C.8 : Sa magie
Récapitulatif du dernier chapitre :
Dans le Donjon, Aoi fait la rencontre du boss du niveau dix qui lui révèle quelques informations sur lui-même ainsi que son arme. L’intuition du forgeron était bonne : celle-ci est imprégnée de la magie du Donjon. S’aventurant plus profondément, le Grenousse se fait attaquer par des monstres avant d’être sauvé par Elna, à son grand dam.
***
~An x1834 après Arceus~
— Attends, fit-elle, je n'en ai pas fini avec lui !
— C'est à dire ? soupira Adrian.
— Si, comme tu dis, tu es vraiment un explorateur, alors tu dois être suffisamment fort. Tu crois qu'un faible Grenousse qui se fait battre par un monstre du septième étage à une chance ? Si tu veux que j'en vienne à changer d'avis sur toi, montre-moi de quoi tu es capable.
— Et... Que dois-je faire ? demanda Aoi.
— Survis à une vingtaine de Hellwolf.
Le Grenousse écarquilla les yeux ; l'aventurière lui demandait de venir à bout de vingt monstres, alors qu'il n'avait pu tenir face à un seul.
— C'est... C'est impossible ! dit-il.
— Dans ce cas-là, tant pis pour toi, je t'aurai donné ta chance. Allons-y, Adrian.
Ce dernier se mit à rire.
— Tu es bien cruelle, Elna. Ce petit est un débutant, et tu lui demandes de faire un choix ? Si tu veux qu'il réussisse, il faut lui imposer ! Toutefois, ricana-t-il, t'impressionner n'est pas une bonne motivation, alors je vais t'en donner une, Grenousse. Gagne, et je te donnerai l'argent nécessaire à toi et ta Guilde d'être hébergés au Doux Rondoudou. Ensuite, élimine le boss du niveau dix et je m'arrangerai pour vous offrir une nouvelle maison, bien plus grande. Qu'en dis-tu ?
— Adrian... Tu es trop gentil ! Tu aurais dû réclamer qu'il vienne à bout du Golem.
— Non, fit-il en reprenant son sérieux. Le Golem est bien trop coriace, ce petit n'aurait aucune chance, pas avant plusieurs années. Aussi, avec nos revenus, leur offrir une maison digne de ce nom ne sera pas compliqué. Bien, tu es d'accord, n'est-ce pas ?
— O...Oui, bredouilla Aoi.
— Plus d'assurance, je te prie. Ce n'est pas avec cette motivation que tu pourras y arriver. Pour vaincre les Hellwolf, j'espère que tu as un miracle en poche, car ça te sera nécessaire. Non, se reprit-il, ce que je veux dire, c'est que dans cet état, tu n'arriveras à RIEN. Et dis-toi que plus tu attendras, plus tes amis, là-haut, souffriront. A cette heure, les rues ne sont pas sûres, et s'il leur arrive quelque chose, ce sera ta faute.
Le Grenousse serra les poings en pensant à Victini et Roscoe, qui attendaient dehors, devant les décombres de leur ancien QG. C'était pour leur permettre d'avoir un logement qu'il avait décidé ce soir de se rendre dans le Donjon, pour amasser suffisamment d'argent. Toutefois, cela devait sûrement demander une énorme somme, et peut-être ne serait-il jamais en mesure de la récolter.
— J... J'accepte ! dit-il, hésitant.
— Bien, dans ce cas-là, tiens-toi prêt, et n'oublie pas ce que je t'ai dit : tu as besoin de motivation et de volonté !
De la volonté... songea Aoi. J'en ai, de la volonté ! Aider mes amis, devenir plus fort, être un grand explorateur, tout ça, c'est ma volonté ! Le voyant lutter contre lui-même, le Simiabraz sourit, et siffla longuement. Tout juste quelques secondes plus tard, plus d'une vingtaine de monstres apparurent.
— Les voilà, tes adversaires. Tâche de survivre, petit.
La Kirlia fit apparaître une barrière psychique autour d'eux qui les rendit invisible, laissant le petit Pokémon seul. Bon sang, ils veulent que je meure ?! Je n'ai pas la moindre chance face à tout ça ! Il regarda son arme, espérant qu'un miracle se produise, ou qu'il lui offre des pouvoirs surpuissants. Mais rien ne vint.
— Aide-moi, fichue arme !! s'écria-t-il, se mettant à paniquer.
