C.5 : Arme magique
Récapitulatif du dernier chapitre :
Contre toute attente, Roscoe appartient à une guilde d’exploration et de secours, et il présente Aoi à son maître, qui n’est autre que Victini, le Pokémon de la victoire. A la suite de ça, il se rend dans le Donjon pour s’entraîner.
***
~An x1834 après Arceus~
Immédiatement après être rentré du Donjon, le Grenousse s'était rendu dans la maison de Victini afin d'obtenir des renseignements sur sa dague, mais il n'y avait alors que Roscoe.
— Une forme de magie semble s’en échapper, mais c’est presque imperceptible. De plus, je n’ai pas assez de connaissances en la matière pour t’être utile. As-tu ressenti quelque chose de particulier ?
L'autre fit non de la tête.
— Je vois... continua Roscoe. Dans tous les cas, il faudrait demander à Victini, il doit certainement le savoir.
— Où est-il, d'ailleurs ? demanda Aoi.
— Pas la moindre idée ! Celui-là, il sort et rentre quand il en a envie, soupira-t-il. Écoute, comme tu es parti précipitamment tout à l'heure, on n'a pas eu le temps de parler.
Ne l'interrompant pas, l'autre Pokémon attendit la suite.
— Maintenant que tu es doté d'une bénédiction, tu entres dans la cour des grands. Pourtant, ça ne veut pas dire que tu vas devenir d’ores et déjà un héros, où améliorer tes capacités du jour au lendemain.
— Mais j'ai déjà l'impression d'avoir progressé, l'interrompit le Grenousse.
Roscoe resta à réfléchir. Ne lui répondant pas, il resta une longue minute à réfléchir, essayant de déterminer la raison de cette montée. Peut-être n'était-ce là qu'une impression que le Grenousse se faisait, mais s'il avait vraiment progressé, alors...
— Aoi ! As-tu une motivation, quand tu te bats ?
— Oui, je veux devenir le plus fort, et ensuite je serai un héros !
« Un héros » Beaucoup, par le passé, ont tenté d'en devenir, mais seuls très peu y sont parvenus. Un héros n'est pas défini par sa force ou sa magie, mais par les actes qu'il mène, et les exploits qu'il effectue. Dans son cas, songea Roscoe, il veut devenir un explorateur qui surpassera tous les autres, et il a déjà réussi un exploit que tout le monde qualifie d'impossible. Cependant, tous ont péri dans des circonstances non héroïques, comme Agnil. Lui en est le parfait exemple : armé de courage, il s'est élancé contre Azama, et aujourd'hui son nom est bafoué par la Division Zéro...
— La grenouille, dit Roscoe, ça te dirait qu'on aille faire un tour au Comptoir pour te faire devenir un explorateur reconnu ?
— Oui ! s'exclama Aoi, des étoiles dans les yeux.
Ils sortirent de la maison et se dirigèrent vers la place du Donjon, sur laquelle se trouvait le Comptoir, point de repère de tous les aventuriers et explorateurs.
— Roscoe ? Pourquoi tu n'effectues aucune mission ?
Le chat soupira.
— C'est barbant. Je préfère te laisser t'en occuper.
— Je vois, tu es comme une mascotte pour la V-Team ?
— Si tu veux... soupira une nouvelle fois le Chacripan.
Ils pénétrèrent à l'intérieur du bâtiment, et les voyant arriver, l'hôtesse de l'accueil salua Roscoe. Il est vraiment connu, pensa Aoi, en le regardant du coin de l'œil. Les deux amis montèrent à l'étage, et atteignirent un large panneau où étaient accrochées diverses affiches.
— Bien, comme tu es débutant, je vais devoir t'expliquer certaines choses, dit Roscoe. Tout d'abord, les explorateurs possèdent des grades, allant du grade Normal à Maître. Chaque réussite de sauvetage que tu déclares te rapporte un certain nombre de points, et une fois que tu en as atteins un nombre suffisant, tu es en mesure d'accéder au grade suivant. En cas de doute, tu peux demander à consulter ton dossier d'aventurier, et connaître le nombre de points qu'il te reste à gagner, ou le nombre total. Cependant, le seul pour lequel tu ne pourras pas avoir d'informations est le Grade Maître. Ensuite, ici sont affichées toutes les demandes de secours qui ont été répertoriées. Dans le cas où le Cacnéa que tu as sauvé serait arrivé jusqu'ici, il aurait pu ordonner une demande de secours pour ses camarades, offrir une récompense, et l'affiche aurait été accrochée ici.
