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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 01/09/2019 à 08:56
» Dernière mise à jour le 01/09/2019 à 08:56

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 12 : Au sein de N.W.C
Volucité. La capitale d'Unys. La ville du business, des immeubles entassés, et des hommes d'affaires qui couraient partout dans les rues. Ah, et des tueries aussi. Le port d'arme étant autorisé à Unys sans guère d'encadrement, il n'était pas rare qu'un employé ou patron quelconque, qui avait pété les plombs suite à un stress lié au travail, ne passe à l'acte avant de se suicider. Et il ne fallait pas compter sur leur président, Ruvald Reagin, pour modifier la loi à ce sujet ; ce type était une ancienne star de Pokéwood, et il n'y avait pas un seul de ses films où il n'avait pas un flingue à la main.

Voilà en outre pourquoi les Pokemon Rangers n'étaient pas nombreux à Unys. Trop risqué. Ces gens là n'avaient pas la culture du Pokemon pour se défendre ; ils préféraient un bon vieux colt 45. Et puis de toute façon, les autorités d'Unys n'appréciaient guère que les Pokemon Ranger viennent empiéter sur leurs plates-bandes. Certes, la région avait signé une convention avec la Fédération ; comme quasiment tous les pays. Mais contrairement à Johkan, Unys ne laissait que très peu de marge de manœuvre aux Rangers, encadrant tellement leur champ d'action qu'ils ne pouvaient quasiment rien faire d'eux-mêmes.

Alors évidement, avant d'arriver ici, Dan avait vite troqué sa tenue de Top Ranger pour celle d'un civil. Son statut ne lui aurait servi à rien à Volucité, surtout s'il s'agissait de s'infiltrer dans le siège social d'une des plus grandes entreprises du pays pour leur dérober quoi que ce soit pouvant tenir lieu de preuve de leurs malversations à Kanto. Une mission sensible, même pour lui. Dan n'avait pas hésité quand Erable en avait parlé, mais c'était dans sa nature ça. Il réfléchissait toujours après coup. Il n'avait pas essayé d'y remédier, car au final, il trouvait toujours quoi faire.

La première chose qu'il fit, en l’occurrence, fut de repérer les lieux. Une première étape indispensable qui était nécessaire au bon déroulé de toutes missions, quelles qu'elles soient. Le siège d'une entreprise comme N.W.C ne devait certainement pas passer inaperçu, mais dans cette ville où les immeubles géants se côtoyaient, il se dissimulait pas mal dans le paysage, identifiable seulement à ses initiales en lettres géantes exposées à mi-hauteur du building.

Tout en faisant des repérages, Dan s'assura de rester discret. Il s'était acheté divers habits, au cas où les employés de N.W.C qui l'avaient capturé dans la Forêt de Jade aurait fait remonter son signalement ici. Selon les heures, il changea de déguisement, jouant parfois au touriste étranger, au cadre en costume local, ou au simple badaud qui passait par là. Il prit une chambre d'hôtel tout proche de l'immeuble de N.W.C, pour mieux les observer. Il mena ce petit manège une semaine durant, de jour comme de nuit, et pu noter tout ce qu'il y avait à savoir sur la sécurité du bâtiment, sa relève, ainsi que la fréquence des entrées et des sorties.

Sa conclusion était sans appel : la sécurité de N.W.C, c'était pas de la gnognotte. Les employés qui voulaient entrer devaient montrer leur badge, puis passer à un contrôle d'identité approfondie. Quant aux visiteurs et aux clients, ils étaient longuement pris en charge dans le hall d'accueil, largement surveillé par tous les angles possibles via des dizaines de caméras. Bien qu'ils étaient dissimulés, Dan avait bien noté les rideaux blindés aux portes qui devaient se fermer à la moindre alerte. Il avait aussi identifié les six principaux gardes du hall d'entrée, qui n'avaient absolument pas l'air d'être des amateurs. Deux d'entre eux avaient même un pistolet mitrailleur derrière leur costume noir. Et tout cela, c'était juste pour l'entrée et le rez-de-chaussé. Pour les endroits sensibles de l'immeuble où Dan devait se rendre, genre le laboratoire, ça devait être encore plus sécurisé.

