III - Le Faisceau
Le laboratoire se résume en une vaste pièce rectangulaire entourée de baies vitrée, sur un seul rez-de-chaussée. J’ai hâte de voir ça un jour où il fait beau, se dit Platane.
- Bienvenue dans mon modeste laboratoire, tu vas voir la visite va être rapide, et cela même vu la lenteur avec laquelle je me déplace, plaisante Magnolia.
- Voici la pièce dans laquelle nous menons nos études sur la région de Galar. Ici à gauche, sous le tas de feuille en désordre, se trouve mon bureau. Plus loin au fond à gauche, il s’agit d’une pièce avec de grands tableaux sur lesquels nous inscrivons nos dernières avancées dans nos recherches. La première porte sur ta droite conduit à notre centre de documentation, nous allons y aller juste après que je t’aie présenté mon assistante et petite fille, Sonya.
Au même moment, une voix s’élève de derrière un des grands tableaux.
- Mamie c’est toi ? crie Sonya en passant une tête sur le côté d’un tableau.
- Je ne suis pas encore sourde, tu sais. Je suis rentrée et je ne suis pas seule, viens donc dire bonjour.
Sonya arrive en sautillant. Platane essaye de trouver un trait de visage commun avec Magnolia mais la jeune fille à la longue chevelure rousse qui s’avance vers lui ne semble pas avoir de points communs avec sa grand-mère. Sonya apparait très énergique, et Platane n’a en revanche aucun mal à imaginer Magnolia avec le même caractère au même âge.
Après quelques politesses d’usages, le trio de chercheurs passe à la bibliothèque du laboratoire. C’est une grande pièce ronde où tout le mobilier est en bois ancien et qui contraste beaucoup avec la modernité de la pièce principale.
- Voici l’intégralité de notre base documentaire sur Galar et les autres régions, tout est consigné ici et je te donne accès à tous les ouvrages. Vu la quantité de documents que nous conservons, nous utilisons un plan pour nous repérer à travers les différents thèmes, il est accroché derrière la porte.
Platane referme la porte et découvre un plan représentant les étagères, colorié à la main. Sous le dessin, chaque couleur correspond à un thème de livres « Contes et légendes, régimes alimentaires, cartographie souterraine, … », il semble y en avoir sur bien des sujets.
- Parfait merci beaucoup, j’ai hâte de commencer.
- Il se fait tard je vous propose de ne commencer que demain, allons chez moi pour dîner et nous reposer. Demain à l’aube nous irons voir ce faisceau.
Après avoir éteint le laboratoire, ils se dirigent vers la maison de Magnolia, voisine au laboratoire.
Celle-ci dénote par rapport aux constructions de briques rouges, elle est tout en bois et ressemble plutôt aux chalets que l’on peut trouver en montagne. L‘intérieur confirme cette impression avec des meubles tout en bois et un grand poêle central. L’habitation est plutôt modeste mais accueillante, un grand rez-de-chaussée avec salle à manger à droite et coin télé à gauche, une petite cuisine est accolée à la salle à manger et au fond, un couloir semble distribuer quelques pièces.
- Désolée de ne pouvoir t’accueillir dans plus grand, s’excuse Magnolia, ta chambre se trouve là.
Magnolia pointe sa canne en l’air, Platane suit la direction de la tête et découvre une mezzanine au-dessus du coin télé.
- C’est parfait, je n’ai de toute façon pas beaucoup d’affaires. Et puis j’espère que nous éluciderons ce mystère au plus vite, dit-il en souriant.
- Nous l’espérons tous, Platane. Tu peux déposer tes affaires, je vais préparer à manger.
Le repas se passe dans le calme, Magnolia ne parle pas beaucoup et laisse Platane et Sonya faire connaissance. Ils partagent tous les deux la même énergie et même si Magnolia adorerait partager cette aventure avec eux, elle sait qu’elle va devoir s’effacer et les laisser gérer les recherches sur le terrain. Elle fait une entière confiance à sa petite fille qu’elle a élevée dans cette culture des études autour des Pokémons.
Une fois le repas terminé, Sonya finit de ranger la cuisine pendant que Magnolia et Platane s’installent dans le salon avec un thé.
- Il n’y a pas de Pokémons en liberté dans votre maison ? demande Platane.
- Il est discret mais mon Palarticho est bien présent depuis que vous êtes entré.
Magnolia pointe avec sa tasse un coin du salon, dans lequel est effectivement assis en tailleur le Palarticho
- Il ne me quitte jamais comme je te l’ai dit. Pour ce qui est des autres Pokémons, Sonya et moi en avons mais ils sont stockés dans une pièce du laboratoire, je vous montrerai demain matin.
Sonya revient de la cuisine et, tout en allumant la télé, s’affale dans le canapé.
- Il y a encore un match ce soir ? demande Magnolia à Sonya.
- Et oui mamie, Tarak défend son titre ce soir et il remet son invincibilité en jeu !
Devant l’air interrogateur de Platane, Sonya se lance et explique.
- A Galar, il existe une ligue Pokémon, comme vous à Kalos. Et notre champion actuel est Tarak. Il n’a jamais perdu de combat depuis qu’il a entrepris de devenir maître. Nous étions ensemble à l’école et il a toujours voulu être maître, comme de nombreux enfants de notre âge. Mais lui à réussi à s’entourer de Pokémons avec lesquels il a créé une vrai synergie, c’est fascinant !
On peut sentir dans les yeux de Sonya l’admiration pour son ancien camarade. Magnolia se lève.
- Et bien moi je vous laisse, ne tardez pas trop, demain sera une longue journée.
