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Endless Dungeon : Le Dernier Explorateur de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 06/01/2020 à 01:32
» Dernière mise à jour le 06/01/2020 à 16:32

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Médiéval

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C.2 : Petit naïf
Récapitulatif du dernier chapitre :
Aoi, un jeune Grenousse désireux de devenir explorateur, ne fait que sauter de déception en déception. Chaque guilde qu’il contacte le repousse quoi qu’il essaie. Il rencontre cependant Elna, la Danseuse Féerique, et tente de se rapprocher d’elle.


***

~An x1834 après Arceus~

Une semaine s'était écoulée depuis qu'Aoi avait fait la rencontre d'Elna, une puissante aventurière surnommée la Danseuse féerique. Pendant ces quelques jours, le Grenousse avait pu réfléchir au meilleur moyen de se rapprocher de la Kirlia, et celui qui lui paraissait le plus évident était de devenir lui-même aventurier. Cependant, le problème se posant à lui était de pouvoir intégrer une famille, sans quoi cela serait impossible pour lui de s'aventurer dans le donjon. Il était un petit Pokémon aux capacités faiblardes, mais Aoi, malgré tout, n'en était pas moins téméraire, et l'absence de bénédiction ou de pouvoirs efficaces ne l'empêcha pas de vouloir se rendre dans les tréfonds de l'immense tour au centre de la ville.

Heureusement, son ami Roscoe, bien que contre cette idée, avait tout de même fait un geste pour le Grenousse, en allant dérober une dague dans le magasin d'un petit forgeron.

C'est là une petite arme, qui pourra te permettre de t'attaquer les monstres les plus faibles, avait-il dit.Cependant, tes compétences évolueront très doucement, et au-delà de l'étage deux, tu seras en danger.

Le visage masqué par de la mousse, et la dague accrochée à la taille par une ceinture, le petit Aoi se dirigea vers le Donjon, le soir venu, décidé à faire des miracles. Tandis que le soleil se couchait, les aventuriers se hâtaient vers le Comptoir des Aventuriers qui gérait toute l'activité liée aux Donjons. En effet, à l'intérieur de ce dernier, lorsqu'un aventurier tuait un monstre, il recevait sa « pierre d'âme », qu'il pouvait ensuite échanger contre de l'argent. Évidemment, plus le monstre en question était fort, et plus la pierre pouvait valoir cher, étant donné que la magie était ensuite extraite du caillou pour être réutilisée. On pouvait utiliser les gemmes brutes en tant que combustible, pour lequel il s’agissait de souvent de monstres de niveau faible et intermédiaire. Les joyaux provenant des monstres supérieurs était vidés de leur magie, laquelle était stockée et vendue ainsi.

Bien sûr, comme tout Pokémon, Aoi avait son type, l’eau. Pourtant ses attaques étaient nulles, et Pistolet à Eau devait bien être sa seule arme. Difficile, donc, d’être le meilleur dans ces conditions. Comme la tour se vidait de ses derniers occupants, Aoi, filant dans l'ombre, rejoignit rapidement son entrée. J'y suis, songea-t-il.

— Tu ne souhaites donc pas renoncer ? fit une voix dans son dos.

Se retournant, il découvrit son ami Chacripan.

— Certainement pas ! C'est bien pour ça que tu m'as offert cette arme, non ?

— L'as-tu déjà sortie de son fourreau ?

Aoi tressaillit ; en effet, il ne l'avait jamais sortie et voulait attendre le dernier moment pour le faire. Malgré son courage apparent, il avait peur de rentrer dans le Donjon, et tenir une arme, la pointer devant lui, l'obligerait à assumer ses choix.

— Tu n'as pas besoin d'y aller Aoi.

— Qu'est-ce que tu en sais ?! s'écria le Grenousse. Tu passes tes journées à te moquer de moi ou à traîner dans les rues ! Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens, ni savoir tout ce que j'essaie pour parvenir à mon objectif !

— Quel objectif ? demanda Roscoe d'un ton sec.

C'était rare qu'il soit aussi sérieux, et lorsque c'était le cas, c'est que c'était nécessaire. Aoi le savait, et ne pouvait qu'être intimidé par son ami.

— Je... Je veux devenir fort !