Dan avait déjà eu à pénétrer de force dans un endroit ou dans un autre, mais habituellement, il ne se souciait pas d'être repéré, et y allait comme un bourrin après avoir capturé un Pokemon capable de défoncer les portes les plus lourdes. Ici, il n'était pas question d'agir de la sorte. Il devait éviter de se faire repérer, au moins jusqu'à qu'il déniche les preuves qu'il voulait. Après, qu'il provoque un peu de chahut en s'en allant n'était pas bien grave... si toutefois il réussissait à s'en aller.

Dan avait également identifié les membres du conseil d'administration de l'entreprise et avait étudié leurs profils. Non pas pour y dénicher ce fameux Marquis des Ombres - ça, c'était l'affaire du professeur Erable - mais pour le bon déroulement de son infiltration. Il allait se faire passer pour l'un d'entre eux : c'était ça son plan. Il avait jugé que ce serait la méthode la plus facile et la plus sûre de fouiller dans cet immeuble jusqu'à trouver ce qu'il voulait, et avait contacté le professeur Erable pour qu'il lui envoie un Métamorph via le système de transfert de Pokemon par ordinateur. Évidement, un tel plan ne s'improvisait pas. Il fallait être prêt jusqu'au bout des doigts, et ça passait forcément par l'étude approfondie de l'identité et des habitudes des membres du conseil d'administration.

Normalement au nombre de six jusqu'à récemment, ils n'étaient plus que cinq pour une raison quelconque. Prendre l'identité du directeur était exclu ; trop risqué. Vu qu'il recherchait idéalement un modèle ou des plans de ces fameuses Void-Bomb, la logique aurait voulu qu'il prenne l'identité de Milton Parmilian, le directeur de la recherche et du développement, ne serait-ce que pour pénétrer facilement dans les laboratoires. Mais il craignait de se heurter à ses assistants et autres employés scientifiques et de dévoiler sa méconnaissance totale de tout ce qui a trait à la science et à la technologie.

Son choix s'était donc porté sur un des cadres qui n'avait aucune raison de connaître quoi que ce soit à ce qui se faisait dans un labo : le directeur des investissements, Adrian Hubertin. Son idée était de se rendre dans un des labos sous ses traits, en prétextant une visite de contrôle, pour vérifier que l'argent de l'entreprise dont il avait la charge était utilisé à bon escient. Et de subtiliser une preuve accablante.

Il devait pour cela bien sûr agir à un moment où Hubertin était absent. C'était pour cela en outre qu'il avait étroitement surveillé les arrivées et les départs de tout le personnel. Mais il y avait un souci : à chaque fois qu'Hubertin était absent, c'était Parmilian qui se trouvait là. Dan ne souhaitait pas tomber nez à nez avec le confrère d'Hubertin quand il jouera son rôle. Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il espérait juste qu'il y avait plusieurs labos, et qu'il ne croisera pas le chemin du directeur de la recherche et du développement.

Le jour J, il fit mémoriser à Métamorph le visage d'Adrian Hubertin. Ce n'était que grâce à une image sur un journal, mais Erable lui avait assuré que ce Métamorph était l'un des plus doués qu'il avait rencontré. Le petit Pokemon semblable à une gelée rose sauta sur le visage de Dan et remodela ses traits en un masque de celui d'Hubertin. Dan se regarda le miroir de sa chambre, et félicita Métamorph. Même les yeux, habituellement la chose que ces Pokemon avaient le plus de mal à reproduire, étaient parfaits. Peut-être parce que la métamorphose avait lieu sur le visage de Dan, et que le Métamorph pouvait s'appuyer sur sa morphologie humaine.