Platane reste regarder le combat avec Sonya. Sans surprise, Tarak conserve son titre ce soir-là. Ce qui est étrange en revanche, ce sont toutes ces références au sport. Le combat dans un stade, les tenues de sport pour combattre, les numéros, tout ceci contribue au folklore et Platane aime voir cet engouement populaire.
Une fois le combat terminé, Platane grimpe la petite échelle en bois et rejoint l’espace qui va lui servir de chambres pour les prochaines nuits. Sous les combles, il lui est difficile de tenir debout mais il s’allonge et s’endort aussitôt.
Après une bonne nuit et un petit déjeuné salé très copieux, les trois compères se retrouvent de bonne heure dans le laboratoire.
- Bien avant toute chose, Platane, je te présente ton Motismart.
Magnolia prend un Motisma en forme de smartphone sur la table et le donne à Platane.
- Grâce aux avancées technologiques dont nous disposons nous avons réussi à miniaturiser toutes les fonctions d’un Motismadex dans ce téléphone. Il te servira de guide dans Galar, nous avons essayé d’y enregistrer le maximum d’informations comme le Pokédex, les cartes, les villes, et tout ce que tu seras amené à croiser dans notre région.
Platane prend le Motismart et le range dans sa poche.
- Bien maintenant que tu as l’équipement, avant de partir, il te faut un Pokémon pour aller voir ce Léviator. Est-ce que tu veux que je t’en donne un où tu préfères essayer d’en capturer un par toi-même ?
La fierté de Platane l’oblige à choisir la seconde proposition. Et puis cela fait des années qu’il ne s’est pas essayé à la capture de Pokémons Sauvages, c’est l’occasion de revivre ses premières sensations de dresseurs.
- Pour pouvoir affaiblir les Pokémons que tu vas trouver, je te laisse mon Voltoutou et une Pokéball.
Une seule Pokéball, mince, cela ne laisse pas vraiment le droit à l’erreur se dit Platane. Est-ce que Magnolia le pense assez bon pour réussir du premier coup ?
Après quelques explications sur le Voltoutou et ses capacités, voilà Platane partit se balader dans les hautes herbes. Il ne met pas longtemps à comprendre pourquoi Magnolia lui a donné ce Voltoutou et une seule Pokéball ; son talent lui permet de récupérer les Pokéballs lancée qui ratent les Pokémons sauvages. Il ne pensait pas que ce talent serait aussi utile. Tous les Pokémons que Platane essaye de capturer finissent par lui échapper. Après plusieurs heures passées à courir derrière les Pokémons sauvages, le Voltoutou et Platane sont épuisés et décident de rentrer au Laboratoire.
- Alors, Platane, sur quel Pokémon s’est porté ton choix ? lui lance Magnolia en levant les yeux de ses documents.
- Eh bien je crois que j’ai dû laisser mes compétences de capture de Pokémons à Kalos, essaye d’ironiser Platane.
En voyant l’état du Voltoutou, et la Pokéball qu’elle a donné à Platane toujours à sa ceinture, elle ne met pas longtemps à comprendre.
- Pas de soucis, Platane, ce n’est pas urgent. En attendant je vais te prêter mon Palarticho, il t’accompagnera pour le Léviator. Tiens prends le et va voir ce faisceau, Sonya t’attends déjà là-bas.
Platane la remercie et sort du laboratoire. En Chemin pour la zone de travaux, Platane regarde la Pokéball contenant le Palarticho et se dit qu’il ne peut pas rester sur un échec comme celui-ci. Au-delà de son propre égo, il ne peut pas repartir d’une nouvelle région sans avoir pu étudier de nouveaux Pokémons, encore moins sans en avoir capturé un. Pour l’instant le problème est ailleurs, il doit s’occuper de ce Léviator. Plus il se rapproche du faisceau, plus le stress monte en lui. Magnolia a beau l’avoir renseigné un maximum et leur avoir décrit dans les moindres détails son expérience, il appréhende cette rencontre.
Arrivé devant la zone de travaux, il passe sous la bâche et se retrouve face au faisceau.
Sonya attend Platane assise contre une barrière juste à côté du faisceau.
- Ah bah enfin te voilà ! Avec quel Pokémon vas-tu entrer ? lui demande Sonya.
- Et bien je crois que ta grand-mère a eu pitié de moi et elle m’a prêté son Palarticho.
Sonya le fixe avec de grands yeux.
- Quoi tu ne me crois pas ?
- Si je te crois, c’est que je n’ai jamais vu ma mamie se séparer de son Palarticho, encore moins pour le prêter. Elle doit t’accorder une grande confiance.
Cette déclaration finit de faire monter le stress de Platane au maximum. En plus de devoir gérer ce combat avec le Léviator, il va devoir le faire avec le compagnon de Magnolia. Platane doit avoir du mal à cacher ce stress car Sonya lui lance.
- Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer.
Platane essaye de lui rendre un sourire puis se tourne vers le faisceau. Sans surprise, il est exactement comme l’a décrit Magnolia lors de la réunion annuelle. Platane le regarde, regarde la Pokéball du Palarticho, puis tend sa main à travers le faisceau.
La sensation d’être arraché du sol est plus violente qu’il ne l’avait imaginé lors de la description de Magnolia. En revanche, impossible de confirmer le flou qui devrait l’entourer, le stress lui a fait fermer les yeux. Lorsqu’il les ouvre, il est debout dans ce désert de cailloux. Il se retourne lentement et se retrouve face à ce Léviator. Magnolia n’avait pas menti, il est au moins trois fois plus grand qu’un Léviator normal et en l’observant plus attentivement, Platane est sûr que ce n’est pas une méga-évolution. Devant l’air menaçant de ce Léviator, Platane envoie le Palarticho de Magnolia au combat. Le combat se déroule exactement comme celui que Magnolia lui a raconté.
