’ai peur… Je veux te revoir Papa… Les gens… Les gens sont méchants avec moi. Ils ont collé des images de moi partout et me poursuivent. Pourquoi ils font ça ? Je les ai entendu crier « C’est le Pokémon monstre, attrapez-le ! » Je suis pas un Pokémon… Je suis un humain, comme toi Papa… Un gentil humain, pas comme les méchants humains…

Troisième jour de fuite :

J’ai essayé de leur parler… Ils ont envoyé leurs Pokémon sur moi. Ils m’ont mordu, griffé, attaqué. Ça fait mal … Papa… Où tu es ? Pourquoi tu n’es pas venu me chercher ? J’ai peur… Même les Pokémon me regardent comme un monstre… Pourquoi je suis comme ça, Papa ? 

Quatrième jour de fuite :

Je me suis caché loin des maisons, dans une grotte. Je crois que les méchants veulent quand même venir me chercher. Il y a aussi le vilain monsieur qui est rentré dans notre maison, tu sais ? Je comprends pas pourquoi ils me cherchent comme ça…

Cinquième jour de fuite :

Je ne sais même plus où sont les maisons… Papa, où est-ce que je suis ? Les autres continuent de me suivre partout… Je ne veux pas qu’ils m’attrapent. Papa, aide moi, s’il te plaît… J’ai peur…

Sixième jour de fuite :

J’ai pas arrêté de courir depuis ce matin. Je me suis caché de l’autre côté de l’eau, ils mettent du temps pour venir jusqu’à moi. Mais je peux pas aller plus loin. Si je reste ici il vont m’attraper. Les Pokémon ici sont forts, mais ils ont un regard méchant. Tout le monde a un regard méchant pour moi. Sauf toi Papa… Toi, t’avais des yeux gentils…

Ça y est, ils sont là… Le vilain monsieur est tout près de moi. Il me fait peur… 
« Mais quelle erreur de la nature… 
- Il est où mon papa ?
Tout le monde recule. Ils ont peur. Sauf lui.
- Trois choses espèce de monstre. Un : cet homme n’était pas ton père. Deux : il est mort. Trois : c’est de ta faute.
- Non… Non c’est faux…
Papa… je sais que tu es pas mort… Je le sais. Et lui s’approche de moi.
- N…nooon ! »

C’est impossible… 
C’est faux…
C’est faux !



Premier jour après la fin de la tempête du Lac Ouragan :

Ça y est… ils sont tous partis… Il ne viendront plus jamais m’embêter… Humains… Pokémon… Je ne suis ni l’un ni l’autre… Tous… Ils m’ont tous… haï… Et moi aussi… Je les hais tous…

Je suis seul maintenant. Parfait ! De toute façon, personne ne m’a jamais aimé. Et toi, Pap… Père ? Est-ce que tu m’a aimé un jour ? Ou alors, c’était juste un masque que tu portais pour me le faire croire ? J’ai été tellement naïf… Mais maintenant, c’est fini. Je ne vais plus me laisser faire.

Deuxième jour après la fin de la tempête du Lac Ouragan :

Les humains ne reviennent pas, mais les Pokémon, si… Ils ont peur de moi, mais ils veulent se montrer menaçants. Je n’aurais pas peur, moi. Et je vais leur rappeler qui devrait être effrayé. Si je suis un monstre, le monde entier le comprendra. Et ils apprendront à me craindre.

Troisième jour après la fin de la tempête du Lac Ouragan :

Cette peur dans leur regard… Ils ont enfin compris le message. Même les Pokémon se sont enfuis maintenant. C’est ici que je commence ma terreur. Tout ceux qui oseront s’approcher d’ici en paieront le prix. Humain, Pokémon, cela ne fait aucune différence. Ils sont tous responsables de ma souffrance. Il subiront ce qu’ils m’ont fait subir. Qu’ils viennent s’ils en ont le courage !

Quatrième jour après la fin de la tempête du Lac Ouragan :

Personne ne vient plus. C’est parfait ! Ils ont enfin bien compris à qui ils avaient à faire. Peut-être qu’il sera bientôt temps pour moi de passer à l’attaque à mon tour. Ils le méritent bien ! J’aurai ma vengeance… Et vous, Père ? À ce moment là, serez-vous à mes côtés ? À moins qu’il ne soit trop tard pour vous. Je n’en ai plus rien à faire. Vous m’avez abandonné à eux. Vous ne valez pas mieux qu’eux. Où que vous soyez, regardez-moi Père ! Regardez ma vengeance contre tous les vôtres. Je serai le monstre que vous avez créé.

