Endless Dungeon : Le Dernier Explorateur de Serian Norua

Récapitulatif du dernier chapitre :
Victini et Aoi se rendent chez Boras, un ami du petit Dieu, afin d’obtenir des informations sur la dague d’Aoi. Celui-ci leur apprend qu’il s’agit d’une arme magique pouvant accroître ses capacités. Mais dans l’ombres, des individus mal intentionnés rôdent…


***

~An x1834 après Arceus~
De retour du quartier des forgerons, les deux compères retrouvèrent Roscoe dans la maisonnette de la guilde. Ils discutaient de ce que Boras leur avait dit vis-à-vis de la dague et de sa valeur.

— D'ailleurs, en parlant d'argent... dit Aoi. Maintenant que j'ai rejoint la V-Team et que nous sommes trois, j'aurais aimé fêter ça, en vous invitant au Doux Rondoudou !

— Le Doux Roudoudou ? répéta Roscoe. Nous inviter ? Mais avec quel argent ?

— Celui que j'ai acquis depuis que je suis descendu dans le Donjon. La pierre d'âme du mini-boss m'a rapporté suffisamment pour nous offrir un repas digne de ce nom.

Victini jeta rapidement un coup d'œil au feu brûlant dans la cheminée, et sembla réfléchir.

— Il est à peine dix-huit heures, dit-il. Si nous n'y allons qu'à vingt heures au minimum, ça nous laisse du temps. Et devinez quoi, je sais ce que vous allez faire en attendant !

Encore une fois tout content, il sautilla jusqu'à une table sur laquelle était empilées des dizaines de feuillettes ressemblant à de petites affiches.

— Vous allez les coller un peu partout en ville, afin que ça nous fasse de la publicité ! Jusque-là, personne n'avait conscience de notre existence, mais ça va changer !

— Oui, oui... lui répondirent les deux autres en sortant.

Les feuilles. Ils ne les ont pas pris, songea Victini.

— Quels imbéciles...

Dans la journée, le Grenousse n'avait fait qu’entrer et sortir de la maisonnette, marcher en ville, et souffrir sous un soleil de plomb. A sa taille était attachée sa ceinture, à laquelle pendait sa dague. Alors que le fait de porter une arme le rassurait, il n’en était pas beaucoup plus puissant. C'est mon choix, pensa-t-il. C’est ma seule chance de progresser, actuellement, mes capacités ne sont pas encore suffisantes.

Ne suivant aucun chemin en particulier, les deux amis se retrouvèrent dans l'ancienne ville, où Aoi avait l'habitude de « s'entraîner » avant qu'il ne rejoigne la V-Team. Ainsi, apercevoir ces grands murs de pierre lui fit un pincement au cœur, comme s'il était nostalgique de son passé proche. C'était aussi ici qu'il avait parlé pour la première fois à Elna, l'aventurière de la familia Reshiram. Pensant soudain à elle, le Grenousse se demanda ce qu'elle faisait, et si elle allait bien. La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, elle avait brisé ses convictions, en criant que les guildes n'étaient que des ramassis d'escrocs avares, et qui plus est que le petit Pokémon était trop faible.

A ce moment, il ne faisait pas partie de la guilde de Victini, et depuis, il s'était passé un certain nombre d'événements. Peut-être qu'elle aura entendu parler de moi, songea Aoi. Au moins pour ma mousse rouge. Tandis qu'il y pensait, il regarda sa mousse auparavant blanche, devenue cramoisie à la suite du combat contre l'Arnius, le mini-boss du niveau cinq. Ça me démarquera de tous les autres, sourit-il.

— Roscoe ? Est-ce qu'on peut s'entraîner ? demanda-t-il.

— S'entraîner ? répéta le Chacripan. Mais ce n’est pas le bon endroit pour ça ! Si tu veux devenir plus fort, rends-toi dans le Donjon !

La grenouille soupira.

— Je n'ai plus le temps, aujourd'hui... Pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque ! Je veux atteindre le sixième étage !