Le Léviator envoie le Palarticho K.O. en un coup. Platane se retrouve tiré vers le bas et lorsqu’il ouvre les yeux il est de retour à sa place devant le faisceau rouge.
- Alors c’était comment ? s’empresse Sonya.
- Et bien tout est exactement comme nous l’a décrit ta grand-mère et je n’ai rien pu faire d’autre que de me faire battre et renvoyé ici.
Une pointe de déception peut se lire sur le visage de Sonya. Ils décident de rentrer voir Magnolia.
- Désolé Magnolia, dit timidement Platane en rendant le Palarticho à cette dernière.
- J’en déduis que tu n’as pas eu plus de chances que moi, Platane. Ne t’en fait pas pour mon Pokémon nous allons le soigner et il sera très vite sur pied.
Quelques minutes plus tard, les trois compères se retrouvent sur les canapés du Laboratoire, un thé à la main. Après avoir raconté son échec, Platane laisse un silence puis essaye de trouver une explication.
- Bon visiblement, avec les Pokémons normaux, nous n’arrivons pas à battre ce Léviator. Il va nous falloir trouver un autre angle d’attaque. Quels autres Pokémons avez-vous ici ?
- J’ai un Torgamord et un Ponyta de Galar avec moi, commence Sonya.
- Ponyta de Galar ? En quoi est-il différent de celui de Kanto ?
- Il est de type Psy et est beaucoup plus joli.
- Bien nous verrons cela sur le terrain. Et toi Magnolia ?
- Cela fait des années que je parcours Galar, j’ai donc un grand nombre de Pokémons disponible dans le PC de stockage que tu vois derrière toi. Mais je préfère te prévenir, Palarticho est un des plus puissants disponible.
- Oui car il est sous sa forme normale, mais que diriez-vous d’augmenter la puissance d’un autre de vos Pokémons.
Sonya et Magnolia regardent Platane avec un air interrogateur, le thé toujours à la main.
- Nous allons faire méga-évoluer un Pokémon ! s’écrie Platane en se levant du canapé.
Il espère donner un côté théâtral à son annonce car il joue déjà sa meilleure carte. Il a cogité sur la question et la seule idée qu’il a eu, c’est de méga-évoluer un Pokémon pour augmenter sa puissance et essayer de pouvoir faire face à ce Léviator. Il continue.
- Je travaille sur le sujet depuis plusieurs années et j’ai accumulé de nombreuses méga-gemmes. Je les ai apportées avec mon méga-bracelet pour essayer ici à Galar.
Les deux femmes ne semblent pas étonnées d’entendre parler de méga-évolution, Platane en déduit qu’elles ont déjà dû en entendre parler.
- J’apprécie ton enthousiasme et ton idée, commence Magnolia, mais nous avons lu tes études sur le sujet et tu as dis qu’il ne serait probablement pas possible de méga-évoluer un Pokémon en dehors de la région de Kalos.
- Exact, j’ai dit que ce serait dangereux, au même titre qu’exporter des cristaux Z dans d’autres régions détruirait probablement l’équilibre d’une région.
Platane laisse un silence.
- Mais vu l’extrême urgence de la situation, est ce qu’il n’est pas de notre devoir d’essayer ?
Magnolia prend une grande inspiration, pose sa tasse et répond.
- Etant donné que ce Léviator est une potentielle menace pour la région, je pense qu’il serait raisonnable de tout essayer pour le battre. J’ai un Ectoplasma dans le PC, il me semble avoir lu qu’il possède une excellente méga-évolution, bien que je ne la trouve pas très jolie.
- C’est parfait ! dit Platane en agitant les bras. Je possède sa gemme, allons essayer tout de suite.
- Platane juste une chose, je ne veux pas que les gens ici soient au courant des méga-évolutions, est ce que tu peux me promettre que si cela fonctionne, tu limiteras ton utilisation de méga-évolution à Galar à ce combat de Léviator ?
- Pas de souci, c’est vous le professeur ici, lui dit Platane avec un grand sourire.
Les voilà donc tous les trois partis pour la zone de travaux. Une fois sur place, Magnolia donne l’Ectoplasma à Platane, qui s’équipe du méga-bracelet. Il ne tient pas en place et a hâte d’essayer son idée. Il passe sa main sans hésiter dans le faisceau, et disparait. Magnolia et Sonya se regardent en silence, attendant le retour de Platane. Ce dernier réapparaît à peine une minute après son départ. Et la déception se lit dans ses yeux. A tel point qu’aucune des deux n’ose lui demander comment cela s’est passé.
Platane les regardent une à une, tend la Pokéball du Ectoplasma à Magnolia et dit.
- La méga-évolution n’a même pas fonctionné, Ectoplasma est resté dans sa forme normale, et le Léviator l’a battu en un coup, comme le Palarticho.
Platane baisse la tête, sa meilleure option vient d’être balayée sans même avoir fonctionnée. Pour la première fois, il se sent un peu abattu, cet échec est trop soudain et trop violent. Magnolia voit la mine déconfite de Platane et de Sonya et décide de mettre fin aux études terrain pour aujourd’hui.
- Ecoutez les enfants, cette journée a été éprouvante pour tout le monde, je pense que nous pouvons rentrer et nous reposer. Nous réfléchirons à une nouvelle option demain, à tête reposée. Je vais appeler un taxi-Corvaillus.
- Est-ce que le centre Pokémon est loin d’ici ? demande Platane, en essayant de ne pas croiser le regard de Magnolia.
- Il est à l’entrée de Yesthingham, pourquoi ? s’interroge Sonya.
