Jour 6 : Tout simplement, par Aespenn
Une flamme parmi les flammes, que cet adorable Poussifeu en train de pépier devant l’âtre.
Il s’agit-là de son moment préféré de la journée : lorsque sa jeune amie faire craqueler des bûches dans cette cheminée typique des chalets de montagne. Il est un Pokémon de feu et pourtant, il se sent chanceux de vivre dans cette grande bâtisse de bois à mille-deux-cent-mètres d’altitude, avec ses poutres épaisses ainsi que ses grandes baies vitrées qui offrent une vue imprenable sur la montagne.
Le Poussifeu adore la neige. Il aime regarder les sommets se couvrir de poudreuse, le toits des autres chalets devenir aussi blancs que le pelage d’un Absol mais surtout : ses petites pattes créer des empreintes fumantes sur un tapis nival.
Il se met à pépier de plus belle lorsqu’il s’adonne à ce petit jeu.
Mais aujourd’hui, c’est face à l’âtre qu’il se plaît. Il regarde danser les flammes, il leur donne moult formes fantasques et il se balance doucement en se gorgeant de cette chaleur bienvenue.
Oh, il ne craint pas le froid. Jamais. Il le domine avec ses grands pouvoirs ! La fureur du feu ardent le repousse toujours !
Soudain, un grand bruit se fait entendre !
Le Poussifeu sursaute avec violence. Il se dresse prestement sur ses pattes, les plumage gonflé, ses sens aux aguets afin de vite déceler l’importun responsable de ce tapage.
Ledit importun n’étant qu’une vielle horloge à balancier. Il se renfrogne. Quelle honte d’avoir failli face à cette antiquité !
Un craquement sonore s’élève. Celui-là, il le connaît bien.
Le petit Poussifeu oublie bien vite sa mésaventure pour se précipiter vers les escaliers qui mènent vers la mezzanine, installée juste au dessus du salon. Il lève haut le chef.
Ah qu’il est particulier, cet escalier ! Avec ses marches asymétriques qui le font ressembler à une gigantesque fermeture éclair ! Surtout pour un Pokémon flamboyant de petite taille !
Ce dernier se met à pépier. Il sait qu’elle va bientôt se montrer !
La désagréable horloge a sonné huit heures du soir, après tout, alors le temps n’est plus à la sieste.
De plus, aujourd’hui est une journée particulière.
Enfin, sa silhouette apparaît : de taille moyenne, fluette, le teint hâlé, une masse de cheveux sombre aux boucles crépues auréolant son visage fatigué, elle s’applique à descendre les escaliers.
Il faut dire que la vie ici, n’est pas toujours simple.
Le petit Poussifeu fait des bonds. Il aime beaucoup cette jeune femme humaine qui porte le joli nom de Nora. La première fois qu’il l’a entendu, le Pokémon flamboyant l’a tout de suite aimé pour la simple et bonne raison qu’il rime avec le sien : lui aussi, son prénom se termine par un "a".
Il se nomme Shama.
« Quelle heure est-il ? »
Bien trop tard. Enfin pour aujourd’hui !
Le voisinage doit certainement être déjà en train de passer à table pour un très long dîner qui s’achèvera certainement aux alentours de minuit. De plus, on peut d’ores et déjà entendre de la musique ! On peut voir les lumières multicolores des guirlandes qui s’enroulent autour des balcons extérieurs… celles de Nora font bien pâles figures.
La jeune fille s’approche de la baie vitrée. Elle grimace.
Mais elle a fait ce qu’elle a pu.
Aujourd’hui, c’est Noël. Ou plutôt, le soir du réveillon.
Si à mille-deux-cent-mètres d’altitude tous les chalets sont décorés avec soin ce soir, si les enfants des voisins se sont déjà appliqués à réaliser des bonhommes de neige dehors, si l’on peut apercevoir de merveilleux sapins verdoyant parés de guirlandes colorées, de boules de Noël, d’étoiles à leurs sommets… le foyer de Nora ressemble à s’y méprendre à un chalet abandonné.
Ici, il n’y a pas la magie de Noël.
Dans cette grande bâtisse de bois, vivent une mère, sa fille ainsi que leur Poussifeu.
En plein hiver, à la montagne, le travail saisonnier ne manque pas contrairement au temps qu’il dévore encore et encore… jusqu’à évincer le réveillon de Noël.
Alors aujourd’hui, en cette journée si spéciale, Nora se retrouve seule au chalet avec son petit Pokémon flamboyant pendant que sa mère prépare certainement d’excellents repas dans un restaurant en station. Elle rentrera bien tard.