Dan aurait pu lui demander de prendre entièrement l'apparence d'Hubertin bien sûr, pour qu'il aille de lui-même accomplir la mission. Mais aussi doués soient-ils pour prendre l'apparence de quelqu'un, les Métamorph ne savaient pas parler l'humain. Ce déguisement n'aurait donc pas fait long feu. Dan, lui, était assez doué dans son jeu d'acteur, et pourrait sans problème passer pour un col blanc désagréable et fouineur, si tant est qu'on ne pousse pas l'interrogatoire trop loin.

En se rendant à N.W.C, Dan prit donc la démarche de l'homme d'affaire tout-puissant persuadé d'être au-dessus de tout le monde. Une démarche qui n'était pas feinte pour l'occasion : Adrian Hubertin était toujours comme ça, Dan l'avait bien remarqué. Il monta les marches de l'entrée avec empressement, et se construisit un regard vaguement méprisant quand un des gardes d'entrée vint à sa rencontre.

- Monsieur Hubertin ?

Bien sûr, le garde était surpris de le voir. Avec la sécurité draconienne du site, les gardes avaient étudié qui devaient être là ou non selon les jours de la semaine.

- J'ai oublié mes affaires à l'intérieur hier soir, fit Dan avec hauteur. Cette fichue réunion a duré plus longtemps que prévu... Je passe juste les récupérer. Il y a des documents sensibles dans mon attaché-case.

- Oui monsieur, bien sûr. Pouvez-vous nous montrer votre badge, pour la procédure ?

Dan leva les yeux au ciel, et Métamorph sur son visage reproduisit ce geste.

- Évidement non, crétin ! Il est justement dans mon attaché-case.

- Euh... oui, mes excuses, mais... Ne pouvez-vous pas appeler l'un de vos confrères pour qu'ils viennent vous apporter le badge ? Vous comprenez, nous avons des ordres de…

- Oui, dites-moi de qui vous tenez vos ordres, mon brave ? N'est-ce pas le chef de la sécurité, qui lui-même tient ses directives du conseil d'administration, et donc de moi ?

- Euh, effectivement monsieur, mais…

- Et vous me proposez de déranger un autre de ce même conseil juste pour m'apporter ce vulgaire badge comme un garçon de course ? Continua Dan sans pitié. Mon visage n'est-il pas suffisamment connu au sein de cette entreprise pour que j'ai à subir ce retard humiliant de la part d'un simple employé de troisième zone comme vous ? Peut-être voulez-vous descendre d'une zone de plus ?

Le garde lança un regard impuissant à son collègue, qui resta imperturbable, l'air de dire : « tu te démerdes, vieux ». Il n'en fallut pas plus pour que le pauvre employé ne cède.

- Toutes mes excuses, monsieur ! Je vous en prie, entrez.

Dan le fit avec une certaine pitié pour ce pauvre bougre qui voulait bien faire son boulot et qui, à cause de lui, allait certainement se faire virer quand le véritable Hubertin allait réapparaître. Une fois dans le hall d'entrée, il se fit de nombreuses fois saluer par les employés en place, auxquels il n'accorda aucune importance. Il prit l'ascenseur et examina le plan de l'immeuble à l'intérieur. La recherche et développement avait pas moins de six étages alloués. Il courrait peu de risque de croiser par mégarde le directeur Parmilian, vu qu'il y avait en tout et pour tout quinze labos différents. C'était vraiment une entreprise du bâtiment ici ? Ils foutaient quoi avec tous ces labos ? Si c'était des trucs du même acabit que cette Void-Bomb, il y'avait de quoi s'inquiéter.

Il dut faire un bon trajet à pied avant d'arriver à destination, étant donné la taille de ce QG. Si l'extérieur donnait une impression de toute puissance inébranlable, l'intérieur lui faisait plutôt office de cage avec des yeux qui nous regardaient partout. Les couloirs étaient étroits et les caméras étaient légions. Les employés marchaient comme des automates, l'air inexpressif. En plus de la vidéo-surveillance, il y avait des badgeuses à chaque coin de couloirs, et des surveillants qui semblaient contrôler l'activité et les temps de pauses des salariés. Le flicage dans cette entreprise semblait atteindre des niveaux jamais vu, même pour une région comme Unys qui n'a jamais été un modèle sur le droit du travail et des salariés.