- Et bien je vais aller soigner ce pauvre Ectoplasma, je lui dois bien ça. Et puis il fait encore jour, je vais marcher un peu jusque là-bas. Qui sait je vais peut-être trouver une idée en chemin.
- Pas de soucis, mais tu vas devoir traverser une partie des terres sauvages, je vais donc te laisser mon Palarticho au cas où tu rencontres un Pokémon ou un dresseur un peu agressif. Si tu restes sur le chemin, il ne devrait pas y avoir de problèmes, mais je préfère ne pas prendre de risques.
Platane prends la Pokéball que lui tend Magnolia et la remercie d’un signe de tête.
- Si jamais tu penses être perdu, n’oublie pas que tu as ton Motismart. Essaye d’être rentré pour le dîner, je prépare pour trois.
Platane les regarde s’éloigner en Taxi-Corvaillus puis se retourne et part d’un pas décidé vers le centre Pokémon.
Il repense à son échec, cela lui occupe vraiment l’esprit. Il regarde aux alentours en avançant. Le ciel est gris mais assez clair et haut, il y a une bonne luminosité.
- Ces gens ne voient jamais le soleil ? se questionne Platane à voix haute.
Il regarde sur son Motismart les prévisions pour les prochains jours puis observe autour de lui, ce temps donne un certain charme à cette campagne. Les Terres sauvages ressemblent un peu aux grandes plaines de Kalos et cela rassure Platane. Il essaye de plisser les yeux en direction des cris de Pokémons à chaque fois qu’il en entend, à l’affût de l’apparition d’un Pokémon qu’il ne connait pas. Il garde le Motismart à la main pour pouvoir répondre à toutes ses questions sur les habitudes des Pokémons de cette région. Les explications du Motismart, très bien documenté par Magnolia, permettent à Platane de se vider un peu la tête et Yesthingham arrive rapidement en ligne de vue.
La ville est assez esthétique malgré tous ces bâtiments en briques rouges sur fond de ciel gris. Platane se dirige droit vers le centre Pokémon et donne l’Ectoplasma de Magnolia pour qu’on lui apporte des soins. Il s’assoit dans les canapés pour attendre son Pokémon. Après quelques secondes à fixer le plafond, il se dit qu’il pourrait profiter de ce temps d’attente pour appeler Euphorbe et lui raconter ce qui lui est arrivé. Platane a besoin d’un avis extérieur et Euphorbe lui a demandé de donner des nouvelles, c’est donc l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Il s’assied sur le petit tabouret devant les écrans de communication, compose le numéro de l’école d’Alola puis attend pendant la numérotation. Au bout de quelques sonneries, le visage d’Euphorbe s’affiche sur l’écran de Platane. Après les politesses d’usages, Platane décrit toute son aventure dans les moindres détails. Il se retourne de temps en temps pour être sûr que personne n’est en train d’écouter sa conversation, ce n’est pas le moment d’avoir des curieux dans la zone de travaux. Une fois le monologue de Platane terminé, Euphorbe marque un temps, sourit, puis répond.
- Tu ne t’attendais tout-de-même pas à réussir du premier coup Platane ? Ça aurait été trop facile. Oui tu as subi un premier revers mais enfin tu en as vécu d’autres non ? Et puis voit le bon côté des choses, lorsque tu vas réussir et que tu raconteras ton histoire, cela donnera de l’épaisseur au récit, aucun héros ne réussit de suite la tâche qui lui est confiée.
- Ton optimisme fait du bien à entendre Euphorbe, mais vois-tu, je ne m’attendais pas à ce revers.
- S’il vous plait rendez-moi le vrai Platane, l’aventurier optimiste que j’ai rencontré à Kalos il y a plusieurs années.
Platane sourit.
- Tu as raison, je vais chercher et trouver comment en finir. Et puis honnêtement je ne peux pas me plaindre, Magnolia a mis tout son laboratoire et toute sa maison à ma disposition. Il faudra que tu rencontres l’assistante de Magnolia, sa petite-fille, elle déborde d’énergie et a la même passion que sa grand-mère pour les Pokémons. C’est très agréable de travailler avec elle.
Platane et Euphorbe continuent d’échanger quelques banalités lorsque l’infirmière Joëlle revient avec l’Ectoplasma en pleine forme. Les deux amis se quittent et Platane reprend la route vers le chalet de Magnolia.
Cet appel lui a redonné le sourire, il s’entend décidément très bien avec Euphorbe, dommage qu’ils ne soient pas de la même région. Le ciel s’est assombri et la nuit est en train de tomber, un petit vent commence à souffler dans la plaine. Je ferai mieux de ne pas trop trainer si je ne veux pas tomber malade se dit Platane, et puis j’ai faim. Le froid et la faim poussent Platane à accélérer le pas. La campagne est beaucoup plus calme à présent, le seul bruit audible est celui du vent dans les feuillages.
Le professeur est plongé dans ses pensées quand tout à coup il entend un bruit étrange tout proche de lui. Il s’arrête par réflexe et fixe le buisson duquel le bruit est sorti. Le bruit se répète, il ne ressemble pas à celui que ferai un Pokémon mais plutôt à un claquement métallique. Platane hésite à continuer son chemin, mais la curiosité le pousse à enjamber les buissons et sortir du sentier. Avec le Motismart en mode flash, il avance en direction du bruit. Il essaye de se faire le plus discret possible. Il écarte un dernier buisson de la main et se fige net. Il s’agit bien d’un Pokémon, recroquevillé sur lui-même un petit peu plus loin. Celui-là, Platane est sûr de ne l’avoir jamais vu, il plisse les yeux, est-ce réellement un Pokémon en forme de boulon qu’il voit là ?
