La jalousie
Lové dans son panier Flamme somnolait tranquillement. Pour l’instant la maison était calme. Le père travaillait dans son bureau et la mère était allée chercher l’enfant. Elle et le jeune garçon serait probablement rentrés dans quelques minutes. Le caninos avait hâte de les voir revenir. Il commençait à s’ennuyer tout seul.
Il regrettait le temps où l’enfant restait à la maison et où il pouvait jouer avec lui toute la journée. Maintenant son dresseur partait chaque matin et revenait seulement le soir, Flamme passait donc beaucoup moins de temps avec lui.
Il ignorait où l’enfant allait pendant la journée mais il aurait bien aimé pouvoir le suivre. Malheureusement les parents le lui avaient interdit. Le caninos trouvait cela injuste. Si son dresseur pouvait aller quelque part il devrait en avoir le droit lui aussi. Il avait grandi avec l’enfant, il devrait donc pouvoir faire les même chose que lui. De plus l’enfant était son dresseur et Flamme pensait avoir le devoir de rester près de lui pour le protéger.
Il avait essayé d’expliquer tout cela aux adultes, mais ceux-ci n’avaient pas compris. Cela n’avait pas vraiment étonné Flamme. Les humains ne comprenaient jamais rien. Lorsque le caninos leur disait quelque chose ils se contentaient de lui faire une brève caresse avant de se remettre à l’ignorer. S’il insistait les parents l’obligeaient à sortir de la pièce.
Il n’y avait que l’enfant avec qui il parvenait à communiquer. Le jeune garçon ne comprenait pas tout mais il l’écoutait et il ne refusait jamais de jouer avec lui. Depuis que celui-ci partait dans l’endroit mystérieux Flamme ne savait plus quoi faire de ses journées. Les adultes refusaient de jouer avec lui et s’amuser tout seul était ennuyeux.
Soudain Flamme entendit une clé tourner dans la serrure. L’enfant était rentré ! Le jeune caninos se précipita dans l’entrée pour l’accueillir. Son dresseur le caressa en riant. Il semblait toujours amusé par l’enthousiasme du caninos lorsqu’il se retrouvait le soir. Visiblement il n’était pas trop triste de ne pas voir son pokémon pendant la journée. Flamme ne lui en voulait pas. L’enfant avait le droit de s’amuser tout seul. Il ne pouvait pas passer son temps à penser à lui.
Le jeune garçon se dirigea vers une autre pièce pour manger. Flamme le suivit et se mit à faire les cents pas, impatient. Il aurait aimé commencer à jouer tout de suite, mais l’enfant tenait toujours à manger dès qu’il rentrait. Flamme était donc obligé de l’attendre avant de pouvoir aller s’amuser avec lui.
Le pire pour le caninos était que ce que mangeait l’enfant avait l’air délicieux mais qu’il n’avait pas le droit d’y goûter. Tous les soirs le jeune garçon avait le droit de prendre un carré marron clair qui sentait incroyablement bon mais, malgré les supplications de Flamme il refusait toujours de lui en donner.
Le caninos était déçu de ne pas pouvoir goûter au carré brun mais il comprenait l’enfant. Celui-ci n’avait le droit de manger un de ces carrés qu’une seule fois par jour et c’était tellement bon qu’il préférait tout garder pour lui. C’était égoïste mais c’était normal pour un enfant. Il était encore trop jeune pour avoir à se préoccuper des autres.
En revanche Flamme en voulait aux parents de ne pas le laisser manger la même chose que son dresseur. Il était anormal qu’il soit privé d’une chose à laquelle l’enfant avait droit. Parfois le caninos avait l’impression que les adultes préféraient le jeune garçon à lui. Son dresseur passait la journée dans des endroits amusants et mangeait des choses délicieuses alors que lui devait rester à la maison et se contenter de croquettes.
Flamme n’était pas jaloux de son dresseur. Il l’aimait beaucoup trop pour cela. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser que les parents ne devraient pas faire de favoritisme. Il n’était pas juste que l’enfant est droit à des choses qu’on lui interdisait de posséder.
