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Le bâton de pluie de Stea



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Informations

» Auteur : Stea - Voir le profil
» Créé le 19/06/2019 à 20:01
» Dernière mise à jour le 19/06/2019 à 20:01

» Mots-clés :   Aventure   Science fiction

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3 - Survivre
L'eau du lac brillait paisiblement sous les arbres et mon regard ne quittait pas les étoiles. Il faisait très frais, mais cela ne m'incommodait nullement. Au contraire, j'avais l'impression que c'était le type d'environnement qui me convenait le mieux.

Qu'est-ce que c'était beau...

Une forêt vierge dans la nuit, sans aucune lumière polluant le ciel et m'empêchant d'observer la complexité des astres... Un lieu paisible mais vivant de la nature qui y pullulait, les bruits de la nuit parvenaient à mes oreilles qui entendaient mieux... Tout était plus extraordinaire. Plus beau. Même l'air qui emplissait mes poumons était meilleur.
Assise au bord de l'eau, je ne bougeais plus. Je profitais de cet instant qui m'était offert, celui que j'attendais depuis si longtemps pour m'apaiser.

Après l'effondrement du mur, je m'étais mise à courir droit devant peu importait les obstacles. Toujours droit devant, jusqu'à avoir parcouru une certaine distance pendant un certain temps. Puis je m'étais faufilée entre les arbres, glissée entre les rochers avant de parvenir jusqu'ici. J'étais à bout de souffle mais je me sentais plus légère. Je m'étais alors abreuvée goulûment avant de constater toute cette beauté.
Mais mes forces me manquaient. Bien que j'avais bu de tout mon saoul, mon estomac avait faim. Si je n'avais pas eut un peu de repos j'aurais été incapable de courir bien loin de là où on me retenait. D'ailleurs, qu'est-ce qui c'était passé ? J'avais compris que ce qui avait traversé mon mur était des pokémons, visiblement très en colère. Mais je ne m'étais pas retournée lorsque je m'étais enfuie. Je n'avais pas essayé de voir quel était le bâtiment qu'était ma prison. Et je n'en saurais probablement pas plus que ce que j'en avais vu.
Mes priorités avaient changé. Après une longue réflexion je m'étais décidée à vivre cette nouvelle vie qui s'offrait à moi sans m'attarder sur l'ancienne. Le point le plus important que j'avais découvert étais le fait que je me trouvais à présent dans le monde Pokémon, je ne savais pas quel miracle. Et je ne voulais pas savoir comment on avait réussi à me transporter jusque là. Ce que je voulais maintenant, c'était y vivre. Et c'était ce que j'allais faire. Hors de question qu'on tente de me ramener sur Terre, mon monde d'origine...

À présent que j'étais dépourvue de mon épée de Damoclès et du stress d'être retenue contre mon gré, mes forces m'abandonnaient. Je titubais tête la première dans l'eau, ce qui me donna un coup de fouet aussitôt et me releva quelque peu. Si j'étais dans un si piteux état il me fallait me trouver un lieu de repos au plus vite. Je me détournais alors du lac pour me replonger dans la forêt, cherchant à dénicher une alcôve ou un arbre creux. Je ne fis pas attention au bruissement d'un buisson non loin de moi : deux curieux m'observaient attentivement, intrigués. Mais ne bougeaient pas de leur cachette. Tandis que j'avançais en claudiquant, ces deux ombres me suivirent silencieusement.

Ce fut finalement dans un arbre mort que j'avais trouvé refuge. Il y avait un lit de feuilles mortes, aucune odeur d'être vivant. Je m'étais laissée alors tomber de tout mon poids, accueillant le sommeil réparateur à bras ouverts. Mais à mon grand regret, mon repos était régulièrement troublé par ma faim. C'était une situation vicieuse. J'étais trop fatiguée pour me chercher de la nourriture et trop affamée pour trouver le sommeil. Une once de désespoir traversa mon esprit à l'idée que je ne puisse pas m'en sortir seule. La nuit passait lentement. Soudain, une branche craqua. Je fis un bond dans ma cachette, hérissant le poil en observant la seule sortie dont elle disposait. Et s'il s'agissait des scientifiques ? Ce coup d'adrénaline avait réussi à me faire tenir debout, mais j'allais probablement perdre ce combat d'avance. Pourtant lorsque quelque chose tenta se s'introduire là où je me trouvais, mon sang ne fit qu'un tour et j'attaquais.
Je mordis ce qui s'était présenté à moi qui recula vivement en m'entraînant avec lui. Il se secoua violemment pour se dégager tandis qu'une forme bleue me chargea, m'éloignant de ce que je retenais.

