C.10 : Préparation II
Récapitulatif du dernier chapitre :
L’entraînement d’Aoi commence et il se retrouve en difficultés, n’ayant pratiquement aucune base du combat. Ses bases en magie ainsi qu’en escrime sont quasi-nulles mais il doit poursuivre s’il veut avoir une chance de vaincre le Centaure.
***
~An x1834 après Arceus~
Aoi s'élança vers le mannequin de paille, comme s'il voulait le tuer. Il y abattit violemment son épée, pulvérisant la lame. Surpris, il regarda les morceaux de bois voler autour de lui, et derrière-lui, Oreloc soupira.
— Eh bien voilà, tu l'as cassée. D'un côté, ça t'a permis de voir ce que ça faisait. Toutefois, comme je te l'ai dit, tu vas avoir une légère punition. Mais je suis quelqu'un de gentil, et ainsi je t'offre une chance de te racheter : prends un arc et tire au centre de chacune des cibles présentes derrière-moi.
— Mais... Je ne sais pas tirer à l'arc ! protesta le Grenousse.
— Ce sera l'occasion d'apprendre. Allez, dépêche-toi avant que je ne change d'avis !
Voyant le manque de motivation de son élève, le Capidextre attrapa lui-même un arc, qu'il lui jeta. Tout comme le bokken, il était fait d'un bois assez lourd, et sa taille handicapait le Pokémon.
— Tu sais au moins les toutes bases ?
— Rapidement...
Ça voulait dire non.
— Je vois, soupira Oreloc. Pour tirer, place une flèche perpendiculairement à la corde, contre elle et le corps. Ensuite, tire la tout en maintenant ton projectile, et enfin, lâche tout. C'est suffisant ?
Aoi hocha la tête et entreprit de placer une flèche le long de l'arc, mais sans succès. Comme celle-ci ne voulait pas rester fixe, et bougeait sans arrêt, le Grenousse parvenait difficilement à maîtriser l'arme. Le Capidextre soupira une nouvelle fois et se mit à marcher vers le dépôt, sans que son élève ne le remarque. Se saisissant d'un arc, il le brandit vers Aoi.
— Cette taille te conviendra davantage, je pense, dit-il.
N'ayant pas songé à ce point, l'autre Pokémon contempla le morceau de bois qu'il tenait, et le compara avec l'autre, avant de finalement remarquer que la taille était bien différente, comme celui qu'il possédait le dépassait.
— Bon, je te laisse cinq minutes, et après, tu endures ta sanction. Je n'ai pas que ça à faire, de te regarder faire du tir à l'arc.
— Mais... C'est vous qui avez dit... ! protesta Aoi.
— Le décompte a commencé.
En hâte, il attrapa une flèche, et la positionna perpendiculairement à l'arc. Comme celui-ci était bien plus petit, le Grenousse avait davantage de facilités à s'exécuter, mais cela ne changeait en rien le fait qu'il manquait d'expérience. Pour tout résultat, le projectile fila sur un demi-mètre, dépourvu de puissance. Il en arma alors une deuxième, qui n'alla pas beaucoup plus loin. Il manque de force, songea Oreloc. Tant que son entraînement avec Adrian n'a pas commencé, c'est inutile de lui infliger ça. D'autre part… le programme physique que je lui prévois devrait être efficace. J'espère.
Suivant sa pensée, le Capidextre tapa dans ses mains, et se rapprocha de son élève.
— C'est fini, le temps est écoulé ! dit-il.
— Quoi ?! s'exclama Aoi. Mais ça fait à peine deux minutes !
— Faux, je ne t'ai pas dit à quelle vitesse le temps s'écoulait. Puis je suis le prof ici, alors j'ai raison. Qu'importe, comme promis, voilà ta tant attendue sanction pour avoir brisé une de mes armes.
— Mais vous m'avez dit que c'était bien de la casser ! protesta une nouvelle fois le petit Pokémon.
— Certes, mais j'ai aussi dit que tu endurerais une punition qui t'en passera l'envie.
— Je... Ne comprends pas, soupira le Grenousse.
Rassure-toi, cela viendra bien assez vite. Détruire les bokken est inévitable, et faire passer cette partie de l'entraînement pour une sanction te donne une source de motivation supplémentaire. Contente-toi de progresser.
— Il n'y a rien à comprendre, répondit simplement Oreloc. Bon, tu vas faire plusieurs fois le tour de la cour. C'est déjà bien, je pense.