Le jeune garçon finit rapidement son repas. Dès qu’il se leva Flamme fonça vers la chambre, impatient de commencer à jouer. Il s’apprêtait à prendre une balle lorsqu’il s’aperçut que l’enfant ne l’avait pas suivi. Il retourna au salon, intrigué. Son dresseur était devant la porte, en train d’enfiler une seconde fourrure par-dessus la sienne. Le caninos agita la queue, ravi. Lorsque l’enfant se comportait comme ça le soir, cela voulait dire que la famille allait au parc.
Dès que la porte fut ouverte Flamme fila hors de l’appartement et dévala les escaliers quatre à quatre, suivi de près par l’enfant. Ils attendirent les adultes, qui comme d’habitude étaient descendu beaucoup plus lentement qu’eux puis ils se mirent en route.
Le caninos aurait aimé courir pour arriver au parc le plus vite possible, mais les parents lui avait interdit de s’éloigner d’eux. Flamme dut donc s’efforcer de marcher aussi lentement que les humain alors qu’il aurait voulut traverser la ville le plus vite possible. Il détestait cet endroit. Il sentait mauvais et en plus il était dangereux. D’énormes boites métalliques circulaient à toute vitesse et on risquait d’être écrasé à chaque instant. Le seul moyen de leur échapper était de rester sur le rebord qui longeait les gigantesques tanières en pierres des humains.
Comme d’habitude Flamme frissonna en passant sous le pont de métal. Une fois il avait vu le pont trembler en produisant un bruit terrifiant et depuis il en avait peur. Il était persuadé qu’un jour la structure s’effondrerait sur lui. Par chance cela ne se produisit pas aujourd’hui et la famille pu continuer tranquillement sa route.
Arriver au parc fut un véritable soulagement pour Flamme. Il adorait cet endroit autant qu’il haïssait la ville. Le parc était immense et il pouvait courir partout. En plus il y avait toujours d’autres enfants avec qui jouer. Le caninos s’apprêtait à rejoindre une bande de jeunes garçons mais son dresseur lui fit signe de le rejoindre. Le jeune pokémon feu obéit, étonné. D’habitude son dresseur adorait jouer avec des humains de son âge et c’était toujours lui qui insistait pour les rejoindre. L’enfant se tenait au bord des hautes herbes avec ses parents. Voir ça surprit le caninos. Normalement les parents s’asseyaient sur un banc près de l’entrée et les laissaient jouer tous seuls. Là ils parlaient avec l’enfant et lui disaient quelque chose qui semblait très important. Flamme ne comprenait pas de quoi ils parlaient mais l’enfant avait l’air ravi.
Lorsque ses parents eurent terminé leur discours le jeune garçon poussa un cri de joie et courut vers les hautes herbes. Flamme le regarda y pénétrer, ébahi. Ils n’avaient pas le droit d’aller là bas. Les adultes prétendaient que c’était dangereux. Le caninos avait bien essayé de leur expliquer qu’il était capable de protéger son dresseur, mais ils ne l’avaient jamais écouté et avaient continué de leur interdire d’aller dans les hautes herbes.
L’enfant appela son pokémon et lui fit signe de le rejoindre. Flamme hésita. Il jeta un coup d’oeil aux parents. Ils n’avaient pas l’air de vouloir gronder l’enfant. Est-ce que ça signifiait qu’ils avaient le droit d’aller dans les hautes herbes maintenant ? C’était ça qu’ils avaient dit ? Ravi, Flamme rejoignit son dresseur. Il avait toujours rêvé d’aller dans les hautes herbes. Elles avaient l’air pleine de recoins à explorer et d’odeurs fascinantes.
Flamme aurait aimé courir partout et trouver tout ce qui se cachait au milieu des herbes, mais son dresseur lui ordonna de rester près de lui. Le jeune garçon se mit à marcher en fixant le sol comme s’il cherchait quelque chose. Soudain il poussa un cri de joie en désignant un tournegrin qui se reposait au soleil. Il ordonna à son pokémon de l’attaquer. Flamme obéit avec excitation. Il n’avait jamais combattu mais il sentait au fond de lui qu’il était fait pour ça. Il savait instinctivement ce qu’il devait faire.