— Et tu penses que mourir va te rendre plus fort ?

Le Grenousse ne sut quoi lui répondre. En effet, ses chances de mourir étaient très élevées, n'ayant ni compétences particulières, ni une bénédiction pour le protéger.

— Tout ça, c'est parce que tu as rencontré cette fille. Avant ça, ton vrai objectif, c'était de rentrer dans une Guilde d'Exploration ! Aoi, tu n'as pas le talent pour devenir aventurier.

Le Pokémon serra les poings de frustration. Sentant les larmes monter, il tourna le dos à son ami et courut vers l'entrée du Donjon.

— Tu n'iras pas ! s'écria Roscoe.

Il s'élança à la poursuite du Grenousse. Bien que plus rapide qu'Aoi, ce dernier mettait tout en œuvre pour distancer le Chacripan, et il y arrivait. Il s'engouffra dans l'immense hall et se dirigea vers le grand escalier, fixé à la paroi circulaire. Disposant d'une détente bien plus grande que le chat, il se propulsa directement aux niveaux inférieurs, sans avoir à descendre les marches.

— Aoi !!

L'autre l'ignora et continua sa course. A l'extérieur du Donjon, une petite créature posée sur un toit et ayant assisté à la scène soupira. Roscoe, quel imbécile... pensa-t-il . Il ne le laissera pas mourir, il serait trop ennuyé de devoir tout faire tout seul. La petite bête disparut alors, laissant derrière elle une très légère traînée de flammes.

Arrivant au bas de l'escalier, Aoi déboucha dans une grotte, assez étroite. Alors c'est ça, le Donjon. Prudemment, il s'avança, constatant qu'il n'y avait aucun monstre dans les environs. Soufflant, il prit alors le temps d'observer le décor qui s'offrait à lui ; les murs de la grotte semblaient d'un ocre foncé, et elle était illuminée par de minuscules cristaux bleus, disséminés à travers les parois. Passant la patte sur celles-ci, il sentit une étrange chaleur et des vibrations, comme si le Donjon était en vie. C'est étrange...

Il entendit alors un bruit étouffé provenir de l'intérieur du mur. Inquiet, il s'en écarta à temps pour le voir se briser, laissant sortir une étrange créature semblable à un Nosferapti. D'autres suivirent, et il s'enfuit alors en courant dans un couloir de l'étage. C'était la première fois qu'il se retrouvait confronté à un VRAI danger, et il n'était pas prêt à gérer la peur que cela lui inspirait. Il repensa à la dague qu'il portait, mais n'osa pas l'utiliser, préférant s'enfuir. Roscoe arriva à son tour au premier étage, et n'y trouva personne.

— C'est pas vrai... Aoi ! Tu m'entends ?

Le Grenousse ne lui répondit pas, mais d'autres monstres apparurent.

— Bon sang... grinça-t-il des dents.

Le petit Pokémon eau courrait toujours, tentant d'échapper à ses poursuivants. N'ayant pas l'habitude d'un tel effort, un point de côté eut tôt fait de lui tirailler le ventre. Loin derrière, Roscoe l'avait flairé et filait à toute allure, espérant qu'il ne soit pas trop tard. Le Chacripan serrait les dents, l'angoisse au ventre, imaginant le pire. L'odeur d'Aoi sembla se stabiliser : un cul-de-sac. D'un côté, cela permettait à Roscoe de s'en rapprocher, mais en même temps, cela mettait le Grenousse davantage en danger. L'angoisse monta d'un cran, le poussant à aller toujours plus vite. Selon ses connaissances, cet étage n'abritait que deux sortes de monstres : des types de chauve-souris, et des petits loups noirs. Qui plus est, l'étage se présentait sous la forme d'une toile d'araignée, avec un grand nombre de cul-de-sac. De ce fait, il était facile pour les créatures de se rejoindre. Malgré tout, le premier étage était le plus simple, et même le Grenousse pouvait s'en sortir.

Au détour d'un couloir, le Chacripan arriva là où se trouvait son ami.

— Aoi !! cria-t-il. Ta dague !

Celui-ci, tremblant, contempla alors son arme, pendue à sa ceinture.

— Je... Je ne peux pas, murmura-t-il.