C’est ainsi tous les ans.
Mais pas cette fois ! En cette fin d’année, Nora s’est jurée de changer la donne !
La jeune femme n’est pas particulièrement talentueuse lorsqu’il s’agit de décorer un intérieur. De plus, sans véhicule, il est bien difficile de pouvoir descendre en ville afin d’effectuer ses achats, alors elle a simplement fait de son mieux en retournant la cave afin de retrouver de vieilles décorations.
Elle en est revenue avec plusieurs cartons empestant le synthétique. Il faut dire que les guirlandes, boules de Noël et même l’étoile en toque ont bien une dizaine d’années…
Mais c’est tout ce qu’il y a : de vieilles décoration ainsi qu’un sapin artificiel aux branches rachitiques.
Nora a donc passé l’après-midi ainsi qu’une bonne partie de la soirée à instaurer une ambiance festive dans ce chalet trop grand et trop vide.
Une guirlande bleu par-ci et le fauteuil reprend vie, une autre par là et le meuble télé semble moins terne… la jeune femme a suivi ce petit manège de longues heures durant avant une petite sieste bien méritée.
Oh, concernant l’allure de son foyer, le voisinage n’a rien à lui envier vraiment, mais elle s’en moque : sa mère sera surprise lorsqu’elle rentrera tard du travail ! Et sa joie est tout ce qui compte.
Mais Noël n’est pas terminé !
À présent et après huit heures du soir, lorsque tout le monde est déjà attablé face à festin dans les chalets environnants, Nora se pose une grande question. Elle s’accroupit face à son petit Poussifeu qui cligne des yeux, perplexe.
Quel est le problème ?
« Que peut-on cuisiner pour Noël, Sol ? Je ne suis pas très douée et je n’ai pas vraiment d’idées... »
Ah, "Sol". Nora ne peut pas encore connaître le véritable nom du Pokémon flamboyant mais tant pis : elle a le temps de savoir.
Alors pour l’instant, il est "Sol" pour elle. Sol en train de cligner paupière, confus. Il ne s’y connaît pas beaucoup en cuisine humaine… pas du tout même ! Mais il aidera de son mieux !
Il se met à pépier et à sautiller. Ce n’est pas en restant planté là, devant les escaliers, que le repas se préparera !
Nora se met à rire en lui ébouriffant la tête.
« Tu as raison ! Allons faire l’inventaire de ce que nous avons ! »
Il est temps de regarder ce que le frigo ainsi que les placards ont à proposer ! À faire l’inventaire des ingrédients, une idée finira bien par germer ! De plus, Sol est là pour aider, toujours fidèle au poste.
Il suit la jeune femme en levant haut le chef, comme un bon soldat prêt à livrer bataille pour le repas de Noël : que les voisins se gardent bien leurs assiette de filets de Magicarpe, de Barloche, leurs salades composées ou même leurs traditionnelles Passerouge ou Poichigeon de Noël… Nora et lui s’en vont innover !
Mais cela sera bien complexe : de la farine, de l’huile d’olive, de la levure boulangère ainsi que de la levure chimique, de l’ail, des pommes de terre, des œufs, du fromage de Chevroum, du pain de mie, deux avocats, du miel d’Apitrini, du sel, du poivre, de la sauce tomate au basilic, un reste de salade, du parmesan… que faire avec tout cela ?
Le visage de la jeune femme se décomposa : les courses n’ont pas été faites depuis un moment alors bien évidement, le réveillon de cette année ne sera pas vraiment fameux. Ou plutôt trop simple.
« Tu penses que maman sera déçue du repas ? Il n’y a pas grand-chose… » demande Nora d’une voix terne.
Sol se met à piailler avec force. Le Petite Poussifeu saute de plus belle afin de manifester son désaccord ! La simplicité, c’est bien aussi !
Pourquoi vouloir toujours faire les choses en grand après tout ? Est-ce qu’un repas avec des mets succulents est forcément synonyme de Noël merveilleux ? Est-ce que l’atmosphère ne peut pas compter ?
Sol peut déjà se voir en compagnie de Nora ainsi que sa mère, autour de cette table, non loin du sapin artificiel – qui croule derrière les guirlandes – en train de les regarder rire de bon cœur. Juste eux trois pour Noël, et alors ?
La jeune femme se met à sourire. Son visage s’illumine comme pour traduire une volonté nouvelle : il n’y a pas "rien du tout" dans ces placards ainsi que ce frigo, il y a de quoi faire un repas. Un repas simple, certes, mais un repas tout de même.
