Portrait de ville de Corpus09

Le matin se lève sur Illumis. Les rues sont déjà pleines de monde, car cette ville ne dort jamais. De jour comme de nuit, il y a toujours quelque chose à faire.

Un taxi, quelque peu original, est garé au bord de la rue Septentrionale, à une dizaine de mètres de la gare. Un homme en tablier s'approche du taxi orange. Le chauffeur le regarde fixement. Les yeux bruns de l'homme semblent perdus dans le vide. Il dit :
« Oh, bonjour monsieur. Non, je n'ai pas d'argent sur moi pour monter.
— Racontez, c'est payé, répond le chauffeur en montrant l'inscription sur la portière.
— Ah bon, c'est gratuit ? dit l’homme. Ah oui, je n'avais pas vu que c'était écrit. Je peux monter sans rien payer si je vous raconte ma vie, alors ? Super ! Vous êtes sûr ? Je pensais y aller à pied, mais mes jambes sont fatiguées, après être resté debout toute la journée. »

Le client s'installe sur la banquette arrière.
« Donc moi c'est Baili Chi. Je suis cuisinier à l'Étoilé, vous savez, ce restaurant de la rue Méridionale, où on trouve aussi le laboratoire du professeur Platane et le Studio de Vidéo Dresseur. J'habite à Mozheim, car j'ai hérité d'une maison là-bas. Je déteste cette ville, c'est vraiment désertique. J'ai un peu plus de trente ans, mais je ne le crie pas partout, car du haut de mon mètre soixante, on me croît plus jeune. Après, ça me va bien. Pardon ! J’ai oublié : la porte de la route 13, s'il vous plaît. »

Le taxi ayant à peine démarré passe devant le café Les Timides. Chi commente :
« Voyez ce café, j'y ai rencontré ma fiancée, nommée Rose. Nous sortions à peine de nos études. Comme cadeau de fiançailles, je lui ai offert un Rozbouton. Je trouvais ça mignon. »
Le chauffeur esquisse un sourire, amusé par ce jeu de mots.
« Nous le laissons souvent à la maison, quand nous allons travailler, continue le cuisinier. Il a récemment évolué en Rosélia. Elle pourrait me suivre au bout du monde, si je le lui demandais. Elle n’est pas avec moi car elle travaille à mi-temps à l'arène d'Amaro. On va s'y retrouver tout à l'heure. »
Le conducteur du taxi orange, qui écoute attentivement, acquiesce. Le trajet parcouru, bien que court, leur permet déjà de voir cette tour qui surplombe Illumis.

« Vous connaissez la Tour Prismatique ? On l'aperçoit, d'ici, entre les ruelles. Elle est vraiment magnifique. Tous les soirs, quand je sors de l’Étoilé, vers minuit, je la regarde scintiller de mille feux. C'est elle qui rend la ville aussi belle. Seuls les piètres restaurants et les prix noircissent l'image d’Illumis. Comme mes concurrents déçoivent leurs clients, ces derniers mettent la barre encore plus haute pour nos clients » explique le chef trois étoiles.
Le chauffeur ne dit rien, toujours à l'écoute.

« Regardez, on passe devant au Chic-à-Porter. La seule fois où j'y suis allé, c'était avec mes parents, afin de m'acheter une tenue digne de ce nom pour ma remise de diplôme. Ils m'avaient acheté une doudoune noire, un pantalon à carreaux gris, un sac noir à fermeture éclair et une paire de chaussures bateau noires également. À part le tablier que je porte aujourd'hui, ils ne m'ont plus rien acheté depuis ! » dit Chi tout haut.
Le conducteur lui fait un signe de la tête, connaissant les prix très élevés de cette boutique. Il écoute, encore et toujours.

« Je travaille à Illumis, raconte le cuisinier, même si c'est loin de mon domicile, parce qu'un ami m'a embauché. À la sortie des longues et difficiles études que j'ai faites à l’école de Nevartault, que je devais financer, mon prêt arrivait à terme, et donc j'étais assez embêté pour mon compte en banque. Je savais à peine faire une omelette – même si je suis végétarien – et j'ai débarqué en touriste dans ce restaurant trois étoiles. Peu à peu, j'ai appris le métier en compagnie de mon fidèle Goinfrex. Je peux le faire sortir ? »
Le conducteur hoche la tête, ne refusant pas ce genre de requêtes.
« Cool ! Salut mon grand ! En ce moment, c'est assez calme, au restaurant, dit-il.
— Goinfrex » répond le Pokémon sorti de sa Pokéball.

Le client sort de son sac de voyage deux bouteilles remplies d'une boisson colorée et en donne une à son Goinfrex, qui l'avale goulûment. Chi prend l'autre et imite son Pokémon, avant de tout ranger. Leur chauffeur les regarde d'un air étonné.

« C'est un mélange de baies plein d'énergie, explique le Mozheimien. Je peux pas vous en dire plus, puisque la recette est secrète. On la garde au restaurant. En fait, là-bas, je tourne un peu en rond. Je connais par cœur les recettes, et j'en ai marre de refaire ma spécialité, le Magicarpe aux baies Licchi. J'ai donc décidé de partir. Avec mon fidèle Goinfrex et mon Roucarnage, je peux voyager sans crainte. J'hésite encore entre Alola et Galar, entre les currys et les célèbres Radis-poni. Galar me fait tellement envie, je pourrai créer un restaurant dans les Terres Sauvages. Mais les quatre îles d'Alola de sont tellement magnifiques. »
L'Illumisien pouffe de rire. Comme s'il existait une plus belle ville que la sienne ! Le taxi s'arrête, aux alentours de la Tour Prismatique. De nombreux taxis passent en ville, ce qui créée des embouteillages. Il attrape un gobelet de café et le porte à ses lèvres. Le chauffeur le vide de son contenu.

« Oh, ça a l'air de vous amuser, dit le chef. Après, je veux rendre mes Pokémon heureux et les clients contents avec ma cuisine. La salade de baies Framby et Gowav, mes clients en ont plus que marre. Idem pour mon smoothie Kika-Stekpa, mes habitués ne veulent plus de cette saveur, qu'ils jugent trop sucrée. La fois où j'ai ajouté des baies Tronci, mes clients l'ont jugé beaucoup trop acide. Vraiment, ils ne savent pas ce qu'ils veulent ! Vous voulez un peu de ma boisson ? »

Le conducteur tend, en guise de réponse, son gobelet vide au cuisinier. Ce dernier sort une autre bouteille et remplit le récipient. L’Illumisien le récupère, goûte et sourit, pour dire qu'il a apprécié.

Dans la ville, les jeunes Cabriolaine se réveillent tout juste, dans un grand bâillement. Les jeunes Roller-Skater de la ville mangent ensemble au Stand de Galettes de la ville. Le taxi arrive à destination.

« Je n'ai pas encore décidé si je rentrerai de mon voyage, raconte Chi. Je vous laisse ma boisson. Peut-être à une prochaine fois ?
— Au revoir, répond le chauffeur.

Chi Baili sort en trombe du taxi en ayant laissé la bouteille et traverse la porte qui mène à la route 13, tandis que le chauffeur sort du taxi en buvant la bouteille laissée par son client.


By Scorbunn