I - La réunion annuelle
Dans un dernier élan de détermination, le Lougaroc crépusculaire de Sacha effectue un salto arrière et renvoie son propre coup au Lougaroc de Gladio. La violence de l’impact projette ce dernier qui part s’écraser sur le mur de l’arène. Le public retient son souffle. Les deux Lougarocs ont livrés une longue bataille et semblent épuisés. Après quelques secondes de flottement, le Lougaroc de Gladio ne pouvant se relever, le professeur Euphorbe annonce la fin du combat. Après des années d’aventures dans de nombreuses régions du monde Pokémon, Sacha est enfin champion d’une ligue Pokémon. Il n’arrive pas à réaliser et reste sans voix, immobile au milieu de l’arène. C’est Gladio qui vient le sortir de cette absence pour le féliciter. Après avoir longuement salué le public et savouré ce moment qu’il attendait tant, Sacha se rend vers l’estrade où a lieu la remise. Euphorbe remet le trophée à Sacha qui le brandit et se prête maintenant au jeu des photos avec les supporters venus le féliciter.
Pendant ce temps, ils sont tous les six en coulisse, prêts à lui faire la surprise.
La nouvelle est arrivée plusieurs semaines auparavant, lors du début de la ligue d’Alola. Les professeurs de chaque région ont été invités à assister à cette finale et dans l’éventualité d’une victoire de Sacha, chacun a ramené un des Pokémons qu’il a laissé lors de ses précédents voyages pour venir fêter le titre avec lui.
Le professeur Chen a fait le voyage avec le Bulbizarre de Kanto, Orme est venu avec le Phanpy, Seko est venu accompagner d’Ecrapince, Sorbier a choisi le Simiabraz de Sinnoh, Keteleeria est en train de jouer avec le Moustillon de Sacha et le professeur Platane se tient à côté du Brutalibré de Kalos.
Le professeur Euphorbe leur fait signe, ils peuvent tous entrer pour faire la surprise à Sacha. Tous les Pokémons courent vers lui, la surprise est réussie et l’émotion est bien présente, chaque Pokémon ici présent représente une partie de son périple et Sacha sait très bien que s’il a enfin réussi à gagner une ligue officielle, c’est aussi grâce aux aventures précédentes qu’il a vécu avec ces Pokémons. Après l’arrivée des Pokémons, les professeurs peuvent aller féliciter le nouveau Champion de la ligue d’Alola. Tout le monde peut se rendre compte du chemin parcouru par Sacha et il parait évident que le gamin parti du Bourg Palette est bien loin.
Une fois les politesses d’usage effectuées et la photo officielle prise, il est temps pour les professeurs de prendre congé de Sacha.
Le professeur Euphorbe prend la parole :
- Mes chers collègues, merci à tous d’être venus, de très loin pour certains, pour célébrer avec nous à Alola la victoire d’une personne que nous avons tous suivi à un moment de son périple. Je suis sûr que cela nous fait à tous beaucoup de bien. Cependant, n’oubliez pas que si vous êtes ici c’est aussi avant tout afin de participer à notre réunion annuelle des professeurs qui aura lieu demain à l’école Pokémon. En attendant, je vous propose de tous nous retrouver au restaurant du papa de Barbara pour aller reprendre des forces.
Le lendemain matin Platane arrive le premier et croise Euphorbe dans la cour.
- Bonjour Platane, vous êtes très matinal, c’est le stress qui vous a sorti de votre lit ?
- Bonjour Euphorbe, non je suis assez confiant sur ma présentation de ce matin, en revanche j’ai voulu arriver plus tôt pour pouvoir faire le tour des installations ici. J’aime beaucoup le concept d’apprentissage que vous dispensez ici et la manière dont vous le faites.
- Merci beaucoup Platane, les habitants d’Alola disent beaucoup de bien de l’école et je pense que ça aide les plus jeunes à comprendre les Pokémons.
- Exact, et cela permet de partager notre expérience, je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à apprendre et à découvrir sur les habitudes des Pokémons.
- Je connais bien votre position sur le sujet, professeur Platane, et effectivement, cela dépasse les combats, il y a tant de sujets à explorer. Profitons que nous soyons que tous les deux pour faire le tour de l’école, nous irons rejoindre les autres juste après.
- Je vous suis.
Après leur tour des différentes structures éducatives, les deux professeurs retrouvent les autres dans la salle de cours qui sert à Sacha et ses amis.
- Désolé pour le retard, nous étions en train de discuter avec le professeur Platane. Je vois que vous êtes tous là, nous allons pouvoir commencer. Avant toute chose, je voudrais vous présenter notre nouvelle collègue, le professeur Magnolia.
Platane se retourne lentement, dans le fond de la salle se trouve effectivement une dame âgée, appuyée sur sa canne et affichant un grand sourire.
- Professeur Magnolia nous vient de la région de Galar, poursuit Euphorbe.
Ce nom ne lui est pas inconnu. Après un petit instant de réflexion, Platane se souvient avoir vu ce nom apposé à un article scientifique. Mais impossible pour lui de se rappeler le sujet de l’article.
- Je vous expliquerai la raison de sa présence ici juste après notre conférence. Je vous rappelle donc que dans le cadre d’un échange inter-régions initié par le Professeur Chen ici présent quelques années en arrière, nous avons pris pour habitude de nous réunir une fois par an afin d’échanger sur nos différentes découvertes. En plus de cet échange libre, un Professeur par an choisit un sujet qu’il nous présente à tous. Après l’émouvant exposé du professeur Sorbier l’année dernière sur la mort des Pokémons, le Professeur Platane va cette année nous parler du stockage Pokémon.
