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Vermine de Aespenn



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Informations

» Auteur : Aespenn - Voir le profil
» Créé le 06/10/2019 à 22:05
» Dernière mise à jour le 24/10/2019 à 09:01

» Mots-clés :   Absence de combats   Absence de poké balls   Conte   Drame   Kanto

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Conflit
Bonjour à vous ! Avec une semaine de retard, quelle honte ! Le second chapitre de cette fiction pour le concours, encore une fois un immense merci à MissDibule pour sa super bêta et merci à ceux qui me liront !
N'oubliez pas que vous pouvez jouer aux devinettes si vous le souhaitez, cette dernière étant : essayez de deviner le jeu vidéo qui a pu m'inspirer pour cette fanfiction.
Celui ou celle qui devinera juste pourra me soumettre son Pokémon préféré qui apparaîtra dans la prochaine fanfiction "Le Soldat De Plomb".
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! (^_^)/






Voir.
Une merveilleuse faculté dont la plupart des êtres vivants sont dotés. Un don niché au creux des pupilles, qui peuvent posséder moult couleurs ; mais le cadeau se transforme en banalité, si bien que l’on ne connaît sa valeur qu’une fois qu’on l’a perdu.
On ferme les yeux et l’obscurité angoissante nous pousse à lever le voile de ses paupières afin de regagner la lumière du jour.
Voir, c’est une bonne chose. Réaliser, c’est mieux.

Will réalise.
Le jeune Rattata a regagné ses égouts. Il a retrouvé sa fidèle colonie en train de végéter après le fringant repas arraché du bâtiment aux machines.
Les charognards s’endorment une fois les vestiges de la grande carcasse aux ordures engloutis.
Eux, ils ne voient pas. Ils ne réalisent pas.

Will se fige. Le Pokémon s’est assis sur son petit derrière, sa queue fouettant l’air en un geste distrait. Son cœur tambourine, son cerveau brasse les souvenirs de ces dernières heures avec les paroles du Zigzaton de Galar ainsi que les fissures sur sa bulle.

Une conversation pour lui montrer le monde. Will ne sait pas encore s’il apprécie cela ou non… la routine est quelque chose de rassurant, mais surtout : il aurait peut-être préféré ne pas voir.
Ne pas sentir l’odeur nauséabonde, infâme des égouts de Céladopole. Pourquoi, diable, doivent-ils vivre dans la crasse des autres ? Le jeune Rattata réprime un haut-le-cœur lorsqu’il aperçoit plusieurs de ses congénères se traîner jusqu’au conduit des eaux usées.
Comment peut-on s’abreuver d’un tel bouillon d’immondices ? On lui dira que l’organisme des Rattata est si solide, si habitué à la faim et à la soif, si tenace qu’il peut absorber n’importe quoi.
Est-ce seulement une raison pour continuer à le faire ?

Will voit. Il voit vraiment.
Le Pokémon se tient assis sur une vieille canalisation. Il aime sentir l’eau qui y circule en la faisant trembler. D’ailleurs, avec tous ces édifices souterrains réalisés par les humains, cette absence de nature hormis les vestiges d’une eau claire parmi les déchets des géants de chair, Will a toujours eu la sensation de les voler un petit peu plus. Avait.
Maintenant, il réalise la misère.

La vermine est bonne à ronger les cordes.

Oui, aussi. Elle est bonne à s’entasser comme un seul Pokémon sur une plateforme trop petite. À se monter les uns sur les autres sans se voir, à se piétiner afin de se rendre sur un morceau de béton humide, plus accueillant.
La vermine est bonne à agir par instinct.

Will les voit. Il les voit décharnés comme une armée de morts. Des squelettes ambulants vêtus d’une peau lâche aux poils clairsemés.
La vermine ne peut même pas vivre correctement. Et pourtant… La vermine prolifère, elle se reproduit encore et encore jusqu’à ce que chaque continent, sûrement, ait son lot de Rattata.
Pourquoi faire ? Ils ne connaissent rien du tout.

Vous êtes partout, mais vous ne connaissez pas le monde… c’est assez cocasse.

