ψ Crôah ! Crôah ! Le cri se répand sur la vallée. Sur son passage, le Langage prend forme.
Voici le jour !
, crie l’oiseau de nuit.
On s’agite, on s’éveille. Une
fleur moribonde est encore une fois la première à réagir. Elle ouvre les yeux, cachée sous une racine d’un arbre couvert des feuilles d’une autre plante. Puis elle se lève, dans un mouvement difficile, ralenti par le gel. Mais la
fleur est courageuse. Elle continue, et dans quelques instants, elle se sera hissée jusqu’à son rocher habituel. Là, elle recevra un maximum de lumière, et le rocher lui renverra la chaleur.
À leur tour, d’autres habitants de la vallée sortent de leur torpeur. Tous ne dormaient pas ; mais tous étaient enfouis au plus profond de leurs cachettes. La nuit est trop froide pour que quiconque la passe dehors. Excepté le
corbeau ; mais il est transi, presque mort. S’il était seul, il serait déjà mort.
Mais il n’est pas seul. Quand les temps sont durs, de bien étranges associations se forment. Et l’
oiseau noir, ayant fini sa tâche, se dirige vers une caverne creusée au flanc de la montagne, d’où sort une lueur chaleureuse. Il en a détourné son regard toute la nuit, de peur que sa vue n’en soit affectée ; mais maintenant, il peut aller se reposer, s’abandonner au réconfort que cette lumière promet.
Un
herbivore marron s’extrait d’un arbre, à grand peine. Chaque soir et chaque matin, on le voit se contorsionner pour gagner son abri ; pourtant, il pourrait y rester toute la journée. Il parvient à y éviter les engelures, et ses bois lui suffiraient à profiter du jour ; mais il préfère passer la journée à s’activer, et à aider d’autres habitants de la vallée.
L’un d’eux, notamment, reçoit souvent son assistance. C’est une
créature longiligne, élégante.
Il a en commun avec
lui une familiarité certaine avec les plantes, et tous deux se sont donnés pour mission de les préserver. Ainsi, dès le matin, on les voit se hâter de faire le tour de la vallée.
Un
être au soyeux pelage crème déboule hors de la caverne, furieusement. Il entame l’ascension de la montagne, espérant un jour de plus arriver au sommet assez tôt. Dans sa course, ses neuf queues ondulent comme la mer derrière lui.
La mer… Elle ondulait, avant. Maintenant, elle est figée, gelée. Il ne reste qu’un mince filet d’eau libre, dans l’alignement du fleuve figé.
Le ciel pourpre se teinte de flamme. La clarté orange le dispute aux ténèbres violacées, et sur terre, la chaleur le disputera bientôt à la glace.
Une fleur soupire de soulagement,
un grimpeur accélère la cadence, et
une plante serpentine s’élance sinueusement vers un premier buisson.
Un nouvel
occupant sort de la caverne, et s’assoit à l’entrée. Son pelage bruisse, comme agité par une tempête ; pourtant le vent glacial est encore faible, ce matin. Il est froid, mais ne mord pas. Mais ce n’est pas le vent qui agite la boule de
fourrure rose. C’est l’Essence, que le petit
félin interprète de son mieux. Tout, en lui, respire la concentration : ses trois yeux fermés, sa queue à deux branches qui hésite entre deux directions, comme si elle cherchait l’origine du vent…
Un bond un peu maladroit fait trembler quelques feuilles. Une autre créature a passé la nuit dehors ; quelqu’un qui n’a pas d’odeur, qu’on n’a jamais entendu crier, à la discrétion impressionnante. Parfois, on la prend pour une tueuse, parfois pour une mère. Elle se présente comme une voyageuse, qui vient de loin, et qui va loin pour apprendre.
Un autre bond, plus discret, la propulse au-dessus du fleuve. Là, elle commence à son tour à escalader la montagne. Elle ne fait pas preuve de la même dévotion que celui qui y est déjà, mais elle déploie en revanche une grâce stupéfiante dans sa course. Il est vrai qu’elle vient d’une région montagneuse, escarpée ; il est vrai que ses bras dotés de mains et la grande force de ses jambes ont été investis dès son plus jeune âge dans l’apprentissage de la montagne. Et sa queue si fascinante lui confère un équilibre à toute épreuve.
Le
Bienfaiteur darde ses premiers rayons par-dessus la roche. Son éclat émerge derrière le sommet d’un versant, et la douce chaleur commence à se répandre dans la partie haute de la vallée. Sur son rocher, la
fleur se tend avec impatience vers la lumière de l’aube. Plus loin, le
serpent s’entoure de ténèbres alors qu’il aspire la lumière autour de lui. Et en haut de la montagne, le Langage prend forme.
Sois remercié pour cette nouvelle journée, toi qui voles pour nous tous dans le ciel gelé. Un peu partout dans la vallée, on entend, on approuve. Quelques cris retentissent, quelques mots volent dans le Langage.