Ils s'étaient désormais arrêtés, et Roscoe le fixait avec un regard neutre.

— Tu te sens capable de vaincre de nouveau l'Arnius ?

— Ce gros lézard... Évidemment ! C'est plutôt le boss du dixième niveau qui m'inquiète, mais ça ira ! J'ai la bénédiction du Pokémon de la victoire et une arme, ce qui me donne un avantage.

Cette fois, ce fut au tour du chat de soupirer.

— Tu as progressé, dit-il, mais tu es toujours autant naïf, Aoi. Certes, tu possèdes de l’équipement, mais ne te sens pas non plus pousser des ailes. Ce n’est pas une lame suffisante et à terme, elle se brisera. Elle est faite pour les premiers niveaux, pas pour affronter des monstres trop forts.

Aoi resta muet, et se mit à réfléchir. En effet, Roscoe n'avait peut-être pas tort, et il ne pouvait rien faire. Il était nécessaire pour lui d’améliorer sa propre force, sans recourir à des moyens externes. Même si pour l’instant, tout ne se passait pas comme prévu. Il s'agissait bien là d'une question de chance, mais le Grenousse n'avait jamais été chanceux. Pour preuve, jamais rien ne s'était passé comme il le souhaitait dans sa vie : il n'avait pu rejoindre ni une grande famille ni une grande Guilde, et se retrouvait dans la plus faible, qui n'existait sûrement même pas dans les registres. Et si ce dernier fait ne tenait pas de sa chance, c'est parce qu'à ses yeux, il s'était battu pour réussir, pour sauver le Cacnéa Darius et ses amis. D'ailleurs, il espérait les revoir un jour, afin de prendre de leurs nouvelles.

— A quoi tu penses ? demanda Roscoe.

— A tout ça.

— C'est très vague... Bon plus important, où est ce qu'on va ? C'est bien de marcher, mais avec un but, c'est encore mieux !

— Tu ne penses pas qu'on devrait investir dans un QG plus grand ? demanda soudainement Aoi, changeant de sujet.

— Il nous faudrait déjà les fonds nécessaires, renchérit le Chacripan. Autrement, ce n'est pas une mauvaise idée, car une pièce de deux mètres carrés comprenant uniquement un lit et trois meubles, et constamment chauffée par une cheminée, c'est bien peu.

— J'y pense, où est ce que tu dors, Roscoe ?

— Où je peux, soupira-t-il. Cette maison appartient à Victini, c'est donc lui qui y vit.

Le Grenousse baissa les yeux, attristé par la condition de son ami. Bien qu'il fasse tout pour paraître fort, il était dans un cas de misère, vivant comme il le pouvait. De plus, comme il ne s'aventurait pas dans le Donjon et qu'il ne possédait pas un métier externe, il ne pouvait pas gagner d'argent pour se payer de repas. Aoi serra les poings et grinça des dents, comme la colère montait. Il faut faire quelque chose ! Le voyant ainsi, le Chacripan tenta rapidement de le rassurer.

— Tu sais, ça ne me dérange pas plus que ça. Autrement, ça ne tiendrait qu'à moi de trouver un moyen de changer. Et ils ne manquent pas ; je n'ai qu'à aller dans le Donjon, après tout ! Donc ne te prends pas la tête, Aoi.

En effet, tu n'as pas à t'en occuper. J'ai promis à Victini que je ferai tout pour t'aider à progresser, ce malgré mon état actuel. Aoi, tu ne dois pas te focaliser sur des détails... insignifiants. Ne perdant rien de son sentiment de colère, le Grenousse continua sa route à travers les ruines, et son ami le suivit. Il observait le sol à ses pieds et ne desserrait pas les poings.

— Et si nous rejoignions Victini pour aller au Doux Rondoudou ? proposa Roscoe.

— Déjà ? fit l'autre, sèchement.

— C'est que je commence à avoir faim, tu sais, je n’ai pas beaucoup mangé aujourd'hui...

Aoi détourna le regard.

