Chapitre 6 : Massacre
Chapitre 6 : Massacre
« Mon petit Soklar adoré. Devine donc ce que je viens de recevoir ? »
« Euh… Je ne sais pas, maîtresse Ebiné ? »
« Tu ne te forces pas beaucoup non plus hein ? C’est une mission ! Nous allons donc nous rendre dans un village des environs ! »
« Oui mais pour quelle raison ? C’est quoi la mission à accomplir ? » demanda une nouvelle fois l’adolescent alors que la femme masquée aux cheveux noirs s’immobilisait, comme si elle venait de découvrir une chose. Elle tapa dans ses mains, sortant ce qui semblait être une missive avant de l’ouvrir pour la parcourir du regard.
« Oh ! Hmmm … Village blablabla. Kilomètres dans cette direction blablabla… Hmm ! Voilà donc ! Des pokémon psychiques qui causent beaucoup de problèmes ! »
« Euh, vous pourriez y aller toute seule non ? Je veux dire, je me vois mal lutter contre des pokémon psychiques. Je connais les histoires à leur sujet. Ils sont capables d’attaquer sans même que ça soit réel… dans le crâne et ces choses ! »
« Oh mais non, je veux que tu viennes absolument avec moi ! Tu veux savoir pourquoi ? Car tu es mon apprenti et que j’ai envie que tu viennes ! »
« Je ne suis pas certain que l’argument soit vraiment recevable, maîtresse Ebiné. »
« Ce n’est pas bien grave, tu vas quand même venir avec moi, n’est-ce pas ? »
« Je ne suis pas certain que j’ai vraiment le choix. » répéta Solkar sur le même ton neutre et presque dénué d’émotions.
« Exactement ! Mais ne t’en fait pas, si tu deviens puissant, tu auras le choix. Si tu as le choix, tu pourras devenir encore plus puissant ! »
« Je ne recherche pas vraiment ceci, maîtresse Ebiné. Vous savez parfaitement ce que je veux, non ? Du moins, j’imagine que c’est facile à deviner. »
« Oh que oui… Tu veux juste vivre tranquillement, loin de tout, même si tu as accepté d’être l’élu d’Arceus. Oh que oui, je le sais ! »
Alors pourquoi est-ce qu’elle… s’excite autant ? Il la regardait avec appréhension, ayant définitivement du mal à comprendre comment elle vivait. Il n’était pas dans sa tête mais il avait l’impression que ça devait être un bordel innommable dans sa tête.
« On va dire que vous êtes plus ou moins proche de la vérité. Quand est-ce que nous devons partir ? Que je puisse me préparer. »
« Te préparer ? Mais non, ce n’est pas possible, hahaha ! Nous devons partir dès maintenant ! Allez, hop ! Tu vas me suivre et zou ! Bon, d’accord, c’est bien parce que tu es mon apprenti. Je vais te laisser quelques minutes ! »
Il aurait presque fait une courbette si cela avait été possible mais il vint s’abstenir. Ce n’était pas le moment de provoquer sa maîtresse élémentaire même si sincèrement, il sentait bien qu’elle ne lui voulait aucun mal.
Comme elle lui avait dit, alors qu’il terminait de préparer ses affaires, Ebiné était apparue dans son dos, plaçant ses mains sur ses yeux tout en lui demandant de qui il s’agissait. Même si cela avait été prononcé par un ton las, il avait fini par répondre le prénom de la femme.
« Oh très bien, très bien ! Même en étant aveuglé, tu saurais reconnaître quelqu’un au son de ta voix ! Je suis certaine que cela te sera très utile dans le futur ! »
Sincèrement ? Est-ce qu’elle n’était pas en train de se moquer de lui ? Car là, ça en donnait vraiment l’impression, hein ? Mais bon, cette impression disparaissait rapidement car même sans voir son visage, il savait qu’elle souriait naturellement, sans malice.
« Je ne suis pas certain encore une fois que cela me sera très utile. »
« Oh, que tu crois ! Si tu es capturé et que l’on te bande les yeux mais que tu te fais torturer, peut-être que si tu t’en sors, tu auras reconnu une voix ou deux et appris alors que c’est un proche de ta personne qui voulait ta mort ! »
« Mais c’est quoi ce… Brr ! Je préfère ne pas savoir en fait. »
Il avait l’impression qu’il venait de marcher sur une mine à cet instant précis. Une mine dont il allait avoir du mal à se débarrasser s’il ne prenait pas ses précautions. Mais en regardant la femme masquée, il savait encore une fois qu’elle ne cherchait à l’apitoyer.
