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Sang Royal - Tome 1 : Trahison de groudonvert



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Informations

» Auteur : groudonvert - Voir le profil
» Créé le 26/12/2019 à 01:06
» Dernière mise à jour le 21/02/2020 à 21:37

» Mots-clés :   Action   Drame   Policier   Sinnoh   Suspense

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Chapitre 10 : Élodie et Draco : Vie
Une ambiance lugubre et sombre régnait dans la pièce, petite en espace, mais très haute en taille. Aucune source de lumière extérieure ne pouvait l’éclairer, accentuant encore le côté maléfique de l’endroit. L’unique porte s’ouvrit lentement, mais avec lourdeur. Une faible luminosité s’échappant d’une Pokémontre permit d’apercevoir le sol carrelé revêtu de motifs de couleur bleue.

- Papa ? Maman ? geignit une jeune voix.

Portant ses cheveux en couettes et une chemisette de nuit aux couleurs jaunes, une toute petite fille entra dans la pièce. Son visage rougi et les cernes sous ses yeux indiquaient qu’elle avait pleuré.

Soudainement, une ombre passa derrière elle à toute vitesse, avant de disparaître. La fillette, apeurée, se tourna et tenta vainement d’éclairer l’endroit où la créature était, pensait-elle, apparue. L’ombre repassa une nouvelle à côté d’elle, comme un courant d’air glaciale. Elle en frémit de peur. Elle tomba à genoux et pleura de plus belle.


- C’est pas drôle, pleurnicha-t-elle, en portant ses petits poignets à ses yeux.

La présence repassa devant elle à toute vitesse, la glaçant d’effroi. Ses mains retombèrent lourdement sur ses genoux, les yeux écarquillés par la peur. Et un instant plus tard, une rictus amusé surmonté par deux yeux rouges lui fit face en s’esclaffant dans sa langue. Elle reconnut son assaillant tout de suite :


- Ectoplasma, c’est pas marrant !

Ses larmes redoublèrent, alors qu’elle baissait la tête. Le spectre perdit son sourire en voyant sa réaction. Il s’approcha d’elle et d’un doigt violet lui chipa une larme avant qu’elle ne coulât sur son visage. Surprise, la fillette releva les yeux, son compagnon l’observait, compatissant.

- Tu sais où est la sortie ? demanda-t-elle timidement.

Il secoua la tête. Bien sûr, il avait dû venir en traversant les murs, chose dont elle était incapable. Elle se moucha dans sa chemise de nuit avant de murmurer :


- Tu peux aller chercher mes parents, alors ?

Il sourit en la voyant se calmer. Il s’envola. Pour voir où il allait, elle leva la lumière de sa Pokémontre pour le suivre… avant de l’arrêter à mi-hauteur. Le spectre venait de traverser le plafond depuis quelques secondes, quand elle poussa un hurlement de terreur qui se répercuta en écho dans toute la pièce.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
La sueur perla sur sa peau, alors que Julie blanchissait sous les paroles de Lucien, son visage se décomposait en un grimace de surprise. Comment pouvait-il être au courant ? Scrutant son expression, le jeune homme éclata de rire.

- Qu’est-ce que… ? souffla-t-elle.
- C’était une blague, voyons. J’ai vu un homme et une femme habillée exactement comme vous hier soir. Ils étaient assis sur un banc en grande conversation. L’homme avait appelé sa compagne « Mademoiselle Blood ». Je voulais juste voir votre réaction et elle était hilarante ! expliqua-t-il en riant.

La jeune femme se détendit un instant, alors que son expression reprenait quelques couleurs. Mais s’agissait-il vraiment d’une coïncidence ? Personne ne s’était promené derrière eux le soir précédent. Il était évident que si quelqu’un avait entendu ces paroles, il les avait espionnés à dessein. Prudente, elle le questionna :

- Qu’est-ce que vous voulez ?

Son rire cessa, alors que son visage s’assombrit, il lui expliqua alors :

- Clara est une épine dans votre pied, n’est-ce pas ? J’ai bien écouté votre conversation avec Élodie hier soir, vous ne lui avez pas tout dit, mais je sais que votre ressentiment envers sa sœur est bien plus profond que vous ne le prétendez.
- Que vou… ?

Il leva la main pour l’interrompre :

- Votre éclatement de colère de hier matin n’est pas passé inaperçu auprès de tout le monde, vous savez. Comment l’aviez-vous dit déjà ? « Quelle sale petite pute alcoolique, imbue de sa personne ! » Est-ce vraiment des propos appropriés quand on parle de sa patronne ?

Le peu de couleur qu’elle avait repris s’évapora immédiatement. Alarmée de s’être fait prendre, elle bredouilla alors :

- Qui… qui êtes-vous à la fin ? Et qu’est-ce que vous m’voulez ?
- Un ami, répondit-il simplement. Un ami qui vous veut du bien.

Surprise de sa réponse, elle riposta :

- Vous avez une drôle de conception de l’amitié.
- Ne vous en faites pas, je ne suis pas du genre à vendre la mèche, tout ce que nous dirons restera entre nous.
- Comme si je pouvais vous faire confiance, répliqua-t-elle, amère.

Avec un rictus à peine dissimulé, il lui répliqua :

- J’ai bien peur que vous n’ayez pas le choix.

Il lui asséna les paroles suivantes comme un coup de couteau en plein cœur, en y prenant un plaisir non dissimulé :

- Que dirait votre patronne si elle savait que July Blood, la cousine d’Emma Blood, ancienne grande championne qui a mystérieusement disparu il y a deux ans, se faisait passer pour sa secrétaire ? Et que se passerait-il si elle apprenait que vous travailliez pour une organisation internationale qui l’a chargée de l’espionner sous le nom de Julie Rouillon ?
- Comment… ?
- Voyons, cette information n’était pas spécialement difficile à trouver, se délecta-t-il en voyant la réaction outrée de la « secrétaire ». Emma Blood a perdu ses parents et n’avait aucun frère et sœur. En faisant quelques recherches, ça ne m’a pas pris beaucoup longtemps.

Lorsqu’il termina sa tirade, elle crut que son monde était en train de s’écrouler. Elle avait été démasquée par un jeune homme dont elle ignorait tout. Un adolescent avait été capable de l’espionner sans que personne ne se rendît compte de quoi que ce soit. Il n’avait aucun scrupule à utiliser les plus basses méthodes pour parvenir à ses fins. Comment pourrait-elle faire confiance à un homme pareil ?

- Qu’est-ce que vous m’voulez ?
- Rien du tout, lui répondit-il dédaigneusement. Vous pourrez continuer votre petit espionnage tranquillement, ne vous en faites pas. J’aurai seulement besoin de votre concours pour une opération, disons… compliquée.
- Comment ça ? le questionna-t-elle, surprise. Que voulez-vous que je fasse ?
- Vous détestez Clara, n’est-ce pas ?

Surprise par cette question, elle ne put s’empêcher d’acquiescer. Il poussa son avantage en se léchant les lèvres d’une joie perverse :

- Que diriez-vous de lui infliger une bonne leçon ?
- Une bonne leçon ? bredouilla-t-elle. Vous êtes fou, si j’lui fais du mal, je serai virée et jamais je n’pourrai retrouver Emma.
- Ne vous en faites pas, vous ne serez pas coupable à ses yeux. Je m’occupe de tout.
- Et Élodie, avez-vous pensé à elle ?
- Bien évidemment, c’est elle qui aura le premier rôle.