— Combien ? demanda l'autre.
La réponse fut encore plus simple : « Jusqu'à ce que tu tombes de fatigue. », mais à cela s'ajoutait un « Et si je me rends compte que tu as encore du jus, je t'en ferai faire mille, et tu pourras les compter ! ». Aoi détestait tout ce qui avait rapport aux exercices physiques, et notamment courir. En fait, le seul mouvement qu'il appréciait était le saut, comme il était naturellement orienté vers ce dernier. Toutefois, sauter sur des kilomètres était une autre affaire.
Alors, à contrecœur, le Pokémon entama ses tours, les comptant les uns après les autres. Cinq minutes semblaient déjà s'être écoulées quand il acheva le deuxième. En effet, la cour était démesurément grande, et lui était déjà à bout de souffle. « Accroche-toi, ce n'est pas fini ! » lui cria Oreloc pour l'encourager, et lui rappeler qu'il ne fallait pas s'arrêter.
Jamais le Grenousse n'avait couru autant, et ce sentiment de fatigue s'emparant de son corps ne lui était pas familier. Ses muscles le tiraillaient mais il avança pour autant. Je dois continuer ! Mais seule sa conscience le voulait, car son corps, lui, se contenta de tomber.
— Bon sang, soupira Oreloc, il est déjà par terre... Il semble qu'il lui manque encore beaucoup d'expérience, après tout.
— Ah, ici aussi, il dort ? fit une voix dans son dos.
Ce n'était autre que Elna, qui arrivait.
— Tout à l'heure aussi, il est tombé de fatigue, continua-t-elle. Franchement, je ne sais pas ce qui est passé par la tête d'Adrian, il est trop faible pour le Centaure.
— Allons Elna, on ne parle là que du boss du niveau dix... Pas de quoi en faire une histoire, je pense.
— Tu lui cherches des excuses ? dit la Kirlia. Tu sais très bien que même si ce n'est que le niveau dix, il est très coriace ! Il représente une passoire pour les aventuriers, et il permet d'éviter à un trop grand nombre de passer.
— Et toi, renchérit le Capidextre sans relever sa remarque, qu'est-ce que tu as contre lui ?
La Pokémon parut alors un instant songeuse, le regard dans le vide, comme si elle cherchait une réponse qu'elle-même ne connaissait pas.
— C'est un explorateur, finit-elle simplement. Et il m’énerve.
Son interlocuteur soupira, abattu par la remarque de sa camarade.
— Ce n'est pas un bon argument ! Tous les explorateurs ne sont pas des enfoirés ! Il y en a des méchants, mais des gentils ! dit-il, accompagné d'un sourire.
— Vois la réalité en face, descends de ton îlot de bonheur, Oreloc !
— Et toi, sors de ta bulle de haine.
Son visage se durcit, et il plongea son regard dans celui de la Danseuse Féerique, qui en eut un frisson. Ne cherchant pas davantage le conflit, elle tourna la tête, et fixa le sol poussiéreux. Cependant, le Capidextre, lui, n'en avait pas fini.
— Il n’y a même pas longtemps, tu n'étais pas comme ça. J'aimerais... Non, nous aimerions comprendre ce qu'il t’est arrivé.
— Tu ne peux pas comprendre, répondit-elle en secouant la tête. C'est... Trop compliqué.
— Non, au contraire, je pense voire parfaitement, en y réfléchissant. Ce petit est talentueux, tu le sais, et il te rappelle Agnil. Nous sommes tous tes camarades, tes compagnons d'armes, mais tu n'as vraiment ouvert ton cœur qu'à un seul Pokémon : Agnil, le Général de la Familia Kyogre. Et au lieu de voir une quelconque miniature du Lucario, tu préfères t'en écarter. C'est une décision évidemment respectable, mais à mon sens trop faible ; tu es la Danseuse Féerique, et ainsi supposée être une aventurière de haut niveau. Toi qui veux vaincre Azama pour venger notre frère bien aimé, tu es déstabilisée par un sentiment aussi... Bref, tu as compris le fond de ma pensée.
A entendre parler ainsi d'Agnil, les yeux de la Kirlia s'embuèrent.
— Non, ce n'est pas moi qui pourrai la battre... La Division Zero s'y est rendue, et il est évident que la Démone va gagner.
