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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/10/2019 à 09:03
» Dernière mise à jour le 13/10/2019 à 11:29

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 15 : Le Savant Noir
Le lendemain du procès, le professeur Erable avait réuni tous les participants de la partie civile dans son laboratoire pour y fêter leur victoire. Une victoire pleine et complète. Certes, la vente de la Forêt de Jade à N.W.C n'était pas annulée, seulement suspendue, mais avec l'amende record qui a été annoncée, ainsi que leurs comparutions dans d'autres procès au sujet d'affaires cette fois carrément criminelles, les leaders de la société n'auraient certainement pas envie de poursuivre leurs investissements à Kanto, si tant est qu'on les y autorise. Leurs actions avaient chuté en bourse, et plus grand monde ne souhaitait avoir à faire avec une entreprise suspectée de tentative d'assassinat et de trafic de Pokemon. Le Conseil des Dignitaires avait pris son air le plus indigné pour exiger des réponses et affirmer que le gouvernement de Kanto se réserverait le droit de porter plainte également.

Bref, Oswald avait affirmé que N.W.C était politiquement et bientôt financièrement fichue, et qu'il n'y aurait pas besoin d'un second procès pour cette fois annuler carrément leur droit de propriété sur la Forêt de Jade. L'avocat était un peu la star de cette fête improvisée : une popularité dont il se serait bien passé. Il avait par ailleurs refusé que Funerol ne lui verse quoi que ce soit ; la publicité qu'il s'était faite sur ce procès était déjà largement suffisante.

- Notre vrai sauveur, et celui qui aurait dû être ici aujourd'hui, c'est la personne qui nous a transmis ces documents et ces photos, insista Brenwark après un énième toast en son honneur. Sans lui, la procédure judiciaire aurait été quasiment gelée, pour sûr.

Outre les images épouvantables sur ces Pokemon disséqués, et le dossier comptable de Buildstrong comparé à celui de N.W.C, cette personne anonyme avait également fourni un témoignage sur le colis piégé livré au QG du Vert de la Planète à Almia. À l'en croire, il était celui qui avait posé ce colis, sous demande d'Adreover Stylord, sans savoir ce qu'il contenait. Évidement, le témoignage n'était pas signé, ce qui du coup réduisait sa valeur en tant que preuve, mais il contenait quand même pas mal de détails sur Stylord et la filiale de N.W.C à Almia, de quoi largement embarrasser encore plus le directeur des ressources humaines.

- Je tâcherai de trouver de qui il s'agissait, assura Erable. Leonora, vous pourriez peut-être tirer les vers du nez à Koga, en tant que collègue championne ?

La dresseuse psy grimaça.

- J'suis pas comme qui dirait amie avec ce ninja félé, prof. Puis on dit qu'il a des liens avec la Team Rocket.

- C'est plus que des « on-dit », c'est la vérité, assura Samuel Chen.

Le célèbre assistant du professeur Erable était là aussi. Bien qu'il n'ait pas activement participé au procès, il n'a jamais cessé de soutenir le professeur et avait créé autour de lui un réseau de dresseurs Pokemon assez important.

- Koga de Parmanie et Bob de Carmin-sur-Mer ont des rôles militaires importants au sein de l'organisation, poursuivit Chen. Et ils sont apparemment des proches du... nouveau champion de Jadielle.

Erable jeta un coup d’œil furtif à son assistant, avant de hausser les épaules.

- Beaucoup de dresseurs sont plus ou moins proches de la Team Rocket, fit-il. C'était un rassemblement de dresseurs, à l'origine. Mais plus ça va, plus l'organisation se criminalise, et ça m'étonnerait qu'ils gardent leurs soutiens parmi les dresseurs bien longtemps. Il n'en reste pas moins que si elle est liée à ces documents que l'on nous a transmis, elle mérite nos remerciements.

Chen garda le silence, mais vu sa tête, il aurait sans doute préféré avaler de l'essence d'Ortide non-diluée plutôt que de dire merci à qui que ce soit de la Team Rocket.

- Y'a quelqu'un d'autre à qui nous devons des remerciements tiens, fit Dan en lisant le journal de ce matin.