Il s’écarta du mur et se dirigea vers la porte d’entrée du Foyer d’Étudiants avant de tourner la tête vers la secrétaire. Il prononça ces dernières paroles :

- Rendez-vous samedi en fin d’après-midi devant l’arène. Je tâcherai de convaincre Élodie de nous accompagner.
- Que se passera-t-il à ce moment-là ?
- Clara aura une très grosse migraine, susurra-t-il avec un rictus haineux.

Il détourna le regard avant de poursuivre son chemin.

- Pourquoi vous faites tout ça ? Qu’est-ce qu’elle vous a fait ?

Il s’arrêta et sans se retourner, la mâchoire serrée, les yeux baissés. Elle crut voir une goutte d’eau tomber de son visage. Était-il en train de pleurer ? Il chuchota si doucement que Julie dut se pencher en avant pour comprendre :

- Elle m’a abandonné il y a cinq ans...

Et il s’en fut dans l’immeuble. Elle attendit encore quelques minutes et, une fois certaine d’être à nouveau seule, Julie frappa un grand coup de poing sur le mur avant de grommeler :

- Et merde, cette espèce de p’tit con m’a piégée. Si j’fais pas ce qu’il me dit, je serai dénoncée. Emma… pardonne-moi, je n’ai pas le choix.

Est-ce que ce Lucien était un ancien amoureux éconduit de Clara ? Mais non, à ce moment-là, elle ne devait avoir qu’onze ou douze ans ; beaucoup trop jeune pour avoir eu une histoire d’amour. Alors qui était ce type ? Disait-il seulement la vérité ?

- Un fourbe, un manipulateur et un menteur, voilà c’qu’il est ! jura-t-elle entre ses dents.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Son visage ruisselait de larmes, Élodie voyait à peine où elle allait. Elle courait… courait pour fuir la réalité. Son Professeur avait été odieux, son Pokémon l’avait abandonnée. Sa sœur la traitait comme de la merde. Et elle risquait sa place à la Faculté, à cause d’une simple erreur. Elle n’avait plus qu’une envie : plonger dans son lit et dormir. Dormir jusqu’à que le cauchemar s’arrêtât.

Soudainement, une ombre passa à toute vitesse sous ses pieds. Elle n’en reconnut pas la forme, mais elle lui paraissait familière. Elle ne connaissait qu’un seul Pokémon à pouvoir aller si vite. Ses pleurs se turent un instant, presque heureuse à l’idée de le revoir, elle s’arrêta dans sa course avant de chuchoter, pleine d’espoir :

- Draco ?

Le Dragon n’apparut pas. Elle leva les yeux, tentant de l’apercevoir… alors que l’ombre repassait juste devant elle à toute vitesse. Un froid étrange la traversa sous son manteau, comme si sa peau avait subitement refroidi. Les poils de son corps se hérissèrent sur sa peau, alors qu’elle commençait à prendre peur :

- Qui va là ? Montrez-vous ?

Subitement, une main glacée la toucha à l’épaule avant de se rétracter immédiatement. La peur lui nouait le ventre, mais quand elle se retourna, il n’y avait personne. Elle reporta alors son attention devant elle se retourna, avant de pousser un cri de surprise.

- Ec, Ec, Ec, Ectoplasma ! se moqua l’ombre qui se tenait devant elle.

Ses petits cris ressemblaient à des rires amusés. L’adolescente tomba à genou, ses pleurs redoublants. Surpris par sa réaction, le spectre en perdit son sourire et se transforma en grimace déçue, ses yeux se plissèrent d’inquiétude. Quand une larme perla à l’œil droit de la blonde, il la lui chipa d’un doigt. Étonnée par ce geste, elle releva la tête pour étudier le Pokémon de plus près.

- Tu n’es pas l’Ectoplasma de Lucien, n’est-ce pas ? chuchota-t-elle.

Il poussa un cri d’approbation.

- Je vois… Tu es… tu es…

Elle secoua la tête, tâchant de se souvenir. Quelques images vagues d’un spectre lui revenaient de son enfance, mais elle n’avait aucun souvenir de cet Ectoplasma. Cependant lui semblait très bien se souvenir d’elle.

- Tu es un petit farceur, dis-moi ? chuchota-t-elle.

Amusé, il exécuta deux grand hauts-bas de la tête, la mine souriante. Séchant ses larmes en s’esclaffant, Élodie se sentit mieux. Elle ignorait pourquoi, mais il la rassurait. Il l’amusait, même, alors qu’elle était dans la souffrance. Quel était son secret ? Venait-il apaiser les âmes en peine quand il les voyait ? Lorsqu’elle voulut le serrer dans ses bras, elle lui passa au travers. Lorsqu’elle leva les yeux, elle vit la mine désolée du spectre. Il compatissait pour elle, malgré qu’ils ne pussent pas se toucher.

- Merci, souffla-t-elle.

Péniblement, elle se remit sur ses jambes. D’un geste de la main, elle fit ses adieux au spectre et, guillerette, reprit le chemin du Foyer d’Étudiants. L’Ectoplasma la salua en retour et l’observa quelques instants avant de reprendre son envol et disparaître.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Lorsqu’Élodie se réveilla le lendemain matin, elle eut la surprise de voir Gardevoir penchée sur elle, visiblement inquiète. La chaleur lui monta immédiatement à la tête, en proie à une violente colère.

- Va-t’en, murmura-t-elle, simplement. Va-t’en…

La femelle blanche se retira en poussant un gémissement de désespoir. La jeune fille s’assit sur son lit, les cheveux en bataille. Elle observa quelques instants son Pokémon, avant de soupirer :

- À cause de toi, j’ai subi la pire humiliation de ma vie.

Elle parlait si calmement que Gardevoir en eut un mouvement de recul. Peut-être aurait-elle préféré que sa Maîtresse lui hurlât dessus. La voir annoncer ça dans le plus grand des calmes semblait la terrifier davantage, ignorant ce qu’elle allait lui dire.

- Je devrais peut-être te relâcher, tu sais ? Je t’ai toujours fait confiance et tu m’as abandonnée.

Gardevoir la regardait tremblante. Ignorant qu’elle serait sa décision finale. Elle tomba à genou, ses petites mains blanches posées sur son lit. En observant son Pokémon, Élodie se disait le Pokémon Étreinte regrettait peut-être amèrement ses actes, mais pourrait-elle lui pardonner un jour ?

- Va-t’en, s’il te plaît.

Honteuse, elle se releva et observa sa Maîtresse quelques instants, le visage ruisselant de larmes. L’attitude de son Pokémon lui fendait le cœur.

- J’ai besoin de temps pour réfléchir, expliqua-t-elle. Pour l’instant tu restes mon Pokémon, mais ton attitude ces prochains jours décidera de la suite.

Son Pokémon semblait sur le point de se jeter à son cou pour la remercier, mais elle l’arrêta d’un regard, avant de poursuivre :

- Vendredi aura lieu mon examen… Le soir, tu auras ma réponse.

« Et peut-être aurai-je un Pokémon de moins dans mon équipe. » compléta-t-elle pour elle-même.

Gardevoir l’observa quelques instants et lui sourit timidement. Élodie détourna le regard, souhaitant mettre un terme à la conversation. Son Pokémon se téléporta pour quitter la pièce. La jeune fille soupira de soulagement.

Était-elle déçue ? Oui. Était-elle furieuse ? Très clairement. Mais pourquoi n’avait-elle pas parlé avec toute la colère qu’elle avait refoulé depuis le soir précédent ? Pourquoi n’arrivait-elle jamais à se mettre en colère contre qui que ce soit, malgré l’esprit bouillonnant qui l’avait habitée en voyant son Pokémon penché sur lui ?