Merci…—
Tu nous sauves par ta vie, et nous te donnerions les nôtres. —
Dévotion. —Pas trop froid, là-haut ?
La voyageuse pense différemment. La voyageuse n’est pas
pareille. La voyageuse se permet de parler au Bienfaiteur comme à un vieil ami. Mais qui peut dire si ce n’est pas le cas ? Il lui répond, parfois. Aujourd’hui, il répond.
Pas encore trop froid, en bas ? Elle ne répond pas, se hâtant simplement vers le sommet. Quand elle redescendra, elle sera bien moins agile, bien moins rapide. Certains en tirent de la satisfaction. Elle le sait sans doute, mais ne le montre jamais. Tous sont trop fiers pour vivre ensemble. On ne vit pas en groupes, normalement.
Les proies cohabitent avec les prédateurs, et seuls sont mangés ceux que le froid a vaincus. Pour le reste, tous se contentent d’épuiser les réserves de baies de la vallée. Quand la mort s’annonce sur votre territoire, les règles disparaissent. Certains se hissent sur les autres pour ne pas se noyer. Ici, on a décidé de faire front. La mort est froide, et des habitants sont chauds : il n’en faut pas plus pour espérer, et briser les règles.
Une nouvelle journée commence. Le gros des habitants sortent enfin de leur caverne. Il y a là la horde de
grands félins, au centre du groupe. Tout autour d’eux s’agglutinent des
roches vivantes, des
oiseaux frigorifiés, et un
arbre à fruits. Tous sont venus entendre la
boule de poils annoncer sa prédiction.
Trois yeux s’ouvrent, le Langage prend corps, voix et pensée.
Un Blizzard frappera quand le Bienfaiteur sera au milieu du ciel. Le vent restera fort jusqu’à la fin de la journée, alors évitez de trop vous y exposer. On entend, on prend note. Certains travailleront jusqu’au Blizzard. Certains reprendront le travail après lui. D’autres non. Et on sait déjà que la voyageuse ne laissera tomber sa séance de nage pour rien au monde. Ni le Vent de Glace, ni le Souffle Glacé, ni le Blizzard ne peuvent perturber sa journée immuable. Même le terrible Chôon dont parle parfois le
visiteur gelé ne suffirait pas à lui faire peur. Elle semble immunisée aux éléments…
Un sifflement strident traverse la vallée. Le
serpent est satisfait de sa récolte, et il rend désormais aux feuilles d’un buisson la lumière qu’il a absorbée. Ceux qui regardent la scène pourraient presque voir le végétal verdir à vue d’œil, gagner lentement en vitalité. Puis son
jardinier s’arrête, et se dirige vers le fleuve. Son action a dégagé beaucoup de chaleur ; suffisamment pour qu’il s’autorise à aller étancher sa soif naissante.
Un peu plus loin, l’
herbivore au pelage de feuilles mortes pose ses bois contre le tronc d’un petit arbre à baies, et le nourrit tout doucement de sa propre force. Il n’est pas aussi spectaculaire ni aussi puissamment curateur que son
confrère, mais
lui peut se permettre de maintenir son effort toue la journée, et sans pause.
L’aube est finie ; il n’est plus temps de se reposer après un sommeil de mort. Maintenant, l’heure est à la survie.
***Le vent souffle, le vent siffle, le vent mord. Sans ailes, il vole dans la vallée, et rugit sans voix pour refroidir la vie. Ils sont fous, ceux qui sont dehors. Le vent les fouette, le vent les gifle. Autour d’eux, il fait claquer les rameaux des arbres, il emporte les pierres dans les airs. Ils sont fous, ou plutôt elle est folle.
La voyageuse fait face au Blizzard hurlant. Seule, bravement, elle affronte le vent qui l’afflige de ses griffes cuisantes. Furieux qu’on le défie ainsi, le vent renforce ses assauts. Il déferle sur le paysage gelé et l’ensevelit sous ses vagues aussi consistantes que les roches. Et la voyageuse l’ignore toujours. Elle ignore les grêlons et les pierres qui claquent contre sa carapace d’écailles, elle ignore le mugissement strident qui aspire à l’occire. La voyageuse est partout chez elle, car elle amène avec elle sa sérénité immuable. C’est le vent qui la défie, et elle en triomphe avec gloire.
***Il ne fait pas moins froid, mais le vent ayant faibli, on ose à nouveau sortir le museau hors de son trou. Le premier dehors a à nouveau été le
grimpeur à neuf queues, retourné prier au sommet de la montagne avant même que le Blizzard n’ait complètement cessé. Puis il a été suivi par la
horde radieuse. Celle-ci reste la plupart du temps dans les endroits qui retiennent sa chaleur, mais n’hésite pas à aller l’investir dans la survie des buissons. Et
elle aide surtout l’
herbivore saisonnier, bien que
celui-ci s’en méfie. Il a des
congénères qui passent la nuit avec la
horde, mais lui n’a pas confiance.