— Roscoe...
— Oui ? fit celui-là.
Il se tourna vers le Grenousse, qui semblait regarder une affiche, au sommet du panneau. Voyant la demande qui y était écrite, il fronça les sourcils.
— Pourquoi personne ne l'a prise ? demanda Aoi.
— Ça fait quatre ans qu'elle est ici, il s'agit plus d'une légende qu'une réelle demande.
— Une légende ? répéta-t-il. Si tu considères ça comme une légende, alors le fait qu'il soit mort peut aussi en être une !
— Que... Que veux-tu dire ? fit Roscoe.
— Personne n'est revenu de cette expédition, et on n'a donc aucune preuve qu'il soit mort. Il me semble qu'à l'étage cinquante-et-un, il y a une station pacifique, dans laquelle les monstres ne peuvent se rendre. Peut-être qu'il y est encore !
C'était là une possibilité à laquelle peu avaient songé, en effet, mais tous n'étaient pas morts. J'étais là, Aoi. Je l'ai vu mourir, dévoré par Azama.
— Bon, soupira le chat, pour le moment, allons créer ton dossier d'explorateur.
Le Grenousse hocha la tête, et ils redescendirent au rez-de-chaussée. Bien que n'ayant rien rajouté, celui-ci était perturbé par cette affiche mystérieuse, et comptait bien, un jour, descendre au quarante-neuvième pour le voir de ses propres yeux.
Les deux arrivèrent devant l'accueil du Comptoir, où une Leveinard les salua.
— Bien le bonjour, monsieur Roscoe, dit-elle. Qu'est-ce qui vous amène ici ?
— Je souhaiterais faire une inscription d'explorateur pour mon ami.
— Bien sûr, fit l'autre en se tournant vers le Grenousse en souriant. Quel est ton nom ?
— Aoi, répondit-il.
— A quelle guilde appartient-il ?
— La même que moi, fit Roscoe. La V-Team.
La Pokémon finit alors de remplir toutes sortes de cases sur une feuille, avant de la tendre à Aoi, accompagnée d'un crayon. Apercevant une zone où il devait signer, il s'empara de la mine de bois, et y dessina une petite tête de Grenousse. Le voyant, le Chacripan soupira et posa une patte sur sa tête, gêné par la bêtise de son ami. Elle a trop la classe, ma signature ! pensa l'autre, émerveillé devant son dessin d'enfant.
Arborant un sourire neutre, l'hôtesse récupéra la feuille et tendit à Aoi une petite médaille, ressemblant à un œuf blanc muni de petites ailes. Surpris, le Pokémon la saisit, et la contempla à la lumière du jour.
— Cet œuf... C'est comme sur le symbole de la Guilde.
Lui souriant, Roscoe hocha la tête.
— Dans leur majorité, dit-il, les guildes d'Exploration l'incluent dans leur insigne. Certains affirment que c'est nécessaire, mais c'est surtout une question de goûts.
Observant une dernière fois sa médaille, Aoi la rangea et se tourna de nouveau vers la Leveinard.
— Dans le cas où vous vous poseriez des questions sur le statut d'Explorateur, n'hésitez pas à venir nous voir, dit-elle. Aussi, lorsque vous prendrez une mission de secours, vous devrez arracher l'affiche et nous l'apporter, afin que nous vous la validions. Comme vous n'êtes pas un aventurier, nous ne vous imposons pas de limite d'étage, mais veillez à faire attention.
— Allons-y, conclut Roscoe.
Acquiesçant, Aoi le suivit, et ils débouchèrent de nouveau sur la grande place du Donjon. Le Grenousse tourna la tête en direction de celui-ci, et se mit à imaginer toutes les aventures qui l'attendaient. Bientôt, j'y retournerai, et dans de vraies conditions. Traversant la ville pour la quatrième fois dans la journée, il se dirigea, accompagné de son ami, vers leur petite maison. Y arrivant, ils découvrirent Victini, affalé sur le lit.
— Bon sang, soupira le Chacripan.
Il s'approcha de lui, et d'un coup de griffe, le réveilla.
— Que... Qu'est ce qui se passe ?! s'exclama-t-il en sursaut.
— On a besoin de toi, dit Roscoe, c'est à propos de l'arme d'Aoi. Il semblerait qu’une étrange magie s’en dégage.
Victini fronça les sourcils.
— Je crois savoir de quoi il s'agit, mais j'aimerais avoir l'avis d'un professionnel. Aoi, nous allons faire un tour en ville.
