Le mousquetaire divin : La vie d'un apprenti de ShiroiRyu

Chapitre 10 : Fatigue mentale

« Vite ! Donnez-lui un lit ! »

« Princesse Zaphirosa ? Mais qu’est-ce que vous… Mais attendez, c’est l’élu ?! »

« Oui ! Et je viens de vous donner un ordre ! Vous ne pouvez pas l’écouter ? »

L’adolescente aux couettes roses observait avec colère les soigneurs qui ne bougeaient pas, restant sur place, surpris par l’apparition royale. L’un d’entre eux se décida enfin à réagir, bredouillant quelques mots avant de se rapprocher d’elle, mimant un geste pour aller récupérer Soklar mais la princesse l’en empêcha :

« Dites-moi plutôt où le déposer, ça sera beaucoup mieux ! AH ! »

« Mais princesse, ce n’est pas à vous de... »

« Je fais ce que je veux, compris ? Et si j’ai décidé que ça serait ainsi, n’essayez même pas de m’arrêter, compris ? »

« Princesse, ce n’est pas la moment de faire votre forte tête. Vous pouvez nous expliquer au moins ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui a mis l’élu dans cet état ? »

« Je n’en sais rien, moi ! Comment est-ce que je pourrais le savoir exactement ? Comment vous voulez que je le sache ? Je ne suis pas dans ses petits papiers ! »

« Nous n’avons pas dit ça, princesse. C’est juste que les rumeurs disent que... »

« Qu’est-ce qu’elles disent les rumeurs ? Ce n’est pas parce que je ne suis pas en émoi devant lui que je vais lui faire du mal ! Sinon, pourquoi est-ce que je l’aurais ramené ici ? Faudrait réfléchir un petit peu aussi ! »

Pfiou ! Les soigneurs se regardèrent, légèrement désabusés. Ils connaissaient tous le caractère de la princesse et savaient qu’il n’était pas des plus faciles. Pour autant, malgré son caractère, elle avait un grand coeur.

« Est-ce que vous pouvez juste nous dire alors ce qui s’est passé ? »

« Je n’en sais rien, moi ! Il m’a percuté dans le couloir et je l’ai vu dans cet état. Je n’allais pas le laisser ainsi. Je veux dire : si y a quelqu’un qui ne va pas bien, il faut quand même l’aider, non ? Bref… Vous pouvez vérifier son état ? »

« On va le faire, princesse, mais vous feriez mieux de... »

« Je ne ferais mieux de rien du tout. Je l’ai emmené, j’ai le droit d’en savoir plus à son sujet. Bref, je vais attendre jusqu’à ce que vous ayez des informations. »

Et maintenant, elle s’était mise assise sur une chaise, non-loin de l’endroit où était couché Soklar. Elle le regardait avec attention, ses yeux roses posés sur lui. Elle ne le détournait pas un seul instant, songeuse et plongée dans ses pensées.

« Alors ? Vous avez des nouvelles à me donner ? »

«  Eh bien, c’est le résultat d’une très grande fatigue. Plus mentale que physique, son corps ne semble pas endolori ou blessé. »

« Donc fatigue mentale. Il est revenu d’une mission avec la mousquetaire des ténèbres. Je n’ai pas besoin de vous préciser de qui il s’agit, n’est-ce pas ? »

Elle avait marmonné cela en signe de mécontentement. Oui, elle n’aimait pas Ebiné et il était clairement visible que c’était réciproque. Pourtant, l’une comme l’autre n’agissait jamais de façon flagrante pour… enquiquiner l’autre personne. Disons que cela serait trop flagrant et problématique. Et puis, elle avait mieux à faire.

« Dans tous les cas, même avec nos pokémon psychiques, il sera difficile de pouvoir réellement s’occuper de lui. Peut-être qu’en le laissant se reposer et dormir, c’est la meilleure chose à faire, je dirais. »

« Mouais… Je me demande des fois à quoi vous servez hein ? Enfin, je ne veux pas être malpoli mais vous devez quand même avouer que c’est un peu rageant. Vous êtes les meilleurs soigneurs du royaume et vous ne pouvez pas soigner une simple migraine ? Non… Je suis désolée. »

Ses mots avaient dépassé ses pensées. Elle ne voulait pas dire qu’ils faisaient mal leur travail, loin de là. Être dans l’incapacité de faire quelque chose, c’était vraiment ce qu’elle détestait. Même si elle n’avait rien à prouver à l’élu d’Arceus, c’était agaçant.