« Alors, nous pouvons y aller, c’est bien ça ? Combien de temps cela va t-il nous prendre ? Si vous savez quelque chose à ce sujet ? »
« Hmmm… Hmmmm …. HMMMMMMM ! Ooooh ! Je suis certaine que cela ne va même pas prendre une journée ! On va y aller vite fait, bien fait ! Je suis une mousquetaire et toi mon apprenti ! Ce qui veut dire que l’on se déplace bien plus vite que le commun des gens ! »
« C’est vrai. Enfin, je ne veux pas me sentir si différent des autres non plus hein ? »
« Et pourtant, tu l’es ! Tu es unique ! Vraiment unique ! Zou on y va ! »
Elle ne voulait pas tergiverser trop longtemps à ce sujet, hein ? Pour une fois, il souriait. Elle était en fait très franche comme demoiselle, non ? Du genre à ne pas aimer se compliquer la vie inutilement avec des discussions qui embêteraient plus de monde qu’autre chose.
Sur ce point, c’était bien une chose qu’il pouvait apprécier. Même s’il évitait de le dire de vive voix pour éviter qu’elle ne se fasse des idées sur lui. Mais elle avait parfaitement raison. Par contre, que ça soit les gardes ou autres, tous évitaient de la regarder lorsqu’elle marchait dans les couloirs pour se diriger vers la sortie du château.
« Bon bon bon ! J’ai pas l’habitude de servir de Ponyta mais je suis certaine que tu tiendras pas la distance ! Allez hop ! En selle, Soklar ! »
« Hein ? Que ? De quoi ? Je dois... »
Comme s’il n’était qu’un vulgaire sac de patates, elle s’était accroupie en lui tournant le dos, prenant son bras pour le soulever avec une aisance certaine. Et ensuite ? Il ne comprit pas trop sur le coup, encore un peu choqué et perturbé. C’est pourquoi il lui fallut presque cinq minutes avant de finalement ouvrir la bouche pour dire :
« Euh… Mais qu’est-ce que vous faites là ? Je peux courir ! »
« Non, non … Enfin si ! Tu le peux ! Mais pas aussi rapidement que moi, petite canaille ! »
« Mais mais mais, je veux quand même pas être… enfin si des gens me voient comme ça ! »
« Bof ! C’est pas comme si ce que les gens pensent de toi avait vraiment une importance quelconque hein ? Les hommes poignardent les hommes. C’est juste comme ça depuis des siècles et des siècles, hahaha ! Bon, tu t’accroches bien ? Je vais accélérer ! »
Mais où devait-il s’accrocher ?! Il ne voyait qu’une paire de… brrr ! Il allait se retirer cette idée ! Mais sur le coup, il était perturbé car il ne pouvait pas se mouvoir et cela avait une sorte de mouvement hypnotique. Ce n’était pas… comme avec Mysvia mais quand même.
« Brrr, qu’est-ce qui me prend de regarder ça ? »
Ce n’était pas parce qu’il était un homme qu’il devait se comporter avec indécence. Heureusement le problème fut vite réglé, peut-être trop vite. Car oui, même si le voyage avait pris une bonne heure, il trouvait que cela était beaucoup trop rapide.
« Nous sommes arrivés ! Et voilà ! Nous vous remercions d’avoir pris la carriole Ebiné ! En espérant que vous avez passé un agréable voyage, hahaha ! »
« Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu parles de la sorte ? »
« OOOOOOOOH ! Tu me tutoies maintenant ? Mais c’est génial mais nous sommes déjà si proches en si peu de temps ? »
« C’était une erreur de ma part, maîtresse Ebiné. Je ne voulais pas m’exprimer de la sorte. Disons juste que le voyage a été assez… perturbant. »
« Perturbant ? Pourtant, je me déplace toujours ainsi. Et les autres mousquetaires font pareil ! Enfin bon, tu verras, tu finiras par t’y habituer, hahaha ! Bon bon bon… Voyons donc le village ! C’est celui que nous pouvons apercevoir, non ? »
Il n’en savait trop rien, ne répondant pas à Ebiné pour bien lui faire comprendre que ce n’était pas chez lui qu’elle obtiendrait des informations à ce sujet. Mais dès qu’ils arrivèrent dans le village, il comprenait que quelque chose clochait. Tous les regards n’étaient pas tournés vers lui mais Ebiné. Et certains villageois étaient déjà en train de reculer, comme s’ils étaient effrayés rien que par la présence de la mousquetaire.