— Encore une fois...
Sortant de la petite maisonnette, les deux Pokémon se dirigèrent vers le quartier marchand, l'une des zones commerçantes les plus importantes d'Altaïa. En effet, beaucoup d'aventuriers et d'explorateurs s'approvisionnaient ici en consommables ainsi qu’en équipements pour le Donjon.
D'ailleurs, la journée qu'il venait de vivre avait été particulièrement excitante pour lui, car en plus d'avoir essayé sa nouvelle arme, il était officiellement devenu un explorateur. Plus il y pensait, et moins il arrivait à y croire ; c'était là un rêve qui s'accomplissait. Qui plus est, il possédait une bénédiction divine, lui octroyant une compétence propre à Victini.
Parfois, le Pokémon près de lui jetait de légers coups d'œil à l'étrange lame
— Tout va bien ? demanda Aoi.
— Je ne sais pas... Ton épée dégage une aura troublante, que je n'arrive pas à cerner.
— Je vois... Et où allons-nous exactement ?
— Voir un forgeron enchanteur spécialisé. Il est très qualifié, et saura certainement ce qu'est exactement cette arme.
— Ça ne peut pas simplement être une arme magique ? demanda le Grenousse.
— Si, c'en est une. Cependant, une arme magique, comme tu dis, n'est pas qu'une hache ou une épée pouvant jeter des boules de feu ou congeler ses ennemis. Évidemment, ça existe, mais la définition même de ce type d'équipement est une arme possédant des caractéristiques magiques. La magie est un art compliqué, réparti en trois branches radicalement différentes. Ainsi, certains sorts ou enchantements sont très profonds, et nous ne pouvons les maîtriser.
A côté, Aoi ne savait pas quoi lui répondre, tant il se sentait dépassé par tout ça. A son tour, il regarda son arme, et posa sa patte sur le manche, ressentant de petits picotements.
— Donc tu comptes demander la nature exacte de mon épée à un forgeron, c'est ça ?
— C'est ça ! Lui devrait pouvoir nous en dire plus, j'espère, conclut Victini.
Les deux Pokémon passèrent sous une immense arche, et entrèrent alors dans le marchand. Se trouvant aux bordures de celui-ci, l'animation n'était pas encore extraordinaire, et il n'y avait là que de petits artisans. Cependant, les rues étaient étouffantes, du fait des maisons hautes et resserrées, et de la chaleur dégagée des fours. Aoi, qui détestait la chaleur, ne se sentait pas en grande forme, contrairement au Pokémon Légendaire. Étant de type feu, il se trouvait dans son environnement naturel et cela se voyait au grand sourire qu'il arborait – bien qu'il sourît qu'importe les circonstances.
Après une dizaine de minutes de marche éprouvantes pour le Grenousse, ils atteignirent une façade de boutique sombre.
— On est arrivés, informa Victini.
Les deux Pokémon entrèrent dans le bâtiment, exclusivement éclairé par la lumière filtrante du jour, et le feu au fond de la pièce. Près de celui-ci était assis un Machopeur, frappant d'un marteau sur un morceau de métal.
— Boras, c'est moi ! dit la petite créature.
— Victini ? demanda l'autre en se levant. Ça faisait longtemps, mon ami !
Du haut de son mètre cinquante, le Machopeur dominait le Pokémon Légendaire.
— Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? continua-t-il.
— J'aimerais avoir des renseignements à propos d'une arme !
S'approchant, Aoi lui tendit sa dague rangé dans son fourreau. Tandis qu'il le saisissait, Boras le jugeait d'un œil troublé.
— Elle est bien magique ? demanda Victini.
— C'est même plus que ça, lui répondit l'autre. » Il se tourna vers le Grenousse. « Comment as-tu mis la main dessus ?
— Victini me l’a offerte, répondit-il.
— Dans ma vie, dit le Machopeur, je n'ai vu que peu de ces armes. Vous avez dû faire une sacré affaire, car c’est en effet assez rare.
Les trois Pokémon se dirigèrent vers une table, où Boras posa l'arme. Il offrit ensuite un tabouret à chacun de ses convives, qui s'y assirent. Lorsque tous furent installé, le forgeron dégaina la lame, et l'inspecta sous tous ses angles.
— Actuellement, nous ne connaissons que deux types d'armes magiques : les armes que nous Pokémon fabriquons, et celles dont la magie provient d’une source externe incompréhensible.