« Euh… Maintenant que vous êtes au courant, princesse, peut-être devriez vous partir à vos royales occupations ? »

« Sauf que mes royales occupations, j’en ai aucune donc je peux rester si j’en ai envie. Je vais attendre qu’il se réveille. Je ne crois pas que ça me soit interdit, non ? »

« Non, non, bien entendu. On ne voudrait pas vous empêcher cela mais… ne faites rien de brusque. L’élu d’Arceus a vraiment besoin de se reposer, vous savez. Nous devons aller voir d’autres malades. »

Quelques secondes plus tard, elle se retrouvait maintenant seule avec Soklar. Et tout de suite, elle avait soulevé son fessier de la chaise pour prendre cette dernière et la rapprocher du lit où il avait été installé. Le fixant de ses yeux roses, elle marmonna :

« À te voir comme ça, c’est difficile à croire que tu es un élu d’Arceus, hein ? Élu par, élu par là. Mon père n’a que ce mot à la bouche. C’est à peine si on existe, ma mère et moi, à ses yeux. Il n’en a que pour toi. »

Aucun ton mauvais, aucun reproche dans sa voix. Non, elle n’était pas là pour lui en vouloir. Pas maintenant alors qu’il était convalescent. Elle valait bien mieux que ça, elle le savait parfaitement. Mais quand même, elle avait besoin de parler.

« Et ne t’en fait pas, j’ai bien compris ce qui se passait hein ? »

Oui, elle n’était pas aveugle. En même temps, elle surveillait discrètement les rencontres entre son père et l’adolescent couché dans le lit. Elle voyait parfaitement ce qu’il accomplissait… et cela sans qu’elle ne le lui demande.

« Je vois bien que tu espères faire que mon père se focalise un peu sur moi et ma mère. Mais de quoi est-ce que tu te mêles ? Tu viens juste d’arriver et voilà comment tu réagis. »

En plus, elle avait très bien vu que son père avait fait de même avec Mysvia. Oui, toujours à se focaliser sur cette fille qui était plus âgée qu’elle de quelques années et qui avait des capacités insoupçonnées. Mais lui ? Il ne semblait vraiment pas très doué, bien loin de Mysvia. Alors pourquoi est-ce que son père cherchait à l’éduquer lui aussi ?

« C’est vrai quoi… Qu’est-ce que tu as de si différent ? »

« Pardonnez-moi ? Y a t-il quelqu’un ? Je viens voir l’élu d’Arceus. » vint dire une voix féminine, l’adolescente aux cheveux roses se redressant aussitôt en la reconnaissant.

« M… Mère ?! Qu’est-ce que vous faites donc ici ? »

« Zaphirosa ? Ma fille ? C’est plutôt à moi de te poser la question, non ? » dit une nouvelle fois la voix avant que la reine ne pénètre dans la chambre, Zaphirosa se plaçant aussitôt entre elle et le lit où dormait Soklar.

« Ne parlez pas trop fort, s’il vous plaît. Il a besoin de repos. Absolument ! On ne peut pas se permettre de le réveiller. »

« Je veux bien que tu m’expliques la situation personnellement. J’ai arrêté les soigneurs avant qu’ils ne préviennent ton père. J’imagine que tu comprends pourquoi j’ai fait cela. »

Elle n’avait pas besoin d’en dire plus. Un long soupir vint quitter les lèvres de la reine aux cheveux verts alors qu’elle passait une main sur sa joue. Le soupir se transforma peu à peu en un petit sourire amusé avant qu’elle ne reprenne :

« Et maintenant, si tu m’expliquais pourquoi tu es ici ? Du moins, encore ici alors qu’il a besoin de repos, ma fille ? »

« Oh eh bien, comme je le disais aux soigneurs, je dois me charger de surveiller sa santé puisque j’ai été celle qui l’a ramené, c’est tout, mère. »

« Bien sûr mais tu n’es pas soigneuse, loin de là, même, non ? Tu ne crois pas qu’il faudrait plus confier une telle tâche à quelqu’un de plus expérimenté ? »

« Pfff… Je le sais mais en même temps, voilà quoi, mère. » commença à marmonner la princesse, une petite mine boudeuse peinte sur le visage.