Aurait-elle un blocage psychologique ?


Un œil rouge observait la scène. L’ombre entendit alors un bruit étrange, comme une griffe crissant sur un mur proche et de faibles bruits de pas se rapprochant. Un cri étrange le fit sursauter :

- Whéhéhé !

L’œil tressaillit avant de se fermer et de disparaître dans l’ombre, apeuré.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
- Élodie, Élodie, Élodie… qu’est-ce que nous allons faire de toi ?

La jeune fille se raidit sur son siège. Comme Danstorm l’avait dit, elle avait été convoquée chez le directeur. Convoquée dès le matin, elle avait dû quitter les cours devant toute la classe médusée. Elle se sentait mieux depuis le jour précédent et l’avait moins vécu comme une humiliation, mais la honte se lisait toutefois sur son visage.

- Ce que vous voulez, Monsieur, répondit-elle simplement.
- Vous êtes bien courageuse, Mademoiselle Galano, ajouta le Directeur Smith. Mais ce qu’il s’est passé hier soir est inacceptable, vous le savez très bien.
- Je l’sais, murmura-t-elle tristement.
- Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il s’est passé ? demanda gentiment le Professeur Gesuideffyé.

Elle avait assisté à la scène et avait demandé si elle pouvait participer à la réunion. Élodie était ravie que son véritable enseignant eût été remplacé. Elle s’était assise sur la chaise en bois juste à côté de l’étudiante.

- J’ai reçu de la visite avant-hier soir, commença-t-elle.
- Votre amoureux ? la coupa le Directeur. Ce n’est pas une bonne raison.

Elle rougit en pensant à ce qu’il disait, mais elle se reprit aussitôt :

- N… non. Un des Pokémon de ma grande sœur m’a rendu visite et Gardevoir n’a pas apprécié sa venue.
- C’est-à-dire ? s’enquit la Professeure.
- Pour faire simple, ils ont failli se battre et j’ai dû intervenir.
- Vous avez préféré défendre votre visiteur face à votre Pokémon, soupçonna Edward.

D’un signe de tête, elle confirma.

- Je vois.
- Pourquoi avoir choisi Gardevoir dans ce cas ? questionna Gesuideffyé.
- Je…

Mais elle n’avait pas terminé :

- Vous deviez vous douter de sa réaction, non ?
- J’ai choisi mon Pokémon au hasard, avoua-t-elle. Et j’ai toujours fait confiance à mes Pokémon.

Ses interlocuteurs échangèrent un regard circonspect. Ils ne s’attendaient pas à cette réponse. Le Directeur pianota sur son bureau quelques instants, étudiant la situation telle qu’elle lui avait été présentée.

- Avez-vous quelque chose à ajouter ?
- Oui… ajouta-t-elle timidement. Le Professeur Danstorm a été odieux envers moi et ne m’a laissé aucune chance de m’expliquer.
- Je vois. Voilà donc pourquoi vous avez demandé à être présente Nicole.

La jeune enseignante acquiesça et sourit faiblement à Élodie avant de reporter son attention sur son patron.

- Élodie, vous allez être mise à l’épreuve, annonça le Directeur.
- À l’épreuve ? répéta-t-elle, inquiète. Comment ça ?
- Demain vous aurez votre premier test de combat de l’année. Si vous réussissez à ce test, vous pourrez rester.
- Mais je ne sais pas quel élève je vais affronter, rétorqua-t-elle.
- Ne vous en faites pas pour ça, la rassura la Professeure, en souriant. Prenez la journée d’aujourd’hui pour vous entraîner, nous en déciderons le moment venu.

Sur ces mots, Élodie comprit que l’entretien était terminé. Elle serra les mains des deux personnes présentes pour les remercier et leur dire aurevoir et quitta la pièce, toute souriante.

- Ai-je eu raison de vous faire confiance, Nicole ? demanda le Directeur.
- Je pense qu’Élodie se cherche et qu’elle ignore ce qu’elle veut faire dans sa vie. Lui couper les ailes maintenant serait une grave erreur.
- Vous avez raison… répondit-il très lentement, coupant chaque mot par une parole.

Une goutte de sueur perla sur le front du Directeur. S’il avait commis une erreur, il pourrait le payer très cher. Le message qu’on lui avait transmis était très clair : « Faites ce qu’on vous dit ou vous finirez comme Michel Throshamp ! »

*_*_*_*_*_*_*_*_*
En quittant le bâtiment où se trouvait le bureau du directeur, Élodie se rendit compte de ce qu’impliquait les paroles du Directeur Edward Smith : elle n’avait pas besoin d’aller en cours aujourd’hui. Il lui avait donné cartier libre pour qu’elle pût s’entraîner et être prête pour le lendemain. Elle avait encore une chance de rester à la Faculté. Elle devait tout donner.

Elle se dirigea à nouveau vers les terrains d’entraînement du Foyer d’Étudiants, toute souriante de la joie qu’elle avait retrouvée depuis l’affreuse soirée précédente. Malgré l’apparition de l’étrange Ectoplasma qui l’avait réconfortée, elle avait passé une partie de la nuit à pleurer. Elle trottinait gaiement, l’étirement de ses lèvres indiquait clairement un ravissement, une joie de vivre retrouvée.

- Bweeuuuh !

Elle sursauta lorsqu’elle entendit le bruit étrange derrière elle, en se retournant, elle vit l’Ectoplasma qui s’amusait à lui faire des grimaces juste derrière elle. Il s’esclaffa un instant avant de se retourner tête en bas pour en exécuter une autre, puis changea encore de position pour une troisième. Elle éclata de rire en le voyant, il l’imita immédiatement, ravi qu’elle semblât se sentir mieux depuis le soir précédent.

- Ectoplasma, comment fais-tu ? On n’se connaît même pas.

Son affirmation surprit le spectre, son amusement se changea en tristesse. La connaissait-il ? Pourtant il lui avait dit que Lucien n’était pas son Dresseur. Mais peut-être avait-il mal compris ? Elle pianota un instant sur sa Pokémontre avant de se tordre le poignet pour montrer son contenu au fantôme.

- Tu le reconnais ? Est-ce lui ton Dresseur ?

La photo de Lucien et elle n’était pas très nette – à cause de la petite taille. Il l’observa un instant avant de faire deux grands mouvements de haut en bas, en guise d’affirmation. Le jeune étudiant était donc bien son Dresseur. Peut-être qu’il ne connaissait pas le nom de son Dresseur ? Elle avait du mal à imaginer comment créer un lien, un lien fort, avec son Pokémon sans, au moins, se présenter. Mais elle était née dans le Monde Pokémon, Lucien non. Peut-être avait-il simplement une tout autre conception du dressage qu’elle ?

Elle poursuivit son chemin, le spectre la suivit en virevoltant derrière elle. Il continuait à s’amuser à lui faire des grimaces. Mais lorsqu’elle se retournait, il sifflotait comme si de rien n’était et lui tirait la langue dès qu’elle se détournait. Elle ne put s’empêcher de sourire, amusée par les mimiques du Pokémon Ombre.

En arrivant vers les terrains d’entraînement, elle aperçut quelque chose comme une étoile filant à travers le ciel, tel un avion. Alors qu’elle s’approchait d’elle rapidement, elle finit par reconnaître le corps élancé au dos bleu et au ventre blanc : Draco lui rendait visite. Contente de le voir, mais surtout ravie qu’il revînt, bien qu’elle l’eût renvoyée vers sa sœur le jour précédent. En jetant un œil derrière elle, elle constata qu’Ectoplasma avait disparu.