Cinquième jour après la fin de la tempête du Lac Ouragan :

Des humains ont installé un camp non loin. Les imprudents ! À moins qu’ils ne souhaitent me défier. Après tout, qu’importe, puisque dans tous les cas, ils vont goûter à ma puissance. D’autres sont venus vers eux. Ils avaient avec eux ces étranges objets. Ces sphères qui leur permettent de contrôler des Pokémon. Les humain réduisent les Pokémon en esclavage, les Pokémon obéissent docilement aux humains… Aucun d’eux ne mérite ma pitié. Ils se croient si forts, je les remettrais à leur place !



Premier jour parmi les marchants :

Mon orgueil me prendra. Me laisser capturer si bêtement… L’intérieur de ces objets… comment le décrire ? C’était comme être dans un rêve en continu… Je n’ai pas la moindre idée de combien de temps j’y suis resté avant que ces humains ne daignent me laisser sortir.

Je peux enfin voir la lumière du jour. Ces humains sont deux, il me regardent comme si j’étais un objet étrange. Ils discutent de ce qu’ils vont faire de moi. Sans doute vont-ils me livrer à ceux qui me poursuivaient. C’est hors de question.
« Je refuse. 
Ils m’ont regardé d’un air si surpris
- Tu l’a entendu toi aussi frérot ? C’était …
- Un Pokémon qui parle, c’est pas courant…
- Il n’a même pas ouvert la bouche… 
- Arrêtez me m’ignorer !
Ils se sont retourné vers moi.
- Comment tu t’appelles p’tit gars ?
- Je suis pas un petit gars.
- Dis moi comment tu t’appelles…
- J’ai pas de nom…
- Pas de nom ?
J’ai fait non de la tête.
- Je refuse que vous m’emmeniez à ceux qui me cherchent.
- Tu es notre Pokémon maintenant, tu ne peux rien faire contre nous. »

Je refuse de les écouter plus longtemps ! Me traiter comme un vulgaire Pokémon ! Celui-ci est très énervant. Je l’envoie valser au loin puis le rattrape. Il me suffira d’un peu plus que pression pour faire craquer tous ses os, si son frère n’était pas juste derrière moi pour me forcer à retourner dans cette fichue Poké Ball.

Deuxième jour parmi les marchants :

Ils m’ont encore laissé sortir. L’endroit où ils se sont déplacé est très différent de là où on se trouvait avant. On n’est pas non plus en ville. L’un des deux s’adresse à moi.
« Bon… qu’est-ce qu’on va faire de toi ?… 
- Vous voulez me ramener aux autres ?
- C’est pas… 
- Vous voulez me ramener aux autres. Je le sais.
- On y a pensé. Mais j’ai pas l’impression que ce soit une bonne idée…
- Frérot… Je sais pas si le garder avec nous est…
- Écoute… Il est sans doute mieux avec nous qu’ailleurs… On peut le surveiller… Imagine les dégâts qu’il pourrait causer dans les Terres Sauvages si on le laissait faire… 
- Donc vous allez me garder prisonnier ?
- On peut pas te libérer… C’est bien de ta faute, la tempête du Lac Ouragan ? »

Le lac Ouragan ? Ce doit être l’endroit où je m’étais réfugié. Une tempête… Oui, lorsque je les ai attaqués, je l’ai probablement provoquée. Ces gens me craignent… Ils ont le contrôle sur moi maintenant, mais ils ont peur… Alors je peux m’en servir…

« Oui, c’était bien moi.
- Frérot, il est trop dangereux…
- Du calme… Alors tu fais le fier ?
- Je suis très sérieux… Mais je peux me montrer indulgent… »

Il semblerai que mes arguments n’aient pas été convaincants, car je me retrouve à nouveau dans ma prison.

Troisième jour parmi les marchants :

Encore une fois, je ressors de cette cage. Je ne supporte plus ce cirque. Ils m’interrogent mais je reste silencieux. Je les observe attentivement. J’ai repéré celui qui possède la Poké Ball. Cette fois, je ne vais pas les laisser faire.

Je projette le porteur de la Poké Ball de l’autre côté. Il l’a lâchée. Maintenant, je vais pouvoir être libre.

« Et maintenant…
- Je t’en supplie … laisse mon frère !
Je jette un regard vers l’autre. Il est terrorisé. Pourtant…
- Libère moi et je ne ferai plus de mal à aucun de vous deux.
- D’accord ! D’accord ! »

Il s’approche de la Poké Ball. Je le surveille attentivement, s’il fait le moindre faux pas… Mais il la désactive sans moufter.