Sans savoir quoi faire, il se jeta sur un Hellwolf, qui sauta au-dessus de lui, et lui griffa profondément le dos, lui arrachant un cri de douleur. De sa blessure s'échappa un filet de sang, qui excita les autres loups, les faisant se rapprocher davantage. Un autre monstre courut vers lui et le fit tomber à la renverse, avant de lui arracher sa mousse, morceaux par morceaux.
Non loin, les deux aventuriers observaient le combat.
— Il faut en finir, il n'est pas en mesure de les combattre, Adrian !
— C'est bien toi qui l'a voulu, non ? fit-il sans quitter le « combat » des yeux. C'est avec ce genre de défis que l'on progresse.
— Mais il ne va pas progresser, juste mourir !
— S'il meurt, c'est qu'il était incapable d'aller plus loin. Pas seulement par manque de force, mais surtout par absence de volonté. Sa résolution... Je ne la perçois pas.
Comme la bulle était isolée, Aoi n'était pas en mesure d'entendre leur conversation. Il n'en avait pas le loisir d'ailleurs, tant il était malmené par ses adversaires. La créature le malmenant lui cracha un rayon de feu à bout portant, lui brûlant la peau du visage. Agitant son arme au-dessus de lui, il parvint à chasser la bête, et roula en arrière, s'écartant comme il pouvait des Hellwolf. Il utilisa Pistolet à Eau, mais les autres évitèrent le jet aqueux et par trois, lui bondirent dessus. Il utilisa sa nouvelle capacité Reflet, et le trio d’assaillants déchira l’image du Pokémon. Il réapparut derrière eux, et utilisa une nouvelle fois Pistolet à Eau, tentant d’y mettre toute sa force. L’attaque projeta ses adversaires au sol, mais pas suffisant pour les éliminer. Une demie douzaine de loups profita de cette occasion pour lui tomber dessus, le mâchouillant de toute part. Il cessa de bouger, et la panique disparut petit à petit, de même que la douleur. C'est vraiment la fin, cette fois-ci...
Sa vue se brouilla, ses oreilles se mirent à bourdonner, sa bouche s'assécha, de même que ses sinus. Peut-être Elna va me sauver une nouvelle fois... Il abandonna tout désir de survivre, se laissant déchirer par les monstres. Il finit par fermer les yeux, et sentit le contact des crocs sur son visage. Ne s'en souciant pas, il tenta de se remémorer tous les éléments de sa vie. J’ai toujours vécu ici, à Altaïa. Sans personne, j'ai dû parfois voler pour survivre, ou fouiller dans les poubelles. D'ailleurs, ces dernières étaient mon foyer, le seul endroit où je me sentais bien. Puis, j'ai grandi, et j'ai essayé d'intégrer une famille d'aventuriers, sans succès. J'étais trop faible, comme je le suis encore aujourd'hui.
D'autres années se sont écoulées après cet échec, et j'ai pris la décision d'intégrer cette fois-ci une guilde d'exploration et de secours, où j'espérais avoir ma place. Je ne désirais pas grand-chose, juste un petit espace où m'insérer, parmi des Pokémon qui me considéreraient comme leur égal. En vain. Mais je crois... Il y a toujours eu quelqu'un pour me réconforter, à sa manière... Puis... La... V-Team ? Je crois... Mais pourquoi V ? Je ne me souviens plus... Elna ? Non, je ne l'ai pas rencontré il y a longtemps. Qui était-ce... Oui, ça me revient, Roscoe ! Roscoe, et Victini ! Comme frappé par un éclair, il rouvrit les yeux, la vue brouillée de sang.
— Roscoe... Victini... parvint-il à articuler. Je ne peux pas.... Je dois... Les aider !!
Dans son coeur il sentit une grande chaleur, qui lui parcourut bientôt tout le corps. Puis, des spasmes le secouèrent, apeurant légèrement les Hellwolf. Que... Que m'arrive-t-il ? Je ne contrôle plus mon corps ! La chaleur dans sa poitrine s'intensifia, comme s’il brûlait. Il espérait que cela s’arrête, mais au lieu de ça, cette chaleur se propagea toujours plus, et chaque parcelle de son corps le fit souffrir, comme s'il était en feu. Et c'était le cas : autour de lui s'était matérialisé une aura bleutée, semblant provenir de sa dague.
Confus et le corps paralysé, il crut devenir fou. La magie… provient-elle du Donjon ? Je tiens à mes amis, et c'est pour eux que je fais tout ça ! Car je tiens à eux ! [/i] Les brûlures se stoppèrent net, tout comme les spasmes.