Le professeur Platane se lève.
- Merci pour cette introduction Professeur Euphorbe et merci de nous accueillir cette année au sein de cette école Pokémon.
Le Motisprojecteur démarre doucement et affiche la présentation au tableau
- J’ai passé cette année d’études à essayer de comprendre ce qui se passait lorsque nous stockions nos Pokémons. Comme nous l’expliquait le Professeur Orme dans son exposé d’il y a deux ans, « Les premiers Pokémons », nous avons toujours vécu avec les Pokémons et il existe des automatismes que nous utilisons au quotidien sans vraiment comprendre leur mode de fonctionnement. Prenez par exemple les Pokéballs, tout le monde les utilise mais qui sait réellement comment elles fonctionnent ? Comment expliquez-vous qu’un Wailord puisse tenir dans un contenant gros comme une balle de Base Ball Pokémon ? Le phénomène est intéressant à analyser car il ne concerne pas que la taille du Pokémon, il concerne aussi son poids. En effet nous ne pourrions certainement pas bouger une Pokéball si elle avait le poids du Ronflex qui est dedans. J’ai donc décidé d’approfondir ce sujet, et j’ai bénéficié d’un excellent concours de circonstances, puisque pour ceux qui l’ignorent, les Pokéballs sont construites dans ma région à l’usine de Romant-sous-Bois, je m’y suis donc rendu pour essayer de répondre aux questions que je me posais.
- Vue de l’extérieur, l’usine ressemble à un grand hangar de stockage, ce n’est pas franchement avenant. Mais une fois passée la lourde double-porte en bois de l’entrée, on entre dans une pièce au design très moderne et coloré. J’ai mis un petit moment à me rendre compte de la particularité de cette pièce. Tout était rond, ou du moins arrondi. Il n’y avait que très peu d’angles dans la pièce. Le comptoir a la forme d’une grande banane, les lumières sont des sphères de couleur et même les murs de la pièce se rejoignent dans des courbes douces à l’œil. J’ai rencontré le directeur de cette fabrique qui m’a proposé de me faire un petit tour de l’usine avant de répondre à mes questions. Je vais faire court sur cette partie pour ne pas vous gâcher une potentielle visite de cette usine un jour. Sachez qu’il y a finalement très peu d’opérateurs sur la ligne de fabrication, ligne qui est d’ailleurs assez courte. Le directeur m’a expliqué que chaque type de Pokéball que nous connaissons, est issu de la même ligne de production. La différence vient à la toute fin du processus de fabrication. Voyant ma tête interrogative à propos de ce processus, le directeur décida de m’emmener directement à l’endroit de l’usine où il à lieu.
Pendant que Platane raconte son histoire, des images qu’il a prises de l’usine défilent derrière lui sur le grand tableau noir.
- Tout au fond de l’usine se trouve deux grandes cuves, trois mètres de haut pour deux mètres de diamètre je dirais. Les deux cuves sont reliées entre elles par un gros tuyau couleur cuivre. C’est une fois devant la première cuve que le directeur m’expliqua le fonctionnement. Une des deux cuves sert à mettre les Pokéballs et l’autre à mettre un Pokémon.
Platane marque un temps d’arrêt, il regarde tous les professeurs un à un et voit dans leurs regards que sa dernière phrase vient de lui faire gagner leur attention maximale.
- Dans la première cuve sont entreposées les Pokéballs vierges, elles sont toutes blanches et ressemblent à des HonorBall. Dans la deuxième cuve, il y a un Leveinard. Qu’est-ce qu’il fait là vous allez me demander. Et bien figurez-vous que c’est lui qui transforme les balles de métal en Pokéballs. Une fois dans la cuve il sait de lui-même quoi faire et lance ce que l’on pense être une puissante attaque. L’attaque est canalisée dans le tuyau de cuivre et en arrivant dans la chambre aux Pokéballs, qui possède des dimensions bien particulières, elle donne aux Pokéballs leur pouvoir de capture. Les recherches les plus récentes laissent à penser que ce Leveinard lance une capacité proche de l’attaque Lilliput. C’est cette attaque qui permet de diminuer la taille d’un Pokémon et c’est probablement pour cela que tous les Pokémons tiennent dans une Pokéball, car ils sont réduits en taille. Vous vous demandez certainement que fait un Leveinard dans cette usine et est-ce que n’importe quel Leveinard pourrait faire ceci. Et bien je l’ai demandé au Directeur et non, il s’agit de la même famille de Leveinard qui a toujours été affecté à ce processus et qui se transmet cette capacité à créer nos Pokéballs. Pour l’anecdote, les Leveinard des centres Pokémons sont issues de la même ascendance. J’ai dû faire la même tête que vous en ce moment car le directeur a éclaté de rire. J’étais fasciné de voir notre ignorance sur le sujet alors que nous utilisons ces objets au quotidien et qu’ils sont un élément principal de notre connexion avec les Pokémons.
Les Professeurs regardent Platane avec de grands yeux, chacun a des questions à poser, mais ils préfèrent ne pas l’interrompre et attendre la fin.