— Si, tu peux ! Si tu ne te défends pas, tu ne deviendras jamais fort, et tu ne pourras jamais égaler la Danseuse Féerique. Tu comptes rester un lâche toute ta vie, qui ne jure que par la facilité ?!

Le Pokémon ne put lui répondre, toujours pétrifié de peur.

— N'as-tu pas un objectif, celui d'intégrer une Guilde d'Exploration ?! C'est ta chance de changer !

Aoi déglutit, fixant toujours sa dague. Sa patte s'en rapprocha lentement, et il finit par la toucher. La saisissant, il commença à la faire sortir de son fourreau, mais s'arrêta, crispé par le bruit de l'acier. Les paroles de Roscoe résonnaient dans sa tête, et il se livrait un combat intérieur. Contre quoi je me bats ? se demanda-t-il. Je suis ridicule... Le chat a raison, c'est maintenant ma chance de changer. Extirpant totalement son arme, il l'empoigna à deux pattes, toujours tremblant. C'est à ce moment qu'une chauve-souris décida d'attaquer. Alors il utilisa une attaque Pistolet à Eau sur le monstre, projetant un fin jet d’eau qui l’étourdit quelques instants, avant de lui planter son couteau dans le corps ; il disparut dans un petit nuage noir. Une autre suivit et finit également empalée. Observant son couteau couvert de sang, le Grenousse se contenta de s'évanouir. Roscoe soupira alors, et s'approcha de lui. Quel imbécile, alors... Qu'importe, je suis bien là pour le sauver.

***
Quelque peu embrumé, Aoi ouvrit les yeux, ignorant où il se trouvait. Jetant un coup d'œil autour de lui, il se rendit compte qu'il était dans une pièce, simplement meublée d'une table, d'une chaise, et du lit sur lequel il était. Sur le sol de pierre était posé un tapis rouge, et un des murs abritait une cheminée, où brûlait un feu. Se concentrant alors, il constata que sur l'étrange tapis était tissé un motif. Celui-ci n'ayant pas des courbures parfaites, il en déduisit qu'il avait été fait à la faim. En effet, il représentait une sphère grise munie d'ailes dorées, et par-dessus un V orange légèrement stylisé. Une porte s'ouvrit soudain, l'arrachant à sa contemplation.

— Te voilà réveillé, la feignasse.

— R...Roscoe ? Je suis où ?

— Actuellement, tu es dans un lit, mais pour être moins précis, c'est ici que je vis.

— Je suis chez-toi ? demanda Aoi, troublé.

— Non, pas directement. Cette maison ne m'appartient pas, mais j'ai la chance de pouvoir y séjourner. Sinon, tu as récupéré ? Tu sais, le Donjon...

En effet, le Grenousse se remémorait ses actions de la veille, où il avait tué deux monstres dans le Donjon.

— J'ai tué des monstres !

— Oui, deux, puis tu t'es évanoui. Malheureusement, c'est pas top... Surtout pour quelqu'un qui souhaite avoir le niveau de la Danseuse Féerique.

— Roscoe, c'est toi qui m'a sauvé ? demanda alors Aoi.

— Hum... C'est compliqué ! Et donc, comme je disais, tu as récupéré ?

Le Chacripan tenta d'éviter la question, mais le Grenousse se doutait qu'il lui cachait quelque chose.

— Roscoe ! qu'il insista.

— Très bien, soupira l'autre. Par chance, un groupe d'aventuriers est arrivé au même moment et nous a sauvés.

— C'est ça que tu ne voulais pas me dire ? Ce n'est pas grand-chose pourtant...

— J'avais honte ! Je ne voulais pas avouer que je n'ai rien pu faire.

— Mais ce n'est rien ! ria Aoi. Tu es comme moi, après tout. Nous n'avons aucun talent particulier, alors ne t'en fais pas je te comprends !

S'extirpant alors de son couchage, le Pokémon se dirigea vers la sortie.

— Je sors prendre l'air Roscoe, à plus tard !

N'attendant aucune réponse, il sortit de la pièce et se mit à courir dans la rue, où il pleuvait. Un petit Pokémon s'approcha alors du Chacripan.

— Pourquoi tu ne lui as rien dit ? Tu aurais bien été arrangé, pourtant.