En effet, ils avaient tous lu avec stupéfaction l'article consacré à N.W.C, et à la déclaration choc de Maxwell Briantown : « Il y a eu nombre de malversations et de pratiques condamnables au sein de notre entreprise, approuvées des plus hautes sphères. Je l'avoue avec honte, mais aussi avec espoir de pouvoir laver les noms de la majorité de nos collaborateurs qui ne sont pour rien dans tout ceci. Il est clair que nombre de ces décisions sont parties du bureau des ressources humaines. J'apporterai tout mon soutien aux enquêtes en cours. » En clair, le directeur de la communication avait non-seulement confessé les agissements répréhensibles de N.W.C, mais avait également ciblé son collègue Adreover Stylord.

- Ça m'a l'air qu'une piètre façon de tenter de se dédouaner, avança le maire d'Argenta. Il ne doit pas être tout blanc non plus.

- Sans doute pas, mais ça m'étonnerait qu'il soit le maître danseur, répondit Dan, en se souvenant comment Briantown l'avait laissé filer alors qu'il avait découvert son subterfuge, le tout en accusant Stylord d'être probablement le Marquis des Ombres.

- En tout cas, cette déclaration ne va pas aider N.W.C, fit Oswald. Non content d'être aux prises avec la justice, voilà qu'ils vont s'entre-dévorer entre eux.

- Oui... Mais un seul d'entre eux risque de manger tous les autres…

Dan, Funerol et Oswald comprirent les propos du professeur. Quand ils trouvèrent une occasion, ils allèrent parler avec lui seuls à seuls. Leonora était dans le secret à propos des Agents de la Corruption bien sûr, mais ne comptait pas davantage s'impliquer, vu que son cher Haysen ne semblait plus menacé.

- Nous avons passé cette épreuve avec succès, mes jeunes amis, leur dit le professeur dans la cuisine du laboratoire. Vous en savez plus que les autres. C'est maintenant à vous de voir si vous voulez vous engager encore plus, pour combattre directement le Marquis des Ombres et ses sbires. Je ne vais pas vous mentir : ce sera encore plus risqué que d'affronter N.W.C.

Funerol et Brenwark se tournèrent vers Dan, qui prit le rôle de porte-parole pour exprimer ce qu'ils avaient à dire.

- Sachant qu'il y a des méchants en liberté capables de faire du vilain, évidement que des gars comme nous souhaiteraient tout faire pour les neutraliser. Le souci, prof, c'est qu'on en sait toujours très peu à leurs propos. Pas assez du moins pour qu'on s'amuse à risquer nos vies.

- Je comprends bien, mais je suis désolé, je vous en ai déjà bien trop dit. Le seul moyen pour vous d'en savoir plus, c'est de venir au sein de mon organisation. L'un de nos membres les plus éminents dispose d'un moyen pour forcer les gens à garder le secret sur tout ce qui pourrait nous concerner. C'est notre seul moyen de défense. Une fois que vous serez passés devant lui, nous vous dirons tout ce que vous devez savoir, et alors, vous serez libres d'accepter de nous rejoindre, ou de repartir. Quelque soit votre choix, vous ne pourrez parler à personne de ce que vous aurez vu ou entendu.

Dan haussa les sourcils, perplexe. Mais bon, après tout ce qu'il avait vu et entendu sur cette affaire, ce n'était pas si zarbi que ça.

- Vous aurez le temps d'y réfléchir, ajouta Erable. Je vais, dans les jours qui suivront, prendre ma retraite et laisser le laboratoire à Samuel, pour me consacrer pleinement à la lutte contre le Marquis des Ombres. Nous laisserons passer quelques mois, pour laisser l'affaire N.W.C retomber, puis je vous recontacterai pour vous inviter, si vous êtes d'accords.

Les trois amis hochèrent la tête. Ça impliquait pour Funerol de rester à Kanto encore quelque temps, mais en revenant dans le salon et en jetant un regard à Leonora, il se dit qu'il pourrait facilement trouver une raison pour cela. Kanto était une belle région qui méritait d'être mieux connue, après tout…


***


- Qu'est-ce que tu as foutu, Maxwell ?

Briantown ignora la question de son ami Adrian qui venait d'entrer dans son bureau sans frapper. Évidement, depuis la parution de l'article sur les déclarations chocs du Directeur de la Communication de N.W.C, tout l'immeuble devait considérer Maxwell comme un traître.

- JE TE DEMANDE CE QUE TU AS FOUTU ?! S'écria Hubertin.

- J'ai entendu la première fois, répondit calmement Maxwell sans cesser d'écrire sa lettre.

