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Endless Dungeon : Le Dernier Explorateur de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 06/01/2020 à 01:33
» Dernière mise à jour le 06/01/2020 à 18:12

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Médiéval

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C.3 : Au prix d'incroyables efforts
Récapitulatif du dernier chapitre :
Décidé à devenir plus fort pour atteindre Elna, Aoi se rend dans le Donjon malgré les mises en gardes de Roscoe. Il se retrouve pris en tenaille par des monstres et la Kirlia le sauve alors. Un échange musclé débute alors entre eux avant que le Chacripan n’arrive sur les lieux.


***

~An x1834 après Arceus~

— C'est justement parce que je suis ton ami que je suis venu. Aoi, on va devoir parler.

— Parler de quoi ? demanda-t-il stupéfait.

— Ton futur. Suis-moi, Aoi.

Ne prononçant mot, le petit Pokémon suivit Roscoe, qui se dirigeait déjà vers la sortie du Donjon. Tout allait beaucoup trop vite pour le Grenousse, qui n'y comprenait rien. Saisissant sa sacoche, il l'ouvrit et observa avec soulagement ses pierres d'âme durement gagnées. En effet, il avait pu perdre ses espoirs, ses convictions, mais pas ses trésors. Un fait important lui revenant alors, il s'adressa au Pokémon devant lui.

— Roscoe, pourquoi m'avoir sauvé ?

Celui-ci se figea, l'air crispé.

— Qu'est-ce que tu dis ? demanda-t-il sèchement. A quel moment je t'ai sauvé ?

— Hier, c'est un groupe d'aventuriers qui me l'ont dit. C'est vrai ?

— Ils ne voulaient juste pas assumer qu'ils avaient sauvé un débutant, et ont rejeté la responsabilité sur moi, j'imagine.

Ne faisant pas durer la conversation davantage, il reprit sa route, marchant plus vite. Aoi, en revanche, ne bougea pas d'un pouce.

— Roscoe, je sais que tu mens. A chaque fois que c'est le cas, tu deviens tendu et tu essayes d'éviter le sujet, voire de trouver une vieille excuse. C'est toi qui m'as sauvé ?

Le Chacripan soupira, et resta longuement à réfléchir. Le voyant ainsi immobile, l'autre Pokémon décida de s'approcher. Le chat cachait un secret, c'était évident. Même Aoi était capable de le comprendre, et sa réaction aussi sérieuse ne pouvait que renforcer cette conviction. Le Grenousse contempla son visage crispé, le regard perdu dans le vide, et le sourcil hésitant.

— Aoi, si je ne peux pas te dire tout ça, c'est parce que tu n'es pas prêt à comprendre.

— Comment ça ? demanda le Pokémon.

— Tu es beaucoup trop naïf et insouciant ! Tu es comme un enfant dans un monde qui t'échappe totalement, et dont tu n'as pas conscience. Vraiment, tu ne te rends pas compte qu'un simple Pokémon ne peut descendre dans le Donjon, même armé de courage et de convictions ?!

— Je ne suis pas qu'un simple Pokémon ! s'exclama Aoi.

— Qui es-tu, alors ?

— Je suis... Je suis...

Rien ne lui vint ; ce n'était pas sa langue qui ne voulait pas formuler le mot, mais son esprit qui ne voulait pas le donner. Ou plutôt qui ne le connaissait pas. Le chat avait raison, il n'était rien.

— Pleure un bon coup, dit Roscoe, tu te sentiras mieux après.

C'est ce qu'il fit, et pour ne pas observer la mine pitoyable de son ami, le Chacripan tourna la tête. Depuis deux ans qu'il l'observait, il avait vu un Grenousse prêt à se battre pour ses idéaux, mais totalement abattu et faible lorsque ceux-ci le quittaient et qu'il se retrouvait face à la réalité. C'était cet élément qui perturbait Roscoe, et l'empêchait d'agir comme il le souhaitait. Bien que courageux et dévoué sur les bords, à l'intérieur Aoi était un petit être au cœur fragile, dont la moindre égratignure se transformait vite en hémorragie. Ainsi, il jouait plutôt le rôle de la cible dont on pouvait se moquer, plutôt que celui du grand héros sur qui compter. Tout cela était visible dans son regard, d'apparence droit, en vérité hésitant. Le Pokémon, Roscoe en était certain, possédait un potentiel énorme à exploiter, si tant est qu'il parvenait à changer.

— Roscoe... Qu'est ce qui ne vas pas chez moi ?

Étonné de cette question soudaine, le Chacripan s'approcha de lui.

— Si tu veux vraiment savoir, prépare les mouchoirs, car tu risques d'inonder le Donjon. Décidément, soupira-t-il, c'est typique des Pokémon Eau de pleurer autant… ? Bon, tu es certain ?

— Oui... répondit Aoi.

