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Tranchant comme une lame de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 07/09/2019 à 17:37
» Dernière mise à jour le 29/09/2019 à 12:17

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Médiéval   Mythologie   Présence d'armes

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Que j'ai utilisé.
Il abandonna sans une pensée les corps de ceux qu’il ne voulait pas manger.

*****

Depuis le couvert des arbres, Manteau-de-Neige observait le jeune Humain.

Ce que lui montraient ses yeux n’était déjà pas ordinaire. Un misérable Humain, aux sens fades et incapables de percevoir la réalité du monde ; et cet Humain traquait une Créature, par son simple odorat. Anomalie. Hérésie, criait la raison de Manteau-de-Neige. Mais lorsqu’il modérait l’usage de ses yeux, le grand prédateur voyait la raison de tout cela.

L’Humain portait, à son côté, un de ces outils détestables que les siens créaient. À quelques détails près. L’Essence était formelle : cet outil-là n’était pas de facture Humaine. Il était vivant, indépendant. Et il aidait l’Humain.

Les Humains ne savaient pas fabriquer des outils qui affûtaient l’odorat, qui renforçaient les muscles et qui donnaient confiance. Ils ne savaient pas fabriquer des outils qui utilisaient l’Essence pour traquer leur proie. Ce n’était pas l’Humain, qui était en chasse. C’était l’outil.

Inconscient de l’être qui le surveillait, l’Humain se mit à courir, sur la piste qu’il avait repérée. Manteau-de-Neige le suivit ; cet Humain, qui traquait sa proie, aurait dû être la proie, et serait traqué comme une proie par le véritable prédateur.

À découvert, un être faiblard et ignorant courait après une piste, sans se soucier de sa discrétion ; tandis que de l’autre côté des arbres, un vétéran de la survie en solitaire poursuivait sa cible, sans qu’elle ne le repère.

À son tour, Manteau-de-Neige perçut l’odeur repérée par l’Humain. L’odeur du sang. Une Créature avait été blessée ; pas très loin, mais pas tout près non plus. Brièvement, il se sentit humilié de voir son odorat moins efficace que celui d’un Humain ; puis il se rappela que l’incapable bénéficiait du soutien d’un outil.

En courant entre les arbres, l’habitant des glaces se demanda d’où venait cet outil si efficace, si dangereux. Tout outil devait être fabriqué quelque part, on ne les trouvait pas dans le monde.

La question amena à lui le souvenir de ses propres origines. Il savait bien qu’il était inhabituel de voir une Créature de la haute montagne comme lui dans une forêt. Et pourtant, il n’était pas fait que de glace ; son corps avait aussi une part végétale. Il était à sa place dans toutes les forêts froides de cette terre entourée d’eau. Ce qui n’était pas différent de toutes ses forêts.

Il se reprit. Le temps adéquat pour songer à soi-même n’était pas la chasse. Lors de la chasse, les seules pensées autorisées à habiter l’esprit devaient être celles liées à la traque. Survivre, pister, faire attention à l’environnement, et surtout, surtout, garder l’œil sur sa proie.

Manteau-de-Neige savait bien que ce qu’il faisait était imprudent. En se glissant entre les arbres, derrière sa proie, il prenait le risque d’être repéré par l’outil. Pourtant, cela lui semblait être la chose à faire. Il n’aurait pas su l’expliquer.

Alors il courait. Et de pas en pas, de souffle en souffle, sa course le mena jusqu’à un endroit où le traqueur s’arrêta.

L’Humain avait cessé de courir. Il tendit l’oreille ; son poursuivant se figea, retenant son souffle. Il en profita pour écouter, lui aussi. Il était plus habile à cela que l’Humain, qui devait tourner la tête en tous sens ; mais en contrepartie, il n’avait pas avec lui le soutien de l’outil. C’est pourquoi les deux coureurs entendirent le son au même moment.