— N'y compte pas trop, répondit Oreloc après quelques secondes. La Lockpin est forte, tout comme le sont ses deux acolytes, mais Agnil était LE plus fort. Et cette imbécile, qui tente de marcher sur son nom en vainquant un monstre invincible, qu'espère-t-elle ?
L'autre ne chercha pas à lui répondre, et, la tête toujours baissée, revint dans le bâtiment principal, avant de disparaître du champ de vision du Capidextre. Comme il l'avait mentionné juste avant, après sa rencontre avec Aoi, Elna était devenue différente, et avait perdu sa joie et sa bonne humeur habituelle. Ayant été au plus près d'Agnil jusqu'à sa mort, la Kirlia le connaissait par cœur, notamment ses traits de caractère, et les reconnaissait en Aoi.
***
Revierre, douze ans plus tôt
***
Le soleil se levait à peine, faible lueur traversant difficilement la lourde brume installée dans les ruelles de la ville. Comme il se préparait à illuminer l'horizon, un dernier reflet de la lune disparut de l'autre côté. Pourtant, la journée était commencée, mais Revierre était silencieuse, comme ses habitants profitaient des derniers instants que la nuit leur offrait. Les pauvres malheureux dormant à la belle étoile grelottaient, emmitouflés dans de vieux chiffons déchirés, nargués par les premiers grands propriétaires, qui ouvraient les fenêtres, laissant filtrer la douce fraîcheur du matin. Le pavé était humide de la fine rosée du matin, et les vitres couvertes d'un léger givre, annonçant le début de l'hiver.
A peine quelques minutes plus tard, le soleil forçait de ses rayons les derniers fainéants à se lever, réveil naturel parant la paresse. Au loin, une large tour blanche, perçant les nuages, surplombait la ville, comme un château surplombe son village. Revierre, ville des miracles. Tel était du moins le surnom que l'on donnait, sans modestie, à la simple capitale du pays. Monstre de pierre et de bois dévorant la campagne alentour, et dont les tentacules s'étendaient des kilomètres plus loin ; bien que ce terme exact puisse être plutôt remplacé par « faubourgs », « quartiers pauvres », « taudis », « gîtes à maladies », « labyrinthe », ou tout simplement « porcherie », comme aimaient les nommer ainsi les riches habitants du centre. Dans tous ces noms se trouvait du vrai, et c'est cette diversité d'expressions qui alimentaient richement ce qui, en vrai, n'était pas plus prétentieux que « quartiers pauvres ».
Le monstre nommé Revierre avait un appétit insatiable, et sa folie de l'étalement, commandée par ses tentacules titanesques appelés quartiers pauvres, n'avait d'égale que celle de la hauteur, commandée elle par la tour culminant au niveau des nuages, nez ayant englouti trop de mensonges pour être mesuré, comme la malhonnêteté dépassait allègrement les nuages, déjà bien hauts placés dans le ciel. La contemplation de cette créature dont l'apparence était inconnue à tout être vivant de ce monde prenant une place trop importante, il devenait vite impossible d’entendre les moindres traces de vie de tous les Pokémon parsemant la capitale.
Le soleil fit enfin fondre le brouillard assombrissant la ville, et l'agitation se fit ressentir : l'on commençait à crier, à bouger, à claquer des portes, à courir, à marcher, à boire, à manger, à se côtoyer, à s'éviter, les échoppes ouvraient... Le plus gros du bruit provenait du centre, car celui-ci était naturellement en avance sur les faubourgs. Comme l'on se levait dans le premier, l'on dormait dans ces derniers. Comme l'on bougeait encore dans le premier, on se réveillait au loin, et de cette manière décalée, la vie reprit son cours, chassant violemment la nuit.
Mais, à l'écart de toute l'animation, deux petites créatures marchaient – ou plutôt une, car elle portait l'autre – lentement, affamés, assoiffés, et évidemment, fatigués. Un morceau de tissu, prenant le rôle d'une capuche, leur protégeait légèrement le dos, ne laissant passer que les regards, le vent, la pluie, le froid, et dans certains cas la chaleur. Si un quelconque badaud eut été là, il aurait pu apercevoir le Riolu et la Tarsal marcher, et leur venir en aide. Cependant, ce badaud était grognon ce jour-ci, et ne se trouvait pas là où il aurait dû.
— Tiens bon, Elna, on y est presque, fit la petite voix cassée du Riolu.
En réponse, un gémissement plaintif de la Tarsal, dans un état pire que son compagnon.