— Dans ce cas-là, déjà, même si tu te doutes que ça va être assez douloureux, je veux un « oui » ferme, et pas hésitant. Qui plus est, efface-moi cet air de Ponchien battu ! Quoi qu'on puisse te dire, tu dois te conduire en homme et assumer tes choix comme tes actions ! Ensuite, je te l'ai déjà dit, tu es infiniment trop naïf pour prendre conscience du monde qui t'entoure et t'adapter à lui ! Car ce n'est pas lui qui fera ce pas, mais toi ! Ensuite, dans l'état actuel, tu ne peux pas espérer intégrer une famille, Elna te l'a dit ! Aoi, tu n'as pas le niveau pour ça ! Je suis navré, mais tu n'es bon qu'à observer les autres, dans ton état, et sûrement pas sauver des vies. C'est triste, mais tu es faible, trop faible.

— Je vois, dit-il simplement.

Il n'y avait aucune intonation dans sa voix, et il semblait à bout de forces.

— Roscoe, continua-t-il, j'aimerais que tu me laisses seul un instant...

— Comme tu veux, dit-il.

Le Chacripan tourna le dos à son ami et s'en alla, prenant le chemin de la sortie. Lorsqu'il eut disparu dans l'ombre, Aoi se laissa tomber contre un mur, et repensa à tout ce qu'il avait entendu. Le chat avait raison en disant qu'il était trop insouciant, ou même qu'il n'était qu'un gamin. Tout ça, il le comprenait, mais ne savait pas comment y remédier. D'autant plus que maintenant, la Danseuse Féerique avait brisé tout ce en quoi il croyait. Pour elle, les Guildes n'étaient que des ramassis d'escrocs inutiles. Au fond, elle a peut-être raison, songea le Grenousse.

Mais alors qu'il réfléchissait, il entendit des bruits de pas venir dans sa direction. Le Pokémon se releva, et posa la patte sur son arme, méfiant. L'entendant clairement, Aoi comprit qu'il s'agissait là de quelqu'un courant. Apparut alors un Cacnea, paniqué et blessé. Apercevant le Grenousse, il voulut crier, mais trébucha plutôt sur un rocher et s'écrasa de tout son long sur le sol. Bon sang, pensa Aoi.

— Ça va ? demanda-t-il, se précipitant vers la créature au sol.

Celui-ci releva la tête, révélant de profondes blessures.

— Je t'en prie... articula-t-il, sauve mes compagnons...

— T... Tes compagnons ?! Ils sont aussi au premier étage ?

— Non... Nous avons été attaqués... au cinquième... Par pitié... sauve les...

Aoi sentit l'angoisse monter, et le rythme de son cœur s'accélérer. Lui, sauver des Pokémon ? C'était impensable, il n'en était pas capable ! Pourtant, ce serait là une bonne occasion de progresser, et de montrer ses capacités à Roscoe et à Elna. Peut-être arriverait-il aussi à impressionner cette dernière. Non. Cela lui revint ; la Kirlia détestait les guildes d'exploration et de secours, car ce n'étaient pour elle que des machines à pièces d'or, sans principes.

Il serra les poings, songeant à ça. Non ! Il était bien décidé à lui prouver le contraire ! Peu importe qu'il soit seul, il lui montrerait qu'une équipe de secours, aussi faible soit-elle, est prête à tout pour aider les aventuriers. Non !! Ce n'était pas qu'à elle qu'il le montrerait, mais au monde entier ! Il ferait en sorte que les guildes retrouvent leur gloire passée, et soient considérées comme des organisations de confiance, sur qui on peut compter.

— Très bien !

Son assurance l'étonnait lui-même. Il passa son bras autour de la taille du Cacnea et le releva, sentant ses épines s'enfoncer dans sa peau. Ne voulant pas montrer sa douleur, il se contenta de serrer des dents, et commença à marcher en direction de la sortie.

— Où... Où vas-tu ? demanda le blessé.

— Je t'emmène à la sortie, je ne peux pas te laisser seul dans le Donjon ! En tant qu'explorateur, je ne me le permettrai pas !

— Tu... Tu es un explorateur... ? Dans quelle guilde...

— Oui, depuis que je viens de te voir ! Tu m'as fait prendre conscience de quelque chose, et même si j'ai encore du chemin à parcourir pour devenir fort et véritablement courageux, je suis bien décidé à changer ! Comment tu t'appelles ?

— Da...Darius, fit l'autre.

— Alors Darius, jamais je n'aurais pensé dire ça dans ma vie, mais je vais sauver tes camarades ! Je le jure sur ma vie !

« Incroyable » était le seul mot qui venait à l'esprit du Cacnea, tandis qu'il observait son sauveur. Jamais il n'avait entendu parler d'un explorateur auto-proclamé, et si lui et ses compagnons survivaient, il comptait le faire connaître.

— M...Merci.

Ne lui répondant pas, Aoi regarda droit devant lui, supportant comme il pouvait le poids de Darius. Il aperçut alors les marches menant à la surface, et se hâta.

— Une dernière chose Darius, comment je peux descendre aux niveaux inférieurs ?