Il lança une attaque flammèche. Alerté par les cris de l’enfant le tournegrin parvint à l’éviter de justesse et riposta avec des feuilles tranchantes qui atteignirent le pokémon feu de plein fouet. Flamme repoussa le pokémon plante d’une seconde attaque flammèche et enchaîna avec griffe. Il s’apprêtait à achever son adversaire quand une balle passa juste devant son museau. Elle atteignit le tournegrin, qui fut englouti par une étrange lumière rouge. La balle s’agita quelques instants, puis elle ne bougea plus.
Flamme regarda autour de lui, désorienté. Où était passé son adversaire ? Il s’approcha de la balle et la renifla avec curiosité.
« C’est ça qui a fait disparaître le tournegrin ? » se demanda-t-il.
Il frôla prudemment l’objet du bout de la patte. Voyant que la balle ne réagissait pas, il s’enhardit et commença à la faire rouler sur le sol. Il s’apprêtait à la mordre lorsque l’enfant, qui s’était approché, l’écarta pour lui la prendre. Il courut vers ses parents et leur montra fièrement l’objet. Flamme le suivit, étonné par son attitude étrange.
Soudain l’enfant lança la balle dans les airs. La lumière rouge et le tournegrin réapparurent. Le caninos recula, surpris. Il se prépara à continuer le combat, mais son dresseur s’approcha du pokémon plante et commença à lui parler. Il lui fit boire quelque chose et, d’un coup, le tournegrin sembla reprendre des forces. L’enfant commença à caresser le pokémon graine, tandis que son père s’approchait de Flamme et lui tendait une bouteille violette, semblable à celle que son fils avait donné au tournegrin. Le caninos bu son contenu. C’était vraiment délicieux. Flamme se sentit plein d’énergie. Il courut rejoindre l’enfant et le tournegrin. Le jeune garçon décida qu’ils allaient jouer ensemble tous les trois. Flamme aurait préféré retourner dans les hautes herbes et faire un autre combat, mais il dut obéir à son dresseur.
L’après midi passa trop vite aux yeux du caninos. Il avait à peine eu le temps de s’amuser quand la nuit commença à tomber. Lorsque ses parents appelèrent l’enfant, celui-ci ressortit sa balle et la pointa vers le tournegrin. La lumière rouge jaillit et fit à nouveau disparaître le pokémon plante. Flamme regarda l’étrange objet avec curiosité. Cette balle capable de faire disparaître et réapparaître un pokémon lui semblait vraiment bizarre. Il se demandait à quoi elle pouvait servir. Il supposa qu’il s’agissait d’un nouveau jouet même s’il ne lui semblait pas très amusant. L’enfant et lui étaient très bien ensemble, ils n’avaient pas besoin d’un autre pokémon avec eux.
Lorsque la famille fut rentrée l’enfant fit à nouveau apparaître le tournegrin. Pendant qu’il jouait avec lui les adultes installèrent quelque chose dans la chambre du jeune garçon. Le caninos les observa, intrigué. L’objet ressemblait à son panier mais à la place de son coussin il était remplit d’herbe et de terre. Les adultes posèrent l’objet près de la fenêtre et appelèrent l’enfant et le tournegrin. Ce dernier s’approcha de la chose que les parents avaient installé et s’y coucha. Flamme fut surpris de voir le pokémon plante choisir ce panier alors que le sien, qui était posé juste à côté était sans doute beaucoup plus confortable. Les parents annoncèrent qu’il était l’heure de dormir. L’enfant obéit docilement pendant que Flamme se couchait dans son panier. Les adultes embrassèrent l’enfant avant d’éteindre la lumière.
Dès qu’ils furent sortis de la pièce le caninos se releva et grimpa dans le lit. Il n’en avait pas le droit mais il préférait dormir avec son dresseur. L’enfant appela le tournegrin pour qu’il les rejoigne. Il poussa légèrement le caninos pour faire de la place au pokémon graine. Flamme grogna. Il était habitué à dormir collé au ventre de l’enfant mais le tournegrin lui avait pris sa place. Il trouvait sa nouvelle position beaucoup mois agréable, mais il accepta de s’écarter. Après tout c’était son dresseur qui le lui demandait.