Il y a de quoi concocter un joli réveillon de Noël ! Alors réfléchissons…
Nora croise les bras sur sa poitrine alors que les rouages de son esprit se mettent en route. Une partie d’elle-même songe à son pyjama qu’elle est en train de porter, mais elle l’évince bien rapidement : elle aura tout le loisir de se changer plus tard.
Enfin, les idées lui viennent !
« Je sais ! s’exclame soudainement Nora, avec tout ces ingrédients, nous pouvons faire une pizza et des avocats gratinés ! »
Oui… une pizza aux pommes de terre et fromage de Chevroum… des avocats avec un jaune d’œuf et du parmesan… le tout cuit au four...ce n’est pas le réveillon de rêve, mais c’est un bon repas quand même !
De plus, en fouillant le frigo de plus belle, Nora retrouva un yaourt : s’il lui reste assez d’œufs après les plats principaux, elle pourra même réaliser un gâteau en dessert !
« Nous allons commencer par faire la pâte à pizza, Sol ! »
Ou plutôt : la jeune femme s’attelle à cette tâche toute seule. Le petit Poussifeu se contente de grimper sur le plan de travail et regarder son amie s’affairer en pépiant afin de l’encourager.
Nora s’empare d’un saladier où elle commence à verser de la farine. Elle y creuse un puits avec son poing, puis ajoute un sachet de levure boulangère.
Elle se saisit d’une cuillère à soupe afin de verser une petite quantité d’huile d’olive, puis de sel et enfin elle s’immobilise.
« Tu ne vas pas aimer l’étape suivante, Sol : je vais devoir ajouter de l’eau tiède. Si j’étais toi, je descendrais du plan de travail ! Maladroite comme je suis, il peut y avoir des éclaboussures... »
Le Pokémon flamboyant semble blêmir mais ne se fait pas prier et quitte prestement son perchoir. D’en bas, impossible de suivre la scène. Cela le déçoit.
Il lève la tête afin de suivre les mouvements de Nora – qui doit certainement être en train de mélanger les ingrédients de sa pâte à pizza tout en ajoutant l’eau tiède au fur et à mesure – mais n’y voit absolument rien ! Cela ne lui plaît pas beaucoup si bien qu’il se met à piailler !
« Tu peux revenir, rit Nora, j’ai terminé avec l’eau. Maintenant, il ne me reste plus que la tâche la plus déplaisante... »
Sol s’empresse de remonter afin d’aviser de cette "tâche très déplaisante" et lorsqu’il aperçoit la pâte collante sortie de son saladier et déposée sur un tapis de farine, il pépie de surprise.
« Je vais devoir la travailler. » explique son amie en grimaçant.
Bon gré mal gré, elle se met à l’ouvrage en pétrissant encore et encore, jusqu’à ce que cette pâte à pizza atteigne une épaisseur considérable. Ensuite elle s’en est retournée au fond du saladier que Nora a recouvert d’un torchon afin de se reposer une bonne heure.
La jeune femme peut souffler. Elle ne perd pas de temps pour aller se laver les mains avant de demander à son Poussifeu.
« Que fait-on en attendant ? Il est trop tôt pour préparer les avocats… on peut commencer à éplucher et cuire les pommes de terre, puis préparer le gâteau, qu’est-ce que tu en dit ? »
Pour Sol, le choix est évident : il souhaite commencer par les pommes de terre ! Pour la simple et bonne raison que lorsque viendra le moment de les faire cuire, il pourra allumer les brûleurs de la gazinière avec ses pouvoirs ! Ce sera sa petite participation au réveillon de Noël et il en est très fier !
Nora lui sourit. Elle a deviné ses pensées.
« Promis, c’est toi qui te charge de la cuisson ! »
Le Pokémon flamboyant fait un bond sur le plan de travail alors que son amie commence sa besogne : armée d’un économe, elle s’applique a dévêtir les pommes de terre de leurs peaux avant de les couper en petits morceaux, puis de les jeter dans une poêle.
Le travail est long et ennuyeux, certes, mais l’image de la belle pizza qui sera servie plus tard ainsi que du large sourire de sa mère renforce la détermination de Nora : elle n’aime pas vraiment cuisiner, mais elle tient à réaliser une belle soirée de Noël.
Enfin, lorsque toutes les pommes de terre sont acheminées dans la poêle, la jeune femme la dispose sur la gazinière avant d’y ajouter un morceau de beurre salé.
Maintenant, c’est à Sol de jouer !
« Tu es prêt ? » lui demande-t-elle avec douceur.