Crac. Cela avait fait crac. Manteau-de-Neige était suffisamment expérimenté pour reconnaître le bruit d’un Bâtisseur sur les rivières qui s’occupait de ses branches. L’Humain, lui, pouvait à peine comprendre que le bruit avait été émis par sa proie.

Le jeune idiot courait sans savoir vers quoi. Le vétéran, lui, le jugeait avec mépris. Lui s’était attendu à la nature de sa proie. Il n’était pas rare que les Bâtisseurs sur les rivières fûssent blessés à la mâchoire en taillant leurs branches ; alors, leur haleine pouvait sentir le sang pendant quelques jours.

À pas plus discrets, plus mesurés, l’Humain se dirigea vers la source du bruit. Manteau-de-Neige se força à admettre sa surprise : cet Humain, après tout, était capable de se déplacer en silence. Capable de se comporter en véritable prédateur. Peut-être n’était-il pas si mauvais ; peut-être faisait-il semblant ? Mais non ; une fois de plus, l’outil devait tirer les ficelles, discrètement. L'outil conseillait son porteur, qui obéissait sagement.

Le vétéran se renfrogna. Si cet outil pouvait rendre un Humain inexpérimenté aussi dangereux, que ferait-elle d’un vrai chasseur ? Il fallait agir. Supprimer l’outil, cet outil intolérable.

En se faufilant entre les arbres, Manteau-de-Neige aperçut enfin le Bâtisseur sur les rivières. Il était occupé avec ses branchages, au centre d’une petite clairière qu’il avait sans doute lui-même dégagé. À sa lisière, l’Humain se préparait à attaquer. Le vétéran aurait pu faire le premier mouvement. Il était à peine plus loin de l’Humain qu’une longueur de son propre corps. Il aurait pu le forcer à épargner le rongeur.

Mais quelque chose le retînt. Une impression dérangeante, celle d’être épié ; une impression qui n’avait jamais été trompeuse. Et Manteau-de-Neige resta immobile alors que l’Humain se jetait sur la Créature.

L’outil trancha. Le vétéran le vit, dans l’Essence, tailler dans la vie et s’en repaître. Il vit sa joie sauvage. Il vit, surtout, que l’outil le regardait. Depuis le début, il savait qu’il était là.

Manteau-de-Neige se figea. Il était très certainement la prochaine cible de l’Humain. Il allait devoir se battre pour sa survie. Mais rien ne se passa. L’outil ne fit rien d’autre que le regarder ; il n’aiguisa pas les sens de l’Humain pour qu’il repère son chasseur.

Silencieusement, Manteau-de-Neige recula entre les arbres. L’outil l’épargnait, lui. Pour cette fois. Le message était clair : s'il s’en prenait à l’Humain, l’outil le tuerait.

Il fallait faire quelque chose. Cela devrait être indirect ; cela devrait être subtil ; mais il fallait le faire. Et Manteau-de-Neige ne craignait pas la subtilité : ses années de survie lui avaient appris à être rusé. Il trouverait un moyen de punir l’Humain. Il se fit cette promesse en fuyant l’outil terrible, pendant que l’Humain prononçait un unique mot sur la dépouille du Bâtisseur sur les rivières.

Pardon.

La Créature survivante se jura que cette scène ne se reproduirait pas. Elle avait déjà une idée, un embryon de plan. Sa course n'était plus une fuite, mais une attaque.

***
Combien pesait un Biidaru ? Neko ne le savait pas du tout. Mais avec la force que lui donnait le katana qui battait sur son flanc, il arrivait à porter sa proie du jour. Elle restait lourde, et il préférait s’accorder des pauses fréquentes ; mais il ne lui déplaisait pas que ses bras maigrelets puissent soulever une telle masse, et que son dos peu habitué aux fardeaux encaisse celui-là sans broncher.

