Chapitre III : La lueur
La tempête s'était calmée. Irelia se hâta d'un pas rapide, se dirigeant vers la maisonnette en bois. La neige argentée, par la puissance de ses pas, virevolta dans les airs, avant d’être bercée au gré du souffle du vent. Des traces venant des bottines marrons d'Irelia venaient s’imprégner sur le sol neigeux, venant ainsi faire des « Tchack, Tchack ». La brunette dévala la piste en direction du refuge ; elle sauta au-dessus d'une rivière de cristal en s'envolant comme un Lugia battant de ses puissantes ailes, elle courût tel Entei sur la route en dégageant d’intenses flammes venant faire fondre la glace. Personne ne pouvait arrêter la dresseuse et son Pokémon.
Cependant, après quelques minutes, Irelia s'arrêta. Le Silence dominait la sinistre Route 217 ; rien ne bougeait à l'horizon, aucun bruit sonore ne pouvait être perceptible, sauf la longue et périlleuse respiration d'Irelia. Tout d'abord, son circuit respiratoire débuta par l'inhalation de l'oxygène se trouvant à sa porter, puis le gaz traversa le long de sa trachée jusqu'au deux intersections : à savoir le poumon droit et gauche. Enfin, ce gaz de la vie s'installa dans ses bronchioles, et, plus particulièrement dans ses sacs alvéolaires avant de refaire le chemin inverse. La respiration de la dresseuse était à la fois rapide et forte, certainement à cause de l'accumulation des actions promptes. Alors, Irelia se laissa un peu de répit, et, fermant doucement ses paupières, laissa place à son imagination.
Le processus de l'imagination d'après le Scientifique Pokémon Schneider dans l'ouvrage : « Contrôlons-nous ! » : « Lorsque l'imagination s'éveille de son cocon, sous sa masse de soie, des mystérieuses petites boulettes sont soigneusement rangées et triées. Une palette colorée contient différentes substances parmi lesquelles figures : les désirs, les émotions, les sentiments, les perceptions, les souvenirs, les rêves, les songes, les fantasmes et le passé.. Lorsqu'une boulette est demandée, alors, cette dernière dégage une essence bien particulière permettant de concocter une recette inédite et propre à chaque individu. Après quelques mouvements de cuillère pour mélanger les essences, l'imagination est prête à être employée. »
Le Professeur Schneider était connu à l'international sur ses travaux portant principalement sur la génétique Pokémon, et, plus particulièrement suite à sa réussite sur la modification génétique d'une famille de Zorua : le Zorua H. Bien évidemment, le Professeur était également très célèbre pour d'autres travaux. Schneider fut un scientifique de référence dans notre monde moderne et cela à jamais.
Profitant du calme du lieu, la jeune dresseuse avait tenté en vain de trouver un répit à travers son imagination : les mains le long de son corps, les deux jambes parallèles, les paupières fermées. Elle était stoïque. Son Reptincel, quant à lui, tremblotait toujours, s'accrochant à sa dresseuse, comme son dernier espoir. Son cœur battait faiblement. Irelia le savait, et il ne fallait pas traîner. Le temps était beaucoup trop précieux. Elle se remit rapidement en marche, déterminée à sauver son ami…
Quand soudain, une petite lueur rouge scintilla au loin... Très loin… A l'horizon... Dans les plus grandes profondeurs de la route... une illusion ? Non, quelque chose s'approchait de sa dresseuse et de son chétif Réptou…
Le tapis neigeux commença à être engloutit. De ses mains aux ongles crochus, la lueur rouge dévalait toute la route en s'appuyant fermement sur la neige, arrachant au passage la vie aux derniers êtres vivants de la route, en les transperçant violemment de ses ongles aiguisés. Sa couleur rouge donnait l'illusion d'une énorme marée sanglante le long du chemin, un chemin mortel. Au cœur de cette lumière, sous sa chaire sanglante, se trouvaient des fragments du passé, cherchant à se libérer. La lumière s'intensifia.