- Une fois le tour de l’usine terminé, le directeur m’a fait passer par le jardin où jouait la famille de Leveinards. Ils vivaient là dans le plus grand confort mais cela ne me choqua pas, étant donné l’importance capitale de leur fonction. Un petit détail amusant, tout dans le jardin était arrondi, exactement comme à l’accueil, comme si rien ne devait agresser les yeux, tout avait l’air calme et reposant. Le directeur s’est engouffré ensuite dans un long couloir, en forme de tube lui aussi, et je l’ai suivi jusqu’au musée de l’usine Pokéball. C’était une petite pièce assez sombre, sur les murs étaient exposés des posters de ce qui devait être les premiers plans de Pokéballs et au fond était disposé un promontoire blanc pour chaque type de Pokéball, avec les Pokéballs posées dessus. Un spot de lumière était installé au-dessus de chaque Pokéball ce qui les mettait très en valeur dans cette pièce sombre. Le directeur m’a expliqué que les recherches sur l’origine des Pokéballs étaient très incomplètes et que malgré des années d’études, sa famille et lui n’ont pas réussi à percer le mystère de la fabrication de la Pokéball. La machine qui est dans l’usine se transmet de générations en générations et il est impossible d’en retrouver les plans.
Platane marque un temps d’arrêt, afin que tout le monde puisse digérer les informations qu’il vient de donner.
- J’étais encore une fois, comme vous, très étonné d’apprendre tout cela. J’avais énormément de questions à lui poser et nous sommes donc retourné nous installer dans les canapés de l’accueil pour en discuter. J’ai commencé par lui poser la question du prix des Pokéballs, c’est vrai, maintenant que je connaissais le processus, je ne voyais pas pourquoi une HyperBall coûte plus cher qu’une simple Pokéball. Il m’a répondu que créer une Hyperball demande beaucoup plus d’énergie à un Leveinard que de simples Pokéballs, il en fait donc moins souvent, et elles sont donc plus chères. Pour ce qui est des différents types de Pokéballs, c’est là que la deuxième cuve prend tout son sens. Si au moment où le Leveinard effectue son attaque, vous remplissez la deuxième cuve d’eau, vous obtenez… des ScubaBall !
Quelques petits cris d’étonnement émanent de la salle. Il est évident à leurs réactions qu’aucun des professeurs n’était au courant de ce que vient de leur annoncer Platane.
- En déclinant les éléments présents dans la deuxième cuve, on peut donc créer des Pokéballs pour des types de Pokémons. Mais maintenant, imaginez si nous pouvions modifier ces éléments dans la deuxième cuve pour pouvoir créer des Pokéballs destinée à un Pokémon en particulier, où à une nature de Pokémon. Les possibilités de combinaisons sont quasiment infinies.
Une certaine agitation gagne maintenant la salle de classe car chaque professeur se prend à imaginer une idée de substance à mettre dans la cuve pour créer de nouvelles Pokéballs.
- J’ai bientôt fini, nous pourrons penser à de nouvelles combinaisons ensuite. Il me restait deux points à élucider avec le directeur. Premièrement, pourquoi le processus de fabrication n’est pas connu et ce hangar si confidentiel. Il m’a répondu qu’ils ont peur que quelqu’un de mal intentionné vienne kidnapper ces Leveinards pour essayer de créer ses propres Pokéballs. Finalement cela m’a semblé une idée pertinente. Deuxième point que j’avais à éclaircir avant de partir. Que se passe-t-il dans les Pokéballs ? C’est vrai, sous quelle forme son stocké les Pokémons, et puis pour ceux qui restent plusieurs jours dans la Pokéball, comment survivent-ils ? Le directeur m’a répondu que malheureusement le phénomène de stockage est encore très méconnu. Peu d’avancées ont été effectuées depuis les travaux de notre précurseur Léo sur le stockage Pokémon. La thèse la plus populaire serait un état de stase physique et mental, comme une veille biologique. Mais cet état n’est pas dans la nature même des Pokémons si vous observez bien. En effet, pour entrer dans une Pokéball, il faut qu’un Pokémon soit consentant ou très affaibli. C’est donc la preuve que les Pokémons vivent normalement sans ce stockage, mais vu qu’aucun Pokémon ne semble souffrir du stockage, nous pouvons aussi en déduire que c’est inoffensif pour eux.
Platane finit par conclure.
- Sur cette entrevue, je suis parti de l’usine, avec de nombreuses réponses à mes questions, mais une foule de nouvelles questions en tête. J’espère que vous avez apprécié l’exposé, je suis quant à moi, content d’avoir pu partager cette expérience avec vous et je suis ouvert à toute suggestion sur les différents points d’ombres qu’il reste à élucider dans le processus de stockage Pokémon.
Sous les applaudissements des autres professeurs, Euphorbe se lève et marche jusqu’au tableau, à côté de Platane.
- Merci pour cet exposé qui soulève de nombreuses questions et dont les problématiques feront l’objet de discussions entre nous, j’en suis sûr.
Platane retourne s’asseoir et le Motisprojecteur s’éteint péniblement.
- Avant de passer à la suite, poursuivit Euphorbe, je vous invite à tous venir partager un repas composé de spécialités locales, à la suite duquel nous procéderons à notre traditionnelle table ouverte.
- Quand allez-vous finir par nous présenter le Professeur Magnolia ? s’empresse Orme.
- Ne vous inquiétez pas, elle et moi vous réservons une surprise pour la fin de la journée.