Le lendemain le caninos se réveilla tôt. Il était obligé de se lever avant que les adultes ne viennent chercher l’enfant. Si les parents le voyaient dans le lit il se ferait gronder. Il hésita à réveiller le tournegrin pour le prévenir, mais il ne le fit pas. Il n’avait pas envie d’aider celui qui avait pris sa place.
Le caninos se coucha dans son panier et attendit patiemment l’arrivée des adultes. Il s’attendait à ce qu’ils soient là dans quelques minutes mais ils ne vinrent pas immédiatement. Le caninos fut ravi. Le plus souvent les parents réveillaient l’enfant tôt et celui-ci partait presque tout de suite. Mais il y avait d’autres jours où les adultes le réveillait plus tard et où son dresseur pouvait jouer avec lui toute la journée. Visiblement, aujourd’hui était un des jours ou l’enfant avait le droit de rester ici.
Les parents finirent par arriver. Ils grondèrent le tournegrin et l’enfant, puis dirent qu’il était l’heure de manger. En entrant dans la cuisine Flamme remarqua une gamelle à côté de la sienne. Il supposa qu’elle était destinée au tournegrin. Le pokémon plante allait donc rester ici un moment. Le caninos soupira avec contrariété. Il aurait préféré passer la journée seul avec l’enfant. Son dresseur avait tendance à le délaisser lorsqu’il y avait quelqu’un d’autre à la maison. Flamme espérait que le tournegrin partirait dans la journée et que l’enfant aurait un peu de temps pour s’occuper de lui.
L’enfant resta deux jours. Flamme était content d’avoir pu passer un peu de temps avec lui même s’il avait beaucoup trop joué avec le tournegrin à son goût. Le pokémon plante commençait à agacer Flamme. Lui aussi avait passé les deux jours à la maison et il n’avait visiblement pas l’intention de repartir. Il commençait à prendre beaucoup trop de place aux yeux du caninos. L’enfant passait beaucoup plus de temps à jouer avec lui et à lui parler que ce qu’il faisait normalement avec ses autres amis. Il lui avait mème donné un nom : Le tournegrin s’appelait maintenant Feuille.
Flamme s’efforçait de se dire que cela n’avait pas d’importance. Feuille était comme un nouveau jouet pour l’enfant. Son dresseur allait s’amuser avec lui un moment, puis il se lasserait. C’était ce qu’il faisait toujours. Flamme comptait beaucoup pour l’enfant et cela ne changerait jamais.
Le caninos supportait le tournegrin en se disant que l’enfant reviendrait bientôt jouer avec lui. Et puis la présence du pokémon plante avait un avantage : Flamme aurait quelqu’un avec qui jouer lorsque son dresseur n’était pas là. Ce ne serait pas aussi amusant que de jouer avec l’enfant mais c’était mieux que rien.
Le caninos et le tournegrin se dirigèrent vers le pas de la porte pour dire au revoir au jeune garçon. L’enfant caressa gentiment Flamme. Puis il sortit sa balle et fit disparaître le tournegrin. Flamme le regarda, incrédule. Son dresseur emmenait Feuille avec lui. Ça voulait dire que lui aussi pouvait l’accompagner ? Le caninos tenta de suivre l’enfant mais celui-ci le repoussa. Il se baissa et dit quelque chose dans le langage des humains :
« Écoute Flamme tu sais que tu ne peux pas aller à l’école. C’est interdit aux pokémon qui ne sont pas dans des pokéballs. Feuille et moi on va partir pendant que toi tu restes ici avec papa et maman. On se reverra ce soir. D’accord ? »
Flamme ne comprenait pas tous les mots mais il avait saisi l’essentiel du message. Il n’avait pas le droit d’accompagner son dresseur, mais Feuille le pouvait. C’était vraiment injuste. Flamme était ami avec l’enfant depuis beaucoup plus longtemps que le tournegrin. Tous deux s’était rencontré lorsqu’ils étaient encore bébés. Ils se connaissaient depuis toujours. C’était lui qui aurait dû rester auprès de l’enfant. Il était son protecteur alors que Feuille n’était qu’un simple compagnon de jeu rencontré il y a quelques jours. C’était Flamme qui aurait dû bénéficier des privilèges, pas le tournegrin.