Irelia ouvrit promptement les yeux, curieuse de savoir ce qui se déroulait. Peut-être des secouristes ? Peut-être que quelqu'un allait pouvoir les sauver de cette situation tragique ? Cependant, le faisceau lumineux devint davantage rayonnant et hypnotisant, la jeune dresseuse qui le contemplait ne réussit pas à fermer ses paupières. Un corps se trouvait derrière cet amas de lumière, une créature ou un humain, il était impossible de le distinguer. Le temps s'écoulait, et la dresseuse la contemplait toujours : Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix... Irelia tomba en arrière.
***
Il faisait nuit. Dans un bureau sombre d'un building moderne, se trouvait une personne assise sur son fauteuil en peau de Laporeille. Son cigare laissait échapper une grande quantité de fumée de la pièce, un arôme néfaste et nauséabonde, pouvant facilement aveugler les personnes saines. Son bureau, d'un bois de chêne, était parfaitement rangé et ordonné. Son Gardevoir était sagement debout à côté de lui, attendant les ordres de son maître. L'homme avait les deux coudes parallèlement posés sur son bureau. Son menton contre ses mains, il regardait la porte de l’ascenseur. Soudain, le petit panneau en haut de la porte de l'ascenseur afficha qu'une personne était en train de se diriger vers le bureau. Les deux portes s'ouvrirent après quelques minutes, et l'homme laissa alors un léger sourire apparaître au coin de ses lèvres :
« Eh bien ! Dois-je vous rappeler les règles de ponctualités ? Il me semble pourtant que vous avez reçu une éducation, il serait fort regrettable que j'intervienne. Voyez-vous ce que je veux dire ? » Ricana t-il d'un ton froid
« Je suis désolée, Monsieur... Mais voyez-vous, je dois me faire discrète en ces temps sombres. De plus… »
« N'essayez pas de jouer la corde sensible, je me fiche de vos soucis. Nous ne sommes pas ici pour nous lamenter sur votre sort Agent ! Nous devons trouver une solution pour résoudre les conflits actuels. Allons, dépêchez-vous de prendre place, vite ! »
« Oui, excusez-moi. » Chuchota-t-elle
La femme marcha en direction du siège préalablement positionnée devant le bureau, tête baissée, sous la vague de fumée. La lumière de bureau n'éclairait que le côté droit du visage de l'homme, qui la regardait d'un air hautin. On pouvait y remarquer notamment une peau veineuse et déformée, une chaire brûlée encore vive ayant creusée son visage jusqu'à atteindre la mâchoire. Après quelques pas, la femme prit place sur la chaise, toujours les yeux regardant vers le bas.
« Bien, nous pouvons enfin commencer… »
« Oui, commençons. » Dit t-elle d'un ton gênée
L'homme, piqué, par les paroles de la femme, vint alors à expirer toute la fumée de sa cigarette au visage de l’Agente pendant quelques secondes.
« Vous n'avez pas oublié que je suis l'unique personne qui donne des ordres dans cette pièce ?! Madame l'agente. »
« Oui, Monsieur. »
« Bien, appelez-moi monsieur le Directeur. »
« Oui, Monsieur le Directeur. »
Le Directeur vint alors claquer des doigts. Son Gardevoir fit un pas en avant, croisant ses bras, et ses yeux devinrent bleutée. Plusieurs photos à l’opposé de la pièce lévitèrent jusqu'au bureau du Directeur, se plaçant devant le regard de l'agente.
« Vous reconnaissez certainement ce premier objet ? Madame l'Agente. »
« La Plume… »
« Ne dites rien, vous êtes certainement surprise ? Je le sais déjà. Comme vous le savez, le professeur Schneider a débuté ses recherches sur la question de l'imm.... Cependant, nous avons remarqué que certaines personnes cherchent à continuer les travaux du professeur, notamment à vous savez où. Alors, il faut vous y rendre dès demain. » Dit t-il d'un ton mystérieux.
« Mais… »
« Il n'y a pas de mais, l'avenir de l'humanité en dépend. Rendez-vous au… »
***
La lumière avait disparu. Irelia était au sol, allongée sur la neige en plein milieu de la route. Elle venait de visionner toute la scène durant ces quelques minutes. Son Réptincel ne bougeait plus. Que venait t-il de se passer ? Et, surtout, qu’allait t-il se passer ?