La bonne impression qu'il avait du Grenousse disparut alors, et il comprit qu'il ne s'agissait là que d'un débutant. Pourtant, il était le seul espoir présent, et n'avait pas le choix.

— Les escaliers... Ils sont disséminés à un endroit au hasard... Dépêche-toi...

Aoi le déposa sur une marche, et s'écarta.

— A l'aide !! cria-t-il.

— Que... Que fais-tu ?

— Il n'y a personne à l'horizon, alors avec ça, un ou deux aventuriers devraient pouvoir descendre et te trouver. Je ramènerai tes compagnons, je te le promets.

Il se mit alors à courir, filant dans l'ombre. S'il en croyait les paroles du Cacnea, l'escalier menant au deuxième devait se trouver plus loin. Malgré le fait qu'il n'en connaissait pas la position, les premiers étages étant destinés aux débutants, leur configuration n'était pas extrêmement complexe.

Tandis qu'il filait dans les couloirs, il pensa à l'aventure dans laquelle il venait de se lancer. Un jour plus tôt, Roscoe lui offrait une arme qui ne pourrait pas l'emmener au-delà du deuxième étage, et voilà que maintenant il devait rejoindre le cinquième. J'aurais dû partir avec Roscoe, songea-t-il. Mais quelques secondes plus tard, il secoua la tête, comme pour faire disparaître cette mauvaise pensée. Non ! Ce Pokémon et ses amis ont besoin de moi, je dois les aider ! Si je veux devenir un explorateur, je dois réussir ! Et pour toi, le chat... Oui, je ne suis qu'un enfant dans un monde que je ne maîtrise pas, oui, malgré tes recommandations, je me suis rendu au premier étage, mais aujourd'hui, je descends bien plus bas ! Et tu sais pourquoi ?

— Parce que je veux devenir un héros ! cria-t-il.

L'écho résonna à travers tout l'étage, et ce pendant de longues secondes. Peu m'importe si mon attitude est trop puérile, c'est comme ça que je suis ! Un bruit attira son attention, et il se retourna tout juste pour apercevoir un Darkwolf fondre sur lui. D'une roulade brusque, il l'esquiva, et dégaina sa dague. C'était la première fois qu'il en combattait un, et ce monstre semblait plus coriace que les basiques Piastrelles sombres. Attendant le moment où la bête sauterait sur lui, il tint son arme face à lui. Jamais, avant hier, il n'avait utilisé d'arme, et parvenait encore difficilement à s'en sortir. Brisant l'attente, la créature attaqua, et Aoi utilisa Vive-Attaque sur lui. Emporté à toute vitesse, son petit corps heurta le crâne du monstre, l’étourdissant brièvement. Les deux retombèrent au sol, et se décalant sur le côté, il évita la morsure du Darkwolf, avant d’en profiter pour planter sa dague dans son corps, qu'il découpa de part en part. Le monstre s'effondra alors, et explosa en une fumée noire.

Satisfait de son combat rapide, le Grenousse se remit à courir, sans même ramasser la pierre au sol. Pas le temps, songea-t-il. D'autres sont actuellement en train de mourir. Arrivant alors au détour d'un couloir, il tomba sur son but. Constatant l'escalier en colimaçon, il sentit un frisson lui parcourir le dos, en pensant à ce qui l'attendait en bas. Toutefois, même anxieux, cette aventure soudaine l'excitait, et il sentit l'adrénaline monter.

Empoignant fermement son couteau, il s'engouffra dans l'escalier le menant au deuxième étage. Les marches étaient raides et il y avait peu de place pour passer, mais Aoi étant petit, il n'avait pas de problème. Alors que la descente dans cet environnement obscur lui paraissait longue, il aperçut de la lumière, et déboucha sur une grande salle ouverte. Cette fois, l'ocre avait laissé place à un bleu clair, et les murs de la pièce étaient essentiellement constitués de stalactites. Enfin, au lieu des cristaux, c'étaient de minuscules lucioles qui prodiguaient une quantité impressionnante de lumière à l'étage.

Admirant la salle, Aoi entendit un bruit provenir du sol. Un bras en sortit alors, et c'est un gobelin qui s'en dégagea finalement. La créature était petite, sa peau était d'un vert terne, et elle tenait un gourdin difforme en guise d'arme. Poussant un petit cri aigu, il se précipita vers le Grenousse, avant de lui asséner un coup. Celui-ci parvint à l'éviter, mais ne réagit pas suffisamment à temps pour éviter un second, et fut projeté au sol. Ça ne sert à rien que je tente de l'affronter ! songea Aoi.

Il se releva alors, et entreprit de courir, à la recherche de l'escalier menant vers le troisième niveau. Derrière-lui, le gobelin le poursuivait, et malgré ses petites jambes, semblait le rattraper. Saisissant alors son couteau à l'envers, le Pokémon attendit qu'il se soit suffisamment rapproché et se retournant lui envoya une attaque Pistolet à Eau qui le fit tomber à la renverse. Arrêtant sa course, Aoi revint sur ses pas et sautant sur la créature, transperça de son arme son thorax. Voyant qu'il vivait encore, il poussa violemment dessus, ce qui fit descendre la lame jusqu'à l'estomac. Le gobelin poussa alors un dernier cri, puis disparut en un nuage, laissant tomber une pierre magique plus grosse que les précédentes. Aoi la regarda un instant, puis détourna le regard et reprit sa route.