Dan se prêta au jeu, en faisant mine de tout contrôler. Les employés qui le reconnaissaient s'écartaient vivement de son passage et accélérèrent le pas, comme s'ils craignaient que le directeur des investissements trouve quelque chose à leur reprocher. Les surveillants, s'ils paraissaient surpris de le voir ici, ne s'inclinèrent pas moins devant lui en lui souhaitant une bonne journée. Dan ne parla à personne, se contentant de vague grognement quand on lui adressait la parole. Il savait que personne ici n'était son égal. Seul les quatre confrères du conseil d'administration pouvaient lui parler normalement, et Hubertin ne devait le respect qu'au seul PDG Kabora.

En plus des multiples caméras, Dan tomba également parfois sur des Pokemon Psy, principalement ceux de la famille de Nucléos, un Pokemon semblable à une cellule verte originaire de cette région. De ce qu'il en comprit, c'était eux qui régulaient la surveillance générale de l'immeuble et des employés, en traitant toutes les informations des multiples caméras, mais aussi en usant de leurs pouvoirs de télépathie pour surveiller les salariés jusque dans leurs moindres pensées. Si quelqu'un avait un seul sentiment négatif envers N.W.C, les Pokemon Psy réagissaient et indiquaient l'employé en question aux managers et chefs d'équipe. Arceus merci, ça ne ciblait pas les hauts cadres comme Adrian Hubertin. Dans le cas contraire, Dan aurait eu des problèmes, malgré son entraînement mental pour contrôler son propre esprit.

Dan plaignait autant les employés que ces Pokemon utilisés de façon déplorable. Si la Fédération Ranger avait mis son grain de sel là-dedans, nul doute qu'elle y aurait trouvé quelque chose à redire. Mais la législation d'Unys ne le lui permettait pas. Quand tout cela sera fini et que N.W.C sera condamnée, Dan ne manquerait pas d'en discuter avec la Présidente Marthe pour faire en sorte que cela change. Almia devait bien avoir deux trois moyens de pression pour faire plier Unys. Il ne faisait pas bon, pour son image, de se mettre la région Almia a dos, tant elle a rapidement acquit une réputation de haute autorité morale et impartiale dans le monde entier.

Quand Dan arriva enfin devant la porte d'un des labos, évidemment, il fut embêté : elle était close et bloquée par un système de carte à puce. Sans doute que celle du vrai Hubertin aurait pu l'ouvrir, même si le directeur des investissements n'avait rien à voir avec la recherche et développement, mais Dan ne l'avait pas. Il dut patienter un petit moment avant qu'un chercheur en blouse blanche n'arrive pour entrer, et le remarque.

- M-monsieur Hubertin ?

- Lui-même, professeur... Heyroch, fit-il en lisant discrètement le nom de l'individu sur son badge collé à la poitrine. Je viens pour une visite surprise. Le comité d'attribution des fonds à la recherche que je dirige veut avoir la preuve que son argent est bien employé, et ainsi augmenter votre part en toute confiance.

- Je euh... je n'en ai pas été informé, monsieur…

Dan soupira, comme si l'homme était stupide.

- Bien sûr que non, imbécile heureux ! Quel est l'intérêt de vous informer d'une inspection surprise à l'avance ?

- Mais... le directeur Parmilian…

- C'est Milton lui-même qui m'a conseillé de venir pour constater de l'avancement et de l'efficacité de ses travaux, renchérit Dan. Je n'allais pas le déranger alors qu'il mène en ce moment même des recherches sensibles, d'où ma présence dans ce labo, sans lui. Vous voulez peut-être l’appeler pour confirmer... avec les risques que cela implique ?