"Arrête ! S'écria une voix très claire tandis que je me redressais tant bien que mal. Si tu nous attaque encore tu te prendras la puissance de mon eau !"

Je n'avais pas encore redressé la tête mais il y avait une chose qui me frappait : cette voix n'était pas humaine. Serait-ce un...

"On a à te parler, si tu bouges je te saute à la gorge !"

Mon regard se releva vers mon interlocuteur avec une once d'espoir. Devant moi se tenait une aquali. Une aquali sauvage dans une position de garde qui défendait son amie une phyllali. Amie que j'avais d'ailleurs salement amochée au niveau du museau. Elle était un peu recroquevillé au sol et se le frottait de ses pattes avant. Je ne savais pas pourquoi mais je me sentais émue et triste, je me contentais de les observer dans un silence gênée. L'aquali s'assura qu'elle avait le dessus et sentant mon état elle s'approcha de moi légèrement moins agressive.

"On t'a vu débouler au lac ! Poursuivit-elle de sa voix autoritaire. Et on a bien vu que tu n'étais pas normale ! Alors on s'est dit qu'on pourrait peut-être t'aider !"

"M'aider... ?" Avais-je fais d'une voix faible, me surprenant de parler une langue qui m'était totalement inconnu, un langage animal.

L'aquali se redressa me détaillant de la tête au pied. J'oubliais encore une fois que je faisais le double de sa taille et que j'avais tout sauf l'air d'être une noctali normal, surtout dans mon état de fatigue actuelle. Elle allait reprendre toute aussi sévèrement mais la phyllali la devança.

"Tu n'avais pas l'air bien. Tu as été abandonné ?"

Le silence suivit cette phrase, je n'analysais pas très bien ce qui se passait et ne comprenais pas la teneur de la question. Elle voulait bien sûr parler du fait d'être abandonné par un dresseur, mais ça ne me traversait pas l'esprit. J'étais trop éberluée et fatiguée. Tout mon périple n'était qu'état de fatigue. Je me demandais quand est-ce que j'allais m'en sortir.
Voyant mon absence de réponse, les deux pokémons s'installèrent côte à côté face à moi et me décrivait de leurs yeux. L'aquali perdit son air menaçant. Vu mon temps de latence. Je n'étais pas une menace, j'avais juste été surprise, elle me pardonnait alors d'avoir blessé son amie. La phyllali insista :

"Tu étais maltraitée ?"

Elle s'approcha légèrement pour me renifler. Elle décelait l'odeur d'humain sur moi et une odeur de béton. Cela lui donnait beaucoup d'informations sur d'où je venais et dans quelle genre de situation j'étais. Mais pas précisément. Je me rendis compte alors de l'état actuel des choses. Ces deux pokémons étaient elles aussi des évolutions d'évoli. Il n'était pas surprenant que les nombreuses évolutions de ce pokémon se soutiennent mutuellement. Mais il y avait autre chose qui les poussait à cela, c'était aussi mon apparence. Je ne le savais pas mais elles étaient très intéressées. Au meilleur de ma forme je devais avoir une force bien plus élevée que la leur. Ce qui avait provoqué leur immédiate sympathie quand elles m'avaient vu au lac.
Je pris une profonde inspiration. L'aquali fut soulager de voir enfin une réaction, visiblement elle n'était pas patiente. Mais comment leur expliquer ? Je n'étais ni un pokémon sauvage, ni un pokémon dressé. Déjà, je ne rentrais dans aucun des critères dans lesquels elles pouvaient me caser. Mais de plus j'étais le fruit d'une expérience scientifique et, qui plus est, humaine d'un autre monde, à l'origine. L'explication qui me fut la plus judicieuse à donner fut :

"C'est... C'est vrai. Je n'étais pas bien là où j'étais. Alors j'ai quitté mon dresseur."