— On n'emporte pas l'argent dans sa tombe, murmura-t-il.

Le Grenousse sentait une brûlure dans son dos, et pour cause, c'était là que le gobelin l'avait frappé. Comme il entendit de nouveau des cris de monstres, le Pokémon accéléra sa course, et arriva à l'escalier. Je ne peux pas traîner, pensa-t-il. Il compte sur moi, je ne peux pas le décevoir ! Aoi sauta à toute vitesse dans l'escalier, et dégringola les marches quatre à quatre, avant d'atterrir dans un étage semblable au précédent. Des monstres similaires aux gobelins du dessus apparurent, mais étaient deux fois plus grands et plus robustes. Bon sang... Normalement, c'est à partir de là que ma dague ne va plus me servir...

Toutefois, une des créatures s'élança vers Aoi. Elle possédait une lourde épée, et le Grenousse comprit que s'il se faisait toucher, tout était fini. Le Grobelin lui porta un coup, mais il l'évita, et fit ensuite de même pour le second. Le nombre d'ennemis grandissant, il s'engouffra dans le couloir le plus proche, tentant comme il pouvait de distancer ses adversaires. Loin devant, il entendit des hurlements, et c'est une créature semblable à un petit cerbère qui se jeta sur Aoi. Roulant sur le côté, il l'esquiva et continua sa course. Sur le chemin, le nombre de monstres s'amassant derrière-lui grandissait, et bientôt, il fut poursuivi par une petite armée. Bon sang... Ça va mal tourner !

Mais par chance, devant lui il aperçut l'entrée d'un escalier, et, poussant de toutes ses forces sur ses jambes, s'y jeta précipitamment, ce qui lui causa de rouler sur les marches de pierre. Et c'est le dos en morceaux qu'il arriva au quatrième étage... ou presque. Ne voyant rien, il se laissa entraîner par la vitesse et fut alors projeté au cinquième niveau. S'en rendant compte, il sentit une boule se former dans son ventre, et son cœur battre la chamade. Il s'avança alors, lentement, et hésita à appeler les blessés, avant de se raviser, au risque d'attirer des monstres. Troublé, il s'avança dans l'immense salle qui s'offrait à lui, sans rencontrer de créatures hostiles. Celle-ci d'ailleurs, paraissait plus blanche que les étages précédents, et avait la forme d'un dôme, dont le sommet semblait monter assez haut.

— A l'aide !

Cette petite voix le fit sursauter, tant il était sur ses gardes. Il se retourna, et aperçut un petit groupe de Pokémon à terre, vers qui le Grenousse se précipita alors.

— Vous allez bien ? demanda-t-il en hâte.

— Qu'est-ce que... Tu viens faire ici ? demanda un blessé.

Le Pokémon qui avait parlé était un Cacturne, et semblait particulièrement blessé ; sa jambe et son bras étaient tous deux entaillés, et il était couvert de coupures. A côté, il aperçut un Mangriff et un Stalgamin, eux aussi en piteux état.

— Je viens vous porter secours, s'exclama Aoi. C'est un Cacnéa du nom de Darius qui m'a dit que vous vous trouviez ici.

— Darius !! s'écria le Mangriff. Il va bien ?

Il sentit alors une douleur au thorax, et se rallongea contre le mur, le souffle coupé. Le Grenousse eut des frissons rien qu'à le voir ainsi.

— Oui... Je l'ai trouvé blessé, mais je l'ai ramené à la sortie, donc ça devrait aller, maintenant.

Entendant ces mots, les trois autres semblèrent soulagés.

— Tu... Tu fais partie d'une équipe de secours ? fit le Cacturne, en constatant les fioles attachées à la ceinture du Pokémon.

En effet, comme les membres des Guildes ne possédaient pas de bénédiction, étaient le plus à même d’utiliser des d'objets magiques. Ainsi, ils étaient pour la très grande majorité équipés d'armes magiques surpuissantes, et de potions ou d'artefacts sacrés. Concernant Aoi, il devait se contenter des trois fioles des potions de soin qu'il avait volées chez un alchimiste distrait.

— Euh... Pas vraiment... Enfin, si ! Depuis que j'ai rencontré votre ami, j'ai décidé de créer ma propre équipe de secours, qui redorera le blason de toutes les autres, et sauvera absolument tous les Pokémon en danger !

Les autres se regardèrent, et soupirèrent.

— Petit... dit le Mangriff, remonte, ça ne sert à rien... que tu meures...

— Quoi ? demanda Aoi, troublé.

— Le cinquième étage... est occupé par un mini-boss.