Dan n'improvisait qu'à moitié. Au cours de son enquête, il avait pu réunir pas mal d'infos et de rumeurs sur le caractère des hauts cadres de N.W.C et de comment ils étaient perçus par leurs employés. Milton Parmilian, le directeur de la recherche et du développement, avait une réputation d’excentrique qui ne vivait que pour la science, et qui s'en prenait violemment à ceux qui le détournaient de cela, quelle qu'en soit la raison. Le professeur Heyroch ici présent se doutait que déranger son supérieur pour une simple visite administrative lui vaudrait quelques désagréments personnels, aussi laissa-t-il entrer Dan en s'excusant.

Le laboratoire était grand, et deux dizaines de scientifiques, ingénieurs et employés en tout genre s'y attelaient. Ils interrompirent tous leur travail et se levèrent pour saluer Hubertin. Même s'ils ne savaient pas ce qu'il venait faire ici, tous savaient qui il était.

- Le directeur Hubertin nous honore de sa présence pour une visite de contrôle, dit le professeur Heyroch à ses collègues. Myers, montrez donc au directeur sur quoi vous travaillez.

Heyroch balada Dan de scientifique en scientifique, chacun lui montrant et lui expliquant l'objet de leurs recherches. Dan conserva son air blasé du mec important qui jetait un coup d’œil rapide au travail de ses sous-fifres, mais ne manqua pas en réalité d'étudier attentivement son environnement et tout ce qui se faisait dans cette pièce... même s'il ignorait ce que c'était dans la plupart des cas. Il cherchait une invention en particulier : la Void-Bomb, mais aucune signe de ces espèces de boules noires ici. Aussi se lança-t-il à l'eau après un énième exposé sur l'utilisation d'engins de chantier fonctionnant à l'électrique.

- Et ces choses dont Milton m'avait parlé... Ah oui, les Void-Bomb. Vous en avez ici ? Mon comité aimerait bien les voir à l’œuvre.

Gênés, les scientifiques se tournèrent vers leur chef Heyroch, qui s’éclaircit la gorge.

- Légalement parlant, monsieur, je suis dans l'obligation de vous dire que nous ne connaissons rien sous ce nom-là

- Bien sûr, fit Dan. N.W.C apprécie votre probité, professeur. Mais il n'y a que nous ici. Et comme vous le savez peut-être, il y a eu un... léger accident dans l'utilisation de ce matériel à Kanto récemment. Les investisseurs qui sont dans le secret préfèrent être sûr du potentiel de ces engins avant de se lancer dans des financements qui pourraient être... disons, embarrassants.

Dan avait préparé ce petit discours si jamais il se trouvait les Void-Bomb étaient une sorte de projet secret développé dans la plus grande illégalité, et il semblait qu'il ait mis en plein dans le mille. Bien sûr, selon les lois de Kanto, il ne faisait aucun doute que l'utilisation de ces engins là sur le territoire régional était strictement interdit, mais vu la discrétion imposée, il semblerait que même pour Unys, ça ne passe pas.

- Nous n'avons aucun exemplaire d'une chose pareille dans ce labo, dit le scientifique après un instant d'hésitation. Mais il se pourrait qu'on ait de vagues plans enregistrés, des idées qui n'engagent à rien…

- Bien sûr, bien sûr... Ce sera suffisant.

En fait c'était même mieux. Pour un procès, mieux valait des documents en bonne et due forme, signés de la main même de N.W.C.

- Comprenez que je ne peux pas vous remettre ce genre de dossier sans une autorisation spéciale de…

- Je croyais que c'était de vagues plans et des idées qui n'engageaient à rien, rétorqua Dan. En quoi cela nécessiterait une autorisation spéciale ?

Comme Heyroch semblait totalement désemparé, ne sachant pas quoi faire, Dan lui posa une main sur l'épaule avec bonhomie.