Le chat soupira, et regarda la créature derrière lui d'un air blasé.

— Il n'est pas prêt, encore. Il y a à peine douze heures, il a failli mourir au premier étage, par manque de prudence. Et me concernant, je te le redis, j'ai prévu de ne RIEN faire tant que nous ne serons que deux.

Cette fois, ce fut au tour de l'autre de soupirer. Sautillant sur ses petites pattes, il se dirigea vers la cheminée, et y remua le bois, ravivant le feu qui s'éteignait.

— C'est bien à cause de ton caractère que nous ne progressons pas. Qu'as-tu contre le fait d'aller dans le Donjon ?

— Tu as déjà entendu parler des humains ?

L'autre ricana, et Roscoe comprit que ce genre de questions était futile.

— Il est dit qu’à la génèse, ils étaient nos maîtres. Mais ils sont morts pendant le Grand Pokérus, et nous voilà avec leur héritage. Alors tous les Pokémon de forme humanoïdes sont avantagés, tels que les Lucario ou Amphinobi…

— Quand tu parles des Amphinobi, tu penses au petit Aoi, j'imagine ? Quant aux Lucario, tu dois sûrement faire référence à Agnil, non ? Roscoe, tu sais très bien qu'il a réussi non pas grâce à sa morphologie mais grâce à ses talents ! Tu es peut-être un Chacripan, mais tu n'en es pas moins redoutable. En preuve, tu as bien survécu à la grande conquête du trente-neuf.

— Comment tu peux appeler ça une conquête ? Quatre-vingts valeureux aventuriers sont morts, tout ça pour rien ! Pour tout te dire, j'aurais mille fois préféré disparaître au côté de mes compagnons plutôt que de les voir en petits bouts agoniser, ou dévorés par Azama. Tu n'étais pas là, tu ne peux pas comprendre !

Tout en parlant, de terribles souvenirs revinrent à Roscoe. Face à lui, la petite créature sautillait toujours et arborait un grand sourire, comme si rien ne l'atteignait.

— Non, mais je connais pourtant très bien ta force. Puis, c'est bien pour que ce genre de désastres ne se reproduisent pas que tu m'as rejoint, non ?

— Nous ne sommes pas des magiciens, ni des Dieux ! Enfin, moi non. Et crois-tu qu'un simple Chacripan amputé de sa magie soit capable de protéger qui que ce soit ? C'est impossible !

— J'ai l'impression que tu oublies quelque chose, renchérit l'autre. Ou plutôt, tu sembles ne pas le voir.

— Non... Je sais très bien... Je pense que je vais aussi faire un tour dehors, à plus tard.

A son tour, il sortit dans la rue froide et trempée, sous le regard attentif de la petite créature. Tandis qu'il marchait sous la pluie, Roscoe repensait à cet échange avec son ami, qui lui avait rappelé de mauvais souvenirs. Bon sang... pensa-t-il. Pourquoi suis-je aussi faible... Il hésita un instant à aller trouver Aoi, mais se ravisa finalement, préférant rester seul.

Pendant ce temps, celui-ci, également seul, se dirigeait vers le Donjon. A sa taille était attachée sa dague qu'il serrait fort contre lui, et à sa ceinture pendaient trois fioles contenant du liquide rouge, ainsi qu’une petite sacoche autour de son cou, et tombant dans son dos. Il avait trouvé cette dernière quelques mois auparavant, et il attendait depuis lors l’occasion de l’utiliser.

Tandis qu'il arrivait sur la gigantesque place entourant la tour, il sentit le rythme de son cœur s'accélérer, et l'anxiété monter. Chaque pas lui semblait une épreuve, et intérieurement, il jonglait entre la peur et le courage. Arrivant finalement au pied de l'immense construction de pierre, il prit une dernière inspiration, censée le rassurer, et pénétra dans l'immense hall.

Celui-ci, circulaire, était orné de décorations et de gravures, représentant des faits d'exploits remarquables. Les constatant, Aoi songea que lui aurait aussi, un jour, sa propre gravure. Non. Ce n'était pas une simple gravure, mais un monument à son image, qu'il souhaitait. C'était en effet là un signe de mégalomanie, mais pour un être qui n'avait pu qu'en rêver, c'était compréhensible. Et tandis que le bruit de ses petites pattes sur les dalles de marbre étaient couvertes par l'agitation provoquée par les dizaines d'aventuriers dans la pièce, il songea à tout ce qu'il lui était arrivé, depuis la semaine dernière.