Comme la
fleur, que sa faiblesse rend craintive. Elle, en revanche, ne retournera pas à l’air libre avant quelques temps. Elle ressemble un peu aux
fleurs qui changent avec le soleil, lesquelles se sont toutes enterrées comme des graines. Il n’est pas sûr que cela suffise, contre une saison froide si féroce et si précoce…
Le
aide la
à survivre. Ici, le sifflement strident d’un nouveau Lance-Soleil retentit ; là, des bois chargés de feuilles mortes donnent de la vie à des buissons ; ici enfin, des crinières ardentes font fondre la glace. Le Bienfaiteur lui-même suit cette logique : si le soleil répandait de l’Essence d’
, lumineuse,
lui répand celle du
, plus chaleureuse.
Au sommet de la montagne, trois habitants sont assis.
Le premier prie respectueusement,
le second observe le temps, et la troisième semble ne rien faire, détendue. Une apparence trompeuse : en regardant dans l’Essence, on aperçoit un filet d’énergie s’échapper d’elle, et monter vers le ciel. Deux autres, bien plus ténus, l’accompagnent ; l’un transporté par des prières, l’autre par l’Essence du
.
C’est ce dernier qui le voit. Le Langage prend corps, voix et pensée.
Ce cher visiteur arrive une fois de plus. Pourrais-je compter sur vous deux pour l’accueillir ? Le Langage prend forme à nouveau.
Tu peux compter sur moi pour descendre avec toi. Le Langage ondule et s’agite, transposant la réponse de la visiteuse. Sa pensée étrange,
différente, a toujours besoin d’un peu de temps avant d’être communicable.
Avec plaisir !
Un peu plus tard, alors que le Bienfaiteur se rapproche rapidement de la crête de la vallée, le
visiteur arrive. Il tient dans ses bras une montagne de baies, comme à chaque fois. Son domaine gelé en regorge encore, et comme il en est le seul habitant, il vient les partager dans la vallée.
Alors qu’il est sur le point de repartir, un autre
visiteur venu du froid s’invite. Il sort de la mer là où elle devient fleuve, et se dirige immédiatement vers l’attroupement en interpelant
son vieil ami.
Le Langage prend forme, et se déploie avec l’ampleur d’un cri.
Mais qui voilà ! Ne pars pas tout de suite, j’arrive ! —
Tu vas encore me forcer à poireauter une heure dans cette caverne étouffante pour entendre une de tes histoires abracadabrantes ? —
Tu es le premier à les apprécier. C’est entendu, alors. Le soir verra un nouveau récit du marin, commenté par le montagnard.
*** J’ai pas suivi, tu peux recommencer au début ? —
Mais c’est pas vrai ! —
Vous formez une sacrée paire de rigolos, tous les deux… Entre les bons mots, les rires qu’ils provoquent, les dernières traces de l’histoire qui flottent encore et les commentaires, il est difficile de savoir qui dit quoi dans le Langage. Les histoires du
voyageur en mer provoquaient toujours beaucoup d’enthousiasme.
La voyageuse parle, à son tour.
Cette histoire (elle était vraiment bien) m’en rappelle une autre. Je crois qu’elles correspondent, par rapport à nos pays respectifs.
—
Vraiment ? J’aimerais l’entendre, pour comparer… Tout autour, les habitants de la caverne s’écartent, se dispersent. Il fait tard, et l’on n’a guère envie d’entendre une deuxième version de l’histoire. Même les deux visiteurs ne sont pas intéressés,
l’un repartant sur son domaine et
l’autre allant se chercher un coin où dormir.
Et pendant qu’un
butineur ronchonne à propos du bruit, l’
oiseau noir s’envole pour une nouvelle nuit. Lui qui est d’habitude prédateur, parfois charognard, veille désormais sur sa communauté.
Alors, à son tour, la voyageuse se fait conteuse. Elle raconte l’histoire telle qu’on la connaît dans le pays d’où elle vient, qui est de volcans abrupts et gelés, enflammant toute l’année la mer qui les entoure. La même histoire, en
différente.
***Après l’arbre, il faut voler vers le rocher. Puis l’autre rocher. Et ainsi de suite, de repère en repère,
il vole tout autour de la vallée. Une erreur de débutant serait de ne surveiller que l’endroit au-dessus duquel il vole ; mais le
corbeau n’est pas un débutant.
Si lui fait le tour de la vallée, son regard fait le tour du ciel. Et partout, toujours, il cherche attentivement la moindre trace de vie. Personne ne peut entrer dans la vallée sans alerter son
gardien nocturne.