— On va y arriver, continua-t-il, je te le promets...
Au loin, la tour apparaissait, séparant en deux le soleil de l'est, et annonçant la grande distance qu'il restait à parcourir aux deux autres.
— A l'aide... murmura ce qu'il restait du Riolu. Que quelqu'un nous vienne en aide...
Personne ne vint. Pour cause, ce décalage, cette zone d'ombre entre le centre et les tentacules.
— Agnil... murmura à son tour l'autre Pokémon.
— Ne parle pas, répondit directement celui-ci, garde tes forces.
— Pourquoi sommes-nous... venus ici ?
— Je... Je vais trouver du travail, et nous vivrons.
Derrière eux, une autre créature les regardait, et les suivait. Quand ils avançaient d'un mètre, elle avançait d'un, et quand ils s'arrêtaient, elle s'arrêtait, comme s'il s'agissait de leur ombre. Une ombre éloignée de trois maisons, et qui, en dehors d'avancer, ne faisait pas le moindre mouvement. Elle contemplait les deux Pokémon épuisés, se traînant difficilement sur le pavé.
Sans un bruit, une autre présence arriva.
— Tu vas continuer à les observer longtemps ? fit-il.
Il s'agissait d'un Persian.
— S'ils ne me remarquent pas, ça n'a pas d'intérêt. Alors oui, tant qu'ils ne se retournent pas, je les observe.
Son interlocuteur le dévisagea longuement, et sourit.
— Tu es un fourbe, tu le sais, ça ? Je pense que c'est pour ça que Kyogre t'apprécie tant...
— Ça n'a rien à voir, soupira l'autre. Qu'importe, dis-moi plutôt ce que tu penses d'eux.
— Ben... Ce ne sont que des enfants faibles qui crèvent de faim. Qu'est-ce que je devrais penser d'autre ?
— Leur potentiel, Uffie, leur potentiel ! Ils ont parcouru peut-être une centaine de kilomètres, et s'accrochent à la vie du mieux qu'ils peuvent. N'importe qui d'autre serait mort, par manque de force ou de volonté, mais visiblement, pas eux.
Prenant conscience de la pertinence des propos de son compère, le dénommé Uffie tourna la tête en direction des Pokémon, tentant de les « analyser » au mieux. Finalement, il soupira.
— De toute manière, c'est toi le pro pour reconnaître la force des gens, alors je te les laisse.
— Aussi simplement ? répondit l'autre, surpris.
— Oui. Tes jugements sont d'or.
***
Altaïa, temps présent
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— Tu te réveilles enfin ?
En effet, Aoi ouvrit les yeux, entendant une voix.
— Bon sang, continua la voix, pas capable de tenir trois tours de cour... Quel incapable tu fais !
Le Grenousse peina à se relever, puis se frotta les yeux, comme se réveillant d'une longue sieste.
— Je... Où suis-je ? bafouilla-t-il.
— A l'endroit où tu es tombé, répondit Oreloc. Bon, dans tous les cas, mon entraînement est fini.
— Déjà ?! s'exclama Aoi.
— Faut croire, tu es resté inconscient pendant plusieurs heures. Maintenant, c'est au tour d'Adrian.
— Où est-il ?
— Il sera là d'une minute à l'autre, ne t'en fais pas. Pour être exact, il reste deux minutes avant la fin des cinq heures. Et il est très... Ponctuel !
Le petit Pokémon hocha la tête, montrant qu'il saisissait la situation.
— Plus important, laisse-moi faire un point sur ce premier jour, pour moi en tout cas. De ce que j'ai vu, tu es à peu près incapable de canaliser ta force, bien que tout cela soit superflu. Ensuite, tu n'as aucune puissance physique, ainsi qu'aucune endurance. C'est la deuxième fois en une journée que tu t'endors, alors je te conseille de ne pas recommencer pour Adrian, ou tu risquerais de l'énerver. A pioncer devant Elna, elle en a été affligée. Devant moi, ça m'est un peu égal, compte tenu du fait que je connais tes lacunes. Par contre, le singe, lui, ne rigole pas, et il y a de fortes chances pour qu'il le prenne mal ; il n'est pas très fin, tu as déjà dû t'en rendre compte.