Tout devrait bien se passer à présent : Gardevoir n’était pas présente. Draco et elle pourrait profiter d’un moment ensemble sans craindre la jalousie de son Pokémon. Elle avait envie de mieux connaître ce Pokémon et cette journée de libre était peut-être la meilleure occasion. Bien sûr, elle n’avait pas oublié son entraînement, mais peut-être accepterait-il de l’aider ?

- Draco ! Je suis là mon grand ! lança-t-elle, en allant à sa rencontre tout en agitant les bras en l’air.

Il l’avait déjà probablement aperçue depuis quelques minutes, mais il lui répondit d’un roucoulement sonore. Il eut quelque peu du mal à ralentir avant de la percuter. Elle tomba sur les fesses avec un petit cri de douleur, alors que le Dragon commençait déjà à lui lécher avidement le visage de sa longue langue râpeuse. Ses gestes semblaient plus précis et moins maladroits que lorsqu’ils s’étaient quittés deux jours auparavant.

Malgré tout, elle n’avait toujours pas pris l’habitude de cette administration affective quelque peu douloureuse. La jeune fille laissa s’écouler une bonne minute avant de se protéger le visage de ses avant-bras pour conclure l’échange. Dès qu’il comprit l’allusion, le Dragon se recula et rentra sa langue. Élodie s’agenouilla alors pour le prendre dans ses bras, heureuse.

- Je suis désolée Draco, murmura-t-elle. Gardevoir ne t’embêtera plus désormais. Je lui ai demandé de me laisser un peu d’espace.

Étonné, il se contorsionna pour la regarder. Ses écailles rugueuses glissèrent sur les gants jaunes de la demoiselle. Après une dernière accolade, ils se séparèrent. Le jeune reptile l’observa timidement quelques instants. Tournant la tête lentement, il lui sourit d’encouragement pour qu’elle se confiât à lui. Elle respira profondément avant de lui raconter ce qu’il s’était passé le jour précédent. Elle parla avec tristesse de l’abandon de son Pokémon et s’attarda quelques instants sur l’humiliation qu’elle avait subie par sa disparition et par la morgue de son Professeur. Elle décrivit ensuite le retour de Gardevoir le matin même où Élodie lui avait demandé de partir. Elle l’informa également de la menace de renvoi qui planait sur elle si elle ne réussissait pas son examen du lendemain…

- Heureusement qu’Ectoplasma était là hier soir, conclut-elle. Je sais pas comment j’aurais terminé la nuit autrement, conclut-elle.

C’est à ce moment-là qu’il réapparut pile poil devant la gueule du Dragon. Ils sursautèrent tous deux, alors que le spectre s’esclaffait de sa mauvaise blague. Élodie pouffa de rire, elle commençait à être habituée par les frasques du spectre. Mais Draco n’avait guère apprécié la plaisanterie : une colère sourde avait étiré ses yeux, pendant que sa queue battait le sol d’un geste frustré et énergique. Elle aperçut même de l’air s’échapper de ses naseaux.

- Allons, allons Draco, ce n’était qu’une mauvaise blague, pas la peine de te fâcher pour cela ! lui sourit-elle.

Après avoir regardé l’espace d’un instant l’adolescente de côté, le jeune Dragon secoua la tête pour se calmer, avant de roucouler pour saluer le nouvel arrivant comme si de rien n’était. L’Ectoplasma s’esclaffa et le salua de la main, comme si de rien n’était. Élodie souffla de répit. Draco avait certes un caractère fort, mais Gardevoir n’était pas là et le Spectre semblait facile à vivre. Il ne devrait pas y avoir de problèmes aujourd’hui.

- Draco, je dois aller m’entraîner. Acceptes-tu de m’aider ? lui demanda-t-elle avec un sourire éclatant.

Après avoir jeté un regard circonspect au fantôme, il acquiesça lentement. Tous deux rejoignirent le terrain d’entraînement, Ectoplasma se tourna à gauche puis à droite quelques instants avant de les suivre en lévitant.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Depuis le début de la journée, ses Pokémon et elle s’entraînaient en combat double contre Ectoplasma et Draco. Ils s’étaient affrontés de longues heures durant, s’arrêtant seulement à midi pour profiter d’une pause repas bien méritée. À l’exception de quelques badauds, elle n’avait vu personne depuis le matin.

Elle se rendait bien compte que le Dragon ne se donnait pas à fond – autrement elle aurait perdu depuis longtemps – mais il n’avait pas besoin de la ménager à ce point. Le spectre n’avait pas hésité à employer des attaques Électriques dès le début de l’entraînement contre son Cornèbre, mais Draco, lui, ne s’en était jamais servi, préférant employer plus des attaques Dragon.

En plus, pour lui rendre la tâche plus facile encore, ils agissaient séparément et ne coordonnaient aucunement leurs attaques. Si au début, elle appréciait le geste – pour faire durer l’entraînement – elle trouvait dommage que Draco la ménageât à ce point.

- Lippoutou, Laser Glace, Cornèbre, Ténèbres ! ordonna Élodie.

Draco esquiva facilement avant de charger avec une Dracocharge. Ectoplasma contra avec sa propre attaque. Lorsque les deux rayons noirs se percutèrent, ils créèrent une mini-explosion qui toucha le Dragon, le stoppant dans son élan, Lippoutou dans un coin du terrain hors de la vue du Dragon. Le spectre profita de la fumée pour lancer un Tonnerre en direction de la corneille.

- Lippoutou, Psycho !

Le rayon jaune s’illumina de bleu, alors que son Pokémon tentait de bloquer son flux avec ses pouvoirs psychiques. Élodie se servait de cette tactique depuis le tout début pour protéger Cornèbre de la foudre. Dans un premier temps, Lippoutou bloquait l’attaque quelques secondes, mais juste assez pour Pokémon Obscurité changeât de position et éviter l’électrocution.

Les Pokémon commençaient à fatiguer à force de s’entraîner. Mais Élodie voulait encore essayer quelque chose. Elle se souvenait de l’étrange bouclier d’électricité que Draco avait employé presque un mois auparavant lors du combat-hommage à Marc. L’attaque semblait plus défensive qu’offensive, mais elle éjectait de puissants éclairs aléatoirement. S’il s’en servait, Cornèbre pourrait peut-être s’entraîner à les esquiver. Alors que Draco allait repasser à l’attaque, Élodie le stoppa en élevant la voix :

- Arrêtons-nous là pour le moment.

Elle pointa la Poké Ball vers Lippoutou pour le rappeler, avant d’expliquer son idée aux deux autres Pokémon. Ectoplasma semblait enchanté de l’idée, mais Draco l’observait étrangement. Le doute se lisait sur sa gueule. Peut-être souhaitait-il éviter de la blesser par maladresse ?

- Tout va bien se passer Draco, ne t’en fais pas voyons. Je me tiendrai derrière les grilles là-bas, si tu te tiens au centre du terrain, tes attaques électriques ne m’atteindront pas, n’est-ce pas ?

Draco se rebiffa, il n’en avait aucune envie. Sa réaction l’étonna : pourquoi refusait-il d’employer ses attaques électriques ? Avec des mesures appropriées, les risques seraient moindres. Lorsque que le Dragon releva la tête, il la fixa un instant avant qu’il n’aperçût quelque chose juste derrière elle. Son visage s’éclaira immédiatement. Une idée lui était-elle venue à l’esprit ? Il s’approcha d’elle, tête basse : il semblait tout triste.