Galar. Hoenn. Kanto.
Will se gratte le crâne alors que ses oreilles rondes tressautent.
Ah, vraiment !
C’est vrai qu’il ne connaît rien. Sa réalité s’arrête aux frontières de Céladopole et après… Après il ne sait pas. Les membres de la colonie ne savent pas non plus et de toute manière, personne ne cherche à savoir.

La connaissance ne nourrit pas alors, ils sortent, il mangent, ils rentrent, ils dorment.
Sortir. Manger. Rentrer. Dormir.
Tous les jours. Tout le temps.
Will voit.

Face à lui, dans cette marrée de Rattata crasseux, il y en a qui comportent encore quelques traces de sauce industrielle dans leurs pelages violines… Elles ne passent pas inaperçues et finissent englouties. Les membres de la colonie se battent. C’est à qui arrachera la touffe de poils badigeonnée de cette graisse produite par les humains.
Ils se battent pour cela.

Will pousse un soupir à fendre l’âme. Mais le spectacle continue. Il s’agit d’un ballet miséreux, dont il a fait partie lui aussi il y a encore quelques heures : les Rattata se baignent dans l’eau sale, dorment sur les canalisations, se battent pour une miette de pitance, maigrissent lorsque cette dernière n’est pas assez nourrissante, s’entassent quand la place leur manque, stagnent, se reproduisent, et meurent.

Parmi eux, un membre de la colonie massif a la queue cassée.
Il fend la foule, jouant des épaules afin de se frayer un chemin, son regard écarlate luisant dans la pénombre des égouts.
Will aperçoit la peau lâche de son ventre, son pelage terne, ses incisives jaunâtres.
Pourquoi son père, si respectable et admirable à ses yeux, lui apparaît désormais comme l’ombre de lui-même ?
Ou plutôt : l’ombre de son ombre ?
Le cœur de Will s’accélère alors qu’il clôt ses paupières quelques secondes. Ce changement l’intrigue et le terrifie à la fois si bien que les regrets commencent à poindre leurs hideux visages.
Non. Maintenant que le décor trompeur de misère s’est enfin effondré, il n’a plus qu’à regarder.

« Est-ce que tu as pu manger ? » interroge une voix grave.

Son père l’a rejoint sur la canalisation. Comme Will, il fait face à la colonie mais dans son esprit, il l’embrasse comme une grande famille. Il est fier de cette marmaille qui s’agite dans les tréfonds de Céladopole. La misère, il ne la voit pas.
Dans sa tête, les Rattata ne sont pas des vermines mais des grands survivants au beau milieu d’une existence qui ne leur rend pas la tâche facile.

« J’ai trouvé des épluchures à la décharge. » répond Will.

Son père opine du chef.
Il prévoit déjà le prochain assaut pour le bâtiment aux machines. De toute manière, la colonie ne trouvera jamais un autre endroit qui recèle autant de nourriture. Alors il faut simplement continuer et faire comme d’habitude : entrer, fureter, prendre et déguerpir.
C’est ainsi qu’ils s’en sortent ; C’est ainsi qu’ils doivent continuer.

« La prochaine fois… amorce le Rattata massif.
- Pourquoi faire ? »

Le père se tourne vers son fils avec des gestes si vifs qu’il manque de tomber dans l’eau poisseuse.
Qu’est-ce qu’il lui prend tout à coup ?
Will fixe la colonie d’un air vague. Il semble penser. À quoi, donc ?

« Papa… reprend Will, Et si… et si pour une fois… on essayait de trouver notre nourriture ailleurs ? Et si on voulait dormir autre part que dans les égouts des humains ? Et si on voulait seulement voir d’autres paysages ? Et si…
- Et si tu cessais de dire des absurdités ? »

La voix devient cassante, le regard flamboyant alors que dans son esprit, le Rattata massif ne parvient pas à comprendre les paroles de son propre fils.
Que lui arrive-t-il ? L’humaine a-t-elle frappé trop fort avec son balai ? Will pense-t-il seulement qu’ils peuvent se permettre d’aller et de venir au gré de leurs envies ?