- Tu as perdu l'esprit ? Accuser Stylord comme ça, après le fiasco de ce procès... S'il est vraiment le Marquis, il va te faire la peau ! Tu as bien vu ce qui est arrivé à Jacob parce qu'il a eu un instant de faiblesse ?! Personne au prochain Conseil d'Administration ne pourra te protéger, même moi !

- Parce que tu crois qu'il y aura un prochain conseil, toi ? Ricana Briantown. N.W.C est finie, Adrian. Ils ont découvert le pot aux roses du Parc Safari et ont les résultats comptables de Buildstrong, sans parler du témoignage concernant la bombe du Vert de la Planète. La seule chose que l'on puisse faire, c'est tout mettre sur le dos du Marquis et de Kabora qui s'est laissé manipuler, pour pouvoir s'en tirer sans trop de casse.

- Je préfère être un prisonnier en vie qu'un cadavre en liberté ! S'époumona Hubertin. Nom d'Arceus, Maxwell, Stylord pourrait nous envoyer Fantastux quand et où il veut. Il nous aspirera dans son foutu chapeau et il ne restera rien de nous !

- Tu veux qu'on prenne tous pour Stylord ? Parce que lui, il s'en sortira, s'il est vraiment le Marquis. Il disparaîtra dans la nature, prendra peut-être une nouvelle identité, et se servira une nouvelle fois d'une autre entreprise pour ses buts de dingue. Je ne laisserai pas ça arriver. Si je dois crever, il partira avec moi.

Il plia sa lettre et la plaça dans une enveloppe, avant de la remettre à un Poichigeon posté sur le rebord de la fenêtre.

- C'est pour qui ça ? Et c'est quoi ? Questionna Adrian, soupçonneux.

- Juste une lettre à ma sœur et à ma mère, si d'aventure il devait m'arriver malheur.

- Il fallait y penser avant d'aller dire ces conneries à la presse !

- Non, j'y pense plutôt pour ce que je vais faire maintenant.

Avec un sourire sinistre, il sortit un objet d'un tiroir de son bureau. Adrian tressaillit en voyant le pistolet que son vieil ami tenait.

- Relax. C'est pour Stylord, pas pour toi.

- Tu... Tu es... totalement fou…

- Le Marquis des Ombres est-il humain, et peut-il être tué comme tout le monde ? On a fait des paris plus osés que ça. Je veux juste arrêter ce dingue avant qu'il ne fasse quelque chose de pire qu'il a déjà fait.

Maxwell s'arrêta un moment, intrigué par ses propres paroles, puis ricana.

- Tu sais, on aurait tendance à l'oublier, après que j'ai passé mon temps avec les autres à décider de menacer des gens ou à détruire leurs vies pour le profit, mais... je suis pas un type mauvais. Cupide, ambitieux, prêt à pas mal de choses pour le fric et le pouvoir, oui, mais pas au point de buter des innocents et de trouver génial de disséquer des Pokemon vivants pour tenter de leur soutirer leurs pouvoirs. Tu as bien vu ce à quoi sont prêts les Agents de la Corruption. L'un d'entre eux n'a pas hésité à vouloir faire s'écraser un avion et à tuer tous ses passagers juste pour éliminer un seul gêneur. Ce sont des dingues, eux et leur religion. Et si jamais leur Seigneur Horrorscor venait à revenir, je doute que ce sera bénéfique au plus grand nombre. Si on élimine maintenant le Marquis, on va leur porter un sérieux coup, en espérant que les Gardiens de l'Innocence finissent un jour le boulot.

- Mais... et si... Stylord n'était pas le Marquis, finalement ?

- C'est un aveu ? Fit mine de demander Maxwell en pointant son arme sur lui.

- Bien sûr que non ! Arrête ça !

Briantown éclata de rire et baissa son arme.

- Allez vieux, si c'est vraiment mon dernier jour en ce monde, autorise-moi quelques traits d'humour, même s'ils sont pourris. Si ce n'était pas Stylord, bah... tant pis. Marquis ou pas de toute façon, ça reste un con et un nuisible. Il ne trouvera pas beaucoup de monde pour le pleurer.

- Mais qu'il soit le Marquis ou non, tu vas te faire coffrer pour meurtre !

- On aura qu'à maquiller ça en un suicide. Vu les charges qui vont peser très bientôt sur lui, ça ne surprendra personne.