Sauf le froid ; et lui, il ne se gêne pas. Le
corbeau sait que ce sera ainsi tout du long : chaque inspiration est un choc dans les poumons, chaque battement d’aile est une déchirure pour le muscle de l’épaule. Il n’est pas une créature du froid : sans son logement auprès de la
horde, il aurait déjà servi de dîner à quelqu’un.
Pourtant, tout n’est pas mauvais dans ces nuits glaciales. Après tout, l’
oiseau noir est une créature des
, et la nuit est son domaine. Depuis que le soleil a laissé la place au
Bienfaiteur, la lumière est devenue rare en toutes circonstances. Et bien qu’il puisse la voir, le
corbeau préfère largement l’obscurité.
Les non-
craignent l’obscurité. Ils fuient la noirceur, ils s’éclairent. Pourtant, l’obscurité n’est pas malveillante. Elle est juste un peu différente de la lumière. À cause de cela, les non-
y deviennent aveugles, et paniquent. Le
corbeau, lui, peut voir dans l’obscurité. Ses yeux voient les
.
Et c’est pourquoi on ne peut pas contourner sa surveillance de la vallée. Son ouïe affutée exige de la prudence ; son odorat, développé, exige de la chance ; mais contre sa vision nocturne, il n’y a rien à faire.
L’hiver est terrible, et dans la vallée, on ne peut y survivre que parce qu’on a des arbres à baies et des moyens de les préserver. Mais il y a des gens qui n’ont pas ces moyens ; ou qui n’ont pas voulu admettre dépendre d’autres gens ; ou qui n’ont pas de vallée, qui vivent en se déplaçant toujours.
Ceux-là, pour survivre, doivent tuer.
Piller des endroits encore fertiles. Ravager la vie où ils la trouvent, se goinfrer autant que possible, et migrer vers la vallée suivante en espérant y arriver en ayant encore assez de forces pour y recommencer le même processus.
C’est normal. L’
oiseau noir n’émet pas de critique sur cette pratique : la survie a toujours consisté à manger ou à être mangé. Lui-même aurait pratiqué cette destruction s’il n’y avait pas eu la
horde. Après tout, c’est la même chose que de tuer quelqu’un pour manger son cadavre. C’est juste une autre échelle.
Et se protéger aussi est normal. C’est cette tâche que le
corbeau a accepté : patrouiller autour de la vallée, chaque nuit, dans le froid mordant. Servir comme sentinelle, capable d’alerter de l’arrivée d’une bande nomade. Ou de prévenir que le jour commence. Le
Bienfaiteur n’est pas aussi régulier que le soleil, et être prêt à son arrivée permet de mieux profiter de sa générosité.
Entièrement dévoué à son rôle, le
corbeau ne jette pas un coup d’œil vers la caverne. Ce n’est pas elle qu’il surveille. C’est d’elle que vient le danger.
***Que faire ? La
horde est confuse.
L’adversaire craint le feu ; en l’attaquant, on pourrait l’éliminer. Et la chaleur les repoussera. Mais, énervé par l’attaque dangereuse, il pourrait aussi devenir fou furieux.
Il est arrivé comme ça. Le froid régnant dans la caverne a gelé l’eau libérée par des souffles ; et peut-être de la glace était-elle entrée avec le Blizzard. Toujours est-il que les cristaux se sont concentrés, et que
quelqu’un en est né. Un simple adversaire, venu à la vie au sein d’un environnement hostile, ignorant encore de tout. Faut-il le tuer ?
Certains ne se posent pas la question. Hurlant de rage, le
butineur ronchon se jette sur la
glace vivante et tente de l’abattre, à grands coups de sa trompe interminable.
L’adversaire s’énerve. Un jet de glace frappe, durement. L’aile irisée que le
râleur affichait si fièrement se déchire.
Est-il mort ? Il n’a jamais été bien résistant… La
horde prend sa décision. Il n’y a pas que ses voisins qu’elle protège : il y a ses petits. Les jets de flamme fusent, et rendent une blessure mortelle pour une autre.
La glace qui a été vivante pendant quelques instants agonise, et bientôt, elle sera morte. Autour, on voudrait porter le coup de grâce ; certains craignent suffisamment son Essence pour refuser le risque ténu de la voir revenir. Mais celle qui s’avance est la voyageuse.
Le Langage prend forme.
Je vais aller le porter au sommet de la montagne. Il ne nous menacera plus, de là.
—
Pourquoi tant de dévouement envers un être qui aurait pu te tuer ?— Parce qu’il aurait pu vivre.
Elle sort, sans un mot. La
boule de poils, elle, se demande pourquoi elle tente si souvent de comprendre l’étrangère. Peut-être parce qu’elle affiche la même générosité que le
Bienfaiteur, ou que la
horde.
La générosité peut-elle aller de pair avec la survie ? Ici, pour l’instant, oui…