Ceci dit, ce n’était pas vraiment à cela qu’il pensait en ce moment. À l’approche d’Ushinawareta-ana, le tresseur se perdait dans la contemplation des arbres autour de lui. Porter son fardeau était plus paisible que de le traquer ; plus long, aussi. Quand Neko retournait vers le village, il prenait son temps ; pas seulement pour ménager son dos, mais pour apprécier la quiétude de la nature, troublée par sa chasse. En quelque sorte, il s’immergeait dans l’harmonie du monde pour y regretter ses actes.

Actes mauvais. Injustes. Les kamis innocents ne méritaient pas de mourir sous la morsure de son katana. Mais les Ushiniens ne méritaient pas plus de mourir sous la morsure de la faim. Alors, une injustice devenait nécessaire pour en endiguer une autre. Neko acceptait de faire le mal, pour un bien plus grand.

Bientôt apparut la lisière de la forêt enneigée. De là, Neko savait pouvoir retourner au village d’une traite. Alors il continua de marcher.

Sur le chemin qui le menait vers le Nord, vers son village natal, il se laissa encore aller à la contemplation. Le chemin, certes, n’était pas naturel ; il avait été tracé par l’Homme. Mais un sentier de montagne restait un élément de la montagne. Peut-être un kami veillait-il sur ce sentier ? En tout cas, le panorama était splendide.

Le soleil d'hiver au zénith embrasait toutes les nuances de vert sombre de la forêt derrière le tresseur, et des rizières devant lui. Les montagnes de l’extrême ouest de Sinnoh s’élançaient vers le ciel, modestes seigneurs exigeant qu’on ne les rabaisse pas plus ; et la mer, au loin, jetait mille nuances de bleu et de gris dans le ciel.

De là où il était, Neko pouvait voir Ushinawareta-ana, ses quelques dizaines de maisons nichées sur la pente qui courait à la mer. Autour, les quelques rizières du village formaient comme un halo clair. Elles se concentraient sur les quelques arpents cultivables entre les montagnes rocailleuses et les roches qui plongeaient dans la mer. Ces rizières, figées par l'hiver, étaient le trésor le plus grand du Nippon. Dans une contrée où les terres étaient rares, une plante aussi productive que le riz, capable de fournir deux récoltes par an, prenait une valeur toute particulière.

En balayant du regard le lieu qui abritait toute sa vie, le tresseur eut le sentiment étrange que quelque chose n’allait pas. Il lui fallut un instant encore avant de comprendre quoi. Il n’y avait personne dans les rizières.

Même une fois la récolte terminée, il y avait toujours du travail. Maintenir un champ en état d’accueillir du riz demandait une surveillance constante. Il aurait dû y avoir au moins deux ou trois paysans dans les rizières, même si elles étaient inhopsitalières. Mais il n’y avait personne.

Délaissant toute prudence, Neko s’élança vers le village en courant. L’appréhension lui nouait la gorge, et son fardeau ne pesait plus rien. Il arriverait trop tard quoi qu’il se passe, mais il ne voulait prendre aucun retard ; alors il courut entre les rizières, le long des bassins inondés. Sans prendre le temps de regarder ailleurs que l’endroit où il posait ses pieds.

En quelques minutes, il atteignit les premières maisons. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver leurs habitants : ils étaient attroupés devant l’entrepôt où étaient stockées les réserves de nourriture du village.

Devant l’entrepôt éventré où avaient été stockées les réserves de nourriture du village.

Muets, les Ushiniens contemplaient leurs réserves insuffisantes en train d’être envahies par les Koratta. Dans la brèche de l’entrepôt en pierre de taille, un Ratta à l’air patibulaire lorgnait sur les humains pendant que ses sbires attaquaient leur nourriture. Il ne semblait pas mécontent d’être là, comme s’il triomphait de la pierre qui l’avait retenu dehors pendant si longtemps.

Avec un hurlement de rage, Neko laissa tomber le Biidaru au sol et se rua sur le kami. Celui-ci cracha, ses énormes crocs bien en évidence ; mais quand la lame impitoyable tailla, ces dagues d’ivoire se montrèrent incapable de la retenir.