Le Grenousse écarquilla alors les yeux et sentit son sang se glacer dans ses veines. C'était par miracle qu'il avait atterri ici, et n'ayant aucune chance d'affronter un simple monstre de ce niveau, il ne pouvait espérer gagner contre un mini-boss. A l’heure actuelle, sa seule force était sa dague. Il faisait partie de ces Pokémon qui ne maîtrisaient aucune attaque offensive suffisante pour tuer un monstre et devaient donc recourir à une arme. Un choix se présenta à lui : combattre tout de même la créature, au risque de mourir, ou s'enfuir en courant.

— Comment... Pourquoi ne vous attaque-t-il pas ?

— Nous l'avons déjà affronté... articula le Stalgamin. Nous avons perdu... et avons utilisé une bougie repoussante...

Il se tourna alors, et Aoi suivit son regard, pointant sur une petite bougie violette, diffusant une étrange odeur de lavande. Conscient de la nécessité de vite se décider, il dégaina sa dague.

— Tu comptes... nous achever ? sourit le Cacturne. Tu es bien... généreux de nous... épargner davantage de souffrances...

— Désolé, fit Aoi, je ne suis pas aussi courageux. En fait, je ne le suis pas du tout. Mais j'ai un talent, celui d'être stupide et naïf. Et mon esprit infantile, bien qu'affaibli par la peur, m'a donné une réponse. Si j'ai choisi de devenir explorateur, c'est parce que je les admire tous, et que je veux devenir comme eux. Cependant... Je ne suis pas comme eux !

Il s'avança alors vers la bougie, et l'éteignit, provoquant alors l'épouvante des trois estropiés.

— Que... Qu'est-ce que tu fais ?!

— Je vais combattre votre boss. Une fois fait, nous aurons besoin de cette bougie pour sortir, alors il faut la conserver.

Au fond de la pièce se trouvait un petit trou, semblable à une tanière.

— Vous pouvez marcher ? demanda Aoi.

— Moi ça va, mais les autres, difficilement... dit le Mangriff

— Alors porte les jusqu'à l'escalier. Là-bas, vous serez davantage en sécurité.

Le Pokémon blanc hocha la tête, et au prix d'incroyables efforts, traîna ses compagnons jusqu'aux marches, où ils se cachèrent. Le Grenousse les regarda, souffla la bougie, puis tourna la tête vers le petit trou loin devant lui.

— C'est par ici qu'il sort ?

— Oui, lui répondit le Stalgamin.

Bon sang... Intérieurement, il parvenait difficilement à maîtriser sa peur, et se doutait qu'il n'avait que très peu de chances de s'en sortir. Roscoe, pensa-t-il, je suis content de t'avoir connu, tu étais stupide mais un bon ami... Et s'il te plaît, dis à Elna si tu la vois que tout ce que tu as raconté tout à l'heure était exagéré... Je vais passer pour un idiot après... Il contempla alors sa dague, dont la lame était couverte de sang séché. Je t'en prie, aide-moi jusqu'au bout. Un bruit attira son attention, et il releva les yeux.

*****
— Aoi, quel imbécile !! s'exclama Roscoe, dans la nuit. Je suis certain qu'il est reparti combattre d'autres monstres ! Il ne comprend vraiment rien à rien, celui-là... C'est aussi ma faute, je n'aurais pas dû le laisser seul.

Le Chacripan se trouvait juste devant l'entrée du Donjon, attendant son ami. La petite créature avec qui il avait parlé au début de l'après-midi arriva derrière-lui, souriant et sautillant.

— Tiens, tu es là, toi, dit le chat, tournant à peine les yeux.

— Tu attends Aoi ? demanda l'autre.

— Non, soupira Roscoe, ça ne sert à rien que je l'attende, maintenant. Il ne veut pas m'écouter et croit qu'il est au-dessus de tout. Alors qu'il s'y aventure, dans le Donjon, et là, il comprendra.

— Où penses-tu qu'il soit ?

Le Pokémon réfléchit un instant.

— Soit au premier, soit au deuxième. Je l'ai prévenu, l'arme que je lui ai offerte est de piètre qualité, et ne pourra pas l'aider au-delà de là.

— Parfois, la volonté d'un être renforce ce qui n'est de base qu'un objet, dit la petite créature.

— Que veux-tu dire ?

— Il est bête, mais il a des convictions qui seront capables de donner même à son arme la force de ne pas se briser.

— Ses convictions... Elna lui a brisé tout à l'heure. Elle a bien fait, et à raison ; les guildes ne sont que des ramassis d'escrocs, et ce même ailleurs qu'à Altaïa.

— C'est un peu hypocrite, Roscoe...

— Je n'appartiens à aucune guilde, juste à un groupe d'imbéciles, la peluche, adressa-t-il à l'autre, accompagné d'un regard noir.

— Tu n'as pas besoin de prendre cet air avec moi, dit joyeusement son interlocuteur, ni Aoi ni la Kirlia ne sont là, donc tu ne peux impressionner personne ! Je sais qu'au fond, tu es un petit chaton tout fragile qui n'aspire qu'à la douceur.