« Vous êtes déjà venue ici ? »
« Pas le moins du monde. Je ne connais pas tous les villages, hahaha ! »
C’était une bonne remarque. Il se demandait même pourquoi il avait posé la question alors qu’elle lui semblait maintenant sincèrement stupide. Néanmoins, il n’allait pas… Hein ? Pourquoi est-ce qu’Ebiné sortait sa rapière ?
« Maîtresse Ebiné ? Qu’est-ce que... »
Il ne termina pas sa phrase alors qu’elle était déjà partie au loin, comme flottant au-dessus du sol pour arriver au niveau d’un villageois qui tentait de s’enfuir. Sans l’ombre d’un doute, elle planta sa rapière au niveau du coeur de l’homme, le tuant sur le coup.
« Mais qu’est-ce que vous êtes en train de... »
« Et de un ! Hmmm… Hmmm… OH TOI ! »
Et encore là, comme si elle ne l’écoutait pas, ce qui était visiblement le cas, elle se jeta sur une fille qui ne devait même pas avoir dix ans, nichant la rapière dans son crâne. Mais elle allait arrêter ! Elle était folle ou quoi ?!
« Maîtresse Ebiné ! S’IL VOUS PLAÏT ! STOPPEZ CA ! »
« Oh que non ! On m’a demandé mon aide, je suis en train de l’offrir avec joie ! HAHAHA ! ET QUELLE JOIE ! OH QUE OUI ! »
« Mais ce n’est pas ça ! Vous faites un massacre ! Vous tuez des innocents ! »
« Innocents ? » dit-elle en s’arrêtant, tournant son visage masqué vers Soklar alors que sa rapière quittait sa main pour aller se loger dans le coeur d’une femme qui s’était cachée derrière un mur, comme pour espérer ne pas être trouvée. « Il n’y a aucun innocent ici ! Ce village était déjà gangréné avant que nous arrivions HAHAHA ! »
Mais qu’est-ce qu’elle en train de raconter ? C’était vraiment… n’importe quoi. Les villageois étaient apeurés, d’autres pleuraient, certains étaient même sur place, urinant un peu sur eux, incapables de se mouvoir.
« EBINÉ ! STOPPEZ ÇA ! MAINTENANT ! »
Mais rien à faire, Ebiné continuait ses actes comme si tout cela n’était qu’un vulgaire jeu pour elle. Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour l’arrêter ? Il n’en avait aucune idée. Il était pieds et mains liés. Puis après cinq bonnes minutes, elle se rapprocha de lui, couverte de sang. Même sous son masque, il sentait son sourire.
« Et voilà comme on dit chez moi, une bonne chose qui est faite hahaha ! »
« Pourquoi ? Pourquoi avoir fait ça ? Maîtresse Ebiné ? »
« Car ces villageois étaient morts depuis bien longtemps. Mais visiblement, certains n’apprécient pas que l’on brise leurs jouets. Cela m’attristerait presque ! »
Comment ça ? Certains ? Il pouvait juste avoir le temps de cligner des yeux que déjà, autour d’eux, plusieurs pokemons venaient de faire leurs apparitions. Et en vue du regard mauvais qu’ils leur lançaient, il comprenait ce que ça voulait dire.
« Ce sont eux qui sont responsables de tout ça, mademoiselle Ebiné ? »
« Et oui ! Nous voilà face à quelques pokemons psychiques ! Tu te prépares ? »
Il voudrai bien mais il ne reconnaît aucune de ces créatures ! Du rose, du doré, de la moustache, des cuillères et des cheveux blonds sur un corps… féminin ? Sur quoi est-ce qu’ils étaient tombés ?