« Et si tu disais plutôt la vérité, qu’est-ce que tu en penses, ma fille ? »

« Est-ce que je suis obligée de vous dire que c’est parce que je me sens un petit peu fautive ? Mais vraiment très peu, hein. Je n’ai rien à me reprocher ! »

« Tu es certaine de ça ? Sinon, pourquoi le dirais-tu avec tant de véhémence ? »

« Je ne le dis pas avec véhémence, mère ! Veuillez ne pas me prendre pour une idiote, je vous prie ! Simplement, je trouve cela normal que de me préoccuper de la santé de l’élu d’Arceus alors que lui-même s’inquiète à notre sujet. »

« Oh ? Comment cela ? De quoi est-ce que tu parles donc ? » demanda la reine avec une petite pointe d’étonnement. Étonnement partagé par l’adolescente aux couettes roses. Sa mère n’avait-elle donc rien remarqué depuis le début ?

« Mère ? Vous n’êtes pas au courant que l’élu d’Arceus chercher à se distancer de père pour que ce dernier revienne plus souvent vers nous ? »

« Il est vrai que ton père nous adresse plus souvent la parole ces derniers jours mais je ne pensais pas que cela était le fait de de ce jeune homme. »

« Oui mais c’est pourtant le cas. Je vais pas ignorer qu’il fait des efforts alors que de mon côté, je pensais qu’il voulait juste s’attirer les faveurs de père. »

« Est-ce que tu n’aurais pas jugé trop vite une autre personne sans même la connaître, ma fille ? Cela ne te ressemble pas. »

« J’étais juste… jalouse, c’est tout. Mais maintenant, j’ai presque l’impression d’avoir un poids en moins. Je vais tenter de lui parler et de mieux le connaître. J’imagine qu’en plus, père et vous seriez ravis de cela, non ? »

« C’est exact. Nous préférons que tous les membres royaux s’entendent bien avec les élus d’Arceus. Et puis, il a ton âge, non ? Vous devriez aisément trouver des centres d’intérêts communs, j’en suis certaine. Je vais retourner voir ton père. Je vais chercher à l’occuper un maximum pour que tu puisses attendre le réveil de Soklar. Oups. Je voulais dire l’élu. »

Elle eut un petit rire avant de quitter la pièce, laissant seuls sa fille et Soklar qui n’avait pas bougé depuis son installation dans le lit. Sa fille pencha la tête sur le côté avant de dire :

« Maman semble bien te connaître. C’est étrange car je ne te vois jamais discuter avec elle. Est-ce que vous complotez quelque chose en secret, tous les deux ? »

Aucune réponse de la part de Soklar. De toute façon, elle n’attendait pas grand-chose de sa part hein ? Ah… Mais quand même, qu’est-ce que sa mère fabriquait ? Ou alors, est-ce qu’elle faisait comme elle en fin de compte ? Elle surveillait Soklar par rapport à son père ? Hmm… Ah...Ça ira mieux quand il sera réveillé.

Ils pourront parler alors tous les deux. Hmm… Par contre, plus sérieusement, qu’est-ce qu’elle lui dirait ? Car elle en avait strictement aucune idée. Cela ne servirait à rien de raconter des mondanités. À bien y réfléchir, il était vrai qu’elle n’était pas forcément proche des mousquetaires et de leurs apprentis. Dans les faits, ils respectaient la royauté mais ils mettaient aussi de la distance.

« J’imagine que Soklar n’aime pas vraiment ma présence non plus. »

Mais après tout, elle était la seule responsable de la réaction de Soklar à son encontre. Elle n’avait rien fait du tout pou qu’il ne la déteste pas. Hmm… Au final, elle ferait mieux de partir. Elle se releva de sa chaise, jetant un dernier regard à Soklar avant de marmonner quelques mots entre ses lèvres, presque inaudible. Des secondes plus tard, elle n’était plus présente dans la pièce, Soklar se retrouvant seul.