En entendant ces mots, Aoi sentit des frissons lui parcourir le dos.
— Cette dague, continua le Machopeur, semble reliée au Donjon pour une raison ou une autre.
— Tout à l'heure, dit Victini, tu as dit que tu n'avais vu que peu d'armes comme celle-ci. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Si tu souhaites que je sois plus précis, la dernière personne à m'avoir présenté un tel équipement est Agnil, de la familia Kyogre.
— Agnil... répéta le petit Pokémon feu.
Cette fois, Boras s'adressa au Grenousse.
— Je ne sais pas si c'est un hasard, ou un choix du destin, mais le fait que tu possèdes une telle arme est tout simplement extraordinaire. Cela ne fait pas de toi le meilleur guerrier ou quoi que ce soit, mais tu devrais en tirer quelque chose.
— Qu'est-ce qu'elle a de particulier ?
L'autre soupira.
— Ses caractéristiques magiques sont inexactes, mais je dois pouvoir t'éclairer. De ce que j’en sais, les forgerons d’autrefois étaient capables de lier une arme tout simple au Donjon. C’est comme si elle renfermait une partie de sa magie.
— C'est incroyable... dit Aoi.
— Ce n'est pas fini. Cette dague doit pouvoir t’aider à améliorer ta magie. Si tu ne la maîtrises pas, alors peut-être cela t’aidera à la débloquer, ou peut-être obtiendras-tu une capacité à la puissance relative. Une magie antique, qui sait.
Le Grenousse perdait peu à peu le fil de la discussion. Le voyant, Victini vint à sa rescousse.
—La magie antique, expliqua-t-il, est la branche la plus rare de la magie. Il s’agit d’une magie secondaire assez puissante qui vient améliorer tes propres capacités et dont on ne connait rien.
— Cependant, continua Boras, elles possèdent un inconvénient majeur. Une fois sa magie libérée, sa durabilité va réduire à une vitesse folle, et elle se brisera avant que tu ne t’en rendes compte.
Il s'arrêta quelques secondes, guettant la réaction d'Aoi. Ce dernier semblait troublé, et était incapable de répondre quoi que ce soit.
— Posséder une telle arme est une chance, mais d’un autre point de vue c’est également un problème, car ce que tu en tireras est totalement hasardeux, et elle peut perdre absolument toute sa valeur.
C’était en effet problématique, mais pour l’explorateur qui souhaitait progresser rapidement, cela avait tout d’un avantage.
— Quand est-ce que la magie sera libérée.
— Je ne sais pas exactement, répondit le Machopeur, mais c'est certain que ça n'arrivera pas en deux jours. Qui plus est, cela n'aura pas forcément pour effet de la détruire, tout dépend de ton utilisation. Cependant, si aujourd’hui son caractère inconnu lui donne beaucoup de valeur, une fois utilisée elle ne vaudra pas plus qu’un simple caillou.
— Je vois…
Je ne veux pas être un simple Pokémon, songea Aoi. Je dois absolument en tirer parti et vite débloquer cette magie.
— J'ai fait mon choix, dit-il. Je vais la garder et l’utiliser !
— Libre à toi, sourit Boras. Après tout, c’est une chance qui ne se rate pas, ce serait dommage de simplement vouloir la revendre.
Le Machopeur ria de bon cœur et continua.
— J'espère te revoir un jour, pour constater comment ton arme aura progressée. Si tu n'es pas mort avant, bien sûr, sourit-il.
— Comptez sur moi pour rester en vie, lui sourit à son tour Aoi. Je deviendrai le plus grand des explorateurs !
A côté de lui, Victini avait perdu son air froncé, et semblait de nouveau joyeux, subjugué par la volonté de son camarade. J'ai bien fait de te choisir, Aoi, pensa-t-il. Je suis certain que même toi, tu seras en mesure de redonner à Roscoe le goût de l'exploration, et que tu pourras connaître la vérité.
Il observait en souriant les deux Pokémon se serrer la main, malgré la différence de carrure, sans prêter attention aux trois créatures les épiant, à l'extérieur de la boutique.
— Une arme magique, hein ? dit l'un. Tout ça semble intéressant.
Un deuxième ricana.
— Tu as raison, ce Grenousse semble une proie parfaite. Lorsqu'il se retrouvera seul, nous le tuerons et nous emparerons de son arme.
— Grâce à ça, dit le troisième, nous allons devenir les plus forts !
— Meloetta sera ravie d'apprendre ça. Il est temps de passer à l'action.