Il passe discrètement son Motismart en mode Pokedex pour avoir plus d’informations. Ce dernier reconnait le Pokémon et écrit sur son écran :
« Meltan, le Pokémon Ecrou. Meltan possède un corps en métal fondue. Il se sert du métal qu’il absorbe pour créer de l’électricité. Cette particularité en fait un Pokémon très apprécié des usines de métaux. Lorsqu’il n’aide pas l’Homme dans les usines, il aime se retrouver en très grands groupes dans les grottes montagneuses. »
Platane finit de lire et lève les yeux, il sursaute. Pendant qu’il lisait, le Meltan s’est rapproché et est maintenant tout proche de lui. Son œil au milieu de l’écrou fixe le gazon, il a l’air triste.
- Qu’est ce que tu fais ici, tu es loin de toute les usines et encore plus des montagnes, demande Platane, comme si le Meltan allait pouvoir lui répondre.
Le Meltan fixe maintenant Platane. Impossible de savoir ce que Meltan veut mais il semble fatigué. Platane veut l’aider mais il n’a pas de baies ou de trousse de soin. Il faudrait l’amener au laboratoire, il est trop loin du centre Pokémon. Il décide de sortir Palarticho de sa Pokéball pour montrer au Meltan qu’il peut lui faire confiance et le suivre jusqu’à chez Magnolia. Mais Platane se trompe et sort Ectoplasma de sa Pokéball. En le voyant, le Meltan pousse un cri et s’enfuit dans les buissons, aussi vite que son petit corps lui permet.
- Ce n’est pas possible d’être aussi tête en l’air. Revient Ectoplasma. Dommage, je l’aimais bien ce petit Meltan et j’aurai bien aimé savoir ce qu’il faisait là.
Platane se retourne et reviens sur le petit sentier. Il serait bien resté chercher ce Meltan mais il commence à faire nuit et un peu froid, il force donc le pas, tête baissée, jusqu’à chez Magnolia. Il pousse la porte en bois et referme vite derrière lui, pour ne pas laisser le vent frais entrer dans la maison. Sonya et Magnolia l’attendent dans le salon, prêtes à passer à table.
Pendant le repas, Platane leur raconte son appel à Euphorbe puis sa rencontre avec ce Meltan.
- Tu en as de la chance d’en avoir vu un, ils sont en général assez craintifs et on n’en a jamais vu par ici, lui dit Sonya.
Une fois le repas terminé, tous se préparent à aller récupérer de cette longue journée lorsque Platane entend le même bruit que dans le buisson tout à l’heure. Il en est persuadé, c’est le Meltan qui l’a suivi et qui n’est pas loin. Il ouvre la porte d’entrée en grand et baisse les yeux. Le Meltan est là, sur le palier, le regard toujours aussi vide.
Magnolia ! Sonya ! venez voir ! crie Platane.
Elles poussent un cri de surprise en voyant le Meltan sur le palier.
- Il a l’air épuisé. Platane, ne reste pas planté là ! fait le rentrer et ferme cette porte. Sonya sort nous quelques baies, je vais préparer de quoi le faire dormir près de la cheminée.
Sous les ordres de Magnolia, tout le monde s’active pour que le Meltan puisse se mettre à l’aise et récupérer durant la nuit. Une fois tout préparé, Platane monte se glisser dans son lit sur la mezzanine. D’en haut, il peut voir le Meltan blotti contre la cheminée. Il se demande ce qui a pu le pousser à venir jusqu’ici.
Platane est réveillé par l’odeur du thé qui coule dans la cuisine. Il se tourne lentement, se frotte les yeux et regarde immédiatement vers la cheminée, le Meltan n’est plus là. Il bondit hors du lit et se penche sur la rambarde. Meltan est dans le salon, en train de jouer avec le Ponyta de Sonya.
- Ah te voilà enfin levé Platane.
Il lève les yeux et voit Magnolia dans la cuisine qui lui fait signe.
- On peut dire que tu as fait une longue nuit, regarde, le soleil est déjà haut dans le ciel.
Le soleil ? Il ne l’avait pas vu depuis son départ de Kalos. Il tire le rideau et se retrouve ébloui. Il est obligé de tourner la tête.
- Pourquoi m’avez-vous laissé dormir si longtemps ? demande Platane, Motismart n’est pas censé faire réveil ?
- Si mais je l’ai désactivé, tu en avais besoin. Regarde ton Meltan, il en avait besoin aussi et il est maintenant en pleine forme.
Effectivement, le Meltan a l’œil grand ouvert et pousse des petits cris en essayant de poursuivre l’élégant Ponyta dans le salon. Platane s’habille en vitesse et descend. Lorsqu’il le voit, le Meltan s’arrête de jouer et court attraper un pied de Platane.
Platane commence à jouer avec le Meltan lorsque Magnolia intervient.
- Allez, terminée la récréation, Sonya nous attend au laboratoire avec une nouvelle idée, il faut aller la rejoindre.
Tout le monde se dirige vers le laboratoire. Le Meltan semble en pleine forme et très content d’être avec le Ponyta.
Sonya est déjà en train d’écrire ses notes sur le grand tableau lorsque les professeurs entrent.
- Vous tombez bien, j’ai une idée ! lance-t-elle sans quitter des yeux son tableau.
Les deux professeurs s’installent dans les canapés face au tableau, Meltan se hisse sur les genoux de Platane.
- Je vois qu’il t’a déjà adopté, dit Sonya en fixant le Meltan. Bien, j’ai réfléchi et le problème actuellement est que nous ne faisons aucun dégât à ce Léviator.