Déçu et incrédule Flamme alla se coucher dans son panier et décida d’y rester jusqu’à ce que l’enfant accepte de l’emmener avec lui lorsqu’il partait le matin. Il ne bougea pas de la journée mais il abandonna sa résolution le soir, lorsque l’enfant lui demanda de venir jouer avec lui. Son dresseur avait eu l’air si triste lorsqu’il avait tenté de refuser, qu’il n’avait pas pu résister. Il détestait rendre l’enfant malheureux. Il n’en avait d’ailleurs pas le droit. En tant que pokémon il devait tout faire pour que son dresseur se sente bien.
Durant les semaines qui suivirent le caninos fit l’effort de supporter Feuille. L’enfant l’aimait bien et Flamme ne devait pas gâcher son bonheur. Le caninos tentait donc de ne pas se montrer méchant avec le tournegrin même s'il l’aimait de moins en moins. Le pokémon plante faisait semblant d’être ami avec Flamme mais le caninos voyait bien qu’il tentait de prendre sa place. Feuille passait son temps à jouer avec l’enfant. Il ne boudait jamais, ne se mettait jamais en colère et ne faisait jamais de bêtise. Visiblement il espérait gagner l’affection du jeune garçon en se montrant gentil, docile et obéissant.
Flamme tentait de se persuader que le stratagème du pokémon plante ne marcherait pas et qu’il serait toujours le pokémon préféré de son dresseur, mais il en était de moins en moins sûr. L’enfant semblait aimer jouer avec le tournegrin et il continuait à l’emmener tous les matins. En plus son attitude envers Flamme avait changé. Avant lorsque le caninos boudait il lui parlait jusqu’à ce que le pokémon feu se décide à venir jouer avec lui. Désormais il lui arrivait de l’ignorer et d’aller s’amuser avec Feuille. Flamme aurait aimé pouvoir faire confiance à son dresseur et être certain qu’il verrait que le tournegrin tentait de prendre sa place et de s’imposer dans la famille, mais que l’enfant appréciait Feuille.
Au fil du temps Flamme finit par se persuader que le tournegrin était dangereux. Si il continuait à se rapprocher de l’enfant il risquait de lui faire perdre sa place et de convaincre son dresseur de ne plus s’occuper de lui. Le caninos savait qu’il devait empêcher Feuille d’agir mais il n’osait rien faire. Son dresseur s’était attaché au tournegrin et il serait sans doute très triste si Flamme lui faisait du mal. Le caninos se contentait donc de passer le plus de temps possible avec son dresseur en espérant que celui ci finirait par voir qu’il valait bien mieux que Feuille.
Mais un jour l’enfant et le tournegrin ne rentrèrent pas. Flamme les attendit quelques minutes, se disant qu’ils avaient peut être traîné en route mais il finit par s’inquiéter. Son dresseur ne rentrait jamais très tard. Si il n’était pas encore là c’était qu’il avait du lui arrivé quelque chose. Il se mit à faire les cents pas en aboyant nerveusement. Le père tenta de le calmer, en vain. Le caninos ne tenait pas en place. Il imaginait toute les choses horribles qu’il avait pu arriver à son dresseur. Il aurait aimé sortir pour tenter de retrouver l’enfant, mais le père refusa de lui ouvrir la porte. Flamme en fut donc réduit à tourner en rond en priant pour qu’il ne soit rien arrivé à son dresseur.
Au bout d’une heure celui ci finit par revenir. Le caninos se précipita vers lui, soulagé de voir qu’il allait bien. L’enfant se pencha vers lui et le caressa. Il semblait amusé par la réaction de son pokémon. Il n’avait pas l’air de comprendre l’inquiétude qu’il lui avait causé. En se frottant contre ses jambes Flamme sentit un parfum familier. Une odeur d’herbe et de terre se dégageait de son dresseur. L’enfant était allé au parc ! Et il ne l’avait pas emmené avec lui. Il avait préféré s’y rendre seul avec Feuille.