- Ne vous inquiétez pas. J'en parlerai à Milton. J'en prends la responsabilité. Je doute qu'il vous en voudra d'avoir fourni à mon comité de quoi vous verser un supplément de budget.

S'avouant vaincu, Heyroch alla pianoter sur un des ordinateurs, et en retira une disquette qu'il remit à Dan. Ce dernier la prit avec une nonchalance contredisant son excitation intérieure.

- Bien le merci. Il s'agit juste d'impressionner les investisseurs, nous n'allons pas leur expliquer la conception et le fonctionnement jusqu'au moindre vis. Vous faites du très bon boulot ici, messieurs. Continuez.

Il laissa là des scientifiques perplexes mais un peu plus rassurés. La disquette en poche, il se retint de courir pour sortir de l'immeuble. Ça avait été bien plus facile que prévu, mais ce n'était pas pour lui déplaire. Il marmonna un « bien joué » au Métamorph toujours collé à son visage, et reprit l'ascenseur. Ce dernier s'arrêta à deux étages avant le rez-de-chaussé pour y faire entrer un homme, qui comme tout le monde reconnut la fausse identité de Dan, mais qui lui ne baissa ni les yeux ni la tête.

- Adrian ? C'était pas ton jour de repos aujourd'hui ?

Dan grimaça, en espérant que Métamorph ne reproduirait pas cette expression sur son visage factice. L'individu était Maxwell Briantown, le directeur de la communication, et membre du Conseil d'Administration comme Hubertin ; l'une des personnes que Dan avait voulus le plus éviter, surtout que Briantown et Hubertin étaient réputés assez proches. Dan ne pourrait pas se jouer de lui comme il s'était joué des sous-fifres. Et l'excuse du badge oublié aura du mal à passer avec lui. Il tenta donc quelque chose.

- Le PDG voulait me voir. Depuis cette fichue affaire avec Funerol à Kanto, on a nos principaux investisseurs qui marchent à reculons, et ça commence à faire mal aux finances.

Briantown acquiesça en grimaçant, et pressa le bouton du second étage.

- Les Agents de la Corruption ont vraiment merdé sur ce coup-là et nos gars de la Forêt de Jade aussi. Nos ennuis ne vont pas se limiter à des actionnaires réfractaires. Je vais juste de recevoir ceci…

Il montra un papier à Dan, d'origine vraisemblablement officielle, avec le symbole de Kanto dessus.

- Une demande de comparution immédiate de la justice de Kanto. Notre ami Funerol a saisi le juge des référés, au sujet de ce qui s'est passé dans la forêt. Il souhaite sans doute nous prendre de vitesse, mais ça ne change rien au fait qu'ils n'ont rien sur nous.

Dan fit mine d'être inquiété.

- Ils n'ont pas besoin d'avoir quelque chose. Je n'ose pas imaginer la réaction des actionnaires quand ils vont apprendre ça ! Que l'on soit innocenté ou non, notre publicité va prendre cher.

- On pourra difficilement faire autrement, vieux, répondit Briantown. Au pire on pourra toujours tenter des poursuites contre Funerol et sa bande pour diffamation. Stylord trouvera bien un moyen tordu de dénicher quelques cadavres dans le placard de Funerol pour le discréditer... ou en inventer.

Dan acquiesça vaguement, en regrettant ne pas avoir pris de quoi enregistrer ce genre de conversation compromettante. Comme il avait un interlocuteur haut placé qui semblait lui faire comprendre, il se permit de prendre un peu de risques pour le faire parler.

- Le PDG Kabora... commença-t-il prudemment. De ce que j'ai cru comprendre, il commence à en avoir assez du Marquis des Ombres et de sa bande…

- Kabora ne contrôle plus rien, si tant est qu'il ait déjà contrôlé quoi que ce soit, soupira Briantown. Fantastux fait ce qu'il veut de lui. Il lui a si facilement forcé la main sur le projet au Parc Safari et maintenant dans la Forêt de Jade... Il est clair que le camp d'Horrorscor se sert de nous pour sa guéguerre contre ces fameux Gardiens de l'Innocence.