« Tu penses que nous avons le luxe de parcourir le monde au gré de nos envies ? Sais-tu seulement combien nous sommes, dans cette colonie, Will ? Combien il y a de bouches à nourrir ? Nous ne pouvons pas nous permettre de fonder nos vies sur des incertitudes. Ici, à Céladopole, nous avons trouvé une façon de survivre qui fonctionne. Que va t’apporter de beaux paysages, si tu as le ventre vide ? »

Will baisse la tête. Son père n’a pas tort.
Mais… il ne comprend pas ou plutôt : il ne peut plus.
Si le Zigzaton de Galar a réussi à parcourir des milliers de kilomètres pour venir jusqu’ici, seul, pourquoi pas eux ?

« Est-ce ça te va seulement de survivre, papa ? Toi… toi qui ne peux pas évoluer, parce que tu uses toute ton énergie à guider la colonie... »

Le Rattata massif pousse un long soupir. Will sait qu’il a mal au cœur, qu’il souffre de cette situation parce qu’il a simplement honte de ne pas pouvoir devenir un Rattatac.
Il n’est qu’un vieux Pokémon fébrile aux os épais, à la peau lâche et à la force inexistante. Même sa carrure semble factice.

« Tant que nous sommes vivants… amorce-t-il.
- Nous ne le sommes pas. »

Will racle la canalisation de ses petites griffes. Il sent sourdre quelque chose en lui, une émotion puissante qui se manifeste dans ses entrailles afin de grimper jusqu’à sa cervelle et lui murmurer le mot "vermine" à l’oreille.
C’est injuste. Mais les Rattata l’ont certainement voulu, non ?

« Nous mangeons des ordures, nous vivons parmi la crasse et même l’eau que nous buvons est sale ! s’insurge Will, tu ne trouves pas que nos existences sont presque proches de la mort ? »

Le jeune Rattata s’attend à recevoir les réprimandes mais il se met à ciller lorsqu’il entend son père rire. Sa queue cassée se balance telle une cloche tordue et ses dents jaunes jurent avec ses gencives rouges.
Combien de Rattata ont eu la gueule infectée de la sorte à avaler des déchets ? Beaucoup trop.

« Tu tiens de beaux discours, mon fils. Tu emploies de jolis mots, mais qui t’as appris à penser ainsi ? Ces idées sont-elles seulement les tiennes ? Tu dis que nos existences sont proches de la mort et tu as sans doute raison. Peut-être que nous, Rattata, n’avons pas été créés pour être heureux. Peut-être sommes-nous aux autres Pokémon, ce que les maladies sont aux humains : indésirables. Mais c’est simplement ainsi.
- Mais… »

Le Rattata massif émet un sifflement dédaigneux.
Will ne saisit pas. Si son père pense que leur condition est misérable, pourquoi est-ce qu’il ne fait rien pour la changer ? Pourquoi est-ce qu’il accepte cette vie de misère comme un karma bien sombre qui serait leur dû… Cela n’a aucun sens !
Devinant ses tristes pensées, le Rattata massif se contente d’ajouter :

« Si tu n’es pas d’accord avec ta vie, Will. Si tu ne peux plus supporter d’être un Rattata, tu ne peux te plaindre qu’au dieu Arceus, mon fils. »

Arceus ?
Le jeune Rattata regarde son père fureter vers la colonie. Les autres Pokémon ont commencé à s’agiter… ils songent déjà au repas de demain et ils ne pensent qu’aux frites ainsi qu’à la sauce industrielle du bâtiment aux machines.

Arceus ?
Une Rattata de la colonie attend des petits.
Elle s’inquiète de la nourriture, mais aussi de l’eau dont elle s’abreuve : il est impensable de consommer celle des égouts. Son organisme s’y est habitué, certes, mais elle ne peut pas être malade tout de même. Plus maintenant.
Son mâle se prépare mentalement à chaparder un grand lot de pitance parce qu’à présent, il ne s’agit plus seulement de sa propre survie ainsi que de celle de sa femelle.

Arceus ?
Le père de Will explique le plan d’attaque. Toujours le même. Toujours pareil. Évidement qu’il y aura quelques blessés car le balai de l’humaine frappera au moins l’un d’entre eux.