Pourquoi donc ne pas essayer de l’avoir sur ses faiblesses ? Vous avez tous les deux confirmé que ce Léviator est dans sa forme normale, il doit donc avoir le type eau/vol, comme ceux que nous croisons au large des côtes. Il a donc une double faiblesse aux attaques électriques. Il nous faut donc un puissant Pokémon électrique.
Sonya se tourne ver Magnolia qui comprend qu’elle lui demande si on peut emprunter un de ses Pokémons.
- J’ai bien le Voltoutou que j’ai prêter à Platane, mais j’ai peur qu’il soit un peu faible encore. J’ai un Iguolta qui devrait pouvoir faire l’affaire, il frappe vite et fort avec le type électrique.
- Bien allons-y alors ! Platane ?
Platane lève la tête et se rend compte qu’il a passé toute l’explication à jouer avec le Meltan.
- Désolé ce Meltan m’intrigue, vous disiez ?
- Pas le temps, nous partons, je t’expliquerai en chemin.
Sonya brieffe donc Platane en chemin et les voilà maintenant devant le faisceau, avec le Iguolta dans sa Pokéball.
Comme à son habitude, Platane plonge sa main dans le faisceau et il disparait. Il revient quelques minutes plus tard avec un léger sourire. Il regarde Sonya et lui dit :
- Cela fonctionne !
- C’est bon le Léviator est K.O. ? s’esclaffe Sonya
- Euh, non, il est toujours bien vivant mais le fatal foudre d’Iguolta l’a touché et il m’a semblé l’avoir affaibli.
- Parfait il ne te reste plus qu’a y retourner et à recommencer jusqu’à le mettre K.O.
- Le problème c’est qu’il met toujours nos Pokémons K.O. en une attaque, Iguolta ne peut plus se battre.
- Ce n’est pas grave, toi tu restes ici et moi je fais les allers retours au centre Pokémon en Taxi-Corvaillus pour le Iguolta.
- Si tu es prête à participer alors c’est parti, je vais faire en sorte que Motismart enregistre les combats afin que nous puissions les regarder ce soir et voir si nous décelons des signes de fatigue de sa part.
Le reste de la journée passe ainsi selon le même schéma. Platane enchaine les combats, et Sonya enchaine les allers-retours au centre Pokémon. Pendant que Sonya s’absente, Platane en profite pour se poser et regarder Meltan et Ponyta jouer ensemble. Il y a quelque chose de très original à les voir ensemble, lui l’écrou qui semble destiné aux tâches industrielles et elle le cheval tout droit sorti d’un conte pour petite fille. Il commence à vraiment apprécier ce Meltan et il aime le voir s’amuser. Il ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il fait ici, si loin des montagnes et de l’industrie des métaux.
Platane revient du huitième combat de la journée et passe machinalement la Pokéball avec l’Iguolta à Sonya. Elle le regarde, puis lève les yeux et regarde le ciel.
- Platane le jour commence à tomber, je pense que c’est assez pour aujourd’hui. Je vais faire un dernier tour au centre Pokémon et te rejoindre directement au laboratoire. Tu n’as qu’a partir avec tous les Pokémons à pied, cela leur fera du bien de prendre un peu les derniers rayons de soleil.
- Tu as raison et puis cet Iguolta mérite bien un peu de repos après tous ces combats. Je préviens Magnolia de préparer le Motisprojecteur pour diffuser ce que nous avons enregistré.
Platane prend congé de Sonya et part avec le Voltoutou de Magnolia, le Meltan encore sauvage et les deux Pokémons de Sonya, Ponyta et Torgamord. Ponyta court devant, Voltoutou essaye de la rattraper avec Meltan sur son dos. Seul Torgamord reste marcher tranquillement à côté de Platane. Plus il côtoie ce Torgamord plus il est étonné par le calme et la puissance qu’il dégage. Sa nature contraste tellement avec celle du Ponyta qu’on pourrait se demander s’ils appartiennent à la même dresseuse. Il faudrait que je le voie combattre un jour, se dit Platane.
Le petit groupe arrive au Laboratoire peu avant que la nuit ne tombe. Sonya arrive dans la foulée. Pendant que tous les Pokémons mangent des baies devant le bureau de Magnolia, les trois compères s’installent dans les canapés, face au mur où le Motisprojecteur est prêt à diffuser. Magnolia a préparé des sandwichs et déposé quelques fruits pour s’assurer de ne pas avoir à interrompre le visionnage.
Alors qu’ils sont en train de s’installer, Platane entend des cris de loups dehors et se retourne vers Magnolia.
- Vous avez entendu comme moi ?
- Les hurlements ?
- Oui mais impossible de vous dire d’où cela venait.
- Nous devons être un soir de pleine lune, c’est normal, dit calmement Magnolia.
Devant le regard interrogateur de Platane, elle explique.
- Les contes de notre région racontent que l’équilibre de ce monde est assuré par deux loups qui nous défendent contre les menaces extérieures. On peut les entendre hurler les soirs de pleine lune, mais nul ne les a jamais vu. Le reste appartient aux divers contes et chacun a son explication sur ces loups et leur présence ici. Je vous laisse aller vous faire votre propre idée dans la bibliothèque, nous avons de nombreux écrits sur ces deux loups légendaires. Mais je préfère vous prévenir, la véracité des textes reste à confirmer, la seule preuve que nous avons sont ces hurlements qui n’appartiennent à aucun Pokémon répertorié.
Platane est resté immobile pendant le récit, il adore les contes anciens. Une fois le récit finit, il se dit qu’il ne manquera pas d’aller se documenter sur ces loups lorsque cette histoire de Léviator sera résolue.