Fatigué et énervé, le Chacripan ne chercha pas à lui répondre, et se contenta de fixer l'entrée du Donjon. Sentant alors une goutte, il releva les yeux et aperçut quelques nuages gris.

— Il fait que pleuvoir, ici, maugréa-t-il. Ça va aller, toi, avec ton feu ?

— Je ne suis pas en flammes, idiot !

Roscoe soupira, et commença à s'éloigner de l'édifice.

— Où vas-tu ? lui demanda son ami.

— Je rentre, je n'aime pas la pluie. Tu devrais faire de même aussi, ça ne sert à rien d'attendre ! Il ne reviendra pas de sitôt... Peut-être même qu'il ne reviendra pas.

L'autre s'abstint de paroles, et, fixant le chat de ses grands yeux bleus, disparut. Se retrouvant ainsi seul, Roscoe râla.

— Bon sang...

Il se dirigea alors vers sa maison, sous une pluie torrentielle.

***
Le sol se mit à vibrer, comme si une grande créature marchait. Et en effet, au loin, Aoi apercevait un monstre bipède, semblable à un lézard, vêtu d'une légère armure, et tenant une courte épée ainsi qu'un bouclier rond. C'est... ça ?! Je n'ai aucune chance !

— Va-t-en ! s'écria le Mangriff.

Pourtant, ses pieds refusaient de bouger, comme s'ils étaient fixés au sol. Peut-être était-ce le devoir qui l'empêchait de se défiler. Non... Je ne peux pas fuir ! Il empoigna son arme à deux mains, tout tremblant. Le Grenousse tenta de se calmer, mais sa situation s'aggravait à mesure que son adversaire approchait. Je suis un explorateur, pas un aventurier !

Réfléchissant alors à ça, il sembla s'apaiser, comme s'il venait d'avoir une révélation. Peut-être ce ne sont là que les risques du métier... A partir du moment où je suis là pour sauver des vies, cela fait de moi un explorateur, et je dois être prêt à tout pour protéger ces êtres blessés, quitte à risquer ma propre existence contre un foutu lézard de deux mètres de haut ! Oui, je suis capable de réussir, j'en suis certain ! Je dois simplement... croire en moi...

Arrivant à cinq mètres d'Aoi, le monstre s'arrêta, et poussa un cri strident qui vrilla les tympans du Pokémon. C'est maintenant... Que je dois briller !! Prenant un regard assuré, il se prépara à l'affrontement, serrant de toutes ses forces sa petite arme. Alors, le lézard sauta sur le Grenousse, qui l'évita d'une roulade sur le côté. Le mini-boss lui asséna un coup d'épée, que l'autre para, mais fut projeté au loin, faute de force.

Le monstre continua son assaut en courant vers Aoi, à terre. Évitant son premier coup, il effectua un Vive-Attaque entre les jambes de la créature, lui entaillant au passage les chevilles. Le bipède cria alors, et se retourna pour attaquer le Pokémon. Celui-ci arrêta une nouvelle fois le coup avec sa dague, mais étant à terre, il ne put fuir. Il tenta un Pistolet à Eau, mais le jet n’était pas assez puissant. Le monstre lui mit alors un coup de pied qui l'envoya valser au loin.

Sonné, il se releva, et prit une posture de défense. Bon sang... Je dois à tout prix l'attaquer, sans quoi je vais finir par m'épuiser ! Le mini-boss courut alors vers lui, l'épée levée au-dessus de sa tête. L'agilité. C'est mon seul atout et ma seule chance de gagner ! Se concentrant alors, le Grenousse se prépara à esquiver l'attaque imminente de son ennemi. Et lorsque celui-ci arriva, il pivota sur le côté, laissant filer la lame près de lui, et trancha l'abdomen du monstre, dont le sang tâcha la mousse du Pokémon. Cette dernière absorba tout le liquide, et prit une teinte rouge. Surpris et contemplant ce changement de couleur, Aoi ne put esquiver le coup de bouclier du boss, qui l’éjecta des mètres plus loin.

— C'est... C'est incroyable, souffla le Cacturne, en voyant la mousse du Pokémon devenue cramoisie.

— Alors qu'il avait l'air faible... C'est comme un trophée de bataille... dit le Stalgamin.

— Seulement... A-t-il une chance... ? demanda le Mangriff, perplexe.

Devant eux, le petit explorateur se démenait pour résister à son adversaire, qui enchaînait les coups d'épée. Le Pokémon parvenait à tous les parer avec sa dague, mais à chaque fois, vacillait. Croyant apercevoir une ouverture, il tenta sa chance et attaqua le lézard, qui riposta, brisant son arme. Aoi écarquilla les yeux, et subit de plein fouet un coup d'épée qui entailla son torse, et le projeta au loin, près des blessés. Bien que sonné, il se releva, et constata son couteau dont il ne restait qu'un petit centimètre de lame. Bon sang… Aucune de mes attaques n’est assez puissante pour l’atteindre… Mais il se retourna soudain vers les aventuriers, dix mètres derrière-lui.