— D'accord.

Passant par un autre chemin, ils poursuivirent leur chemin en silence, et après une petite demi-heure furent revenus dans les quartiers récents. Roscoe adressa un regard furtif à son ami, et vit que malgré le silence pesant, il avait retrouvé un regard plus doux. Rassuré, il soupira légèrement, et imagina le repas qui les attendait. N'ayant rien demandé au Grenousse, il n'avait pas connaissance du montant qu'il possédait – qui s'élevait à trois mille Pokédollars. Tout ce qu'il avait dit à Aoi était vrai, mais il lui était quand même reconnaissant ; pour un Pokémon qui n'avait connu que la pauvreté, le fait de ne pas partager son argent semblait naturel, mais lui n'en faisait rien de tel. Tu iras loin, je l'espère.

— Tu as dit quelque chose ? demanda-t-il en tournant la tête vers son ami.

Roscoe en fut alors troublé. C'est étrange, j'ai certainement dû marmonner comme je réfléchissais...

— Qu'importe, reprit Aoi. Bon, on est bientôt arrivés ?

— Bientôt, oui.

En effet, ils atteignaient la rue principale de la ville, et en suivant une série de petites ruelles, auraient tôt fait de déboucher sur leur maison. Mais alors, Victini surgit devant eux, libérant quelques flammes autour de lui. Il se posa et sautilla innocemment d'une patte à l'autre en souriant aux deux Pokémon.

— J'ai décidé de vous rejoindre en chemin ! dit-il. Comme ça, on ira plus vite manger !

— Bon sang, soupira le Grenousse, vous êtes vraiment des ventres sur pattes.

— Tu n'as pas faim, toi ? demanda Roscoe.

— Non... Je ne sais pas, il y a quelque chose qui me tracasse. Pourtant, je n'arrive pas bien à savoir quoi...

Le Pokémon Feu lui sourit.

— Ne t'en fais pas, détends-toi simplement. Tu as eu une lourde journée, c'est normal que tu sois un peu chamboulé.

— Ce n'est pas ça. J'ai un mauvais pressentiment, mais ça va aller. Je pense que je me fais des idées, simplement.

Les deux autres se regardèrent, et posèrent de nouveau leurs yeux sur Aoi.

— Bon ! s'exclama ce dernier. Pas la peine de faire cette tête, allons manger !

C'est lui qui dit ça... songea Rosoce. Il a fait une tête d'enterrement pendant tout le trajet et nous fait des reproches... Il ne changera jamais ! Il sourit et les trois amis prirent la route du Doux Rondoudou, la célèbre taverne des aventuriers. Il n'était pas encore vingt heures, et avec un peu de chance, ils n'auraient pas de difficulté à trouver de la place.

En effet, comme c'était la plus grosse adresse à servir les aventuriers, tous ceux en ayant les moyens s'y rendaient, et l’endroit était rapidement bondé. D'autre part, certaines tables étaient réservées par les plus grandes familles ou guildes, et la V-Team, n'ayant aucune notoriété, ne pouvait se permettre de s'affirmer pour les places. Le Doux Rondoudou se trouvait plus haut dans la rue, et ils l'atteignirent en tout juste cinq minutes. Par chance, seuls quelques Pokémon s'y trouvaient, et ils empruntèrent une table de quatre sans problèmes. A peine furent-ils installés qu'on leur servit d'énormes plats, valant sans doute plusieurs centaines de Pokédollars chacun.

Le sol était en pierre et les murs en bois. Un escalier non loin du comptoir, derrière lequel se trouvaient de larges tonneaux, menait à un étage. Des tables s’y trouvaient, elles semblaient plus luxueuses que celles du rez-de-chaussée. Des lustres rustiques pendaient du plafond, seule source de lumière après les petites fenêtres teintées.

— Juste comme ça, Aoi, combien as-tu ? demanda Roscoe.

— A peu près trois mille Pokédollars. Logiquement, on devrait avoir assez pour ce soir. Et vous, vous n'avez rien ?