Arceus ?
Will voit maintenant. Will sait aussi, à présent.
Le Zigzaton de Galar s’est appliqué à crever la bulle dans laquelle il s'est tenu enfermé depuis des années ; son père lui a indiqué la voie à emprunter pour savoir.
Il ne s’agit pas de sa propre pensée, certes, mais le jeune Rattata n’a jamais été aussi conscient de cette misère qui régit sa vie, ainsi que celle de la colonie.

Il doit demander au dieu Arceus pourquoi il a engendré une espèce de Pokémon aussi pitoyable.
Pourquoi les Rattata sont-ils condamnés à survivre ? Pourquoi ne peuvent-ils pas vivre tout simplement ? Pourquoi les portes du bonheur leur sont-elles fermées ?
Will doit savoir. Il doit demander.

Pris d’une impulsion, il se dresse sur ses pattes et s’en va fureter parmi les égouts. Il veut regagner la surface et ensuite…
Le jeune Rattata s’arrête. Ses pensées tournent dans tous les sens alors que ses nerfs commencent à piquer.

Imbécile de vermine. Comment veut-elle poser une question à un dieu sans quitter sa région ?
Afin d’obtenir cette réponse si désirée, Will se devra de poser une patte hors de Céladopole. Il frissonne.
Afin de comprendre le sens même de son existence, il se devra de voguer jusqu’à… où se trouve le dieu, Arceus ?


Will a le cœur lourd. Avec des gestes machinaux, il poursuit son chemin vers l’extérieur alors que son esprit gronde contre lui-même.
Quel Pokémon, au juste, ne sait pas où siège son propre créateur ? Il réalise que hormis la nourriture, il ne s’est intéressé à rien d’autre durant toutes ces années.
Il a survécu, seulement. Jamais vécu.

Le jeune Rattata pose enfin une patte à la lumière du jour. Il s’extirpe hors de la bouche d’égout qui n’est que l’entrée de l’enfer où dorment ses congénères. Ils se choisissent toujours de drôles de foyers.
Will inspire profondément. Même si Céladopole est polluée, son air est bien moins vicié que celui des égouts. Lorsqu’il regagne la surface, le Rattata a la sensation de récupérer son odorat. Il est persuadé qu’à force de respirer des odeurs infâmes ici-bas, il finira par le perdre de manière définitive.

Soudain, Will se met à éternuer.
Il renifle et peste silencieusement contre la poussière qui tapisse les rues de la ville. Lorsqu’il récidive et éternue une seconde fois, il entend rire.
Surpris, le Rattata se fige.
D'un geste lent, il lève la tête vers les cieux puis écarquille ses yeux écarlates quand il aperçoit un Pokémon flotter.

Il ressemble à une fleur cotonneuse qui se laisse porter le vent. Une fleur à la coiffe duveteuse et enveloppée d’un pétale semblable à une capeline couleur soleil.
Will comprend que ce Pokémon s’amuse sans doute à faire tomber de la poudre afin d’en regarder les effets sur autrui. Le Rattata ne parvient pas à distinguer son visage, mais il peut imaginer sans mal une expression chafouine peinte sur ses traits.
Il sourit en le suivant du regard.

Puis une graine tombe sur son chemin.
Will la regarde s’échouer au sol, presque dans un bruit de caillasse alors qu’elle ricoche sur le béton. Les muscles du Rattata se tendent.
Son instinct curieux le pousse à s’élancer vers cette étrangeté afin de l’observer… Peut-être est-ce comestible ? Peut-être que cette graine pourrait lui remplir l’estomac ?
La salive s’accumule sur sa langue et ses incisives demandent à trancher.

« Si j’étais toi, je ne tarderais pas à mordre dans la graine, mon jeune ami. Elle est très nourrissante. »

Un ton cynique que Will reconnaît.
Le Zigzaton de Galar se tient assis sur un trottoir, non loin d’un réverbère. Ses yeux sanguinaires fixent la vermine en proie à un doute.
En proie à tout, vraiment ! se dit-il.
De plus, l’expression de stupeur peinte sur son visage vaut son pesant de baies ! Le Pokémon rayé s’amuse beaucoup. Sa patte va mieux, aussi.