... En toute logique.

"Alors t'es partie comme ça sur un coup de tête ? Poursuivit le pokémon plante. Tu as l'air épuisé... Tu as combattu jusqu'à la mort ou quoi ?"

Encore une fois je fis une pause silencieuse. L'aquali s'agita dans un soupir d'agacement, mais elle prit son mal en patiente, j'allais lui répondre. Je tournais ma tête pour décrire la forêt. Une ouverture dans le feuillage des grands arbres m'indiqua qu'on se trouvait dans une montagne, il devait alors forcément y en avoir.

"J'ai été poursuivit par un Ursaring. J'ai couru comme je ne l'avais jamais fais. Et je n'étais déjà pas bien avant."

Elles furent visiblement convaincues de mon histoire, car elle paraissait plausible. J'essayais de rester logique. J'avais bien compris que si je voulais m'intégrer à ce monde il fallait s'y mêler. Je notais cependant dans un coin de mon esprit qu'il fallait que je monte mon histoire sur pied correctement. Un mensonge que l'on étale devenait facilement un mensonge aussi visible que la truffe au milieu de la figure. Il fallait que je reste vague pour ne pas me tromper dans les détails.
La phyllali acquiesça, fermant les yeux et ayant une expression à la fois désolée et à la fois satisfaite par ce qu'elle venait d'entendre. Elle se redressa et essaya d'être chaleureuse à mon égard.

"Entendu. Moi c'est Clora. Et ne t'en fais pas je ne t'en veux pas pour mon museau, tu n'as pas l'habitude. Écoute, tu as l'air exténuée dans tout les sens du terme. On va s'occuper de toi."

Ce au quoi l'aquali agréa en me murmurant sur un ton sec qu'elle s'était Auri. Mon cœur fit un bond. C'était de la joie. Naturellement je penchais ma tête vers la phyllali qui posa la sienne contre la mienne dans un geste affectif, sentant ma détresse.

"Ne t'en fais pas. Les ursarings sont un peu chatouilleux en cette saison. Les mamans ont mis bas leurs petits et les protègent sauvagement. Pas étonnant que tu sois dans un état pareil après en avoir croisé. Poursuivit Clora. "Vient on va t'amener chez nous."

Et elles m'entraînèrent un peu plus profond dans la forêt. Clora était en tête, Auri la suivait de prêt quant à moi je fermais la marche. Je ne disais rien. Mon regard c'était fixé sur elles et ne les lâchait pas comme un gps. Je marchais là où elles marchaient ainsi je n'avais pas à faire beaucoup d'effort.
Je songeais au fait qu'il était rare de voir une Phyllali en pleine nuit. Une aquali peut-être moins. Peut-être que celle-ci avait réveillé l'autre en m'apercevant. Je n'avais pas du être discrète. Et puis en levant rapidement les yeux qui commençaient à souffrir d'une lumière plus forte, je constatais que l'aube approchait. Elles allaient être dans leur élément.
Sur le chemin nous trouvâmes un arbre plein de fruits. Dès que je l'avais aperçu, mes yeux s'étaient mis à luire d'appétit. Et ça les deux pokémons le remarquèrent. Auri fit tombé plusieurs fruits de l'arbre par un puissant jet d'eau. Et elle m'apportèrent toutes les deux les fruits au sol que je puisse combler légèrement ma faim. En quelques bouchés tout disparu dans mon gosier. Et non contente d'avoir calmer les plaintes de mon estomac, je commençais à somnoler. Les deux évolitions accélèrent la cadence. Il aurait été trop bête que je fatigue si près du but.
Finalement nous arrivâmes à un lieu de la forêt où les arbres étaient plus clairsemés. Sur un lieu un peu plus élevé, à côté d'un ruisseau se trouvait une tanière assez large. Je devinais immédiatement leur lieu de vie. Elle m'attendirent à son entrée et me laissèrent m'installer confortablement. Le jour était maintenant levé.

"Nous te réveillerons au crépuscule." Commença Clora. Déjà je fermais les yeux et m'endormait paisiblement.

"Puis nous t'emmèneront chasser."