Le repas commence dans un sentiment de gêne et de confusion. Il est en effet étrange de commencer un repas avec une personne que l’on ne connait toujours pas et tous s’interrogent sur la raison de sa venue. Mais cette nouvelle professeure étant très discrète, les autres ne tardent pas à retrouver leur sens du débat habituel. La conversation commence évidemment par le sujet que vient de présenter Platane et tout le monde y va de son commentaire mais les discussions évoluèrent rapidement pour devenir bien moins professionnelles. Après avoir comparé les spécialités gastronomiques de chaque région, les professeurs défendent chacun leur sport Pokémon favoris. Il faut dire qu’une réunion par an permet d’arriver avec beaucoup de nouvelles histoires à chaque fois.
Le dessert terminé, Euphorbe n’attend pas que les débats s’interrompent avant de lancer la suite, il sait par expérience que cela peut durer très longtemps.
- Du calme tout le monde, je vous propose de reprendre ces débats un peu plus tard cette après-midi, nous avons encore du travail il est donc temps de nous y remettre.
Il dirige le groupe à travers plusieurs couloirs donnant sur des salles de classes pour finalement déboucher dans une grande salle au milieu du bâtiment. Le groupe y entre en file indienne.
- Nom d’un Racaillou ! s’esclaffe le Professeur Chen en entrant.
La pièce est la reconstitution parfaite d’une grotte. Les murs sont faits en pierres très anciennes et la luminosité est plutôt faible. Seuls quelques spots éclairent cette salle qui n’a aucune fenêtre. Au centre de cette pièce est disposée une grande table ronde en pierre, autour de laquelle sont installées huit chaises.
- Je vous en prie, installez-vous, dit Euphorbe.
Tous se regardent avec un peu d’hésitation.
Keteleeria regarde avec compassion Magnolia, la salle a beau être très atypique, passer l’après-midi sur des chaises en cailloux n’est pas très conseillé, vu l’âge de cette dame. Elle ne dit rien et s’asseoit. Whouff !! La surprise est totale. La chaise en pierre se trouve en réalité être d’un confort digne des meilleurs canapés.
Le Professeur Euphorbe se met à rire.
- Plutôt étonnant non ?
- Mais…Mais…, hésite Keteleeria
- Et oui il ne se faut pas fier aux apparences, cette salle fait partie des projets de nos élèves.
Une fois tous installé, il continue.
- Tous les ans, en fin d’année, les élèves se réunissent pour préparer ce que nous appelons le « Projet Kecleon ». Il s’agit de reproduire au mieux un habitat naturel des Pokémons grâce à leurs observations sur le terrain. Cette année les enfants se sont inspirés d’une grotte sous le Mont Wela. Tout ce qui vous entoure est totalement artificiel, d’ailleurs quelque chose aurait dû vous mettre sur la piste.
Le Professeur laisse quelques secondes au groupe, qui ne parait pas trouver où il veut en venir.
- Allez, je vous aide, lança-t-il, n’y a-t-il rien de surprenant dans cette salle ?
- Mais oui bien sûr, s’écrie Professeur Chen, dans une grotte il fait très souvent froid et humide alors qu’ici la température est la même que dans les couloirs.
- Bien vu, effectivement, la pièce est tempérée comme le reste du bâtiment.
- C’est une excellente initiative Professeur, le félicite Chen, cela doit permettre aux élèves d’apprendre quantité de choses par eux-mêmes ce qui..
- Oh regardez sur le mur du fond ! le coupe Orme, euh désolé de vous interrompre Professeur Chen, mais regardez par vous-même !
Platane fronce les sourcils et scrute le mur du fond :
- Incroyable, Il est écrit BIENVENUE AUX PROFESSEURS en Zarbi !
- Mais enfin…, hésite Orme, les avez-vous importés ?
- Non non, rassurez-vous, ce ne sont que des dessins, plutôt bien fait je dois le reconnaitre. Vous rappelez-vous de ma conférence que les espèces régionales ? Je vous avais bien expliqué que pour protéger au maximum les espèces régionales, notamment à Alola, il fallait éviter les imports d’autres régions. Ce ne sont donc que des représentations, les élèves de cette année ont beaucoup apprécié la particularité des Zarbi et ont donc essayé de reconstruire leur habitat, la grotte dans laquelle vous êtes. Ce message est leur manière de vous souhaiter la bienvenue, expliqua Euphorbe.
- C’est très sympathique de leur part, conclut Platane.
- Je suis ravi que la salle vous plaise, j’en ferai part aux élèves demain pendant les cours, poursuivit Euphorbe. Cependant, je vous rappelle que nous sommes ici pour continuer cette journée ensemble autour du traditionnel échange libre, je vous invite donc à prendre la parole et à poser toutes les questions que vous pouvez avoir.
Le reste de l’après-midi se déroule plus calmement que le repas. Après la qualité de celui-ci et l’heure de la digestion, le moelleux des chaises a raison des ardeurs de la plupart des professeurs. Les discussions tournent autour de deux points principaux, la nécessité d’assurer la pérennité du statut de professeur, et la possibilité d’étendre le concept d’école Pokémons aux autres régions.