— M… Magie de renforcement ! s'écria-t-il.
— Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Elna. Il perd les pédales.
— Non, regarde, la contredit Adrian. On dirait que la magie contenue dans sa dague s’est libérée en lui.
—Tu veux dire… Que le Donjon l’a aidé ?
Il se releva difficilement, et de fines gouttelettes apparurent autour du Grenousse, avant d’être aspirées par sa peau, luisant d’une très légère teinte bleue.
— Pistolet à Eau !
Il tira alors un puissant jet d’eau qui pulvérisa presque les monstres, les envoyant s’écraser contre un mur. Reprenant leurs esprits, ils contre-attaquèrent en crachant ensemble un déluge de flammes vers le Grenousse qui regarda son arme, et sourit.
— Enfin, tu te décides à m'aider... Qu'est-ce que j'aurais fait, sans toi ?
Il fléchit les genoux et sauta vers les monstres, s’élevant à trois mètres au-dessus d’eux. Les loups sautèrent à leur tour pour le dévorer, mais toujours dans les airs il utilisa Ecume, qui à sa stupeur fit apparaître de grosses quantités de mousse. Les monstres se retrouvèrent piégés dedans, entravant ainsi leurs mouvements. Aoi se laissa alors tomber sur le premier loup à sa portée, le transperçant de sa lame. Il explosa dans une fumée noire, et avant que d’autres créatures n’attaquent, il les découpa toutes. Autour de lui, les loups explosèrent, laissant tomber vingt pierres violettes. Mais tandis qu'il soufflait et rangeait son arme, il sentit sa tête se mettre à tourner et ses jambes fléchissant, il tomba au sol.
Non loin, dans la bulle, la Kirlia fronçait les sourcils, tandis que le Simiabraz souriait.
— Qui aurait cru que ce nabot pourrait s’en sortir autant… souffla-t-elle.
— La voilà, ta résolution, dit-il. Cependant, tu ne la maîtrises pas encore... Elna, fais disparaître la barrière.
— ...Compris, fit-elle.
Le mur invisible disparut, et les deux Pokémon se rapprochèrent d'Aoi, inconscient.
— Bon sang, il aura tout donné, lui. Elna, sois gentille, et range les pierres dans sa sacoche.
— Pourquoi moi ? s'indigna-t-elle.
— Parce que je te l'ai ordonné. Malgré tout, je reste ton supérieur hiérarchique, donc fais-le, s'il te plaît. Ce petit l'a mérité.
A contrecœur, la Kirlia alla ramasser les gemmes éparpillées au sol, pour les ranger. Lorsqu'elle eut fini, le Simiabraz le prit sur son épaule, et se dirigea vers l'escalier, suivi de son acolyte.
— Pourquoi l'aides-tu ? demanda-t-elle. Il me semble que c'est un explorateur, pourtant, donc c'est plutôt l'inverse, qui serait normal.
— Car vois-tu, un jour, comme tu dis c'est l'inverse qui arrivera.
— Humpf, plutôt mourir que d'être sauvée par cet incapable.
— Justement, c'est parce qu'il sera là que tu ne mourras pas. Souviens-toi en, Elna, ce petit ira loin.
— Qu'est ce qui te fait dire ça ? demanda-t-elle, tandis qu'ils montaient les marches.
— Eh bien plus je le regarde, et plus il me fait penser à notre bon vieil Agnil. Bien qu'ils soient forts chacun d'une manière différente, bien sûr.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Je ne te permets pas de les comparer, Adrian !
La colère transparaissait dans la voix de la Kirlia. Pour elle, cela n’avait aucun sens de comparer le Lucario, vénérable aventurier, à un débutant qui savait tout juste utiliser la magie de renforcement.
— Agnil possédait un talent unique, et l'utilisait pour protéger ceux qui lui étaient chers. Le petit Grenousse, lui, c'est tout l'inverse : c'est parce qu'il veut protéger ceux qui lui sont chers qu'il a de quoi devenir talentueux et unique. Toi qui le connaît, comment s'appelle-t-il ?
— A...Aoi... Mais je ne le connais pas tant que ça ! Je sais juste que c'est un idiot borné qui ne sait pas ce qui l'entoure ! Après, je m'en fiche de lui !
— Dans ce cas-là, ne te mets pas dans tous tes états. Mais quelle surprise, sourit-il, un explorateur avec une bénédiction... En y pensant, ce n'est pas bête.
Un quart d'heure plus tard, les deux aventuriers furent de retour à la surface, emmenant toujours Aoi.