Le Motisprojecteur commence la diffusion des vidéos tournées par le Motismart lors des combats de la journée. La projection se déroule en silence, tout le monde garde ses remarques pour la fin. Lorsque le Motisprojecteur s’éteint, les professeurs échangent un regard qui leurs confirme qu’ils ont le même avis.
- Arrêtez-moi si je me trompe, mais il semble que ce Léviator tient la même forme à chaque début de combat. On dirait qu’il est soigné entre chaque combat, s’aventure Sonya.
- Je pense que Platane et moi partageons ton avis, il parait évident que les fatal-foudre successifs auraient dû finir par impacter son statut, or il n’en est rien.
- Comment ce Pokémon peut se soigner tout seul entre chaque combat et surtout comment le battre, il met tous nos Pokémons K.O. en un coup, ajoute Platane.
- S’il a des super-pouvoirs, c’est donc un super-Léviator, plaisante Sonya.
- Vu sa taille, je pense que nous pouvons l’appeler Giga-Léviator, rajoute Platane.
Les trois rient bruyamment et décident de l’appeler ainsi. Cela suffit pour aujourd’hui, ils décideront demain d’un autre plan. Le reste de la soirée est occupée par la finale régionale de Pokéfoot, sport régionale de Galar. Après un court briefing sur les règles, les Pokémons rejoignent les professeurs sur les canapés et tout le monde regarde le match.
Le lendemain matin, les professeurs doivent faire face à leur manque d’idées nouvelles pour pouvoir défier ce Méga-Léviator. Pour ne pas perdre leur temps, ils décident d’essayer avec le maximum de Pokémons de Magnolia possible. Peut-être un des Pokémons a-t-il une attaque qui peut débloquer cette situation.
Les jours suivants s’enchainent et se ressemblent. Platane et Sonya partent le matin avec un petit sac de Pokéballs que Magnolia leur a préparé la veille, ils vont au faisceau et essayent les Pokémons un par un. Puis, à la fin de la journée, Platane part au centre Pokémons soigner tous les bléssés. Et cela recommence le lendemain. La seule distraction de Platane est de voir son Meltan jouer avec tous les compagnons de Sonya. A force d’essais non concluants, Platane en vient à les envier. Ils ont pour seules occupations de manger et s’amuser.
Pendant toutes ces journées, Sonya écrit patiemment les observations du Professeur Platane, qui se ressemblent un peu tous. Elle disparait de temps en temps pour aménager cette zone de travaux. Quitte à y passer les journées, pourquoi ne pas y amener un peu de confort ? Les personnes qui passent devant doivent se demander pourquoi une jeune fille rousse amène un canapé dans une zone de travaux archéologiques.
L’intérieur de cette zone se transforme petit à petit en petit salon avec ses canapés, chaises et tables. Sonya a même amené une petite cuisinière portable pour arrêter de manger les sandwichs froids de Magnolia.
Cette journée a commencé comme toutes les autres, Platane part faire un combat et revient, avec un Mackogneur en moins. Lorsqu’il revient à Galar, il voit Sonya qui passe devant lui avec une grande lampe dans les mains.
- J’en ai marre de ne rien voir à de notes les jours de temps gris, j’amène un peu de luminosité.
Platane sourit, il se demande comment elle peut conserver sa bonne humeur intacte malgré tous ces échecs. Au moment où elle passe juste devant lui, Ponyta arrive avec Meltan sur son dos en courant dans la zone et bouscule Sonya. Ne pouvant se rattraper, cette dernière tombe sur Platane qui perd lui aussi l’équilibre. Les deux tombent sur le faisceau.
Lorsqu’ils se relèvent, ils ne mettent pas longtemps à se rendre compte de ce qui vient de se passer et se retournent. Ils sont tous les deux face au Giga-Léviator. Platane n’a plus de Pokémons, Sonya a son Torgamord à la ceinture. Elle l’envoie au combat et ce dernier subit le même sort que tous les autres. Une fois le combat terminé, Platane et Sonya se retrouvent à Galar et, sans même se parler, se jettent sur le sac de Pokéballs. Ils en prennent une chacun, se mettent face au faisceau, et passent tous les deux leurs mains dans le faisceau.
Comme ils l’avaient espéré, ils sont tous les deux face à ce Léviator et peuvent le combattre en même temps. C’est une avancée considérable car cela remet toutes leurs précédentes théories en question. Le combat se solde tout de même par une défaite, mais cette découverte fait revenir l’excitation dans le petit groupe. La motivation de Platane, plutôt faible ces derniers jours, est remontée en flèche.
Le soir, une réunion exceptionnelle se tient dans le Laboratoire pour que Platane et Sonya partagent leur expérience avec Magnolia et qu’ils cherchent tous ensemble de nouveaux moyens de battre ce Méga-Léviator. Réunis autour du traditionnel thé de Galar, tout le monde partage ses idées. Association de Pokémons puissants, complémentaires, ou pouvant se protéger mutuellement, Sonya écrit toutes les idées sur le tableau afin de ne rien oublier. Une fois la liste établie, le plan du lendemain est décidé. Ils vont essayer d’y aller tous les trois pour voir combien de personnes peuvent entrer dans ce combat en même temps.
Après une courte nuit, ils sont donc tous les trois aux premières lueurs de l’aube devant le chantier. Un dernier thé pour se réchauffer et ils passent leur main dans le faisceau. Comme espéré, ils se retrouvent tous les trois en combats. Ils se regardent, assez fiers de leur découverte, puis essayent de mettre en place leur stratégie. Magnolia doit essayer de lancer une attaque Abri, pour voir si l’attaque du Méga-Léviator la touche quand même, Sonya doit poser une protection d’équipe et Platane essayer d’attaquer le Léviator. La stratégie n’a qu’en partie fonctionnée, la protection de Sonya n’a pas empêché le Léviator de mettre K.O. les Pokémons de Sonya et Platane. En revanche, avec Abri, le Pokémon de Magnolia n’a subi que la moitié des dégâts et a pu tenir un tour de plus. Fort de ces enseignements, les trois compères y retournent avec d’autres Pokémons afin d’essayer d’autres stratégies.