La première interrogation est une inquiétude récurrente des réunions annuelles des professeurs. En effet, il est difficile de trouver des étudiants qui ont la volonté de reprendre les travaux des professeurs. Si aucun autour de la table n’a envie d’arrêter, certains sont pleinement conscients que leur âge avancé les pousse à trouver quelqu’un pour reprendre leurs travaux. Tout en sirotant des jus de baie locaux, les professeurs tombent d’accord pour dire que le manque de prétendants à la reprise de leurs études vient très certainement du manque de clarté du rôle de professeur. En tant que médiateurs des relations Humains-Pokémons, il n’existe pas de fiche de poste pour devenir professeur. Afin d’essayer de remédier au mieux à cette problématique, ils décident que d’ici à la prochaine réunion, chacun doit lister les cinq tâches qu’il effectue le plus ou qu’il estime être les plus importantes dans son travail au quotidien, puis de venir les présenter aux autres professeurs.
- En mettant toutes ces informations en commun lors de la prochaine réunion, je pense que nous aurons une idée plus précise de ce que doit faire un Professeur Pokémon, et ainsi axer nos recherches d’étudiants sur ces points clés, conclut Euphorbe.
Ce point passé, le deuxième grand sujet est l’exportation du concept d’école Pokémons aux autres régions. Le sujet a été présenté par Euphorbe lors du dernier séminaire, et il a été convenu que chacun devait y réfléchir et donner son avis cette année pour pouvoir soumettre l’idée à un vote. L’heure de la digestion est maintenant passée, les débats sont plus énergiques.
- Comme je vous l’expliquais l’année dernière, rappelle Euphorbe, nous avons énormément de bons retours sur cette école et sur son format en général, j’aimerai donc que nous discussions de la diffusion de ce projet à vos différentes régions, avez-vous pu prendre le temps d’y réfléchir ?
Un court silence suit cette question, mais dans cette ambiance caverneuse, ce moment de calme est un peu pesant.
- Bien, je me lance, dit le Professeur Chen, j’y ai bien réfléchis et je ne suis pas particulièrement pour.
Un nouveau silence s’installe, celui-ci plus long que le premier. Seul face à ce silence, Chen continue, impassible.
- Euphorbe, je respecte ce que tu fais ici, je suis conscient du temps et de l’implication que cela te demande au quotidien et tout le monde ici est convaincu de l’aide que tu apportes aux élèves. Cependant, j’ai une autre conception de l’éducation. Je pense que le meilleur apprentissage reste la spontanéité et la découverte. En effet la curiosité les mène souvent d’eux-mêmes vers une éducation Pokémon. Je pense que les professeurs doivent simplement être présents quand les enfants ont une question pour y répondre. Nous devons plutôt leur servir de guide que d’éducateurs.
- Et pourtant, nous portons tous ici le titre de Professeur, lui balance Euphorbe.
Cette réflexion sonne comme un coup de cloche déclarant le début des hostilités.
- J’ai aussi étudié la question, enchaîne Keteleeria, qui ne laisse pas à Chen le temps de répondre à l’attaque d’Euphorbe, et au-delà de la question sur la tournure de l’éducation que nous voulons donner aux plus jeunes, il y a des questions logistiques qui se posent. Qui va financer la construction d’un complexe comme celui que vous avez ici dans nos régions ? Et comment recruter une équipe de professeurs qui partagent nos idées alors que nous peinons à trouver ne serait-ce qu’un remplaçant à chacun d’entre nous ?
- Oui mais Keteleeria, intervient Platane, si tu regardes un peu plus loin que ces problèmes, ce concept d’école est très intéressant. Il permettrait d’amener les élèves vers des sujets d’études de Pokémons bien plus ludiques et diversifiés que simplement savoir qui a le Pokémon le plus puissant de la cour de récréation. Et qui dit plus de sujets à traiter, dit une plus forte chance de trouver des experts prêts à venir faire cours dans notre école.
Seko s’empresse de prendre la parole.
- Je partage l’analyse de Platane, cependant, le point qui m’inquiète le plus est le temps à consacrer au montage du projet. Il faut d’abord trouver un endroit où faire cette école, un endroit comme ici adapté au développement de Pokémons en milieu naturel afin de pouvoir mener des observations concrètes. Ensuite, comme Keteleeria l’a soulevé, il faut trouver les personnes ayant le moyen de financer cette école et les convaincre de l’intérêt de ce projet. Il faut ensuite parcourir la région pour trouver une équipe de professeurs potentiels, brillants dans leurs domaines respectifs, et qui veulent bien eux aussi vous suivre dans votre projet d’école. Si après tout ceci, vous arrivez à monter l’école, il faut assurer des cours à heures fixes, fixer des objectifs.
Seko soupir.
- Désolé mais je n’ai pas le temps de me battre pour mettre ce genre de projets en place, je ne compte pas abandonner mes recherches pour un succès hypothétique.
- Enfin Seko, essayez de voir plus loin que votre propre intérêt personnel, dit Sorbier en lui jetant un regard froid, non seulement ces établissements seront bons pour la progression des élèves mais ils seront surtout une aubaine pour les Pokémons !
- Pour les Pokémons ? se renfrogne Seko devant l’enthousiasme de Sorbier, vous voulez aussi donner des cours aux Pokémons ?
- Pas du tout, ils en savent bien plus que nous sur eux-mêmes, simplement regardez autour de vous. Quelle est la raison principale de Pokémons malheureux ou agressifs dans la nature ? Exact, ce sont des dresseurs ou du moins des humains malveillants. Nous ne pourrons pas changer la part de dresseurs méchants envers leurs Pokémons, mais songez un instant à tous les duos Pokémons/Dresseurs qui se sont brisés par manque de compréhension entre les deux ? Si nous pouvons aider les élèves à mieux comprendre les Pokémons cela permettra aux Pokémons de mieux s’intégrer à notre société, j’en suis convaincu.