Bien évidement, qu’il l’est ! Le feu brûle déjà en lui et ne demande qu’à se former sur sa langue pour mieux se déchaîner ! Il va les allumer, les brûleurs de la gazinière !
Comme un Pokémon se dirigeant vers un combat épique, le petit Poussifeu s’en va grimper sur le tabouret mis en place par Nora. Un tabouret avec une hauteur parfaite, puisque sa cible se trouve dans sa ligne de mire !
Fort bien.
Sol se concentre. Il sent le feu se former en lui, dans cette poche particulière au sein de son être, emplie de cette matière inflammable dont il ignore le nom… il ouvre grand le bec et là, sur la jonction entre les mandibules son pouvoir arrive !
Une langue de feu se forme pour s’en aller embraser les brûleurs. Il a réussis sa mission. Il en est très fier.
Même Nora applaudi.
« Parfait ! » s’exclame-t-elle.
Sol bombe le torse. Évidement que c’est parfait !
Bien. Maintenant que les pommes de terre sont en train de rissoler, son amie veut s’atteler à la préparation de la sauce tomate pour la pizza. Rien de bien difficile : elle est déjà prête, mais elle tiens à y incorporer de l’ail afin de donner plus de goût.
Sur une planche à découper, elle s’applique donc à éplucher deux gousses avant de les hacher. Ensuite, elle verse la sauce tomate dans un bol, y dépose l’ail et mélange le tout.
Dans son lit de verre, la pâte à pizza est toujours en train de reposer. Nora va chercher un second saladier.
« Nous allons préparer le gâteau, explique-t-elle au petit Poussifeu, ce n’est pas grave s’il cuira en dernier. Au moins, il sera déjà prêt et nous pourrons le manger tout chaud ! »
Sol approuve cette décision. De plus, ce genre de gâteau n’est pas du tout difficile à réaliser.
Il grimpe de nouveau sur le plan de travail et regarde Nora s’affairer. La jeune femme vide le yaourt dans le saladier et garde le pot afin de s’en servir comme doseur. Ensuite, les ingrédients s’enchaînent assez rapidement : farine, sucre, levure chimique, œufs et huile.
Elle regrette simplement de ne pas posséder de vanille ou de fleur d’oranger afin de donner plus de goût à sa préparation… tant pis.
Le gâteau achevé, Nora va jeter un œil à sa pâte à pizza. Elle découvre avec joie que cette dernière à bien épaissie et qu’il est temps de terminer la recette !
Elle mets le four en route, afin qu’il puisse commencer à chauffer et maintenant la dernière ligne droite : les avocats gratinés ! En plus ils sont bien mûrs, ce sera un régal.
Nora se met à couper les avocats en deux sur une planche avant de se saisir d’une petite cuillère pour en retirer le noyau ainsi qu’une partie de la chair.
Fort bien, maintenant il faut y incorporer des jaunes d’œufs. Tâche délicate mais qu’elle réalise avec application sous l’œil avisé de Sol.
La jeune femme ne sait pas encore ce qu’elle va faire des blancs d’œufs… bah elle les laisse simplement de côté et peut-être que sa mère aura une idée.
Enfin, elle assaisonne les avocats avec du sel et du poivre, elle râpe le parsemant pour les en recouvrir puis elle les enfourne. Ils seront délicieux, c’est certain ! Nora regrette de ne pas avoir de patates douces, elle aurait fait des frites au four comme accompagnement… tant pis ! Il reste la pizza !
Le moment est enfin venu de garnir cette belle pâte : avec des gestes appliqués, la jeune femme l’étale sur du papier de cuisson à l’aide d’un rouleau à pâtisserie avant de la badigeonner de sauce tomate.
Il est maintenant temps d’incorporer les pommes de terre ! Et doreront au four et le goût ne sera que meilleur ! Une fois chose faites, Nora s’en va chercher le fromage de Chevroum qu’elle coupera en rondelles. Le secret est d’attendre que la pizza cuise comme il faut et une fois sortie du four, d’étaler un petit peu de miel sur le fromage.
En voilà un bon repas ! Dégusté autour de la table avec sa mère en regardant les lumières des habitations sur les montagnes par la baie vitrée, cela vaut tous les Noël du monde.
La pizza aux pommes de terre ainsi qu’au fromage de Chevroum s’en va finalement rejoindre les avocats. Nora et Sol s’assoient à même le sol afin de regarder leurs bons petits plats dorer sous la chaleur du four.