En effet, en un très court laps de temps, il avait fait la rencontre de la Danseuse Féerique, dont il n'avait pu s'empêcher de tomber amoureux, il avait tenu une arme pour la première fois, était entré dans le Donjon, et avait combattu des monstres. Cependant, s'étant évanoui au bout de deux, il était bien décidé à prendre sa revanche sur le premier étage lui-même, en tentant d'éliminer le plus de créatures. Cela lui permettrait d'acquérir des revenus en échangeant les pierres obtenues par le massacre de monstres. N'ayant pas pu les ramasser la veille, il comptait toutes les prendre, et peut-être enfin s'offrir un repas décent.

La monnaie de ce monde était appelée le « Pokédollar », de simples pièces de métal avec un P stylisé gravé dessus. En fonction des séries, un Pokémon Légendaire était gravé au dos. Chaque jour, il passait devant le bar des aventuriers, appelé « Le Doux Rondoudou » et tenu par un Lippoutou (allez comprendre), frustré de ne pouvoir rien s'offrir à manger. Mais lorsqu'il sortirait victorieux du Donjon, c'était décidé, il s'offrirait suffisamment à manger pour deux semaines ! Si tant est qu'il s'en sortait vivant.

Tandis qu'il descendait les escaliers circulaires, il ne pouvait s'empêcher d'observer les grands Pokémon l'entourant. Le remarquant, l'un d’eux prit alors la parole, s'adressant à son groupe.

— Hé, les gars ! Regardez, c'est le nabot de hier !

— Celui qui s'est fait agresser par les Piastrelles ? ricana l'un.

L'imitant, d'autres se mirent à se moquer d'Aoi, et le rire se propagea à travers les aventuriers. Alors qu'il était sur le point d'éclater en sanglots, un Osselait posa sa patte sur l'épaule d'Aoi.

— Ne les écoute pas, dit-il. Ils n'ont que ça à faire, se moquer des débutants.

— Euh... D'accord...

Mais il se retourna tout de même vers le groupe, et leur adressa un petit sourire timide.

— Merci quand même de m'avoir sauvé, hier.

— Te sauver ? éclata de rire leur chef. Jamais je ne sauverai une petite créature comme toi ! Non, c'est un Chacripan qui s'en est occupé !

— Il était plutôt fort, d'ailleurs, fit remarquer un autre. Quel gâchis ! »

Aoi écarquilla les yeux, particulièrement surpris ; alors c'était vraiment son ami Roscoe qui l'avait sauvé. Mais comment ? Il ne descendait jamais dans le Donjon et était faible, à la connaissance du Grenousse… Tandis que le groupe de moqueurs s'en alla, c'est l'esprit troublé que lui aussi poursuivit sa descente des escaliers. Loin devant, il aperçut l'Osselait qui lui avait parlé, mais jugea préférable de ne pas le rejoindre, constatant le tatouage ornant son dos. Un aventurier, se dit-il.

Après cinq minutes, il eut fini de descendre les escaliers et se retrouva au premier étage. Comme la veille, les murs avaient une teinte sombre et n'étaient éclairés que par d'étranges cristaux. S'aventurant alors dans un couloir, et se retrouvant seul, il attendit qu'un monstre apparaisse.

Toute la matinée durant, il avait médité sur sa conduite, et la raison pour laquelle il s'était retrouvé encerclé par tant de chauves-souris. Même en étant impartial, le Donjon se devait de convenir aux débutants, et ainsi, un tel groupe ne pouvait apparaître au premier étage. Ayant couru sur une longue distance, il était probable qu'un grand nombre se soit amassé au fur et à mesure.