Ces mots rappelèrent à Aoi les souvenirs de la veille, où il avait dû se mesurer à vingt Hellwolf, tandis que le Simiabraz ne bougeait pas, admirant le combat. A ce moment, il s'était presque fait tuer et ne devait son salut qu'à son arme, alors oui, il percevait parfaitement le genre d'Adrian : un pur sadique exigeant.
— D'un autre côté, continua Oreloc, si tu parviens au bout de cette semaine, compte tenue de la difficulté continuellement grandissante, tu seras définitivement plus fort.
Des bruits de pas se firent entendre, provenant de l'entrée de la cour. Les deux Pokémon tournèrent la tête, et aperçurent un grand Simiabraz, tenant sur son épaule une massive hache de guerre.
— Le Capidextre a raison, s'écria-t-il. Aoi, premièrement, si tu oses fermer les yeux ne serait-ce qu'une seule fois dans mon cours, ou si tu oses te plaindre, je te transforme en bouillie, compris ?! Deuxièmement, si tu survis, tu ne seras plus un Grenousse faible et misérable !
Rapidement, il arriva au niveau des deux autres, et il fit alors tomber son arme au sol, provoquant une secousse qui fit sursauter la grenouille.
— Je ne vais pas perdre de temps, ni y aller par quatre chemins ; ton premier exercice est de grimper jusqu'au sommet de ce mur, fit-il en désignant l'une des immenses murailles fermant la cour.
— Mais il doit bien faire au moins cent mètres de haut ! s'étrangla Aoi.
— Pour que l'exercice soit validé, tu dois y arriver en cinq secondes, pas un centième de plus. Et oui, il fait cent mètres, et tu peux t'estimer heureux que ça ne soit pas plus.
— D'accord, mais... A quoi ça va me servir ?
Adrian fronça les sourcils, et releva sa hache. Comprenant le message, le Grenousse s'enfuit à toutes jambes vers le mur concerné.
— Tu commences dur, fit remarquer Oreloc à son camarade.
— C'est nécessaire. Il n'apprendra rien en dormant.
Les deux ne se regardaient pas, fixant Aoi, déjà loin.
— Et s'il échoue ?
— J'aurai perdu beaucoup d'argent, répondit Adrian.
L'autre sourit.
— J'avais oublié, tu as parié énormément sur lui. Toutefois, est ce que tout cela n'est qu'une question d'argent ?
Cette fois, le Simiabraz tourna légèrement les yeux vers le Capidextre.
— Non, les Pokédollars que je mise sur lui ne sont qu'une incarnation matérielle des espoirs que j'ai en lui. Je parie vingt millions sur sa réussite, et s'il perd ou ne vient pas à bout de son entraînement, je les perds. Et tout cet argent représente mes espoirs et ma confiance : il n'a pas intérêt à les faire disparaître.
— Hmm... De belles phrases, je te reconnais là, Adrian. Pourtant te connaissant, ce n'est qu'une lamentable excuse pour te justifier, soupira Oreloc. Quand ça parle d'argent, t'es un malade.
Il s'abstint de paroles un moment, puis sourit à son tour.
— Tu te rends compte, la paluche ? Ce petit est entré pour la première fois dans le Donjon il y a à peine deux semaines, et il vaut déjà vingt millions. Excitant !
— C'est TON classement, rappela l'autre. Et à part quelques pièces, il ne vaut rien...
— Moi aussi, je te connais assez pour dire que tu ne penses pas ce que tu dis. De même, tu es convaincu qu'il peut aller très loin.
Parvenu au mur, Aoi prit un instant pour retrouver son souffle et le contempler. Bon sang, c'est ça que je dois escalader ?! Il s'y approcha et le toucha, constatant que sa surface était parfaitement lisse, ne laissant aucune prise possible. Non, songea-t-il, je ne dois pas l'escalader. Si je n'ai que cinq secondes, ça veut dire que je dois aller vite !
Prenant de l'élan, il se mit à courir vers la paroi, et y posa un pied, puis un deuxième, puis... le troisième glissa, et il se cogna le visage contre la roche, avant de retomber, soixante centimètres plus bas.
Loin derrière, Adrian soupira : « Malgré tout, on n’y est pas encore... ». Et il disait vrai, le « talent latent » d'Aoi était encore profondément enfoui, et l'entraînement pour le faire ressortir allait être vraiment intensif. Mais une chose était sure : ailleurs dans la ville, ses compagnons attendaient son retour, et profondément dans le Donjon, le prochain adversaire de l'explorateur attendait lui aussi sa venue, prêt à en découdre.