J’ai été obligé de marchander avec des humains. Mais cela m’importe peu. Il ne me reverront jamais. Plus personne ne me verra. Plus jamais… 



Premier jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Seul… Je suis enfin seul… et cette fois personne ne viendra vers moi… Personne… La barrière que j’ai créée… personne ne pourra la passer… De toute façon personne ne voudra venir dans ce désert… Ni humain… ni Pokémon… 

Désormais je peux rester seul pour toujours… 

Deuxième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Tout est si calme… Garder cette barrière en place me fatigue… Mais si c’est le prix à payer pour être seul, ça me convient… 

Troisième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Que se passe-t-il ?… Des Pokémon Sol … ils ont creusé des tunnels pour venir jusqu’à moi… Pourquoi ? Pourquoi veulent-ils voir un monstre tel que moi ?… 

Quatrième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Tout ces Pokémon qui arrivent… Ils fuient les humains… Ils ont peur d’eux. Et ils… on dirait qu’ils veulent que je les protège… Ils ont franchis la barrière pour ça… Mais je ne sais que détruire… Je ne peux pas les protéger… 

Cinquième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Même des Pokémon qui ne sont pas de type sol ont réussi à passer la barrière… Les Pokémon se sont entraidés pour se mettre à l’abri… Ils sont si solidaires… Et ils continuent de venir vers moi… Je ne comprends pas pourquoi… Je ne comprends pas… 

Sixième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Des humains ont tenté de passer la barrière. Je dois tenir bon… Tout ces Pokémon… Pour être à l’abri, ils sont partis de leur milieu naturel pour venir ici… Certain ont beaucoup souffert… Je les comprends… Je ne peux pas les abandonner… Je ne dois pas abandonner… 

Septième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Toujours plus de Pokémon arrivent ici… Je les laisse entrer… Je dois les protéger tous… Ces terres leur appartiennent… Les humains ne devraient pas avoir leur mot à dire… Pour la première fois… Pour la première fois, quelqu’un compte sur moi… Je ne leur ferai pas défaut … 

Huitième jour après l’apparition de la barrière de la Fosse des Sables :

Je ne pourrai pas maintenir cette barrière plus longtemps… et je ne veux plus m’isoler… Je ne veux plus aider seulement les Pokémon qui viennent à moi… Combien d’autres ont besoin d’aide ? Je ne sais pas, mais ce que je sais, c’est qu’il y en a… Ce soir, au coucher du soleil, je ferai disparaître la barrière… Mais ce n’est pas pour autant que j’abandonne tout ces Pokémon qui comptent sur moi… Je continuerai à veiller sur eux, à veiller sur tout les Pokémon… 



Nuit de la Pleine Lune :

Je crois enfin comprendre un peu mieux pourquoi je suis ici. Qui que tu sois, toi qui m’a créé… Merci. On a prétendu que tu étais mort pour me permettre de vivre. Si c’est réellement le cas, merci pour tout. Merci de m’avoir donné la vie. Merci de m’avoir tout appris. Merci de m’avoir protégé. Merci de m’avoir montré comment vivre.

La lune … elle est si belle cette nuit. Cette douce lueur apaise mon âme. Je ne mérite sans doute pas de me sentir purifié ainsi. Est-ce que tout le monde mérite réellement une seconde chance ? C’est ce que j’ai envie de croire.

Tout s’est passé tellement vite. Je pense que tu aurais voulu que je reste enfant plus longtemps. J’ai du grandir trop vite. Mais c’est ainsi. Il m’est impossible de revenir en arrière, mais en même temps, il m’est impossible d’oublier.

Bien sûr, je suis triste. Je suis aussi en colère contre ceux qui te voulaient du mal. Je voudrais être capable de changer le passé. Mais je sais aussi que tout cela ne sert à rien. Je ne peux pas remonter le temps, et m’attarder sur ma peine n’y changera rien.

Je le comprend enfin. Tout ce que les autres pensaient de moi. Oui, c’est évident que je leur faisait peur, que j’étais un monstre à leurs yeux. Je suis une anomalie. Mais tu as quand même voulu de donner la vie… Il y en a eu d’autres comme moi avant, n’est-ce pas ? Ont-ils dû affronter les mêmes difficultés que moi ? Ont-ils vécu des choses très différentes ?

Je ne pense pas que j’aurais un jour la réponse à ces questions. Mais, ce n’est pas important maintenant. Je suis prêt à vivre pleinement désormais. Je suis prêt à accepter qui je suis. À accepter ce nom par lequel tu m’a appelé et que je croyais avoir oublié. Ce nom que j’avais refoulé au fond de moi pour refuser d’admettre qui j’étais.

Il est temps pour moi de devenir quelqu’un de meilleur, sans avoir peur de dire qui je suis, qui j’ai été, et qui je veux devenir.



Mon nom est Mewtwo, et je serai désormais le protecteur de ces étendues que les hommes nomment les Terres Sauvages.




Par Praxy