Soudain, il entendit un bruit venant de la droite. Se tournant rapidement et dégainant son arme, il observa le monstre sortir du mur. Une Piastrelle sombre, songea-t-il. Contemplant la créature, il entreprit d'en mémoriser l'aspect, notamment pour plus tard. Celle-ci avait un gros corps rond, et, étrangement, un seul œil rouge non moins gros. Elle possédait aussi deux petites ailes, lui permettant tout juste de soutenir son propre poids. Le Grenousse se rendit également compte que le monstre n'avait pas de tête, son globe oculaire étant directement collé à son corps. Dégoûtant.

Battant rapidement de ses petites ailes, la Piastrelle fila vers Aoi qui, l'imitant, se mit à courir vers son ennemi. Rapidement, il tenta une roulade maladroite sur le côté et arriva derrière le monstre. Celui-ci se retourna aussi vite cependant, et Aoi enchaîna avec une Vive-Attaque dans sa direction, avant de planter sa dague dans l'œil du monstre, l'éclaboussant de sang.

La chauve-souris disparut dans un petit nuage de fumée noire, laissant tomber une minuscule pierre terne. Comme s'il s'agissait là du Saint Graal, le Grenousse, la patte tremblante, ramassa la pierre, et la contempla longuement. Mais un grattement provenant de la paroi de la grotte lui parvint, et il se hâta de ranger son trésor dans sa sacoche, qu'il referma au maximum, avant de se tourner vers le point d'origine du bruit. Le troublant, un autre lui parvint de l'autre côté, et ce furent deux Piastrelles sombres qui se jetèrent sur lui.

D'une nouvelle Vive-Attaque, il les évita, et enchaîna aussitôt avec une attaque Ecume. Malheureusement l’attaque était trop faible et les monstres ne furent pas ébranlés par quelques bulles d’eau. Saisissant son arme, il se propulsa encore vers l’une des chauves-souris pour la poignarder. Son coup manqua toutefois, mais la pointe de sa dague effleura l’œil rouge du monstre. Un jet de sang sortit.

Même s'il n'avait pas de compétences particulières, Aoi possédait beaucoup d'agilité – ce qui compensait sa force – et pouvait ainsi enchaîner des mouvements basiques d'esquive. Derrière-lui, le monstre blessé projeta par son œil une vague de projectiles similaires à des plumes noires, évitées par le Grenousse d’une roulade sur le côté. Désireux de terminer ce combat au plus vite, il sauta vers son adversaire, et dans sa chute, transperça le monstre, avant de l'écraser au sol. De l’autre côté, la Piastrelle blessée attaqua à son tour avec la même vague noire étrange.

— Pistolet à Eau ! s’exclama-t-il.

Le jet entra en collision avec la vague noire, provoquant une petite explosion et un nuage de fumée grise. La Piastrelle passa au travers et avant de lui laisser le moindre instant, Aoi la découpa de part en part. Il contempla alors avec fierté la créature disparaître et laisser tomber sa petite pierre d'âme, qu'il ramassa.

Jamais, en seize ans, il n'avait été capable de s'aventurer seul dans le Donjon et de tuer trois monstres, aussi faibles soient-ils. Il en était de même pour ses réflexes, qui se voulaient plutôt bon ; c’était le signe que tout l’entraînement effectué dans les ruines n’avait pas été inutile. Cependant, alors qu'il s'extasiait, un hurlement de loup lui parvint du fond du couloir. L'angoisse montant, il se tourna vers la grotte sombre, et ne put évidemment rien discerner. Un second hurlement suivit le premier, et ils se multiplièrent alors, tout en se rapprochant. En l'espace d'un instant, Aoi fut ainsi encerclé par des Darkwolf, petits loups au pelage sombre et aux dents acérées, dont la vision se limitait à de petits yeux rouges.

Tournant la tête d'un côté et de l'autre, le Grenousse comprit qu'il n'avait aucune possibilité d'échappatoire autre que le combat. Seulement, il n'était pas de taille à affronter autant de créatures d'un seul coup. Tremblant, il tomba à la renverse, et sentant sa détresse, les Darkwolf s'approchèrent, montrant leurs crocs. Désormais, un seul mètre séparait les monstres du faible Pokémon, mais un flash lumineux le fit sursauter. Aveuglé, il ferma les yeux, et les rouvrit quelques secondes plus tard, surpris, pour contempler le dos de la Danseuse Féerique.

— N'ait plus peur, dit-elle, je vais te sauver.