- Le bien être des Pokémons est un excellent argument, ajoute Orme.
Un nouveau silence se fait entendre, tout le monde étant persuadé qu’Orme va développer.
- Et donc…, lance Euphorbe en regardant Orme.
- Et donc quoi ? Lui répond ce dernier avec un regard interrogateur.
- Et donc vous êtes le seul à ne pas avoir donné votre avis ici, insiste Euphorbe.
- Ah oui pardon, écoutez j’ai entendu tous vos arguments et il risque d’être très difficile de nous mettre d’accord pour un mode de fonctionnement unique. Pour ma part, je pense que ce projet n’a d’intérêt que s’il permet un échange entre les élèves.
Nouveau silence, Euphorbe fait un signe de tête agacé à Orme, lui faisant comprendre qu’il serait bien qu’il finisse de s’exprimer sans avoir à se faire désirer.
- Nos régions ne sont pas si grandes que cela et créer une école Pokémons verrait des classes avec des élèves qui se connaissent déjà très bien, l’ouverture en est grandement limitée. Pour moi ce projet d’écoles ne justifie les investissements que nous allons devoir faire que si les échanges entre classes de différentes régions sont fréquents. C’est ainsi que les enfants apprendront le plus vite, par le partage, conclut Orme.
Étrangement, personne ne trouve à redire et l’avis d’Orme marque la fin de ce tour de table mouvementé entre professeurs.
Euphorbe décide de trancher sur la question.
- Bien, merci à tous d’avoir travaillé la question je pense que nous avons fait le tour des avis de chacun sur ce projet. Nous étions censés voter pour ou contre l’exportation du concept d’école Pokémon, or vu ce qui vient d’être dit précédemment, je pense que nous n’arriverons pas à avoir une unanimité. Je propose donc de modifier l’ordre du jour.
Silence dans la salle, tout le monde attend qu’Euphorbe s’explique.
- Peut être ne nous sommes-nous pas posés la bonne question. Est-ce qu’au lieu d’exporter aux autres régions, nous ne pourrions pas exporter à une région ?
Ça y est tout le monde commence à voir ou il veut en venir.
- Si l’un d’entre vous se sent de le faire, je propose de créer une école pilote dès la rentrée prochaine sur sa région. Cette école nous servira de test et nous pourrons ainsi voir de manière pratique et factuelle si toutes les interrogations que nous avons sont légitimes.
À la manière d’élèves n’ayant pas appris leurs leçons, tous les professeurs essayent de ne pas croiser le regard d’Euphorbe, de peur de se voir poser la question de manière direct.
- Enfin chers collègues, ce n’est pas une punition que je vous inflige. Nous sommes tous ici pour faire avancer les recherches sur les Pokémons et nous sommes tombés d’accord pour dire que si nous n’intéressons pas les générations suivantes, notre profession est en danger, il nous faut quelqu’un qui soit prêt à prendre le risque, quitte à assumer son échec.
- Facile pour toi, lance sèchement Chen, tu as déjà ton école, tu es sûr de ne pas avoir à faire cet investissement.
- Professeur Chen, depuis le temps que l’on se connait, suis-je du genre à me défausser ? Je vous dis ça car je pense que c’est la bonne solution, et je pense que vous le savez. Non effectivement, je n’aurai pas à monter d’école puisqu’il y en a déjà une ici, mais vous pouvez être sûr que si quelqu’un se décide à le faire, il aura accès à tout ce que je sais sur cette école afin de pouvoir monter la sienne dans les meilleures conditions. S’il le faut, je suis même prêt à m’engager financièr…
- Moi je suis volontaire, le coupe Platane.
Euphorbe se tourne lentement pour estimer si cette intervention exprime une réelle envie de participer au projet, ou juste de mettre fin à ce débat. Non, la détermination dans les yeux de son collègue et ami ne laisse aucun doute, il va monter ce projet de nouvelle école avec Platane. Et cela le soulage quelque part, car, si le groupe de professeur est de très bonne compagnie, chacun à son caractère et comme dans n’importe quel groupe, des affinités se créent. Quitte à aider quelqu’un, autant que ce soit son ami Platane.
Il n’est pas pour autant question pour lui de laisser paraitre son enthousiasme devant le collège de Professeur, par respect pour les autres.
- Merci Platane, cela ne m’étonne pas de toi, tu as toujours été le plus curieux envers mon école, et je serai content de t’accompagner dans ce projet, dit simplement Euphorbe.
- Je pense aussi que s’il faut choisir une personne tu es la mieux placée d’entre nous pour lancer ce projet, ajoute Seko, tu nous as montré avec ton exposé de tout à l’heure que tu avais largement la prestance et la pédagogie pour devenir un bon enseignant.
Ils acquiescent.
Keteleeria se lève comme pour donner un aspect plus solennel à son intervention.
- Donc si nous sommes tous d’accord, modifions la question à l’ordre du jour et procédons au vote avec cette nouvelle question : « Etes-vous favorable au fait que Professeur Platane prenne la direction du projet visant à installer une école Pokémons dans sa région, à Kalos ? »
Le tour de table est alors une formalité, tous sont favorables. Les professeurs approuvent un par un et tout semble facile jusqu’à ce que le tour de table s’arrête à la droite d’Euphorbe, sur le Professeur Magnolia. Devant le silence de la vieille dame au large sourire toujours intact, un malaise s’installe.
Ketekeeria décide de briser le silence.