Les jours passent, les professeurs multiplient les essais, et les allers-retours au centre Pokémons. A force d’y passer leurs journées, la zone de travaux ressemble maintenant à un mini laboratoire avec des bureaux, un tableau, etc…
Ces journées de combats ont fini par épuiser Magnolia. Toute sa bonne volonté ne peut faire oublier son âge. Sonya et Platane se retrouvent donc comme avant leur découverte du combat à plusieurs, avec les mêmes journées qui se répètent. Un soir où Platane amène le sac de Pokémons blessés au centre Pokémon, il profite du temps d’attente pour essayer d’appeler à nouveau Euphorbe. Ce dernier décroche, Platane lui explique donc tout ce qui s’est passé depuis leur dernier appel.
- Et bien tu as avancé depuis notre dernier appel, lui dit Euphorbe.
- Oui enfin cela me donne quand même le sentiment d’avancer à allure réduite. Chaque fois que nous trouvons quelque chose à essayer, ce n’est pas suffisant.
- On dirait qu’il vous manque quelque chose effectivement.
- J’ai surtout l’impression que nous allons manquer de temps bientôt. Je me méfie de plus en plus de ce phénomène. De manière totalement honnête, nous ne comprenons pas ce qui se passe ici. Nous ne savons ni pourquoi ce Léviator est là, ni comment le faire partir.
- Tu sais comme moi que dans le monde dans lequel nous sommes, rien n’arrive sans raison. Regarde les Ultra-chimères, nous avons mis longtemps à comprendre pourquoi elles étaient là.
- Oui je sais bien que tu as raison, mais à force de faire la même chose tous les jours, je commence à me lasser. J’ai de plus en plus envie d’aller découvrir la région de Galar, cette petite zone de travaux ne me suffit pas.
- Oui mais tu auras tout le temps de faire ça plus tard. Il te faut d’abord t’occuper de ce Léviator. D’ailleurs tu as déjà commencé à explorer la région de Galar vu le nouvel ami que tu as.
- C’est vrai que ce Meltan m’intrigue beaucoup. Une fois tout ceci terminé j’aimerai bien qu’il m’accompagne dans ma découverte de Galar.
- Il faudra lui demander, mais n’oublie pas pour l’instant tu dois réussir à faire disparaître la menace que représente ce Léviator.
L’infirmière Joelle appelle le Professeur Platane.
- Notre temps est écoulé, dit Platane en rigolant, je te recontacte plus tard, salut Euphorbe.
Platane récupère son sac de Pokéballs et repart vers le laboratoire, le Meltan à ses côtés. Il n’a jamais essayé de le capturer ni de lui présenter une Pokéball. Cela fait longtemps qu’ils sont proches maintenant et le Meltan n’a pas l’air de vouloir quitter Platane, seulement lui demander de rentrer dans une Pokéball c’est prendre le risque de voir Meltan refuser et partir. Platane préfère donc ne rien tenter.
Le lendemain, Magnolia annonce à Platane que Sonya doit partir faire une course urgente pour elle tout au nord de la région. Platane sera seul pendant quelques jours. Cela ne le dérange pas, après tout il sait ce qu’il avait à faire, les prochains combats ont tous été planifiés. Il n’a qu’à suivre le tableau et prendre ses notes lui-même.
Platane part donc avec Meltan jusqu’à la zone de travaux, comme tous les jours. Une fois arrivé là-bas, il prend sa Pokéball, comme tous les jours, puis il passe sa main dans le faisceau, comme tous les jours.
En rentrant du combat, il voit une scène assez inhabituelle. Meltan est dans un coin de la pièce, seul, la tête baissée, enfin l’écrou baissé. Platane comprend vite, les Pokémons de Sonya n’étant pas là, il n’a personne avec qui jouer. Platane décide donc d’aller jouer un peu avec lui avant le prochain combat. Après tout, il est seul, personne ne peut lui reprocher. Platane et Meltan jouent donc un peu puis Platane repart travailler. A la fin du combat suivant, Platane recommence et très vite, les moments passés avec Meltan deviennent des pauses systématiques entre chaque combat.
Au fil des jours, les pauses deviennent de plus en plus longues, au point que Platane prend du retard dans la liste des combinaisons à tester. Mais n’ayant personne pour l’aider à se motiver, il préfère passer du temps avec Meltan. C’est maintenant qu’il se rend compte de l’importance de Sonya dans ce projet. Sa positivité inaltérable est un soutien important dans ce projet. Au bout de quatre longues journées, Sonya revient au laboratoire. Pour fêter son retour et entendre le récit du sauvetage de Milobelus qu’elle vient d’effectuer, Magnolia Platane et Sonya se retrouvent au restaurant dans Yesthingham. Platane est heureux de partager ce moment, déjà parce qu’il est toujours friand des histoires sur les Pokémons, mais aussi car cela fait un moment qu’il ne fréquente que trois endroits à Galar : le centre Pokémon, la zone de travaux, et le laboratoire. Cette soirée au restaurant puis dans un pub est l’occasion pour lui de visiter un peu cette ville. Les discussions tournent, sans surprise, autour des Pokémons et des phénomènes inexpliqués de ces derniers temps mais tout le monde prend soin de ne pas parler du faisceau.