Dégageant son katana de la bouche du Ratta qui couinait de douleur, le tresseur sauta sur le côté ; puis il planta l’arme entre les côtes du kami, lui perçant le cœur. À cette vue, les Koratta s’interrompirent et fixèrent la scène. Puis, dans un mouvement uniforme, comme une vague qui déferle, ils se ruèrent à l’extérieur de l’entrepôt. Neko tenta d’en abattre autant que possible alors que le flot passait autour de lui ; mais la majeure partie lui échappèrent, et s’enfuirent aussi vite que leurs courtes pattes le leur permettaient.

Je n’aurais jamais dû vous quitter, commença Neko avec amertume. Que s’est-il passé ?

— Nous récoltons ce que tu as semé, affirma le doyen avec un calme impressionnant. Tu as offensé les Kamis, et ils t’ont répondu. Ils ont envoyé la vermine sur nous.

— Pour ma part, le contra Supedo. Je crois bien que maintenant, je suis pour la chasse à la vermine.

Le doyen lui jeta un regard noir. On n’aurait jamais cru que la haine pouvait habiter ses yeux, mais c’était pourtant elle qui s’y exprimait. Il se retourna et s’en alla vers sa maison, enlevant à l’air une tension qui n’aurait jamais dû y être.

Ne l’écoutes pas, reprit Supedo. Un certain temps après ton départ, vers le milieu de la matinée, un kami est entré dans le village. Il avait une carrure impressionnante, même pour sa taille immense. On aurait dit un très grand homme, enrobé dans une douzaine de manteaux de glace ; avec des sourcils broussailleux comme une forêt, et des plaques d’écorce parsemaient tout son corps. À part ces plaques, il était entièrement blanc, couvert de neige.

Il s’est approché de l’entrepôt ; nous n’osions pas intervenir, bien sûr. Et là, il a déclenché une tempête de grêle. En quelques minutes, nous étions tous cloîtrés dans nos maisons, avec le blizzard qui rugissait à l’extérieur. Quand nous en sommes sortis, nous avons vu le village enseveli sous un linceul blanc, la couleur de la mort… Et l’entrepôt éventré.

Bien sûr, nous avons immédiatement commencé à le réparer. Il était littéralement le seul bâtiment endommagé. Mais d’autres kamis sont arrivés, et nous ont écartés. Il y a eu plusieurs blessures. Depuis qu’ils sont arrivés, les grêlons ont eu le temps de fondre… Je ne pense pas qu’il reste grand-chose de nos réserves.

— Je suis désolé, répondit Neko, et une tristesse immense habitait sa voix. Si je n’étais pas parti à la chasse aujourd’hui, rien de tout cela ne serait arrivé…

— Vois le bon côté des choses. On aura de la viande pour un petit moment.

— Ça ne suffira jamais pour passer l’hiver, rétorqua le tresseur. Et je ne peux pas ramener chaque jour de quoi nourrir tout le village. Il va falloir organiser des battues…

— Génial, affirma Supedo avec un sourire malicieux. Je ne sais pas pour toi, mais je crois que je m’accommoderai tout à fait de manger du Koratta tout l’hiver : la vengeance est un plat qui se mange froid !

***
Devant la lisière de la forêt, Neko attendait.

C’était un état auquel il ne s’était pas encore habitué. Pas seulement l’attente avant le combat, ce calme surnaturel qui précèdait la tempête ; non, plutôt le fait d’attendre en chassant. Jusqu’alors, quand il chassait, il avait toujours été actif ou bien passif. Lorsqu’il se fiait à son instinct et au hasard pour traquer des proies, il ne prêtait aucune attention à l’environnement ; et lorsqu’il portait une proie, il se laissait engloutir par le calme des bois.

Mais là, il faisait les deux à la fois. Il attendait, en contemplant les arbres, les montagnes, le ciel et la beauté de la nature ; et il surveillait, tâchant de repérer la moindre trace des kamis qui ne devraient plus tarder à émerger en terrain découvert.