Sans laisser le temps à Hubertin de trouver quelque chose à redire, Maxwell sortit du bureau, son pistolet bien en main.

- Attends voir... maintenant ? Demanda Adrian.

- Oh, désolé, tu voulais attendre le déjeuner peut-être ? Oui maintenant. Comme tu l'as dit, il pourrait nous envoyer Fantastux ou un autre de ses dégénérés à tout moment.

- Pourquoi « nous » ? Je j'ai tenu aucune déclaration comme les tiennes. Ne me mêle pas à ce merdier !

- C'est toi qui vois. Mais personnellement, ça m'étonnerait que Stylord laisse un seul d'entre nous en vie, maintenant que tout est foutu.

Maxwell s'éloigna dans le couloir, et après un moment de flottement, son ami jura puis le suivit à contrecœur. Ils ne croisèrent pas grand-monde en montant à l'étage des ressources humaines. Fallait dire que ce procès manqué et ses révélations avait sonné tout le groupe, et nombre de salariés avaient déjà pris leur distance ou carrément démissionné de peur d'être impliqués dans les enquêtes qui vont suivre. Quant à ceux qu'ils croisèrent, ils s'éloignèrent en vitesse, comme si Briantown était porteur d'un germe particulièrement infectieux. Être vu aux côtés d'un traître notoire n'était pas souhaitable, dans cette entreprise. Mais Maxwell était à un stade où il se fichait de sa réputation désormais. Une fois arrivé devant la porte du bureau de la direction, Maxwell se tourna vers Adrian, qui était resté plusieurs pas derrière.

- Tu as un Escroco non ? Tu l'as amené avec toi ?

Effectivement, Adrian était dresseur, ce qui était assez rare dans l'entreprise. Enfin, une sorte de dresseur. Escroco faisait plus office que de garde du corps et d'animal de compagnie que de partenaire de combat. Adrian lui passa sa Pokeball à contrecœur.

- Je te le prête, mais tu te débrouilles. Et sache que si ça tourne mal, je fiche le camp en vitesse.

- Abandonnant ami et Pokemon derrière toi, oui. Mais pas de problème vieux. On n’est pas arrivé à nos positions en jouant les héros désintéressés, après tout.

Maxwell compta mentalement jusqu'à trois, avant d'ouvrir violemment la porte, de lancer la Pokeball dedans et de rentrer, l'arme au poing. Adrian resta en arrière, se cachant dans un angle du mur. Mais il n'entendit aucun coup de feu ou bruit de combat. Guère rassuré pour autant, il avança au ralenti. Maxwell finit par sortir, Escroco à ses côtés. Il avait l'air perplexe et même... ennuyé.

- Bon, fit-il au regard interrogateur d'Adrian. On n’aura pas à maquiller un suicide, finalement…

Adreover Stylord était affalé sur son fauteuil, un pistolet dans sa main inerte, et un trou saignant dans le crâne. Adrian regarda ce spectacle avec stupeur.

- Il s'est…

- Buté lui-même, acheva Maxwell. Je ne vois pas autre chose.

- Mais... Mais alors, il n'était pas le…

Maxwell fit une grimace. En effet, il semblait peu probable que le Marquis des Ombres en viennent à se suicider pour de simples ennuis judiciaires, après tout ce qu'il avait fait et ce qu'il avait prévu de faire.

- Ce serait le président alors ? Théorisa Adrian.

- Probable. Je vais monter à son bureau. Toi, va vérifier que Milton va bien. Le Marquis a déjà peut-être commencé à éliminer les personnes qui en savaient un peu trop.

Maxwell laissa son ami descendre au bureau de leur collègue le directeur de la recherche et du développement, tandis qu'il prit l'ascenseur pour monter au dernier étage. Il n'y trouva ni la secrétaire de Kabora, ni le PDG lui-même. Le bureau était vide. Il n'était certes pas rare que Kabora soit en déplacement ou ailleurs dans l'immeuble, mais étant donné les circonstances, ça ne rassura pas Maxwell. Il prit le téléphone du PDG et composa le numéro du bureau de Milton Parmilian. Ce fut Adrian qui répondit.

- Personne.

- Ici non plus. Mais Milton est peut-être dans un de ses labos. Allons voir.

- Attends, on ne devrait pas prévenir les flics pour Stylord ?