— Une épée ! cria-t-il, malgré la douleur.

Voyant sa blessure sanglante, le Mangriff grinça des dents et lui lança une grosse épée que le Grenousse saisit au vol, sentant le vent glisser sur son visage. Il s'appuya alors sur une patte, et pivota, au moment où le boss sautait sur lui, pour lui asséner un violent coup, qui fit jaillir des litres de sang. Profitant de la confusion de son adversaire, il réutilisa Vive-Attaque, traînant son arme, et sauta, pour dans sa chute entailler tout le poitrail du monstre. Puis, il tourna sur lui-même, et brisa une des jambes du lézard.

Celui-ci, blessé et furieux, recommença l'assaut. Possédant une arme plus solide, Aoi parvenait à bloquer ses coups, mais était trop lent. Jouant sur ça, son ennemi le toucha au flanc, et le Pokémon tomba à terre. Mais tandis que la créature allait le transpercer, il roula sur le côté, et, malgré la douleur, saisit son épée à deux mains, et se jeta de toutes ses forces sur le bipède. Lui, prévoyant la charge, projeta violemment son arme vers le cou d'Aoi.

S'ensuivit alors une gerbe sanguine, qui éclaboussa le sol. Derrière, les trois Pokémon en avaient le souffle coupé, et n'osaient prononcer un mot. Le Grenousse avait le côté gauche du visage recouvert de sang, et un œil fermé. Juste à côté, le coup du monstre avait été bloqué par la mousse, et il n'avait subi qu'une légère coupure. Mais face à lui, la créature cracha un filet de sang, l'épée enfoncée dans son abdomen. Toujours vivant, il releva son arme, et s'apprêta à utiliser une nouvelle attaque.

— Je ne... te laisserai pas faire ! haleta Aoi.

Celui-ci poussa sur son épée, et découpa alors tout le ventre du monstre, duquel elle sortit. Davantage de sang jaillit, et le lézard posa un genou à terre. N'abandonnant pas, il voulut retenter une attaque.

— Ce n'est pas fini !!

Le Grenousse se mit alors à tourner sur lui-même, gagnant de la vitesse, avant de pulvériser la cage thoracique du mini-boss, et d'éclater tous ses organes vitaux. Son thorax, percé par ses côtes brisées, explosa, et Aoi, roulant dessous, abattit son épée sur ce qu'il restait du monstre, le tranchant en deux. Le Pokémon recula alors, et tomba à terre, tandis que le lézard poussait un dernier cri d'agonie, avant de disparaître en un grand nuage de fumée noire. Une grosse pierre tomba alors au sol, roulant sur le roc. Le souffle coupé, le petit Pokémon ne put dire un mot, se contentant d’observer son trophée.

— Tu... Tu as réussi, murmura le Mangriff, époustouflé et lui aussi sous le choc.

Au bout d'une minute, Aoi se redressa, et, boitant, ramassa la gemme qu'il rangea dans sa sacoche, puis, il prit une grande inspiration, et posa sa patte sur sa blessure au flanc. Maintenant, je dois les ramener en haut et finir mon sauvetage ! Malgré son état, il se dirigea vers les trois autres, et s'aperçut que seul le Mangriff était encore conscient.

— Je suis désolé de te demander ça, dit Aoi, mais pourrais-tu m'aider à les transporter ? Tout seul, j'en serais incapable.

— Ne t'en fais pas, sourit l'autre. Du haut de tes trente centimètres, c'est certain que tu ne vas pas pouvoir faire grand-chose... Pourtant, tu devras tout de même m'aider un peu, je ne suis pas en mesure de beaucoup bouger...

Le Grenousse, l'observa, et malgré sa forme apparente, il semblait fatigué et en très mauvaise condition. De plus, son pelage blanc était couvert de sang séché. Je dois y arriver, songea-t-il. Je les ai peut-être défendus du boss, mais nous ne sommes toujours pas remontés.

— Lorsque nous serons en haut de l'escalier, dit-il, il faudra rallumer la bougie, tu peux t'en charger ?

Le Mangriff hocha la tête.

— A chaque fois que nous atteindrons un escalier, il faudra l'éteindre, afin de l'économiser. Les monter sera long, et aucun monstre ne nous y attaquera, je suppose.

Le Pokémon blanc fit passer le bras du Cacturne inconscient autour de son cou, et Aoi fit de même avec le Stalgamin. De son autre patte, il tentait du mieux qu'il pouvait de soutenir les deux autres. Commença alors leur dure remontée vers la sortie. En raison de leurs blessures et du poids qu'ils devaient supporter, chaque marche était difficile à monter, et c'est épuisés qu'ils arrivèrent au troisième. Le Mangriff utilisa alors une attaque Flammèche qui alluma la petite bougie mauve, et ils entamèrent la recherche de l'escalier menant au deuxième étage.

— Je connais la route, dit le grand Pokémon, suis-moi.