- Draco, que se passe-t-il ? s’enquit-elle.

Il ferma les yeux, semblant se concentrer, alors que de l’électricité commença à crépiter partout sur son corps. Une minute passa, puis une deuxième, après la troisième, Draco arrêta de concentrer de l’énergie dans sa perle, semblant fatigué. Élodie se demanda ce qu’il cherchait à faire, elle lui connaissait son expertise en matière climatique. Elle se souvint alors de son regard éclairé, en se tournant pour voir ce que le Dragon avait aperçu. Elle se rendit alors que Mme Gesuideffyé et M. Smith, les mains dans les poches, l’observaient, visiblement très intéressés.

Se doutant de quelque chose, Élodie reporta son attention sur Draco et lui demanda :

- Tu fais semblant pas vrai ? Tu veux que je t’enseigne une Attaque Électrique pour impressionner nos spectateurs ?

Il acquiesça, amusé qu’elle comprît aussi vite. Elle réfléchit à toute vitesse ce qu’elle pouvait faire pour jouer le jeu : Gardevoir connaissait l’attaque Tonnerre, elle aurait pu lui en faire une petite démonstration et, peut-être, améliorer sa relation avec lui. Mais c’était un vœu pieux : la femelle blanche n’était pas reparue depuis le matin-même et elle n’était pas sûre d’apprécier sa présence. Aucun autre de ses Pokémon ne pouvait utiliser une attaque Électrique, mais Ectoplasma quant à lui…

- Ectoplasma, est-ce que tu accepterais de faire une démonstration ?

Il accepta avec un grand sourire. Pour éviter un mauvais coup à son Cornèbre et lui permettre de se reposer, elle le rappela dans sa Poké Ball. D’un geste elle indiqua à l’Ectoplasma qu’il pouvait commencer.

Le spectre leva ses deux bras au-dessus de lui, gonfla son ventre, son corps se chargea d’électricité, qu’il projeta vers l’avant en rabaissant ses bras. L’éclair se dispersa dans le grillage. Draco l’observa attentivement, prêt à reproduire ce qu’il avait fait avec un empressement à peine dissimulé. Se remémorant comment elle avait pris Tonnerre à Gardevoir, Élodie tâcha d’être méthodique :

- Bien, Ectoplasma, décompose ce que tu as fait, Draco, essaie de reproduire.

Il s’exécuta, lorsqu’il leva les bras et gonfla son ventre, Draco tenta de l’imiter avec sa queue et sa tête, à force de se tendre, sa corne toucha l’autre extrémité de son corps, mais rien ne se produisit. Élodie s’esclaffa en voyant ses tentatives infructueuses. Le Dragon l’imita avec un sifflement amusé.

« Draco est bon acteur. On dirait presque qu’il ne fait pas exprès. » songea-t-elle avec un petit sourire.

Ectoplasma reproduisit une nouvelle fois le cheminement complet avant de reprendre point par point. Lorsqu’il se concentra, Élodie l’interrompit :

- Attends, ne bouge plus Ectoplasma. Regarde Draco, vois-tu ce qu’il fait ? Il concentre son énergie en un seul point.

Elle montra ce qu’elle voulait dire en posant sa main sur le ventre gonflé du fantôme. D’un signe de la main, elle indiqua au Serpent bleu de l’imiter. Lorsqu’il posa le bout de sa queue, elle passa au travers. Lorsqu’une décharge électrique parcourut son corps entier, il bondit en arrière avec un glapissement.

- Bien, maintenant essaie de charger ton énergie en un seul point, comme l’a fait Ectoplasma.

Il la regarda d’un œil interrogateur pour qu’elle s’expliquât. Élodie repensa alors à comment il utilisait ses attaques électriques en temps normal et trouva facilement la solution :

- Draco, concentre ton énergie dans la perle de ton cou.

Il ferma les yeux pour s’exécuter, Élodie vit son corps se tendre, les ailes de ses oreilles se rabattre en arrière et ses muscles faciaux se crisper sous l’effort. Une petite minute passa où rien ne se produisit, il finit par se relâcher et rouvrir les yeux. Il la regarda attentivement, attendant qu’elle lui indiquât la marche à suivre ensuite.

- Bien, recommence.

Alors qu’il obtempérait, dubitatif, elle s’adressa à Ectoplasma dans un murmure :

- Compte jusqu’à 10 et utilise ton Tonnerre le plus faible sur sa perle.

Il fit ce qu’elle demanda avec un petit rictus amusé. Draco eut un sursaut de surprise à l’impact. Furieux, il s’apprêtait à répliquer, lorsqu’Élodie l’interrompit :

- Relâche l’énergie que tu as accumulée en lançant Tonnerre, maintenant.

Inquiet, Draco l’observa un instant avant de s’exécuter. Une petite décharge crépita, alors qu’il crachait un faible courant électrique par la bouche. Il sourit en constatant son avancée.

Elle avait appris Tonnerre à sa Gardevoir grâce à cette méthode. Peut-être existait-il des moyens plus efficaces, mais c’était surtout un travail personnel du Pokémon. Élodie était admirative que Draco sût employer des attaques électriques de ses trois perles en même temps. Concentrer son énergie en un seul point était déjà complexe, alors en trois différents ?


- Bravo Draco, la félicita joyeusement Élodie. J’ai demandé à Ectoplasma de t’envoyer son attaque sur ton point de concentration. De cette manière, tu as pu ressentir le pouvoir du Type Électrique te traverser. Réessaie encore une fois et essaie de changer ton énergie en électricité. Lorsque tu ressentiras les mêmes sensations, c’est que tu y seras presque.

Il s’exécuta. Il ferma une nouvelle fois les yeux et tendit son cou. Cinq minutes passèrent, Élodie ne voyait aucun changement. Elle allait s’asseoir quand elle sentit l’air se charger d’électricité. Lorsque le Dragon rouvrit les yeux, elle constata que ses iris crépitaient, sa boule au cou était entourée d’un halo bleu clair. Il cracha alors une attaque Tonnerre par la bouche en direction du grillage.

- Bravo ! s’exclama Élodie. Tu y es arrivé. Maintenant tu dois refaire ce processus encore et encore jusqu’à que ça devienne une seconde nature et tu y arrives sur demande.

Draco siffla de joie en l’entendant et lui sauta dessus pour une nouvelle partie de léchouilles. Sous le choc, Élodie tomba – à nouveau – sur les fesses. Après lui avoir fait semblant de lui apprendre l’utilisation une attaque Électrique, elle imagina, avec un sourire amusé, lui apprendre à être moins brusque avec elle.

Bien qu’un peu fatiguée de cette journée d’entraînement, Élodie était ravie d’avoir pu passer ce moment avec le Pokémon de Clara. Les coups de langue amicaux du Dragon était un instant de douce félicité. Ectoplasma ne se tenait plus, alors qu’il riait à s’en tordre les mâchoires.

Un autre rire troubla cet instant entre les trois amis. En tournant la tête, Élodie se rendit compte que ses deux spectateurs – le Professeur Gesuideffyé et le Directeur Smith – les avaient rejoints.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Le soir tombait. À l’ombre d’un mur se déplaçait discrètement un petit Pokémon gris-noir. Une houppette surmontait sa tête, deux os blancs ressortaient de son dos et sa face était ornée d’un crâne à deux orbites. Cependant, on ne voyait qu’un seul oeil rouge errer frénétiquement entre les deux cavités osseuses. Il fouillait les environs en tressaillant au moindre mouvement suspect.