Arthur enrageait au plus profond de lui, assit sur les décombres de la salle d'études. Tout, absolument tout avait été détruit dans cette partie du bâtiment. L'éclair blanc respectait à merveille sa réputation : il détruisait toute forme de laboratoire d'étude génétique sur les pokémons. Comment... Comment diable avait-il pu avoir accès aux informations qui auraient pu lui indiquer qu'ils étaient cachés ici ? Surtout ce lieu...
Le scientifique caressait son démoloss de sa main droite tandis que sa main gauche accoudée pinçait son front dans une douloureuse réflexion. Le pokémon poussait des grognements d'approbation à chaque va et vient de son maître. Sa belle fourrure était légèrement brulée par endroit, difficile à croire pour un pokémon de type feu. Mais l'attaque avait été sans précédent.
Tout occupé à se calmer, un homme en tenu de civile vint le rejoindre dans cette pièce désolée.

"Arthur excusez-moi. Mais il faut que vous veniez sur le site."

Aah... Malgré toute les affaires continuaient. Tant pis, ils reconstruiraient tout. Après tout ce n'était pas comme s'ils pouvaient se déplacer. L'homme espérait que le monstre qui avait provoqué tout ce saccage n'ait pas l'idée de venir vérifier que les mauvaises herbes ne repoussaient pas.

"J'arrive." Souffla-t-il.

Il attendit que son collègue s'en aille. Puis dans un soupir lent et las, il prit direction de là où on lui avait demandé d'être. Son pokémon ne le quitta pas d'une semelle. Il se collait à lui pour lui apporter son soutien. Il finit par arrêter de torturer son esprit avec ces événements. C'était fait à présent. Ça ne servait à rien de ressasser tout ça. Même si sa plus grande déception fut qu'il perdit Lilly par un coup du sort. Il se demandait si l'éclair blanc l'avait emmené avec lui ou bien si elle avait prit la fuite toute seule. Les deux étaient possibles et il savait parfaitement que la jeune fille appréciait son nouveau corps. Mais si la deuxième solution était la bonne, alors elle risquait de revenir bien vite, car on n'apprenait pas à se débrouiller seul dans une nature sauvage comme celle-ci.
Convaincu que de toute manière la situation redeviendrait correcte par elle-même, il s'engagea après une longue marche dans un tunnel de béton dans une grotte gigantesque au cœur d'une partie de la montagne. Mortimer se trouvait déjà là et jetais un regard inquiet à son ami qu'il tenta de le rassurer :

"Ne t'en fais pas Morti. La situation ne peut pas être pire que ce qu'elle est hm ?"

Il prit un calepin que lui tendait un autre homme en tenu de civil et commença à lire ce qui y était noté alors que le second homme ne le lachait pas du regard pour autant. Son expression n'avait pas changé d'un pouce et il espérait qu'Arthur n'allait pas regretter ce qu'il avait dit.

"Bien, qu'est-ce que nous avons là alors ?" Continua Arthur en se tournant vers une foule qui encerclait un point précis de la grotte, éclairée par de nombreuses installations.

Les hommes s'écartèrent pour lui ouvrir la voie en le regardant d'un air désolé et frustré. Un silence parcouru de murmures les parcourait tous sans exception. Ils n'osaient pas annoncer la nouvelle. Pas qu'ils craignaient Artur. Toutes les personnes présentes avaient l'habitude de travailler avec lui. Mais tout simplement parce qu'eux-mêmes refusaient d'admettre le problème.

"Et bien, j'attends !" Insista-t-il.

Se fut le sous-chef de l'équipe de maintenance qui avança à cette remarque. Dans une position implorante. Il espérait qu'Arthur trouverait la solution à ce problème, car l'équipe chargée de s'occuper de ça était en déplacement pour assurer le transfert des rapports.

"La porte ne fonctionne plus que dans un sens." Lâcha-t-il, direct.

"Comment ça, "dans un sens" ?"

"Les hommes arrivent à revenir, mais ils ne peuvent plus y retourner. Nous avons réussi à transmettre aux membres restant de rester sur place pour éviter de perdre tout lien avec le monde."

Le scientifique se crispa. Et même son demoloss ne pipa son. Il relit le calepin qu'il tenait entre ses mains avant de le jeter de colère sur le sol dans un cri tout aussi frustré que tous ses collègues.

La porte vers la terre ne les laissait plus passer.