— Tu vas le déposer avec ses amis ? Il sera un fardeau pour eux, tu le sais bien.
— Non, je le ramène à la maison. Ça ne devrait pas poser trop de problèmes, j'imagine. Il ne mord pas, et c'est moi qui l'invite. Quant à eux, j'ai dit que je leur payais des chambres au Doux Rondoudou si le petit gagnait, donc je vais tenir promesse. Maintenant, s'il a de la considération pour eux, il a intérêt à vite se remettre sur pied pour vaincre le Centaure.
— Ce n'est pas un ennemi normal, tu le sais bien. Pour lui, devenir suffisamment fort pour gagner lui prendrait plusieurs mois, dit Elna.
— C'est à lui de voir ; soit il abandonne, et ils se retrouvent de nouveau à la rue, soit il meurt au combat, soit il gagne. Et pour pimenter les choses, j'ai prévu d'organiser un pari avec les autres de la famille.
— Quelle sorte de pari ? demanda l'autre.
Le Simiabraz se mit à rire.
— Le pari que dans dix jours, au maximum, il sera apte à se battre contre le Centaure, et gagnera. Comme toi, tous le considèrent comme un faible, alors je pense pouvoir m'en mettre plein les poches. De plus, ça lui offrira une petite renommée, bien plus durable et impressionnante.
Le QG de la Familia Reshiram était un immense palais en pierres blanches, accessible par une rue perpendiculaire à l'artère principale. Avant de pouvoir entrer dans le bâtiment, il fallait traverser une immense cour, décorée de haies taillées et de fontaines luxueuses. Venaient ensuite deux imposantes portes, grandes au moins comme vingt fois Aoi. Comme tous les membres de la famille présents à Altaïa y habitaient, le palais comportait plus d'une centaine de pièces, mêlant salons, chambres, salles de bains, salles de banquets...
Jamais le Grenousse n'était entré dans un lieu aussi majestueux, et il ne savait pas encore qu'il s'apprêtait à y pénétrer, étant inconscient. Tandis que le Simiabraz nommé Adrian le ramenait, il avait envoyé Elna chercher Victini et Roscoe, afin qu'ils se rendent au Doux Rondoudou. Le singe avait d'ailleurs bien mentionné le fait qu'aucun des deux ne devait rendre visite à Aoi, tant qu'il n'était pas venu à bout du Centaure.
***
— Bon sang, mais c'est juste un bâtiment brûlé, arrête de pleurnicher pour ça !
Sur ordre de son acolyte, la Kirlia s'était rendue auprès de Roscoe et Victini, et ce dernier pleurait encore à son arrivée.
— Pourquoi es-tu venue nous voir, exactement ? demanda le Chacripan.
Lui aussi était peiné par le tragique événement qui venait de se produire, mais parvenait mieux à gérer ses émotions, et avait surtout enduré des souffrances bien pires, tout au long de sa vie.
— C'est Adrian qui m'a envoyé ! Avec cet argent, vous pouvez être logés au Doux Rondoudou, et y avoir un repas par jour.
— Donc à partir de maintenant, nous allons devenir totalement dépendants de votre famille, et nous allons vivre jusqu'à la fin de nos jours dans des chambres qui ne nous appartiennent pas ? demanda Roscoe.
— Non, cela durera seulement dix jours, ni plus ni moins, fit Elna. Ce délai passé, soit vous obtenez un vrai logement, soit vous vous retrouverez à la rue.
— Si je comprends bien, c'est pile ou face ? On a autant de chances d'avoir la meilleure solution que la pire ?
— Du tout. Tout dépendra du Grenousse, même si à mes yeux, autant vous mettre tout de suite à la rue, et éviter de gâcher de l'argent pour rien.
— Que veux-tu dire en parlant d'Aoi ? dit Roscoe en fronçant les sourcils, par méfiance.
— Nous l'avons retrouvé en danger, au septième étage. Adrian a voulu le tester, alors nous lui avons imposé de survivre à un combat contre vingt Hellwolf, et par miracle, il a survécu.
— Par miracle ?
— Il aurait dû mourir, c'est évident. Mais même si je n'ai pas compris pourquoi, il s'en est sorti, et les as tous tués. Cet idiot de Simiabraz dit que s'il a gagné, c'est parce qu'il lui a promis que vous seriez logés si c'était le cas. Et il lui a aussi assuré que s'il venait à bout du Centaure dans moins de dix jours, vous obtiendriez une maison suffisamment grande pour vous trois, voire pour accueillir davantage de gens, si l'envie vous en prend...