- Maintenant ou dans une heure ne changera rien pour lui, pas plus que pour N.W.C. L'entreprise est enterrée, et nous le serons aussi si on n’arrête pas le Marquis.

Ils se rejoignirent devant le laboratoire principal. Bien sûr, il y en avait un paquet d'autres, mais au moins pourraient-ils se renseigner auprès des scientifiques présents si Parmilian n'était pas là, ce qui fut le cas.

- Le directeur ? Répondit l'un des chercheurs. Il me semble qu'il se trouve au labo D, un étage plus bas. Mais euh, sauf votre respect messieurs, il est interdit de le déranger quand il est là-bas. Il effectue des recherches confidentielles avec quelques hommes de confiance qui…

- Je crois qu'il nous pardonnera l'intrusion, coupa Maxwell. Et de toute façon, il a intérêt à nettoyer tous ses labos avant que l'immeuble ne soit saisi.

Milton Parmilian était un rêveur naïf incapable de faire de mal à une mouche, mais Maxwell n'ignorait pas que certaines de ses expériences, si elles étaient dévoilées au grand jour, n'arrangerait pas les affaires de N.W.C. Maxwell et son ami se rendirent donc au laboratoire D, mais il se trouva être fermé hermétiquement avec une porte magnétique. Maxwell essaya son passe, mais visiblement, ça ne devait répondre qu'à celui de Parmilian.

- Milton ! S'exclama Maxwell en tapant fortement sur la porte. C'est Briantown et Hubertin. Il faut qu'on te parle, c'est urgent ! Milton !

La porte coulissa peu après, mais pas pour laisser apparaître leur collègue directeur. C'était le PDG Kabora qui se tenait devant eux. Sentant que ses craintes se confirmaient, Maxwell pointa son arme sur lui, et fut à deux doigts de tirer. Mais quelque chose retint son doigt : le regard vide et imperturbable du président.

- Nous vous attendions, Maxwell, Adrian, fit Kabora d'une voix morne. Veuillez me suivre.

- Président, qu'est-ce que... commença Adrian.

Kabora l'ignora et alla activer un mécanisme dans le laboratoire qui fit bouger une partie du sol métallique, dévoilant un ascenseur. Il attendit, invitant les deux autres à le rejoindre du regard.

- Où est Milton ? Demanda Maxwell. Qu'en avez-vous fait ?!

- C'est lui qui m’envoie vous chercher. Venez. Allons le rejoindre, lui et les autres.

- Les autres ? Répéta Adrian.

Maxwell n'avait nulle confiance en Kabora, mais le PDG n'était pas armé, et cet ascenseur secret dans ce labo où quasiment personne venait l'intriguer. Il rejoignit Kabora, toujours en gardant son pistolet pointé sur lui, mais le PDG ne semblait en avoir cure. Adrian le rejoignit à moitié à reculons. Alors, l'ascenseur descendit.

- Où allons-nous ? Demanda Maxwell.

- Plusieurs mètres en sous-sol. Dans un autre laboratoire qui n'existe pas sur les plans.

Adrian commença à paniquer quand la lumière s'estompa au fur et à mesure qu'ils descendaient. Maxwell tentait toujours de percevoir une quelconque tromperie chez Kabora, mais le PDG semblait être en transe, comme un somnambule. Environ cinq minutes plus tard, l'ascenseur s'immobilisa, dans un lieu visiblement taillé dans la roche. Une vaste pièce sombre mais éclairé par de nombreux tubes à essais géants qui contenaient... des choses à première vue peu ragoutante. Maxwell reconnut même des parties de Pokemon. Ça lui faisait penser aux images du labo clandestin des horreurs en dessous du Parc Safari que l'avocat de Funerol avait montré lors du procès ; des images qui avaient retourné l'estomac de Maxwell lui-même.

Ce laboratoire était occupé. Il y avait six personnes présentes. L'une d'elle était Fantastux, reconnaissable à sa façon de flotter dans les airs et son haut de forme blanc. Il y avait trois humains, un homme, une femme, et un dont le genre n'était pas très apparent. La femme avait des cheveux courts et ébouriffés, un bras métallique et tenait un katana. L'homme portait un imperméable noir et semblait avoir plusieurs brûlures sur son visage crispé. Le troisième, lui (ou elle), avait une peau immensément pâle et des cheveux noirs qui touchaient presque le sol, et portait une tenue clairement religieuse.