- Euphorbe, pensez-vous nous présenter un jour la nouvelle professeure présente à vos côtés. Depuis le début de la journée elle est avec nous, écoute tout ce que nous disons sans jamais participer, et cela devient un petit peu gênant. Quel est le but de sa venue ? Va-t-elle même prendre la parole à un moment où va-t-elle finir la journée en tant que spectatrice ?
- Désolé à tous si cette situation vous dérange, je ne pensais pas que cela se passerait ainsi. Professeur Magnolia et moi avions convenu qu’elle se servirait de cette réunion pour découvrir comment une réunion de professeurs se déroulait. Je vous propose de vous présenter Magnolia juste après l’officialisation des votes en faveur de l’école Pokémon de Kalos, n’oublions pas que c’était le sujet initial.
- De toute façon, enchaine Seko, il me semble que l’issue du vote est connue étant donné que nous sommes tous d’accord pour que ce projet prenne vie.
- Plus que de notre accord, c’est de notre soutien que le Professeur Platane a besoin. Nous avons tous ici assez d’expérience dans nos domaines pour savoir qu’en s’y mettant tous, nous décuplons nos chances de créer une école Pokémons qui réponde à nos attentes, conclut Euphorbe.
Ce dernier se lève.
- Afin d’être sûr que ce projet ne tombe pas dans l’oubli, je vous propose de laisser six mois au professeur Platane pour lister ce dont il pense avoir besoin à court terme. Programmons-nous une visio-conférence tous ensemble au bout de ces six mois afin de voir comment nous pouvons aider le Professeur Platane à surmonter les premières difficultés qui vont se dresser sur son chemin.
Cette fois ci, le projet semble retrouver de l’intérêt auprès des professeurs et tous manifestent leur soutien à Platane pour son école.
- Merci à tous, j’apprécie votre soutien, je vais m’atteler aux démarches pour la création de cette école dès mon retour à Kalos.
- Bien maintenant que nous avons traité de nos sujets à l’ordre du jour, je pense qu’il est temps pour moi de vous expliquer la présence du Professeur Magnolia à notre réunion.
La vieille dame se lève, lentement mais de manière autoritaire. Malgré son âge avancé et son physique, elle dégage un certain charisme qui pousse Euphorbe à s’interrompre.
- Je vous remercie Professeur Euphorbe, mais ne serait-ce pas plus opportun si je me présentais moi-même ? Ce sera pour tout le monde l’occasion de découvrir que je ne suis pas muette, dit Magnolia en affichant un grand sourire.
Les autres professeurs ne sachant pas à quoi s’attendre, sa blague ne récolte que des rires un peu gênés.
- Excellente idée, je vous en prie allez-y, dit Euphorbe en se rasseyant.
- Tout d’abord merci à tous de m’avoir accueillie durant votre journée et si quelques-uns avaient des doutes sur les raisons de ma présence, je leur suis reconnaissante d’avoir été bienveillants avec moi. Pour ceux qui n’auraient pas bien écouté je m’appelle donc Professeur Magnolia et je suis votre homologue pour la région de Galar.
- La région de Galar ? demande Sorbier.
- Oui je sais ce que vous vous demandez, pourquoi ne jamais en avoir entendu parler avant ? Et bien Sachez que la région de Galar est une île au nord de Kalos et que nous sommes longtemps restés assez reclus sur nous même, notre politique intérieur nous a poussé à nous replier sur nous-même et nous n’avons pas pris pour habitude de regarder ce qui se fait ailleurs. Mais voyez-vous dernièrement j’ai discuté avec un voyageur qui venait d’Alola et qui m’a expliqué comment fonctionne cette école Pokémon. Cela a piqué ma curiosité et j’ai donc décidé d’entrer en contact avec le Professeur Euphorbe.
Pendant qu’elle s’explique, Platane ne peut s’empêcher de penser à cet article scientifique qu’il semble avoir lu jour et qui était signé du nom de Magnolia. Il décide de poser la question.
- Excusez-moi de vous interrompre Professeur Magnolia, mais écrivez-vous des articles pour des revues scientifiques ?
- Je suis contente de voir que mes articles ont réussis à dépasser le bras de mer qui nous sépare, Professeur Platane, pour arriver jusqu’à vous.
- En revanche, désolé mais je ne me rappelle plus du contenu de cet article.
- Aucun souci, il devait concerner le sujet sur lequel je travaille depuis des années, les terres sauvages, répond la vieille dame, toujours appuyée sur sa canne.
Le Professeur Euphorbe ajoute.
-Je suis ravi que vos discussions vous amènent aux terres sauvages, que j’ai évoquées avec Professeur Magnolia. Elle est entrée en contact avec moi et après quelques échanges, elle a demandé si elle pouvait venir visiter l’école d’Alola. J’ai pris la liberté de l’inviter durant notre réunion annuelle car j’ai pensé que cela pourrait l’intéresser. Nous avons toujours su accueillir de nouveaux Professeurs et je pense qu’aujourd’hui, nous devrions donner sa chance au Professeur Magnolia pour venir rejoindre notre équipe. Qu’en pensez-vous ?
- Je pense que l’optique de notre groupe est de partager au maximum nos expérience, alors pourquoi nous priver d’une Professeure de plus et de son savoir, dit Orme.
- Aussi, une présence féminine supplémentaire ne sera pas de trop dans ce groupe, dit en ricanant Keteleeria.