— Non.. Tout dépend de toi.

Le Grenousse soupira.

— Même pas toi, Victini ? Pourtant tu es un Dieu, tu devrais avoir de quoi payer !

— Désolé, fit celui-ci en souriant.

Aoi soupira une nouvelle fois. Bon sang, j'espère qu'on aura assez. Et cette inquiétude était d'autant plus justifiée qu'à chaque plat fini, les serveuses en apportaient d'autres. Bientôt, une montagne de plats et d'assiettes fut amassée sur la table.

— Comment est-ce que vous pouvez manger autant ?! s'exclama le Grenousse. Vous êtes de vrais goinfres !

— Toi en revanche tu n'as quasiment rien avalé, fit remarquer Roscoe.

— Pas le moral, je te rappelle.

— Bon dans ce cas-là, écoute ! dit-il en s'approchant de son ami. Tu savais que Victini était amoureux ?

— Ah bon ?

— Oui ! Raconte, Victini !

Celui-ci rougit.

— Il s'agit de Meloetta, avoua-t-il. Avant même que nous ne revenions sur la Terre, j'éprouvais des sentiments...

— Et elle ? demanda Aoi. Qu'est-ce qu'elle ressent pour toi ?

— Pas grand-chose, j'imagine...

— Je vois, soupira l'autre. Désolé Victini, je ne suis pas très bon pour ce genre de relations.

Roscoe sourit, comprenant l'allusion à Elna. Le Grenousse sembla alors frappé d’une révélation.

— Attends, sur la Terre ? Je veux dire… Vous étiez où avant ?

— C’est une bien longue histoire, répondit Victini. Il est encore trop tôt pour que tu la connaisses.

— Il se fait tard, dit Roscoe. Je n'ai pas envie d'être rabat-joie, mais si demain tu veux être en forme pour le Donjon, Aoi, on devrait aller se coucher.

Acquiesçant, le Grenousse alla déposer l'argent au comptoir, et ils sortirent du bar. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, déjà, mais l'animation dans les rues n'en était pas moins grande. C'est demain, songea la grenouille. Je pourrai enfin effectuer des missions de sauvetage !

Comme ils passaient devant un groupe d'aventuriers, ils entendirent leur discussion.

— C'est vrai, cette histoire de feu ? demanda l'un.

— Oui, apparemment, une maison serait en train de brûler.

— Et ils ont envoyé des gens pour l'éteindre ? fit le premier.

— Non, elle se situerait dans une zone où les flammes ne peuvent atteindre les autres bâtiments. Qui plus est, elle est minuscule.

— C'est un peu risqué, quand même.

— Pff, qu'importe. C'est le quartier pauvre, donc ça ne nous concerne pas. Au contraire, ça fera de la place, c'est aussi bien. Tant pis pour eux, c'est tout.

— Une maison qui brûle ? dit Roscoe. Les bâtiments sont faits de bois, le feu peut donc facilement se propager. C'est risqué, en effet.

— On ne peut rien faire ? demanda Aoi.

— La ville est grande, et nous ne savons pas où il se situe. Du coup, il se serait probablement éteint avant même que l'on n'ait pu faire quoi que ce soit. Bon, rentrons vite, je commence à avoir froid !

La journée avait été chaude, mais à cette heure, l'air se rafraîchissait incroyablement rapidement. Comme son ami le fit remarquer, le Grenousse sentit l'air passer et en eut des frissons. Moi aussi, j'ai bien froid... songea-t-il. En effet, on ferait mieux de rentrer. Seul Victini ne craignait pas la température, étant de type Feu. D'un air joyeux, il guidait la marche, tout en sautillant, et éclairait la nuit d'une petite flammèche au bout de sa patte.

— Aoi, il faudra que tu nous repayes un repas, un de ces soirs !