La quatrième personne, elle, ne semblait pas être humaine, même si elle avait deux jambes, deux bras et une tête. On aurait dit une femme à ses longs cheveux gris, mais son corps semblait entièrement synthétique, comme une armure. Elle n'avait pas d'yeux sur son visage, mais un peu partout sur tout son corps ; des yeux jaunes inquiétants à chacune de ses articulations, qui regardaient partout à la fois.

Ces cinq individus en entouraient un autre, qui n'était nul autre que Milton Parmilian, directeur de la recherche et du développement de N.W.C. Et il n'avait pas l'air d'un prisonnier ou de quelqu'un dont la vie était menacé. Son visage flasque mais néanmoins bienveillant s'étira en un sourire en accueillant ses invités.

- Ah, Maxwell, Adrian. Content que vous soyez là.

Kabora alla rejoindre le groupe de Parmilian, en se plaçant juste derrière l'humanoïde aux œils multiples, comme un chien bien dressé.

- Qu'est-ce que ça veut dire, Milton ? Demanda Maxwell en n'osant pas faire un pas. Qui sont ces... gens ?

- Ce sont mes fidèles amis. Vous connaissez déjà Fantastux bien sûr. Voici Zestira, Vrakdale, Verelosius et Kaorie.

Adrian dévisagea chacun d'entre eux d'un air blême, avant de murmurer :

- Les Agents de la Corruption.

- Ah, bien pensé, Adrian, approuva Milton. Oui, c'est le titre que nous nous donnons.

- Alors... c'était toi ? Fit Maxwell en serrant sa main sur la crosse de son arme.

- Comme c'est électrisant ! Se moqua Milton. Oui, je suis bien le 33ème Marquis des Ombres. Vous pouvez m’appeler Vaalzemon.

Maxwell dut avouer s'être fait prendre au dépourvu. De tous les membres du Conseil d'Administration, Milton Parmilian était celui qu'il avait le moins soupçonné. Le scientifique n'avait jamais fait montre d'aucun intérêt pour l'argent ou le pouvoir. Il n'avait jamais pris part aux grandes décisions de l'entreprise, pas plus qu'il n'avait laissé entrevoir la moindre foi réelle envers le culte d'Horrorscor imposé par Fantastux. Ça avait toujours été un homme vivant dans son monde, aimable et toujours très distrait. Maxwell aurait même plus vu son ami Adrian dans le rôle du Marquis des Ombres que lui.

- Vous semblez surpris, remarqua Vaalzemon. Il est vrai que Milton Parmilian n'était pas homme à attirer les soupçons sur lui. Si ça peut vous rassurer, ce n'était pas un rôle que je jouais pour vous piéger. Milton était réellement ainsi... avant d'avoir accueilli l'âme du Seigneur Horrorscor en lui.

Le scientifique et homme d'affaire retira sa blouse blanche et sa cravate, puis tendit le bras. Fantastux tira du néant une robe noire avec des dorures autour du coup, et Vaalzemon s'en para. Il prit deux choses sur l'une des tables. Le premier était un objet en argent, et quand il se l'apposa sur le visage, Maxwell vit qu'il s'agissait d'un masque lui recouvrant la partie supérieure du visage. Le second, quant à lui, c'était un gantelet noir qui semblait crépiter d'éclairs sombres quand Parmilian se le mit à son avant-bras droit.

- Milton me manquera, c'est certain, continua le Marquis. Mais pour ce que nous avons à accomplir, le visage de Vaalzemon suffira amplement. Oui, il suffira…

Dans sa robe noire et sous son masque en argent, le Marquis dévisagea ses deux anciens associés, qui ne purent s’empêcher de frémir en voyant son œil gauche luire d'une lueur rouge démoniaque, tandis que son droit garda sa couleur naturelle bleue électrique.

- Vous êtes passé voir Adreover avant moi sans doute ? Oui, il attirait plus les soupçons que moi, surtout qu'il passait secrètement son temps à tenter de m'identifier. Il était sur le point de découvrir le pot aux roses et de tout balancer dans l'espoir de tout me mettre sur le dos et qu'il soit blanchi. J'ai dû... prendre des mesures.

- Ce n'était pas un suicide, alors... fit Maxwell.