Le corps du petit Pokémon tremblait comme une feuille, la peur se lisait sur son visage étrange. Un bruit de griffes crissa sur l’autre coin de l’immeuble où il se trouvait. L’avaient-ils retrouvé ? Il espérait que non : ces horribles Pokémon le terrifiaient. Plus nombreux, plus vicieux qu’un Roublenard, plus violents qu’un Pandarbare, ils le martyrisaient depuis sa naissance. Il n’était qu’un faible Pokémon face à une bande de brutes.

- Whéhéhé ! hurlèrent des voix.

Les Ténéfix ! Ils arrivaient ! Il devait fuir, se cacher et prier Arceus qu’ils ne le trouvassent pas. Si seulement il n’était pas si faible, si seulement il pouvait évoluer, il pourrait alors leur faire payer tous leurs méfaits. Mais qui voudrait d’un Pokémon aussi faible, incapable de se défendre ? Chaque nuit, il se faisait brutaliser et chaque nuit son œil unique pleurait toutes les larmes de son faible corps avec des gémissements très audibles – du moins à son goût. Si ses cris n’attiraient pas des Dresseurs potentiels dans ces lieux infestés d’humains, comment pouvait-il leur échapper ?

- Whéhéhé, te voilà ! Spiritomb sera content ! clama l’un d’eux.

D’un seul coup, le pauvre Pokémon se retrouva entouré de six Ténéfix.

- Pitié, laissez-moi tranquille…
- Donne-nous toute ta nourriture ou tu mourras !
- Mais je n’ai rien à vous donner, gémit-il. Vous m’avez déjà tout pris.
- Alors meurs ! clamèrent-ils. Griffe Ombre !

Plusieurs griffes de ténèbres percèrent les ténèbres et le frappèrent. Il hurla de douleur. Alors qu’ils reculèrent pour frapper une nouvelle fois, il s’élança entre eux et fila à l’anglaise dans le couchant. Il avisa alors un attroupement de trois personnes et de deux Pokémon dans un lieu grillagé. S’il pouvait l’atteindre, ces humains l’aideraient peut-être…

Il ne se retourna pas, mais il savait que les Ténéfix le pourchassaient. Si seulement il avait approché les deux humains du soir précédent, mais le ton houleux et l’ambiance grave entre eux l’en avait dissuadé.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Le soleil commençait à descendre derrière les Mont Couronné. Élodie se rendit compte qu’elle avait passé l’après-midi à s’entraîner. Elle n’avait pas vu le temps passé. Ses deux spectateurs, qui avaient assisté à « l’entraînement » de Draco, s’étaient approchés. La jeune enseignante s’exclama d’un sourire éclatant :

- Élodie, beau travail !
- Vous êtes parvenue à apprendre l’attaque Tonnerre à votre Pokémon ! ajouta le Directeur.
- Attendez, ce n’est pas c’que vous croyez ! lança-t-elle en rougissant.

Elle leur expliqua alors toute l’histoire. Draco connaissait déjà des attaques électriques, il faisait juste semblant.

- Ne vous dépréciez pas Mademoiselle Galano. Votre méthode d’apprentissage est excellente, la complimenta Mme Gesuideffyé.

Le Directeur Smith observa un instant le Dragon avant d’ajouter :

- Il est bon acteur. Il jouait même trop bien, j’ai cru pendant un bon moment qu’il ne connaissait aucune attaque électrique.

Il haussa les épaules avant d’ajouter :

- Mais j’ai vu de quoi Clara était capable avec son Pokémon. L’an dernier j’avais donné un cours sur les différents climats, Draco avait été capable de prouesses climatiques qui m’ont donné froid dans le dos.
- Que voulez-vous dire ? questionna l’enseignante, intéressée. Peut-être pourrait-elle partager son expérience avec d’autres élèves.

Élodie répondit à sa place :

- Clara m’a parlé de l’attaque la plus puissante de Draco, il y a quelques temps. Le « 1CK ».
- De quoi s’agit-il ? s’intéressa l’enseignante.
- De la plus puissante attaque Électrique au monde, répondit la jeune fille. Je n’en sais pas plus, ma sœur a refusé de m’en dire davantage.
- Clara m’avait posé quelques questions sur les manières de contrôler la météo, se souvint le Directeur. Je crois que, à l’époque du moins, Draco ne maîtrisait pas complètement cette attaque.

Élodie regarda le Pokémon de sa sœur avec étonnement. Draco, ce Pokémon si puissant, capable de créer un blizzard en un instant, de créer un bouclier d’électricité et doté d’une vitesse impressionnante, pouvait contrôler la météo ? Elle avait du mal à y croire. La Professeur Gesuideffyé reprit alors la parole :

- Dites-moi Élodie, quel est votre plus puissant Pokémon ?
- Gardevoir, murmura-t-elle dans un soupir.
- Je vois. Après avoir assisté à une partie de votre entraînement, je peux affirmer que vous êtes une bonne Dresseur. Vous savez comment apprendre des capacités à vos Pokémon. Vous avez rappelé votre Cornèbre pour ne pas le blesser. Je veux vous proposer une chose.

Elle s’interrompit, le temps que la jeune fille pût assimiler tous ses compliments.

- J’aimerais que vous affrontiez mon meilleur élève demain.

Élodie tomba des nues à cette nouvelle. Non seulement elle devrait jouer sa place à la Faculté lors de ce « tournoi », mais elle devrait affronter le meilleur élève de l’enseignante ?

- Hors de question. Je suis pas assez forte, chuchota-t-elle.
- Vous vous sous-estimez, Élodie, répliqua l’enseignante. Vous avez vécu seize ans dans l’ombre de Clara qui a un niveau infiniment supérieur à n’importe quel étudiant de cette école ! Voulez-vous prouver de quoi vous êtes capable ou est-ce que vous voulez vous morfondre sur votre niveau de dressage ?

La réflexion de l’enseignante la scotcha. Élodie était née dans une famille de grands Dresseurs. Sans compter Clara, son grand frère et même son père étaient plus forts que le commun des mortels. Mais elle, elle était la petite dernière, celle qu’on chouchoutait, mais dont on déplorait qu’elle eût hérité ses talents de leur mère. Elle n’avait jamais vu sa mère combattre et elle doutait même qu’elle possédât des Pokémon. Elle se frappa le visage ; oui, elle voulait montrer ses compétences.

- J’accepte.
- Bien, à la bonne heure, répondit le Directeur Smith. Bien, si vous voulez bien m’excuser…
- Whéhéhé ! l’interrompit un cri.

Tous se tournèrent vers le cri. Surpris, ils virent un Skélénox se préciter sur eux, avec une cohorte de Ténéfix sur les talons. Le spectre semblait blessé et son œil rouge était écarquillé par la peur. Il se cacha derrière les chevilles de l’adolescente en tremblant

- Ectoplasma, Éclat Magique ! s’exclama-t-elle d’une voix forte.

Il n’était pas son Pokémon, mais elle l’avait vu se servir de cette attaque lors de leur entraînement. Le spectre se posa prestement sur le sol, juste devant les Ténéfix. Ils se stoppèrent net avec un cri d’effroi. Il créa alors une très vive lumière qui éblouit toutes les personnes présentes. Les petits diablotins plissèrent les yeux, aveuglés.