Aoi, lui, était trop bouleversé pour prononcer le moindre mot, et se contentait d'écarquiller les yeux.

— Tu n'es pas blessé ? fit-elle en se tournant vers le Grenousse, alors à terre.

— N... Non... bredouilla-t-il.

— Heureusement. Reflet !

Elle leva alors une patte, et autour d’elle un fin voile tomba. Sentant le danger, les loups se jetèrent vers la Kirlia, mais passèrent au travers de son image. Son vrai corps apparut, les pattes au plafond et la tête à l’envers, au-dessus des monstres. Ceux-ci comprirent la supercherie et sautèrent vers elle.

— Attention !! cria trop vite Aoi.

Mais la Pokémon l'avait anticipé et, joignant ses deux pattes, déclencha une Rafale Psy qui écrasa les Darkwolf au sol, ne laissant bientôt plus que leur pierre d'âme.

— Incroyable... murmura le Pokémon à terre.

Le combat fini, Elna s'approcha d'Aoi, qui la regardait avec des yeux ronds.

— Je suis arrivée à temps, on dirait, soupira-t-elle.

— D...Désolé, osa dire le Grenouille.

— Tu n'as pas à t'excuser, je remontais justement des étages inférieurs.

Saisissant alors une gemme, elle la tendit à Aoi, qui fut gêné.

— Prends-les, tu les as bien méritées, dit-elle.

— Non... Je...

— PRENDS-LES, ordonna-t-elle.

Sans un bruit et tremblant, le Grenousse saisit la petite pierre qu'il rangea dans sa sacoche, sans pour autant s’arrêter d'observer la Kirlia. Voyant son air apeuré, elle soupira.

— Tu n'as pas de marque de bénédiction, alors j'en déduis que tu fais partie d'une équipe d'exploration, c'est ça ?

Aoi ne répondit pas.

— Je vois, tu ne fais partie de rien... Dans ce cas-là, reprit-elle sèchement, que fais-tu dans le Donjon ?

— Je veux... Je veux devenir plus fort ! parvint-il à dire.

Elna l'observa alors de la tête aux pieds, et le Pokémon se sentit rougir.

— Tu sais, j'ai de l'expérience, dit-elle. Et de ce que je peux voir là, c'est que ton manque de force n'est pas dû à une absence de compétences ou de magie, mais de courage.

— Quoi ?

— J'ai déjà vu des gens comme toi, désireux de devenir les plus forts, d'être des héros, ou d'impressionner quelqu'un d'autre.

Aoi se sentit à peine visé par cette remarque.

— Seulement, poursuivit-elle, il ne suffit pas d'avoir des rêves ou des objectifs pour y arriver, mais si tu veux devenir un héros, alors tu dois avoir l'état d'esprit des héros. A mes yeux, le seul héros qui n’ait jamais existé était Agnil, le général de Kyogre.

Tout en parlant, l'autre vit ses yeux s'embuer, et elle détourna le regard. Mais, se reprenant rapidement, elle continua de casser les espoirs d'Aoi.

— Si tu veux être quelqu'un dont on chantera les louanges, alors deviens comme lui ! Mais à te voir ainsi, je peux d'ores et déjà affirmer que tu n'es pas, et ne sera jamais de taille à intégrer une famille. Quant aux guildes, pour moi ce ne sont que des machines à pièces d'or sans intérêt particulier.

Le Grenousse admirait la Danseuse Féerique, dont même avant de l'avoir connue, il avait entendu parler. On disait d'elle qu'elle était une magicienne terrifiante, et qu'une seule de ses attaques pouvait pulvériser un étage entier. Cette renommée, Aoi la comprenait, mais cela ne lui permettait pas de critiquer ainsi les Guildes d'Exploration !

— Qu'en sais-tu ? J'admire les aventuriers, mais eux ne sont qu'à leur propre service, tandis que les guildes ont pour but de les protéger !