— Je vois... Où est Aoi ?
Le chat avait soudain monté la voix, et semblait s'énerver contre l'attitude méprisante de son interlocutrice.
— Chez nous, au palais de la Familia Reshiram. C'est Adrian qui a insisté pour l'y emmener, le temps qu'il revienne à lui et qu'il récupère. En attendant, vous n'avez, d'après lui, pas le droit de venir lui rendre visite, dit la Kirlia.
— Alors c'est comme ça... Vous avez intérêt à prendre soin de lui, car sinon, vous allez m'entendre, qu'il ait vaincu le Centaure ou non. Victini ! Allons-y.
— Mais... Je... Notre QG... pleurnicha celui-ci. Ils ont... La V-Team... C'est fini...
— Tss, siffla le Chacripan . Tu es le maître de la Guilde, alors cesse de te comporter comme un enfant. Tandis que tu pleures une vieille bicoque, Aoi, lui, se bat pour nous. Est-ce normal ?
— Roscoe... Que dois-je faire ?
— Venir au Doux Rondoudou, arrêter de pleurnicher, et faire confiance à Aoi ! Pleurer ne changera rien.
La créature hocha la tête, et essuya ses larmes, avant de suivre l'autre Pokémon, qui jeta un dernier regard noir à Elna, fermant la marche. Et à un kilomètre de là, le Grenousse s'éveillait.
***
Aoi ouvrit les yeux, se réveillant dans une pièce qui lui était totalement inconnue ; ses murs étaient blancs et couverts de moulures en or, un grand lustre en verre pendant du plafond, et le lit dans lequel il se trouvait semblait pouvoir accueillir dix Pokémon, tant il était large.
Il se releva lentement, tout endolori et courbaturé. Comme il remarquait qu'un miroir était accroché à un mur, il se déplaça jusqu'au bord du lit, et parvint à se tenir debout. Toujours lentement, il boita jusqu'au grand miroir, et se regarda longuement, se reconnaissant difficilement. De la tête aux pieds, il était couvert de bandages, et sa mousse semblait arrachée par endroits. Enfin, sa peau était brûlée, suivant une forme de spirale.
— Bon sang, murmura-t-il, qu'est-ce que j'ai bien pu faire...
— Tu t'es battu contre vingt Hellwolf, fit une voix.
Surpris, il se tourna, et découvrit Adrian dans l'embrasure de la porte. Celui-ci, souriant, s'avança à la rencontre du Grenousse.
— Tu étais un peu pitoyable au début, mais à la fin du combat, tu as assuré. Sais-tu ce qui t'es arrivé ?
— Eh bien, comme vous le dites, il me semble que j'étais en difficulté, puis j'ai entendu une voix...
— Et tu as utilisé de la magie, compléta le Simiabraz. Une magie de renforcement, c’était agréable à regarder.
— Mais je ne maîtrise pas de magie !
— Tu ne maîtrisais pas de magie ! Le changement qui t'a permis de te relever a été ta résolution. Tu as pensé à tes amis, n'est-ce pas ?
— Oui...
— J'ai tenu ma promesse, et comme tu as gagné, je m'engage à leur payer le logement au Doux Rondoudou. Toutefois, il y a quelque chose dont je dois t'informer, à propos de la suite des événements.
Il marqua une pause, le temps d'observer le visage d'Aoi, puis reprit.
— Bon, comme je t'ai dit, si tu bats le boss du dixième étage, je vous offrirai une maison plus que convenable. Toutefois, il y a un changement : tu n'as que dix jours à compter d'aujourd'hui pour progresser, et le défaire. Passé ce délai, ils seront renvoyés à la rue, et ne pourront compter que sur eux-mêmes. A toi de voir.
— Mais... Je ne suis pas assez fort ! protesta le petit Pokémon.
— C'est pour cela que je te laisse dix jours. Autrement, je t'y enverrais, qu'importe ton état et tes compétences. Bien, cela étant dit, laisse-moi passer à la suite : tu te trouves dans le palais de la Familia Reshiram, et tu y resteras le temps qu'il faudra, jusqu'à ce que tu gagnes, ou que tu abandonnes.
Le Grenousse souffla et regarda longuement ses pieds, encore confus et l'esprit embrumé.
— Je n'ai pas le choix, j'imagine ?
En guise de réponse, l'autre se contenta de sourire.
— Dans ce cas-là, j'ai pris ma décision.