- Draco, Dracocharge ! ordonna-t-elle.

D’un mouvement rapide, il les faucha tous. Ils retombèrent en tas.

- Déguerpissez maintenant et que je n’vous y reprenne plus !
- Whéhé ? Whééééé ! hurlèrent-ils en cœur avant de s’enfuir lâchement dans toutes les directions.

Skélénox sortit timidement de derrière ses chevilles pour les observer. Il souffla de soulagement avant de s’enfuir à son tour.

- C’était quoi ça ? s’exclama Élodie, surprise. Pourquoi ces Pokémon étaient-ils en train de se battre ?
- Cette bande de Ténéfix fait des siennes depuis quelques semaines dans les environs du Foyer d’Étudiants, expliqua le Directeur.
- Et qu’est-ce qu’on peut faire ? s’enquit-elle.
- Rien… Ces troubles-faits reviendront toujours. Et ils sont si faibles que le plus faible des Dresseurs de la Faculté pourra s’en débarrasser facilement. Si vous voulez bien m’excuser, je dois retourner à mon bureau.

Sur ces mots, il disparut dans la nuit tombante. Fatiguée, Élodie avisa un banc au bord du terrain. En s’asseyant, elle sentit un souffle glacé contre sa nuque. Elle se tourna vivement, prête à appeler à l’aide avant de se rendre compte que c’était une nouvelle farce d’Ectoplasma. Elle lança en riant :

- Oh ! franchement, tu peux arrêter tes blagues maintenant.

Il agita son bras au-dessus de sa tête en guise d’aurevoir avant de s’éclipser à son tour. Nicole Gesuideffyé s’assit à côté d’Élodie et lança amusée :

- C’est un farceur votre Pokémon.
- C’est pas le mien, c’est celui de Lucien.
- Lucien ? L’étudiant de dernière année qui a affronté Clara aux derniers examens ?
- Lui-même, soupira Élodie. Vous pouvez arrêter de parler de ma sœur en permanence, s’il vous plaît ? J’ai l’impression qu’on me compare en permanence à elle.

Elle s’arrêta un instant avant de poursuivre exaspérée :

- Et ça me gêne.
- Je comprends votre sentiment. Mon père était un grand Dresseur à une époque aussi. J’ai changé mon nom de famille pour ne plus être constamment comparée à lui.
- À une époque ? répéta Élodie. Qu’est-il devenu ?
- Il est mort, répondit-elle simplement.

Les yeux de l’enseignante s’embuèrent lorsqu’elle prononça ces mots. Sa mort devait être récente pour qu’elle le touchât encore.

- Je suis navrée, toutes mes condoléances Madame.
- Je vous remercie, répondit-elle avec tristesse. Merci de ne pas m’avoir demandé de quoi il est mort.

La question ne lui était même pas venue à l’esprit. Pourquoi aurait-elle dû la lui poser ?

- Qui était votre père ? questionna la jeune fille.
- Mon père… était un Champion. Un génie des combats Pokémon qu’on ne rencontre qu’une fois par siècle.

Elle se tut, alors qu’elle commençait à sangloter. Élodie se rappela alors que, même ignorant son âge, elle avait supposé qu’elle fût bien jeune deux jours auparavant. Elle sortit un mouchoir et le lui tendit.

- Votre père… Son nom était Charles Gepert ?
- Exact, vous avez compris n’est-ce pas ?

En effet, elle avait compris. Charles Gepert était le prédécesseur de Clara Galano et le successeur d’Emma Blood au titre de Champion Ultime. Quelqu’un l’avait assassiné et l’identité du meurtrier restait inconnue encore aujourd’hui.






Draco observait les deux femmes s’entretenir entre elles. Un bonheur inconnu irradiait son être alors qu’il repensait aux moments qu’il avait passés avec la jeune fille ces trois derniers jours. Il avait pris du plaisir à s’entraîner, bien qu’aucun des autres Pokémon ne fût capable de lui tenir tête en réalité. Après tout, il était le plus puissant des Dragons et c’était très bien comme ça.

Soudainement, une onde de malveillance s’abattit sur son être. Surpris, il tourna la tête de tous côtés pour en comprendre la signification. La peur lui noua le ventre, il commença à trembler avec violence.

Il devait partir immédiatement. Une terreur sans nom lui glaçait les entrailles. Il n’avait aucune envie de rester ici. Débarrassé de Gardevoir, il avait espéré pouvoir passer une autre nuit avec Élodie. Mais il n’avait aucune envie de rester ici, alors que lui était présent.



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1CK se prononce comme les lettres de l'alphabet, soit C K




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Étendue sur le dos, Élodie regardait le plafond de sa chambre, en cherchant le sommeil. Son réveil indiquait 23 h 34. Après s’être tournée et retournée dans son lit pour tenter de s’abandonner à des merveilleux rêves ou des cauchemars atroces, elle avait fini par laisser tomber. Maintenant elle repassait sa journée dans sa tête.

La journée avait mal commencé avec l’apparition surprise de sa Gardevoir le matin même. Puis après avoir reçu un ultimatum du Directeur, elle avait passé le reste de la journée à s’entraîner avec l’Ectoplasma de Lucien et le Draco de sa grande sœur. Elle avait passé un bon moment en leur compagnie, le retour de Draco lui avait fait plaisir. Elle avait pensé qu’il resterait pour la nuit, mais il avait disparu lorsqu’elle et Madame Gesuideffyé s’étaient quittées.

En repensant à son enseignante, elle ressentit de la compassion. Quelle joie avait dû être la sienne lorsqu’elle avait appris que son père était devenu Ultime Champion ! Probablement aussi grande que celle qu’elle avait éprouvée lorsque sa sœur avait obtenu le titre. Mais elle ne pouvait pas imaginer ce qui s’était passé dans la tête de la Professeure en apprenant la mort de son père.

Soudainement, une ombre passa au-dessus de sa tête, elle était passée si vite qu’Élodie crut qu’elle l’avait imaginée. Quelque chose cogna son armoire à habits, avant de tomber au sol avec un grand bruit. La commode tomba en déversant son contenu au sol. Le bruit la fit sursauter. Elle s’assit sur son lit en sueur pour voir ce qui se passait. Elle reconnut aussitôt la chose inerte qui gisait au sol juste à côté de ses sous-vêtements.

- Ectoplasma ! s’exclama-t-elle, étonnée.

Alors qu’elle se levait pour lui venir en aide, le spectre se souleva dans les airs, avec un cri de terreur, et traversa le plafond à une vitesse phénoménale.

- ECTOPLASMA ! hurla-t-elle d’effroi.

Qu’est-ce qui lui arrivait ? Elle avait juste eu le temps de voir son expression avant qu’il ne disparût.

- Y A DES GENS QUI ESSAIENT DE DORMIR ICI, PUTAIN ! hurla un voisin.

Elle n’avait qu’une envie de l’envoyer bouler une bonne fois pour toute, mais ce n’était pas le moment. Elle devait porter secours au spectre, sans perdre un instant elle se précipita vers sa porte d’entrée, en chemise de nuit, s’interrompant juste pour mettre son manteau et ses souliers. Sur sa table de nuit traînaient ses clés… et ses Poké Balls.