- Eh bien, techniquement si, c'est lui qui a pointé son arme sur son crâne et qui a pressé la détente, répondit le Marquis. Après, il se peut que la volonté d'en finir n'était pas pleine et entière, chez lui. Ma chère Kaorie a dû... disons, le convaincre mentalement.

Il désigna l'humanoïde femelle à la peau grise et avec des yeux sur tous le corps.

- Elle est belle, n'est-ce pas, ma Kaorie ? Mon plus grand succès dans mes recherches pour faire évoluer les Pokemon jusqu'à un stade humain.

- Évoluer les... que voulez-vous dire ? Bafouilla Adrian. Cette chose est un Pokemon ?!

- Était, rectifia Vaalzemon. C'était un Kaorine que j'ai quelque peu... modifié. Voyez-vous, on a, avec les G-Man, des humains se rapprochent des Pokemon, mais l'inverse n'existe pas. C'est injuste, n'est-ce pas ? Pourquoi les Pokemon ne pourraient pas espérer se libérer de leur condition et devenir des humains améliorés ? Après tout, le Seigneur Horrorscor a décrété, à terme, l'extermination des Pokemon, donc en tâchant de les transformer en humains, j’œuvre pour les sauver. Comme c'est électrisant ! Le hic, c'est que ça ne marche que une fois sur cent, et seulement sur des Pokemon déjà artificiels, qui ont été créée ou qui sont nés d'un objet inanimé. Et si je suis parvenu à modifier son corps pour lui en donner un approchant celui d'une femme, la pauvre a toujours un esprit typiquement Pokemon et n'est pas douée de parole... Enfin bon, c'est déjà une belle réussite.

- Eeeeeeeennnnnnnnnnnn effet, ô Marquis ! S'exclama le dénommé Verelosius en faisant sursauter Maxwell et Adrian. Malgré tout ce temps passé à expérimenter sur les Pokemon du Parc Safari, je n'ai jamais pu ne serait-ce qu'approcher un dixième de vos résultats, n'est-ce pas ! Aaaaaaah, quelle manque d'assiduité !

Maxwell se demanda vaguement quoi faire face à ces dingues. Il avait toujours son arme, mais il doutait que ça soit très efficace contre pas mal de ces bêtes de foire, surtout sur Fantastux et cette Kaorie. Il pourrait peut-être tuer Parmilian, mais ce serait pour mourir immédiatement après, et sans doute pas en paix. Adrian, lui, laissa la peur et l'horreur le gagner et fut on ne peut plus direct.

- Vous êtes cinglés, tous autant que vous êtes ! C-comment a-t-on pu vous laisser embobiner le Conseil d'Administration de la sorte et nous rendre complices de vos folies ?! N.W.C sera bientôt morte et enterrée à cause de vous !

- Ah, mais son but n'a jamais été de vivre longtemps, rétorqua Vaalzemon. Elle n'aura été qu'un outil nous permettant d'acquérir des moyens et des finances. De plus, les Gardiens de l'Innocence ont déjà leur viseur braqué sur cette entreprise depuis un moment. Il est temps donc de retourner à la clandestinité, mes chers amis !

- Kish kish kish, ça veut dire que nous retournons à Dolsurdus ? Demanda Fantastux. C'est une fort bonne nouvelle. Fantastux en avait assez de ce trou puant d'humains.

- On ne pourrait pas genre faire un carnage ici avant de se tirer ? Proposa Zestira. L'entreprise est foutue de toute façon, alors autant l'enterrer en beauté en massacrant tous ses salariés.

Maxwell blêmit d'horreur, mais le Marquis refréna un peu l'ardeur de sa subordonnée.

- On va éviter ça. La mort pour la mort n'a aucun sens si elle n'entraîne pas la corruption.

- Alors, eux au moins ? Continua l'assassin en désignant Maxwell, Adrian et le PDG Kabora, qui n'avait ni bougé ni changé l'expression impassible de son visage.

- Le Président est sous le contrôle de Kaorie. On lui fera donc dire ce qu'on veut aux autorités. Lui et ce regretté Stylord seront nos parfaits bouc-émissaires. Quant à nos deux amis ici présents…

Vaalzemon tourna son regard vairons vers Maxwell et Adrian. Ce dernier n'attendit pas de savoir ce que le Marquis avait prévu pour eux. Perdant ses nerfs, il déroba le pistolet que tenait Maxwell et le braqua sur Parmilian. Maxwell grimaça de la stupidité de son ami. Personne ne bougea, et Vaalzemon ne sembla pas plus inquiet que ça.