— C'est toi qui n'en sais rien, soupira Elna. S'autoproclamer équipe de secours ne fait pas de toi un héros, et encore moins une personne honnête. Quand je te regarde, je me rends compte que tu as à peu près le même âge que moi, mais tu es à des années-lumière de la vérité. Avant de prendre la défense d'escrocs, renseigne-toi davantage ! Mais même si tu m'exaspères, je m'efforce d'être gentille, donc je vais t'expliquer. La mission des guildes est de répondre à des demandes d'aide qui leur sont envoyées, et ce quelle qu'en soit la difficulté et la configuration, en théorie. Cependant, envoyer un message d'aide depuis le Donjon est difficile, et souvent, lorsqu'un groupe se retrouve blessé, c'est l'aventurier en meilleure forme qui est chargé de remonter à la surface et de demander une quête de recherche au Comptoir. Là se pose un problème : dans le cas où tu es tout seul à t'aventurer, ou bien où vous êtes TOUS blessés, et dans l'impossibilité de bouger, tu ne peux pas remonter. Malgré tout, les dirigeants sont intelligents, et ont pensé à ça : les équipes de secours des guildes sont censées patrouiller à travers les étages, pour aider n'importe qui dans le besoin. Cependant, cette règle n'est souvent pas appliquée, soit par flegme, soit parce que ces secours ne sont pas directement rémunérés, et les guildes considèrent cela comme du gâchis d'argent. Je connaissais beaucoup d'aventuriers qui ont péri à cause de l'inutilité de ces organisations, et après ça, je ne peux pas les apprécier.

Elle souffla un bon coup, une fois son discours terminé. Son regard se posa à nouveau sur le nabot face à lui. Ce n’était pas son genre d’incendier les plus faibles, mais sa journée avait été mauvaise, jusque-là. Tant pis pour lui, il s’en remettrait.

Aoi, en revanche, n'en revenait pas, lui qui avait toujours admiré les guildes d'exploration. Entendre tout ça brisait ses convictions, et il espérait malgré tout que la Kirlia se trompe, même s'il se doutait que ce n'était pas le cas ; elle possède une grande expérience et cela faisait plusieurs années qu'elle combattait dans le Donjon. En fin de compte, tout cela prouvait que le Grenousse était vraiment naïf. Conscient de cette réalité, il grinça des dents et serra les poings, sentant tous ses sentiments affluer. Que dois-je faire ? Telle était la question qui lui revenait, et à laquelle il ne savait pas répondre.

— Te voilà, Aoi, soupira une voix dans son dos.

Il tourna la tête et découvrit Roscoe, l'air plus blasé que jamais.

— Comment... Comment tu as su où j'étais ?

— Ce n'est pas dur, dit l'autre d'un ton monotone, tu es soit dans tes poubelles, soit ici.

Entendant la première résidence d'Aoi, la Kirlia afficha une mine dégoûtée. Tournant l'œil, Roscoe la fixa longuement, avant de sursauter de surprise. Étrangement, elle réagit de la même façon.

— Toi ?! firent-ils.

Entre les deux, le Grenousse semblait perdu.

— Vous vous connaissez ? dit-il.

— Euh non, euh... Très rapidement ! bredouilla Elna.

— Je... Je connais tout le monde, tu sais bien ! A force de traîner dans les rues...

C'était étrange, même Aoi pouvait le comprendre. Il se tourna vers son ami Chacripan, et plissa les yeux.

— Roscoe, tu me caches quelque chose ?

— Non... fit l'autre. Si je ne te l'ai pas dit, c'était pour pas que tu sois jaloux. Oui, tu sais bien, comme tu es AMOUREUX d'Elna.

Entendant ces mots, celle-ci rougit et écarquilla encore plus les yeux. Voyant cet état, le Chacripan ricana, et afficha son sourire méprisant.

— Roscoe !! s'exclama Aoi.

— Je... Je... Je vais vous laisser, hein ! fit la Kirlia, confuse. B...B...Bonne j... Bonne journée !

Elle s'enfuit alors en courant, laissant un Grenousse dégoûté et un Chacripan au bord de la crise de fou rire.

— Pourquoi as-tu fait ça ? lui adressa Aoi, en colère.

— Tu as entendu ce qu'elle t'a dit, non ? Tu n'as pas la moindre chance auprès d'elle.

— Maintenant, c'est évident ! Je... Je te croyais mon ami.

Arrêtant de rire, Roscoe sourit.

— C'est justement parce que je suis ton ami que je suis venu. Aoi, on va devoir parler.