Horrorscor ? Les Gardiens de l'Innocence ? Dan était un peu perdu par ces noms, et maudit la tendance au secret du professeur Erable.

- Enfin, ça veut sans doute dire que Kabora n'est certainement pas le Marquis, poursuivit Briantown. Pas plus que ce pauvre Jacob, dont le corps a été retrouvé hier, flottant dans le port 2. Quel imbécile... Il n'a jamais eu les couilles nécessaires pour se lancer dans ce genre de business à haut risque.

Dan acquiesça, mais mentalement, il était abasourdi. Il avait bien sûr appris, en enquêtant, que Jacob Bervizios, le directeur des services de N.W.C, était porté disparu depuis quelques jours, mais n'avait jamais suspecté que sa propre entreprise y soit pour quelque chose. Un de ses collègues l'avait éliminé parce qu'il voulait partir ou parler ? Ou bien ce fameux Marquis ? Et ce Briantown, qui en parlait comme si de rien n'était... Ces gens étaient-ils dingues ?!

- Bref, reste plus que Milton, Stylord, et... nous deux, comme possibilité, hein ? Ricana Briantown.

- Si j'avais sous mes ordres une bande de terroristes assassins, et un titre aussi pompeux que Marquis des Ombres, je ne me ruinerai pas ma santé, physique et mentale, à essayer de nous faire vendre auprès d'actionnaires puissants, répondit Dan.

Il faisait mine de plaisanter pour en apprendre plus sur ce Marquis. Le professeur suspectait aussi qu'il fasse partie des hautes sphères de N.W.C. Si Dan trouvait son identité, Erable sera bien forcé de tout lui dire sur cette histoire de dingue.

- Et moi, je ne jouerai certainement pas les faux-culs auprès des médias et du gouvernement, répliqua Briantown avec un sourire. Milton ne sort de son labo que pour les réunions et ne doit même plus savoir en quelle année nous sommes... Non, si le Marquis est parmi nous, c'est certainement Stylord.

Dan enregistra mentalement le nom du directeur des ressources humaines, puis quand l'ascenseur s'arrêta au second étage, Briantown en sortit avec une tape sur l'épaule.

- C'est la merde, mais il nous faut continuer, n'est-ce pas ? Pour nos petites vies bien pépères, et pour le pognon. Toi plus que nous autres. L'accouchement est prévu pour quand déjà ?

Un accouchement ? Hubertin avait une femme enceinte ? Dan n'avait rien trouvé là-dessus, mais répondit d'un ton naturel :

- Le mois prochain, si tout se passe bien.

- Je vois.

Briantown tendit la main à Dan avant de sortir, et ce dernier la serra. Mais le cadre de N.W.C ne la lâcha pas, et attira Dan plus près, pour lui glisser à l'oreille.

- Vous avez mal fait vos recherches : Adrian est un homosexuel notoire qui n'a jamais touché une femme de sa vie.

Dan se raidit. Il s'était fait avoir. Briantown avait dû suspecter quelque chose, et avait posé une question piège. Le Pokemon Ranger s'apprêta à se battre, mais Briantown ajouta rapidement :

- Je ne sais pas qui vous êtes, mais j'imagine que vous devez être là pour enquêter sur les Agents de la Corruption. Soyez sûr que je ne suis pas des leurs, et que ça ne me dérangerait pas qu'ils se fassent coffrer, eux et leur dingue de Marquis. Ce que j'ai dit à propos d'Adreover Stylord, je le pensais vraiment. Bonne journée à vous.

Il quitta la cabine, sans rien dire à personne ni donner l'alerte. Perplexe mais soulagé, Dan quitta vite l'immeuble avec la disquette, en s'interrogeant sur l’attitude et le but de ce Maxwell Briantown. Peut-être bien qu'ils avaient un allié au sein même de N.W.C.