Mais il n'entendait pas. Ses oreilles bourdonnaient légèrement, et il était distrait. Un feu. Le quartier pauvre. Pourquoi ? Il voulut le crier, mais sa langue ne put prononcer un mot. Sa bouche était sèche, et ses yeux lui piquaient. Il sentit une douce chaleur sur son visage, et l'odeur âcre de la fumée. Puis, Victini et Roscoe s'arrêtèrent. Face à eux, un bâtiment flambait, illuminant l'obscure nuit. Pourquoi ?! Devant ce feu se tenaient quatre créatures, et sur les restes d'un mur de la construction était accroché un poteau, soutenant un lourd tissu.

— Pourquoi ?

C'est le petit Pokémon légendaire qui parla pour Aoi. Sa voix était cassée, et il semblait prêt à pleurer, ravalant chaque sanglot qui montait. Juste derrière-lui, le Chacripan paraissait perdu, écarquillant les yeux devant le terrifiant spectacle qui s'offrait à lui.

— Vous voilà enfin, misérables créatures, fit une voix aiguë. Nous vous attendions.

Derrière elle, l'une des créatures ricana ; il s'agissait là d'un Ectoplasma. A côté de lui se tenaient un Noctunoir et un Golemastoc, non moins souriants.

— Me...Meloetta ? fit Victini d'une petite voix en s'avançant.

En effet, devant les trois Pokémon Spectre se tenait un petit être semblable à un humain avec de longs cheveux blond pâle.

— Que... Qu'est ce qui se passe ? Tu as vu ceux qui ont fait ça ?

La Pokémon éclata de rire et fixa l'autre d'un regard méprisant.

— Tu es trop stupide, Victini. Vois ça comme un geste gentil envers toi ; tu es trop faible pour être à la tête d'une guilde !

C'était ça. Ce pressentiment, cette ambiance malsaine, Aoi le comprenait. Revenant à lui, il se mit à bouillonner de colère.

— Vous... siffla-t-il en s'avançant. Qui êtes-vous ?!

— Imbécile, ricana l'Ectoplasma. Nous sommes la M-Team, une famille d'aventuriers !

— La M-Team ?! s'écria le Grenousse, fou de rage. Pourquoi... Pourquoi avez-vous mis le feu à notre QG ?!

— Ce... Ce ne sont pas eux, fit Victini d'une petite voix, Meloetta ne ferait pas ça !

L'espace d'un instant, Aoi fut attendri par le visage de son maître de Guilde, et sa lutte contre la réalité.

— Je vais... Je vais vous tuer !!

Il dégaina sa dague et courut vers les trois Pokémon qui l'attendirent sans bouger.

— Brontos, fit Meloetta.

Le Golemastoc, répondant à sa maîtresse, courut à son tour vers Aoi. Comprenant le danger, Roscoe fila en un éclair devant son ami, et eut tout juste le temps de l'arrêter pour encaisser le coup à sa place. Le Chacripan blessé fut projeté quelques mètres plus loin.

— Roscoe ! s'exclama le Grenousse.

— Ne les attaque pas... Ils sont bien trop forts pour toi !

— Mais j'ai...

— Non ! l'interrompit-il. Tu n'es qu'un débutant, et tu ne dois pas non plus compter sur ton arme. Si tu veux te battre, deviens plus fort.

Il se releva, et revint au niveau de son ami. De l'autre côté, la M-Team ricanait.

— Vous n'êtes pas dignes d'être des explorateurs ! fit le Noctunoir. C'était là un avertissement, et si vous ne voulez pas souffrir davantage, dissolvez votre stupide guilde !

— C'est exact, fit calmement Meloetta. Maintenant, allons-y, la vue de ces créatures m'écœure.

L'Ectoplasma fit apparaître une tornade noire autour d'eux et ils disparurent, laissant la maison des Pokémon brûler. Sur le poteau qui tombait en morceaux, le drapeau représentant le symbole de la Guilde disparaissait, ne laissant que de tous petits morceaux de tissus. Aoi se tourna vers Victini, qui ne se retenait plus pour pleurer. C'était la première fois qu'il le voyait ainsi, triste et en larmes. Je vais m’en occuper… !