Tous vont dans ce sens et Magnolia est, à l’unanimité accueillie comme nouvelle membre de ce groupe de professeurs.
- La sympathie dont vous faites preuve me touche beaucoup et même si je suis très peu intervenue aujourd’hui, j’ai apprécié être avec vous et j’ai déjà hâte de faire la prochaine réunion, ajoute timidement Magnolia.
- Puisque vous avez si hâte, pourquoi ne seriez-vous pas la personne qui nous présentera un sujet d’étude l’année prochaine ? questionne Chen.
- Pourquoi ne pas nous expliquer ce concept de terres sauvages ? ajoute Platane.
- Mais avec plaisir, officialisons cela, je ferai l’exposé de l’année prochaine sur les terres sauvages. Et pour vous remercier, je vous propose de tous nous retrouver à Galar, au cœur de ces terres sauvages. Est-ce que cela vous convient ?
Comment refuser ? Une certaine euphorie gagne le groupe de professeurs, une nouvelle région est synonyme d’aventures et s’il y a un bien un point commun entre tous les professeurs, c’est d’avoir tous été des aventuriers. Et si les recherches, l’âge, ou les activités annexes sont autant de freins à l’aventure, tous savent le plaisir que sera de découvrir une nouvelle région. Et qui dit nouvelle région dit surtout, nouveaux Pokémons.
- Professeur Magnolia, j’ai tellement de questions mais avant tout, pouvez-vous nous décrire des Pokémons de votre région que nous ne connaissons pas ? S’il vous plait, implore Sorbier.
Entrer dans la pièce à ce moment précis aurait pu donner l’impression d’être dans une classe d’enfants attendant leur premier Pokémons, plutôt que de professeurs directeurs de recherche.
Voilà ce qui est beau avec les Pokémons, se dit Platane, on a beau penser en avoir fait le tour, à chaque nouvelle annonce nous retrouvons notre curiosité et notre excitation d’enfant.
- Oh oui je peux vous en parler avec grand plaisir, car comme vous tous j’aime ma région et tous les Pokémons qui s’y trouvent, dit Magnolia.
- Faisons un jeu dans ce cas, disons que vous devez nous en présenter deux, lesquelles choisissez-vous ? dit Chen.
- Je suis contente que ce soit vous qui me posiez la question, dit Magnolia en fixant le Professeur Chen, si je ne dis pas de bêtises, vous avez un Pokémon appelé Canarticho qui vient de votre région, Kanto.
- C’est exact, un Pokémon très sympathique mais qui adore se battre avec son légume.
- Et, arrêtez-moi si je me trompe, mais c’est un Pokémon unique.
- Exact, répond Chen avec un regard interrogateur.
- Et bien figurez-vous que Carnarticho possède une évolution à Galar, Palarticho.
- Comment est-ce possible ? s’écrie le professeur Chen.
Un brouhaha commence à s’élever de la table des professeurs, chacun y allant de son commentaire.
- Figurez-vous qu’à Galar, les Canarticho se réunissent pour organiser des combats dans les forêts et les plus forts d’entre eux, après un certain nombre de victoires, évoluent en Palarticho, explique Magnolia.
- Je sens qu’une année à attendre avant d’aller visiter cette région va nous paraître une éternité, dit en rigolant Orme.
- Je suis bien d’accord avec toi, et encore, nous n’avons appris la découverte que d’un Pokémon, lui lance Seko.
- Eh bien pour le deuxième Pokémon, je peux vous parler de Charmilly.
- J’adore son nom, s’enquit Keteleeria.
- Et attendez de voir sa particularité, c’est un Pokémon qui possède de très nombreuses formes, il en est répertorié trente-deux aujourd’hui par les chercheurs.
- À la manière des évolitions ? répond Platane.
- Et bien pas tout-à-fait car figurez-vous que ce Pokémon conserve son type unique, fée, dans ses différentes formes. La particularité de Charmilly vient de sa capacité à créer de la crème fouettée.
- En posséder doit être le rêve de tout pâtissier à Galar, glisse Orme.
- Eh bien, c’est vrai qu’ils sont appréciés, mais ils se servent aussi de ce talent pour combattre, il faut donc être attentifs à leur bien-être. Et donc, chaque forme de Charmilly possède son propre parfum de crème fouettée. Les recherches sont toujours en cours sur ses préférences de reproduction par exemple. Est-ce qu’un œuf de deux Charmilly de goûts différents donnent un troisième goût ? Combien de types différents existe-t-il ? Vous voyez c’est un Pokémon à la fois très présent et très mystérieux à Galar.
- Je suis déjà absolument fan de ce Pokémon, s’écrie Keteleeria.
- J’étais sûre que celui-ci vous plairait, se réjouit Magnolia.
L’impatience se fait sentir dans la salle et tout le monde assaillit Magnolia de questions sur les Pokémons de Galar, leurs habitudes, leurs habitats.
Euphorbe se lève et agite les mains.
- S’il vous plait, je sais que vous avez beaucoup de questions, moi aussi d’ailleurs, cependant je vous demande d’attendre encore un peu car si le Professeur Magnolia est venue jusqu’ici ce n’est pas juste pour intégrer notre groupe, elle a une révélation importante à nous faire et son inquiétude est grande.
La dernière phrase d’Euphorbe jette un froid dans la salle. L’ambiance n’est plus à la fête et tout le monde se tourne doucement vers Magnolia, qui, pour la première fois de la journée, délaisse son sourire pour une expression beaucoup plus froide.