Ils sont fiers d’eux, même si le petit Poussifeu est persuadé qu’il aurait pu s’occuper lui-même de la cuisson ! Une pizza grillée avec son propre feu ne serait-elle pas meilleure ?
Soudain Nora pousse une exclamation épouvantée alors qu’elle semble se rappeler de quelque chose et pour cause : elle a oublié de se changer !
Elle jette un œil à l’horloge : il n’est pas loin de dix heures du soir. Sa mère ne va pas tarder à rentrer … il lui faut mettre la table aussi !
« Ah, Sol si tu avais des bras, je t’aurai bien demander de mettre la table ! »
Ce dernier piaille pour protester : ce n’est tout de même pas de sa faute ! Pour avoir des bras, il est obligé d’attendre son évolution, la belle affaire !
Finalement, Nora parvient à enfiler une robe en un temps record et à courir vers le vaisselier afin de se saisir de belles assiettes. Pour Noël, il faut au moins utiliser celles qui comportent de jolis motifs d’étoiles, n’est-ce pas ?
De ce fait : deux assiettes, une assiettes à dessert pour Sol, des verres à pieds et de beaux couverts.
Pour ce qui est de la nappe, malheureusement il faudra se contenter de celle de d’habitude.
Mais aux yeux de Nora, la table est belle.
Sol se met à pépier. La jeune femme le cherche du regard pour finalement le trouver auprès d’une boule à neige arborant un Lipoutou ainsi que le Père Noël dans un décor de fêtes. Le petit Poussifeu sautille à ses côtés. Nora comprend.
« Tu as raison, elle fera une jolie décoration de table. D’ailleurs… serais-tu partant pour allumer les bougies ? »
Le Pokémon flamboyant bombe le torse. Quelle question !
***
Nadia rentre du travail le cœur lourd.
Elle s’est pourtant jurée de terminer plus tôt afin de passer cherche des cuisses de Déflaisan pour le réveillon de Noël, mais elle n’y est pas parvenue. Sa fille va être déçue et cette soirée qui se doit pourtant d’être lumineuse, sera bien terne.
Elle consulte son téléphone : il est presque dix heures et demie du soir. Nora est peut-être partie se coucher.
Pourtant, lorsqu’elle déverrouille la porte de son chalet, une douce lumière envahi le salon. Des lueurs qui font danser les ombres sur les murs ainsi que le plafond et enfin, elle sent des odeurs. De délicieuses odeurs.
Surprise, Nadia s’avance quelque peu et si elle ne s’attend pas à la voir, si elle la pense dans sa chambre, endormie ou occupée sur son ordinateur, elle se confronte alors à sa fille vêtue d’une jolie robe bleue avec un sourire radieux sur le visage et un petit Poussifeu surexcité.
Surprise, les yeux de Nadia s’écarquillent. C’est alors qu’elle remarque la table mise derrière Nora…
« Mais qu’est-ce que... »
Sa fille a fait la cuisine pour le réveillon de Noël ? Est-ce une pizza qui trône sur un plat ? Il y a les belles assiettes du vaisselier, des verres à pieds, des décorations qui rendent le chalet bien plus chaleureux… elle est si surprise qu’elle se couvre la bouche d’une main.
« Ça fait plusieurs années que l’on ne prend pas le temps de fêter Noël, maman, explique Nora, avec ton travail et mes études on remet toujours les festivités à plus tard et finalement on ne fait rien. Alors pour cette année, même si ce n’est pas un festin, j’ai voulu faire quelque chose. »
Le Pokémon flamboyant piaille avec ferveur, si bien la jeune femme se met à rire.
« Et Sol m’a aidé bien évidement. »
Le petit Poussifeu bombe le torse avec fierté. La Maman est beaucoup touchée par ce qu’ils ont fait, il peut le ressentir… il est vraiment heureux.
Il ne faut que quelques secondes à Nadia pour serrer sa fille ainsi que son Pokémon dans ses bras, et quelques minutes pour passer à table afin de déguster de bons petits plats et ainsi, vivre un merveilleux réveillon.
Elles ne prennent jamais le temps c’est vrai. Mais chaque second qui passe ne reviendra pas se montrer : elle est perdue ou elle est vécue.
Le dîner de Noël ne semble rien à côté de ceux du voisinage, la table sobre ne croule pas sous les mets exquis, impressionnants et les lumières des décorations ne la transforment pas en table de luxe.
Mais Nadia, Nora et Sol profitent de ce merveilleux repas qui restera dans leurs mémoires comme un moment partagé avec tendresse, là, assis tous les trois face à la baie vitrée qui donne sur les lueurs des habitations.
Tout simplement.