Acquiesçant, Aoi se laissa guider par l'autre, et en un rien de temps, ils arrivèrent à l'escalier. Une fois les premières marches passées, ils éteignirent la bougie, et continuèrent leur montée. Mais alors, arrivant aux environs de l'escalier menant au premier étage, le Grenousse vit le dernier Pokémon encore conscient tomber au sol.

— C'est pas vrai... murmura-t-il.

Serrant les poings, il prit dans sa bouche la bougie, et sentit la flamme lui roussir la peau. D'une de ses pattes, il traînait le Stalgamin, de l'autre le Mangriff, et enfin avait le Cacturne posé sur son dos. Ainsi chargé, chaque pas lui semblait infaisable, et il lui fallut dix minutes pour enfin atteindre l'escalier. Son équipier étant inconscient, s'il éteignait la bougie, il lui serait impossible de la rallumer. Croisant ainsi les doigts pour que la flamme ne disparaisse pas, il monta l'escalier, marche après marche, mètre après mètre, minute après minute. A bout de souffle, il atteignit enfin le premier étage, couvert de sueur. Le Grenousse se rappelait que l'escalier menant au sommet était particulièrement éloigné de sa position, et le franchir serait une véritable épreuve.

Et c'est vingt minutes plus tard qu'il perçut la sortie. La bougie qu'il tenait s'éteignit alors, et il la jeta au sol. Aoi se savait très bien capable de tenir tête aux monstres de cet étage, mais pas dans son état. Pourtant, eux ne pensaient pas de même, et un Darkwolf surgit face à lui.

— Pi...Pistolet à eau, fit le Pokémon.

De sa bouche jaillit un jet d'eau, qui mouilla le monstre, mais ne le repoussa pas. Au bord de l'inconscience lui aussi, le Grenousse ne s'arrêta pas pour autant de marcher, malgré les morsures de la créature. Chaque pas qu'il faisait était une souffrance, mais il savait que s'il faisait une pause, il ne se relèverait pas. Préférant endurer la douleur, quitte à sauver les trois Pokémon, il continua.

Par chance, comme il se rapprochait de la sortie, le monstre commença à fuir, avant de détaler dans l'obscurité. J'y suis presque... Je n'ai plus que les marches à monter ! Je peux le faire, je peux les sauver ! Je sais que j'en suis capable, c'est ma première mission d'explorateur !

*****
Une centaine de mètres plus haut, tout un groupe d'aventuriers se pressaient vers le Donjon, guidés par un Cacnéa.

— Tu dis que tes compagnons sont au cinquième étage ?

— Oui, j'ai trouvé un Grenousse qui m'a dit qu'il s'en occupait, mais il n'est toujours pas remonté, et n'est ni un aventurier ni un explorateur.

— Bon sang, fit un autre, c'est l'étage de l'Arnius, le guerrier lézard.

— En effet, les chances pour que le Grenousse dont tu parles soit parvenu à sauver tes amis sont nulles, un simple Pokémon ne peut gagner contre un mini-boss

— Mes compagnons... murmura le Cacné, les yeux embués.

— Tu n'as pas à t'en faire ! fit une petite voix derrière-lui.

Aux alentours d'une heure du matin, un Pokémon faiblard, sans bénédiction ni talents magiques, a vaincu le mini-boss du cinquième étage, seul, avec une arme de débutant. Puis, toujours seul, il a traîné trois Pokémon blessés jusqu'au sommet du Donjon, alors en sang et anéanti par l'effort. Ce Pokémon, deux heures plus tôt, s'autoproclamant Explorateur, a rempli sa mission, et s'appelle Aoi.

Voyant ses compagnons saufs, le petit Darius fondit en larme et se précipita vers eux. De tous les membres du groupe de secours, aucun n'était pas époustouflé, et même un petit Chacripan au premier rang. Celui-ci s'avança alors, comme le Grenousse déposait les blessés au sol.

— Aoi... commença-t-il.

Un œil toujours fermé, celui-ci lui adressa un sourire cassé.

— Je sais, Roscoe, je suis un inconscient et un abruti. Je vais être honnête, j'ai eu très peur, et lorsque ce Cacnéa m'a demandé de l'aider, je n'ai eu qu'un regret : celui de ne pas être remonté avec toi. Cependant, si je l'avais fait, le dernier regret que j'aurais eu aurait été d'avoir laissé mourir ces quatre Pokémon, moi qui voulais devenir explorateur. Je suis bête, mais je reste accroché à mes convictions, quoi qu'on puisse en penser, et je suis prêt à risquer ma vie pour devenir un héros !

Roscoe en était impressionné. Son ami avait raison ; il était bête, inconscient, et sa mentalité n'était pas celle d'un explorateur. Pourtant, c'étaient tous ces éléments qui faisaient de lui un Pokémon unique, et qui pourrait peut-être guider le monde vers un nouvel âge. Le Chacripan posa son regard sur la mousse d'Aoi, teinte en rouge, et sourit.

— Aujourd'hui, tu es devenu quelqu'un d'autre, la grenouille. Tu es devenu un explorateur.