A cet instant que Flamme comprit qu’il devait agir. L’enfant serait triste mais il ne pouvait pas se permettre de laisser le tournegrin passer plus de temps avec lui. Visiblement son dresseur commençait déjà à se désintéresser de lui. Bientôt il l’oublierait sans doute complètement et il passerais son temps à jouer avec Feuille pendant que Flamme se morfondrait dans son panier. Le caninos devait se débarrasser du pokémon plante au plus vite.
Durant la soirée Flamme s’efforçât de faire comme si de rien n’était. Il agirait de nuit. Il ne voulait pas que l’enfant voit ce qu’il allait faire. Le caninos fut soulagé lorsque les parents leur dirent d’aller se coucher. Ce n’était pas facile de faire comme si tout allait bien alors qu’il allait devoir supprimer quelqu’un à qui son dresseur tenait. Il avait hâte d’en finir. Après tout irait mieux.
Flamme attendit quelques minutes. Puis lorsqu’il fut certain que l’enfant et le tournegrin dormaient, il se releva, sortit les griffes et se prépara à frapper. Tout à coup le tournegrin se réveilla, sans doute alerté par les mouvements de Flamme. Comprenant le danger il frappa le caninos au visage. Flamme riposta par une attaque flammèche. Feuille évita l’attaque, qui atteignit le lit et enflamma les draps. Effrayé le tournegrin s’enfuit, poursuivi par le caninos. Celui-ci allait rattraper son ennemi lorsqu’une sonnerie stridente retentit. Surpris Flamme laissa le tournegrin s’échapper. Feuille fila en direction de la porte et bondit sur la poignée. Il parvint à l’actionner et à ouvrir la porte. Le pokémon plante sortit de l’appartement et dévala les escaliers, le caninos à ses trousses.
En descendant ce dernier remarqua des humains à l’air paniqué mais il n’y fit pas attention, trop occupé à poursuivre Feuille. En arrivant en bas Flamme découvrit qu’une foule s’était massée au pied de l’immeuble. Des dizaines d’humains et de pokémons se trouvaient là. Tous fixaient le haut de l’immeuble d’où sortait une épaisse fumée noire. Flamme tenta de se faufiler entre les jambes des curieux pour retrouver le tournegrin mais celui-ci restait invisible.
Tout à coup un vrombissement se fit entendre et d’énormes engins rouges vifs pénétrèrent dans la rue. Ils s’ouvrirent, laissant sortir des humains accompagnés de pokémons eau. Quelques-uns restèrent devant l’immeuble pour en interdire l’accès tandis que d’autres montaient dans les étages. Lorsqu’ils redescendirent ils étaient accompagnés d’autres humains, blessés.
Soudain Flamme vit les parents se précipiter vers deux hommes. Le caninos s’approcha avec curiosité. Les humains transportaient un brancard sur lequel était couché un petit corps. Voulant voir de plus près Flamme bondit sur la civière. Il fut surpris de voir que c’était son dresseur qui était allongé. Le caninos lui donna quelques coups de museau pour le réveiller mais l’enfant ne réagit pas. Un des humains qui portait la civière repoussa sèchement le caninos et l’obligea à descendre.
Flamme vit les deux hommes mettre son dresseur dans l’un des engin rouge. Il aurait aimé le rejoindre mais il avait compris qu’on ne le laisserait pas faire. Il se demanda se qui s’était passé. Pourquoi les humains transportaient ils son dresseurs couché alors qu’il aurait été bien plus simple de le réveiller et de le laisser descendre tout seul ? Pourquoi les hommes l’emportaient-ils avec eux alors qu’il aurait sans doute été mieux avec sa famille ? Et pourquoi l’enfant ne bougeait-il pas alors qu’il avait normalement un sommeil très agité ? Lui était-il arrivé quelque chose ? Flamme ne voulait pas y croire. Il avait vu son attaque mettre le feu au lit mais il refusait de penser qu’il avait pu faire le moindre mal à son dresseur.
Le caninos se dit qu’il était inutile de s’inquiéter. Son dresseur reviendrait sans doute bientôt. Le mieux à faire était probablement d’attendre qu’il revienne. Ensuite tout s’arrangerait. Flamme se posta donc devant la porte de l’immeuble, bien décidé à ne pas bouger avant le retour de l’enfant.