Élodie monta directement sur le toit de l’immeuble. Des lignes de fils étaient tendus de partout, aucun habit n’était suspendu – en raison de l’hiver – mais une fine couche blanche les recouvrait. Doucement, elle alluma sa Pokémontre pour pouvoir éclairer les lieux. Lorsqu’elle marcha sur la neige, le froid s’insinua immédiatement en elle. En frissonnant, elle chercha le spectre rapidement sous la nuit étoilée. Elle n’avait qu’une envie : retourner à l’intérieur. Mais elle se devait de trouver le spectre et s’assurer qu’il allait bien ou, dans le cas contraire, l’emmener au Centre Pokémon.

- Ectoplasma, appela-t-elle en chuchotant.

Après quelques longues minutes de recherches, elle finit par le trouver affalé contre un mur. Ses yeux étaient clos, sa bouche tordue en rictus de souffrance. Élodie se précipita immédiatement vers lui et s’agenouilla pour écouter son souffle. Elle se rendit compte que sa réflexion était stupide, un fantôme était déjà mort de toute façon. Ectoplasma était évanoui et ne réagissait pas. Ce n’était pas une nouvelle blague du spectre, le Pokémon semblait terriblement mal en point. Et il lui semblait improbable qu’il se fût attaqué seul.

- Qui a pu faire une chose, pareille ? murmura-t-elle.

Des bruits de pas étouffés se firent entendre. Une sensation étrange s’insinua dans son corps, la peur lui noua le ventre. La personne qui marchait derrière elle était l’agresseur, elle en était certaine. Elle porta sa main à sa ceinture et….

- Merde, j’ai oublié mes Pokémon dans ma chambre, jura-t-elle.

Elle était seule, sans défense. Peut-être que si elle fermait les yeux et laissait l’individu terminer son travail, il le laisserait partir sans lui faire de mal ? Mais non et si ce type la kidnappait ? Et s’il la violait ou pire, si elle se faisait tuer ? Quitte à mourir, elle devait lui faire face. Elle se releva alors lentement et tourna la tête. Son visage blanchit en reconnaissant l’agresseur.

- TOI ?! NON, C’EST IMPOSSIBLE !


*_*_*_*_*_*_*_*_*

D’un pas léger, 2je m’approchai d’Élodie et de l’Ectoplasma que j’avais sauvagement attaqué. La neige craquait sous mes pas, mais cela m’avantageait : ma démarche était étouffée. Je remarquai que la jeune fille blonde avait porté sa main à sa ceinture, mais elle n’avait emporté aucune Poké Ball avec elle.

Je me stoppai à quelques pas de l’étudiante, alors qu’elle se relevait, prête à me faire face. Après avoir tourné les yeux vers moi, elle hurla, horrifiée :

- TOI ?! NON, C’EST IMPOSSIBLE !

Je compris tout de suite qu’elle aurait voulu ajouter quelque chose, alors d’un simple geste, j’ordonnai qu’elle se tût. Des pouvoirs psychiques lui enserrèrent la langue pour qu’elle n’eût plus la possibilité de rajouter un mot.

- En effet, c’est moi, confirmai-je. Ectoplasma allait tout gâcher, j’ai dû me débarrasser de lui.

Elle jeta un œil inquiet vers le spectre, mais je l’informai avec mépris :

- Ne t’en fais pas Élodie, il n’est pas mort.
- Qu’est-ce que tu m’veux… commença-t-elle.

Pour qu’elle pût respirer plus facilement, j’avais fait en sorte que sa bouche fût libérée. Mais comprenant qu’elle commettrait un impair, je la stoppai dans son élan. D’un geste, elle indiqua que je pouvais la relâcher : elle avait compris ce que je voulais qu’elle se tût. Alors je lui répondis d’un ton sarcastique :

- Moi ? Rien du tout. Tu n’es rien qu’un pion sur un échiquier qui te dépasse.

Interloquée, elle me regarda d’un œil suspicieux avant de se détendre quelque peu. Je compris qu’elle ne me ferait aucunement confiance.

- Pourquoi as-tu attaqué Ectoplasma ! dis-moi simplement ça, me supplia-t-elle.
- Pour me venger de ta grande sœur, lui expliquai-je d’un ton discordant.
- Comment ?

Elle s’était adossée sur le mur pour reprendre son souffle, elle voulait une explication que je me fis un plaisir de lui fournir :

- Mon objectif est qu’elle perde tout. Absolument tout. Tout ce à quoi elle tient, tout ce qui lui est cher, tout.

J'accentuai et détachai chacune de mes syllabes avec froideur et jubilation afin qu'elle comprît bien à quoi je faisais allusion. L'horreur la plus pure se peignit sur le visage de l'adolescente, à mon plus grand plaisir.

- Ses amis, poursuivis-je sur ma lancée, mes mots résonnant comme des coups de poignard ou des pierres jetées à son front. Sa popularité, ses fans, sa famille, ses Pokémon, sa liberté... Tout ce à quoi elle tient, tout ce qui fait d'elle ce qu'elle est. Elle perdra tout, absolument tout, j'y veillerai.

Mais Élodie ne put s’empêcher d’éclater de rire, lorsque je terminai ma tirade.

- Tu m’balances ton plan comme une fleur. Le simple fait que j’aille lui parler niquera l’intégralité de ton plan.
- En effet, admis-je. Mais encore faudrait-il que tu puisses quitter ce toit.

J’avais bloqué la sortie, lui coupant toute retraite. La seule possibilité que je lui eusse laissée était de sauter du toit et, donc, de mourir. Elle tournait la tête de tous côtés en cherchant un moyen de fuir. Elle y renonça rapidement.

- C’est tellement cliché, le grand méchant qui balance son plan à sa victime, alors qu’il sait parfaitement qu’il va la tuer.
- Te tuer ?

J’éclatai de rire. Le visage d’Élodie se décomposa, mon ricanement l’avait effrayée.

- Je ne peux pas te tuer. Tout comme je ne peux pas tuer Clara. Tu es un témoin gênant et rien ne me ferait plus plaisir que de me débarrasser de toi, mais je ne peux pas. Mais je compte bien me servir de toi.

Si ma déclaration la rassurait, aucune échappatoire ne s’offrait à elle. Elle avait été à ma merci dès son entrée sur ce toit. La seule possibilité qui lui restait était de me faire parler.

- Que comptes-tu faire pour priver ma sœur de sa vie, si tu ne comptes pas la tuer ? C’est pas logique.
- Une vie, c’est des rêves, des espérances, des croyances. Je vais la priver de tout ça.
- Comment ? s’inquiéta-t-elle.
- Oh, mais j’y suis déjà arrivé. Je l’ai forcée à devenir la Championne Ultime. Je lui ai coupé toute autre possibilité de choix de vie.

Le visage blême, Élodie commençait à comprendre où je voulais en venir.

- C’est toi qui as tué Charles Gepert !
- En effet, confirmai-je avec un profond dédain. J’ai également tué cet idiot de professeur pour forcer la main au chef de la Partie de Thé.

Elle avait porté la main à sa bouche, horrifiée. Mais j’eus le temps de lire son incompréhension dans son regard quand je lui avais parlé d’Edward.

- Edward Smith, ce très cher directeur de cette « noble » Faculté est en réalité l’ancien chef de la Partie de Thé, une simple bande de voleurs incompétents qui se sont fait battre par des gamins, lui expliquai-je.

Mais j’en avais eu assez de discuter. La conversation s’en termina là. J’ordonnai qu’Élodie s’endormît et, alors que ses yeux se fermaient, je lui révélai mes dernières paroles :

- Clara va regretter ce qu’elle m’a fait. Et rien ni personne ne pourra m’arrêter.



À SUIVRE

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2Le « je » ici n’est pas genré. Il peut aussi bien être féminin que masculin.