« Blancoton a dû avoir pitié de toi alors vas-y : profite de ce cadeau. »

Blancoton ? Le Rattata plisse les yeux mais son estomac gronde déjà. Son esprit lui souffle que ses instincts ont parlé avant sa pensée, mais il y songera plus tard.
Il s’élance vers la graine, s’arrête devant, la saisit entre ses pattes décharnées puis l’observe : elle ressemble à une amande avec des stries profondes. Oui c’est cela : une amande en peau d’écorce.

Will ne se demande pas comment est le goût car ce n’est pas important : il mord dedans, scinde la graine en deux de ses puissantes incisives, mâche quelque peu, puis avale.
Peut-il seulement être repu d’une simple graine ? Il verra bien.

Une fois sa pitance engloutie, le jeune Rattata rejoint le Zigzaton de Galar à côté du réverbère. Là, il remarque sa patte guérie.

« Comment as-tu fait ?
- C’est bien simple : il existe une gentille humaine accompagnée de ses amis Pokémon fleuris et feuillus qui ont accepté de me soigner. J’ai simplement su où les trouver. »

Fort bien. Will peut constater que le Zigzaton de Galar est parfaitement capable de prendre soin de lui où qu’il se trouve. Cela a l’air si simple…
Puis il songe au Pokémon flottant qui disperse ses graines. Au… Blancoton ? Curieux, il interroge le Pokémon rayé. Ce dernier lève les yeux au ciel.

« Il s’agit d’un Pokémon de ma région, en effet. De ce fait, il vient de Galar mais comme tu peux le constater, il aime se laisser porter au gré du vent, quitte à s’en aller loin de chez lui. Bah ! Je n’aime pas beaucoup les Blancoton ! Ils sont stupides et assez naïfs… mais ils sont gentils. »

Assez gentils pour laisser tomber une graine capable de sustenter l’estomac d’un Rattata, en effet. Le Zigzaton de Galar n’a pas menti : elle est très nourrissante.
Will lève la tête afin de regarder le ciel. Enfin, il s’agit d’un morceau de ciel prisonnier des hauts immeubles de Céladopole. C’est tout ce qu’il a toujours connu.

Il songe à Arceus, à cette question qu’il souhaite lui poser, puis à cette réponse qui changera peut-être sa vie miséreuse.
Il doit demander.
Le jeune Rattata a honte de son ignorance. Il sait que le cynisme du Pokémon rayé lui fera du mal, mais tant pis :

« Où se trouve Arceus ? »

La question est énoncée d’une petite voix. Son interlocuteur ouvre grand ses yeux rouges alors qu’il songe que tous Pokémon savent où leur dieu créateur s’éveille et s’endort.
Ah… les Rattata resteront idiots ! Qu’il se passe cent ou mille ans, ils n’évolueront pas.

« Tout le monde sait qu’Arceus se trouve dans la région de Sinnoh ! crache le Zigzaton de Galar. Quoi ? Tu veux lui adresser une prière pour ton repas de demain ? »

Will n’écoute pas les sarcasmes. Sinnoh… Très bien. Maintenant il sait.
Mais peut-il seulement aller à Sinnoh pour voir le dieu Arceus ? Il frissonne, ses entrailles se nouent, son cœur s’affole. Il a peur de l’inconnu.
Le jeune Rattata secoue la tête sous l’œil inquisiteur du Pokémon rayé. Il songe à son père, à la colonie. Il ne sait même pas s’il peut les quitter de la sorte ! En a-t-il seulement le droit ?

Puis, comme pour lui venir en aide, son esprit lui montre son quotidien. Will peut voir sa triste réalité, maintenant, et il peut surtout constater à quel point ses journées se ressemblent.

Je ne peux plus le supporter. Je ne veux plus ronger les cordes. Je veux descendre sur le quai avec les jolis gens.

Bien. Alors qu’il s’en aille à Sinnoh ! Qu’il se débrouille pour venir vers le dieu Arceus et qu’il lui demande alors, pourquoi l’existence des Rattata est si miséreuse !
Mais Will ne sait pas comment faire. Où est Sinnoh ? Quelle ville se situe aux côtés de Céladopole ? Faut-il traverser la mer pour atteindre la terre du dieu Arceus ?
Le jeune Rattata ne sait pas.
Alors il lève son regard écarlate vers le Zigzaton de Galar.
Lui, il sait.