Et tandis qu’il attendait, ses pensées tournaient en roue libre. Il pensait, comme seuls ceux qui avaient leur temps pour loisir ; sans contrôle, sans contrainte, librement, comme seuls le pouvaient ceux qu’aucune éducation ne formattait.

Pourquoi, parfois, les kamis fuyaient-ils devant les hommes ? Comme tant d’autres, cette question n’avait pas de réponse. Voilà à quoi les gens instruits auraient pu se consacrer : rechercher des moyens de comprendre comment la chasse était possible, et faciliter ainsi la survie sur les terres rudes du Nippon. Mais peut-être aussi certaines questions devaient-elles rester sans réponse.

Volonté des Kamis, ou impuissance des hommes ? Et cela, comment le savoir ? Il fallait bien l’admettre, la foi de Neko avait été ébranlée ces derniers temps. Bien sûr, il ne pouvait pas nier l’existence des Kamis comme le faisaient ces prêtres d’une religion étrangère, qu’on crucifiait de temps en temps.

Il en avait vu un, après tout. Zacian. Ce seul nom invoquait encore le respect dans l’esprit du tresseur. Mais aussi le doute : qu’est-ce qui pouvait blesser un Kami aussi puissant ? Plus il y pensait, plus Neko trouvait perturbant le fait que les Kamis ne soient pas forcément plus souvent d’accord que les hommes. Eux non plus ne seraient pas parfaits ? En tout cas, il ne croyait plus guère à leur justice.

Il devait faire le mal pour permettre à son peuple de survivre. Ce simple fait avait déjà semé la discorde dans le village ; et maintenant, la fracture était impossible à rattraper. Le doyen ne participait plus à la vie commune que pour ordonner aux Ushiniens de bien vouloir mourir de faim ; le reste du temps, il le passait à prier et à appeler la clémence des Kamis envers lui. Lui seul.

Où était la justice, dans tout cela ? Neko avait dû réviser ses convictions. Revoir les règles qui dirigeaient sa vie, à peine plus d’un mois après se les être imposées. Un autre mois avait passé depuis. Un mois calme, tranquille. Un mois encombré de moins d’interrogations sur le sens de l’existence.

En premier lieu, il avait fallu réparer l’entrepôt. La force octroyée à Neko par le katana qu’il portait à sa ceinture y avait beaucoup aidé : en quelques jours, il n’y avait plus eu besoin de le garder contre les kamis qui voulaient le piller.

Plus ou moins au même moment, les Ushiniens avaient fini les Koratta qui avaient attaqué l’entrepôt. L’inconvénient de la viande par rapport au riz était qu’elle ne se conservait pas aussi bien. Il avait fallu organiser une première battue. D’autres avaient suivi. Celle-ci était la cinquième ; et chacune avait aggravé un peu plus l’abîme qui séparait le doyen, et ses quelques fidèles, du reste du village.

C’était dans une grande tristesse que Neko avait vu la relation amicale, presque filiale, qu’il entretenait avec le vieil homme se transformer en une rivalité farouche, indomptable. Le temps ne faisait que rendre chaque parole du doyen plus douloureuse, pour tous ceux qui l’avaient connu.

Soudain, un mouvement brisa le cours des pensées du tresseur. Ce n’était pas plus mal ; les regrets ne le mèneraient à rien, et sûrement pas à une réconciliation qui lui semblait de moins en moins souhaitable.

Une marée de kamis émergea des bois. De part et d’autre, à bonne distance, quelques villageois sortirent eux aussi d’entre les arbres, en hurlant le plus fort possible. Ils canalisaient le flot vers le tresseur, et vers son arme incrustée de gemmes.

Cette dernière se leva, prête à frapper. Une fois de plus, elle allait boire un sang innocent, taillader dans la chair et la souffrance. Neko endurcit son cœur pour assister à ce qu’il allait faire. Le mal. Mais il le ferait, pour un plus grand bien.