- Comme c'est électrisant... murmura-t-il en regardant Adrian avec intérêt.

- Je... Je peux pas vous laisser anéantir tout ce dans quoi nous avons œuvré pendant tant d'années ! Tout notre travail, tous nos sacrifices, tous nos espoirs... tout ce putain de sang que l'on a sur les mains ! Pas par des malades comme vous !

- Adrian, nom d'Arceus, baisse ce flingue, lui fit Maxwell d'un ton sec.

- Tu devrais l'écouter, Adrian, fit aimablement Vaalzemon. Ce cher Maxwell a toujours eu un bon sens admirable. En dépit de ce que tu sembles penser, je ne suis pas fou. Un fou agit aléatoirement. Moi, j'ai un objectif précis.

- RIEN À FOUTRE ! T'es un putain de terroriste qui partage son corps avec le fantôme d'un Pokemon maléfique ! Une ordure qui manipule ses propres collègues par derrière. Un scientifique de merde qui…

Ce furent les dernières parole d'Adrian Hubertin. Aux mots « scientifique de merde », le visage de Vaalzemon avait perdu son aimable sourire, et d'un claquement de doigt, une traînée noire hyper-rapide avait surgi de son gantelet sombre pour venir frôler Maxwell. Ce dernier avait pensé sa dernière heure arrivée pendant une seconde, avant d'entendre quelque chose tomber près de lui. Il frémit d'horreur en constatant que c'était la tête de son ami Adrian, bientôt suivie du reste de son corps. Son cou laissa s'échapper un véritable geyser de sang, et Maxwell dut se retenir pour éviter de vomir.

- On peut tout me dire, mais je n'accepte pas que l'on insulte le scientifique que je suis, marmonna doucereusement Vaalzemon.

Maxwell serra les poings mais tâcha de contrôler sa rage. Adrian était son plus vieil ami. Un homme loin d'être sans défaut bien sûr, mais aux côtés duquel Maxwell était devenu celui qu'il était aujourd'hui. Mais perdre ses nerfs et attaquer vainement le Marquis ne l'aurait certainement pas vengé. En dépit de sa haine et de sa volonté de briser à main nue le visage goguenard de Parmilian sous son masque, Maxwell fit ce à quoi il était le plus doué : il conserva sa raison et préserva sa vie.

- Je ne partage pas l'opinion d'Adrian à votre sujet, Milton, dit-il calmement. N.W.C n'est plus, de toute façon. C'est stupide de mourir pour elle. Si vous pouvez m'éviter la prison, alors je travaillerai pour vous, en tout ce que vous voulez.

Vaalzemon s'approcha de lui. Maxwell compta sur ses nerfs entraînés pour ne pas ciller, ou pire, s'enfuir à toutes jambes, tandis que le Marquis l'étudia, son visage à quelques centimètres du sien. Puis il ricana.

- Comme c'est électrisant... J'apprécie ton pragmatisme, Maxwell.

Puis il se tourna vers ses sbires en levant les bras.

- Mes amis, notre nouvel Agent de la Corruption !

Ce ne fut pas du goût de tout le monde, même si seule Zestira trouva à objecter.

- Sérieux, Marquis... Pourquoi s’embarrasser de ce boulet ? Il n'a aucun pouvoir ou capacité, il ne nous servira à rien !

- Un pouvoir ou une capacité ne se résument pas à lancer des rayons ou à avoir une partie du corps bionique, très chère, répliqua Vaalzemon. Maxwell a beau être un humain des plus communs, il dispose de quelque chose qui nous sera grandement utile : son sens des affaires et de la communication. Le Seigneur Horrorscor ne crache jamais sur une aide, d'où qu'elle vienne.

Maxwell lâcha un petit soupir quand il comprit que sa vie serait épargnée encore un peu. Mais il ne pouvait pas croire que Vaalzemon avait gobé son offre d'allégeance. Le Marquis savait très bien que Maxwell avait fait cela pour survivre, mais qu'il le méprisait de toutes les fibres de son corps. Et c'était justement pour ça que Vaalzemon avait recruté Maxwell. Il avait senti l'immense haine à son égard, et une haine pareille ne pouvait engendrer à terme qu'une corruption des plus appréciables.




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Image de Kaorie :