« Comment va-t-on jusqu’à Sinnoh ? »

Le Pokémon rayé reste sans voix. Comment ? Qu’est-ce que la vermine vient de demander ? Oh, quel toupet ! C’en est presque impoli !
Le Zigzaton de Galar s’esclaffe. Il ne sait plus vraiment si le Pokémon qui lui fait face est bel et bien celui qu’il a croisé plus tôt.
Le Rattata rachitique qui avait peur de voyager… où se trouve-t-il à présent ? Il secoue la tête.

« Que voudrais-tu y faire ?
- Je dois parler à Arceus.
- Pourquoi donc ?
- J’ai simplement quelque chose à lui demander. »

Le Pokémon rayé n’en saura pas plus. Il pousse un long soupir. Bah ! Si cette vermine-là reste persuadée que le dieu Arceus peut changer son existence pitoyable, libre à elle !
Il sourit. Il aime bien la région de Sinnoh, mais il se trouve aussi très bien dans celle de Kanto.
Peut-il aider ? Il n’en est pas sûr. Mais ce Rattata l’intrigue, il veut bien l’admettre.
Le Zigzaton de Galar serre les dents.

« Till. »

Will écarquille ses yeux écarlates.

« Co… Comment ? » bégaye le jeune Rattata.

Le Pokémon rayé émet un sifflement dédaigneux en toisant ouvertement son interlocuteur.

« Il s’agit de mon prénom. Je ne me rendrai pas avec toi à Sinnoh, petit Rattata, mais je veux bien te guider jusqu’au bateau qui t’y emmènera. »

Le visage de la vermine se fend de surprise. Oui, le Zigzaton de Galar se sent très magnanime aujourd’hui. Peut-être la faute à cette étrange requête que celle de vouloir s’adresser au dieu Arceus ou bien à ce geste désintéressé du Blancoton…
La vermine lui adresse un grand sourire. Ô Rattata de Céladopole, que vos dents sont jaunes !

« Je m’appelle Will. »

Le Pokémon rayé retient une exclamation de stupeur. Il n’apprécie pas beaucoup qu’un Rattata ait un prénom semblable au sien !
Tant pis, cela ne le rend que bien plus curieux quant à sa quête d'un dieu.

Will et Till s’observent, l’un fort sûr de lui, l’autre si frêle et si effrayé quant à ce voyage qui s’annonce.
La vermine a peur. Mais la vermine sait ce qu’elle doit faire.
Will avale difficilement sa salive puis, d’une voix tremblante, il interroge :

« Qu’est-ce qu’un bateau ? Et… comment dois-je me rendre à Sinnoh ? »

Le Zigzaton de Galar lui adresse l’un de ses éternels sourires cyniques. Pour le bateau, Will verra bien, mais pour le chemin…

« Nous allons user de souterrains ainsi que de ponts, petit Will. Ensuite tu prendras la mer… Ou la mer te prendra ! »

Il s’esclaffe de nouveau alors que le jeune Rattata grimace. Son cœur tambourine contre ses côtes mais il se sent prêt. Il songe à Arceus.

Pourquoi a-t-il engendré une espèce de Pokémon si misérable ? Pourquoi a-t-il fermé les portes du bonheur pour les Rattata ?

***

Le faible s’avance. Il s’agenouille et il demande :

« Ô, Mère, je vous en prie sauvez-moi de ce monde.
Je demande le fil de votre lame pour pourfendre mes ennemis,
Je demande la force de votre corps pour me conduire vers la victoire. »

La Mère soupire une fois avec dédain.

Le Livre De Zacian


***

L’enfant s’avance. Il s’agenouille et il demande :

« Ô, Père, je vous en prie sauvez-moi de ce monde.
Je demande les remparts de votre bouclier pour me défendre de mes ennemis.
Je demande la puissance de votre corps pour protéger les miens. »

Le Père sourit une fois avec bienveillance.

Les Mémoires de Zamazenta







Le thème de Till