— Eh bien voilà, murmura Roscoe, il semble que ce soit la fin de la V-Team.

Bien qu'il s’efforçât de le dissimuler, le Grenousse comprit qu'il était lui aussi triste. Non seulement par la vue de son ami totalement brisé, mais car leur petite famille s'effondrait. La grenouilla serra les poings, ne sentant pas la douleur qu'il s'infligeait. Du sang perla au bout de ses doigts, et tomba au sol, formant une minuscule flaque. Il rangea sa lame et se mit à marcher dans l'autre sens.

— Où vas-tu ? fit le Chacripan.

L'autre s'arrêta, mais ne tourna pas la tête.

— Dans le Donjon, répondit-il sèchement. Je vais gagner de quoi construire un nouveau QG, et je vais m'entraîner.

Roscoe continua de l'observer.

— Tout cela ne sert à rien, Aoi. Si nous ne détruisons pas la guilde, ils pourraient en finir avec nous. Ça me fait mal de dire ça, mais ils sont bien plus forts que nous ; on n'a pas la moindre chance.

— Ne venez pas me chercher, je remonterai quand j'en aurai décidé.

Cette fois, il tourna légèrement la tête vers son ami, et ce dernier vit son regard empli de colère. Aoi n'attendit pas, et se dirigea vers le Donjon, prêt à en découdre. Il posa sa patte ensanglantée sur le manche de son arme, et marcha lentement, méditant sur la suite des événements. Comme il l'avait dit à Roscoe, il était décidé à passer l'Arnius, le mini-boss du niveau cinq.

Le Grenousse rejoignit la rue principale, menant droit à l'immense tour. Sur sa route, il s'approcha de l'étal d'un primeur, et y acheta des baies et des gelées, qu'il fourra dans sa sacoche. Comme il ne savait pas combien il lui restait, il lança au marchand sa bourse, sans un mot, et reprit la marche. Je ne suis pas à un ou deux milliers de Pokédollars près, songea-t-il, car quand je rentrerai, ce sera avec plusieurs dizaines voire centaines. J'en fais la promesse.

A mesure qu'il s'approchait du Donjon, la foule se raréfiait, et lorsqu'il atteignit la place, elle fut déserte. Les aventuriers dorment, pas le Donjon. Comme ça, personne ne me dérangera. Une fois de plus, il pénétra dans la grande structure, et ses pas résonnèrent dans le hall sombre.

M-Team, murmura-t-il. A partir de maintenant, vous êtes mes ennemis. J'ai enfin pu intégrer une Guilde, alors vous n'allez pas nous causer de problèmes ! Roscoe et Victini sont mes amis, et je ne vous laisserai pas leur faire du mal impunément.

Atteignant les escaliers, il choisit de ne pas perdre de temps, et sauta directement au milieu, tombant dans le vide. A mesure qu'il descendait, il sentit l'air se refroidir, et s'humidifier. A toute vitesse, il s'écrasa au sol du premier étage dans un énorme vacarme. Le Grenousse se releva, dégaina son arme, et commença à marcher. Tout juste cinquante mètres plus loin apparut une Piastrelle Sombre, qu'il trancha en deux. Une fois de plus, l'âme du monstre se rassembla dans un petit joyau, et le Pokémon ramassa la pierre magique. Et d'une. Bien que petite, c'est un début. Il reprit sa route, et près de l'escalier accoururent deux Darkwolf.

— Je n'ai pas de temps à perdre avec vous... Allez-vous en !

Au lieu de ça, ils se précipitèrent vers Aoi, qui leur asséna un Pistolet à Eau, suffisamment puissant pour éliminer les monstres. Rapidement, il ramassa les pierres mauves tombées au sol, et descendit les marches le séparant du second niveau. Un Gobelin se précipita vers lui et voulut lui asséner un coup de gourdin, mais Aoi le découpa, et décapita la créature. D'autres apparurent, et, tournant sur lui-même, il les tua.